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Commander

Définitions de « commander »

Trésor de la Langue Française informatisé

COMMANDER, verbe trans.

I.− [Le suj. désigne une pers. ou une chose ayant un pouvoir d'autorité ou d'influence]
A.− Emploi trans. indir., vieilli.
1. Commander à qqn.[Le suj. désigne une pers. ou un groupe de pers.] Avoir l'autorité supérieure sur quelqu'un; imposer son autorité à quelqu'un. Murat. − Oubliez-vous que, si vous commandez à l'infanterie, je vous commande, à vous? L'empereur vous a mis sous mes ordres (A. Dumas Père, Napoléon Bonaparte,1831, III, 4, p. 65).Il a fait tout ce qu'il a voulu dans la maison. Il commandait à tout le monde, au patron, à la patronne, comme s'il avait été un roi (Maupassant, Contes et nouvelles,t. 2, L'Armoire, 1884, p. 570):
1. Après avoir créé la plupart et les plus poignantes de nos douleurs, le pouvoir a prétendu commander à l'homme jusque dans ses consolations. La religion dogmatique, puissance hostile et persécutrice, a voulu soumettre à son joug l'imagination dans ses conjectures, et le cœur dans ses besoins. Constant, Principes de pol.,1815, p. 133.
Rem. Parfois commander à qqn tend à être synon. de commander qqn.
2. Au fig. Commander à qqc.
a) [Le suj. désigne une pers.]
[Le compl. d'obj. indir. désigne une partie du corps] Commander à (une partie de son corps). Agir sur (une partie de son corps), par l'intermédiaire de l'organe de direction que constituent le cerveau et les centres nerveux, pour en mouvoir les muscles. Mais Léontine ne pouvait commander à ses jambes; elles se dérobaient (F. Carco, L'Homme traqué,1922, p. 85).Je ne commande plus à mes mains. Il [Pitteaux] commandait encore à son visage, il fit sa moue, sa terrible moue (Sartre, Le Sursis,1945, p. 116).
[Le compl. d'obj. indir. désigne un élément, une manifestation de la vie affective, le plus souvent, ou intellectuelle] Commander à (un sentiment, une réaction, une idée, etc.). Imposer la modération à un sentiment, à une réaction; les maîtriser. Commandez à votre émotion... Que votre visage reste impassible (A. Dumas Père, Le Chevalier de Maison-Rouge,1847, V, 2, p. 157).[Pouchkine] sait commander à son imagination, il se contient et se corrige (Mérimée, Études de litt. russe, t. 1, 1870, p. 14).[Claude] était de ceux qui commandent aux plus violents mouvements du cœur, à la colère, au désir, ou à l'impitoyable amour (Green, L'Autre sommeil,1931, p. 178).
b) [Le suj. désigne une chose] Agir sur quelque chose; déterminer, régir quelque chose. Ces nécessités qui commandent aux événements (Gozlan, Le Notaire de Chantilly,1836, p. 60).La permanence des deux ou trois facultés maîtresses qui commandent à ces fantaisies (P. Bourget, Essais de psychol. contemp.,1883, p. 30).
Spéc., ART MILIT., vieilli. [Le suj. désigne une place forte] Commander à (un lieu). Le dominer et en contrôler l'accès.
P. ext. [Le suj. désigne une chose] Dominer (un lieu). Tel qu'un vaste rocher qui commande à la plaine, Du milieu des guerriers s'élève Caïrbar; ... (Baour-Lormian, Ossian,Darthula, 1827, p. 23).
B.− Emploi trans. dir., usuel. [Le suj. désigne une pers. ou un de ses attributs]
1. Commander qqn.Dicter la conduite de quelqu'un, diriger son activité en vertu de l'autorité que l'on détient ou que l'on s'arroge. Prendre sur certains êtres le droit d'en être obéi, c'est donner à d'autres celui de vous commander (Hugo, Han d'Islande,1823, p. 49).De quel droit M. Ravier veut-il me commander? Je ne suis pas son employée (Montherlant, Celles qu'on prend dans ses bras,1950, II, 4, p. 798):
2. Aujourd'hui, il n'y a que des gens médiocres qui ont à commander des gens à peu près de leur force. Aussi voyez comme on commande et comme on obéit. Mérimée, Lettres à la comtesse de Montijo,t. 1, 1870, p. 262.
Emploi abs. Exercer une autorité; donner des ordres; se faire obéir. Une grosse femme, prudente et lourde, dont on dit : « Elle sait commander » (R. Martin du Gard, Devenir,1909, p. 194).Ceux qui commandent ou administrent sont responsables. Ils doivent être obéis (De Gaulle, Mémoires de guerre,1954, p. 407).
Commander en maître*, en premier*, en second*. Les chefs Francs, hier encore ses captifs, commandaient en maîtres dans son propre château (Grousset, L'Épopée des croisades,1939, p. 124).
Commander qqn à la baguette. Le commander avec dureté, rigueur. Incapable, un homme (...) qui commandait les siens à la baguette! (Queffélec, Un Recteur de l'île de Sein,1944, p. 227).
Spéc., rare. [Le compl. d'obj. désigne un État] Gouverner :
3. Les Girondins avaient enfin découvert que la Commune était le véritable gouvernement de la Révolution et ils n'admettaient pas que ce pouvoir usurpé commandât toute la France. Bainville, Histoire de France,t. 2, 1924, p. 78.
a) Par politesse
Sans vous commander. Sans vouloir vous donner un ordre. Si seulement nous avions une tête de chou (...). Mon oncle, sans vous commander, passez au jardin, rapportez-m'en quelqu'un (Pourrat, Gaspard des Montagnes,À la belle bergère, 1925, p. 242).
Vous n'avez qu'à me commander. Vous n'avez qu'à parler, qu'à demander.
b) Spéc., ARM. [Le compl. d'obj. désigne un soldat ou un groupe de soldats] Avoir sous ses ordres, sous son commandement*. Commander une armée, un régiment, une compagnie, une section; commander la cavalerie, l'infanterie. Ils ne sortaient qu'ayant réellement gagné leur grade d'officier, et capables de commander et de faire aller des soldats (Las Cases, Le Mémorial de Sainte-Hélène,t. 1, 1823, p. 738).Commander en chef* (un ensemble de soldats) :
4. ... situation bizarre du général Sarrail qui, tout en commandant en chef les forces alliées, commandait directement les divisions françaises qui faisaient partie de cette armée. Joffre, Mémoires,t. 2, 1931, p. 324.
Emploi abs. Si le général Sarrail « savait ordonner, il ne savait ni prévoir, ni instruire », c'est-à-dire commander (Joffre, Mémoires,t. 2, 1931p. 333):
5. ... commander, messieurs les généraux, ne veut pas dire simplement qu'on est capable de donner un ordre. Cela suppose aussi qu'on est capable d'en comprendre la raison, et de se rendre compte, à la fois, et des faits qui le motivent et des conséquences qu'il doit avoir. Clemenceau, Vers la réparation,1899, p. 142.
2. P. anal.
a) [Le suj. désigne le cerveau, les centres nerveux en tant qu'organe de direction] Il ne faut point dire que le cerveau commande, mais seulement que c'est par le cerveau que la partie obéit au tout (Alain, Propos,1910, p. 89).
b) [Le suj. désigne une force concrète ou abstraite capable d'exercer un pouvoir sur quelqu'un] Vieilli. Exercer une action, une influence sur quelqu'un; le tenir sous sa dépendance, sous son empire; l'assujettir. J'éprouvais en face de vous une exaspération perpétuelle. Je luttais contre elle, mais c'était comme une force extérieure qui me commandait (Nizan, La Conspiration,1938, p. 225).Ainsi le temps, altération irréparable de l'univers et de nous-même (...) nous commande (A. Arnoux, Visite à Mathusalem,1961, p. 32):
6. Je me laisse aller à des fantaisies coupables, une lecture m'entraîne et je me mets à barbouiller du papier (...). Ça m'a amusé ou plutôt ça m'a commandé car c'est en vain que je lutterais contre ces caprices... G. Sand, Correspondance,t. 5, 1812-76, p. 302.
À la forme passive. J'étais tellement commandée par l'heure du chemin de fer, (...) que je n'ai pas fait retourner mon fiacre pour courir après vous (G. Sand, Correspondance,t. 5, 1812-76p. 58).
En partic. [Le compl. d'obj. désigne un sentiment, une réaction, un comportement, etc.] Maîtriser ce sentiment, cette réaction...; les maintenir sous la dépendance de sa volonté; les dominer. Elle m'a reparlé d'Auguste... de la façon qu'il se minait lui... qu'il commandait plus ses nerfs... de toutes ses terreurs nocturnes (Céline, Mort à crédit,1936, p. 567).Je plains celui qui arde et se consume en vain! Mais on ne commande pas ses désirs (Gide, Ainsi soit-il,1951, p. 1241).
3. P. méton.
a) P. méton. de sujet. [Le suj. désigne la voix, les gestes, etc., en tant qu'ils servent à exprimer un ordre] La voix commandait, sévère, brève (Adam, L'Enfant d'Austerlitz,1902, p. 219).Deux ou trois garçons (...) de caractère faible, vers lesquels il allait, (...) avec des gestes qui commandaient (Lacretelle, Silbermann,1922, p. 19).
b) P. méton. de l'objet
[L'obj. désigne le lieu où sont établis ou à établir les pers. sur qui le sujet a autorité] Commander une région, une place... En détenir le commandement, en assumer la direction et la responsabilité. MAR. Commander (un bâtiment). Le capitaine Javey, (...) qui commande la région (...), le capitaine Tavernier (...) commandait cette place lorsqu'on le fit gouverneur de Paris (Clemenceau, Vers la réparation,1899, p. 257).C'était un navire de guerre. Vous le commandiez (Gracq, Le Rivage des Syrtes,1951, p. 249).
P. ell. Commander (un soldat ou un groupe de soldats) de + (subst. désignant un service spécial).Le désigner pour qu'il soit de service. Commander de corvée. On me commanda de service et (...) on me mit en faction comme un simple soldat (Mérimée, Carmen,1847, p. 39).Ma compagnie fut commandée de renfort (Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe,t. 2, 1848, p. 403).
[L'obj. désigne l'action qu'ont à exécuter les pers. sur qui le sujet a autorité] ARM., MAR. En assumer la responsabilité, en régler le déroulement.
[L'opération désigne l'action envisagée dans sa durée] Commander les opérations, un siège. Le général, très capable de commander un mouvement tournant, mais absolument hors d'état de faire la critique d'une pièce d'écriture (Clemenceau, Vers la réparation,1899, p. 279):
7. D'où viennent ces hommes? (...) Demandez à l'océan. Ils ont franchi ses abîmes, ils ont roulé sur ses vagues. Aux sifflements de la tempête, leur voix rude et impérieuse commandait la manœuvre ou le combat, ... M. de Guérin, Poésies,1839, p. 46.
Spéc. [L'opération désigne la phase initiale de l'action] Donner (à quelqu'un) l'ordre qui déclenche l'exécution d'un mouvement, d'une action militaire. Commander l'assaut. Trois fois, le capitaine fut sur le point de commander le feu. Une angoisse l'étranglait, (...) il allait crier : Feu! Lorsque les fusils partirent d'eux-mêmes (Zola, Germinal,1885, p. 1509).Je commandai un garde-à-vous aussi réglementaire qu'ironique (Ambrière, Les Grandes vacances,1946, p. 347).MAR. Donner (à quelqu'un) l'ordre qui déclenche l'exécution d'une manœuvre. Il [le pilote] dirige la route du vaisseau et commande la manœuvre à l'équipage (Bernardin de Saint-Pierre, Harmonies de la nature,1814, p. 277).Moi, qui étais de quart, je commandai : « À larguer le ris de chasse! » (Loti, Mon frère Yves,1883, p. 67).
Commander qqc. (à qqn), commander (à qqn) de + inf., commander que qqn + subj.Donner (à quelqu'un), en vertu de l'autorité que l'on détient ou que l'on s'arroge, l'ordre de faire quelque chose. On devait lui donner l'occasion d'aimer, attendre l'événement et non le commander; un ordre aurait tari en lui les sources de la vie (Balzac, L'Enfant maudit,1831-36, p. 406).Obéissant au regard énergique de Rouletabille qui lui commandait l'immobilité (G. Leroux, Rouletabille chez le tsar,1912, p. 54).Le doigt levé elle [Camille] commandait l'attention (Colette, La Chatte,1933, p. 118).Au combat! Au combat! Pas de jeux! commanda l'arbitre (G. Guèvremont, Le Survenant,1945, p. 226):
8. Tu l'aimes. (...) Réveille-toi. Félicite-toi. Embrasse-moi et avoue que tu es l'homme le plus heureux du monde. Gérard éberlué, entraîné, avoua ce que commandait la jeune femme. Cocteau, Les Enfants terribles,1929, p. 158.
Rem. De même que pour certains autres verbes de décision, le verbe subordonné à commander construit avec que peut se mettre à l'ind. (le plus souvent un des temps du futur) lorsque l'exécution du commandement est certaine, le subj. restant la règle lorsque l'exécution est hypothétique. Ni la docum., ni Grev. 1969, § 1000, p. 1054 et 1055 ne fournissent d'ex. d'emploi avec le verbe subordonné à l'indicatif.
C.− Emploi à double constr. [En position d'obj. dir., ce qui est à faire; en position d'obj. indir., la personne à qui l'ordre est donné de le faire] Commander qqc. (à qqn), commander (à qqn) de + inf., commander que qqn + subj.
1. [Le suj. désigne une chose; le compl. d'obj. dir. désigne un comportement, une réaction, un acte] Imposer (quelque chose) à quelqu'un, exiger quelque chose (de quelqu'un), rendre inévitable (à quelqu'un) de (faire quelque chose), faire que quelque chose prenne un caractère de nécessité pour quelqu'un. Parmi tant de théories vacillantes, d'expériences discutables, la raison commanderait au fond de ne pas choisir! (Céline, Voyage au bout de la nuit,1932, p. 353).L'épreuve par laquelle vous venez de passer vous commanderait plus que jamais à toutes deux le dépaysement et le repos (Montherlant, Le Démon du bien,1937, p. 1258).Carré, (...) avait vraiment pris toutes les précautions que sa situation illégale commandait (Nizan, La Conspiration,1938, p. 175).
2. En partic. [Le suj. désigne une chose ou une pers.; le compl. d'obj. dir. désigne un sentiment] Commander (un sentiment) (à qqn). Inspirer (un sentiment) (à quelqu'un), faire s'imposer (un sentiment) (à quelqu'un). Dans toute sphère, une vie limpide, une honnêteté sans tache commandent une sorte d'admiration aux cœurs les plus mauvais (Balzac, Le Cousin Pons,1847, p. 23).Un homme très comme il faut et d'une rectitude de vie qui commandait le respect (Prévert, Paroles,1946, p. 31):
9. Quant à changer de cœur, cela se pouvait-il? Ce mariage devait commander ses actions : il ne saurait commander ses sentiments. Robert était son mari, non pas le compagnon de sa vie. Pourrat, Gaspard des Montagnes,La Tour du Levant, 1931, p. 85.
D.− Emplois pronom.
1. [Correspond à I A et B]
a) Emploi réfl.
Se commander (à soi-même).Se maîtriser, se dominer. Ne plus se commander. Perdre le contrôle de soi. L'homme moral qui exerce sa liberté et se commande à lui-même, sent bien qu'il est en même temps le prêtre et l'hostie (Maine de Biran, Journal,1822, p. 356).L'homme fait des progrès en tous sens : il commande à la matière, c'est incontestable, mais il n'apprend pas à se commander lui-même (E. Delacroix, Journal,1856, p. 60).Gaspard sortit. Il sentait qu'il ne se commandait plus (Pourrat, Gaspard des Montagnes,Le Pavillon des amourettes, 1930, p. 193).
Se commander de + inf.S'imposer de + inf.; s'obliger à + inf. C'est un rêveur qui rêve d'agir, qui s'impose, se commande, s'ordonne d'agir, mais sa pensée, son âme secrète lui propose le dégoût de la réalité et du monde (Barrès, Mes cahiers,t. 7, 1909, p. 285).
b) Emploi réfl. à sens passif. Se commander.Être obtenu par la volonté. Ne pas se commander. L'amour, qui est chose divine, ne se commande ni ne s'extorque. Il souffle où il veut (T. Gautier, Le Capitaine Fracasse,1863, p. 394).[Thérèse] n'était ni ceci ni cela : elle était son type. Or, le type, ça ne se commande pas : on le gobe ou on s'en fiche (Estaunié, La Vie secrète,1908, p. 321).
c) Emploi réciproque, vieilli. Se commander l'un à l'autre qqc. Se communiquer l'un à l'autre quelque chose. Les parties de l'espace et du temps qualifiés se commandent les unes aux autres leurs stabilités et changements corrélatifs (O. Hamelin, Essai sur les éléments principaux de la représentation,1907, p. 224).
2. [Correspond à I C] Emploi réciproque. Se commander qqc.S'imposer mutuellement quelque chose. Mon corps et mon esprit se commandaient alternativement une inquiétude d'activité et une fièvre de contemplations (G. Sand, Histoire de ma vie,t. 3, 1855, p. 30).
II.− [Le suj. désigne une chose capable d'exercer une action, une influence]
A.− [Le suj. désigne telle pièce d'un mécanisme, d'un moteur, etc.] Commander (une machine, un mécanisme...). Agir sur un mécanisme, déclencher son entrée en action, en assurer et en régler le contrôle. Pour avoir moins chaud, j'abaisse la manette qui commande le ventilateur (Malraux, Les Conquérants,1928, p. 74).Une cellule photo-électrique qui commande par relais les moteurs (Ruyer, La Cybernétique,1954, p. 59).
Rare. [Le suj. désigne la pers. qui active un mécanisme] Des typos coiffés de papier commandaient les plieuses qui vomissaient ensuite dans de hauts paniers de guillotine les différentes sections du journal (Morand, New York,1930, p. 196).
P. anal. Déterminer, fixer, régir, régler quelque chose. C'est déjà la Durance ici qui commande le chaud et le froid, avec ses eaux de glace ou ses graviers découverts (Giono, Chroniques,Noé, 1947, p. 301):
10. On peut poser en principe que pour un homme qui ne triche pas, ce qu'il croit vrai doit régler son action. La croyance dans l'absurdité de l'existence doit donc commander sa conduite. Camus, Le Mythe de Sisyphe,1942, p. 19.
B.− P. ext. Commander (un lieu). Être la condition d'accès à (un lieu). Ils se tenaient (...) dans une petite pièce (...) qui commandait le réduit où s'anémiait le roi (Druon, La Louve de France,1959, p. 394).
Spéc., ART MILIT. [Le suj. désigne une chose, plus rarement une pers.] Commander (un lieu, une voie de communication, etc.). Le dominer et en contrôler l'accès. Ces bouches à feu commandaient véritablement toute la baie de l'Union (Verne, L'Île mystérieuse,1874, p. 465).Il [Berard] commandera de son feu la ligne des boulevards; il interdira aux troupes royales l'accès des faubourgs (Adam, L'Enfant d'Austerlitz,1902, p. 272).
P. anal. Des diplômes qui commandent presque toutes les carrières (Péguy, L'Argent,1913, p. 1210).
P. ext. Dominer de haut (un lieu, une étendue). Nous avons été obligés de débarquer sur la pointe d'un cap couvert d'arbres, d'où nous commandons une vue immense (Chateaubriand, Voyages en Amérique, en France et en Italie,1827, p. 115).Vierges noires perchées sur les sommets qui commandent la mer (A. Arnoux, Double chance,1958, p. 134).
C.− Emploi pronom. réciproque. Se commander (l'un l'autre).Dépendre l'un de l'autre. Une suite d'assertions qui ne se commandent l'une l'autre par aucune interne nécessité (Benda, La France byzantine,1945, p. 252):
11. L'avenir naturel se trouve dans tous les instincts et dans toutes les modifications physiologiques qui se commandent de proche en proche, comme les phases de la digestion, de la gestation, de la croissance, dans tous les états du vivant qui ont un sens, vont à un terme. Valéry, Mauvaises pensées et autres,1942, p. 188.
[En parlant des différentes pièces d'un logement, des différents bâtiments d'un ensemble] Se présenter de telle sorte qu'il faut nécessairement traverser l'un pour accéder à l'autre. Un assez bizarre appartement, les pièces se commandant toutes et contournant en enfilade l'angle d'une très ancienne maison (J. Lorrain, Sensations et souvenirs,1895, p. 91).Les bâtiments se suivaient sur la même ligne, (...) se commandaient les uns les autres (Pesquidoux, Le Livre de raison,1928, p. 138).
III.− [Le suj. désigne une pers., un client qui a l'initiative de l'action; l'obj. désigne ce qui est demandé par le client] Commander (une marchandise) (à qqn). Demander (à quelqu'un), en qualité de client, la fourniture d'une marchandise; en faire la commande*. Commander un pantalon, un déjeuner, un cocktail; commander à boire. En cinq jours, je me suis commandé et fait livrer tant, tant de choses! (Colette, Claudine s'en va,1903, p. 298).Le dernier train (...) était parti, il commanda une voiture et courut à sa chambre faire sa malle (G. Leroux, Rouletabille chez le tsar,1912, p. 164).Où trouver un meilleur client que l'État, dès qu'il s'agit de commander des canons,... (Green, Journal,1932, p. 112).
Commander (un travail, un service) à qqn. Lui en confier l'exécution. Des syndicats construisent des stades, des salles, des palais et en commandent les plans à de jeunes architectes (J.-R. Bloch, Destin du Siècle,1931, p. 40).J'avais deux solutions. Ou bien racheter l'habit d'un collègue défunt (...) − ... ou bien m'en commander un neuf (Druon, Les Grandes familles,t. 2, 1948, p. 61).
Prononc. et Orth. : [kɔmɑ ̃de], (je) commande [kɔmɑ ̃:d]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. A. xes. « confier (qqn, qqc. à qqn) » (St Léger, éd. J. Linskill, 20) − xvies. ds Hug. B. 1. xes. commander + inf. « ordonner de + inf. » (St Léger, ibid., 220); xies. « ordonner (qqc. à qqn) » (Alexis, éd. C. Storey, 170); 2. 1564 « commander à ses passions, à soi-même » (Thierry); 3. 1573 « diriger en chef, p. ex. un corps d'armée » (J. Dupuys, Dict. françois-lat.); 4. 1653 « dominer un lieu par sa position » (Vaugelas, Quinte-Curce, 1. 3, c. 4 ds Rich. 1680); 5. 1671 « donner le signal d'une manœuvre (à l'armée) » (Pomey). C. 1675 comm. (Savary, Parfait Négociant d'apr. Kuhn, p. 49). Du lat. *commandare réfection d'apr. mandare « charger, confier » du lat. class. commendare « confier » et « commander ». Fréq. abs. littér. : 4 001. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 6 114, b) 4 477; xxes. : a) 5 527, b) 6 075. Bbg. Gir. t. 2 Nouv. Rem. 1834, p. 21.

Wiktionnaire

Verbe - français

commander \kɔ.mɑ̃.de\ transitif 1er groupe (voir la conjugaison) (pronominal : se commander)

  1. Diriger, mener.
    • C’est à vous de commander, à moi d’obéir.
    • Carcassonne alors fit partie du domaine royal, et un sénéchal y commandait pour le roi de France. — (Eugène Viollet-le-Duc, La Cité de Carcassonne, 1888)
    • Ma liberté est de ne pas savoir d'où viennent mes idées, c'est-à-dire de ne pas avoir une idée qui commande et assigne toutes mes autres, leurs retours, leurs amours... — (Paul Valéry, Tel Quel, Gallimard, édition 1943, page 295)
  2. (Par extension) (Marine, Militaire) Avoir le commandement en vertu d’une autorité déléguée.
    • Le 16 mars, pendant qu'on se fusillait à Léchelle, le duc de Reggio, qui devait défendre le passage du ravin de Richebourg et le duc de Tarente, qui commandait (ou devait commander en chef de bataille), jouaient au « trente et quarante » dans la chambre de M. Saussier, fermier à Cormeron. — (Louis Rogeron, Les Cosaques en Champagne et en Brie : Récits de l'invasion de 1814, racontés d'après les contemporains, les auteurs modernes, des documents originaux et des notes inédites de témoins oculaires, éditions Émile Gaillard, 1905, page 155)
    • Le général Sarrail commande la place de Verdun. Le 44e régiment de R.A.T. occupe la ville. Le général exige une discipline stricte, prescrit les marques extérieures de respect [...] — (Pierre Audibert, Les Comédies de la Guerre, 1928, page 93)
  3. Donner un ordre.
    • Deux d’entre eux voulaient absolument qu'il s'agenouillât, les autres lui commandaient au contraire de se mettre à plat ventre. — (Louis-Ferdinand Céline, Voyage au bout de la nuit, Denoël et Steele, Paris, 1932)
  4. Passer une commande, auprès d’un commerçant, d’un industriel, etc.
    • Les deux hommes consultèrent la carte : ils commandèrent chacun une douzaine d’escargots qu’ils arrosèrent de muscadet. — (Francis Carco, L’Homme de minuit, Éditions Albin Michel, Paris, 1938)
    • Vous devriez commander une provision de cierges de tout calibre qu’on allumerait devant le tabernacle ou la statue du Saint. — (Jean Rogissart, Passantes d’Octobre, Librairie Arthème Fayard, Paris, 1958)
    • Tonton Mbagnick appelle le serveur et commande un ballon de Kir Royal et demande à Meïssa Bigué ce qu’il voulait prendre. — (Ameth Guissé, Femmes dévouées, femmes aimantes, L’Harmattan, 2011, page 46)
    • A l'hôpital, soigné à la morphine, il en était devenu dépendant, ne pouvait plus s'en passer, l'appelait sa fée grise. « En voulez-vous ? proposa-t-il à Verlaine qui commandait une énième absinthe. Ça vous changera de la fée verte. » — (Jean Teulé, Ô Verlaine, Éditions Julliard, 2010, chapitre 59)
  5. (Figuré) Imposer, en parlant de qualités, de sentiments, d'instinct, etc.
    • L’honneur vous commande ce sacrifice.
    • Cette conduite commande l’admiration.
    • En sortant de la kasba nous voyons nos chameaux poindre à l'horizon, et la prudence nous commande de les attendre pour voyager de conserve avec eux. — (Frédéric Weisgerber, Trois mois de campagne au Maroc : étude géographique de la région parcourue, Paris : Ernest Leroux, 1904, page 45)
  6. Dominer par son élévation.
    • Cette possession se composait d’une vingtaine de cabanes […] à l’abri d’un fortin armé de quatre petits canons, qui commandait le cours de la rivière. — (Gustave Aimard, Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858)
    • Le plateau sur lequel est assise la cité de Carcassonne commande la vallée de l’Aude, qui coule au pied de ce plateau, et par conséquent la route naturelle de Narbonne à Toulouse. — (Eugène Viollet-le-Duc, La Cité de Carcassonne, 1888)
    • […] et il s’avança jusque vers le milieu du pont de Goat Island, d’où son regard commandait tout un hémisphère de ciel. — (H. G. Wells, La Guerre dans les airs, 1908, traduction d’Henry-D. Davray et B. Kozakiewicz, Mercure de France, Paris, 1910, page 306 de l’édition de 1921)
    • Quoiqu'on en ait dit, non seulement il y avait des soldats dans Albert quand le bombardement commença, mais un état-major s'y trouvait. L'artillerie française s'appuyait sur la ville. Comme Albert commande deux routes nationales, l'ennemi pouvait avoir pour but de retarder la marche des Français. — (Maurice Thiéry, La Guerre en Picardie - 1914-1918, Paris : chez Bloud & Gay, 1920, page 50)
    • Ici même, sur ce dernier ourlet du plateau de Lorette, qui commande la plaine de Douai-Liévin et le bassin de Lens […] la lutte fut infernale. — (Charles Le Goffic, Bourguignottes et pompons rouges, 1916, page 199)
  7. (Industrie, Mécanique) Entrainer dans un mouvement.
    • Le volant balourdé est commandé par une courroie actionnée elle-même par une poulie motrice. — (Ch. Berthelot, Épuration, séchage, agglomération et broyage du charbon, Paris : chez Dunod, 1938, page 37)
  8. (Pronominal) (Architecture) Être en communication l’une avec l’autre, en parlant de pièces d’habitation.
    • Dans l’appartement de ma grand-mère, toutes les pièces se commandaient. — (André Gide, Si le grain ne meurt, page 26)
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

COMMANDER. v. tr.
Ordonner, enjoindre quelque chose à quelqu'un. Dieu nous commande de l'aimer. Commandez qu'il s'arrête. La loi, l'Évangile commande telle chose. On dit par civilité N'avez-vous rien à me commander pour votre service? Vous n'avez qu'à commander, etc. Fig., L'honneur vous commande ce sacrifice. Les circonstances commandaient ces mesures. Absolument, C'est à vous de commander, à moi d'obéir. Fig., Commander le respect, l'estime, l'admiration, etc., Inspirer un respect, une estime, une admiration, etc., dont il est impossible de se défendre. Cette conduite commande l'admiration. Commander quelque chose à un ouvrier, à un artisan, Lui donner ordre de faire quelque chose de son métier. Il a commandé un costume, des souliers, etc. Commander une glace chez un confiseur. Commander un meuble à un ébéniste. Fig., Ce sentiment, cette passion ne se commande point, se dit d'un Sentiment, d'une passion qui ne dépend pas de notre volonté. Il signifie aussi figurément, en parlant des Choses, Dominer par son élévation. Cette éminence, cette montagne commande la plaine, commande toute la vallée. La ville est commandée au nord par deux collines élevées. En termes de Guerre et de Marine, il signifie encore Diriger en vertu d'une autorité qui vous a été déléguée. Commander une armée. Commander l'avant-garde. Commander un régiment, un poste. Commander un vaisseau, une escadre, une flotte. Commander une expédition, une attaque, un siège, etc., Diriger une expédition, une attaque, un siège, etc. On dit de même Commander la manœuvre. Il signifie, dans une acception particulière, Mener à la guerre une troupe du commandement de laquelle on est chargé. Il commandait les dragons. L'officier qui commandait l'artillerie. Il signifie aussi Faire exécuter par un ordre ou Donner l'ordre d'exécuter. Il commanda le feu. Il commanda l'attaque, la retraite. Commander une troupe, des soldats, etc., pour une expédition, un coup de main, une attaque, etc., Donner à une troupe, à des soldats, etc., l'ordre de se tenir prêts pour une attaque, une expédition, un coup de main, etc. Le onzième régiment fut commandé pour ouvrir la tranchée. Le colonel commanda un capitaine et un lieutenant par bataillon. Il est souvent intransitif et signifie Avoir droit et puissance de commander, Avoir autorité, empire. Le père commande à ses enfants, le maître à ses domestiques, le capitaine à ses soldats, etc. Il commande dans la ville, dans la citadelle. Fig. et fam., Commander à la baguette, Commander avec un empire absolu ou Commander avec hauteur et dureté. Fig., Commander à ses passions, se commander à soi-même, Maîtriser, réprimer ses passions. Je ne pouvais commander à mon impatience. Il n'a jamais su se commander.

Littré (1872-1877)

COMMANDER (ko-man-dé) v. a.
  • 1Prescrire qu'une chose soit faite. Faites ce que je vous commande. Puisqu'enfin ma prière a si peu de pouvoir, Vous avez entendu ce que je vous demande, Madame, je le veux, et je vous le commande, Racine, Iphig. III, 1.

    Par civilité. Vous n'avez qu'à commander.

    Se commander, c'est-à-dire commander à soi-même, s'imposer l'obligation de… Si ce cœur, trop puni d'avoir été sensible, Ne s'était commandé de rester inflexible, Delille, Énéide, IV, 27.

    Il se dit des choses. L'honneur vous commande ce sacrifice. Les circonstances commandent ces mesures.

    Imposer par une sorte de contrainte morale. Commander l'estime, le respect, l'admiration.

  • 2 Terme de guerre. Avoir le commandement d'une armée, d'une flotte, d'une troupe. Vous, nourri dans les camps du saint roi Josaphat, Qui sous son fils Joram commandiez nos armées, Racine, Athal. I, 1. Ce kan de la petite Tartarie ne commandait point les armées du grand seigneur, Voltaire, Russie, II, 1.

    Diriger. Commander une expédition, une attaque.

    Mener à la guerre une troupe, du commandement de laquelle on est chargé. Commander l'artillerie, l'infanterie.

    Donner l'ordre d'exécuter une chose. Commander le feu. Commander l'attaque, la retraite.

    Commander un certain nombre d'hommes pour un coup de main, donner l'ordre de les tenir prêts pour l'opération dont il s'agit. Commander de service, ou, simplement, commander un officier, des soldats, les prévenir qu'ils seront de service.

  • 3Être le supérieur de… Ne saurais-tu juger que, si je nomme un roi, C'est pour le commander et combattre pour moi ? Corneille, Rodog. II, 2. Je ne sais pourquoi Un roi que je commande ose se nommer roi, Corneille, Agésil. I, 1. Le duc d'Enghien joint à la gloire de commander encore Turenne celle de réparer sa défaite, Voltaire, Siècle de Louis XIV, 3. Je me souviens toujours que j'étais né pour les commander [les femmes], Montesquieu, Lett. pers. 9.
  • 4 Terme de commerce. Faire une commande à un fabricant, à un artiste, à un ouvrier, etc. Commander un ameublement. Commander un tableau. Commander un dîner.
  • 5 Terme de fortification. Dominer par son élévation, pouvoir battre. La citadelle commande la ville.

    On a dit aussi dans ce sens commander à, qui est aujourd'hui moins usité. La montagne commandait au chemin par où l'ennemi devait passer, Vaugelas, Q. C. III, 4, dans RICHELET.

    Par extension, il se dit de tout lieu plus élevé qu'un autre. Les cimetières de la Suisse sont quelquefois placés sur des rochers, d'où ils commandent ces lacs, Chateaubriand, Génie, IV, II, 7. Nous le suivîmes dans ce lieu qui commandait une vue immense, Chateaubriand, Atala.

  • 6 V. n. Faire commandement. Il commande au soleil d'animer la nature, Racine, Athal. I, 4. Commande à mes tyrans d'épargner ma mémoire, Voltaire, Mariamne, V, 3.

    Avoir un commandement militaire. Ils avaient levé jusqu'à soixante mille hommes de pied, et choisi trois braves chefs pour leur commander, Vaugelas, Q. C. 500.

    Avoir, exercer l'autorité supérieure. Je veux bien un Romain, mais je veux qu'il commande, Corneille, Sertor. II, 2. Moi qui commande ailleurs, puis-je servir sous vous ? Corneille, ib. III, 2. Qui n'a fait qu'obéir saura mal commander, Corneille, Pulch. II, 2. C'est aux rois d'obéir alors qu'elle [Rome] commande, Corneille, Nicom. II, 3. Et pourquoi commandent les hommes, si ce n'est pour faire que Dieu soit obéi ? Bossuet, Reine d'Anglet. Douce, familière, agréable autant que ferme et vigoureuse, elle savait persuader et convaincre aussi bien que commander, Bossuet, ib. Cessez de vous troubler, vous n'êtes pas trahi ; Quand vous commanderez, vous serez obéi, Racine, Iphig. IV, 4. Ce Dieu jaloux, ce Dieu victorieux Est le seul qui commande aux cieux, Racine, Esth. I, 5. Sur cent peuples nouveaux Bérénice commande, Racine, Bérén. II, 2. Ô vous qui commandez avec tant d'expérience sur des peuples innombrables, Fénelon, Tél. XX. Le droit de commander n'est plus un avantage Transmis par la nature ainsi qu'un héritage, Voltaire, Mérope, I, 3.

    Commander à la baguette, avec hauteur et dureté, et aussi avec une autorité absolue.

    Familièrement et figurément. Commandez à vos valets, se dit à une personne qui parle trop impérieusement à des gens qui ne dépendent point d'elle.

    On dit absolument d'un chef militaire, d'un colonel, etc. qu'il commande bien, c'est-à-dire qu'il sait bien commander les manœuvres.

    Fig. Commander à ses passions, y résister, les maîtriser. Commander à ses pleurs en cette extrémité, C'est montrer, pour le sexe, assez de fermeté, Corneille, Hor. I, 1. Ton cœur… Prévoit qu'il ne pourra commander à tes larmes, Racine, Andr. IV, 1. Commandez à vos yeux de garder le secret, Racine, ib. III, 1. Ou si nous ne pouvons commander à nos pleurs, Racine, Bérén. IV, 5. Tu veux commander seul à mes sens éperdus, Voltaire, Zaïre, IV, 2. Répondez-vous à mes questions ? - Oh ! qui pourrait m'en exempter, monseigneur ? vous commandez à tout ici hors à vous-même, Beaumarchais, Mar. de Fig. V, 12.

    Absolument. Pardonne, par mes pleurs, au feu qui me commande, Régnier, Élég. 2. Il ne faut que j'attende Ni pitié, ni faveur au mal qui me commande, Régnier, ib. 1.

    L'heure me commande, se dit de l'obligation où je suis d'être quelque part ou de faire quelque chose à une heure dite.

  • 7 Terme de guerre. Cette place forte commande à tout le pays, c'est-à-dire qu'on ne peut s'établir dans le pays sans s'être rendu maître de la place.
  • 8Se commander, v. réfl. Se maîtriser. Il se commanda et contint son émotion. Dans les choses de peu si tu ne te commandes, Dis, quand te pourras-tu surmonter dans les grandes ? Corneille, Imit. I, 11.
  • 9Être obtenu par commandement. La gaieté ne se commande pas. Ce sentiment ne se commande point, ne dépend pas de la volonté.
  • 10Se commander l'un à l'autre, v. réfl. indirect, avoir un commandement l'un sur l'autre. Ces chefs fiers et du même âge, compagnons de guerre… n'étaient guère propres à se commander l'un à l'autre, Ségur, Hist. de Nap. VI, 16.

REMARQUE

Une colline commande la plaine, la domine ; une citadelle commande la ville, la domine et peut tirer dessus de haut en bas. Une place forte commande à un pays, elle empêche qu'on ne puisse s'établir en sûreté dans ce pays.

HISTORIQUE

XIe s. N'en parlez mais, si je nel vous cumant, Ch. de Rol. XI. Jointes ses mains, iert [il sera] vostre comandet, ib. LIII. Par penitence [il] les [leur] cumande à [de] ferir, ib. LXXXVII. Je vous cumant qu'en Saragoce aillez, ib. CLXXXIX.

XIIe s. [Il] Comande les mules establer, Ronc. p. 8. Mais comandez qu'il ait ajue [aide] grant, ib. p. 35. Un mien service vous voudrai comander, ib. p. 157. Naymes chevauche, com Charles comanda, ib. p. 178. Li rois comande Guenelon à juger, ib. p. 184. À Jesu Christ tu soies comandé, ib. p. 188. Se mes sires commande, nous irons voirement, Sax. XX. Veez-en ci la chartre, commandez qu'on la lise, ib. XXIII. Charles mande et commande que treü [nous] lui devon, ib. 25. Par les oilz Deu, fait-il, tute la guerpirai, E mun fil e mun regne tut vus comenderai, Th. le mart. 115. As esteilles s'en vunt e à la tenebrur, Et se sunt comandé à Deu nostre seignur, ib. 49.

XIIIe s. Mais la comtesse de Brie, Cui commans je n'os [ose] veer, M'a commandé à chanter, Aub. de Sezanne, Romancero, p. 125. Et l'avant-garde fu commandée à Joffroi le mareschal de Champaingne et de Romenie, Villehardouin, CLXI. Je vous commant à Dieu, qui est vrais gouvernere, Berte, IV. Et lors ferez vous ce que m'orrez [vous m'ouïrez] commander, ID. XVII. Lors fist li rois ordener ses batailles et les comenda as dix plus preudhomes de s'ost, Chron. de Rains, p. 146. Quant la roïne vit çou, si l'en pesa, et comenda que cius [celui] fust pris qui çou li avoit fait, ib. p. 192. Et li Juges, selonc l'estoire, Le commanda tantost à prendre Por li mener ocir ou pendre. la Rose, 5665. Li eschieles s'en vont, es les vous aroutées ; Al bon duc de Buillon ont les os [l'armée] comandées, Et il les conduit bien…, Ch. d'Ant. II, 27. Sitost comme il commença à cheoir, il se commanda à Nostre Dame, et elle le soustint par les espaules dès que il cheï, jusque à tant que la galie le roy le requeilli, Joinville, 287.

XIVe s. Nulle chose il ne font de ce que il lour ensaignent ou commandent, Oresme, Eth. 41.

XVe s. … Puis se commanderent en la garde [de] Notre Seigneur, et se mirent en chemin par mer, Froissart, I, I, 17. Après les messes, le roi commanda à toutes gens eux armer, Froissart, I, I, 84.

XVIe s. Le gentilhomme voyant que c'estoient femmes, ne put pis faire, que de les commander à tous les diables, leur fermant la porte au visage, Marguerite de Navarre, Nouv. XVI. On corrompt l'office du commander, quand on y obeit par…, Montaigne, I, 59. Pythagoras, qui tant commandoit et recommandoit le silence à ses disciples, Amyot, Numa, 14. Mon honneur me commande de mourir icy, Amyot, Sylla, 46. Il presenta son filz aux gens de guerre en le leur commandant comme son successeur et heritier, Amyot, Démétr. 37. La ville et le chasteau sont commandez, mais l'estoffe des parapets y remedie en quelque façon, D'Aubigné, Hist. II, 239. Le ciel… Qui me commande à mourir pour vos yeux, Ronsard, 47.

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Étymologie de « commander »

(1080) Du latin commendo (« confier, transmettre, recommander », puis en bas-latin « ordonner, dominer » → voir co- et mando qui a donné le verbe mander)[1].
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Berry, c'mander, quemander ; Saintonge, coumander (d'après Palsgrave, au XVIe siècle, on prononçait coumander) ; provenç. comandar ; catal. comanar ; espagn. comandar ; ital. comandare ; du latin cum, avec, et mandare, mander, ordonner (voy. MANDER).

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Phonétique du mot « commander »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
commander kɔmɑ̃de

Fréquence d'apparition du mot « commander » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « commander »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « commander »

  • Une femme qui commande, c'est aussi chiant qu'un homme qui veut commander.
    Pierre Perret — Pensées
  • Il n'y a que ceux qui ont appris à commander qui sachent obéir.
    Madame de Girardin
  • La discipline est la force de ceux qui ne savent pas se faire obéir sans commander.
    Pierre Dac
  • Il est toujours facile d'obéir, si l'on rêve de commander.
    Jean-Paul Sartre — Situations I, Gallimard
  • Celui qui sait obéir saura ensuite commander.
    Confucius
  • Il faut apprendre à obéir pour savoir commander.
    Solon
  • Servir ! C'est la devise de ceux qui aiment commander.
    Jean Giraudoux
  • La froideur est la plus grande qualité d'un homme destiné à commander.
    Napoléon Bonaparte
  • Aucun homme n'a reçu de la nature le droit de commander aux autres.
    Denis Diderot — Encyclopédie
  • Celui qui sait commander trouve toujours ceux qui doivent obéir.
    Friedrich Nietzsche — La Volonté de puissance
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Traductions du mot « commander »

Langue Traduction
Anglais order
Espagnol orden
Italien ordinare
Allemand auftrag
Chinois 订购
Arabe طلب
Portugais ordem
Russe порядок
Japonais 注文
Basque ordena
Corse ordine
Source : Google Translate API

Synonymes de « commander »

Source : synonymes de commander sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « commander »

Combien de points fait le mot commander au Scrabble ?

Nombre de points du mot commander au scrabble : 16 points

Commander

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