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Durée

Définitions de « durée »

Trésor de la Langue Française informatisé

DURÉE, subst. fém.

A.− Absolument
1. [En parlant du temps absolu, indéfini, non mesuré, et p. oppos. à la dimension spatiale] Continuité indéfinie du temps, du devenir. L'espace et la durée, l'étendue et la durée. Synon. temps.L'illimité n'a pas de mesure, l'éternité n'a point de durée, Dieu ne se classe pas en parties (Flaub., Tentation,1856, p. 603).La danse, à toute époque (...) est chargée (...) de faire entrer toutes vives dans la durée les trois dimensions de l'espace (Faure, Esprit formes,1927, p. 187):
1. En mesurant l'étendue, il [l'homme] découvre la géométrie; en mesurant la durée, il découvre les nombres, et des deux inventions de son esprit, dès que le sentiment les anime, deviennent deux grands arts, qui sont l'Architecture et la Musique. Ch. Blanc, Gramm. des arts du dessin,1876, p. 55.
2. ... je sais mieux encore, par mon expérience très certaine, que nos âmes peuvent se former, dans le soin même du temps, des sanctuaires impénétrables à la durée, éternels intérieurement, passagers quant à la nature... Valéry, Eupalinos,1923, p. 63.
En partic., PHILOS., THÉOL. [En parlant de Dieu] ,,Permanence dans l'être`` (Foi 1930). Synon. éternité.Sa douceur [d'une palme] est mesurée Par la divine durée Qui ne compte pas les jours (Valéry, Charmes,1922, p. 155).Sauf (...) que la durée totale coexiste en lui [Dieu] (Arnoux, Double chance,1958, p. 47):
3. Osons dire que quand on comprend l'existence de Dieu comme une durée sans fin ni commencement, et non comme une éternelle unité, actus immanens, l'objection tirée de la prescience devient insoluble et la liberté humaine impossible. J. Simon, Le Devoir,1854, p. 634.
2. Spéc., PHILOS., PSYCHOL. [Chez Bergson et ses disciples] Expérience du temps subjectif, vécu par la conscience, en dehors de toute conceptualisation et envisagé qualitativement, par opposition au temps objectif, mesurable, mathématique de la science. Durée intérieure, vécue. Synon. temps vécu.Le thème bergsonien de la durée (qui devait trouver, grâce à Proust, sa transposition romanesque) (Mauriac, Journal,1934, p. 39).Sensations et sentiments tissent la substance même de notre durée intérieure (Huyghe, Dialog. avec visible,1955, p. 26):
4. Au-dessous de la durée homogène, symbole extensif de la durée vraie, une psychologie attentive démêle une durée dont les moments hétérogènes se pénétrent; au-dessous de la multiplicité numérique des états conscients, une multiplicité qualitative; au-dessous du moi aux états bien définis, un moi où succession implique fusion et organisation. Bergson, Essai sur les données immédiates de la conscience,1889, p. 104.
Expr. diverses
a) Durée concrète. Car notre durée n'est pas un instant qui remplace un instant : il n'y aurait alors jamais que du présent, pas de prolongement du passé dans l'actuel, pas d'évolution, pas de durée concrète. La durée est le progrès continu du passé qui ronge l'avenir et qui gonfle en avançant (Bergson, Évol. créatr.,1907, p. 4).
b) Durée pure. La durée toute pure est la forme que prend la succession de nos états de conscience quand notre moi se laisse vivre, quand il s'abstient d'établir une séparation entre l'état présent et les états antérieurs (Bergson, Évol. créatr.,1907p. 84).
c) Durée bergsonienne. À elle seule la lavande met une durée bergsonienne dans la hiérarchie des draps (Bachelard, Poét. espace,1957, p. 83).
d) Durée réelle. L'organique suit un tout autre temps, suit une durée, un rythme de durée, constitue une durée, un rythme de durée, réelle, et constituée par une durée réelle, qu'il faut bien nommer la durée bergsonienne (Péguy, Clio,1914, p. 52).
e) [Depuis Bergson] Sentiment de l'écoulement du temps. Mais pouvait-on apprécier la durée? C'était non pas celle, horlogère, administrative, des heures de routines, mais celle des moments pathétiques (Arnoux, Solde,1958, p. 237).
[vécu comme s'écoulant plus rapidement] Les minutes, à ces moments-là, sont cent fois plus rapides et d'une durée centuple (Arnoux, Roi,1956, p. 227).
[vécu comme s'écoulant plus, trop lentement] Quelquefois trois semaines peuvent avoir la durée d'un siècle (Ponson du Terr., Rocambole,t. 2, 1859, p. 218).À quatre-vingts ans ma mère me disait : la vie est un instant. Plus tard, je crois, elle eut le sentiment d'une durée presque insoutenable, une sorte d'éternité dont elle était lasse (Chardonne, Ciel,1959, p. 127):
5. ... ce sens intime de la distance entre le désir et la possession de son objet, qui n'est autre que le sens de la durée, ce sentiment du temps, qui se contentait jadis de la vitesse de la course des chevaux, (...) trouve aujourd'hui que les rapides sont bien lents, et que les messages électriques le font mourir de langueur. Valéry, Variété III,1936, p. 266.
B.− [Envisagé dans son aspect quantitatif; en parlant du temps défini, fractionnable, délimité par un début et un terme, et appliqué au déroulement d'un procès que la durée mesure]
1. Action, fait de durer.
a) Emploi abs. ,,Opposer la durée à l'instant`` (Dub.).Concevez-vous un événement qui arrive, si ce n'est dans un point quelconque de la durée? (Cousin, Vrai,1836, p. 28):
6. Le domaine de l'assouvissement n'est pas un domaine de valeurs, mais de sensations; il ne connaît qu'une succession d'instants, alors qu'arts et civilisations ont lié l'homme à la durée sinon à l'éternité. Malraux, Les Voix du silence,1951, p. 523.
Durée passée :
7. La mémoire indique la concertion et la croyance d'une durée passée car il est impossible de se souvenir d'une chose si l'on ne croit qu'il s'est écoulé quelque intervalle entre le temps où cette chose est arrivée et le moment présent. Cousin, Philos. écossaise,1857, p. 345.
b) Durée de qqc.La vivacité et la durée des sentiments (Maine de Biran, Influence habit.,1803, p. 101):
8. Il est assez naturel que les artistes de nos jours regardent vers d'autres temps qu'ils imaginent meilleurs. L'avenir ne leur promet rien que de funeste. Leur belle époque fut celle des grands caprices personnels, et de la confiance dans la durée, qu'il s'agisse de la durée d'un régime, d'une famille, d'une croyance et de la renommée. Valéry, Degas, danse, dessin,1936, p. 157.
2. Caractère de ce qui est durable (avec une idée de solidité, de stabilité). Anton. fragilité.Les pédants disent que c'est la durée et non la véhémence du plaisir, qui doit décider de l'excellence (Stendhal, Rome, Naples et Flor.,t. 1, 1817, p. 154).On emploie parfois la tôle galvanisée dans les mines humides, on augmente ainsi la durée du métal (Haton De La Goupillière, Exploitation mines,1905, p. 737):
9. L'instabilité s'impose comme le régime normal de l'époque dans tous les ordres. Mais, par là, la continuité, la durée, le tempérament, la sérénité deviennent, dans cet univers en transmutation furieuse, des valeurs du plus haut prix. Valéry, Regards sur le monde actuel,1931, p. 300.
3. Intervalle de temps déterminé pendant lequel se produit une action, un état, un phénomène, du début à sa fin; ou qui sépare deux événements. Durée d'une guerre, d'un traitement, d'un trajet. Synon. période, temps, laps de temps, espace de temps.L'unité de temps n'est pas plus solide que l'unité de lieu (...) Toute action a sa durée propre comme son lieu particulier (Hugo, Préf. Cromw.,1827, p. 22).
a) [En parlant d'une action] La durée totale d'une respiration est d'environ quatre secondes (Baratoux, La Voix,1912, p. 17).Je m'excuse, Messieurs, d'un si long abus de votre courtoise audience. (...) J'ai excédé la durée permise (Valéry, Variété V,1944, p. 61):
10. ... Spallanzani prépare des infusions variées (...) l'abondance des animalcules doit être en raison inverse de la durée du chauffage. J. Rostand, La Genèse de la vie,1943, p. 62.
b) [En parlant d'un état] Durée d'un séjour :
11. Je me perds quand je songe combien la durée de l'absence est longue à se consumer; mais chaque minute étant vivifiée par un souvenir, les heures passeront plus légères, si cette expression peut s'appliquer à ce qui ne laissera pas de l'écraser encore. Guérin, Corresp.,1837, p. 305.
c) [En parlant d'un phénomène] Durée d'une maladie. Ils calculeront la durée d'une éclipse (Alain, Propos,1921, p. 201).
Rem. Le plus. moins cour. désigne soit les moments de quelque chose (vocab. sc.). Je faisais donc ce que je pouvais pour augmenter un peu les durées de quelques pensées (Valéry, Soirée avec M. Teste, 1895, p. 7). Sa maison devint pour de longs jours, comme elle l'avait été auparavant pour de brèves durées, close (Kahn, Conte or et sil., 1898, p. 298); soit les temps mesurables (emploi poétique). Le bienheureux revoir leur apparaissait comme situé là-bas; là-bas, dans le recul des durées (Loti, Ramuntcho, 1897, p. 205).
Expr. diverses et loc.
α) [durée précise]
Une durée de + indication chiffrée de temps.Il peut (...) y avoir telle tragédie romantique dont les événements soient resserrés, par le hasard, dans (...) une durée de trente-six heures (Stendhal, Racine et Shakspeare, t. 1, 1825, p. 96).
Indication de temps + de durée.Fabriquer des décrets pour deux lieues de terrain et deux jours de durée (Hugo, Bug-Jargal,1826, p. 74).
β) [durée estimée]
La durée de + subst. imagé suggérant
[une durée très brève] La durée d'un éclair. Ses sympathies et ses amitiés [de l'ouvrier] sont spontanées et sincères, et comme celles du monde, n'ont pas seulement la durée d'une paire de gants ou d'un bouquet de bal (Murger, Scènes vie boh.,1851, p. 38).
[une durée indéfiniment longue] Elle avait donné irrévocablement, pour toute la durée des éternités, son unique bien, le plus précieux trésor qu'une femme puisse posséder (Bloy, Femme pauvre,1897, p. 40).
Pendant (toute) la durée de. Pendant tout le temps qui s'écoule entre le début et la fin de (quelque chose). Pour être apprenti [facteur d'orgues], il fallait [payer] une imposition annuelle pendant toute la durée de l'apprentissage (Grillet, Ancêtres violon,1901, p. 231).Il arrivait (...) qu'il se tissât entre eux, pendant la durée du concert, une de ces sympathies obscures, qui vont jusqu'au plus profond de l'être (Rolland, J.-Chr.,Foire, 1908, p. 798):
12. Pendant toute la durée du procès, il eut l'impression d'un spectacle irréel; non d'un rêve, mais d'une comédie étrange, un peu ignoble et tout à fait lunaire. Seul, le théâtre peut donner, autant que la cour d'assises, une impression de convention. Malraux, Les Conquérants,1928, p. 45.
Pour (toute) la durée de. Pendant tout le laps de temps effectif qui sera nécessaire pour réaliser (quelque chose). Les logements provisoires du personnel pour la durée des réparations (Gracq, Syrtes,1951, p. 295).
Pour une durée illimitée. Pour une période dont le terme n'a pas été fixé.
Loc. adj., vx. De durée. De longue durée, qui dure longtemps (cf. durable). Plaies grandes et de durée, (...) maladies malignes et de durée (Erckm.-Chatr., Ami Fritz,1864, p. 138).Il [Benjamin Constant] a écrit, comme Mmede La Fayette et l'abbé Prévost, le petit livre de durée qui traverse les âges sans ride ni poussière (Thibaudet, Hist. litt. fr.,1936, p. 57).
Loc. adj. ou verbale, cour. (Être) de longue, de courte durée, de peu de durée :
13. ... le vicaire de Campagne ne doutait point qu'une victoire sur un tel adversaire est toujours précaire, fragile, de peu de durée. Qu'importe de voir un instant l'ennemi à ses pieds, à sa merci? Bernanos, Sous le soleil de Satan,1926, p. 176.
Proverbe. Ciel pommelé et femme fardée ne sont pas de longue durée.
Loc. verbales, rare, arch., littér.
Avoir durée. L'ancienne constitution de la France, la seule sérieuse (...) la seule qui ait eu durée (Verlaine, Œuvres posth.,t. 2, Voy. Fr., 1896, p. 57).
Donner durée. Il faut demander (...) « le plus » aux intérêts, aux habitudes, aux facilités − c'est-à-dire aux forces régulières ou périodiques qui seules donnent durée (Valéry, Mauv. pens.,1942, p. 84).
SYNT. Durée d'un congé, d'un cours, des études, de l'année scolaire, d'une claustration, d'une détention, d'une absence, des fonctions, d'un mouvement, d'une période, d'un repas, d'un prêt; en durée, sans limitation de durée; épaisseur, intervalle de durée, durée courte, déterminée, effective, hebdomadaire, illimitée, légale, longue, maximum, minimum, normale, réelle, supérieure, totale, variable; abréger, assurer, augmenter, calculer, éterniser, évaluer, garantir, mesurer, prolonger la durée de qqc.
4. P. ext. et p. ell. du compl. déterminatif. Durée d'existence.
a) [En parlant d'un être vivant, individuel ou collectif] Période de vie, de la naissance à la mort. Durée d'un homme, d'un peuple, d'une espèce, du monde; durée de vie moyenne. Synon. âge, existence, longévité, vie.Assurer la durée de l'espèce (Brillat-Sav., Physiol. goût,1825, p. 36).Et quel accord plus légitime peut unir l'homme à la vie sinon la double conscience de son désir de durée et son destin de mort? (Camus, Noces,1938, p. 85):
14. J'ai lu beaucoup de livres sur l'antiquité de la terre et l'origine des espèces, et je mesure avec mélancolie la courte durée des individus à la longue durée des races. France, Le Livre de mon ami,1885, p. 8.
b) [En parlant d'un bien de consommation] Résistance aux facteurs de destruction
à l'usage. Synon. solidité.Lamoricière, Bedeau et autres généraux disaient que la durée des habits (...) dépendait de la manière dont les diverses couleurs, parements, revers, etc., s'harmonisaient avec la couleur de l'habit (Delacroix, Journal,1822-63, p. 193).Les navires en fer ont une durée bien supérieure à celle des navires en bois (Croneau, Constr. nav. guerre,1892, t. 1, p. 46).
Loc. adv., vx. De durée. Qui fait de l'usage, solide. La tunique, comme toutes ces tuniques, vêtements de durée sur des corps tourmentés par la croissance (A. Daudet, Jack,t. 1, 1876, p. 53).
à l'usure du temps. Durant la période carlovingienne, on revenait à l'architecture polychrome, et (...) on employait, pour lui donner de la durée, le verre teint (Lenoir, Archit. monast.,1856, p. 17):
15. ... il [l'homme] doit reconnaître un troisième principe, qu'il essaye de communiquer à ses œuvres, et qui exprime la résistance qu'il veut qu'elles opposent à leur destin de périr. Il recherche donc la solidité ou la durée. Valéry, Eupalinos,1923, p. 116.
C.− Emplois techn.
1. DR. Période de validité d'un droit ou d'utilisation d'un bien. Durée d'un bail, d'un mandat, d'une législature; durée de validité, durée légale (de qqc.). Cf. durabilité :
16. Or l'armistice signé à Rethondes avait une durée de validité limitée à trente-six jours. Cette durée expirait le 17 décembre, date à laquelle les plénipotentiaires alliés pour la paix commençaient seulement d'arriver à Paris. Foch, Mém.,t. 2, 1918, p. 328.
En partic., DR. DU TRAVAIL. Temps de travail effectif, fixé par la loi, mesuré à la journée, à la semaine ou au mois (en nombre d'heures) accompli par le travailleur suivant un contrat de travail. Durée hebdomadaire du travail; réduction de la durée du travail. Synon. horaire légal.Une réduction de la durée du travail entraîne généralement un certain progrès de la production (Suavet1970) :
17. La durée du travail journalier [dans les usines] est limitée à dix heures pour les adolescents de treize à dix-huit ans. (...) La première loi qui limitera la durée du travail à soixante heures par semaine pour tous les travailleurs de l'industrie est promulguée le 30 mars 1900 par le gouvernement Millerand. Cacérès, Hist. de l'éduc. pop.,1964, p. 9.
2. MUS. Durée d'une note, d'un son, d'un silence. Intervalle de temps pendant lequel une note, un son ou un silence doit être maintenu sans interruption. Durée relative des sons. Synon. valeur.
a) [En parlant d'un son] Ils [les virtuoses] essaient de raccourcir la durée d'un son prolongé, que l'instrument soutient mal (Alain, Beaux-arts,1920, p. 126).
b) [En parlant d'une note] Harmoniques (dont la superposition (...) varie en fonction de la durée de la note) (Schaeffer, Rech. mus. concr.,1952, p. 209).
c) [En parlant d'un silence] Silences (...) signes de durée muette indiquant l'interruption momentanée des sons, mais ayant une valeur, une durée dans chaque mesure où ils figurent (Rougnon1935, p. 10).
3. PHON. Durée d'un phonème. Longueur de temps nécessaire à l'émission d'un phonème ou d'un groupe de phonèmes. Pour que plusieurs syllabes forment un mot, il faut que chacune d'elles ait son intonation et sa durée rythmique, différentes selon sa fonction propre (Arger, Init. art chant,1924, p. 167).
Prononc. et Orth. : [dyʀe]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. Ca 1135 « fait, action de durer » (Le Couronnement de Louis, éd. E. Langlois, 1089); ca 1165 corte durée (Gautier d'Arras, Eracle, éd. G. Raynaud de Lage, 4772). Part. passé fém. subst. de durer*. Fréq. abs. littér. : 3 204. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 5 132, b) 2 056; xxes. : a) 4 233, b) 5 598. Bbg. Moutard (N.). Sémiologie de la notat. musicale. Linguistique, Paris, 1974, t. 2, p. 65.

Wiktionnaire

Nom commun - français

durée \dy.ʁe\ féminin

  1. Espace de temps pendant lequel une chose dure.
    • La durée du monde.
    • La vie de l’homme est de courte durée.
    • Son règne fut de peu de durée, de longue durée.
    • Cette mode eut peu de durée.
    • La durée d’un traitement médical.
    • La durée ordinaire des études.
  2. Succession non interrompue des moments.
    • L’espace et la durée.
    • Mesurer la durée.
  3. (Psychologie) Qualité vécue et subjective du temps, par opposition au temps objectif et mesurable.
    • Tout homme qui obtient ce qu’il désire, ou qui va l’obtenir, veut la durée : rien de plus naturel que les serments prodigués par les amoureux. Le bonheur spontané veut la durée. Mais de la durée vient l’ennui : c’est pourquoi beaucoup les confondent. — (Denis de Rougemont, Comme toi-même : Essais sur les Mythes de l’Amour, Albin Michel, 1961, page 147)
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

DURÉE. n. f.
Espace de temps pendant lequel une chose dure. La durée du monde. La vie de l'homme est de courte durée. Son règne fut de peu de durée, de longue durée. Cette mode eut peu de durée. La durée d'un traitement médical. La durée ordinaire des études. Il se dit absolument du Temps, de la succession non interrompue des moments. L'espace et la durée. Mesurer la durée.

Littré (1872-1877)

DURÉE (du-rée) s. f.
  • 1 Absolument. La continuation indéfinie. L'espace et la durée. Pour suivre dans cette ouverture que l'Écriture nous donne, que chacun contemple cette durée infinie qui le précède et qui le suit, et qu'y voyant sa vie renfermée, il regarde ce qu'elle en occupe, Nicole, Ess. de mor. 1er traité, ch. III.
  • 2Espace de temps que dure quelque chose. La durée d'un règne. Vous avez résolu de nous voir demeurer En une obscurité d'éternelle durée, Malherbe, IV, 3. Que tout ce qui m'a plu doit être de durée, Corneille, D. Sanch. III, 4. Votre félicité sera mal assurée Dessus un fondement de si peu de durée, Corneille, Perthar. III, 2. Nos termes sont pareils par leur courte durée, La Fontaine, Fabl. XI, 8. Mais hélas ! tout ce qu'elle aimait devait être de peu de durée, Bossuet, Anne de Gonz. J'en ai trop prolongé la coupable durée [de ma vie], Racine, Phèd. I, 3. Même tu leur promis de ta bouche sacrée Une postérité d'éternelle durée, Racine, Esth. I, 4. En ce temple où tu fais ta demeure sacrée, Et qui doit du soleil égaler la durée, Racine, Athal. III, 7. Par la suite des temps et par la durée des siècles, Massillon, Car. Confess. Cette grande puissance temporelle des papes en Italie ne fut pas de durée, Voltaire, Mœurs, 49.

    De durée, loc. adv. signifiant qui résiste à l'usure, à la fatigue. Une étoffe de durée. Tout homme qui s'essouffle dans le travail fait plus que sa force ne lui permet, et par conséquent n'est pas bon ouvrier, c'est-à-dire ouvrier de durée, La Quintinye, Jardins, I, 4.

SYNONYME

TEMPS, DURÉE. La durée ne présente d'autre idée que celle d'une persistance. Le temps y ajoute l'idée du nombre ; c'est une persistance ou une durée évaluée ; et de là vient que, quand on passe à l'éternité qui est infinie, on supprime bien l'idée du temps, mais on ne peut pas supprimer celle de la durée. En d'autres termes, les choses auraient une durée, quand même nous ne saurions la rapporter à aucune unité ; mais le temps proprement dit n'y serait pas, puisqu'il serait impossible de nombrer cette durée.

HISTORIQUE

XIIe s. L'ame s'en part, n'i put avoir durée, Ronc. p. 147. Car joie a courte durée, Qui avient par tel folor, Couci, I.

XIIIe s. [Elle] Ne peüst vers tel peine avoir nule durée [résister à une telle peine], Berte, XLVI. Nulz n'est seürs d'avoir longue durée ; Se vous moriez ains que fussiez amez, Sans joie avoir, auriez vo vie usée, Cunelier, dans Bibl. des Chartes, 4e série, t. V, p. 38. Ge et toutes autres creatures avomes corte durée, Psautier, f° 120. Si a danz Nobles li Lions Novelement la pes [paix] jurée, Se Dieu plaist, qui aura durée, Ren. 1750.

XVe s. Et ne purent oncques les Escots avoir vicioire ni durée contre lui [Édouard 1er], Froissart, I, I, 2.

XVIe s. Un ouvrage de longue durée, Amyot, Péric. 26. Ainsi l'amour tardive est de longue durée, Ronsard, 239. Tout terme qui finit n'a pas longue lurée, Ronsard, 675.

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Étymologie de « durée »

(Vers 1135) Participe passé féminin substantivé de durer[1].
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Provenç. durada ; ital. durata ; d'un part. passif latin durata, de durare (voy. DURER).

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Phonétique du mot « durée »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
durée dyre

Fréquence d'apparition du mot « durée » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « durée »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « durée »

  • Aussi ne s’occupe-t-il pas des coordonnées spatiales et temporelles par rapport auxquelles tout événement vrai se situe ; les endroits qu’il évoque ne sont pas de ce monde; et plutôt que des aventures ce sont des tableaux vivants qui s’y déroulent; la durée ne mord pas sur l’univers de Sade; il n’y a aucun avenir de son œuvre ni dans son œuvre.
    Simone de Beauvoir — Privilèges
  • Un événement était en cours, il le savait bien, M. Andesmas qu'il nomma leur rencontre, bien plus tard. Cet événement prenait très durement racine dans l'aride durée présente, mais il fallait néanmoins que ce fût fait, que ce temps-là aussi passât.
    Marguerite Duras — L'Après-midi de Monsieur Andesmas
  • Nul doute qu’il n’ait été quotidiennement chez [Céline] une caisse de résonance de l’antisémitisme ambiant dans la société française du temps : l’enfance de Céline coïncide pratiquement d’un bout à l’autre avec la durée de l’affaire Dreyfus.
    Henri Godard — Céline
  • La couleur dudit oiseau vert, rouge, bariolé, le cas échéant établirait la durée approximative du silence à respecter.
    Jorge Semprùn — La Montagne blanche
  • Pour vous, Monsieur, rien n’est encore perdu et nous vous adjurons de mettre un fond à votre tonneau des Danaïdes où, depuis plus d’un demi-siècle, vous ne cessez de jeter le meilleur de vous-même et de votre pensée dans des flots d’encre, car on a souvent comparé à ce tonneau percé que les malheureuses Danaïdes, pour un crime d’ailleurs intolérable à imaginer (sur cinquante, quarante-neuf d’entre elles avaient égorgé leurs maris le soir de leurs noces), furent condamnées à remplir éternellement ; on a comparé, dis-je, leur vain travail à celui du journaliste, et quoique vous ne soyez capable d’aucun meurtre, vous aussi vous subirez ce châtiment de travailler longtemps pour rien, votre travail au jour le jour n’étant assuré d’aucune durée. Vos amis vous demandent de rétablir cette situation.
    Émile Henriot — Réponse au discours de réception de Robert Kempf
  • Dans l'imaginaire populaire il n'y a pas de JO sans une vasque allumée en continu pendant toute la durée des épreuves.
    Le Figaro — Pourquoi la flamme olympique reste allumée en continu pendant la durée des épreuves
  • Il y a, dans les écrits du docteur Tillotson, un argument contre la présence réelle, aussi précis, aussi solide, & aussi bien exprimé, qu’on en puisse imaginer contre une doctrine qui mérite si peu d’être sérieusement réfutée. On convient universellement, dit ce docte prélat, que l’autorité, tant de l’écriture que de la tradition, ne repose que sur le témoignage des apôtres, qui furent témoins oculaires des miracles par lesquels notre sauveur prouva sa mission divine. L’évidence de la vérité de la religion chrétienne est donc moindre que l’évidence de la fidélité de nos sens : elle n’étoit pas plus grande dans les premiers auteurs de notre religion, & il est manifeste qu’elle a dû diminuer en passant d’eux à leurs disciples : de sorte que nous ne pouvons jamais être aussi certains de la vérité de leur témoignage, que nous le sommes des objets immédiats de nos sens. Or, une moindre évidence ne sauroit détruire une évidence supérieure : donc, quand même la doctrine de la présence réelle seroit clairement révélée dans l’écriture, on ne pourroit pourtant la recevoir, sans choquer les loix les plus saines du raisonnement, car, d’un côté, elle est en contradiction avec les sens, & de l’autre, les fondemens qu’on lui donne, l’écriture & la tradition, ont moins d’évidence, que ces mêmes sens, tant qu’on ne les considere que comme preuves externes, & quelles ne sont point adressées au cœur par l’opération immédiate du Saint-Esprit.Rien ne vaut mieux qu’un argument décisif de cette nature, pour fermer la bouche à la stupide bigoterie & à la superstition orgueilleuse, & pour nous délivrer de leur ridicule empire. Je me flatte d’avoir découvert un argument semblable, qui, s’il est juste, fera pour le savant & pour le sage, un boulevard éternel contre toute sorte d’illusions superstitieuses : & son utilité, par conséquent, s’étendra aussi loin que la durée du monde ; car, je présume que l’histoire profane ne cessera qu’alors de nous raconter des miracles & des prodiges.
    David Hume — Essais philosophiques sur l’entendement humain.
  • Le soleil en effet balaierait tout le studio, comme un projecteur de poursuite dans un music-hall frontalier. C’était dimanche, dehors les rumeurs étouffées protestaient à peine, parvenant presque à ce qu’on les regrettât. Ainsi tous les jours chômés, les heures des repas tendraient à glisser les unes sur les autres, on s’entendit pour quatorze heures – ensuite on s’y met. Un soleil comme celui-ci, développa le père de Paul, donne véritablement envie de foutre le camp. Ils s’exprimèrent également peu sur la difficulté de leur tâche qui requerrait, c’est vrai, de la patience et du muscle, puis des scrupules d’égyptologues en dernier lieu. Fabre avait détaillé toutes les étapes du processus dans une annexe aux plans. Ils mangèrent donc vers quatorze heures mais sans grand appétit, leurs mâchoires broyaient la durée, la mastication n’était qu’horlogère. D’un tel compte à rebours on peut, avant terme, convoquer à son gré le zéro. Alors autant s’y mettre, autant gratter tout de suite, pas besoin de se changer, on a revêtu dès le matin ces larges tenues blanches pailletées de vieilles peintures, on gratte et des stratus de plâtre se suspendent au soleil, piquetant les fronts, les cafés oubliés. On gratte, on gratte, et puis très vite on respire mal, on sue, il commence à faire terriblement chaud.
    Jean Echenoz — L’Occupation des sols – Éditions de Minuit 1998
  • Nous décidâmes d'abord, par décret du 23 septembre, que les hommes restant sous les armes auraient à contracter un engagement en bonne et due forme pour la durée de la guerre. De ce fait, la situation des maquisards se trouvait légalement réglée.
    De Gaulle — Mémoires de guerre
  • Avec une obstination puérile et désolée, depuis ma prime jeunesse, je me suis épuisé à vouloir fixer tout ce qui passe, et ce vain effort de chaque jour aura contribué à l’usure de ma vie. J’ai voulu arrêter le temps, reconstituer des aspects effacés, conserver de vieilles demeures, prolonger des arbres à bout de sève, éterniser jusqu’à d’humbles choses qui n’auraient dû être qu’éphémères, mais auxquelles j’ai donné la durée fantomatique des momies et qui à présent m’épouvantent…
    Pierre Loti — Prime jeunesse
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Durée

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