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Répondre

Définitions de « répondre »

Trésor de la Langue Française informatisé

RÉPONDRE, verbe trans.

I. − Empl. trans. dir.
A. − [Le compl. d'obj. dir. est explicitement formulé] Faire connaître, oralement ou par écrit, en retour à une question, à une demande, à une remarque, ce qu'on a à dire. Répondre oui ou non, répondre amen; n'avoir rien à répondre; ne savoir que répondre. Les coutumes les plus absurdes, les étiquettes les plus ridicules, sont en France et ailleurs sous la protection de ce mot: « C'est l'usage. » C'est précisément ce même mot que répondent les Hottentots, quand les Européens leur demandent pourquoi ils mangent des sauterelles (Chamfort, Max. et pens., 1794, p. 47).Elle lui avait souvent répété: « Paul, ton menton! » comme les mères: « Tiens-toi droit! » ou « Mets tes mains sur la table ». Il lui répondait quelque grossièreté, ce qui ne l'empêchait pas de travailler son profil devant la glace (Cocteau, Enfants, 1929, p. 68).
Répondre une lettre (à qqn). Écrire en retour. Tourgueneff m'a répondu une lettre fort gentille (Flaub., Corresp., 1871, p. 236).
DR. Répondre une requête. Délivrer une ordonnance au bas d'une requête. (Dict. xixeet xxes.).
RELIG. CATH. Répondre la messe. Prononcer à haute voix les réponses aux paroles du célébrant. Il avait beau savoir répondre la messe, il était pêcheur, et non prêtre (Queffélec, Recteur, 1944, p. 72).
Répondre + inf.[Le suj. de l'inf. est celui de répondre] Frédéric (...) assura qu'il avait été chez MmeArnoux plusieurs fois, inutilement. Arnoux en demeura convaincu, car souvent il s'extasiait devant elle sur l'absence de leur ami; et toujours elle répondait avoir manqué sa visite; de sorte que ces deux mensonges, au lieu de se couper, se corroboraient (Flaub., Éduc. sent., t. 2, 1869, p. 144).
Répondre de + inf.[Le suj. de l'inf. est le compl. indir. de répondre] En présence de cette attaque, Maunoury avait demandé des ordres en cas d'échec; on lui avait répondu de se replier éventuellement sur l'Avre et ultérieurement sur Saint-Just-en-Chaussée en évitant tout contact qui pourrait être décisif (Joffre, Mém., t. 1, 1931, p. 342).
Répondre que + ind.M. Churchill m'a écrit pour me demander l'engagement en Libye d'une grande unité française. Je lui ai répondu que je donnais volontiers les ordres nécessaires (De Gaulle, Mém. guerre, 1954, p. 640).
B. − Empl. abs. Formuler une réponse à une interrogation exprimée ou non. Répondre oralement; répondre franchement, sans détours. Pourquoi ne pas consentir que l'homme soit source, origine d'énigmes (...) quand notre existence, nos mouvements, nos sensations ne s'expliquent absolument pas, et que tout ce qu'on voit est indéchiffrable, à peine notre esprit se pose, et s'arrête de répondre pour demander? (Valéry, Variété III, 1936, p. 18).Il n'est besoin de répondre que lorsque l'enfant questionne, et strictement à chaque question (Mounier, Traité caract., 1946, p. 148).
Répondre; répondre vertement, du tac au tac, etc.; mal répondre. Répliquer avec effronterie ou grossièreté. [La petite fille] m'avait si mal répondu, j'ai eu un mouvement de vivacité, je suis montée sur mes grands chevaux (Colette, Music-hall, 1913, p. 189).
Rem. On peut rattacher à l'empl. trans. dir. l'usage très fréq. de l'incise. Elle est sans voix, lui répondis-je en soupirant, comme toutes les mandragores que j'ai cueillies de ma vie (Nodier, Fée Miettes, 1831, p. 64).
II. − Empl. trans. indir.
A. − Répondre à.[Corresp. à réponse]
1. [Le suj. désigne un animé]
a) Adresser une, des paroles, un écrit, un signe de compréhension en retour à ce qui a été écrit, demandé oralement ou non. Répondre par retour du courrier à; répondre en direct à. Il fallut passer plusieurs journées à l'apprivoiser quelque peu, lui décoller les bras de ses jupes, et lui ôter ces tremblantes révérences, par lesquelles l'enfant répondait aux moindres paroles, aux regards, et même aux histoires merveilleuses (Bourges, Crépusc. dieux, 1884, p. 81).Mr. Wayne me montrait un de ses tours, dit François, répondant à la muette interrogation de Mahaut (Radiguet, Bal, 1923, p. 48).
Répondre à une lettre. Écrire en retour à une lettre reçue. Je commence à répondre à ta lettre (Rivière, Corresp.[avec Alain-Fournier], 1907, p. 46).
b) Se justifier par la parole ou par écrit; réfuter, riposter. Je lui dis la nécessité de me donner des renseignements pour répondre aux attaques publiques ou secrètes contre l'armée et son chef (Barrès, Cahiers, t. 11, 1916, p. 154):
Le plus récent Cahier nous le montre, (...) appuyant sa défense du catholicisme sur diverses considérations dont aucune ne touche à l'essentiel de ce qu'a voulu signifier le Christ quand il a dit: « Je suis la vérité. » Et cela se conçoit, puisqu'il s'agissait pour Barrès de répondre aux objections des députés radicaux-socialistes. Mauriac, Journal 2, 1937, p. 188.
P. métaph., iron. [Le suj. inanimé considéré comme une pers.] On tira dessus; nos petits canons répondirent au feu de la place, qui fit une décharge générale de tous ses remparts (Erckm.-Chatr., Hist. paysan, t. 2, 1870, p. 63).
c) Être présent à un appel; se manifester à l'appel de. Répondre à une convocation. Tous ceux qui, pour une raison ou pour une autre, n'ont pas répondu aux appels de l'Humanité ou de quelque autre organisation donnent à la chapelle une couleur bourgeoise, une atmosphère de considération que l'on ne trouve pas ailleurs (Fargue, Piéton Paris, 1939, p. 24).
Absol. Les morts répondent toujours quand on les appelle (Bordeaux, Fort de Vaux, 1916, p. 36).
Répondre à une citation du tribunal. Se présenter devant un tribunal en tant que témoin ou en qualité de défenseur. (Dict. xixeet xxes.). Répondre à un coup de sonnette. Aller ouvrir la porte d'entrée (Dict. xixeet xxes.). Répondre au téléphone. Entrer en communication téléphonique. Ça ne répond pas (fam.). Si vous aimiez l'aventure, il suffisait d'aller répondre au téléphone, des voix étrangères vous y parlaient dans une langue inconnue (Giraudoux, Siegfried et Lim., 1922, p. 22).
Répondre à tel ou tel nom. Réagir à l'appel de ce nom. La pauvre bête même répond au nom par quoi on l'appelle (Claudel, Gdes odes, 1910, p. 271).
Répondre au nom, au prénom de. Avoir pour nom, prénom tel ou tel nom ou prénom. Ce héros avait un frère, qui fut mon grand-père, et mon grand-père, comme tout le monde, avait une femme répondant au nom évangélique de Marie (H. Bazin, Vipère, 1948, p. 19).
ÉQUIT. [En parlant d'un cheval] Répondre aux aides. Obéir aux ordres du cavalier. V. aide1II B 6.
d) Adopter vis-à-vis d'un être vivant un comportement, une attitude en réponse aux siens. Répondre aux avances de qqn; répondre à un salut; répondre à la violence par la violence. Je lui ai ouvert le cœur par cette confidence, et je l'ai trouvé le plus délicat des hommes dans la manière de répondre à l'affectueuse confiance que je lui montrais (Barb. d'Aurev., Memor. pour l'A... B..., 1864, p. 434).Devant une bête qui ne répondait plus guère à la provocation, Jesus ne fit rien de saillant avec la muleta; mais ce qu'il fit fut fait dans le berceau des cornes, et inspiré par le sang torero (Montherl., Bestiaires, 1926, p. 552).
Empl. abs. [Le compl. introd. par la prép. à est s.-ent.] [Ursule] me résista on ne peut mieux, et quand je voulus jouer des mains et des griffes, elle répondait des pieds et des dents (Sand, Hist. vie, t. 2, 1855, p. 239).
2. [Le suj. désigne un animé ou un inanimé] Ne pas décevoir, satisfaire une attente. Il n'y a qu'une seule littérature, celle des livres amusants. Nathan est entré dans une voie nouvelle, il a compris son époque et répond à ses besoins. Le besoin de l'époque est le drame (Balzac, Illus. perdues, 1839, p. 425).Dans la construction, le règne de la terre s'est généralisé sous forme de brique: unie au fer, celle-ci tend aujourd'hui à supplanter toute autre matière; elle répond au besoin tout moderne d'improviser, de faire vite, qu'il s'agisse de simili-palais ou d'usines (Vidal de La Bl., Princ. géogr. hum., 1921, p. 150).
3. [Le suj. désigne un inanimé]
a) Réagir à une sollicitation, à un stimulus en produisant l'effet attendu. La perception, c'est-à-dire cet état du sujet qui va répondre à l'incitation extérieure, suppose une action mécanique et une présence de l'objet comme dans le réalisme (Hamelin, Élém. princ. représ., 1907, p. 385).
b) Être en conformité avec. La jeunesse répond au matin et au printemps, la maturité de l'âge à l'été et au milieu du jour, la vieillesse au soir et à l'automne (L. Ménard, Rêv. païen mystique, 1876, p. 130).Ce qui est le meilleur dans le nouveau est ce qui répond à un désir ancien (Valéry, Tel quel I, 1941, p. 166).
c) Correspondre par symétrie; être en rapport de ressemblance, en accord. Ces os répondent à des plaques osseuses, situées sous la base du crâne, au nombre de deux, de quatre, ou de six, et dans lesquelles sont implantées des dents semblables (Cuvier, Anat. comp., t. 3, 1805, p. 294).Son pied était cambré et mignon comme celui d'une femme; sa main répondait à son pied (Kock, Compagn. Truffe, 1861, p. 6).
Empl. pronom. réciproque. Les miracles de Pierre et ceux de Paul forment deux séries qui se répondent (Renan, Apôtres, 1866, p. xxviii).Il avait enfin ordonné le tout de telle manière que les formes et les couleurs se répondissent (Huysmans, En mén., 1881, p. 106).
B. − Répondre de.[Corresp. à l'adj. responsable]
1. Être, se sentir responsable des actes, de la vie de quelqu'un; se porter garant de lui. Je réponds de lui sur ma tête. Ne comptez sur moi que si la sienne est épargnée (Lemercier, Pinto, 1800, i, 2, p. 37).
2. Se porter garant d'une chose. Répondre de la vie d'un malade. Ce qu'il écrira sera supérieur; je vous le garantis. Répondre du talent, c'est presque répondre du succès (Hugo, Corresp., 1866, p. 564).M. de Gennevilliers prétend que si vous voulez suivre ses conseils, il répond de votre avenir (Gobineau, Pléiades, 1874, p. 146).
Répondre des dettes de qqn. S'engager à les payer. (Dict. xixeet xxes.).
En répondre.Donner l'assurance de. Robert: (...) À Maurice Et vous, si vous aimez la vie, respectez cette personne; malheur au misérable qui oserait lui faire le moindre outrage. À Forban Je te charge, Forban, de faire veiller sur elle (...). Forban: Comptez sur moi, j'en réponds sur ma tête (La Martelière, Robert, 1793, iii, 9, p. 39).
Répondre de + inf.
a) Se faire fort de. Synon. garantir.Je réponds de la guérir (...). Seulement il faut la mettre dans une maison de santé de mon quartier (Balzac, Initié, 1848, p. 432).
b) Se porter garant de. Faites en sorte que les bans se publient, et je vous réponds de mettre David en prison. Ma mission finit avec son écrou (Balzac, Illus. perdues, 1843, p. 645).
Rem. Dans ce dernier sens, on relève la constr. répondre (à qqn) que « garantir que ». Alors qui vous répondra que votre attaque, sans raison plausible, n'irritera pas les peuples chez qui vous porterez la guerre, quelque philosophiques que puissent être les motifs de cette conduite? (Robesp., Discours, Guerre, t. 8, 1792, p. 137).
C. − Répondre pour
1. Qqn répond pour qqn.V. répondre de (supra B 1).Et si, seule entre toutes les habitantes, la belle Madame Moser n'avait pas une très bonne renommée, un ambassadeur répondait pour elle, et elle se tenait parfaitement bien (A. France, Pt Pierre, 1918, p. 108).
2. Qqc. répond pour qqn.Constituer une garantie, témoigner en faveur de. Mon histoire répondra pour moi (Karr, Sous tilleuls, 1832, p. 206).C'est le jeu des vertus qui répondra pour moi (Bornier, Fille Rol., 1875, i, 1, p. 10).
REM.
Responsif, -ive, adj.,terme de chancellerie. Qui contient une réponse. Mémoire responsif, notice responsive (Ac. 1935).
Prononc. et Orth.: [ʀepɔ ̃:dʀ ̥], (il) répond [-pɔ ̃]. Ac. 1694, 1718: respondre; dep. 1740: ré-. Étymol. et Hist. A. Faire connaître son sentiment, en retour, à celui qui s'est adressé à vous 1. a) trans. α) fin xes. respondre suivi d'une prop. en style dir. (Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 181: « Tu eps l'as deit » respon Jesus; 289); id. respondre a aucun id. (ibid., 135); ca 1050 respondre que introduisant une complétive au style indir. (St Alexis, éd. Chr. Storey, 325: Icil respondent que neüls d'els nel set); ca 1100 respundre un mot (Roland, éd. J. Bédier, 22); β) id. respundre aucun « à quelqu'un » (ibid., 216); b) fin xes. intrans. respondre a aucun (Passion, 216: Ad un respondre non denat); ca 1165 empl. abs. (Benoît de Ste-Maure, Troie, 6325 ds T.-L.: Conseille t'en e si respon); 2. 1130-40 respondre encontre « répliquer, protester » (Wace, Conception N.-D., éd. W. A. Ashford, 455); ca 1165 respondre « id. » (Guillaume d'Angleterre, éd. M. Wilmotte, 3212); 3. 1535 trans. « fournir une réponse à » respondre [une requeste] (M. d'Amboise, Babilon, 55 r ods Hug.); 1538 dr. (Est., s.v. liber, libellus: respondre a une requeste et y apposer le sceau: libellos signare); 4. 1538 dr. respondre (à une assignation) (ibid., s.v. diluere). B. 1. Ca 1100 p. anal. intrans. « (en parlant d'un son) se propager, se répercuter » (Roland, 1756: e la voiz est mult lunge, Granz .XXX. liwes l'oïrent il respundre); id. id. « renvoyer l'écho » (ibid., 2112); 2. a) ca 1190 intrans. liturg. (Renart, éd. M. Roques, 12033: Si m'i estuet chanter demain Et ge n'ai clerc qui me respoingne); ca 1220 trans. respondre ,,Aleluia`` (Comte de Poitiers, 976 ds T.-L.); b) ca 1228 empl. abs. (Gerbert de Montreuil, Violette, 718, ibid.: Gerars cante [...] Ceste chançon [...], Et chascuns d'iaus respondu a). C. Relations d'échange, d'opposition 1. 1176-81 trans. « opposer comme contraste ou défense » (Chrétien de Troyes, Chevalier au lion, éd. M. Roques, 636: Bien set ancontre vilenie Respondre san et corteisie); 2. a) fin xiies. respondre aucun « payer de retour par un signe, un geste, une parole semblables » (Partonopeus de Blois, éd. J. G. Gildea, ms. A, 1210, p. 458: sis salüe, Et cil l'ont molt bel respondüe); b) fin xiiies. repondre aucune rien « ne pas décevoir, se conformer à (un souhait, une attente) » (Sone de Nansai, 12144 ds T.-L.: pour respondre son plaisir); 3. ca 1200 intrans. « (d'un cheval) obéir à une excitation » (Renaud de Montauban, 185, 34, ibid.); ca 1210 (Herbert de Dammartin, Foulque de Candie, éd. O. Schultz-Gora, 55: Des [var. as] esperons ne li respont il mie). D. 1. 1180-1220 respondre a « être en rapport de conformité avec; correspondre à » (Gace Brulé, Chans., éd. H. Petersen Diggve, LXVIII, 42: c'Amors ne m'ait doneit pooir De conoistre s'ai cuer respont la chiere); 2. ca 1265 notion de coordination, de symétrie respondre a (Brunet Latin, Trésor, éd. Fr. J. Carmody, I, 186, 59, p. 164: que lor membre [des chevaux] soient bien ordenés, et les uns bien respondans as autres). E. Répondre de 1. 1174-76 « fournir des explications, justifier [un acte] devant une instance judiciaire » respundre del mesdit (Guernes de Pont-Ste-Maxence, St Thomas, éd. E. Walberg, 801); 2. fin xiies. « garantir; promettre; se porter garant de » (Béroul, Tristan, éd. E. Muret, 690: Du mesage ot Tristan parler, Au roi respont de lui porter); ca 1200 respondre de aucun (Guiot de Provins, Bible, 833 ds Œuvres, éd. J. Orr, p. 35); ca 1223 part. prés. subst. « garant » (Gautier de Coinci, Miracles, éd. V. Fr. Koenig, 2 Mir 18, 127: Plege ne respondant n'aroye); 3. 1580 réfl. se respondre de « avoir la certitude [de quelque chose] » (Montaigne, Essais, II, XII, éd. P. Villey et V. L. Saulnier, p. 502); id. se respondre que « id. » (Id., ibid., I, 31, p. 203); de là 4. 1636 respondre que « affirmer hautement que » (Monet, p. 761b). Du lat. vulg. respondĕre (fin ives., Peregr. Aetheriae, 24, 1: responduntur, d'apr. Vään., § 314), class. respondēre [à l'orig. terme de la lang. relig.: « s'engager en retour; répondre à un engagement solennellement pris », de spondere « promettre solennellement »] « faire une réponse oralement ou par écrit; répliquer, réfuter; répondre à un son, répéter, retentir; répondre à un appel, une citation de justice [notamment pour se justifier] (à basse époque « répondre pour quelqu'un, le défendre » Itala, Romains ds Blaise Lat. chrét.); « donner en retour, rendre l'équivalent; répondre à l'attente, aux efforts; être l'équivalent, conforme; cadrer avec, faire le pendant à ». Fréq. abs. littér.: 42 343. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 59 202, b) 79 090; xxes.: a) 61 766, b) 50 034. Bbg. Lanly (A.). Morphol. hist. des verbes fr. Paris, 1977, pp. 203-204. − Quem. DDL t. 21.

Wiktionnaire

Verbe - français

répondre \ʁe.pɔ̃dʁ\ transitif ou intransitif 3e groupe (voir la conjugaison)

  1. Donner une réponse à ce qui a été dit ou demandé.
    • L’incrédulité de Bert était ébranlée. Il posait des questions, et le soldat y répondait complaisamment. — (H. G. Wells, La Guerre dans les airs, 1908, traduction d’Henry-D. Davray et B. Kozakiewicz, Mercure de France, Paris, 1910, page 24 de l’édition de 1921)
    • On me prête là, répondait Moreau, un projet ridicule, celui de me servir des royalistes pour devenir dictateur, […]. — (Adolphe Thiers, Histoire du Consulat et de l’Empire, vol. 8, 1845, p. 144)
    • L'année dernière un de ses anciens camarades de Polytechnique, administrateur-délégué des Assurances Nationales, qu'il a rencontré au bal des Antiques, lui a proposé la direction d'un bureau d’actuaires ; il n’a répondu ni oui ni non, sait-on jamais ? — (André Billy, Quel homme es-tu?, Éditions Ernest Flammarion, 1936, p. 223)
    • Le Père Directeur, qui était venu me rejoindre dans mon bureau de l’hôpital , ne me répondit rien et continua à tirer silencieusement sur son long fume-cigare. — (Albert Gervais, Æsculape dans la Chine en révolte, Gallimard, 1953, p. 31)
    • Un signe amical, un bonsoir de la main répondaient toujours à leur regard et à leur sourire. — (Auguste de Villiers de L'Isle-Adam, Les Demoiselles de Bienfilâtre, dans les Contes cruels, 1883, éd. J. Corti, 1954, vol. 1, p. 6)
    • Où est Rosinha, demanda-t-il. Et Mathilde répondit : elle est allée se changer, elle était sale comme un cochon et avait grand besoin d'un bon bain. — (Valter Hugo Mãe, Le fils de mille hommes, traduit du portugais par Danielle Schramm, Éditions Anne-Marie Métailié, 2016)
    • Répondre la messe, Prononcer à haute voix les paroles contenues au missel et que doit dire celui qui sert la messe.
  2. (Droit) Mettre son ordonnance au bas d’une requête, d'une pétition, d'un placet etc., en parlant d'un juge.
    • La pétition n’a pas encore été répondue.
  3. Répliquer ; rétorquer.
    • C’est le dimanche du carnaval. […] ; les jeunes aspergent les femmes de parfum. Elles répondent à coup de petites boules en celluloïd. — (Albert Londres, L’Homme qui s’évada, Les éditions de France, 1928, p. 163)
    • « Ohabolana » est un mot couramment traduit en français par «proverbe ». Un « ohabolana » français nous assure que « la plus belle fille du monde ne peut donner que ce qu’elle a », à quoi Valéry répondit pince-sans-rire : « Mieux vaut souvent qu’elle le garde ! », […]. — (Bakoly Domenichini-Ramiaramanana, Du ohabolana au hainteny : langue, littérature et politique à Madagascar, Karthala éditions/CRA, 1983, page 18)
    • Faut que tu te lèves, que tu te tapes le R.E.R., que tu répondes pas quand le patron te donne des ordres pour taffer un truc de merde. Trop relou. — (Rodophe Bléger, Aux larmes sauvageons !, Éditions Erinnyes, 2012, page 24)
  4. Renvoyer ou répéter les sons ou les paroles.
    • Les échos répondirent seuls à ses cris.
  5. (Musique) Chanter ou jouer alternativement.
    • Vous entendez les hautbois ? Ils jouent le prélude de Lohengrin et se répondent d'une tour à l'autre de mon château. — (Thierry Debroux, Le Roi Lune : théâtre, créée au Théâtre du Méridien de Bruxelles le 26 avril 2005, Éditions Lansman, 2005, p. 47)
    • La sonnerie répond, la sonnette répond dans telle pièce, On l’entend dans telle pièce.
    • La douleur lui répond à la tête, au genou, etc., Il éprouve en telle partie du corps une douleur qui se fait sentir par communication à la tête, au genou, etc.
  6. (Figuré) S’entendre ; être unis par une étroite sympathie.
    • Nos cœurs se répondent.
  7. (Manège) Obéir aux sollicitations du cavalier, en parlant d'un cheval.
    • Ce cheval répond parfaitement.
  8. (En particulier) Alléguer des excuses, des prétextes, au lieu de reconnaître son tort ; raisonner, répliquer, au lieu d’obéir promptement.
    • Je ne veux point d’un valet qui répond. — Faites ce qu’il commande et ne répondez point.
  9. Parler à ceux qui appellent, à ceux qui frappent à la porte, qui se présentent.
    • On vous appelle ; que ne répondez-vous ?
    • J’ai beau frapper à la porte, personne ne me répond, ne répond.
  10. Se rendre ; aller.
    • Répondre à un appel, à une citation, à une assignation.
  11. Écrire à quelqu’un de qui l’on a reçu une lettre.
    • Il répond à toutes les lettres qu’il reçoit.
    • Je lui ai écrit deux fois, il ne m’a pas répondu.
    • On a beau lui écrire, il ne répond pas.
    • Il m’a répondu une longue lettre.
  12. Parler ou écrire pour réfuter.
    • Quant à la question de savoir si dans le développement d’une rationalité politique gésirait une forme de totalitarisme, Foucault répond à Maurice Agulhon point par point. — (Maria Bonnafous-Boucher, Le Libéralisme dans la pensée de Michel Foucault : un libéralisme sans liberté, L’Harmattan, 2004, page 33)
    • Cet avocat n’a point encore répondu au plaidoyer de la partie adverse.
    • Le délai accordé au défendeur pour répondre.
    • Il n’est pas facile de répondre à cela.
    • Il a répondu à toutes les objections qu’on lui a faites.
    • Il ne répond à aucune des critiques qu’on fait de ses ouvrages.
  13. Soutenir une thèse ; subir un examen.
    • Ce candidat a bien répondu.
  14. Faire de son côté ce qu’on doit ; offrir la réciproque ; payer de retour.
    • L'Allemagne a donné à la Tchéquie des sciences, des beaux-arts et l'industrie, et la Tchéquie a noblement répondu à ce magnifique cadeau, en produisant le hussitisme, cet immortel précurseur de Martin Luther. — (Hermann Ewerbeck, L'Allemagne et les Allemands, Paris : chez Garnier frères, 1851, p. 630)
    • Il n’a pas répondu aux avances que je lui avais faites.
    • Je répondrai à votre confiance. On dit dans un sens analogue : Répondre aux politesses, aux caresses de quelqu’un.
  15. Témoigner qu’on éprouve, de manière réciproque, le même sentiment.
    • « J’ai échoué dans mon désir de lui rendre la fortune, je n’ai donc plus le droit de lui demander qu’elle réponde au sentiment qu’elle m’inspire ; mais je l’aime toujours et rien de ce qui l’affecte ne m’est étranger. — (Maurice Dekobra, La Madone des sleepings, 1925, réédition Le Livre de Poche, page 239)
    • Répondre au salut de quelqu’un, le lui rendre.
    • On dit dans le même sens :
    • Les vaisseaux saluèrent le fort, qui répondit par tant de coups de canon.
  16. Être en rapport de symétrie, de proportion, de correspondance.
    • Il suivit d’abord une longue allée, sur laquelle répondait la porte du jardin par où Angélique avait été enlevée […] — (Paul Scarron, Le Roman comique, part. 2, chap. 1er, édition Didot jeune, an IV (1796), p. 3)
    • Impatient de l’entendre parler, il souhaitait que son éducation et son esprit répondissent à une figure si séduisante. — (Marie-Jeanne Riccoboni, Histoire d’Ernestine, 1762, édition Œuvres complètes de Mme Riccoboni, tome I, Foucault, 1818)
  17. Être égal, conforme à, s’accorder avec, satisfaire à.
    • Si l’on prend comme exemple l’approvisionnement alimentaire, on entend par autosuffisance une complète indépendance à l’égard des importations pour répondre aux besoins alimentaires d’une collectivité ou d’une ville, un objectif difficilement atteignable même en vertu du scénario le plus optimiste. — (Luc J. A. Mougeot, Cultiver de meilleures villes : agriculture urbaine et développement durable, 2006, p. 96)
    • Ce projet ne répondait nullement aux inquiétudes et aux plaintes que Garnier avait exprimées. — (Amable Guillaume Prosper Brugière de Barante, Histoire de la Convention nationale, vol. 5, 1853, p. 91)
    • La seconde partie de ce discours ne répond pas à la première.
    • Il a beaucoup de zèle, mais ses forces n’y répondent pas.
    • Ce plan ne répond pas à mes vues.
    • Cet ouvrage ne répond pas à l’idée qu’on avait de l’auteur.
    • Je ne trouve pas d’expression qui réponde bien à ma pensée.
    • Tout répond à nos vœux, à nos désirs, à nos espérances.
    • Le succès ne répondit pas à son attente, à ses efforts.
    • Il n’a pas répondu à l’attente publique.
    • Il a mal répondu à mon attente.
    • On avait conçu de lui de grandes espérances, mais il n’y a pas répondu.
  18. Être caution, être garant pour quelqu’un.
    • Répondre pour quelqu’un.
    • Je ne suis pas en peine de la somme qui m’est due, car un tel m’en a répondu.
    • (Proverbial), Qui répond, paie.
  19. Être caution, être garant de quelqu’un, de quelque chose qui a été commis à notre garde et que nous sommes tenus de représenter.
    • Répondre d’un prisonnier.
    • Ce prisonnier est confié à votre garde : vous en répondez.
    • Il a reconnu qu’il était dépositaire de ces meubles, il doit en répondre.
  20. (Simplement) Se porter garant de quelqu’un, de quelque chose ; en être responsable ; donner quelque assurance.
    • Me répondez- vous de cet homme-là? — Je ne vous réponds que de moi. — Vous me répondez de lui.
    • Le médecin répond de sa vie, de sa guérison. — Qui pourrait répondre de l’événement ?
    • Il y a des femmes, à ce qu’on dit, qui peuvent répondre d’elles. Je vous ai averti que je n’étais pas comme elles, et que je ne répondais pas de moi. — (Anatole France, Le Lys rouge, 1894, réédition Le Livre de Poche, page 228)
    • Le chevalier de Capestang ne révélera rien ! dit Giselle. Sur ma tête, je réponds de lui ! — (Michel Zévaco, Le Capitan, 1906, Arthème Fayard, collection « Le Livre populaire » no 31, 1907)
    • Je ne vous réponds pas qu'il sera le plus habile, repartit Zadig, mais je vous assure que ce sera indubitablement le plus honnête homme. — (Voltaire, Zadig ou la Destinée, XX, La Danse', 1748)
    • Je vous en réponds se dit familièrement pour affirmer davantage une chose.
    • Il se trouve fort embarrassé, je vous en réponds.
    • Je pris un des chenets de la cheminée et je courus sur elle… Je te réponds qu’elle a déguerpi… — (Alphonse Daudet, Le petit Chose, 1868, réédition Le Livre de Poche, page 227)
  21. (Figuré) Répondre au nom de, répondre à l’appellation de, avoir pour nom.
    • L'autre, sec, noueux, noiraud, correct à la façon d'un danseur salarié, répondait à l’appellation du « Mondain ». — (Francis Carco, Messieurs les vrais de vrai, Les Éditions de France, Paris, 1927)
    • Dans le hall d’accueil, Florence a scruté la foule du regard dans l’espoir d'y trouver notre guide ; une jeune femme qui répondait du nom de Laïla Idrissi […] — (Arnaud Papin, Sans mobile apparent, Éditions Ex Aequo, 2011, p. 51)
  22. (Informatique) Réagir aux commandes de l'utilisateur.
    • Ce programme ne répond pas.
  23. Faire des objections à quelqu'un, contester ses ordres.
    • Un enfant qui répond à ses parents. — (http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/r%C3%A9pondre/68435)
    • Je lui répondais, elle exigeait des excuses ; sûr d’être soutenu, je refusais d’en faire. — (Jean-Paul Sartre, Les mots, 1964, collection Folio, page 32)
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

RÉPONDRE. (Je réponds; nous répondons. Je répondais. Je répondis. J'ai répondu. Je répondrai. Je répondrais. Que je réponde. Que je répondisse. Répondant.) v. tr.
Faire une réponse à ce qui a été dit ou demandé. Il ne me répondit que deux mots. S'il vous demande telle chose, que lui répondrez-vous? Il ne lui répondit rien. Il ne sut que répondre. À cela je réponds que... Répondre une requête se dit du Juge qui met son ordonnance au bas d'une requête. On dit de même : Répondre une pétition, un placet. La pétition n'a pas encore été répondue. Répondre la messe, Prononcer à haute voix les paroles contenues au missel et que doit dire celui qui sert la messe.

RÉPONDRE est aussi verbe intransitif. Répondre à propos, sur-le-champ. Répondre verbalement, de vive voix, par écrit. Répondre avec politesse. Répondre avec précision. Répondre nettement. Répondre vaguement. Répondre d'une manière évasive. Je lui ai répondu sur toutes les choses qu'il m'a demandées. Il a répondu à toutes les questions qu'on lui a faites. Quand on est assigné en justice, il faut répondre. Hésiter à répondre. Répondre par des injures. Elle ne répondit à ses reproches que par des larmes. Vous ne répondez point, ce n'est pas répondre, Vous ne répondez pas d'une façon précise. On dit familièrement dans le même sens : Répondre en Normand. L'écho répond, Il répète les sons, les paroles. Les échos répondirent seuls à ses cris. Des chœurs de musique qui se répondent, Qui chantent alternativement. La sonnerie répond, la sonnette répond dans telle pièce, On l'entend dans telle pièce. La douleur lui répond à la tête, au genou, etc., Il éprouve en telle partie du corps une douleur qui se fait sentir par communication à la tête, au genou, etc. Fig., Nos cœurs se répondent, Ils s'entendent, ils sont unis par une étroite sympathie. En termes de Manège, Ce cheval répond parfaitement, Il sent les appels du cavalier et leur obéit.

RÉPONDRE signifie particulièrement Alléguer des excuses, des prétextes, au lieu de reconnaître son tort; Raisonner, répliquer, au lieu d'obéir promptement. Je ne veux point d'un valet qui répond. Faites ce qu'il commande et ne répondez point. Vous répondez, je crois. Il signifie aussi Parler à ceux qui appellent, à ceux qui frappent à la porte, qui se présentent. On vous appelle; que ne répondez-vous? J'ai beau frapper à la porte, personne ne me répond, ne répond. Répondre à un appel, à une citation, à une assignation, S'y rendre.

RÉPONDRE signifie encore Écrire à quelqu'un de qui l'on a reçu une lettre. Il répond à toutes les lettres qu'il reçoit. Je lui ai écrit deux fois, il ne m'a pas répondu. On a beau lui écrire, il ne répond pas. Transitivement, Il m'a répondu une longue lettre. Il signifie en outre Parler ou écrire pour réfuter. Cet avocat n'a point encore répondu au plaidoyer de la partie adverse. Le délai accordé au défendeur pour répondre. Il n'est pas facile de répondre à cela. Il a répondu à toutes les objections qu'on lui a faites. Il ne répond à aucune des critiques qu'on fait de ses ouvrages. Il signifie également Soutenir une thèse, subir un examen. Ce candidat a bien répondu. Il signifie encore Faire de son côté ce qu'on doit, payer de retour. On lui a témoigné beaucoup de sympathie, mais il n'y a pas répondu. C'est mal répondre à tout ce qu'on a fait pour vous. Il n'a pas répondu aux avances que je lui avais faites. Je répondrai à votre confiance. On dit dans un sens analogue : Répondre aux politesses, aux caresses de quelqu'un. Répondre à l'amour, à l'amitié, à l'affection de quelqu'un, Témoigner qu'on éprouve pour lui le même sentiment. Répondre au salut de quelqu'un, Le lui rendre. On dit dans le même sens : Les vaisseaux saluèrent le fort, qui répondit par tant de coups de canon.

RÉPONDRE se dit souvent des Choses entre lesquelles il y a rapport, symétrie, proportion, correspondance. Ce pavillon répond à cet autre. L'aile droite de ce bâtiment ne répond pas à l'autre aile. Ces allées se répondent. Les pôles célestes sont les deux points du ciel qui répondent aux pôles terrestres. Toutes les portes de cet appartement se répondent, Elles sont vis-à-vis les unes des autres.

RÉPONDRE signifie aussi Être égal, conforme à, s'accorder avec, satisfaire à. La seconde partie de ce discours ne répond pas à la première. Le style de cet ouvrage répond à la grandeur du sujet. Pensez-vous que la suite réponde à ces heureux commencements? Il a beaucoup de zèle, mais ses forces n'y répondent pas. Ce plan ne répond pas à mes vues. Cet ouvrage ne répond pas à l'idée qu'on avait de l'auteur. Je ne trouve pas d'expression qui réponde bien à ma pensée. Tout répond à nos vœux, à nos désirs, à nos espérances. Le succès ne répondit pas à son attente, à ses efforts. Il s'emploie également en ce sens en parlant des Personnes. Il n'a pas répondu à l'attente publique. Il a mal répondu à mon attente. On avait conçu de lui de grandes espérances, mais il n'y a pas répondu. Il signifie aussi Être caution, être garant pour quelqu'un. Répondre pour quelqu'un. Je ne suis pas en peine de la somme qui m'est due, car un tel m'en a répondu. Prov., Qui répond, paie. Il signifie également Être caution, être garant de quelqu'un, de quelque chose qui a été commis à notre garde et que nous sommes tenus de représenter. Répondre d'un prisonnier. Ce prisonnier est confié à votre garde : vous en répondez. Il a reconnu qu'il était dépositaire de ces meubles, il doit en répondre. Il signifie aussi simplement Se porter garant de quelqu'un, de quelque chose, en être responsable; donner quelque assurance. Me répondez-vous de cet homme-là? Je ne vous réponds que de moi. Vous me répondez de lui. Le médecin répond de sa vie, de sa guérison. Qui pourrait répondre de l'événement? Je n'oserais en répondre. Je ne vous réponds de rien. Je réponds de tout. Je ne vous réponds pas de ce que je ferai. Je vous réponds de l'amener. Je vous réponds qu'il partira. Je vous réponds bien que je ne m'en mêlerai pas. Je vous en réponds se dit familièrement pour Affirmer davantage une chose. Il se trouve fort embarrassé, je vous en réponds.

Littré (1872-1877)

RÉPONDRE (ré-pon-dr'), je réponds, tu réponds, il répond ; je répondais ; je répondis ; je répondrai ; je répondrais ; réponds, répondons ; que je réponde, que nous répondions ; que je répondisse ; répondant ; répondu v. a.
  • 1Faire une réponse à ce qui a été dit, écrit ou damandé. Il ne répondit que deux mots. Vous m'écriviez des folies, et je vous en répondais, Sévigné, à Bussy, 9 juin 1669. Est-ce vous, comte, qui n'avez point aimé ma dernière lettre ? est-ce vous qui m'y avez répondu ce que voilà ? Sévigné, ib. 9 juin 1669. Il [Lamoignon] répondit à ceux qui le priaient de se ménager, que sa santé et sa vie étaient au public et non à lui, Fléchier, Lamoignon.

    Répondre un mémoire, une lettre, y faire réponse. Le mémoire [de Stairs] fut répondu de manière qu'on en fut content en Angleterre, Saint-Simon, 438, 112. L'éloignement du bureau de la poste me force toujours de mettre un grand intervalle entre les lettres que je reçois et celles que je réponds, Voltaire, Lett. Damilaville, 11 déc. 1767. J'ai continuellement un grand nombre de lettres à répondre, Rousseau, Lett. à Mme Latour, 25 déc. 1763.

    Impersonnellement, au passif. Il a été répondu que, ce lieu [Nimègue] ayant été accepté par toutes les parties, on n'en pouvait nommer un autre, Pellisson, Lett. hist. t. II, p. 429.

    Répondre une requête, se dit du juge qui met son ordonnance au bas d'une requête.

    Répondre une pétition, un placet, écrire ou faire mettre au bas sa résolution, sa décision sur l'objet dont il s'agit.

    Réfuter. Les difficultés de la synagogue y sont exposées et répondues avec force et clarté, L'Abbé Houteville, dans DESFONTAINES.

  • 2Répondre la messe, prononcer à haute voix les paroles contenues au missel, et que doit dire celui qui sert la messe. J'allais et venais pour eux, et c'était moi qui répondais leurs messes, Lesage, Gil Blas, X, 10.
  • 3 V. n. Faire une réponse. Répondre à propos, sur-le-champ. Songez à répondre résolûment sur tout ce qu'il vous pourra dire, Molière, Scapin, I, 4. Il emprunta la voix de son confesseur pour en demander [de ses fautes] pardon au monde, à ses domestiques et à ses amis ; on lui répondit par des sanglots ; ah ! répondez-lui maintenant en profitant de cet exemple, Bossuet, Louis de Bourbon. Il écoutait avec patience et répondait avec douceur, Fléchier, Lamoignon. Je ne vous répondrai qu'en vous obéissant, Racine, Mithr. II, 4. Pourquoi vous pressez-vous de répondre pour lui ? Racine, Ath. II, 7.

    Fig. L'état où vous me voyez, lui dis-je, répond pour moi : je rachèterais votre vie de la mienne propre, Mme de Tencin, Œuv. t. V, p. 203, dans POUGENS.

    Répondre à ses pensées, faire une réponse non à ce qui est dit, mais à ce qu'on pense soi-même. Ils répondaient à leurs pensées, plutôt qu'à ce qu'on leur disait ; ce qui ne manque presque jamais en ceux qui savent qu'on peut leur reprocher quelque chose avec justice, Retz, Mém. t. I, liv. II, p. 440, dans POUGENS.

    Familièrement. Répondre ad rem, répondre précisément à la question proposée.

    Vous ne répondez point, ce n'est pas répondre, votre réponse est embarrassée.

    Répondre en Normand, ne répondre ni oui ni non. Ne soyez à la cour, si vous voulez y plaire, Ni fade adulateur, ni parleur trop sincère, Et tâchez quelquefois de répondre en Normand, La Fontaine, Fabl. VII, 7.

  • 4 Terme de marine. Un bâtiment répond aux signaux qu'on lui adresse, par d'autres signaux de convention, qui indiquent qu'il les a aperçus.

    Le timonier répond qu'il a compris les commandements de l'officier de quart, en répétant ces mêmes commandements.

  • 5Parler à ceux qui appellent, à ceux qui frappent à la porte, à ceux qui se présentent. Ce portier est obligé de répondre à une foule de gens. On vous appelle ; que ne répondez-vous ?
  • 6Il se dit de voix, de sons qui répondent l'un â l'autre. Le canon que nous entendions n'était que celui du fort de Knotzenbourg, et peut-être celui de la ville qui répondait, Pellisson, Lett. hist. t. I, p. 205. Si, à Venise, dans une barque, quelqu'un récite une stance de la Jérusalem délivrée, la barque voisine lui répond par la stance suivante, Voltaire, Dict. phil. Épopée.

    Des chœurs de musique qui se répondent, des chœurs qui chantent alternativement. Les rossignols se répondent les uns aux autres, Bossuet, Connaiss. V, 5.

    Fig. Nos cœurs se répondent, ils se comprennent. Les âmes se répondent, Marivaux, Marianne, 3e part. L'étonnement, l'effroi, le plaisir se confondent, Et par un même cri tous les cœurs se répondent, Delille, Trois règ. 1.

  • 7Renvoyer le son. L'écho seul lui répond. L'Olympe en retentit, et les monts lui répondent, Delille, Én XI.
  • 8Raisonner au lieu d'obéir, alléguer des prétextes, des excuses, des récriminations, au lieu de convenir de son tort. Faites ce qu'il commande, et ne répondez point. Voyez comme raisonne et répond la vilaine ! Molière, Éc. des fem. V, 4. Je suis prompt, violent ; et, s'il me répondait, Je ne sais pas, monsieur, ce qu'il arriverait, Ph. Poisson, Procureur arbit. sc. 3. Et vous êtes perdu si vous me répondez, Racine, Mithr. III, 1.
  • 9Subir un examen. Ce candidat a bien répondu. Répondre en philosophie, en droit. C'est aujourd'hui l'acte du pauvre abbé : quelle folie ! on s'en va disputer contre lui, le tourmenter, le pointiller ; il faut qu'il réponde à tout, Sévigné, 128.
  • 10Écrire à une personne de qui l'on a reçu une lettre. Je trouve étrange qu'elle… m'appelle ingrat, de ce que je… ne lui écris point des lettres qu'elle voudrait de bon cœur n'avoir pas reçues, toutes les fois qu'il y faudrait répondre, Voiture, Lett. 56. Je ne sais, mademoiselle, de quelle manière je dois répondre à votre obligeante lettre, après avoir même demeuré assez longtemps sans y avoir répondu, Lett. du duc de Saint-Aignan à Mlle de Scudéry, dans SÉV. t. I, p. 497, édit. RÉGNIER. La dernière lettre que vous m'avez écrite avant celle que je reçus hier de vous, ma belle cousine, était du 20 mai de l'année passée, à quoi je répondis sur-le-champ, du 23 mai… et je réponds aujourd'hui à votre lettre du 6 de ce mois, Bussy-Rabutin, Lett. à Mme de Sévigné, 9 juin 1668, dans SÉV. t. I, p. 501, édit. RÉGNIER.
  • 11Parler ou écrire pour réfuter. Répondre à des objections, à des critiques. Personne sur la terre n'ose entreprendre, ce semble, de répondre aux impies qui attaquent Dieu avec une audace si insensée ; mais Dieu répondra lui-même…, Bossuet, la Vallière. Quoi que je puisse aujourd'hui vous en rapporter [des merveilles de la vie du prince de Condé], toujours prévenu par vos pensées, j'aurais encore à répondre au secret reproche que vous me ferez d'être demeuré beaucoup au-dessous, Bossuet, Louis de Pourbon. Il va nous inonder des torrents de sa plume ; Il faut, pour lui répondre, ouvrir plus d'un volume, Boileau, Lutr. IV. Lorsque sur un défaut ils pensent me confondre, C'est en me guérissant que je sais leur répondre, Boileau, Ép. VII. C'est un argument auquel on n'a jamais répondu, Voltaire, Dial. 27.
  • 12Réaliser les espérances qu'on a fait naître. Il n'a pas répondu à l'attente publique. Si vous répondez par vos vertus à votre haute destinée, Fénelon, Tél. XXII. Si vous ne répondez pas à ce dessein de Dieu sur vous, Massillon, Carême, Aum.
  • 13Payer de retour, faire de son côté ce qu'on doit. C'est mal répondre à tout ce qu'on a fait pour vous. C'est à vous de répondre à son généreux zèle, Corneille, Héracl. II, 6.

    On dit dans un sens analogue : Répondre aux politesses, aux caresses de quelqu'un.

    Répondre à l'affection de quelqu'un, lui témoigner une affection égale à la sienne. La bergère… répondit mal à tant de passion, La Fontaine, Cloch. Cet obligeant amour a de quoi me confondre ; Et j'ai regret, monsieur, de n'y pouvoir répondre, Molière, Femm. sav. V, 1. Et s'il faut qu'à mes feux votre flamme réponde, Molière, Mis. V, 8. Mon cœur est content d'apprendre que vous répondez à cette inclination que j'ai pour vous depuis si longtemps, Sévigné, 8. Cependant le fils se jette à son cou, et est tout étonné que son père réponde si mal à sa tendresse, Fénelon, Tél. V.

    Répondre au salut de quelqu'un, le lui rendre.

    On dit dans le même sens : Les vaisseaux saluèrent le fort, qui répondit par tant de coups de canon.

  • 14Opposer quelque chose comme défense, résistance. Je me résolus de répondre par l'art à l'artifice, Retz, Mém. t. III, liv. IV, p. 442, dans POUGENS.
  • 15Être caution, être garant en justice, être garant pour quelqu'un. Il a répondu de la somme qui m'est due. Ôtez le vêtement à celui qui a répondu pour un inconnu, et emportez des gages de chez fui, parce qu'il s'est obligé pour des étrangers, Sacy, Bible, Prov. de Salom. XX, 16. Télémaque et moi, nous vous offrons à être des otages qui vous répondent de la bonne foi d'Idomenée, Fénelon, Tél. X.

    Être responsable, en parlant de personnes ou d'objets. Mais sachez que vos jours me répondront des siens, Corneille, Héracl. V, 3. Songez que c'est pour moi que vous gouvernerez, Et que je répondrai de ce que vous ferez, Corneille, Cinna, II, 1. Personne ne répond de mes lettres que moi, et je ne réponds de rien que de mes lettres, Pascal, Prov. XVII. Le fils me répondra des mépris de la mère, Racine, Andr. I, 4. Le seul bien qui puisse répondre à mes nièces des clauses de leurs contrats de mariage, Voltaire, Lett. d'Argental, 18 mars 1770. Personne ne répond de nos articles que nous, et nous ne répondons que de nos articles ; l'Encyclopédie est à cet égard dans le même cas que les recueils de toutes nos académies, D'Alembert, Préf. 3e vol. Encycl. Œuv. t. I, p. 384, dans POUGENS.

    Être garant de quelqu'un, de quelque chose qui a été commis à notre garde, et que nous sommes tenus de représenter. Répondre d'un prisonnier corps pour corps. Et ne dédaigne pas de m'instruire en ta foi, Ou toi-même à ton Dieu tu répondras de moi, Corneille, Poly. V, 2. Vous en répondrez sur votre tête, Fénelon, Télém. III. Cortez, ayant d'un côté mille Espagnols à combattre et le continent à retenir dans la soumission, laissa quatre-vingts hommes pour lui répondre de tout le Mexique, et marcha suivi du reste contre ses compatriotes, Voltaire, Mœurs, 147. Mettre quelqu'un dans un lieu où l'on répondra de lui, le mettre en prison. L'on s'en va vous mettre en lieu où l'on me répondra de vous, Molière, Méd. malgré lui, III, 10.

    On dit dans un sens analogue : Des verrous m'en répondront, je l'enfermerai sous les verrous. Si la chose éclate, un couvent me répondra de vous, mademoiselle, Pont de Vesle, Somnamb. sc. 15.

    Simplement, être garant de quelqu'un, de quelque chose. Il pria Alexandre d'avoir bon courage, et qu'il répondait de sa guérison, Perrot D'Ablancourt, Arrien, II, 3. Dans le mouvement où seraient les esprits au retour des députés, nous ne pourrions pas répondre d'un quart d'heure à l'autre, Retz, Mém. t. I, liv. II, p. 453, dans POUGENS. Je réponds d'une paix jurée entre mes mains, Racine, Brit. V, 3. Je réponds de sou obéissance, Racine, Bér. III, 1. Non, ce n'est plus à vous qu'il faut que j'en réponde [de Néron], Ce n'est plus votre fils, c'est le maître du monde, Racine, Brit. I, 2. Il répondit de ma conduite sur la bienséance, Hamilton, Gramm. III. Nous avons, grand héros, deux desseins différents, Vous de vaincre vingt rois, et moi vingt concurrents ; Mais l'un de ces desseins est mieux conduit que l'autre ; Que cependant tout irait bien, Si vous me répondiez du mien Comme je vous réponds du vôtre ! Sanlecque, demandant un bénéfice à Louis XIV, dans RICHELET. Je ne vous réponds que de ma sensibilité pour vos bontés, Voltaire, Lett. d'Argental, 15 juin 1755. Au point du jour, le médecin répondit de sa vie, Genlis, Veillées du château t. II, p. 119, dans POUGENS. Eh ! calmez vos frayeurs ; je vous réponds de tout, Collin D'Harleville, Vieill. et jeunes gens, III, 8. On vous répondait de moi ; je vous réponds de lui ; que pouvez - vous exiger de plus ? Picard, Voy. interrompu, II, 11. Ne répondez plus de personne, Je veux devenir courtisan, Béranger, Hab. de cour.

    Répondre de soi, avoir confiance qu'on ne faillira pas. Répondez-moi de vous, et je vous réponds d'elle, Corneille, Héracl. II, 2. …Réponds-moi d'elle, et je réponds de moi, Racine, Andr. III, 1. Il y a des temps où l'on ne peut répondre de soi, Voltaire, Lett. Argental, 16 sept. 1769. Je réponds de moi, disait-il, jusqu'à un million ; ceux qui le connaissaient auraient bien répondu de lui par de là, D'Alembert, Éloges. Terrasson.

    Il se dit, dans un sens analogue, des choses qui servent de garant. Je le prie de me mander l'estime que je dois avoir de M. de Revel ; il me semble que je suis fort décidée sur celle du marquis : il a une application et une envie de bien faire qui nous en répondent, Sévigné, 575. La Judée asservie et ses remparts fumants… Me répondaient assez que votre grand courage Ne voudrait pas, seigneur, détruire votre ouvrage, Racine, Bérén. II, 2. L'intérêt que je dois prendre à cette affaire ne vous répond que trop de la vérité de mon rapport, Lesage, Gil Blas, X, 10.

    Se répondre, se donner à soi-même assurance, certitude. Si vous voulez vous répondre des événements, et si vous ne pouvez être satisfait que lorsque tout ce qui se pourrait souhaiter vous arrive, vous faites, sans mentir, la guerre à de fâcheuses conditions, Voltaire, Lett. 89. Toute vive qu'elle est [la ferveur] ou qu'elle paraît, je ne saurais me répondre de ma persévérance, Bourdaloue, Pensées, t. II, p. 457. Ce grand ministre [Richelieu]… se répondit moins de l'éternelle durée de son nom pour avoir exécuté avec des succès presque incroyables les ordres reçus de Louis le Juste, que pour avoir établi la célèbre compagnie dont vous soutenez l'honneur avec tant d'éclat, Th. Corneille, Disc. de récep. à l'Acad. Vous, ma chère sœur, que la main du Seigneur conduit dans le lieu saint, vous pouvez avec confiance vous répondre de sa protection et de ses grâces, Massillon, Profess. relig. Serm. 1. Je n'osais me répondre de moi, dans un cas où je n'avais pas ma propre expérience pour garant, Staal, Mém. t. II, p. 116.

    Répondre que, affirmer que, avec une idée de responsabilité. Je vous réponds qu'il partira. J'ose te répondre Qu'il n'est pas condamné, puisqu'on veut le confondre, Racine, Baj. IV, 7. J'ai d'excellent vin de Malaga et de Canarie ; mais je vous réponds que je ne l'enverrai pas à mon évêque, Voltaire, Disc. phil. Scoliaste. S'il est vrai que je sache un secret, je puis vous répondre qu'il ne me regarde point, Genlis, Théât. d'éduc. la Curieuse, I, 1.

    Je ne réponds pas que, je n'assure pas que. Je ne te réponds pas qu'au retour [de l'Opéra], moins timide, Digne écolière enfin d'Angélique et d'Armide, Elle n'aille… Avec quelque Médor pratiquer ces leçons, Boileau, Sat. X. Et je ne réponds pas… Que le sénat, chargé des vœux de tout l'empire, Ne vous redise ici ce que je viens de dire, Racine, Bér. II, 2.

    Par menace, je ne réponds pas de, tant pis pour ce qui arrivera de. Je cède aux mouvements d'une juste colère, Et je ne réponds pas de ce que je puis faire, Molière, Mis. IV, 3.

    Je vous en réponds, se dit familièrement pour affirmer davantage une chose. Il disait du mal du mari et de la femme ; mais du mal… je vous en réponds, Goldoni, Bourru bienf. I, 13.

    Je vous en réponds, je t'en réponds, se dit quelquefois familièrement et ironiquement, pour exprimer qu'on n'ajoute pas foi à une chose que l'on entend dire.

  • 16Aboutir en quelque endroit. Ma galère est au port toute prête à partir ; Le palais y répond par la porte secrète, Corneille, Nicom. V, 5. Entretenir ce soir cet amant sous mon nom Par la petite rue où ma chambre répond, Molière, École des maris, III, 2. Le nerf qui répondait au pied et à la jambe, Bossuet, Conn. III, 6.

    Le bruit répond en tel endroit, il s'étend jusque-là, il y retentit.

    On dit en ce sens : La sonnette répond dans cette pièce, dans ces deux chambres.

  • 17Se faire sentir par une communication. Il s'est blessé au pied, et la douleur lui répond au genou.
  • 18Correspondre d'une manière symétrique, avec proportion. L'aile droite de ce bâtiment ne répond pas à l'autre.

    Se répondre, être en symétrie, en conformité. Ces deux pavillons se répondent très bien.

    Fig. Ce sont deux actes [la demande à Dieu et l'action de grâce] qui se répondent l'un à l'autre, Bossuet, Ét. d'orais. IV, 12.

    Répondre se dit d'objets qui sont placés vis-à-vis les uns des autres. À l'épaisseur d'un fil de soie sur cet instrument [lunette], il répond dans le ciel des millions de lieues, Fontenelle, Cassini. Dans les mesures astronomiques prises sur la terre, deux lignes répondent à des espaces immenses dans le ciel, Voltaire, Dict. phil. Économie. De là vient [de la précession] que le soleil, au lieu d'être dans la partie du ciel où était le Bélier du temps d'Hipparque, se trouve répondre à cette partie du ciel où sont les Poissons, Voltaire, Dict. phil. Newton et Desc. En réfléchissant sur la forme des collines dont les angles saillants répondent toujours aux angles rentrants des collines opposées, Buffon, Hist. nat. Preuv. théor. terr. Œuv. t. IV, p. 412. Comme les oscillations de l'air finiraient en fort peu de temps, si le soleil répondait toujours au même endroit de la terre…, D'Alembert, Caus. gén. des vents, Œuv. t. XIV, p. 22, dans POUGENS.

    Être le représentant, l'équivalent d'une chose. L'âge où Racine produisit Athalie répond précisément à l'âge où Corneille produisit Œdipe, D'Olivet, Hist. Acad. t. II, p. 385, dans POUGENS. Démosthène, réfugié dans l'île de Calaurie, est forcé de se donner la mort, le 16 pyanepsion, qui répondait au 12 novembre, selon le cycle de Callippe, et d'après l'ordre des mois attiques, 322 ans avant J. C. Barthélemy, Anach. t. VIII, Table 1.

  • 19Être égal, s'accorder avec. Ma générosité doit répondre à la tienne, Corneille, Cid, III, 4. C'est une croyance assez générale que cette pièce pourrait passer pour la plus belle des miennes, si les derniers actes répondaient aux premiers, Corneille, Hor. Examen. Encor que le pouvoir au désir ne réponde, Nos hôtes agréeront les soins qui leur sont dus, La Fontaine, Phil. et Bauc. Je ne sais, ajouta-t-il, s'il y a dans une langue un mot qui réponde parfaitement à un mot d'une autre langue, Opusc. lang. franç. p. 316, dans POUGENS. Mon crédit ne répond pas à mes bonnes intentions, Sévigné, 128. Voyons si les effets répondront aux paroles, Th. Corneille, Berger extrav. II, 5. Les succès ne répondaient pas à son attente, Bossuet, Hist. I, 11. Le reste répondait à cette magnificence, Bossuet, ib. II, 4. Ce qui n'est pas éternel ne répond ni à la majesté d'un Dieu éternel, ni aux espérances de l'homme, à qui il a fait connaître son éternité, Bossuet, ib. II, 6. Il faut que chaque chose y soit mise en son lieu, Que le début, la fin répondent au milieu, Boileau, Art p. I. Ils [Annibal, Philopémen et Scipion] terminèrent tous trois leur vie hors de leur patrie par un genre de mort qui répondait peu à la gloire de leurs actions, Rollin, Hist. anc. Œuv. t. I, p. 503, dans POUGENS. Il est certain que sa fortune ne répondait pas à sa naissance, Mme de Caylus, Souvenirs, p. 184, dans POUGENS. Je vois que vos sentiments répondent à votre physionomie, Marivaux, Pays. parv. 2e part. Il s'en faut bien que le plumage de cet oiseau [le rossignol] réponde à son ramage, Buffon, Ois. t. IX, p. 159. L'effet répond ici parfaitement à la cause, Buffon, Hist. anim. X. Au discours de Vénus jusqu'ici tout répond, Delille, Én. I.
  • 20 Terme de manége. Répondre aux aides, être sensible aux appels du cavalier et y obéir.
  • 21Se dit de l'état de la graine des vers à soie, lorsque les premiers vers commencent à paraître Cette graine répond.
  • 22 Terme de pratique vieilli. Se répondre, v. réfl. Pouvoir être répondu, être susceptible de réponse.

PROVERBES

Qui répond paye, on fait payer les cautions, les répondants.

Il ressemble le prêtre Martin, il chante et il répond, se dit quand un homme exécute lui-même ce qu'il a proposé.

HISTORIQUE

XIe s. N'i ad paien ki un sul mot respundet, Ch. de Rol. II. Granz trente liwes l'oïrent il respundre [le cor de Rolant], ib. CXXXI. [Du bruit] Sunent li munt e respondent li val, ib. CLIV.

XIIe s. Et respont l'empereres : jel vous pri doucement, Sax. XX.

XIIIe s. Et l'ame, que deviendra quoi ? Chascun respondera pour soi ; Prisié n'i seront avocat, Ne plus que la queue d'un chat, Les vers du monde. L'avoir n'est preus fors por despendre : Ce ne sevent il pas entendre, Ains vuelent tuit à ce respondre, Qu'avoir n'est preus fors por repondre [cacher], la Rose, 5186. Bel-Acueil ne sot que respondre, ib. 3564. Si semble il par fois que tu veuilles Que je te responde folie, ib. 7031. Car quant plus chascun [Néron] apela, Chascuns plus s'enclost et cela ; Ne nus [nul] ne li volt mot respondre, ib. 6458. Por ce que ses peres ou si devancier les aroient mal aquises, il convenroit qu'il en respondit por tant qu'il en seroit venu à li, Beaumanoir, VII, 8. Si commença, mais, se la fins Respondist au commencement, Dex li falist son argument, Gui de Cambrai, Barl. et Jos. p. 1.

XIVe s. Par le dit procureur, deuement conseillé seur les choses dessus dites, respondi [répondu] fut, Ordonn. des rois, t. II, p. 209. Quant respondre me convenoit, Ce qu'à la bouche me venoit, En aventure responnoie, Ovide, Descarte, ms. St-Germ. f° 96, dans LACURNE.

XVe s. Aucuns esbats qui estoyent devant la porte du chastel, et qui respondoient à la maison, Froissart, I, I, 50. Repondit l'evesque : Nous aurons conseil de vous repondre, et vous en serez repondus le matin, Froissart, II, II, 207.

XVIe s. Qui [ce qui] est souvent, et j'en repons, Pour les mauvais laisser les bons, Marot, IV, 195. Si respondant voulez, je le veux bien, Mon cœur respond et se met en ostaige, Marot, VI, 267. Là par la religieuse du temple luy fut respondue ceste prophetie tant renommée…, Amyot, Thés. 4. Le mois que les Aegyptiens appellent pharmuti, repond au mois d'avril, Amyot, Rom. 18. Tantost après il montra que les effects respondoient aux paroles du serment, Amyot, Publ. 3. Crassus le delivra en respondant pour luy de la somme de huit cents trente talents, Amyot, Crassus, 12. Qui respond paye, Amyot, Mauv. honte, 5. Comment respondre des pensées de personnes incogneues ? Montaigne, I, 103. Il n'a recueilly aulcuns fruicts respondants à une si exquise culture, Montaigne, I, 195. Je ne sçais si je me puis respondre, que il ne se face pas à l'advenir quelque aultre descouverte, Montaigne, I, 230. Faire respondre sa vie à sa doctrine, Montaigne, III, 126. Ils se precipiterent en la mer par une fenestre dè leur logis qui y respondoit, Montaigne, III, 179. Que si en France nous eussions eu un Tite Live, il n'y eust entre les histoires romaines exemple ou vertueux fait auquel n'eussions un respondant, Du Bellay, M. Prologue. Qui mal entend mal respond, Cotgrave

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Étymologie de « répondre »

De l’ancien français respondre (980), du latin populaire *respondĕre, en latin classique respondēre.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Wallon, respond ; provenç. respondre ; catal. respóndrer ; espagn. responder ; ital. respondere ; du lat. respondere, de re, et spondere, promettre (voy. ÉPOUX). Plusieurs peuples romans ont dit respondere ( 2nd e bref), d'où respondre, non peut-être sans confusion avec reponere, qui avait donné repondre.

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Phonétique du mot « répondre »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
répondre repɔ̃dr

Fréquence d'apparition du mot « répondre » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « répondre »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « répondre »

  • .Venu parler musique, le jeune mélomane doit répondre à toutes les questions de l’écrivain qui, dans sa tour d’ivoire, s’interroge sur la situation en Allemagne, sociale, politique, militaire.
    Jérôme Prieur — Proust fantôme
  • Responsable signifie capable de répondre, c'est à dire capable de répondre de la manière dont on choisi de vivre.
    Richard Bach — Illusions
  • Bien écouter, c’est presque répondre.
    Pierre Carlet de Chamblain de Marivaux — Le Paysan parvenu
  • L'ennui avec les interviews, c'est qu'il faut répondre du tac au tac à un journaliste tout ce qu'on n'a pas su se répondre à soi-même toute sa vie.
    Quino — Mafalda
  • Il faut répondre au diable dans la langue du diable.
    Proverbe indien
  • La folie, ce n’est pas de parler aux murs, c’est de les entendre répondre.
    Laurent Houndegla
  • A un sourire on ne peut répondre que par un sourire.
    Anonyme
  • Le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) a déclaré mercredi être confronté à un manque de financement critique pour répondre aux besoins des réfugiés en Ethiopie.
    L'ONU confrontée à un manque de financement critique pour répondre aux besoins des réfugiés en Ethiopie
  • Un imbécile peut demander plus que dix sages ne peuvent répondre.
    Proverbe mongol
  • Je pardonne à qui entend des injures de répondre par des insultes.
    Sophocle — Ajax
Voir toutes les citations du mot « répondre » →

Traductions du mot « répondre »

Langue Traduction
Anglais reply
Espagnol respuesta
Italien rispondere
Allemand antworten
Chinois 回复
Arabe الرد
Portugais resposta
Russe ответить
Japonais 応答
Basque erantzun
Corse risponde
Source : Google Translate API

Antonymes de « répondre »

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Nombre de points du mot répondre au scrabble : 10 points

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