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Commandement

Variantes Singulier Pluriel
Masculin commandement commandements

Définitions de « commandement »

Trésor de la Langue Française informatisé

COMMANDEMENT, subst. masc.

I.− [Correspond à commander I A]
A.− Action de commander, de décider, en vertu de l'autorité que l'on détient ou que l'on s'arroge, ce que quelqu'un doit faire (cf. commander I A 1 et 2). [Les Allemands] ont pour plaisirs principaux la subordination et le commandement (A. Arnoux, Contacts allemands,1950, p. 39):
1. ... il y a toujours, sans doute, des hommes qui commandent, d'autres hommes qui obéissent, mais le commandement et l'obéissance sont alternatifs (...). Voilà la grande distinction entre les sociétés démocratiques et celles qui ne le sont pas. Les Fondateurs de la 3eRépublique, Ferry, 1870, p. 252.
SYNT. a) Art, goût du commandement; aptitude au commandement; esprit de commandement et d'obéissance. Avoir le don du commandement. b) Syntagmes relatifs à la manière d'accomplir cette action. Voix, ton (solennel) de commandement; accent du commandement; air d'assurance et de commandement. On parle du despotisme de cette dernière, de sa dureté de commandement avec les domestiques (E. et J. de Goncourt, Journal, 1864, p. 103). Avec une assurance tranquille (...) et (...) ce regard de commandement qui descend, sûr de se faire obéir. − Un chef (De Vogüé, Les Morts qui parlent, 1899, p. 267).
Vieilli. (Avoir) à (son) commandement. (Avoir) à sa libre disposition, selon sa volonté, à souhait. Être à commandement. Sa voix [de la marquise d'Espard] était à commandement souple et fraîche, claire, dure (Balzac, L'Interdiction,1836, p. 149).Il faudrait, comme Lord Byron, pouvoir retrouver l'inspiration à commandement (E. Delacroix, Journal,1852, p. 393).
B.− P. méton.
1. Manière de commander. Avoir le commandement ferme, bref, rude, despotique.
2. Acte par lequel l'autorité se manifeste; ordre, le plus souvent oral, donné à quelqu'un pour le commander, pour lui commander quelque chose. « Je vous attends ici. Allez donc! » Ce commandement acheva de le refroidir (Flaubert, L'Éducation sentimentale,t. 1, 1869, p. 210).Moitié supplications, moitié commandements, l'autorité qu'elle exerçait sur moi obtint tout (Gobineau, Les Pléiades,1874, p. 47):
2. Si un supérieur, même légitime, sort des limites de ses attributions, ou donne un commandement contraire au précepte d'un supérieur plus élevé, l'obéissance ne lui est pas due. Ces cas exceptés, nous devons obéir aux pouvoirs sous lesquels nous sommes constitués, parce qu'ils tiennent de Dieu leur autorité, même s'ils l'exercent mal. Maritain, Primauté du spirituel,1927, p. 46.
SYNT. Commandement brefs, secs, froids, clairs, précis; commandement sans réplique. Intimer un commandement à qqn; attendre les commandements de qqn; obéir au commandement de qqn; faire (selon) le commandement de qqn.
[L'ordre peut être exprimé par des gestes, des jeux de physionomie] Léa (...), sans un mot, avait simplement mis son index sur sa bouche, en commandement de secret (A. Arnoux, Paris-sur-Seine,1939, p. 26).
Vieilli. Enjoindre à qqn le commandement de + inf. Le commandement qu'il lui avait enjoint de se tenir dans les bornes de son devoir (Nerval, Les Filles du feu, Angélique, 1854, p. 539).Avoir commandement de + inf. Ce dernier avait commandement d'arrêter M. Singlin (Sainte-Beuve, Port-Royal,t. 4, 1859, p. 27).(Faire qqc.) par commandement de qqn. [Brulette] allait, par commandement de la Mariton, tirer le lait de sa chèvre (G. Sand, Les Maîtres sonneurs,1853, p. 11).Faire ses derniers commandements à qqn. Lui faire connaître ses dernières volontés. Elle a eu sa connaissance jusqu'au dernier instant. (...) Elle nous a fait ses derniers commandements (Hugo, Les Misérables,t. 1, 1862, p. 639).
En partic., rare. Commandement intime. Ordre que l'on se donne à soi-même. Sa figure [de Théodose], sans expression par suite d'un commandement intime, avait une forme ovale (Balzac, Les Petits bourgeois,1850, p. 53).
3. P. ext. Par quelle misérable habitude signes-tu ton front étroit, ridé avant l'âge, au commandement de la cloche catholique? (G. Sand, Lélia,1839, p. 503).
Spéc. (cf. commander I B 3 b, spéc.)
a) ARM. Ordre donné pour déclencher l'exécution d'un mouvement, d'une action militaire. Il commanda de charger les fusils (...). Les soldats exécutèrent le commandement (Zola, Germinal,1885, p. 1505).À mon commandement!... (...) Présentez vos a-a-armes! cria le colonel. Les voix sèches des officiers d'infanterie claquèrent (Druon, Les Grandes familles,t. 1, 1948, p. 159):
3. Un régiment, c'est un nouvel être. (...). Il s'agit de créer des réflexes, des mouvements qui se produisent sans l'intervention du chef, sans ordre et conformes pourtant à la volonté du chef et à l'esprit de la guerre. De là ces interminables exercices qui soudent les hommes entre eux, qui les suspendent automatiquement aux commandements les plus brefs, qui les font troupe. Barrès, Mes cahiers,t. 11, 1914-17, p. 162.
SYNT. Commandements réglementaires; commandements des officiers; commandement de feu. Hurler, transmettre un commandement; relever l'arme au commandement. Commandement qui retentit.
b) MAR. Ordre donné pour déclencher l'exécution d'une manœuvre. Transmettre le commandement à son second. − Range à carguer les voiles de hune, le foc et la brigantine! (...) faites penaud! L'ordre s'exécuta avec (...) promptitude (...). − Amène et cargue partout! Au dernier commandement, toutes les voiles s'abaissèrent (A. Dumas Père, Le Comte de Monte-Cristo,t. 1, 1846, p. 6).
c) HIST. Ordre écrit émanant d'une autorité civile. Commandements du duc, du Parlement. Faire un commandement exprès à qqn. Michel Noiret, trompette-juré du roi notre sire, (...) cria l'arrêt, suivant l'ordonnance et commandement de Monsieur le prévôt (Hugo, Notre-Dame de Paris,1832, p. 265).
Commandement du roi au Parlement (cf. jussion). Par (le) commandement exprès du roi.
Secrétaire d'État et des commandements. Secrétaire d'État ou ministre. Sur commandement spécial du ministre. Lettre de commandement du ministre. Lettre signée en commandement. Lettre sur laquelle la signature du roi est apposée par un ministre, un secrétaire d'État. Signature en commandement.
Secrétaire des commandements. Premier secrétaire de la reine, de certains membres de la famille et de la maison royales. Antoine de Latour, (...) secrétaire des commandements du plus jeune fils de Louis-Philippe, le duc de Montpensier (Sainte-Beuve, Nouveaux lundis,t. 12, 1863-69, p. 187).
d) DR. Acte d'huissier faisant sommation à un débiteur de s'acquitter, sous peine de saisie, envers un créancier possédant un titre exécutoire en vertu duquel l'ordre de payer est signifié. Faire commandement à qqn de payer; envoyer, recevoir un commandement. L'abbé Mistre, réellement, avait en main de quoi provoquer la saisie d'Entrays, (...) les pièces étaient prêtes, le commandement presque libellé (P. Arène, Le Tor d'Entrays,1876, p. 181).
e) RELIG. JUDAÏQUE ET CHRÉT. Loi, précepte, règle de conduite exprimant la volonté divine que les croyants sont tenus d'observer. Les (dix) commandements de Dieu. Abrégé de la loi, habituellement divisé en dix préceptes, révélée par Dieu au peuple hébreu par l'intermédiaire de Moïse, sur le mont Sinaï (cf. Exode, 20, 2-17). Cf. Tables* de la Loi.Synon. (Commandements du) Décalogue.Respect des dix commandements; garder, observer, suivre les commandements de Dieu. L'Hébreu devait obéir à tous les commandements de la Loi sous peine du retranchement (Durkheim, De la Division du travail soc.,1893, p. 133).
Commandement de l'Église (catholique). Précepte imposé par l'Église aux fidèles et généralement relatif à l'accomplissement des commandements de Dieu. Les six commandements de l'Église (catholique). Les six préceptes les plus importants de l'ensemble des commandements de l'Église dont la liste n'est pas immuable. Pratique fidèle des commandements de l'Église (Théol. cath.t. 3, 11911, pp. 389-393):
4. ... ma pauvre tante a déclaré (...) qu'elle respectait fort et n'avait jamais enfreint les commandements de Dieu, mais qu'elle se moquait des commandements de l'Église et qu'elle ne s'en croyait pas moins bonne catholique... M. de Guérin, Correspondance,1839, p. 373.
Être de commandement. ,,Relever d'une loi, d'un précepte, d'un commandement religieux`` (Littré).
P. allus., p. métaph. Elle [une nation] ne fait plus corps que par les ignobles soudures de l'intérêt matériel, par les commandements du culte que crée l'égoïsme bien entendu (Balzac, César Birotteau,1837, p. 405).Voilà les commandements de ce cubisme, si injustement dédaigné, tels que je les formulais en 1912 (Lhote, Peint. d'abord,1942, p. 100):
5. Je sais bien ce que dissimule cette apparente paix de la campagne! Sur le règne animal comme sur le règne végétal, il semble qu'un seul commandement ait retenti : dévorez-vous. Mauriac, Journal du temps de l'occupation,1940-44, p. 333.
4. P. anal. Règle, obligation, loi qu'impose à l'homme une autorité, l'emprise de certaines choses, la force de certaines circonstances. Commandements de la conscience, de la dignité, d'une gloire à soutenir; commandements croissants de l'hygiène :
6. Le sens de ses institutions, de ses fleuves, de sa race, est depuis si longtemps trouvé que les commandements de la patrie ne sont plus donnés aux Français par les voix de leurs chefs, mais par des voix intérieures, comme de vrais commandements. Giraudoux, Siegfried,1928, IV, 3, p. 167.
5.
a) Pouvoir ou droit de commander; exercice de ce pouvoir ou de ce droit; fonction, rôle de la personne qui commande (en particulier dans le domaine militaire). Il (...) devint, sous le commandement de cet homme remarquable, un praticien fort habile pour les opérations chirurgicales (G. Sand, Histoire de ma vie,1855, p. 59).Les employés et les employées sont des salariés n'exerçant aucun commandement effectif (G. Brunerie, Les Industr. alim.,1949, p. 127).Accession aux postes de commandement d'hommes neufs exceptionnellement doués (Perroux, L'Écon. du XXes.,1964, p. 623):
7. Les révolutionnaires les plus ardents à revendiquer pour eux-mêmes la liberté et l'égalité dans la vie publique, exerçaient, rentrés chez eux, l'autorité maritale et paternelle, le commandement patronal avec autant de résolution qu'avant 1789, sans prendre conscience d'une contradiction. G. Lefebvre, La Révolution fr.,1963, p. 603.
SYNT. Commandement effectif, absolu, suprême; commandement civil; lourd commandement. Commandement en chef; commandement d'une bande. Droit, actes, poste, organismes de commandement; absence de commandement; responsabilité, grandeur, prérogatives, charges, exercice du commandement. Être sous le commandement de qqn, n'exercer aucun commandement; demander, avoir, accepter un commandement; arriver, porter qqn au commandement; céder le commandement à qqn, retirer son commandement à qqn; donner, refuser un commandement.
Avoir (le) commandement sur qqn. Avoir autorité sur quelqu'un; avoir le pouvoir, le droit de commander quelqu'un. [Jeanne à Raoul de Gaucourt] Je n'ai pas de commandement qui soit à moi. Mais je viens de Celui qui a commandement sur tout le monde (Péguy, La Tapisserie de sainte Geneviève et de Jeanne d'Arc,1913, p. 314).
Spéc., dans le domaine milit., suivant les normes spécifiques de l'arm.(cf. commander I B 1 b).Le président est le chef de corps ou de détachement. (...) Le conseil de régiment est convoqué par son président et siège dans la ville où le président exerce son commandement (Lubrano-Lavadera, Législ. et admin. milit.,1954, p. 60):
8. ... c'étaient là des titres, non point de nettes attributions. En fait, ceux qui les portaient n'exerceraient pas le commandement au sens hiérarchique du terme. Plutôt que par ordres donnés et exécutés suivant les normes militaires, ils procéderaient par proclamations, ou bien par action personnelle limitée à certains points. De Gaulle, Mémoires de guerre,1956, p. 293.
SYNT. Commandement militaire, commandement en chef; poste, centre de commandement; commandement des armées, des troupes d'une division. Assurer un commandement, organiser le commandement, avoir le commandement d'une compagnie, prendre le commandement, conférer un commandement à qqn, nommer qqn à un commandement, prendre son commandement, destituer qqn d'un commandement, rétablir qqn dans son commandement, se démettre de son commandement, abandonner son commandement; se ranger, combattre sous le commandement de qqn; être appelé au commandement, être placé en réserve de commandement.
Avoir le commandement d'une place. Avoir charge et pouvoir de la commander; y exercer la fonction de commandant*. Commandement d'une forteresse.
b) P. méton.
α) Organes du pouvoir. Haut commandement (des armées). Autorité militaire de caractère individuel responsable de l'ensemble d'une armée ou des forces armées. Pour lui Churchill (...) l'armée européenne fera partie intégrante des forces placées sous le haut commandement du général Eisenhower (Le Monde,19 janv. 1952, p. 3, col. 1).Commandement suprême. Autorité militaire supérieure d'un pays, d'une coalition, de caractère généralement individuel et dépendant directement du pouvoir politique. Loin de donner aux généraux vieillis les commandements suprêmes on a créé la limite d'âge (Péguy, L'Argent,1913, p. 1275).Commandement de l'air, de la marine. Fonction de l'autorité militaire de caractère individuel responsable de l'ensemble des forces aériennes ou navales du territoire. Commandement militaire. Commandement permanent de tout corps d'armée des forces françaises.
β) Territoire, région dans les limites desquels s'exerce un commandement militaire. Commandement territorial, de région, de division, de subdivision territoriale.
γ) Ensemble des officiers généraux constituant les autorités supérieures de l'armée. Devant l'attaque du Viêt-Minh dans le secteur d'Hoo-Binh, le commandement français a fait intervenir les parachutistes (Le Figaro,19-20 janv. 1952, p. 1, col. 6).Projet d'accord en vue (...) d'organiser la coopération des trois gouvernements dans la conduite de la guerre et des trois commandements dans la stratégie (De Gaulle, Mémoires de guerre,1956, p. 261).
SYNT. Commandement militaire, commandement supérieur de l'armée; commandement interallié. Pouvoir, autorité, attributions du commandement militaire. Faiblesse, insuffisance du commandement. Absence de commandement unique. Instructions, directives, décisions, ordres du commandement. Siège, archives du commandement.
DR. CONSTITUTIONNEL
,,Prérogative qui consiste à mettre les troupes en mouvement et à diriger les opérations militaires. Le droit de disposition de la force armée, conféré au Président de la République (...) implique, en droit, le commandement de cette force armée`` (Cap. 1936).
[P. oppos. au gouvernement et au pouvoir civil] ,,Autorité militaire à laquelle est conférée cette prérogative`` (Cap. 1936).
δ) Spéc., MAR. Avoir le commandement d'un bâtiment. Avoir charge et pouvoir de le commander; y exercer la fonction de commandant. Prendre, remettre son commandement.
P. méton. Bâtiment où est exercé le commandement, bâtiment qui est commandé. Rejoindre son commandement.
Bâton, anneau de commandement. Signes du pouvoir, du commandement.
6. P. anal.
a) SP. (course). Être au commandement. Être en tête et conduire la course. Prendre le commandement. Prendre la tête et mener la course. Les coureurs [des six jours] tournaient en file indienne, au bruit argentin des billes. Un nègre était au commandement (Morand, Ouvert la nuit,1922, p. 173).
b) [Correspond à commander I B 2, p. anal.] :
9. On peut (...) introduire un équilibre entre les deux sortes de respirations; l'automatique, qui est sous le commandement direct du grand sympathique, et l'autre, qui obéit aux réflexes redevenus conscients du cerveau. Artaud, Le Théâtre et son double,1939, p. 26.
II.− [Correspond à commander II] Rare, fig., ARTILLERIE. Commandement d'une place. Fait que cette place est dominée, battue par l'artillerie ennemie. Commandement de front, de revers, d'enfilade.
Prononc. et Orth. : [kɔmɑ ̃dmɑ ̃]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1050 ,,ordre donné, action de donner un ordre » (Alexis, éd. G. Paris et L. Pannier, 5e), spéc. 1174-76 « règle fondamentale de conduite donnée par Dieu » ``(G. de Pont-Ste-Maxence, Thomas le Martyr, éd. E. Walberg, 3092 : les comandementz Deu); b) ca 1100 a vostre comandement! (Roland, éd. J. Bédier, 946); 1690 (Fur. : Commandement, en termes de Guerre et de Marine, se dit de tous les ordres prompts qu'on donne en faisant l'exercice des troupes, ou la manœuvre des matelots); c) 1549 fin. (Est. : Fault que le creancier face faire commandement de payer, avant de proceder par execution); 2. 1616-20 « pouvoir, fait de commander (en parlant d'un militaire) » homme de commandement « chef militaire » (D'Aubigné, Hist., XIII, 26 ds Hug.). Dér. de commander*; suff. -ment1*. Fréq. abs. littér. : 2 712. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 2 262, b) 1 984; xxes. : a) 2 770, b) 6 875. Bbg. Gottsch. Redens. 1930, p. 398. − Lew. 1960, p. 71, 128. − Löfstedt (E.). Les Expr. du commandement et de la défense en lat. et leur survie ds les lang. rom. Helsinki, 1966.

Wiktionnaire

Nom commun - français

commandement \kɔ.mɑ̃d.mɑ̃\ masculin

  1. Ordre que donne celui qui a pouvoir de commander.
    • Commandement verbal.
    • Commandement par écrit.
    • Il a fait cela par votre commandement.
    • J’obéis à vos commandements.
  2. (En particulier) (Marine, Militaire) Tout ordre bref qu’on donne à haute voix pour faire exécuter certains mouvements, certaines manœuvres.
    • Au commandement de… vous ferez telle chose.
    • Il n’entendit pas le commandement.
  3. L’autorité qui octroie le pouvoir de commander, qui permet de transmettre des ordres à autrui.
    • L’Invincible Armada devait avoir pour amiral le marquis de Santa-Cruz ; mais il mourut pendant les préparatifs, et le commandement fut donné au duc de Medina-Sidonia, marin de cour, dont la présomption égalait l’ignorance. — (Frédéric Zurcher et Élie-Philippe Margollé, Les Naufrages célèbres, Hachette, Paris, 1873, 3e édition, 1877, p. 11)
    • […] la Marine lui accorda le commandement du brick de 8 canons « La Lilloise ». Ce navire devait surveiller les bâtiments français qui se livraient à la pêche à la morue en Islande et leur porter assistance en cas de besoin. — (Jean-Baptiste Charcot, Dans la mer du Groenland, 1928)
    • La tentation d’être un chef juste et humain est naturelle dans un homme instruit ; mais il faut savoir que le pouvoir change profondément celui qui l’exerce ; et cela ne tient pas seulement à une contagion de société ; la raison en est dans les nécessités du commandement, qui sont inflexibles. — (Alain, Souvenirs de guerre, Hartmann, 1937, page 235)
  4. (Par analogie) L’entité ou la personne détentrice de cette autorité.
    • Voilà qui est entendu : vous alliez à Agadès, vous irez à Agadem... Je vous nomme au commandement de la Section méhariste d'Agadem... Vous voyez, à une lettre près, votre destination n'a pas changé... — (Louis Alibert, Méhariste, 1917-1918, Éditions Delmas, 1944, p. 21)
    • Le Président de la République, Pr Alpha Condé, a reçu en audience le samedi 16 juin 2012 à Sékhoutouréya, le haut commandement de l’armée composé du chef d’État Major Général des forces armées, les chefs d’États majors particuliers et les Commandants d’Unités, le cabinet militaire. — (allAfrica, Guinée: Sékoutouréya - Alpha Condé reçoit le haut commandement militaire de l’armée, 18 juin 2012)
  5. (Justice) Exploit fait par un huissier, en vertu d’un jugement ou d’un titre exécutoire par lequel il commande, au nom de la loi et de la justice, de payer, de vider les lieux, etc.
    • Toute saisie-exécution doit être précédée d’un commandement.
  6. (Théologie) Loi ou précepte religieux.
    • En règle générale, lorsqu’une femme parle de son curé en de mauvais termes, lorsqu’elle débute, au confessionnal, par vous dire qu’il est inintelligent, sans éducation, inapte à comprendre et à guider les âmes, vous pouvez être sûr que l’aveu du péché contre le VIe commandement est proche. — (Joris-Karl Huysmans, La Cathédrale, Plon-Nourrit, 1915)
    • Dans les premières pages du Petit catéchisme de Québec [dans les années 1920], dès qu'il est question d'apprendre la religion aux enfants et d'informer les adultes surviennent les dix Commandements. [...] Quant aux sept Commandements de l'Église, ceux-ci profitent de la proximité des Commandements de Dieu; ils relèvent du même enseignement et des mêmes techniques d'apprentissage. [...] Ces mêmes commandements, dix-sept en tout, font parfois partie de la prière du soir, à la suite de la récitation du chapelet. [...] Pour être encore plus certain que ses paroissiens sont bien informés, le même monsieur le curé commentera en chaire, chaque dimanche, chacun des commandements, qui deviennent pour les paroissiens une référence commode lorsqu'il s'agit de se confesser. [...] Il se peut même que tous ces commandements récités à la file deviennent un défi durant les veillées familiales : « Récite-moi donc tous les commandements et tu auras un prix. » Le prestige des commandements est tel que pour connaître exactement la volonté de Dieu sur sa propre conduite, il suffit de les interroger. Bref, « faire la volonté de Dieu sur la terre », c'est avant tout, et concrètement, observer de son mieux tous les commandements. Qui connaît ses commandements est en principe un bon pratiquant, un homme, une femme de devoir. — (Benoît Lacroix, Rumeurs à l'aubre, Éditions Fides, 2015, pp. 83-84)
  7. Action de commander, manière de commander.
    • Avoir le commandement doux. - Avoir le commandement rude, dur. - Cet officier a l’habitude du commandement.
    • Tempérer la sévérité du commandement. - Prendre le ton du commandement.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

COMMANDEMENT. n. m.
Ordre que donne celui qui a pouvoir de commander. Commandement verbal. Commandement par écrit. Il a fait cela par votre commandement. J'obéis à vos commandements. Il se dit, dans un sens particulier, en termes de Guerre et de Marine, de Tout ordre bref qu'on donne à haute voix pour faire exécuter certains mouvements, certaines manœuvres. Au commandement de... vous ferez telle chose. Il n'entendit pas le commandement. En termes de Procédure, il se dit de l'Exploit fait par un huissier, en vertu d'un jugement ou d'un titre exécutoire par lequel il commande, au nom de la loi et de la justice, de payer, de vider les lieux, etc. Toute saisie-exécution doit être précédée d'un commandement. Il signifie encore, surtout en termes de Théologie, Loi, précepte. Les dix commandements de Dieu. Les commandements de l'Église. Pécher contre le premier commandement. Observer les commandements. Il signifie aussi Autorité, pouvoir de commander. Avoir commandement sur quelqu'un. Il a le commandement des troupes, d'une compagnie, d'une escadre, d'un bâtiment. Cela est sous son commandement. Prendre le commandement. Avoir le commandement d'une place, d'un territoire militaire. Il se dit quelquefois, en général, de l'Action de commander, de la Manière de commander. Avoir le commandement doux. Avoir le commandement rude, dur. Cet officier a l'habitude du commandement. Tempérer la sévérité du commandement. Prendre le ton du commandement. Avoir quelque chose à son commandement, Pouvoir s'en servir à sa volonté. Il n'a point d'automobile, mais il a celles de ses amis à son commandement. Il a tout à commandement, l'argent, etc. Bâton de commandement. Voyez BÂTON.

Littré (1872-1877)

COMMANDEMENT (ko-man-de-man) s. m.
  • 1Action de commander. Par vos commandements Chimène vient vous voir, Corneille, Cid, I, 5. Cet amour qui m'expose à vos ressentiments N'est point le prompt effet de vos commandements, Corneille, Cinna, V, 2. Des vaisseaux dans Ostie armés en diligence N'attendent pour partir que vos commandements, Racine, Bérén. I, 3. M. le comte de Guichen, qui venait lui rendre compte du commandement d'une grande flotte et de trois batailles glorieuses qu'il avait livrées, Condorcet, Maurepas.

    Ordre. Messieurs les maréchaux, dont j'ai commandement, Vous mandent de venir les trouver promptement, Molière, Mis. II, 6.

    Jussion. Le roi a envoyé un commandement exprès au parlement de vérifier tel édit. Hors qu'un commandement exprès du roi me vienne De trouver bons les vers dont on se met en peine, Molière, Mis. II, 6.

    Secrétaire des commandements, le principal secrétaire d'un prince. On m'a mandé qu'il [Fréron] allait être secrétaire des commandements de la reine, Voltaire, Lett. en vers et en prose, 144.

    Dans l'ancienne monarchie, secrétaires d'État et des commandements, les quatre secrétaires d'État.

    Lettres signées en commandement, lettres signées par un secrétaire d'État.

    Terme militaire. Ordre bref pour faire exécuter certains mouvements. Attention au commandement !

    Terme de marine. Bâtiment commandé. Cet officier va rejoindre son commandement.

    Terme de civilité. Je n'ai pas voulu partir pour Lyon, sans recevoir vos commandements. Je suis venu à votre commandement dès que vous m'avez averti de venir.

    Avoir quelque chose à son commandement, pouvoir s'en servir à volonté. J'ai dix langues, Cliton, à mon commandement, Corneille, le Ment. IV, 3.

    Avoir une chose à commandement, l'avoir à souhait. S'énoncer clairement et avoir toujours le mot propre à commandement, Voltaire, Lett. en vers et en prose, 37. On n'a pas toujours des idées à commandement ; c'est un coup de la grâce : elle vient quand il lui plaît, Voltaire, Lett. d'Argental, 27 juillet 1763.

  • 2Manière de commander. Il a le commandement doux, rude, bref.

    Avoir le commandement beau, se dit d'un officier qui commande de bonne grâce ; et, ironiquement, d'un homme hautain et despotique qui commande une chose sans en avoir le droit, ou de celui qui commande des choses difficiles ou impossibles à exécuter.

  • 3 Terme de jurisprudence. Acte d'huissier à la requête d'un créancier, par lequel on commande au débiteur de satisfaire à son obligation, en vertu d'un titre authentique ou exécutoire.
  • 4Loi, précepte. Les commandements de Dieu. Les commandements de l'Église. Cette pratique est de commandement, Bossuet, Var. 14. L'état monacal n'est pas de commandement, Bossuet, Projet.
  • 5Pouvoir de commander, autorité. Aspirer au commandement. Prendre le commandement. Il ajouta qu'il était d'avis qu'on lui donnât, comme on avait fait à Pompée, le commandement général sur toutes les flottes de la république, Vertot, Révol. rom. liv. XIV, p. 287. Vous comptez maintenant le nombre de vos campagnes, la distinction de vos commandements, Massillon, Avent, Mort du pécheur. Tel a été à la mode pour le commandement des armées et la négociation, ou pour l'éloquence de la chaire, ou pour les vers, La Bruyère, XIII.

    Bâton de commandement, bâton qui est pour certains officiers le signe du commandement.

  • 6On dit qu'une place a plusieurs commandements, c'est-à-dire qu'elle peut être battue du canon par des hauteurs qui la dominent. Commandement de front, celui d'une hauteur qui est opposée à un poste, qui le bat par devant. Commandement de revers, celui qui bat le poste par derrière. Commandement d'enfilade, celui qui bat d'un seul coup toute une ligne droite.

SYNONYME

COMMANDEMENT, ORDRE, INJONCTION. Étymologiquement, le commandement est l'action de recommander ; l'ordre, l'action de disposer ; l'injonction, l'action d'imposer une obligation. De là découlent les nuances de l'usage. Commandement tantôt incline du côté du sens de précepte, comme les commandements de Dieu, de l'Église, où ordre ne peut pas se dire, tantôt exprime une action directe, comme dans les commandements qu'un officier fait à ses soldats ; ici encore ordre ne conviendrait pas. Au contraire, toutes les fois qu'il s'agira d'un ensemble de dispositions, on emploiera ordre et non pas commandement : le régiment, la troupe reçut l'ordre de partir, et le commandement du colonel la mit en mouvement. Injonction, qui, d'ailleurs, appartient de préférence au langage du pouvoir judiciaire et à l'administration, impose une obligation : Dieu, dit Bourdaloue, enjoint au riche d'entretenir le pauvre. C'est dans ce sens que l'autorité fait des injonctions à ses agents.

HISTORIQUE

XIe s. Ademplir [je] vuil vostre comandement, Ch. de Rol. XXII.

XIIe s. Pour ce est ele [Eve] en son commandement [de l'homme], Ronc. p. 152. Or faites, belle, vostre comandement, ib. p. 172. Mais ma dame servir et honorer, Et faire adès à son commandement, Couci, XII. As reis d'antiquité devriez reguarder, Qui les comandemens Deu ne voldrent guarder, Th. le mart. 78.

XIIIe s. Et il firent tantost son commandement, Villehardouin, LXXVIII. Il ne savoient quant Dieu feroit son commandement d'aus [d'eux], Villehardouin, LXX. La royne s'en va au Dieu commandement [à la recommandation de Dieu], Berte, IX. Et comment tu accompliras Nuit et jour les commandemens Que ge commande as fins amans, la Rose, 2051. Sire, tel vient devant vos come devant son seignor, et vos fait assaveir que Dieu a fait son comandement de tel…, Ass. de J. I, 232. … Si comme aucuns hons de poesté connoit une dete et on li fet commandement qu'il ait paié dedans sept jors et sept nuis, Beaumanoir, XXIII, 2. Et pour ce ne font force li assacis [assassins], se l'en les occist, quant il font le commandement du Vieil de la Montaigne, Joinville, 230. Vous me jurerez, que vous tendrés mes commandemens, Joinville, 263.

XIVe s. Du commandement de très noble et très excellent prince Charles quint de ce nom, par la grace de Dieu, roy de France, Oresme, Prol.

XVe s. Pour ce qu'il avoit trespassé le commandement de son seigneur le roi, Froissart, I, I, 154. Nostre roy qui avoit bien la parolle à commandement, Commines, IV, 10. Plusieurs femmes ont larmes à commandement, Louis XI, Nouv. XII. Comment vous va ? - Et bien vrayement, Tout à vostre commandement, Patelin.

XVIe s. Pleust or à Dieu, pour fuir mes malheurs, Que je vous tinse à mon commandement ! Marot, II, 333. Robertet, secrettaire des commandemens, Lanoue, 565. Il n'a point cerché ambitieusement les commandemens et honneurs, Lanoue, 703. Ilz allerent loger en lieu où ilz eussent l'eau plus à commandement, Amyot, Arist. 38. Mais son commandement fut tard entendu de chascun, Amyot, Nicias, 50. Il a ses gageures de cent pistoles fort à commandement, D'Aubigné, Faen. III, 6. Cette ville est commandée d'un costeau de vignes, où les assiegeans logerent leurs moindres pieces et firent breche à la faveur du commandement, D'Aubigné, Hist. I, 219. Ville en très heureuse assiette, franche de tous commandemens, D'Aubigné, ib. II, 257. La ville fortifiée de brique, et, quoi que près des montagnes, hors de grand commandement, D'Aubigné, ib. III, 405. Ils perd rent 24 hommes, parmi ceux-là six de commandement, D'Aubigné, ib. III, 403.

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Étymologie de « commandement »

Commander ; Berry, c'mandement ; provenç. comandamen ; anc. catal. comandament ; anc. espagn. comandamiento ; ital. comandamento.

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De commander, avec le suffixe -ment.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Phonétique du mot « commandement »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
commandement kɔmɑ̃dmɑ̃

Fréquence d'apparition du mot « commandement » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « commandement »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « commandement »

  • Chez les peuples animés d'un même esprit de corps, le commandement ne saurait appartenir à un étranger.
    Ibn Khaldun — Prolégomènes
  • Si tu veux un jour commander à des hommes, il faut apprendre et appliquer la première loi du commandement : chercher la vérité, la trouver et la défendre.
    Jacques Lamarche — La Dynastie des Lanthier
  • Sois semblable à Dieu est le commandement de l'humilité.
    Alphonse de Châteaubriant — La réponse du Seigneur
  • La gêne du commandement fatiguera comme celle de l'obéissance.
    Montesquieu
  • Le onzième commandement : Mêlez-vous de vos affaires.
    Proverbe anglais
  • Les commandements de Dieu s'inscrivent aussi dans le ramage des rossignols.
    Joseph Delteil — Jeanne d'Arc, Grasset
  • Le commandement "Croissez et multipliez" a été promulgué, avec l'accord des autorités, au temps où la population était composée seulement de deux personnes.
    William Inge
  • Le commandement est une lampe, la loi est une lumière, et la réprimande qui retient dans la discipline est la voie de la vie.
    La Bible — Le Livre des proverbes
  • Un commandement de payer est un acte officiel délivré par l’intermédiaire d’un huissier qui oblige le destinataire à s’exécuter et donc à payer sa dette. Ce type de procédure est défini à titre principal par le Code des procédures civiles d’exécution.
    Capital.fr — Commandement de payer : principe, procédure et effets - Capital.fr
  • Il faut savoir que le pouvoir change profondément celui qui l’exerce... la raison en est dans les nécessités du commandement, qui sont inflexibles.
    Alain — Souvenirs de guerre
Voir toutes les citations du mot « commandement » →

Traductions du mot « commandement »

Langue Traduction
Anglais commandment
Espagnol mandamiento
Italien comandamento
Allemand gebot
Chinois 诫命
Arabe وصية
Portugais mandamento
Russe заповедь
Japonais 命令
Basque agindurik
Corse cumandamentu
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Synonymes de « commandement »

Source : synonymes de commandement sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « commandement »

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Nombre de points du mot commandement au scrabble : 21 points

Commandement

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