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Temps

Définitions de « temps »

Trésor de la Langue Française informatisé

TEMPS, subst. masc.

I. − Milieu indéfini et homogène dans lequel se situent les êtres et les choses et qui est caractérisé par sa double nature, à la fois continuité et succession.
A. − [Le temps est une durée]
1. Absol. Durée indéterminée et continue. Le temps passe et court. C'est une ruine magnifique et qui bravera le temps et les hommes pendant bien des siècles encore (Sand, Hist. vie, t. 2, 1855, p. 280):
1. ... il ne suffisait pas de ce morceau de papier pour bousculer le temps, l'espace et le sens commun. Beauvoir, Mandarins, 1954, p. 168.
[Le temps est la mesure selon laquelle se définit la durée de tel ou tel événement] Consacrer, employer, prendre du temps pour (faire) qqc. Le duc, tout blanc comme un fantôme, dans ses grands peignoirs garnis de dentelles, coulait le temps sur sa chaise percée (Bourges, Crépusc. dieux, 1884, p. 52).
Il faut laisser du temps au temps. Il faut laisser du temps au temps. Le temps pour nos représentants d'accepter enfin leur condition. Pas celle d'un maître, celle d'un commis (Le Monde, 27 mai 1988, p. 38, col. 6).
[Compl. d'un verbe désignant l'action d'augmenter ou de diminuer un gain, le temps est perçu comme possédant une certaine valeur] Gagner, gaspiller du temps; avoir du temps à perdre. Tu auras cette lettre demain matin. Je l'envoie directement pour ne pas perdre de temps (Hugo, Corresp., 1852, p. 103).
Adv. de quantité + temps.Assez, beaucoup, combien de temps; cela prend moins de temps. J'y renonce: trop de temps s'y perdrait que je peux donner au travail (Gide, Journal, 1943, p. 196).
Peu de temps. Anéantir tant de villes en si peu de temps (Valéry, Variété[I], 1924, p. 13).
En un rien de temps. En un rien de temps, je me trouvai allongé sur une table de marbre inclinée (Benoit, Atlant., 1919, p. 173).
Subst. + de, du temps[Le subst. est un déverbal] Écoulement, fuite, mesure du temps; perte, reste de temps. Il en résulte ou bien un gain de temps, ou une économie de nos forces propres, ou un accroissement de puissance, ou de précision, ou de liberté, ou de durée pour notre vie (Valéry, Variété III, 1936, p. 205).
[Le subst. désigne une limite ou une quantité limitée] Espace, intervalle, laps, portion de temps. Aujourd'hui, chacun de ceux-là est sûr de vivre encore un bout de temps (Barbusse, Feu, 1916, p. 58).
2. [Déterminé par un art., un adj. ou un compl. déterminatif ou une sub., le temps désigne un fragment de cette durée]
a) [Limité dans sa longueur]
Temps + adj.Temps bref, limité. Si l'on observait un gaz pendant un temps assez long, on finirait certainement par le voir s'écarter, pendant un temps très court, de la loi de Mariotte (H. Poincaré, Valeur sc., 1905, p. 253).Je passe un temps considérable, ce matin, à apprivoiser mon paresseux (Gide, Voy. Congo, 1927, p. 773).
[La limitation est faite selon une certaine proportion] (À) mi-temps, plein-temps, temps complet. Pendant un long hiver, les trois quarts du temps je n'avais pas eu de compagnon (Fromentin, Dominique, 1863, p. 154).Une convention prévoit que les 35 femmes de l'entreprise (sur 225 travailleurs) seront mises au travail à temps partiel. On pourra ainsi dégager des postes de travail pour les hommes et éviter treize licenciements (Libération, 26 nov. 1984, p. 9, col. 1).
Proverbe. Patience et longueur de temps font plus que force ni que rage. V. patience A 5 a.
Temps de + subst. (donnant une indication de durée).Ce premier mouvement de surprise dura le temps d'un éclair (Bernanos, Joie, 1929, p. 715).
[Avec une valeur chiffrée] Un temps de quatre ou cinq secondes (Feydeau, Dame Maxim's, 1914, iii, 11, p. 64).
Subst. (donnant une quantité horaire) + de temps.En quatre heures de temps bien employées on peut faire la remise de bien des caisses (Stendhal, Chartreuse, 1839, p. 122).V'là une demi-heure de temps que j'y ai fichu la barbaque et l'eau est encore propre (Barbusse, Feu, 1916, p. 81).
b) [Limité par la nature de l'événement qui l'occupe]
Temps + déverbal.Temps d'activité, d'arrêt, d'attente, de fête, de guerre, de latence. J'achève mon temps de convalescence (Billy, Introïbo, 1939, p. 209).
Le temps que, où. Durant le temps que je me crus enlaidi, je découvris un rapport entre la dernière place que j'occupais dans toutes les compositions et ma triste mine (Mauriac, Journal 2, 1937, p. 190).La main d'Anne, tranquille et sûre, se posa sur ma nuque, me maintint immobile un instant, le temps que mon tremblement nerveux s'arrête (Sagan, Bonjour tristesse, 1954, p. 89).
c) [Limité par l'activité qu'y développe une pers.] Le temps de qqn
[Le plus souvent précédé d'un poss.] Accorder, consacrer, distribuer, employer, gâcher, occuper, partager son temps.
Avoir le, son temps. Disposer, à loisir, de temps pour réaliser ce qu'on souhaite. Il n'en est pas moins vrai que pour servir l'état gratuitement, il faut avoir son temps à soi (Ménard, Rêv. païen, 1876, p. 172).On avait le temps, on bavardait avec les filles qui tricotaient comme en famille (Cendrars, Bourlinguer, 1948, p. 66).
Donner (de) son temps. Agir pour autrui, donner de soi-même. De dix-huit heures à vingt heures, il pouvait donner son temps (Camus, Peste, 1947, p. 1326).
Être de son temps. Être parfaitement en accord avec son temps. Quelle merveille cette âme de Jammes; comme elle est, aussi, merveilleusement de son temps et comme je m'explique que l'aiment tant de jeunes gens, tant de jeunes filles (Alain-Fournier, Corresp.[avec Rivière], 1907, p. 110).Une reproduction de Gauguin encadrée à grands frais comme un original tentait de tromper son monde. Quelques lithographies modernes aux couleurs heurtées, résolument abstraites, signifiaient que, tout de même, on était de son temps (G. Dormann, Michey, l'Ange, Paris, Le Livre de poche, 1977, p. 25).
Faire (qqc.) de son temps. Occuper son temps d'une certaine manière. Elle estimait que dormir c'était perdre son temps; quoiqu'elle ne sût trop que faire de son temps (Beauvoir, Mandarins, 1954, p. 163).
Faire, finir son temps. Accomplir son service militaire. Jacques: Vous avez été soldat; mais pas gendarme? L'homme, souriant: Non, pas gendarme, je rentre au pays, après avoir fait mon temps (Ségur, Auberge ange gard., 1863, p. 15).
Avoir fait son temps. Être à la fin de son activité, ou de sa vie. Ta vieille Katel a fait son temps comme moi. Tu seras forcé de prendre une autre servante qui te grugera, qui te volera, Kobus, pendant que tu seras en train de soupirer dans ton fauteuil, avec la goutte au pied (Erckm.-Chatr., Ami Fritz, 1864, p. 34).C'est le retour rationnel et scientifique à la vieille loi sauvage primitive: les vieillards doivent mourir seuls quand ils ont fait leur temps, loin des leurs, frustrés d'eux-mêmes, n'ayant pas même pour se donner du courage à partir, le bois de leur propre lit à caresser une dernière fois (C. Paysan, Les Feux de la Chandeleur, Paris, Denoël, 1966, p. 115).
Passer son temps. S'occuper, trouver quelque chose à faire. Les prisonniers ne savent à quoi passer leur temps. C'est l'oisiveté qui vous a donné de mauvais conseils (About, Roi mont., 1857, p. 236).
Perdre son temps; tuer le temps. Ne rien faire, s'occuper en pure perte, et sans motivation. Quand il revint, elle se montra froide et presque dédaigneuse.Ah! tu perds ton temps, ma mignonne (Flaub., MmeBovary, t. 2, 1857, p. 10).
Prendre son temps. Faire les choses sans hâte, sans se presser. Il prit son temps, fit le passionné (Bourges, Crépusc. dieux, 1884, p. 261).Aux environs de 1930 les gens commenceraient à s'impatienter, ils se diraient entre eux: « Il prend son temps, celui-là! Voici vingt-cinq ans qu'on le nourrit à ne rien faire! (...) » (Sartre, Mots, 1964, p. 141).
Employer, passer, user... le temps à + inf.Je me repose aussi bien ici que dans l'Oberland et je crois vraiment que je peux employer mon temps mieux qu'à courir les montagnes (Gide, Symph. pastor., 1919, p. 902).
Laisser, donner... le temps de + inf.Un jour d'intervalle avait été laissé entre les visites et la vente pour donner aux tapissiers le temps de déclouer les tentures, rideaux, etc. (Dumas fils, Dame Cam., 1848, p. 9).
Avoir le temps de + inf.Disposer d'un temps suffisant pour faire quelque chose. C'est comme chez les dentistes: on n'a pas le temps de crier ouf! (Zola, Assommoir, 1877, p. 437).On n'a même pas le temps de s'asseoir dans la lingerie, et de souffler un peu que... drinn!... drinn!... drinn!... il faut se lever et repartir (Mirbeau, Journal femme ch., 1900, p. 74).
Région. (Suisse romande, Franche-Comté). Avoir meilleur temps de + inf.Etre plus avisé de. On a meilleur temps aujourd'hui de refaire un nouveau négatif (J.-R. Bloch., Dest. du S., 1931, p. 143).
Il est (grand) temps de + inf.Il est opportun de faire quelque chose. Il était grand temps de partir, et la diligence nous attendait (Loti, Mon frère Yves, 1883, p. 62).Les minutes passent. Il est temps de conclure (Billy, Introïbo, 1939, p. 206).
Prendre le temps de + inf.Ne pas se hâter, ne pas se précipiter pour faire quelque chose. J'allai m'asseoir à la salle à manger pour prendre le temps de regarder le portrait de Belkiss (Nodier, Fée Miettes, 1831, p. 118).
Le temps que + circ. de temps.Jusqu'à ce que. Cela dura deux ou trois mois, le temps qu'on lui fît prendre enfin le chemin du rapatriement (Ambrière, Gdes vac., 1946, p. 248).Certaines de ces cases, maléfiques, si on y tombe, obligent (...) à demeurer en attente, et l'une même, la prison, vous y retiendra le temps que vous soyez délivré par un plus malheureux qui prendra votre place (Le Monde, 22 juin 1960, p. 8, col. 4).
d) [La durée est occupée par qqc.] Avoir fait son temps. Être désuet, passé de mode; être dépassé, périmé. John Pierpont Morgan est l'homme qui a compris, et cela dès les années soixante, que la libre concurrence, ce stimulant ancien des affaires, avait fait son temps, et qu'à l'anarchie de surenchère qui amenait catastrophe sur catastrophe dans l'industrie, il fallait enfin substituer des alliances entre les puissances productives, pour dominer le marché (Aragon, Beaux quart., 1936, p. 196).
COMMUN. Temps de parole. Durée d'expression répartie également entre plusieurs candidats dans un débat politique à la radio ou à la télévision. Le minutage des temps de parole est accablant (Le Monde dimanche, 7 févr. 1982, p. ix).
LITT. CLASS. Unité de temps. Règle dramatique qui exige que l'action se déroule en une seule journée. Je pourrois montrer les inconvénients de l'unité de temps avec non moins d'évidence dans presque toutes nos tragédies tirées de l'histoire moderne (Staël, Allemagne, t. 2, 1810, p. 244).
e) [En constr. dans des loc.]
[Dans des loc. adv.]
Au bout d'un temps. Un moment après. Je rentrai au bout d'un temps fort long (Restif de La Bret., M. Nicolas, 1796, p. 133).
Avec le temps. À la longue, quand le temps a passé. Si la vitesse de rotation de la terre allait en croissant avec le temps, il pourrait arriver une époque où l'intensité de la force centrifuge balancerait celle de la gravité, puis la surpasserait (Cournot, Fond. connaiss., 1851, p. 66).
Dans le temps, dans les temps (vieilli). Autrefois, dans le passé. Car elle connaissait Fritz, pour l'avoir vu venir à Bischem dans le temps, avec son père (Erckm.-Chatr., Ami Fritz, 1864, p. 191).Je veillerai sur sa femme. Je n'ai pas eu de chance avec la mienne, dans les temps; mais je vous réponds que celle-ci marchera droit (A. Daudet, Pte paroisse, 1895, p. 69).
De tout temps. Toujours, continuellement. Pauvre, il avait eu de tout temps le goût de l'opulence (Sandeau, Mllede La Seiglière, 1848, p. 281).De tout temps Louise de La M... s'est beaucoup occupée des pauvres (Gide, Symph. pastor., 1919, p. 919).
Peu de temps avant, après. De ses visites Swann rentrait souvent assez peu de temps avant le dîner (Proust, J. filles en fleurs, 1918, p. 523).Il avait, peu de temps après, rencontré Germaine (Gide, Faux-monn., 1925, p. 1138).
La plupart du temps. Presque toujours. Mais la plupart du temps elle n'a fait que développer, étendre les conséquences de la morale du christianisme sans en changer les principes (Tocqueville, Corresp.[avec Gobineau], 1843, p. 46).
Quelque temps. Un certain temps. Après avoir erré quelque temps dans le Denbighshire (Baudel., Paradis artif., 1860, p. 396).Gertrude est opérable. Roux l'affirme et demande qu'elle lui soit confiée quelque temps (Gide, Symph. pastor., 1919, p. 923).
Tout le temps. Sans cesse, toujours. Madame Codomat, ça ne vous fait rien que votre mari soit tout le temps avec cette jeune femme? (Tr. Bernard, M. Codomat, 1907, ii, 3, p. 161).On perd sa place pour un rien, et il y a tout le temps du chômage (Romains, Hommes bonne vol., 1932, p. 233).
[Dans des loc. conj.]
Au, du temps que, où. À l'époque où. Ses deux enfants dessinés par elle au crayon (...) du temps où ils étaient petits (Balzac, Lys, 1836, p. 142).Mademoiselle, c'est ainsi que Pierrotte appelait MmeEyssette du temps qu'elle était jeune fille (A. Daudet, Pt Chose, 1868, p. 204).Du temps que sa barbe était noire, il avait été Jéhovah (Sartre, Mots, 1964, p. 14).
Dans le temps que, où. Quelques mois après, dans le temps où la rupture avec la mère de Sara me faisait craindre d'être séparé de sa fille (Restif de La Bret., M. Nicolas, 1796, p. 91).C'était dans le temps que la montagne était devenue toute grise comme quand la cendre se met sur la braise (Ramuz, Gde peur mont., 1926, p. 30).
Depuis le temps que. Il y a si longtemps que. Depuis le temps que j'ai envie de faire la tournée du quartier! Profitons de l'occasion (Cendrars, Bourlinguer, 1948, p. 228).
En même temps que. Au même moment que. En même temps qu'il ôte les ficelles du paquet de lettres, il distribue sa provision de nouvelles verbales (Barbusse, Feu, 1916, p. 45).
Il y a beau temps que. Il y a longtemps que. Synon. fam., pop. il y a belle lurette*.Ces tristesses-là, mon ami, il y a beau temps que tout Constantinople les sait par le menu et les commente (Farrère, Homme qui assass., 1907, p. 155).
Tout le temps que, où. Quittez le nom de Bragansa pour tout le temps que vous serez dans ce pays, et prenez celui de Brinker (Crèvecœur, Voyage, t. 2, 1801, p. 299).
[Dans des loc. verb.] Le temps lui durait néanmoins, et il tirait sa montre à chaque minute (Bourges, Crépusc. dieux, 1884, p. 168).Ce temps dure de quarante-cinq à cinquante jours (Pesquidoux, Livre raison, 1928, p. 200).
Trouver le temps long. S'ennuyer, trouver l'attente excessive. Je commençais à trouver le temps long, lorsque je vins à me rappeler mon duel au sujet de ma première maîtresse (Musset, Confess. enf. s., 1836, p. 264).
3. Spéc. Durée finie, objective, quantitativement mesurable; ,,système de référence permettant de classer des événements d'après leur simultanéité et leur succession, en leur attribuant un nombre, leur date, exprimée en années, jours, heures, minutes et sous-multiples décimaux`` (Mathieu-Kastler Phys. 1983). Les grandes dates de l'histoire du temps comme grandeur mesurable jalonnent un solennel dialogue des mécaniques céleste et terrestre, où l'optique et l'électronique se sont finalement imposées comme arbitre (Log. et connaissance sc., 1967, p. 728 [Encyclop. de la Pléiade]). La dynamique de Galilée et de Newton a défini le temps comme mesurable au moyen d'une formule universelle (Encyclop. univ.t. 151973, p. 929).
Échelle du, des temps. ,,Système de repérage des événements, constitué par une origine et une unité de temps, ou d'une façon plus générale par une séquence numérotée d'intervalles non nécessairement égaux`` (Astron. 1980). Nous pouvons utiliser une échelle de temps et rapporter le temps à une longueur (Jolley, Trait. inform., 1968, p. 163).La mécanique céleste fournit l'échelle de temps actuelle (Astron.1973).
MÉTROL. [La durée est déterminée par un mode de calcul (température, espace, vitesse de rotation de la terre, de la lumière, etc.)]
Mesure du temps, mesure des temps. Quantité de durée évaluée selon certains systèmes de référence. Nous voudrions seulement montrer certains aspects souvent peu connus des mesures de temps (Decaux, Mesure temps, 1959, p. 1).
Unité de temps. ,,Période d'une certaine vibration dans un atome, de façon à ne plus dépendre d'aucun objet, comme par exemple un balancier type ou un barreau de quartz`` (Muller 1966).
Temps atomique, T.A. ,,Échelle de temps fondée sur la période de transitions quantiques dans des molécules (ammoniac) ou des atomes (césium)`` (Mathieu-Kastler Phys. 1983). Une comparaison permanente entre le temps universel, le temps des éphémérides et le temps atomique est nécessaire, d'une part pour uniformiser notre définition du temps et, d'autre part, pour vérifier qu'il y a identité entre le temps et la mécanique quantique et celui de la mécanique céleste (Astron.1973).
Temps absolu. ,,Temps indépendant de tout référentiel spatial`` (Mathieu-Kastler Phys. 1983). Mais lorsqu'on cherche à analyser la notion abstraite de temps absolu, que Newton présentait cependant comme une notion première, elle s'évanouit, comme s'est évanouie la notion de système de référence absolu (Danjon, Cosmogr., 1948, p. 38).Or, allié à la théorie des déplacements solides dans l'espace euclidien, le principe du temps absolu entraîne immédiatement l'abandon du principe de l'espace absolu, puisqu'il conduit à la formulation d'une loi du mouvement relatif (Log. et connaissance sc.,1967,p. 732 [Encyclop. de la Pléiade]).
Temps astronomique. Échelle de temps définie par une horloge astronomique. C'est pourquoi, dans une durée psychologique de quelques secondes, il pourra faire tenir plusieurs années, plusieurs siècles même de temps astronomique (Bergson, Essai donn. imm., 1889, p. 151).Le temps historique ne semble pas distinct du temps astronomique; il se repère, numériquement et de la même manière, par dates (Gds cour. pensée math., 1948, p. 472).
Temps civil. ,,Temps solaire moyen dont la division commence à minuit moyen`` (Astron. 1973). Le temps solaire moyen est le temps pratique, utilisé dans la vie courante. Par convention, le temps universel (Tu) est le temps civil du méridien de Greenwich (Decaux, Mesure temps, 1959, p. 14).
Temps cosmique. ,,Temps propre à toutes les galaxies dans le cadre d'un modèle d'univers où les galaxies sont mobiles par rapport à un même référentiel`` (Astron. 1980).
Temps légal. ,,Pour un état ou une partie d'un état, temps universel corrigé du nombre entier d'heures le plus voisin de sa longitude moyenne`` (Uv.-Chapman 1956). Ainsi, on verra la Grande Ourse tout près de l'horizon nord le 19 septembre à minuit ou le 4 octobre à 23 h, le 19 octobre à 22 h, etc... Ces heures sont données en temps légal, l'observateur étant supposé sur le méridien de Paris (Danjon, Cosmogr., 1948, p. 11).Pour faciliter les relations, chaque pays a défini un « temps légal », fondé, par exemple, sur le méridien de sa capitale, et uniforme dans toute la nation (Astron.1973).
Temps local. Temps qui n'est valable qu'en un lieu donné. Toutes les mesures d'ascension droite permettant de définir le temps ne sont valables que pour un lieu donné et définissent un temps local. L'heure varie ainsi d'un lieu à l'autre (Astron.1973).
Temps sidéral. ,,Angle horaire du point vernal`` (Astron. 1973). Le temps est dit vrai ou moyen selon que le repère horaire et le point vernal considérés sont vrais ou moyens (Astron.1980).
Temps solaire moyen. ,,Temps solaire vrai dépouillé de ses inégalités séculaires ou périodiques`` (Uv.-Chapman 1956). Le temps solaire moyen est la base de nos échelles de temps pour l'usage public, mais non tel qu'il est, puisqu'à minuit, il doit être environ 12 h de temps moyen (Muller1980).
Temps solaire vrai. ,,Angle horaire apparent du centre du soleil, pour un lieu donné`` (Astron. 1980).
Temps universel (U.T.). ,,Temps civil de Greenwich`` (Astron. 1980). [La terre] constitue l'étalon le plus commode parce que l'observation des étoiles au méridien donne immédiatement un certain temps, qui est le temps sidéral local, et, à partir de lui, le temps universel (Muller1966).
Temps des éphémérides. ,,Échelle de temps déduite d'une expression numérique conventionnelle de la longitude moyenne du soleil`` (Astron. 1980). Les signaux horaires du Bureau international de l'heure sont donnés par une pendule directrice de l'Observatoire de Paris, dont l'heure est en temps universel provisoire, et rattachée seulement plus tard, au moyen d'un grand nombre d'observations, au temps des éphémérides (Muller1966).
Temps biologique. Temps qui est propre aux rythmes organiques des individus. Si l'on modifie, en effet, le rythme organique en modifiant son environnement, on change, du même coup, l'expérience que l'homme a du temps et qu'il exprime en des jugements conscients (expériences de Michel Siffre et du professeur Fraisse) (Encyclop. univ.t. 151973, p. 927).
Temps psychologique. Temps intérieur, propre à la vie de chaque individu. Piaget (...) a montré que le développement de la notion du temps est dépendant, comme en bien d'autres domaines, d'une décentration progressive [impliquant] (...) à tous les niveaux, une participation active du sujet (M. Bovet, Perception et notion du temps, 1967, p. 107).
Temps social. Temps objectivement pensé par tous les hommes d'une même civilisation. Toute convocation à une fête, à une chasse, à une expédition militaire implique que des dates sont fixées, convenues, et par conséquent, qu'un temps commun est établi que tout le monde conçoit de la même façon (Durkheim, Formes élém. vie relig., 1912, p. 633).
BIOLOGIE
Temps de coagulation. Temps que met le sang, placé dans un tube à 37oC, pour coaguler. On étudie aussi parfois le temps de coagulation du plasma recalcifié, qui est normalement de 90 à 120 secondes (Méd. Biol.t. 31972).
Temps de saignement. Intervalle de temps qui sépare l'apparition de la première goutte du prélèvement de la dernière (lors de l'incision sur le lobule de l'oreille). Normalement (pour un prélèvement sur buvard toutes les 30 secondes) le temps de saignement est de 2 à 4 minutes (Méd. Biol.t. 31972).
4. Unité de temps dans un ensemble complexe.
a) DANSE. Mouvement de jambe, partie d'un pas (d'apr. Desrat 1980). Temps simple, composé, levé, lié, piqué, sauté. MmeArgentina apporte la délicatesse la plus minutieuse (...) à ce travail de précision [la Charrada, danse espagnole] avec ses petits temps croisés et frappés, ses pas emboîtés, ses torsions du coup de pied (Levinson, Visages danse, 1933, p. 175).Les six premiers temps de l'entrechat sept sont identiques à ceux de l'entrechat six, le septième étant un écart et la chute se faisant sur un seul pied, en deuxième position (Bourgat, Techn. danse, 1959, p. 103).
Temps de cuisse. Les temps de cuisse sont essentiellement de grands battements avant et arrière serrant les cuisses alternativement; ils comprennent diverses catégories et peuvent être sautés (Brillant, Probl. danse, 1953, p. 92).
Temps de flèche. ,,Mouvement dans lequel les jambes, levées et tendues, quittent le sol projettant le corps verticalement`` (Reyna 1967). Les temps de flèche peuvent être exécutés en tournant (le plus habituellement) d'un quart de tour, pendant la période de suspension du saut (ChalletDanse1987).
Temps de pointe. ,,Mouvement dans lequel la danseuse fléchit sur une jambe, se posant ensuite sur une pointe`` (Challet Danse 1987). Les temps de pointe sont, en somme, des relevés sur la pointe (Brillant, Probl. danse, 1953, p. 92).
b) MUS. Division de la mesure qui donne l'unité de durée. Mesure à deux, trois, quatre temps. Après quelques mesures dans lesquelles l'orchestre (...) semble vouloir rompre le rythme à 3/4 et le remplacer par un rythme à 2 temps, le motif revient [Allegro de la IIIeSymphonie] (Prod'homme, Symph. Beethoven, 1921, p. 88).
Temps faible. Dans une mesure, temps non accentué. La carrure rythmique du morceau [Étude IV op. 25 de Chopin] pourrait être altérée par une accentuation trop sensible des temps faibles sur lesquels s'appuie la ligne mélodique de la main droite (Cortot, Ét. piano Chopin, 1917, p. 27).Temps levé*. Temps fort. V. fort1IV A 3 b α.
c) Chacun des mouvements qui s'enchaînent pour former un mouvement complexe.
ARM. [Dans le maniement des armes] Les principes de l'épaulement sont les mêmes pour les deux espèces d'armes, ainsi que je vais le démontrer. Premier temps. − Le pied gauche placé en avant et le corps un peu penché en arrière (La Hêtraie, Chasse, vén., fauconn., 1945, p. 164).
[Pour commander la reprise du mouvement depuis son début] Au temps! Au temps pour les crosses. Recommencez-moi ce mouvement-là en le décomposant. Au temps! Au temps! Je vous dis que ce n'est pas ça! Nom de nom, La Guillaumette, voulez-vous mettre plus d'écart entre le premier temps et le second! (Courteline, Train 8 h. 47, 1888, p. 240).
Au fig. [Pour admettre son erreur et concéder que l'on va reprendre les choses depuis leur début] Au temps pour moi! Un peu plus tard, il avait fait une erreur dans un raisonnement délicat et il avait dit gaiement: « Au temps pour moi ». C'était une expression qu'il tenait de M. Fleurier et qui l'amusait (Sartre, Mur, 1939, p. 170).
Rem. La graph. autant pour moi est plus cour.: Autant pour moi! Où donc aussi, Avais-je la cervelle éparse? (Ponchon, Muse cabaret, 1920, p. 157).
En un, deux* temps trois mouvements.
SPORTS (gymn., haltérophilie, etc.). Deuxième temps: jeté. La barre doit être élevée jusqu'à complète extension des bras, l'athlète fléchissant sur ses jambes et les détendant en même temps que les bras (Jeux et sports, 1967, p. 1289).
d) RHÉT. [Dans la métr. anc.] ,,Unité de mesure appliquée à la quantité des syllabes`` (Mar. Lex. 1951). Dans un pied, le temps fort ou frappé ou marqué ou ictus est le point où on frappe la mesure, avec éventuellement, non nécessairement, un accroissement d'intensité de la voix; le temps faible ou levé est l'élément non frappé (Mar. Lex. 1951).Le dactyle, le spondée et l'anapeste sont des mesures à quatre temps; l'iambe, le trachée et le tribraque des mesures à trois temps (G. Cayrou, A. Prévot, MmeA. Prévot, Gramm. lat., 1964, p. 298).
[Dans la versif. fr.] Temps faible. Syllabe tonique sur laquelle la voix porte sans monter − temps fort: syllabe tonique sur laquelle on fait monter la voix plus que sur les autres syllabes toniques (d'apr. Dagn. 1965).
e) MÉCAN. Phase de fonctionnement d'une machine, d'un moteur à pistons. Moteur à deux, à quatre temps. Nous dirons seulement qu'il utilise le même genre de combustible que le moteur diesel. Le cycle de fonctionnement est à deux temps: premier temps: aspiration, compression, avance à l'injection. Deuxième temps: combustion, détente, échappement (Ambroise, Monteur mécan., 1949, p. 88).Les moteurs rapides à deux ou quatre temps, couplés sur l'arbre d'hélice par l'intermédiaire de réducteurs (Le Masson, Mar., 1951, p. 82).En appos. Le moteur deux temps et son cycle (Chapelain, Techn. automob., 1956, p. 261).En empl. subst. Nul ne prévoyait évidemment que l'avenir du deux-temps était surtout dans les petites puissances, et qu'il existerait un jour des vélomoteurs (P. Rousseau, Hist. techn. et invent., 1967, p. 340).
5. SPORTS. Durée chronométrée d'une épreuve. Faire, réaliser le meilleur temps; être dans les temps; améliorer, perdre son temps. Elle est habile également en nage sur le dos. Certes, elle n'atteint pas encore le temps de Willie den Ouden (1,4 en crawl, 1,17 en dos) (L'Œuvre, 18 janv. 1941).
[Le suj. désigne un coureur à pied, un coureur cycliste, un coureur automobile...] Être dans les temps. Avoir un temps de passage qui fait espérer une performance, un record. J'étais dans les temps que je m'étais fixés (M. Trintignant, Pilote de Courses, 1957ds Petiot 1982).
[Au basket, au volley] Temps mort. Arrêt de jeu sifflé par l'arbitre à la demande du capitaine de l'équipe en possession du ballon. Une rencontre se joue en deux mi-temps de vingt minutes, arrêts de jeu non compris. Chaque équipe peut demander deux temps morts d'une minute par mi-temps (Jeux et sports, 1967, p. 1352).
Au fig. ,,Moment d'inactivité, de repos`` (Rey-Chantr. Expr. 1979).
Contre le temps. Synon. de contre la montre (v. montre2).Tantôt le pédestrian lutte contre des concurrents, tantôt, il marche seul « contre le temps » (Daryl, Renaissance physique, 1888ds Petiot 1982).
Temps réglementaire. Durée d'une épreuve. Duffan signa quatre buts pendant le temps réglementaire (L'Équipe, 1967, p. 162, col. 7).
6. INFORMATIQUE
Temps partagé. ,,Mode d'exploitation d'un système informatique, où plusieurs utilisateurs emploient simultanément un ordinateur qui accorde à chacun successivement quelques millisecondes de traitement`` (Danis Bibl. 1984). Les principales applications du temps partagé sont actuellement l'aide à la décision (calculs de rentabilité économique, de plan de financement...) et le calcul scientifique (résistance de matériaux, calcul différentiel, circuits électroniques, etc.) (Del.-Perret1973).
Temps réel. ,,Mode d'utilisation d'un ordinateur dans lequel le système doit fournir une réponse dans un délai fixé en fonction de l'application: d'une fraction de seconde (pilotage d'un engin) à plusieurs heures (météorologie)`` (Del.-Perret 1973). Le mode de traitement en temps réel caractérise le fonctionnement d'un ordinateur en prise directe avec un phénomène dont il contrôle le déroulement et parfois dirige l'évolution. Il en est ainsi du contrôle de processus industriel (unités de distillation, fours, etc.) (Le Garff1975).Une nouvelle génération d'ordinateurs est capable d'engendrer ces images à vive allure (25 à 40 images par seconde) et de les faire évoluer « en temps réel ». Et les voilà dotées d'une capacité redoutable: celle de mystifier le cerveau, de « faire la nique » au réel (Le Point, 10 mai 1982, p. 136, col. 2).
B. − [Le temps est une succession]
1. Instant repérable dans une succession chronologique (liée à une expérience personnelle ou collective) fixé par rapport à un avant, le passé et un après, le futur. Depuis ce temps. Quel calme dans ce temps-là! (Flaub., MmeBovary, t. 2, 1857, p. 135).[Michel-Ange et l'école florentine] Le caractère propre de leur scène est la nullité du temps et du lieu (Taine, Philos. art, t. 2, 1865, p. 32).
Dans un temps. A un moment donné. Il ne faut pas croire que parce qu'une chose aura été rebutée par moi, dans un temps, je doive la rejeter aujourd'hui qu'elle se présente (Delacroix, Journal, 1822, p. 16).
Il y a (un) temps pour tout, chaque chose en son temps. Il y a un moment qui est propre à réaliser telle ou telle chose, chaque chose est à réaliser au moment opportun. Je leur en veux pas, dit le vieux, mais il y a temps pour tout, comprends-tu? Un temps pour la rigolade, un temps pour mourir, pas vrai? (Bernanos, M. Ouine, 1943, p. 1431).Mais cette année, je fais de la « résistance », chaque chose en son temps (Vailland, Drôle de jeu, 1945, p. 91).
LING. ,,Catégorie grammaticale, généralement associée au verbe et qui traduit diverses catégorisations du temps « réel » ou « naturel »`` (Ling. 1972).
Adverbe, conjonction, préposition de temps. Adverbe, conjonction, préposition exprimant une localisation dans le temps. Les adverbes de temps se répartissent en quatre groupes selon qu'ils précisent le moment de l'action (maintenant, autrefois, bientôt, etc.), la durée de l'action (toujours, désormais, etc.), la répétition de l'action (toujours, parfois, etc.), l'ordre de succession des actions (avant, auparavant, après, aussitôt, etc.) (J. Pinchon, Morphosyntaxe du fr., Ét. de cas, Paris, Hachette, 1986, p. 134).
Complément, proposition circonstancielle de temps. Complément, proposition circonstancielle donnant une précision temporelle. Les propositions circonstancielles sont, par conséquent, celles qui ajoutent à l'énoncé sommaire d'une idée ou d'un fait l'indication explicite d'un de ces rapports. De là leur répartition en circonstancielles de temps, de fin, de conséquence, de cause, etc. (Le Bidois1967, p. 412, 1395).
Temps (verbal). Forme par laquelle le verbe situe l'action dans la durée, soit par rapport au moment où s'exprime le locuteur, soit par rapport à un repère donné dans le contexte, généralement par un autre verbe. Temps de l'indicatif, de l'impératif, du subjonctif, de l'infinitif, du participe, du gérondif; temps absolu, relatif; temps simple, composé, surcomposé; temps primitifs; concordances des temps; emploi des modes et des temps. On dit qu'en français un temps du verbe exprime à la fois le temps et l'aspect. Mais ce disant, on s'aperçoit aussitôt de l'ambiguïté de notre vocabulaire grammatical. Le terme temps sert d'une part à désigner les formes du verbe (on parle de l'emploi des temps du verbe) et une des valeurs de ces formes (la valeur temporelle des formes verbales) (ImbsTemps verbaux1960, p. 2).Le mode subjonctif ne marquant pas la distinction des époques est, à la vérité, un mode intemporel; aussi les deux « temps » qu'il enferme, en sus des aspects qu'on retrouve dans tous les modes, ont-ils un tout autre objet que d'indiquer dans quel temps le fait considéré a lieu (G. Guillaume, Temps et verbe, Paris, Champion, 1965, p. 71).
2. Période associée à des états, des événements ponctuels, successifs.
a) [Dans l'hist.]
Temps de qqn.La poignée de gens de Lessay qui vient grelotter (...) dans cette haute et vaste abbaye, doit être moins nombreuse que le gros des pauvres qui y venaient appuyer leurs bâtons et leurs misères, du temps des abbés et de leurs moines (Barb. d'Aurev., Memor. pour l'A... B..., 1864, p. 437).
[Déterminé par un personnage historique ou une civilisation illustre] Le temps de Louis XIV, au temps des Romains, des philosophes. L'on veut avoir sous les yeux ce que l'imagination se figure du temps du christianisme naissant et pur (Lamart., Voy. Orient, t. 2, 1835, p. 103).Ce singulier préfet, un préfet typique du temps de Napoléon III (Goncourt, Journal, 1864, p. 67).
Temps de qqc.Temps de crise, de décadence, de guerre, de prospérité. Vous existez, vous avez sauvé quelques débris de votre fortune, c'est le comble du bonheur dans ces temps de calamités (Sénac de Meilhan, Émigré, 1797, p. 1570).En temps de famine en Irlande (Jacob, Cornet dés, 1923, p. 141).
[Déterminé par un événement historique notoire] Temps des croisades, des grandes découvertes, des années folles. Maintes fois on a contesté l'exactitude de cette description fameuse, qui semble beaucoup mieux convenir aux temps du Manifeste (1847) qu'aux temps du Capital (1867) (Sorel, Réflex. violence, 1908, p. 196).À New-York, du temps de la prohibition (Vailland, Drôle de jeu, 1945, p. 58).
[Déterminé par un adj. qualificatif] Ce qui est particulier au temps actuel, s'écrie d'un ton de vif mécontentement M. Dunoyer, c'est l'agitation de toutes les classes (Proudhon, Syst. contrad. écon., t. 1, 1846, p. 197):
2. Maintenant tu marches dans Paris tout seul parmi la foule Des troupeaux d'autobus mugissants près de toi roulent L'angoisse de l'amour te serre le gosier Comme si tu ne devais jamais plus être aimé Si tu vivais dans l'ancien temps tu entrerais dans un monastère Vous avez honte quand vous vous surprenez à dire une prière... Apoll., Alcools, 1913, p. 41.
Au plur. [Désigne une époque vague, imprécise] Les temps actuels, bibliques, fabuleux, historiques, modernes, mythiques, préhistoriques; par les temps qui courent; les temps sont durs. L'emprisonnement pour dettes est une rigueur difficile à justifier, un legs des temps barbares (Reybaud, J. Paturot, 1842, p. 428):
3. Donc, Booz dans la nuit dormait parmi les siens. Près des meules, qu'on eût prises pour des décombres, Les moissonneurs couchés faisaient des groupes sombres; Et ceci se passait dans des temps très-anciens. Hugo, Légende, t. 1, 1859, p. 83.
Autres temps, autres mœurs. A chaque époque, un mode de vie différent. Autres temps, autres mœurs: héritiers d'une longue suite d'années paisibles, nos devanciers pouvaient se livrer à des discussions purement académiques, qui prouvaient encore moins (...) leur talent que leur bonheur (Chateaubr., Mém., t. 2, 1848, p. 269).
Les premiers temps, les derniers temps. Ainsi la société publique est la perfection de la société domestique, et la société en général la perfection de l'homme. Ainsi, comme dans les premiers temps, l'état naissant étoit l'état naturel, ou plutôt l'état natif; dans les derniers temps, l'état naturel est l'état fini, accompli (Bonald, Législ. primit., t. 1, 1802, p. 173).
Ces temps derniers, ces derniers temps. Moi aussi, j'ai eu des embêtements tous ces temps derniers (Flaub., Corresp., 1863, p. 324).
Dans la nuit* des temps.
Dans les premiers temps. Au début, dans les commencements. Faute d'avoir connu ce développement nécessaire, ils ont taxé d'inventions modernes des institutions moins aperçues dans les premiers temps, et plus publiques dans le nôtre (Bonald, Législ. primit., t. 1, 1802, p. 326).
Ces temps-ci. En ce moment, à l'époque dont on parle. Il s'attache à nous rappeler l'une des tâches fondamentales de l'université, dont à l'opposé certains feraient aisément bon marché ces temps-ci (Antoine, Passeron, Réforme Univ., 1966, p. 118).
THÉOL. [Dans l'eschatologie] La fin des temps; la plénitude des temps. La fin des temps demeure inconnue, mais elle est pour le croyant le retour du Christ, ce qui l'engage à veiller et à prier (Léon1975).
b) [Dans l'année]
Période de l'année caractérisée par un climat et un état de végétation donnés. Synon. saison.Temps des frimas, temps des cerises (v. cerise A 1). On était au temps de la moisson, et Poëri sortit pour inspecter les travailleurs (Gautier, Rom. momie, 1858, p. 264).Un soir, au temps de la récolte des pommes de terre, en septembre 1898, il avait soupé avec le patron de la ferme (R. Bazin, Blé, 1907, p. 83):
4. J'ai trouvé des pervenches en fleur: voici le printemps. − Oui, avait-elle répondu, et ensuite viendra le temps des foins, puis de la moisson, puis des vendanges, puis ce sera l'hiver et de nouveau le printemps... Elle paraissait accablée à cette idée. Vailland, Drôle de jeu, 1945, p. 136.
RELIG. Période de l'année liturgique. Quand, au temps de Noël, les pifferari descendent des montagnes, la voie sacrée résonne sous les souliers ferrés des bergers (Quinet, All. et Ital., 1836, p. 193).L'année se divise en Temps de l'Avent, Temps de Noël, qui comprend le temps de la Nativité et celui de l'Épiphanie, Temps de la Septuagésime, Temps du Carême qui comprend le temps de la Quadragésime, le temps de la Passion et la Semaine Sainte terminée par le Triduum Sacré, Temps pascal qui comprend le temps de Pâques, celui de l'Ascension et l'octave de la Pentecôte, enfin le Temps per annum qui va du 14 janvier au Temps de la Septuagésime et du 1erdimanche après la Pentecôte jusqu'au Temps de l'Avent (Foit. 11968).Propre du temps. V. propre1II B 3.
Division des jours et des semaines d'une année permettant de faire mémoire de tous les Mystères du Christ, sanctifiant le déroulement du temps humain. Les Heures du Bréviaire sanctifient le temps de chaque jour (Foit. 11968).
c) Période dans la vie d'un individu, d'une société.
Temps de qqn.Du temps de mon père, nous avions MlleMorissot de la Comédie-Française (Hermant, M. de Courpière, 1907, i, 3, p. 4).
[Déterminé par un adj. poss.] C'est une maxime de notre temps que tout le monde a un droit égal au travail (Tocqueville, Corresp.[avec Gobineau], 1843, p. 61).En son temps, ça avait dû être un beau salaud, ce grand patron collabo, mais déjà il avait franchi la ligne, il était du côté des condamnés et non plus des coupables (Beauvoir, Mandarins, 1954, p. 244).
Temps de qqc.Temps de l'enfance, des études, des fiançailles, de la jeunesse, du malheur. Le souffle que nous entendions dans les feuilles, bien avant de le sentir sur nos corps, gonflait les rideaux, rafraîchissait mes yeux, comme au temps de mon bonheur (Mauriac, Nœud vip., 1932, p. 66).Dans le temps de sa maladie, il avait eu mal de la voir souffrir (Aymé, Jument, 1933, p. 155).
Le temps jadis. Le temps passé, le temps d'autrefois. Les troupes en casque bleu-gris qui circulent sur la place centrale où joue la musique militaire ne sont pas très différentes, dans leurs uniformes clairs et sous leur salade, des hommes d'armes du temps jadis (Bordeaux, Fort de Vaux, 1916, p. 75).
Le bon temps. Le temps passé que l'on regrette, l'époque des événements heureux. Toutefois c'était alors le bon temps, et pour les ministres éclairés, et pour les auteurs célèbres (Marat, Pamphlets, Charlatans mod., 1791, p. 277).La noblesse, au contraire, veut assurer ces places à ceux qui les occupent, fait tout ce qu'elle peut pour que les bas officiers ne cessent jamais de l'être, et meurent bas officiers, comme jadis au bon temps (Courier, Pamphlets pol., Lettres partic., 1, 1820, p. 56).
d) [Dans des expr.]
A temps. Au moment opportun, quand il le faut. J'espérais arriver à Paris à temps pour la vente de Marguerite, et je ne suis arrivé que ce matin (Dumas fils, Dame Cam., 1848, p. 31).[Il] ressortait, roi des truands, juste à temps pour em-barquer ses troupes sur un bateau-pirate (Sartre, Mots, 1964, p. 177):
5. Son corps, mince et grêle comme celui d'une femme, attestait une de ces natures faibles en apparence, mais dont la puissance égale toujours le désir, et qui sont fortes à temps. Balzac, Séraphita, 1835, p. 194.
Au même temps. Au même moment. C'était au 54 que je t'écrivais moi-même à peu près au même temps (Gide, Corresp.[avec Valéry], 1900, p. 378).
De temps en temps, de temps à autre. Par intermittence, d'une manière discontinue, irrégulière. La vieille femme qui faisait la cuisine venait de temps à autre s'informer de leurs goûts (Flaub., Bouvard, t. 1, 1880, p. 19).J'ai des prises de bec avec Stéphane de temps en temps (Valéry, Corresp.[avec Gide], 1895, p. 233).
En même temps. Au même moment. En même temps elle jeta son châle (Krüdener, Valérie, 1803, p. 157).
En temps et lieu. Nous en parlerons en temps et lieu (Musset, Lorenzaccio, 1834, ii, 5, p. 157).
En tout temps. Ils sont rares en tout temps, les artistes qui mèneraient à bien une machine de cette importance [le Léonidas de David] (Gautier, Guide Louvre, 1872, p. 9).
En ce temps-là. En ce temps-là, les petits-enfants de ma fille, fussent-ils princes souverains, parleront avec orgueil de leur ancêtre, le roi des montagnes! (About, Roi mont., 1857, p. 121).Mais, en ce temps-là, de telles entreprises n'étonnaient personne (Bremond, Hist. sent. relig., t. 4, 1920, p. 475).
En temps utile, en temps opportun. Au bon moment. [Renan:] Le plan merveilleux qui nous eût assuré la victoire en 1870, et qui est resté dans le portefeuille d'un petit lieutenant, est une belle œuvre pour une centaine d'intelligences spéciales; mais je regretterai toujours que ce lieutenant n'ait pas fait reconnaître son génie en temps opportun (Barrès, Renan, 1888, p. 32).
Le temps. L'époque dont on parle, celle dont il s'agit. Nous avons eu du mal, en effet, maréchal; mais c'est la misère du temps! (...) Chaque époque a ses inconvénients (Balzac, Cous. Bette, 1846, p. 270).
Ce temps. L'époque où l'on vit, celle dont on parle. En descendant l'escalier du musée pour en sortir, je n'ai pu m'empêcher de penser à ce temps (1796-1797-1798) où, en mettant le pied sur l'escalier du grand salon, l'odeur du vernis, mis nouvellement sur les tableaux de l'exposition de l'année, me faisait battre le cœur aussi fort que lorsque l'on a peur (Delécluze, Journal, 1827, p. 436).
C. − [Le temps considéré dans son essence]
1. [Comme thème d'inspiration littér., le temps est associé selon les époques et les courants littér. à la précarité, à la fugacité de chaque moment vécu, au changement, à l'anéantissement des choses hum.] L'amour n'est qu'un point lumineux, et néanmoins il semble s'emparer du temps. Il y a peu de jours il n'existait plus; mais tant qu'il existe, il répand sa clarté sur l'époque qui l'a précédé, comme sur celle qui doit le suivre (Constant, Adolphe, 1816, p. 64).« Ô temps! suspends ton vol, et vous, heures propices! Suspendez votre cours: Laissez-nous savourer les rapides délices Des plus beaux de nos jours! » (Lamart.,Médit., 1820, p. 136):
6. Du moins, si elle m'était laissée assez longtemps pour accomplir mon œuvre, ne manquerais-je pas d'abord d'y décrire les hommes (...), comme occupant une place si considérable, à côté de celle si restreinte qui leur est réservée dans l'espace, une place au contraire prolongée sans mesure − puisqu'ils touchent simultanément, (...) à des époques si distantes, entre lesquelles tant de jours sont venus se placer − dans le temps. Proust,Temps retr., 1922, p. 1048.
[Compl. d'un verbe appartenant au vocab. de la lutte, le temps est perçu comme une force agissante et néfaste] Tromper, tuer le temps. La nature de l'homme s'y montre forte et persistante, jusqu'à défier le temps (Alain, Beaux-arts, 1920, p. 260).
[En fonction de suj.]
[Le verbe intrans. exprime l'action de se déplacer d'un mouvement continu et incoercible] Le temps coule, court, se dérobe, s'échappe, passe. Le soleil s'est couché ce soir dans les nuées; Demain viendra l'orage, et le soir, et la nuit; Puis l'aube, et ses clartés de vapeurs obstruées; Puis les nuits, puis les jours, pas du temps qui s'enfuit! (Hugo, Feuilles automne, 1831, p. 789).Le temps fuyait, pour Hélène, léger et rapide; pour Bernard, rapide et léger (Sandeau, Mllede La Seiglière, 1848, p. 192).
[Le verbe trans. exprime l'action d'user, de détruire] Le temps emporte, entraîne. Situation déplorable, à l'âge où je suis; le temps me pousse, et je cours le risque de ne rien finir sur la philosophie (Maine de Biran, Journal, 1816, p. 210).
2. [Par personnification, le temps est représenté allégoriquement par un veillard portant une faux] Non! Il n'est plus de minutes, il n'est plus de secondes! Le temps a disparu; c'est l'Éternité qui règne, une éternité de délices! Mais un coup terrible, lourd, a retenti à la porte (...) Et puis un Spectre est entré... Le Temps a reparu; le Temps règne en souverain maintenant, et avec le hideux vieillard est revenu tout son démoniaque cortège de Souvenirs, de Regrets, de Spasmes, de Peurs, d'Angoisses, de Cauchemars, de Colères et de Névroses (Baudel., Poèmes prose, 1867, p. 28).
3. RELIG. (christ.). Temps qui, par la venue du Christ, insère le temps de l'homme dans l'éternité de Dieu. À vrai dire la solution chrétienne ne dévalue pas le temps au profit de l'éternité attendue; et elle insiste tout autant sur la présence de l'éternité dans le temps. Mais, en faisant de la vie présente le lien d'une option qui engage pour la vie éternelle, elle tire les regards vers ce qui n'est pas encore (J. Guitton, Œuvres compl., Philos., 1978, p. 560).
4. PHILOS. [En tant qu'obj. de la réflexion philos. consistant à s'interroger sur son essence] Pour bien comprendre ce qu'était le temps aux yeux des gens du moyen-âge, il est nécessaire de nous dépouiller de nos conceptions modernes et de notre connaissance des conceptions antiques. Le temps n'était pas pour eux une sorte de doublure de l'espace, ni une condition formelle de la pensée. S'ils acceptaient la fameuse définition d'Aristote − le temps est le nombre du mouvement − ils lui donnaient un sens très différent de celui de son auteur (G. Poulet, Ét. sur le temps humain, 1949, p. III).
[Chez Kant] ,,Forme universelle a priori de toutes les connaissances et de toutes les existences, en laquelle s'opèrent à la fois le déroulement successif de la diversité sensible et la compréhension unificatrice de ce déroulement`` (Morf. Philos. 1980). Le temps, dans lequel doit être pensé tout changement des phénomènes, demeure et ne change pas; parce qu'il est ce en quoi la succession ou la simultanéité ne peuvent être représentées que comme ses déterminations (...). Le changement ne concerne pas le temps lui-même, mais seulement les phénomènes dans le temps (R. pure, Anal. 1reanalogie de l'expérience, ibid.).
[Chez Bergson] ,,Temps vrai ou durée vécue comme donnée immédiate de la conscience`` (Morf. Philos. 1980). On ne mesure pas le temps à proprement parler ni même le mouvement mais leur projection dans l'espace. Et Bergson de s'attaquer aux sophismes de Zénon (Hist. de la philos., t. 3, 1974, p. 287 [Encyclop. de la Pléiade]).
II. − État de l'atmosphère caractérisé par l'élément senti comme dominant en un lieu et à un moment donnés.
A. − [Qualifié par un adj. ou un compl. déterminatif]
1. [Caractérise un état d'ensemble] Beau* temps, mauvais temps, sale temps (fam.); temps affreux, superbe. De là, j'ai été à pied trouver Rivet, par un temps magnifique (Delacroix, Journal, 1853, p. 37).Il faisait un temps épouvantable. L'eau et le vent assaillaient les passants, criblaient, inondaient et soulevaient les chemins (Barbusse, Feu, 1916, p. 145).
Temps de.Temps d'hiver, d'orage. Les jours pluvieux, lourds et bas, les temps de brise, de brouillard, de bruine, il tombait dans le marasme (Borel, Champavert, 1833, p. 183).Marche à la boussole par temps de brouillard (Peyré, Matterhorn, 1939, p. 88).
Temps de chien. V. chien1II B 1 b.Temps de cochon*.
Temps de demoiselle (vx, fam.). [P. allus. à l'éducation terne dans laquelle les filles de la bourgeoisie étaient élevées autrefois] Temps sans pluie ni vent ni soleil (d'apr. Hautel t. 2 1808).
[Suivi d'un nom de lieu] Ce matin, il faisait un vrai temps de Bretagne, et tout ce pays était enveloppé d'une même immense nuée grise (Loti, Mon frère Yves, 1883, p. 108).
[Suivi d'une date] Temps d'automne, temps de printemps. C'était le vingt-cinq novembre, il faisait un temps gris, les femmes n'avaient pas chaud avec ce petit vent dans les jambes, sous les manteaux. Une voix s'éleva derrière eux: − Un vrai temps de Toussaint... Une autre voix répondit: − C'est le mois, hein... un temps d'enterrement, vous pouvez le dire (Nizan, Conspir., 1938, p. 40).
Temps de saison. Temps considéré comme normal pour la saison. Il fait vilain.. un temps de saison (Colette, Sido, 1929, p. 35).
2. [Caractérise une température] Temps chaud, doux, froid, lourd, tiède. Il ne pleuvait plus, il faisait un temps radieux, frais et bleu (Triolet, Prem. accroc, 1945, p. 255).
3. [Caractérise l'état du ciel] Temps bas, bouché, couvert. Il ne lui déplaisait point que le vent du nord-est, le vent du temps clair, lui fouettât le visage (Coppée, Bonne souffr., 1898, p. 24).
[Déterminé par un adj. de couleur] Temps gris, noir, sombre. Le temps est blanc. Va-t-il neiger, quoi? (Guèvremont, Survenant, 1945, p. 96).
4. MAR. Gros temps. V. gros1I D 1.
B. − [Avec un verbe] Le temps s'adoucit, se brouille, change, s'éclaircit, se gâte, menace, se rafraîchit, se met à la pluie, à la neige. Gilbert Cloquet leva la tête pour juger si le temps s'était amélioré (R. Bazin, Blé, 1907, p. 371).
Le temps est à la, au.Le temps est au beau, à l'orage. Le temps est à la gelée, et le docteur m'a dit que je pourrai sortir d'ici à quelques jours si le beau continue (Dumas fils, Dame Cam., 1848, p. 284).Quand le vent vient du sud, on entend en bas siffler le train et sonner les cloches. Cela veut dire, seulement, que le temps est à la pluie (Giono, Colline, 1929, p. 16).
[Avec faire empl. impersonnellement] Il fait un temps maussade. À table, Madame Lyons demanda à Claude: − Quel temps faisait-il à Paris? (Nizan, Conspir., 1938, p. 144).
C. − [Dans des loc. ou des expr.]
[Introd. par la prép. par] Par ce temps glacial, Meaulnes fit marcher sa bête bon train, car il savait n'être pas en avance (Alain-Fournier, Meaulnes, 1913, p. 55).
Un temps à + inf.C'est un temps à couper un morutier en deux ou à se casser le nez sur un iceberg (Peisson, Parti Liverpool, 1932, p. 186).Par un temps à ne plus mettre une bête dehors (Peyré, Matterhorn, 1939, p. 236).Un temps à ne pas mettre un chien dehors. V. chien1II B 1 b.
Prendre le temps comme il vient. S'accommoder des événements, des circonstances. Prendre le temps comme il vient et les hommes comme ils sont, cette sagesse-là vaut mieux que la majesté hautaine (Amiel, Journal, 1866, p. 284).
Faire la pluie et le beau* temps, parler de la pluie et du beau* temps.
Après la pluie*, le beau temps.
Vivre, se nourrir de l'air du temps. Vivre de rien, être sans ressources. Mais à l'encontre des vulgaires mandragores, ces petits golems vivants ne se nourrissaient pas de l'air du temps. Kammerer ne nous dit pas ce que ces créatures mangeaient, mais seulement que leurs aliments étaient cuits au bain-marie dans une timbale d'argent (Cendrars, Bourlinguer, 1948, p. 143).
Au plur. Sortir par tous les temps. Je trouvais stupide cette proposition d'aller contempler l'océan ou la Manche par un de ces temps abominables de printemps qui, tous les ans, pendant deux ou trois semaines, nous font regretter l'hiver (G. Leroux, Parfum, 1908, p. 12).
D. − MÉTÉOR. ,,Synthèse de l'état et des phénomènes atmosphériques (...) à un moment donné, tels qu'ils sont ressentis par l'homme et les êtres vivants`` (George 1974). Type de temps, prévision du temps. Évolution probable du temps en France entre le vendredi 18 janvier à 0 heure et le samedi 19 janvier à 24 heures (Le Monde, 19 janv. 1952, p. 6, col. 3).
Prononc. et Orth.: [tɑ ̃]. Homon. tant, taon, formes de tendre. Att. ds. Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. a) 2emoit. xes. avec dém., désigne une période du passé (St Léger, éd. J. Linskill, 13: a ciels temps); b) id. lonx tiemps (ibid., 28); c) ca 1050 (Alexis, éd. Chr. Storey, 1: Bons fut li secles al tens ancïenur; 6: al tens Abraham); d) 1311 (C'est les cureurs des Causfors contre Gillion de Gauraing, chirogr., A. Tournai ds Gdf. Compl.: Li jugements en avait estet fais au tans que li vies eskievin [...] estoient eskievin); e) 1532 (Rabelais, Pantagruel, éd. V.-L. Saulnier, p. 84: au temps que les bestes parloient); f) ac. 1538 (Cl. Marot, Œuvres div., éd. C. A. Mayer, p. 129: Au bon vieulx temps); 2. a) 2emoit. xes. « moment opportun, propice » (St Léger, 5: Et or es temps et si est biens Quae nos cantumps de sant Lethgier); b) ca 1100 venir a tens (Roland, éd. J. Bédier, 1841); 3. ca 1100 sun tens « (en parlant d'un être humain) la durée de la vie » (ibid., 523); 4. a) ca 1190 « conditions (de vie) » (Renart, éd. E. Martin, branche XI, 1009, t. 2, p. 498: tens [...] chïer); b) 1225-30 avoir bon tens « être heureux » (Guillaume de Lorris, Rose, éd. F. Lecoy, 567); c) 1561 prendre du bon temps (J. Grévin, Les Esbahis, éd. L. Pinvert, p. 126); 5. a) 1225-30 (Guillaume de Lorris, op. cit., 361: Li tens, qui s'en vet nuit et jor [...] Li tens, vers qui neant ne dure [...] Li tens, qui tote chose mue); b) 1536 Bon Temps allégorie (R. de Collerye, Œuvres, éd. Ch. d'Héricault, p. 15); c) 1657-58 (Pascal, De l'esprit géométrique ds Œuvres, éd. L. Lafuma, p. 350: il y a de bien différentes opinions touchant l'essence du temps. Les uns disent que c'est le mouvement d'une chose créée; les autres la mesure du mouvement); 6. xives. gramm. (Traité élémentaire de grammaire par questions et réponses, Mazarine, 578, fo23 ds Thurot, p. 184: Quantes choses eschient au verbe? [...] coniugation, genre, nombre, figure, temps); 7. a) 1677 (Nuovo Dizzionario italiano francese, s.v. tempo: Tems, mesure, dans la musique et en terme d'escrime); b) 1755 temps ou valeur syllabique (Encyclop. t. 15, s.v. syllabique); 8. a) 1751 tems apparent (ibid., t. 1, s.v. apparent); b) 1755 temps vrai (ibid., t. 5, p. 855, s.v. équation); 9. 1889 moteur à quatre temps (Dürr, Brevet d'invention: « moteur à gaz et à pétrole » ds Fr. mod. t. 42, p. 358); 10. 1860 sports « durée chronométrée d'une épreuve » (Le Sport, 27 mai ds Petiot 1982). B. 1. a) Ca 1160 (Eneas, éd. J.-J. Salverda de Grave, 191: tone et pluet Vante et esclaire Molt comanca lait tens a faire); b) 1536 (R. de Collerye, op. cit., p. 264: Après pluye vient le beau temps); 2. fin xiie-déb. xiiies. « saison, période de l'année » (Chansons attribuées au Chastelain de Couci, éd. A. Lerond, V, 1). Du lat. tempus, temporis « période, moment où quelque chose se produit; temps considéré dans la durée; période particulière en référence à l'histoire, la vie d'une personne...; moment propice pour quelque chose; circonstances, conditions particulières [sens auquel se rattache le sens B, cf. anni tempora, caeli tempus, v. OLD] » et chez les grammairiens « mesure de la durée d'un son (en prosodie) » et « temps du verbe ». Fréq. abs. littér.: 82 021. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 123 288, b) 113 243; xxes.: a) 102 189, b) 121 495. Bbg. Barberis (J.-M.). Terminol. praxématique. Cah. de praxématique. 1984, no3, p. 89, 90. − Benveniste (É). Probl. de ling. gén. Paris, 1966, pp. 237-250. − Doutreloux (A.). De temps en temps... Cah. Inst. Ling. Louvain. 1981, t. 7, no1/2, pp. 185-198. − Dupont (P.). Élém. logico-sém. pour l'analyse de la prop. Berne, Frankfurt/Main; New York; Paris, 1990, p. 300, 301. − Gardies (J.-L.). La Log. du temps. Paris, 1975, 160 p. − Guillaume (G.). La Représentation du temps dans la lang. fr. Fr. mod. 1951, t. 19, pp. 29-41, 115-133; Temps et verbe. Suivi de l'architectonique du temps dans les lang. class. Paris, 1965, pp. 9-66. − Imbs (P.). L'Emploi des temps verbaux en fr. mod. Paris, 1960, VIII-272 p. − Lafon (R.). Cah. de praxématique. 1984, no3, p. 90, 91. − Martin Temps 1971, pp. 48-51, 70-74. − Nef (Fr.). Sém. de la réf. temp. en fr. mod. Bern; Frankfurt/Main; New York, 1986, X-322 p. − Picoche (J.). Précis de lexicol. fr. Paris, 1990, p. 19, 55. − Quem. DDL t. 4, 14, 19, 20, 21, 30, 32, 34. − Sauvageot (A.). La Notion de temps et son expr. dans le lang. Journal de Psychol. 1936, t. 33, pp. 19-27. − Temps (Le) gramm. par R. Martin, Fr. Nef, H. Kamp... Langages. 1981, no64, 124 p. − Vet (C.). Temps, aspects et adv. de temps en fr. contemporain... Genève, 1980, 186 p. − Wagner (R.-L.). Var. sur le temps et les temps... B. de l'Ac. Royale de Lang. et de Litt. Fr. 1977, t. 55, no3-4, pp. 383-420. − Weinrich (H.). Le Temps, le récit et le comment. Trad. de l'all. par M. Lacoste. Paris, 1973, 334 p. − Zemb (J.-M.). L'Aspect, le mode et le temps. In: Colloque. 1978. Metz. La Notion d'aspect. Metz, 1980, pp. 83-96.

Article lié : « Autant pour moi » ou « au temps pour moi » ?

Wiktionnaire

Nom commun - français

temps \tɑ̃\ masculin invariable

  1. Durée des choses, marquée par certaines périodes, et principalement par la révolution apparente du soleil ; écart entre le déroulement de deux événements.
    • Le temps, « cette image mobile / De l’immobile éternité », mesuré ici-bas par la succession des êtres, qui sans cesse changent et se renouvellent, se voit, se sent, se compte, existe. Plus haut, il n’y a point de changement ni de succession, de nouveauté ni d’ancienneté, d’hier ni de lendemain : tout y paraît, et tout y est constamment le même. — (Joubert, Pensées, essais et maximes, 1838)
    • Le seul recours contre le temps est de le mesurer à ce double pas, comme ceux qui ont affaire personnellement à lui, les sentinelles, les officiers de quart. — (Jean Giraudoux, Retour d’Alsace - Août 1914, 1916)
    • Le temps avait passé. Dix heures venaient de sonner à la vieille horloge comtoise. — (Louis Pergaud, Le retour, dans Les Rustiques, nouvelles villageoises, 1921)
    • Les heures de ces dimanches pareillement nus, glissent, lentes, torpides. Le temps semble s’être arrêté. — (Jean Rogissart, Hurtebise aux griottes, L’Amitié par le livre, Blainville-sur-Mer, 1954, p. 92)
    • L’antagonisme se traduit pas deux concepts qui bizarrement sont traduits par deux mots dans les langues anglo-saxonnes et par un seul mot dans les langues latines. Le temps en français désigne l’heure qu’il est à ma montrer et la couleur du ciel. En anglais, on dit Time et Weather, en allemand Zeit et Wetter. — (Michel Tournier, Jules Verne ou le Génie de la géographie, dans Les vertes lectures, collection Folio, 2007, page 95)
    • Le temps nous apparaît comme une flèche lancée par un mystérieux archer. Quoi que nous fassions, les secondes s'écoulent, inéluctables. — (Frédéric Lenoir, Petit traité de vie intérieure, Plon (« Pocket »), 2010, page 136)
    • Einstein associe l’espace et le temps dans sa théorie d’un univers à quatre dimensions.
    • Tu en as mis, du temps ! Tu as été bien long.
  2. (Par extension) (Mythologie) Sa représentation sous la figure d’un vieillard ailé qui d’une main tient une faux, et de l’autre un sablier.
    • Le Temps est représenté sous la figure d'un vieillard , tenant une faux de la main droite , et de l'autre un serpent qui se mord la queue. On lui donne des ailes, et l'on place près de lui un sablier. La faux indique que le Temps moissonne tout; le serpent qui forme un cercle désigne l'éternité, qui n'a ni commencement ni fin. Le sablier indiqué la mesure du Temps et les ailes, sa rapidité. — (Pierre Capelle, Dictionnaire d'éducation morale, de science et de littérature, Paris : chez Haut-Cœur & Gayet jeune, 2e édition, 1824, volume 2, page 483)
    • Cette représentation du Temps appuyé sur ses béquilles, avec la faux posée sur le sol à côté du sablier renversé, inopérant donc, est statique, non pour peindre l'instant, mais plutôt le suspens. — (Max Engammare, L'Ordre du temps : L'Invention de la ponctualité au XVIe siècle, Librairie Droz, 2004, page 201)
  3. Durée limitée, par opposition à l’éternité.
    • Platon a dit que le temps est une image mobile de l’éternité immobile.
    • Avant tous les temps, avant les temps, avant le temps, Avant la création du monde.
  4. (Spécialement) Durée longue ; époque ; période ; ère.
    • Tous ont successivement combattu pour ou contre les Jacobins, selon les temps & les circonstances. — (Maximilien de Robespierre, Discours contre Brissot & les girondins, 10 avril 1793)
    • C’est que Marguerite était non-seulement la plus belle, mais encore la plus lettrée des femmes de son temps. — (Alexandre Dumas, La Reine Margot, 1845, volume I, chapitre I)
    • Ah ! le temps joyeux de la stupidité, de pharisaïsme à rebours où les petits messieurs pressés se hissaient paisiblement sur la crête de la notoriété. — (Victor Méric, Les Compagnons de l’Escopette, Éditions de l’Épi, Paris, 1930, page 133)
    • Il est très difficile de savoir dans quelle mesure les foules se sont émues des événements politiques de leur temps (bien entendu, je laisse de côté les mouvements proprement populaires). Les foules n’écrivent pas leurs mémoires et ceux qui rédigent les leurs ne parlent guère d’elles. — (Julien Benda, La trahison des clercs, 1927, éd. 1946)
    • Le système de Buffon sera surtout repris par le plus grand hippiatre de l’époque, le fondateur de la science vétérinaire, l’écuyer le plus célèbre de son temps : Claude Bourgelat. — (Jacques Mulliez, Les chevaux du Royaume : Histoire de l’élevage du cheval et de la création des haras, Montalba, 1983, page 213)
  5. (Spécialement) Succession des jours, des heures, des moments, considérée par rapport aux différents travaux, aux diverses occupations des personnes.
    • J’aurais voulu visiter le fameux sanctuaire d’Atesh-Gâh ; mais il est à vingt-deux verstes de la ville, et le temps m’eût manqué. — (Jules Verne, Claudius Bombarnac, chapitre III, J. Hetzel et Cie, Paris, 1892)
    • Il s’acharnera au travail, il ne ménagera ni son temps, ni ses forces, à une époque où le radium et la radiothérapie profonde était encore inconnue. — (Bulletin de la Société d’obstétrique et de gynécologie de Paris, 1924, volume 3, page 403)
    • Employer bien le temps. — Ménager bien le temps. — Le temps est précieux. — Il faut beaucoup de temps pour cela.
  6. Durée limitée.
    • Ce soldat a fait son temps de service. — Prêtez-moi cela pour quelque temps. — Cela n’a pas laissé de durer un certain temps.
  7. Durée plus ou moins longue selon le contexte.
    • Ce qui m’émerveillait le plus dans les premiers temps, c'était l’étonnante habileté de nos poneys à se tirer d'affaire au milieu d'un chaos de débris volcaniques où un piéton aurait pu difficilement trouver son chemin. — (Jules Leclercq, La Terre de glace, Féroë, Islande, les geysers, le mont Hékla, Paris : E. Plon & Cie, 1883, page 82)
    • Cela fait un petit temps qu’on ne s’est plus vus. — Il y a un petit temps d’adaptation.
  8. Délai.
    • Quand Napoléon III fut empoigné à Boulogne pour avoir donné une seconde représentation du débarquement à Cannes, on le jeta au cachot et on l’emmena à Paris sans lui donner le temps de changer de chemise. — (Arsène Houssaye, Les Confessions, tome IV : Souvenirs d’un demi-siècle 1830-1880, tome 4, Paris : chez E. Dentu, 1885-1891, chapitre 4)
    • Je vous demande encore un peu de temps pour vous payer. — Je vous demande du temps. — Vous me donnez un temps bien court.
    • Prendre du temps. — Accorder du temps. — Obtenir du temps. — Donner un an de temps.
  9. Loisir.
    • Je n’ai pas le temps de vous parler. — Il est si occupé qu’il n’a pas le temps de lire.
  10. Époque déterminée.
    • Payer dans le temps porté par l’obligation. — Prévenir le temps. — Devancer le temps. — Le temps approche.
    • Dès que le temps sera venu, sera échu. — Marquez-moi précisément le temps. — Elle est accouchée avant le temps.
  11. Époque dont on parle ; cette époque-là.
    • Suivants les mémorialistes conservateurs du temps, Jules Simon, d'ailleurs, ne néglige rien de ce qui peut le faire agréer par le maréchal. — (Alexandre Zévaès, Histoire de la Troisième République 1870 à 1926, Éditions Georges-Anquetil, 1926, page 145)
  12. Conjoncture, occasion propre, moment.
    • Le temps est favorable. — Un temps plus opportun. — Laisser passer le temps de faire quelque chose.
    • Ce n’est pas le temps de parler de cela. — Attendez à un autre temps. — Chaque chose a son temps.
    • Il y a temps de rire et temps de pleurer, temps de parler et temps de se taire.
  13. Saison propre à chaque chose.
    • Le temps des vendanges, de la moisson.
    • Dans le temps des perdreaux, Dans le temps où l’on va à la chasse des perdreaux.
  14. Les siècles, les différentes époques par rapport à la chronologie, des différents âges de la vie.
    • Les temps fabuleux. — Les temps héroïques. — Les temps historiques. — Du temps d’Auguste.
    • Nous n’avons pas vu, nous ne verrons pas cela de notre temps. — Ils vivaient dans le même temps.
    • Il était de mon temps. — Au bon vieux temps. — Dans mon jeune temps. — Au temps de ma jeunesse.
    • Les jours d’action avec les camarades et les aventures lui semblaient des jours passés, des jours du vieux temps où l’on vivait chez les hommes. — (Charles-Louis Philippe, Bubu de Montparnasse, 1901, réédition Garnier-Flammarion, page 130)
  15. Période déterminée par rapport à l’état où sont les choses pour le gouvernement d’un pays, pour les manières de vivre, pour les modes, etc.
    • Le temps approche où le grand commerce va, plus que les guerres de chevalerie, tenter les jeunes Anglais aventureux. — (André Maurois, Histoire de l’Angleterre, Fayard & Cie, 1937, page 236)
    • C’était un bon temps, un temps heureux. — Un temps misérable, un temps de corruption, un temps de trouble.
    • En temps de paix et en temps de guerre. — Dans les temps difficiles. — Les temps sont bien changés.
    • Les temps sont durs. — C’est le goût du temps. — Cela n’est pas surprenant par le temps qui court.
  16. Phase, étape.
    • Le projet se déroulera en deux temps. — Un moteur quatre temps.
  17. Moment précis, en escrime ou en exercices militaires, pendant lesquels il faut faire certains mouvements qui sont distingués et séparés par des pauses.
    • Pousser une botte en deux temps, en trois temps. — Temps d’arrêt.
  18. (Danse, Musique) Chacune des principales divisions de la mesure, dont les unes sont plus marquées que les autres dans l’exécution, quoique d’ailleurs elles soient égales en durée.
    • Et voici que des guirlandes de jeunes filles, fleurs rieuses dans leurs corolles couleur de ciel, couleur d'eau, couleur de feuille, essaient la cadence des rondes dont le cornemusiste joufflu guidera aigrement les temps. — (Marcel Brion, La reine Jeanne, Éditions Robert Laffont, 1944, chapitre 1)
    • Mesure à deux temps, à trois temps, à quatre temps. — La mesure se divise en temps forts et en temps faibles.
  19. Rythme, en parlant de métrique de la phrase ou du vers.
    • Les temps forts. — Le temps marqué.
  20. Une des pauses ou un des silences qu’on observe entre certaines phrases, entre certains mots, dans une déclamation.
    • Lorsqu’on parle en public, il est bon d’observer des temps entre certains mots, entre certaines phrases.
    • Après ce vers, il y a un temps à garder. — Prendre un temps.
    • Là, j’ai pris un temps de sociétaire. C’est le temps de silence, bien long, que prend un sociétaire sûr de lui, avant de lâcher une réplique « à effet ». — (Jacques Charon, Moi, un comédien, 1975, page 64, note 1)
  21. (Grammaire) Quelqu’une des différentes formes qui marquent dans les verbes le moment auquel se rapporte l’action ou l’état dont on parle.
    • Un lecteur m'écrit « La prof de français nous a dit qu'il est inutile d'apprendre à conjuguer le passé simple, car c'est un temps archaïque, aujourd'hui complètement inusité ». — (François Cavanna, « Fessons la prof ! » dans Plus je regarde les hommes, plus j'aime les femmes, éditions Albin Michel, 2005)
  22. Disposition de l’air ; état de l’atmosphère ; climat du moment.
    • On établit un service aérostatique. Chaque jour, lorsque le temps le permet, un ou plusieurs ballons sont lancés. — (Général Ambert, Récits militaires : L’invasion (1870), Bloud & Barral, 1883, page 165)
    • Depuis quelques jours, le temps s’est enfin remis au beau. — (Frédéric Weisgerber, Trois mois de campagne au Maroc : étude géographique de la région parcourue, Paris : Ernest Leroux, 1904, page 110)
    • La fatigue, le temps morne (j’entends de la pluie dans le soir), l’ombre qui augmente ma solitude et m’agrandit malgré tous mes efforts et puis quelque chose d’autre, je ne sais quoi, m’attristent. — (Henri Barbusse, L’Enfer, Éditions Albin Michel, Paris, 1908)
    • Le temps s’était gâté tout à fait, et les dirigeables, gênés par la nécessité de tenir tête au vent, manœuvraient malaisément. Les rafales, accompagnées de grêle et de tonnerre, se succédaient, accourant du sud sud-est. — (H. G. Wells, La Guerre dans les airs, 1908, traduction d’Henry-D. Davray et B. Kozakiewicz, Mercure de France, Paris, 1910, page 238 de l’édition de 1921)
    • Le temps était très beau avec vent faible et houle de l’ouest-nord-ouest. — (Jean-Baptiste Charcot, Dans la mer du Groenland, 1928)
    • Sous le porche, un boueux attendait l’arrivée de la voiture en songeant que, par un temps pareil, elle ne viendrait sans doute pas. — (Francis Carco, Brumes, Éditions Albin Michel, Paris, 1935, page 62)
    • La célébration du mouloud, de la nativité du Prophète, à laquelle je viens d’assister, fut un beau spectacle surtout en raison du temps superbe dont il a été favorisé. — (Frédéric Weisgerber, Au seuil du Maroc Moderne, Institut des Hautes Études Marocaines, Rabat : Les éditions de la porte, 1947, page 234)
    • Sur toute l’Ardenne, le temps s’était levé. Le ciel était bleu éblouissant, la neige étincelait au soleil. — (Georges Blond, L’Agonie de l’Allemagne 1944-1945, Fayard, 1952, p.155)
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

TEMPS. (On ne prononce pas le P; et l'S ne se fait sentir que lorsqu'il y a liaison avec le mot suivant.) n. m.
Durée des choses, marquée par certaines périodes, et principalement par la révolution apparente du soleil. Compter, mesurer le temps. Un long temps. Un temps court. Un temps limité. Temps passé. Temps présent. Temps futur, à venir. Le temps coule. Le temps s'écoule. Le temps passe bien vite. En même temps. Dans le même temps. Il y a bien du temps. Il y a peu de temps. Le temps amène de grands changements. Le temps fera découvrir la vérité. Avec le temps. Les poètes ont personnifié le Temps. On représente le Temps sous la figure d'un vieillard ailé qui d'une main tient une faux, et de l'autre un sablier. Le temps dévore tout, À la longue tout se détruit. Le temps presse, Il faut agir rapidement. Laps de temps, Espace de temps. Après un grand laps de temps. En termes d'Astronomie, Temps vrai, Le temps mesuré par le mouvement réel et inégal de la terre autour du soleil. Temps moyen, Le temps mesuré par un mouvement uniforme, réglé sur la vitesse moyenne de la terre.

TEMPS désigne aussi la Durée limitée, par opposition à l'Éternité. Platon a dit que le temps est une image mobile de l'éternité immobile. Avant tous les temps, avant les temps, avant le temps, Avant la création du monde.

TEMPS se dit, dans un sens particulier, de la Succession des jours, des heures, des moments, considérée par rapport aux différents travaux, aux diverses occupations des personnes. C'est un homme qui ne connaît pas le prix du temps. Faire un bon usage du temps, un bon emploi du temps. Employer bien le temps. Ménager bien le temps. Le temps est précieux. Cela demande bien du temps. Il faut beaucoup de temps pour cela. Ce travail me prendra beaucoup de temps. J'y ai donné, j'y ai consacré tout mon temps. Cet importun me fait perdre mon temps. Gagner du temps. Je vous réclame une heure de votre temps. Je ne puis disposer de mon temps comme je voudrais. Perdre le temps, perdre son temps, Ne rien faire ou faire des choses inutiles. Je n'ai pas de temps à perdre, Je n'ai pas de temps à employer inutilement. Je n'ai pas de temps à perdre pour arriver à tel endroit, Je n'ai que le temps nécessaire pour ne pas y arriver trop tard. Prov., Le temps perdu ne se retrouve jamais. Rattraper le temps perdu, réparer une perte de temps, Profiter mieux du temps qu'on n'a fait par le passé, en faire un meilleur usage; Redoubler son travail pour faire en peu de temps ce qu'on avait négligé jusqu'alors. Passer le temps, passer son temps à quelque chose, à faire quelque chose, L'y employer; cela ne se dit que des occupations futiles. Il passe le temps à jouer, à rêver. Il passe son temps à ne rien faire. Absolument, Passer le temps, Se distraire en attendant l'heure marquée pour quelque chose. Je m'ennuyais à l'attendre, j'ai pris un livre pour passer le temps. Fam., Se donner du bon temps, Se divertir. Fig. et fam., Tuer le temps, Faire des riens, des choses inutiles pour se désennuyer.

TEMPS se dit aussi d'une Durée limitée. Ce soldat a fait son temps de service. Prêtez-moi cela pour quelque temps. Cela n'a pas laissé de durer un certain temps. Cela n'a qu'un temps se dit d'une Chose qui ne dure que fort peu. Pour un temps, Pour une certaine durée limitée. Cet emploi n'est que pour un temps. Il a fait son temps se dit d'un Homme qui sort d'un emploi dont le temps était limité, ou qui n'est plus propre aux choses dont il s'est mêlé autrefois avec succès. Il se dit aussi des Choses hors d'usage. Cette loi avait fait son temps, Elle n'était plus efficace, applicable. Ce vêtement a fait son temps, Il a été porté autant qu'il pouvait l'être, il ne peut plus servir.

TEMPS signifie encore Délai. Je vous demande encore un peu de temps pour vous payer. Je vous demande du temps. Vous me donnez un temps bien court. Prendre du temps. Accorder du temps. Obtenir du temps. Donner un an de temps. Cet homme ne cherche qu'à gagner du temps, Il ne cherche qu'à différer. Prov., Qui a temps a vie, Quand le terme où l'on doit satisfaire à quelque chose est encore éloigné, on a du loisir pour se préparer à remplir son obligation.

TEMPS signifie aussi Loisir. Je n'ai pas le temps de vous parler. Il est si occupé qu'il n'a pas le temps de lire. Il se dit également d'une Époque déterminée. Payer dans le temps porté par l'obligation. Prévenir le temps. Devancer le temps. Le temps approche. Dès que le temps sera venu, sera échu. Marquez-moi précisément le temps. Elle est accouchée avant le temps. Ses cheveux avaient blanchi avant le temps. Il signifie encore Conjoncture, occasion propre, moment. Le temps est favorable. Un temps plus opportun. Laisser passer le temps de faire quelque chose. Ce n'est pas le temps de parler de cela. Attendez à un autre temps. Chaque chose a son temps. Il est grand temps de faire cette démarche. Il n'est pas encore temps de songer à cela. Il n'est plus temps de le faire ou, absolument, Il n'est plus temps. Prov., Il y a temps pour tout. Il y a temps de rire et temps de pleurer, temps de parler et temps de se taire. Prendre son temps, prendre bien son temps, prendre mal son temps, Prendre ou ne pas prendre le moment favorable pour faire quelque chose. Prendre son temps signifie aussi Faire une chose à loisir, sans se presser. Prov., Tout vient à temps à qui sait attendre, Avec le temps et la patience, on vient à bout de tout.

TEMPS se dit aussi de la Saison propre à chaque chose. Le temps des vendanges. Le temps de la moisson. Le carême est un temps de pénitence. Dans le temps des perdreaux, Dans le temps où l'on va à la chasse des perdreaux. Le temps pascal. Voyez PASCAL. Quatre-Temps, Les trois jours de jeûne ordonnés par l'Église en chacune des quatre saisons de l'année. Observer les Quatre-Temps. Jeûner Quatre-Temps et Vigiles. En termes de Liturgie, Propre du Temps, Ensemble des offices propres aux différentes époques de l'année liturgique.

TEMPS se dit en outre des Siècles, des différentes époques par rapport à la chronologie, des différents âges de la vie. Les temps fabuleux. Les temps héroïques. Les temps historiques. Du temps des patriarches. Du temps d'Auguste. Nous n'avons pas vu, nous ne verrons pas cela de notre temps. Ils vivaient dans le même temps. Il était de mon temps. Au bon vieux temps. Dans mon jeune temps. Au temps de ma jeunesse. La nuit des temps, Les temps les plus éloignés et dont on n'a aucune connaissance certaine. Cela se perd dans la nuit des temps. Dans la suite des temps, Dans un temps postérieur fort éloigné de celui dont on vient de parler. En termes de l'Écriture sainte, Dans la plénitude du temps. Voyez PLÉNITUDE. Jusqu'à la consommation des temps. Voyez CONSOMMATION.

TEMPS se dit aussi par rapport à l'état où sont les choses pour le gouvernement d'un pays, pour les manières de vivre, pour les modes, etc. C'était un bon temps, un temps heureux. Un temps misérable, un temps de corruption, un temps de trouble. En temps de paix et en temps de guerre. Dans les temps difficiles. Les temps sont bien changés. Les temps sont durs. C'est le goût du temps. Cela n'est pas surprenant par le temps qui court. Où est le temps... Qu'est devenu le temps... Quand reverrons-nous le temps où... Un temps fut que... Il fut un temps, il y a eu un temps où... Prov., Autres temps, autres mœurs. En temps ordinaire, Dans l'état habituel des choses. Les signes du temps, des temps, Ce qui caractérise une époque. C'est un signe des temps.

TEMPS désigne encore la Disposition de l'air, l'état de l'atmosphère. Il fait beau temps, vilain temps, mauvais temps. Temps sec, chaud, calme, serein. Temps humide, pluvieux, orageux, froid. Temps sombre, obscur, couvert, bas. Temps variable. Changement de temps. Si ce temps-là continue, dure. Le temps change. Le temps s'obscurcit, se couvre. Le temps s'éclaircit, se met au beau. Être exposé à l'injure, aux injures du temps. Prendre le temps comme il vient, Ne s'inquiéter de rien et s'accommoder à tous les événements. Il fait un temps de demoiselle, Il ne fait ni pluie ni soleil. Fig. et fam., Il y fait la pluie et le beau temps se dit d'un Homme qui est en grand crédit dans un pays, dans une maison. En termes de Marine, Gros temps, Temps de tempête.

TEMPS se dit, en termes d'Escrime, d'Exercices militaires, etc., des Moments précis pendant lesquels il faut faire certains mouvements qui sont distingués et séparés par des pauses. Pousser une botte en deux temps, en trois temps. On dit dans un sens analogue : Temps d'arrêt. En termes militaires, Au temps! se dit pour commander de revenir à la position précédente, en vue de recommencer le mouvement. En termes d'Équitation, Un temps de galop, Une galopade qui ne dure pas très longtemps.

TEMPS se dit, en termes de Musique et de Danse, des Principales divisions de la mesure, dont les unes sont plus marquées que les autres dans l'exécution, quoique d'ailleurs elles soient égales en durée. Mesure à deux temps, à trois temps, à quatre temps. La mesure se divise en temps forts et en temps faibles. La mesure commence toujours par un temps fort. La valse à trois temps.

TEMPS se dit dans un sens analogue en termes de Métrique. Les temps forts. Le temps marqué. Il se dit, en termes de Déclamation, des Pauses, des silences qu'on observe entre certaines phrases, entre certains mots. Lorsqu'on parle en public, il est bon d'observer des temps entre certains mots, entre certaines phrases. Après ce vers, il y a un temps à garder. Prendre un temps. En termes de Grammaire, il se dit des Différentes formes qui marquent dans les verbes le moment auquel se rapporte l'action ou l'état dont on parle. Les divers temps du verbe sont le présent, l'imparfait, le passé, le plus-que-parfait, le futur, le futur antérieur, etc. Les temps de l'indicatif. Les temps du subjonctif. Temps simples, temps composés. La concordance des temps.

À TEMPS, loc. adv. Assez tôt, dans le temps voulu, au moment nécessaire. Vous arrivez à temps. Vous y serez à temps. Vous n'arriverez pas à temps pour le voir. Cette chose n'a point été faite à temps, Elle a été faite trop tôt ou trop tard.

À TEMPS signifie aussi Pour un temps fixé. Travaux forcés à temps. Bannissement à temps.

EN MÊME TEMPS, loc. adv. Dans le même instant, à la même heure, ensemble. Nous sommes partis en même temps. Nous étions au collège en même temps.

EN MÊME TEMPS QUE, loc. conj. Au même moment que. Elle est arrivée en même temps que lui.

DE TOUT TEMPS, loc. adv. Toujours. De tout temps la vertu s'est fait estimer.

DE TEMPS EN TEMPS,

DE TEMPS À AUTRE, loc. adv. De fois à autre, quelquefois. Il vient me voir de temps à autre. Ce jeune homme fait des étourderies de temps en temps.

EN TEMPS ET LIEU, loc. adv. Dans le temps et le lieu convenables. Je vous expliquerai cela en temps et lieu.

LA PLUPART DU TEMPS, loc. adv. Très souvent, presque toujours. La plupart du temps il est chez lui le matin.

ENTRE-TEMPS, loc. adv. Dans l'intervalle. Entre-temps on alla dîner.

SUIVANT OU SELON LE TEMPS,

SUIVANT OU SELON LES TEMPS, loc. adv. Conformément à la circonstance. Il faut s'habiller suivant le temps. Se gouverner selon le temps, selon les temps. Cet homme parle toujours suivant le temps, suivant les temps, Suivant les circonstances; cela se dit en bonne et en mauvaise part.

DANS LE TEMPS QUE, loc. conj. Lorsque, pendant que. Dans le temps qu'on le croyait perdu il reprit l'avantage.

Littré (1872-1877)

TEMPS (tan ; l's se lie : un tan-z agréable ; au XVIe siècle, on prononçait tan, PALSGRAVE, p. 24) s. m.

Résumé

  • 1° La durée des choses en tant qu'elle est mesurée ou mesurable.
  • 2° Le temps suivant les points de vue philosophiques.
  • 3° La durée bornée, par opposition à éternité.
  • 4° Il se dit des intervalles de quelques cosmogonies.
  • 5° Un temps, un certain espace de temps. Le long temps. Avec le temps.
  • 6° En mécanique, la durée qu'un phénomène exige pour se produire.
  • 7° Temps, en astronomie.
  • 8° Le Temps, divinité.
  • 9° Succession des jours, des heures, des moments, par rapport aux travaux, aux occupations.
  • 10° Bon temps, mauvais temps, le temps où l'on est bien, où l'on est mal. Prendre du bon temps.
  • 11° Terme préfix, durée limitée. Temps légaux. Avoir fait son temps.
  • 12° Les siècles, les différents âges, les différentes époques. Les hauts temps. La nuit des temps. La plénitude des temps.
  • 13° Le bon temps, le vieux temps, le temps de nos pères.
  • 14° Il se dit des différents âges de la vie.
  • 15° Un grande époque prévue.
  • 16° Il se dit par rapport à l'état où sont les choses pour le gouvernement d'un pays, les manières de vivre, etc.
  • 17° Délai.
  • 18° Intervalle suffisant, loisir.
  • 19° Conjoncture, occasion propre, moment.
  • 20° La saison propre à chaque chose.
  • 21° État de l'atmosphère
  • 22° Gros temps, temps d'orage.
  • 23° Temps, en termes de vénerie.
  • 24° Temps, en termes d'escrime.
  • 25° Temps, en termes de manége.
  • 26° Temps, en termes d'art militaire.
  • 27° Temps, en termes de marine.
  • 28° Temps, en termes de chirurgie.
  • 29° Temps, en termes de danse
  • 30° Temps, en termes de musique.
  • 31° Durée qu'on emploie à prononcer les syllabes.
  • 32° Pauses qu'on observe dans la déclamation.
  • 33° Temps, en termes de grammaire.
  • 34° À temps.
  • 35° Sur le temps.
  • 36° En même temps, au même temps.
  • 37° Dans le même temps.
  • 38° Tout d'un temps.
  • 39° De tout temps, de tous temps.
  • 40° De temps en temps, de temps à autre.
  • 41° En temps et lieu.
  • 42° Suivant ou selon le temps, suivant ou, selon les temps.
  • 43° Dans le temps que, au temps que.
  • 44° Au même temps que, à même temps que.
  • 45° Entre temps.
  • 1La durée des choses, en tant qu'elle est mesurée ou mesurable ; cette mesure est marquée surtout par le mouvement et la révolution apparente du soleil. Le temps assez souvent a rendu légitime Ce qui semblait d'abord ne se pouvoir sans crime, Corneille, Cid, v, 8. Encore un peu de temps, et vous ne me verrez plus ; et encore un peu de temps, et vous me verrez, Sacy, Bible, Év. St Jean, XVI, 16. Le temps marche toujours ; ni force ni prière, Sacrifices ni vœux n'allongent la carrière, La Fontaine, Poésies mêlées, LXIX. Patience et longueur de temps Font plus que force ni que rage, La Fontaine, Fabl. II, 11. Au reste vous saurez Que je n'ai demeuré qu'un quart d'heure à le faire. - Voyons [votre sonnet], monsieur, le temps ne fait rien à l'affaire, Molière, Mis. I, 2. Si on pouvait avoir un peu de patience, on épargnerait bien du chagrin ; le temps en ôte autant qu'il en donne ; vous savez que nous le trouvons un vrai brouillon, mettant, remettant, rangeant, dérangeant, imprimant, effaçant, approchant, éloignant, et rendant toutes choses bonnes et mauvaises, et quasi toujours méconnaissables, Sévigné, 24 nov. 1675. Pour Mme de la Fayette, le temps, qui est si bon aux autres [qui console], augmente et augmentera sa tristesse, Sévigné, 414. Il abrège le temps des périls par la vigueur de ses attaques, Bossuet, Louis de Bourbon. Madame, de ces maux à qui la raison cède, Le temps, qui calme tout, est l'unique remède, Th. Corneille, Ariane, III, 2. Hâtons-nous ; le temps fuit, et nous traîne après soi ; Le moment où je parle est déjà loin de moi, Boileau, Épît. III. Il n'est point de secrets que le temps ne révèle, Racine, Brit. IV, 4. On dit que le temps est le seul bon juge ; mais le temps ne décide que d'après des gens comme vous, Voltaire, Lett. Cideville, 20 mars 1765. Le grand ouvrier de la nature est le temps ; comme il marche toujours d'un pas égal, uniforme et réglé, il ne fait rien par sauts, Buffon, Quadrup. t. II, p. 8. Les grands animaux vivent plus longtemps que les petits, parce qu'ils sont plus de temps à croître, Buffon, De la vieillesse et de la mort. Le temps instruit le temps, Delille, Trois règn. VIII. Ô temps, être inconnu que l'âme seule embrasse, Invisible torrent des siècles et des jours, Thomas, Ode au temps. [Nos beaux jours] Ce temps qui les donna, ce temps qui les efface Ne nous les rendra plus ! Lamartine, le Lac.

    Le temps dévore tout, à la longue tout se détruit.

    Le temps lui dure, il lui semble que le temps passe lentement, il a hâte de. Je dis à l'un : vous vous ennuyez ; et à l'autre : le temps ne vous dure guère, Pascal, Pens. VII, 5, éd. HAVET.

    Poétiquement. Sur les ailes du temps la tristesse s'envole ; Le temps ramène les plaisirs, La Fontaine, Fabl. VI, 21. Ses soins ne purent faire Qu'elle échappât au temps, cet insigne larron, La Fontaine, ib. VII, 5. J'espérais que du temps la main tardive et sûre Justifierait les dieux en vengeant leur injure, Voltaire, Mérope, v, 5.

    Par trait de temps, à la longue. Peut-être par trait de temps pourrait-il s'apaiser, Rousseau, Prom. 1.

    Laps de temps, voy. LAPS.

  • 2Le temps, suivant les points de vue philosophiques. Suivant Leibnitz le temps est l'ordre des existences successives. On l'a aussi défini : Idée qui résulte en nous de la comparaison entre l'état successif et celui de coexistence, états dont la mémoire nous donne le sentiment, en retraçant à notre esprit l'ordre et la succession des impressions physiques et morales que nous avons éprouvées, longtemps après que les événements qui les avaient produites ont cessé d'être. Il y a bien de différentes opinions touchant l'essence du temps : les uns disent que c'est le mouvement, d'une chose créée ; les autres, la mesure du mouvement, Pascal, Espr. géom. I. Tout mon être dépendant du temps, dont la nature est de n'être jamais que dans un moment qui s'enfuit d'une course précipitée et irrévocable, Bossuet, Yol. de Monterby. Le temps n'ayant d'autre mesure que la succession de nos idées, Buffon, De la vieillesse et de la mort. Le temps est le calcul du mouvement relatif à la priorité et à la postériorité, Diderot, Opin. des anc. philos. (péripatéticienne philos.) . Nous n'en savons pas davantage sur le temps, nous ne jugeons de la durée que par la succession de nos idées ; mais cette succession n'a rien de fixe, Condillac, Art de rais. II, 1. Un temps est une portion de durée mesurée ; l'idée de temps est donc formée de l'idée déjà abstraite et générale de durée, combinée avec celle de mouvement, Destutt-Tracy, Instit. Mém scienc. mor. et pol. t. I, p. 213. Le temps est pour nous l'impression que laisse dans la mémoire une suite d'événements dont nous sommes certains que l'existence a été successive, Laplace, Exp. I, 3.
  • 3La durée bornée, par opposition à éternité. Ne soyons point honteux de l'objet de notre adoration [Jésus] ; nous adorons un enfant ; mais cet enfant est plus ancien que le temps ; il se trouva à la naissance des choses, Guez de Balzac, Socr. chrét. I. Il n'est plus sur terre ; il n'y a plus de temps pour lui, il jouit de l'éternité, Sévigné, 483. Que si le temps mesuré au temps, la mesure à la mesure, et le terme au terme se réduit à rien, que sera-ce si l'on compare le temps à l'éternité, où il n'y a ni mesure ni terme ? Bossuet, Duch. d'Orl. Ô mort, où est ta victoire ? ta main avare n'a rien enlevé à cette vertueuse abbesse, parce que ton domaine n'est que sur le temps, Bossuet, ib. Fils de Dieu dans l'éternité, Fils d'Abraham dans le temps, Bossuet, Hist. I, 10. Le temps a commencé selon qu'il vous a plu [vous, Dieu] ; et vous en avez fait le commencement tel qu'il vous a plu, comme vous en avez fait la suite et la succession, que vous ne cessez de développer du centre immuable de votre éternité, Bossuet, Élévat. sur les myst. III, 3. Son empire [de Dieu] a des temps précédé la naissance, Racine, Ath. I, 4. Dieu n'a dû produire le monde que dans le temps, Fénelon, t. III, p. 4. Il a élevé votre ennemi dans le temps, pour vous sauver dans l'éternité, Massillon, Carême, Pardon. Si l'homme, comme la bête, n'est fait que pour le temps, Massillon, Carême, Vérité d'un avenir. Le temps, cette image mobile De l'immobile éternité, Rousseau J.-B. Odes, III, 2. L'immobilité des êtres, la solitude d'un lieu, son silence profond, suspendent le temps ; il n'y en a plus, rien ne le mesure ; l'homme devient comme éternel, Diderot, Salon de 1767, Œuv. t. XIV, p. 187, dans POUGENS. Il [Dieu] dit au mouvement : du temps sois la mesure ; Il dit à la nature : Le temps sera pour vous, l'éternité pour moi, Thomas, Ode sur le temps. Gloire à toi, dans les temps et dans l'éternité, Éternelle raison, suprême volonté ! Lamartine, Méd. I, 2.

    Avant tous les temps, avant les temps, avant le temps, avant la création du monde.

  • 4Il se dit des intervalles de quelques cosmogonies. Le premier Zoroastre fit créer l'univers en six temps ; ces six temps, qui n'étaient pas égaux, composèrent une année de 365 jours, Voltaire, Phil. Bible expl. Gen. note g.
  • 5Un temps, un certain espace de temps. Comme l'âme se meut un temps en sa prison, Régnier, Sat. III. Valère, enfin, pour être un amant rebuté, Montre depuis un temps trop de tranquillité, Molière, le Dép I, 1. Il cache un temps sa passion à l'objet aimé, Molière, Préc. 5. Que ne puis-je vous dire enfin ce que vous sauriez mieux que moi, si la douleur de l'avoir perdue ne vous faisait oublier pour un temps le plaisir que vous avez eu de la posséder ? Fléchier, Duch. de Mont. Vous pourrez voir, un temps, vos écrits estimés Courir de main en main par la ville semés, Boileau, Sat. IX. Il faut savoir mettre un temps entre les affaires et la mort, et n'imiter ni le cardinal de Fleury ni le maréchal de Belle-Isle, Voltaire, Lett. d'Argental, 31 mai 1762. Toute âme est sœur d'une âme ; Le monde peut en vain un temps les séparer, Leur destin tôt ou tard est de se rencontrer, Lamartine, Joc. III, 101. Cela n'a qu'un temps, se dit d'une chose qui ne dure que fort peu.

    Du temps, pendant un certain temps. Ces peuples s'entre-détruisirent : cela fit que l'empire d'Orient subsista encore du temps, Montesquieu, Rom. 20.

    Quelque temps, pendant un peu de temps. J'y fus [j'y allai], à quelque temps de là, Pascal, Lett. à Jacqueline, 26 janv. 1648. Ils furent quelque temps saisis, muets, immobiles, Fléchier, Turenne.

    Le long temps, un long intervalle de temps. Par un long temps et une lâche flatterie il [Curtius Rufus] obtint le consulat, Perrot D'Ablancourt, Tacite, 324. Son père peut venir, quelque long temps qu'il tarde, Corneille, Ment. II, 2. On doit se regarder soi-même un fort long temps, Avant que de songer à condamner les gens, Molière, Mis. III, 9. Assiégée durant un long temps sans sentir aucune incommodité, elle [Babylone] se rit de ses ennemis et des fossés que Cyrus creusait autour d'elle, Bossuet, Hist. II, 4. Il faut un long temps pour se procurer une marine redoutable, Voltaire, Louis XV, 28. Il passait de longs temps à considérer l'horizon, à se tenir sous les arbres, Sainte-Beuve, Causeries, 9 février 1856.

    Avec le temps, au bout d'un certain temps. Vous m'en pourrez instruire avec le temps ; Avec le temps aussi vous pourrez me connaître, Racine, Bajaz. III, 2. Nous verrons avec le temps, Bernardin de Saint-Pierre, Paul et Virg.

    Après le temps, s'est dit pour : au bout d'un certain laps de temps. Ce n'est qu'après le temps, et après qu'on est initié au jargon d'une ville, qu'on sait enfin que monsieur B… est publiquement depuis vingt années le mari de madame L…, La Bruyère, III.

  • 6 Terme de mécanique. Le temps, les temps, la durée qu'un phénomène exige pour s'accomplir. Sans connaître la cause de la pesanteur, nous apprenons par l'expérience que les espaces décrits par un corps qui tombe sont entre eux comme le carré des temps, D'Alembert, Œuv. t. XIV, p. 213.
  • 7 Terme d'astronomie. Temps solaire, temps réglé sur le mouvement du soleil.

    Temps sidéral, temps réglé sur le mouvement de la sphère céleste.

    Temps solaire vrai ou temps vrai, temps évalué au moyen de l'intervalle compris entre deux passages successifs du centre du soleil au même méridien.

    Temps solaire moyen ou temps moyen, temps réglé sur la marche d'un soleil fictif qui se meut uniformément dans le plan de l'équateur, et qui passe à l'équinoxe en même temps qu'un autre soleil fictif animé d'un mouvement uniforme dans le plan de l'écliptique et passant au périgée et à l'apogée en même temps que le soleil vrai.

    Temps astronomique, temps subdivisé en 24 heures qui se comptent d'un midi à l'autre.

    Temps civil, temps divisé en deux périodes de 12 heures chacune, dont l'origine est à minuit.

    Temps périodique, temps qu'un corps céleste emploie à faire une révolution entière autour d'un point, et, plus particulièrement, le temps qu'emploie une planète à parcourir son orbite entière.

  • 8Le Temps (avec une majuscule), divinité païenne qu'on représente sous la figure d'un vieillard ailé, tenant une faux à la main. Bientôt ils défendront de peindre la Prudence, De figurer aux yeux la Guerre au front d'airain, Ou le Temps qui s'enfuit une horloge à la main, Boileau, Art p. III. Et d'ailes et de faux dépouillé désormais, Sur les mondes détruits le Temps dort immobile, Gilbert, le Jugem. dern. Près de la beauté que j'adore Je me croyais égal aux dieux, Quand au bruit de l'airain sonore Le Temps apparut à nos yeux, Béranger, le Temps.
  • 9Particulièrement, succession des jours, des heures, des moments, considérée par rapport aux travaux, aux occupations. Et la perte du temps ne se répare plus, Mairet, Sophon. II, 4. Le temps est un trésor plus grand qu'on ne peut croire, Corneille, Rodog. II, 2. Je vous conjure de prendre le temps de…, Bossuet, Lett. 159. Les conseils où il assistait lui laissaient presque tout son temps, Bossuet, le Tellier. Les chagrins qu'il me cause M'occuperont assez tout le temps qu'il repose, Racine, Brit. I, 1. Vous nous aviez laissé espérer… que Marseille partagerait avec Aix les temps qu'il vous est libre de donner à l'une ou à l'autre de ces deux belles villes, Mme de Grignan, dans SÉV. t. x, p. 557, éd. RÉGNIER. Ceux qui emploient mal leur temps sont les premiers à se plaindre de sa brièveté, La Bruyère, XII. Le temps bien ménagé est beaucoup plus long que n'imaginent ceux qui ne savent guère que le perdre, Fontenelle, Marsigli. Il [Lémery] a bien fait voir que qui ne perd point de temps en a beaucoup, Fontenelle, Lémery. J'ai tout mon temps à moi : je griffonne des histoires, je songe à des tragédies, et, quand je ne souffre pas, je suis heureux, Voltaire, Lett. d'Argental, 6 fév. 1757. Le temps est assez long pour quiconque en profite ; Qui travaille et qui pense en étend la limite, Voltaire, 6e disc. Le temps nous pressait ; j'écrivis très rapidement le poëme, Marmontel, Mém. x. Le bonheur de la vie est dans l'emploi du temps, Saint-Lambert, Saisons, hiver.

    Une heure de temps, deux heures de temps. En vérité tout cela mériterait bien que l'on donnât vingt-quatre heures de son temps à le voir, Fontenelle, les Mondes, 1er soir.

    Prendre le temps de quelqu'un, lui dérober son temps, l'empêcher de travailler.

    Perdre temps, et, plus habituellement, perdre le temps, perdre son temps, faire de vains efforts, perdre sa peine. Tu perds temps de me secourir, Puisque je ne veux point guérir, Malherbe, V, 18. Monsieur, j'ai perdu temps, votre homme se dédit, Molière, l'Ét. III, 2. Quand ils l'ont voulu faire, ils y ont perdu leur temps, Pascal, Prov. v. Le marquis de Torci, suppliant dans la Haye au nom de Louis XIV, s'adressa au prince Eugène et au duc de Marlborough, après avoir perdu son temps avec Heinsius, Voltaire, Louis XIV, 21.

    Perdre le temps, perdre son temps, ne rien faire ou faire des choses inutiles.

    Ne pas perdre temps, ne pas perdre de temps, faire sans aucun retard. Je n'ai point perdu temps, et, voyant leur colère Au point de ne rien craindre, en état de tout faire, J'ajoute en peu de mots…, Corneille, Cinna, I, 3.

    Je n'ai pas de temps à perdre, je n'ai pas de temps à employer inutilement. Ce qui me fâche, c'est que je n'ai point de temps à jeter, Sévigné, 23 mars 1689.

    Je n'ai pas de temps à perdre pour arriver à tel endroit, je n'ai que le temps nécessaire pour ne pas y arriver trop tard.

    Il s'en va temps, il s'en allait temps, il est temps, il était temps. Il s'en va temps que je reprenne Un peu de forces et d'haleine, La Fontaine, Fabl. Épilogue.

    Réparer le temps perdu, réparer la perte du temps, faire du temps un meilleur usage qu'on n'en a fait par le passé.

    Passer le temps, passer son temps à quelque chose, à faire quelque chose, l'y employer. Il passe son temps à jouer.

    Absolument. Passer le temps, se distraire en attendant l'heure marquée pour quelque chose.

    Familièrement. Passer bien le temps, son temps, se divertir.

    Passer mal le temps, son temps, s'ennuyer beaucoup, et fig. Être fort maltraité. Que sûrement Stanislas finira comme Teucer, et que Pharès, évêque de Cracovie, passera mal son temps, Voltaire, Lett. d'Argental, 3 avril 1772. Si des regards il [Furia] eût pu mordre, j'aurais mal passé mon temps, Courier, Lett. à M. Renouard.

    Fig. Tuer le temps (voy. TUER).

    Couler le temps, laisser écouler le temps dans l'attente d'une occasion plus favorable.

    Pousser le temps avec l'épaule, différer l'exécution de quelque chose (voy. ÉPAULE, n° 1).

  • 10Bon temps, mauvais temps, le temps où l'on est bien, où l'on est mal. Aidant au bon temps, supportant le mauvais, Beaumarchais, Barb. de Sév. I, 2. Nous n'avions pas le sou, mais nous étions contents ; Nous étions malheureux, c'était là le bon temps, Collin D'Harleville, Mes souvenirs.

    Prendre du bon temps, se divertir. À d'austères devoirs le rang de femme engage, Et vous n'y montez pas, à ce que je prétends, Pour être libertine et prendre du bon temps, Molière, Éc. des f. III, 2. Alors, cher Cinéas, victorieux, contents, Nous pourrons rire à l'aise, et prendre du bon temps, Boileau, Épît. I. Le duc d'York [plus tard Jacques II], ayant mis sa conscience en repos par la déclaration de son mariage, crut qu'il pouvait donner un peu de bon temps à son inconstance, en vertu de ce généreux effort, Hamilton, Gramm. 8. Je me donne actuellement du bon temps, attendu que j'ai été à la mort, il y a quinze jours, Voltaire, Lett. Gaillard, 28 avril 1769.

    Fig. Avoir bon temps, n'être pas réprimandé, grondé. C'est à M. de Grignan que je m'en prends [d'avoir laissé Mme de Grignan s'embarquer sur le Rhône] ; le coadjuteur a bon temps : il n'a été grondé que pour la montagne de Tarare, Sévigné, 3 mars 1671.

  • 11Terme préfix, durée limitée. Ses cheveux blanchissent avant le temps. Cet hymen différé ne rompt point une loi, Qui, sans marquer de temps, lui destine ta foi, Corneille, Cid, v, 8. Dieu, qui fait tout en son temps, Bossuet, Hist, II, 4. Nous ferons en son temps ce qu'il faudra, Bossuet, Lett. rel. 3. Peut-être avant le temps ce grand orgueil éclate, Racine, Alex. III, 1. Quel temps à mon exil, quel lieu prescrivez-vous ? Racine, Phèdre, IV, 2. Tout n'a qu'un temps chez les hommes, Voltaire, Louis XIV, 36.

    Terme de droit. Temps légaux, tout ce qui est relatif aux prescriptions, déchéances, délais, dates, durées, âges requis par la loi.

    Terme d'eaux et forêts. Temps de coupe et de vidange, terme accordé à l'adjudicataire d'une vente pour couper et enlever les bois de cette coupe.

    Il a fait son temps, se dit d'un homme qui, après un long service, sort d'un emploi, et aussi d'un homme usé. Je n'ai que vingt ans, Et, comme toi, je n'ai pas fait mon temps, La Fontaine, Mazet. Je suis encor de mise et n'ai pas fait mon temps, Boissy, Impatient, III, 7.

    Avoir fait son temps, se dit des choses hors d'usage. Le paganisme avait fait son temps.

    Cet habit a fait son temps, cet habit a été porté aussi longtemps qu'il pouvait l'être, il ne peut plus servir.

    Il a fait son temps, se dit d'un soldat qui a achevé son temps de service. Il se dit aussi d'un condamné à la détention, quand il a achevé la durée de sa peine.

  • 12Les siècles, les différents âges, les différentes époques. Les temps historiques. Les temps fabuleux. Que ne peuvent, grand roi, tes hautes destinées Me rendre la vigueur de mes jeunes années ! Qu'ainsi qu'au temps du Cid je ferais de jaloux ! Corneille, Au roi sur son retour de Flandres. En ce temps-là il n'y avait point de roi dans Israël, Sacy, Bible, Juges, XVII, 6. Il y a des temps où la terre entière n'est qu'un théâtre de carnage, et ces temps sont trop fréquents, Voltaire, Mœurs, 26. ö le bon temps que ce siècle de fer ! Voltaire, Mondain. Aigues-Mortes, qui est actuellement à plus d'une lieue et demie de la mer, était un port du temps de saint Louis, Buffon, Hist. nat. preuv. th. terr. Œuv. t. II, p. 435. Dans tous les temps il y a eu la raison du peuple et la raison des sages ; dans tous les temps il y a eu le goût du vulgaire et le goût d'un monde plus cultivé, Marmontel, Œuv. t. x, p. 29.

    Presser les temps, resserrer les dates, les espaces chronologiques. Sans trop presser les temps, il est aisé de voir qu'elle [Jocaste] n'a pas plus de trente-cinq ans, Voltaire, Œdipe, lett. 5e.

    Les hauts temps, les temps reculés dans l'antiquité. Les hauts temps de l'ancien français, le XIe et le XIIe siècle.

    La nuit des temps, les siècles écoulés dans lesquels l'histoire se tait ou bien n'est qu'une vague tradition.

    L'abîme des temps, les siècles lointains dans lesquels tout se perd, tout s'oublie. Les jours, les mois, les années s'enfoncent et se perdent sans retour dans l'abîme des temps, La Bruyère, XIII. … L'âme des chrétiens, prête à quitter le corps, De l'abîme des temps voit déjà les deux bords, Lamartine, Joc. v, 188.

    En termes de l'Écriture sainte, dans la plénitude des temps, dans le temps auquel Jésus-Christ est venu accomplir les prophéties.

    À la consommation des temps, à la fin du monde.

    Dans le cours des temps, dans la suite des temps, dans un temps futur très éloigné.

    Le Livre des Temps, s'est dit des Paralipomènes.

    Au temps jadis, autrefois. La génisse, la chèvre et leur sœur la brebis, Avec un fier lion, seigneur du voisinage, Firent société, dit-on, au temps jadis, La Fontaine, Fabl. I, 6.

    Familièrement. Dans le temps, jadis, autrefois. Cela m'a coûté mille francs dans le temps.

    Au temps, du temps que les bêtes parlaient, dans le temps des choses fabuleuses. Du temps que les bêtes parlaient, La Fontaine, Fabl. IV, 1.

    Populairement. Du temps du roi Guillemot, du roi Dagobert, du temps qu'on se mouchait sur sa manche, se dit pour marquer des siècles éloignés, des siècles grossiers.

  • 13Le bon temps, le vieux temps, le temps de nos pères. C'est l'amour du vieux temps, il n'est plus à la mode, Th. Corneille, l'Amour à la mode, IV, 1. Tu sais que d'un peu de bêtise Le bon vieux temps est accusé ; Mais dans ce siècle plus rusé J'ai grand regret à la franchise De l'âge d'or si méprisé, Bernis, Épît. VIII. Le dîner, après la toilette, fut animé d'une gaieté du bon vieux temps, Marmontel, Mém. x. Chez vous, Français, nul bûcher n'est dressé, On ne rompt plus : le bon temps est passé, Chénier M. J. Épigr. 8.

    Par ironie, être du bon temps, être crédule, arriéré, etc. Pour une jeune déesse, vous êtes bien du bon temps ! Molière, Amph. Prologue.

  • 14Il se dit des différents âges de la vie. La Providence nous conduit avec tant de bonté dans tous ces temps de notre vie, que nous ne les sentons quasi pas ; cette pente va doucement, elle est imperceptible : c'est l'aiguille du cadran que nous ne voyons pas aller, Sévigné, Lett. au président de Moulceau, 27 janv. 1687. Il y a des temps dans la vie où les forces épuisées demandent à ceux qui ont un peu d'honneur et de conscience de ne pas pousser les choses à l'extrémité, Sévigné, 20 sept. 1684. Le redouté capitaine tombe au plus beau temps de sa vie, Bossuet, Anne de Gonz. Il n'y a personne qui, dans le cours de sa vie, n'ait quelques événements heureux, des temps ou des moments agréables, Fontenelle, Du bonheur.

    Le jeune temps, le temps de la jeunesse. … Dans mon jeune temps, le suivant [l'aigle] sur ces cimes, Mon pied comme mon œil se jouait des abîmes, Lamartine, Jocel. II, 73.

    De vieux temps, depuis longtemps. Son père, de vieux temps, est grand ami du mien, Corneille, le Ment. II, 3.

    De mon temps, alors que j'étais jeune. Il me semble que de mon temps il y avait encore une espèce de générosité et de franchise dans les malices mêmes de l'envie, Maintenon, Lett. au duc de Noailles, 3 sept. 1710. Il dit en voyant de fort belles pêches qu'on avait servies : de mon temps, les pêches étaient bien plus grosses qu'elles ne le sont à présent ; la nature s'affaiblit de jour en jour, Lesage, Gil Blas, IV, 7.

    En son temps, pendant qu'il vivait. Ce fut un sot, en son temps, très insigne, La Fontaine, Mandragore.

    Le premier temps. le second temps, le bon temps d'un artiste, les phases diverses de son talent. Votre sœur [Mme Denis, dans Mérope] a joué comme Mlle Duménil ; je dis comme Mlle Duménil dans son bon temps, Voltaire, Lett. Mme de Fontaine, 5 nov. 1759.

  • 15Une grande époque prévue. Le temps prédit par l'état du peuple juif, par l'état du peuple païen, par l'état du temple, par le nombre des années, Pascal, Pens. XVIII, 3, édit. HAVET. Le temps était arrivé que notre sage ministre devait être montré à son prince et à sa patrie, Bossuet, le Tellier. Les temps sont accomplis, princesse, il faut parler, Racine, Athal. I, 2. Les temps prédits par la sibylle à leur terme sont parvenus : Nous touchons au règne tranquille Du vieux Saturne et de Janus, Rousseau J.-B. Odes, II, 1. Un temps viendra que tous les hommes, soumis à la seule pensée, se conduiront par les clartés de l'esprit, Chateaubriand, Mart. XVI.

    On dit dans le même sens : les signes du temps, certains signes qui annoncent la gravité des événements.

    Les derniers temps, les temps très voisins du jugement dernier. Oh ! disaient les peuples du monde, Les derniers temps sont-ils venus ? Nos pas, dans une nuit profonde, Suivent des chemins inconnus, Hugo, Odes, I, 9.

  • 16Il se dit par rapport à l'état où sont los choses pour le gouvernement d'un pays, les manières de vivre, les modes, etc. Espérons en des temps meilleurs. Le socialisme est la question du temps. Deux fois, en grand politique, ce judicieux favori [Mazarin] sut céder au temps et s'éloigner de la cour, Bossuet, le Tellier. Hélas ! qu'est devenu ce temps, cet heureux temps Où les rois s'honoraient du nom de fainéants ? Boileau, Lutr II. Vous, ministre de paix dans les temps de colère…, Racine, Athal. II, 5. Non, non, le temps n'est plus que Néron, jeune encore, Me renvoyait les vœux d'une cour qui l'adore, Racine, Brit. I, 1.

    Ô temps, ô mœurs, locution exclamative pour se plaindre des temps et des mœurs. Voilà donc les pauvres Sirven déboutés de leur demande ; ô temps, ô mœurs ! D'Alembert, Lett. à Voltaire, 18 fév. 1768.

    Les temps sont durs, il y a de la gêne, de la souffrance. Le moyen d'estimer un contemporain autant qu'un homme mort il y a plus de deux cents ans !… personne n'ose convenir franchement des richesses de son siècle ; nous sommes comme les avares, qui disent toujours que le temps est dur, Voltaire, Aux auteurs du Nouvelliste. Les temps sont durs ; accordez-lui le délai qu'il demande, Diderot, Père de famille, II, 1.

    Le temps qui court, le temps qu'il fait, les circonstances telles qu'elles se comportent. C'est entre les dévots un étrange commerce, Un trafic par lequel, au joli temps qui court, Toute affaire fâcheuse est facile à la cour, Régnier, Sat. XII. Les hommes sont chers par le temps qu'il fait, et comme vous les demandez surtout, Dancourt, la Gazette, sc. 1.

    Être de son temps, avoir les idées du temps où l'on vit, et aussi se conformer aux usages de son temps.

    Le temps des scélérats, des délateurs, le temps qui leur est favorable, ou il y en a beaucoup.

  • 17Délai. Accorder du temps. Obtenir du temps. On vous donne du temps ; Et jusques à demain je ferai surséance, Molière, Tart. v, 4. Il faudrait prendre du temps, deux ou trois mois pour le moins, Bossuet, Lett. abb. 163.

    Ne chercher qu'à gagner du temps, différer. En vain [l'orateur qui reste court], pour gagner temps, dans ses transes affreuses, Traîne d'un dernier mot les syllabes honteuses, Boileau, Lutr. VI.

  • 18Intervalle suffisant, loisir. Revenez plus tard, je n'ai pas le temps de vous écouter. Mais ne leur donnez pas, tardant trop à punir, Le temps de se remettre et de se réunir, Corneille, Héracl. III, 4. Ils ont leurs temps où ils se rendent inaccessibles, Fléchier, Panég. saint Louis. Afin que Télémaque eût le temps d'acquérir plus de gloire et plus de vertu, Fénelon, Tél. XVII.
  • 19Conjoncture, occasion propre, moment. … adieu, l'amour vous presse, Et je serais marri qu'un soin officieux Vous fit perdre pour moi des temps si précieux, Corneille, Méd. I, 1. Le temps de chaque chose ordonne et fait le prix, Corneille, Pomp. I, 3. Vous le saurez quand il en sera temps, Molière, Psyché, III, 3. J'ai pris le temps de sortir pendant que vous dormiez, Molière, G. Dand. III, 8. Elle [Mme de Grignan] est dans un temps de mauvaise santé, à quoi elle est accoutumée, Sévigné, 9 fév. 1683. Vous savez qu'il faut prendre les temps à propos, Sévigné, 13 mars 1680. Voilà tout ce que je vous puis dire ; vous saurez le reste dans son temps, Sévigné, 27 juin 1672. Dans un temps où tout un royaume se remue pour la conversion des hérétiques, Bossuet, Louis de Bourbon. Fidèle dans leurs disgrâces, il osa les louer et les servir [ses amis] en des temps où les autres n'osaient presque pas les plaindre, Fléchier, Duc de Mont. S'il en est temps encor, cours et sauve la reine, Racine, Mithr. v, 4. Et juge s'il est temps, ami, que je repose, Racine, Iphig. I, 1. Il [Télémaque] attaque les Dauniens par derrière, dans un temps où ils croyaient l'armée des alliés enveloppée, Fénelon, Tél. XVII. Elle cachait ses vrais sentiments, et faisait semblant de ne vouloir vivre que pour lui dans le temps même où elle ne pouvait le souffrir, Fénelon, ib. III. Ce qu'on appelle un fâcheux est celui… qui choisit le temps du repas et que le potage est sur la table pour dire qu'ayant pris médecine…, La Bruyère, Théophr. X. Semblable à cette femme qui prenait le temps de demander son masque, lorsqu'elle l'avait sur son visage, La Bruyère, XI. Sa mère [de Thalès] le pressant de se marier, il répondit d'abord qu'il n'était pas encore temps ; et, quand plusieurs années se furent écoulées, il répondit qu'il n'était plus temps, Rollin, Hist. anc. Œuv. t. II, p. 614. Prince, il est temps, marchez à notre tête, Rollin, Adél. du Guesclin. I, 4. Un temps viendra, il arrivera une circonstance, une conjoncture favorable.

    Prendre son temps, prendre bien son temps, prendre mal son temps, saisir le moment favorable ou défavorable pour faire quelque chose. Le mulet prend le temps, Régnier, Sat. III. Qui peut, sans s'émouvoir, supporter une offense, Peut mieux prendre à son point le temps de sa vengeance, Corneille, Méd. I, 5. Un temps bien pris peut tout, pressez l'occasion, Corneille, Sophon. I, 4. Aucun n'aide aux chevaux à se tirer d'affaire ; Le moine disait son bréviaire : Il prenait bien son temps ! La Fontaine, Fabl. VII, 9. Bonjour et bon an, mon cher cousin ; je prends mon temps de vous demander pardon après une bonne fête, Sévigné, à Bussy, 2 janv. 1681. Est-ce bien prendre son temps que d'aller troubler par des larmes la joie d'un festin ? Massillon, Panégyr. Ste Magdel. Franchement, vous ne pouviez pas prendre plus mal votre temps, Lamotte, Minutolo, sc. 3. Je sais quelle est votre bonté et votre indulgence, et qu'on prend toujours bien son temps avec vous, Voltaire, Lett. d'Argental, 26 fév. 1736. Pour réussir en France il faut prendre son temps, Voltaire, ib. 2 mars 1772.

    Prendre son temps que…, saisir le moment où… Le malheureux prend son temps que Damon…, La Fontaine, Coupe. Mme de Langeron, prenant son temps qu'il [le prince de Condé] avait les pattes croisées comme le lion, lui fit mettre un juste-au-corps avec des boutonnières de diamants, Sévigné, 399.

    Absolument. Prendre son temps, guetter et saisir l'instant favorable. Dans l'abord il [le moucheron] se met au large, Puis prend son temps, fond sur le cou Du lion qu'il rend presque fou, La Fontaine, Fabl. II, 9. Ayant pris leur temps, ils se jettent sur lui, lui ôtent son épée, et, avec sa propre ceinture, ils lui lient les mains derrière le dos, Rollin, Hist. anc. Œuv. t. VII, p. 152.

    Prendre son temps sur quelqu'un, attaquer quelqu'un au moment où on a l'avantage. Deux ennemis secrets… Qui, dans leur juste haine animés et constants, Sur l'ennemi commun sauront prendre leur temps, Corneille, Héracl. v, 6.

    Prendre son temps, faire une chose sans se presser.

    Prendre le temps de quelqu'un, attendre le moment qui convient à quelqu'un dont on a besoin. S'il s'agit de vous faire une remontrance… vous croyez avoir droit d'exiger qu'on prenne votre temps, qu'on entre dans votre esprit, Bourdaloue, Car. II, Zèle, 169.

    Prendre quelqu'un sur le temps, saisir une occasion subite et favorable auprès de quelqu'un, ou ne pas lui laisser le temps de la réflexion. Je te prends sur le temps ; Pour rendre à mon égard ta conduite louable, Emploie en ma faveur le crédit favorable, Boissy, Deh. tromp. II, 10.

  • 20La saison propre à chaque chose. Le temps de la moisson, des vendanges. Les temps des plaisirs absorbent ceux des devoirs, Fléchier, Panég. St Louis.

    En médecine et en chirurgie, on distingue le temps de nécessité et celui d'élection : le temps de nécessité est celui où l'on est forcé d'employer tel ou tel médicament, de pratiquer telle ou telle opération, pour empêcher la maladie de s'aggraver ; le temps d'élection est celui où l'on se décide à agir, parce qu'il est plus convenable à la nature de la maladie et à l'état du malade.

    Le temps de Pâques, le temps pascal, les jours pendant lesquels les fêtes de Pâques se célèbrent.

    Le temps des vacances, l'époque de l'année où les tribunaux, les colléges, etc. sont fermés.

    Quatre-Temps, voy. QUATRE-TEMPS.

    Terme de liturgie. Le propre du temps, voy. PROPRE, n° 18.

  • 21État de l'atmosphère. Le temps est couvert. Être exposé aux injures du temps. Temps calme, serein, variable. Que faisiez-vous au temps chaud ? Dit-elle à cette emprunteuse, La Fontaine, Fabl. I, 1. …certain soir qu'il faisait un temps fort brun, La Fontaine, Berc. Le beau temps et la pluie, et le froid et le chaud Sont des fonds [de conversation] qu'avec elle on épuise bientôt, Molière, Mis. II, 5. Le temps et mes humeurs ont peu de liaison ; j'ai mes brouillards et mon beau temps au dedans de moi, Pascal, Pens. VI, 47. Il a fait un horrible temps ces jours passés, Sévigné, 473. Il fait un temps épouvantable, Sévigné, 477. J'aime les temps bas ; mais, quand ils sont si bas qu'ils tombent sur notre nez, et qu'il pleut, et qu'on ne voit goutte, j'ai envie de pleurer, Sévigné, 13 déc. 1684. Il s'échappe seul à pied, toutes les nuits, par toute sorte de temps, à toute heure, Diderot, Père de famille, I, 5. Un temps gris, qui ternit et confond tous les objets, Staël, Corinne, XVI, 8. Aussi vous aidais-je à semer, ou à serrer vos gerbes, quand le temps menaçait d'orage, Courier, 2e lett. partic.

    Fig. et familièrement. Faire la pluie et le beau temps, avoir un grand crédit dans une maison, dans un pays, etc.

    Fig. Prendre le temps comme il vient, s'accommoder à tous les événements. Il faut prendre le temps comme il vient, et je sens que je suis de cet heureux tempérament, Sévigné, à Bussy, 14 mai 1686. Disposé à prendre toujours le temps comme il viendrait, Fontenelle, Dial. morts anc. 4.

    Couleur du temps, couleur bleue. Oiseau bleu, couleur du temps, Vole à moi promptement, Comtesse D'Aulnoy, Oiseau bleu.

    Fig. La couleur du temps, la nature des circonstances. Selon l'amant du jour et la couleur du temps, Gresset, le Méchant, I, 2.

    Il fait un temps de demoiselle, ni pluie, ni vent, ni soleil.

    Le temps est haut, les nuages sont élevés.

    Fig. Haut comme le temps, plein de fierté, très hautain.

    Fig. Hausser le temps, voy. HAUSSER, n° 2.

  • 22Gros temps, temps d'orage en mer ou sur une rivière. Ils se mirent ensuite dans un petit bateau le long de la rivière, où ils essuyèrent un si gros temps, qu'ils ne savaient où se mettre, Sévigné, 24 déc. 1688. Les deux jours suivants, le gros temps ne nous permit pas de faire voile, Bougainville, Voy. t. I, p. 211. De gros temps, assez ordinaires en hiver, dans ces parages, Raynal, Hist. phil. XI, 3.

    Terme de marine. Coup de temps, coup de vent.

  • 23 Terme de vénerie. Voie de vieux temps, voie d'un jour ou deux.

    Aller de temps, se dit du chien quand la voie n'est pas ancienne et qu'il en remontre. Cette voie n'est pas de temps, elle est vieille.

    Revoir de bon temps, trouver une voie fraîche et de la nuit.

    Tirer sur le temps, tirer au moment favorable.

    Fig. Tirer sur le temps, profiter de l'occasion favorable. Comme il [Puysieux] avait beaucoup d'esprit et de connaissance du roi, il s'avisa de tirer hardiment sur le temps, Saint-Simon, 141, 61.

  • 24 Terme d'escrime. Se dit du moment favorable que l'on doit choisir pour fondre sur son adversaire.

    Coup de temps, coup pris d'opposition sur un développement.

    Fig. et populairement. Voir le coup de temps, s'apercevoir d'un contre-temps assez tôt pour le déjouer.

    Prendre sur le temps, frapper son adversaire d'une botte au moment où il s'occupe de quelque mouvement.

    Tirer sur le temps, pousser une botte, au moment où l'adversaire se prépare lui-même à en tirer une.

  • 25 Terme de manége. Se dit de chaque mouvement accompli, de quelque allure que ce soit. Cet exercice se fait en trois temps. Un temps de cheval.

    S'applique aussi à quelques-unes des aides que donne le cavalier. Un temps de jambes.

    Temps d'arrêt, action de la main pour ralentir le mouvement.

    Fig. Temps d'arrêt, ralentissement, suspension dans quelque opération.

    Temps de langue, appel de la langue.

    Temps de galop, voy. GALOP.

  • 26Dans l'art militaire, en instruction de détail, l'action d'exercice qui s'exécute à un commandement, et qui se divise en mouvements pour en faciliter l'exécution.
  • 27 Terme de marine. Intervalle que l'on met après chaque coup de canon d'un salut.

    Partie d'un signal de nuit.

    Subdivision des divers commandements de l'exercice des bouches à feu.

  • 28En chirurgie, on appelle temps les opérations simples dont la réunion constitue les opérations composées.

    Opérations en deux temps ou en plusieurs temps, celles qu'on cesse après avoir fait certaines parties, pour les reprendre une ou plusieurs fois et les terminer plus tard.

  • 29 Terme de danse. Moments précis pendant lesquels il faut faire certains mouvements divisés par des pauses. Si les temps de l'entrechat ne sont ni coupés ni battus, et qu'ils soient au contraire, frottés et roulés l'un sur l'autre, il n'y aura pas de clair qui fasse valoir les ombres, Noverre, Lett. sur la danse, p. 305, dans POUGENS. L'élégance de sa taille et la longueur de ses membres s'associaient à merveille aux temps développés et aux pas hardis de la danse, ID. ib. p. 342.
  • 30 Terme de musique. La division la plus immédiate de la mesure, constituant une unité de durée divisible et subdivisible elle-même en deux et en trois parties. Mesure à deux temps. Mesure à deux temps ternaires. Mesure à trois temps binaires.

    Dans les mesures à deux temps et à quatre temps, temps forts, temps frappés ou temps impairs ; temps faibles, temps levés ou temps pairs.

    Appuyer sur les temps forts, les faire sentir

    Par extension. Dans l'accent naturel de la parole, ainsi que dans celui du chant, dans la quantité prosodique et dans la mesure vocale, il y a des temps forts et des temps faibles, Marmontel, Œuv. t. VIII, p. 458.

    Demi-temps, durée de la moitié d'un temps.

  • 31Durée qu'on emploie à prononcer les syllabes. Il y a à observer le temps que l'on met à prononcer chaque syllabe ; les unes sont prononcées en moins de temps que les autres, et l'on dit de celles-ci qu'elles sont longues, et de celles-là qu'elles sont brèves ; les brèves sont prononcées dans le moins de temps qu'il est possible ; aussi dit-on qu'elles n'ont qu'un temps, c'est-à-dire une mesure, un battement ; au lieu que les longues en ont deux, Dumarsais, Œuv. t. IV, p. 45.
  • 32Dans la déclamation, pauses qu'on observe entre certaines phrases, entre certains mots. Souvenez-vous de ne rien précipiter, d'animer tout, de mêler des soupirs à votre déclamation, de mettre de grands temps, Voltaire, Lett. Mlle Gaussin, décembre 1730. Terme de grammaire. Différentes inflexions qui marquent dans les verbes le moment auquel se rapporte l'existence, l'état ou l'action. Le temps présent. Les temps passés. Temps dérivés. À l'égard des temps, il faut observer que toute action est relative à un temps, puisqu'elle se passe dans le temps ; les rapports de l'action au temps sont marqués en quelques langues par des particules ajoutées au verbe, Dumarsais, Œuv. t. IV, p. 343.

    Temps primitifs, se dit des temps des verbes qui servent à former les autres.

    Temps seconds, temps dérivés des temps primitifs.

    Temps seconds, se dit, dans la grammaire grecque, d'une seconde forme de certains temps

  • 34À temps, loc. adv. Assez tôt, ni trop tôt, ni trop tard… pourvu qu'il [le bonheur] nous vienne, il vient toujours à temps, Régnier, Élég. II. Dans cette confusion on ne pouvait se mouvoir de concert ; les ordres ne venaient jamais à temps, Bossuet, Hist. III, 5.

    À temps de…, avec un infinitif. À temps d'agir. Vous qui ne différez de vous convertir que parce que vous croyez que vous serez assez à temps, au lit de la mort, de vous donner à Dieu, Massillon, Carême, Impén.

    Pour un temps limité. Travaux forcés à temps. Le mal était que cet emploi n'était qu'à temps, mais il mettait en état de chercher et d'attendre, Rousseau, Confess. IV. Ses membres [d'un corps politique], participant à la constitution des deux extrêmes, seront partie à temps et partie à vie, Rousseau, Gouv. de Polog. 8. On ne peut engager ses services qu'à temps et pour une entreprise déterminée, Code civ. art. 1780.

  • 35Sur le temps, au moment même. Je fais d'excellents impromptus à loisir ; mais, sur le temps, je n'ai jamais rien fait ni dit qui vaille, Rousseau, Confess. III.
  • 36En même temps, au même temps, à la même heure, dans le même moment, ensemble. Jésus-Christ est venu enseigner sa loi à tous les hommes, et leur donner au même temps les exemples de l'accomplir, Fléchier, Panég. I, 247.

    Descartes a dit : à même temps. Si la quantité de ces vapeurs n'est à même temps augmentée, Pass. 131.

  • 37Dans le même temps, sans tarder, incontinent. Si par hasard il a appris ce qui aura été dit dans une assemblée de ville, il court dans le même temps le divulguer, La Bruyère, Théophr VII.
  • 38Tout d'un temps, aussitôt, sans tarder. Et tout d'un temps on le voit y voler, Corneille, Hor. IV, 2. Bonsoir, car tout d'un temps je vais me renfermer, Molière, Éc. des mar. III, 2. En arrivant, j'allai recevoir cette lyre, et tout d'un temps je la vendis, Marmontel, Mém. II.

    En même temps. Il lui sera facile D'apaiser tout d'un temps les mânes de Camille, Corneille, Hor. v, 3. Emmenez avec vous les souffleurs [alchimistes] tout d'un temps, La Fontaine, Fabl. II, 13. Mais je voudrais qu'on cherchât tout d'un temps…, Boileau, Épigr. XXX.

  • 39De tout temps, de tous temps, toujours. Et mon dessein a été de tout temps de plaire à peu de personnes, Guez de Balzac, Liv. I, lett. 2. Tu sais que, de tout temps à l'amour opposée, Je rendais souvent grâce à l'injuste Thésée, Racine, Phèd. II, 1.
  • 40De temps en temps, de temps à autre, de fois à autre, quelquefois. Le Dieu, dont vous parlez, de temps en temps sévère, Corneille, Attila, v, 3. Et c'est pour m'affranchir de cette dépendance Que… de temps en temps, j'irrite ses ennuis, Racine, Brit. II, 2.
  • 41En temps et lieu, dans le temps et le lieu convenables. Je te remercie de ta protection, et je ne manquerai pas de la réclamer en temps et lieu, Picard, Deux Philiberts, I, 11.
  • 42Suivant ou selon le temps, suivant ou selon les temps, conformément aux circonstances.
  • 43Dans le temps que, au temps que, loc. conj. Dans le temps où, pendant que. Vous les avez poursuivis l'épée à la main au temps de leur affliction, au temps que leur iniquité était à son comble, Sacy, Ézéchiel, XXXV, 5. Jésus-Christ est venu surprendre la reine dans le temps que nous la croyions la plus saine, dans le temps qu'elle se trouvait la plus heureuse, Bossuet, Mar.-Thér.
  • 44Au même temps que, et, plus rarement, à même temps que…, justement dans l'instant où. Et à même temps qu'avec la houssine il renversa les marmousets dans le bassin, l'armée navale des ennemis fit naufrage, Guez de Balzac, le Barbon.
  • 45Entre temps, dans l'intervalle. Entre temps il alla dîner.

PROVERBES

Le temps perdu ne se répare point, ne se recouvre point.

Le temps est un grand maître. Le temps est un grand maître, il règle bien des choses, Corneille, Sertor. II, 4.

Chaque chose a son temps, il y a temps pour tout. Dame il y a temps pour tout, Marivaux, Pays. parv. 6e part. Il y a quelque temps qu'on ne parlait que des jésuites ; et à présent on ne s'entretient que des escargots ; chaque chose a son temps, Voltaire, Colimaçons, 1.

Qui a temps a vie, quand le terme où l'on doit satisfaire à une obligation est éloigné, on a du loisir pour s'y préparer.

Qui gagne du temps gagne tout.

Le temps est à Dieu et à nous, nous avons le loisir de faire ce dont il s'agit, ou, en général, de faire ce qu'il nous plaît.

Il y a temps de rire et temps de pleurer, temps de parler et temps de se taire.

Il est un temps pour s'en aller et prendre congé, se dit des importuns.

Après ce temps-ci il en viendra un autre, se dit pour se consoler dans la misère du temps.

Il viendra un temps où les chiens auront besoin de leur queue, un temps viendra où l'on aura besoin des gens ou des choses qu'on néglige maintenant.

Tout vient à temps pour qui peut ou qui sait attendre, il faut attendre l'occasion pour en profiter, sans la provoquer.

Du temps faut parler pour propos renouveler.

Changement de temps, entretien de sot.

Autre temps, autres mœurs.

Après bon temps on se repent, se dit aux prodigues qui se préparent un avenir malheureux.

Il n'y a point de temps perdu, les uns ont le bon, les autres le mauvais.

HISTORIQUE

XIe s. Il est mult vielz, si ad sun tens uset, Ch. de Rol. XXXIX. Morz est li quens [le comte], de sun tens ni ad plus, ib. CXIX. Demorent trop, n'i puent estre à tens, ib. CXXXVI. Cuntre paiens [il] fut tuz tens campiuns, ib. CLXIII. Dist l'emperere : tens est del herberger, ib. CLXXVII.

XIIe s. E cel jor [il] ne li dist rien ; mais, quant il vit son tens, appelé à conseil, il respondit…, Machab. II, 14. Li noviaus tanz et mais et violete, Couci, VI. Encor viendra lieus et tens De ma très grant joie avoir, ID. XII. Quant [je] voi venir le bel tanz et la flor, ID. XVII. À la douzor del tens qui raverdoie, Chantent oisel et florissent vergier, ID. XXI. Guiteclins de Sassoigne, quant ce vint à son tans, De sa premiere feme ot deus vaslez efans, Sax. v. N'i [en une belle femme] perdi pas nature ses uevres ne son tans, ib.

XIIIe s. Car à nos tans est perdus li sains lieus, Quesnes, Romancero, p. 94. On n'aime pas dame pour parenté [sa famille], Ains quant ele est bele, courtoise et sage ; Vous en saurez par tens la verité, ib. p. 110. À l'issue d'avril un temps dous el joli, Berte, I. Grant temps [ils] furent ensemble, car ainsi plut à Dieu, ib. III. Cil jour [il] fit mout lait temps et de froide maniere, ib. xx. Devant la mienuit li temps un peu s'escure, ib. XLII. Lors [elle] se musse au buisson ; si lait le tans [le mauvais temps] passer, ib. XLIII. Si avint, un tans après la mort de Godefroi et le roi Baudoin, son frere, qu'il ot un roi en France qui ot nom Loeys li Justicieres, Chr. de Rains, p. 2. Il lui fist en tans et en lieu Sentir son pooir et sa force, Lai de l'ombre. Si cum vous le verrez en tens, la Rose, 6637. Je me fais apeler Oiseuse, Dist ele, à tous mes congnoissans ; Si sui riche fame et poissans ; S'ai d'une chose moult bon tens ; Car à nule riens je no pens Qu'à moi joer et solacier, ib. 585. Et est desormais bien tans, Qu'ele ait o li un escuier, Bl. et Jeh. 193. Il soloit estre k'on se vengeoit, par droit de guerre, dusqu'au septisme degré de lignage, et ce n'estoit pas merveille el tans d'adont, Beaumanoir, LIX, 20. La seconde [cause de servitude] si est parce que el tans cha en arriere, par grant devotion, moult se donnoient aus [eux] et lor oir et lor cozes as sains et as saintes, Beaumanoir, XLV, 19. Onques homme lay [laïque] de nostre temps ne vesquit si saintement, Joinville, 191. Ausi parole il del jor dou joïse [du jugement] comme se il fust passez ; car Escriture met un tens por autre assez sovent, Psautier, f° 117.

XIVe s. Comme une aronde seule ne signifie pas le temps de ver [printemps], ne un seul biau jour ne le fait pas, Oresme, Eth. x, 16. Bonne delettacion qui se devroit ensuir ou temps à venir, Oresme, ib. 132. Baron, ce dist li rois, je vous tien à sachans ; Veilliez moi conseiller ; car il en est bien tamps, Guesclin. 8452. Si vous prions cherement, que en le temps moien [dans l'intervalle] vous veullez conforter, Du Cange, tempus medium.

XVe s. Quand le roi vit sa sœur que grant temps n'avoit vue, Froissart, I, I, 6. Et ils ne pouvoient bonnement plus avant hostoyer, ni guerroyer pour l'hiver temps qui entré estoit, Froissart, I, I, 157. Ceux du chastel virent bien que le faix leur estoit grand, et, si le roi David maintenoit son propos [de les assiéger aussi vivement], ils auroient fort temps, Froissart, I, I, 163. Quant ces gens d'armes [du duc d'Anjou] se trouverent en ce pays [de Calabre] si bon et si gras et rempli de tous biens, ils se tinrent tout aises et s'en donnerent du bon temps, Froissart, II, II, 137. On a vu le temps que il ne l'eust pas fait pour nul avoir, Froissart, II, II, 206. Ils perdoient là leur temps, Froissart, II, II, 230. On doit le temps ainsi prendre qu'il vient ; Tous dis ne puet durer une fortune : Un temps se pert, et puis l'autre revient, Froissart, Poésies mss. p. 337, dans LACURNE. Je veuil laisser aux autres faire Leur temps, car le mien est passé, Chartier, la Belle dame. Quand tout vray et tout clair est que la chose va ainsi, et non de nouvel, mais de tout temps, Chastelain, Exposit. sur verité. Prince qui veult que le bon temps reviengne, Les trois estas en bonnes meurs repringne, Deschamps, Souffr. du peuple. Seez vous, beau sire, Il est bien temps de le vous dire : Mais je suis ainsi gracieux, Patelin. … et tenoit le roi pour homme craintif, et estoit vray que par temps il l'estoit, Commines, III, 12. Ceste maladventure ne luy advint pas seulle, car tout en ung temps fut prins le conte de Roussy son filz, Commines, IV, 4. Autant estimé et requis de ses voisins ung temps a esté que nul prince qui fust en chrestienté, Commines, v, 9. Au moins celluy qui aura bonne cause et la pourchassera bien et deffendra largement, à longueur de temps aura raison si…, Commines, V, 18. Ilz ont le meilleur temps de France, Sans soucy, sans melencolye, Rec. de farces, p. 292.

XVIe s. Car ils prennent pour grand' louange Quand on les estime inconstants, Et disent que le tans se change, Et que le sage suit le tans, Desportes, Diverses amours, XLI, Chanson. Je laisse au philosophe et aux gens de loisir à mesurer le tans par mois et par journées ; Je conte, quant à moi, le tans par le desir, Desportes, Cleonice, IV. Temps c'est la difference du verbe selon le present, preterit, futur, Ramus, dans LIVET, Gramm. franç. p. 225. Non qu'ilz feissent ce grand voyage tout d'une tire, mais à plusieurs reprises, marchans tous les ans sur le temps nouveau [printemps] plus avant en païs, de sorte que par long traict de temps ilz traverserent ainsi toute la terre ferme de l'Europe, Amyot, Marius, 18. Au temps que les bestes parloient, il n'y a pas trois jours, Rabelais, Pant. II, 15. La rose à la parfin devient un gratecu, Et tout avecq' le temps par le temps est vaincu, Ronsard, 164. Il sçavoit par sur tous laisser courre et lancer, Bien demesler d'un cerf les ruses et la feinte, Le bon temps, le vieil temps, l'essuy, le rembuscher, Ronsard, 210. Vostre apprehension et vostre seul penser Un temps furent à moy ; or' vostre amour me laisse : Le temps peut toutes choses à la fin effacer, Ronsard, 274. Le temps s'en va, le temps s'en va, ma dame ; Las, le temps, non, mais nous, nous en allons, Ronsard, Poés. diverses. Le temps corrige tout, quand on le conduit bien, Garn. Hippol. III, 269. On ne doit contraindre le temps, ne sur Dieu haster le pas, Génin, Récréat. t. II, p. 245. Au temps qui court, Palsgrave, p. 811. Qui previent les temps, fort souvent il s'en plaint, Sully, Mém. t. IX, p. 476.

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Étymologie de « temps »

(Xe siècle) Du moyen français temps[1], de l’ancien français tems, tens[2], du latin tempus (« temps, durée, époque »)[3].
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Wallon, tain ; provenç. temps ; espagn. tiempo ; portug. et ital. tempo ; du lat. tempus, temps ; comparez l'angl. time, l'angl.-sax. tima, le gaél. tim, tiom.

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Phonétique du mot « temps »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
temps tɑ̃

Fréquence d'apparition du mot « temps » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « temps »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « temps »

  • Et maintenant ? Où et quand trouverai-je le temps d’essayer de me voir. On veut me faire croire que pour penser un peu il n’est pas besoin d’une tour d’ivoire. Sans doute, mais elle est bien utile…
    Raymond Dumay — Mon plus calme visage
  • Le tout est de tout dire, et je manque de motsEt je manque de temps, et je manque d’audaceJe rêve et je dévide au hasard mes imagesJ’ai mal vécu, et mal appris à parler clair.Tout dire les roches, la route et les pavésLes rues et leurs passants les champs et les bergersLe duvet du printemps la rouille de l’hiverLe froid et la chaleur composant un seul fruitJe veux montrer la foule et chaque homme en détailAvec ce qui l’anime et qui le désespèreEt sous ses saisons d’homme tout ce qui l’éclaireSon espoir et son sang son histoire et sa peineJe veux montrer la foule immense diviséeLa foule cloisonnée comme un cimetièreEt la foule plus forte que son ombre impureAyant rompu ses murs ayant vaincu ses maîtresLa famille des mains, la famille des feuillesEt l’animal errant sans personnalitéLe fleuve et la rosée fécondants et fertilesLa justice debout le pouvoir bien planté.
    Paul Eluard — Pouvoir tout dire
  • Le mal temps passe, et retourne le bon, Pendant qu'on trinque autour de gras jambon.
    François Rabelais — Le Quart Livre, 65
  • Ils se contentent de tuer le temps en attendant que le temps les tue.
    Simone de Beauvoir
  • Salut cri rauquetorche de résineoù se brouillent les pistesdes poux de pluie et les souris blanches Fou à hurler je vous salue de mes hurlements plus blancs que la mortMon temps viendra que je salue […]
    Aimé Césaire — Cadastre
  • Dès le premier soir, ils se réunirent sur la terrasse du monastère en présence du jeune garçon. Tenzin prit la parole avec une assurance qui étonna ses hôtes. […] Le jeune lama marqua un temps d’arrêt et porta son regard vers Natina qui l’observait de ses yeux bleu intense.
    Frédéric Lenoir — L’Âme du monde
  • Une après-midi d’automne, Gervaise, qui venait de reporter du linge chez une pratique, rue des Portes-Blanches, se trouva dans le bas de la rue des Poissonniers comme le jour tombait. Il avait plu le matin, le temps était très doux, une odeur s’exhalait du pavé gras ; et la blanchisseuse, embarrassée de son grand panier, étouffait un peu, la marche ralentie, le corps abandonné, remontant la rue avec la vague préoccupation d’un désir sensuel, grandi dans sa lassitude. Elle aurait volontiers mangé quelque chose de bon. Alors, en levant les yeux, elle aperçut la plaque de la rue Marcadet, elle eut tout d’un coup l’idée d’aller voir Goujet à sa forge.
    Émile Zola — L’Assommoir
  • L'amour, c'est l'espace et le temps rendus sensibles au cœur.
    Marcel Proust — À la recherche du temps perdu, la Prisonnière , Gallimard
  • Au bout de deux semaines, les établissements furent obligés de changer leurs programmes, et, après quelques temps, les cinémas finirent par projeter toujours le même film.
    Albert Camus — La Peste
  • Ô temps rongeur, et toi, envieuse vieillesse, vous détruisez tout !
    Ovide en latin Publius Ovidius Naso — Les Métamorphoses, XV, 234 V. Hugo, Notre-Dame de Paris (III, 1)
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Traductions du mot « temps »

Langue Traduction
Anglais time
Espagnol hora
Italien tempo
Allemand zeit
Chinois 时间
Arabe زمن
Portugais tempo
Russe время
Japonais 時間
Basque denbora
Corse tempu
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Synonymes de « temps »

Source : synonymes de temps sur lebonsynonyme.fr

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Nombre de points du mot temps au scrabble : 9 points

Temps

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