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Naître

Définitions de « naître »

Trésor de la Langue Française informatisé

NAÎTRE, verbe intrans.

Commencer à exister. Anton. mourir.
I. − [Le suj. désigne un être organisé, gén. un être humain] Commencer sa vie, entrer dans le processus biologique propre aux êtres animés. Les sept sphères célestes, dont l'action combinée était censée (...) répandre les germes de vie dans tout ce qui naît ici bas (Dupuis,Orig. cultes, 1796, p.376).Naître, c'est recevoir d'autrui le capital d'une hérédité (Ricoeur,Philos. volonté, 1949, p.408):
1. Chacun de nous naît, vit un temps bref et disparaît à jamais sans laisser de trace; mais qu'importe, puisque de nouveaux hommes naissent, qui vivront, mourront et seront à leur tour remplacés par d'autres? Les individus passent, mais l'espèce dure... Gilson,Espr. philos. médiév., 1931, p.197.
A. − [Le suj. désigne une pers., plus rarement un animal] Venir au monde, sortir de l'organisme maternel. Enfant à naître, né avant terme; chaton qui vient de naître; naître et grandir; naître à telle date, dans tel endroit; n'avoir pas demandé à naître, ne s'être donné que la peine de naître. Ma pensée de ce jour va à notre passé ami et un peu à sa fille, que je revois au moment où elle venait de naître, en sa nudité embryonnaire, devant le feu de cheminée de sa mère (Goncourt,Journal, 1881, p.121).Je suis née à quatre heures du matin, le 9 janvier 1908, dans une chambre aux meubles laqués de blanc (...). Mon père avait trente ans, ma mère vingt et un, et j'étais leur premier enfant (Beauvoir,Mém. j. fille, 1958, p.9):
2. Une jument au pré va toujours faire son poulain vers l'eau, s'il y en a, rivière, ou mare. (...). Il naît enveloppé d'une peau comme d'un sac; il y meurt si l'on ne le délivre. Renard,Journal, 1900, p.582.
Être innocent* comme l'enfant*, comme l'agneau* qui vient de naître. L'acide prussique est donc réhabilité; si vous en doutez, vous n'avez qu'à en boire! Il est aussi innocent que l'agneau qui vient de naître (Reybaud,J. Paturot, 1842, p.317).
Les enfants naissent dans les choux*, dans les roses. Ma cousine Jeanne (...) croyait encore que les enfants naissaient dans les choux (Beauvoir,Mém. j. fille, 1958, p.178).
La légende, le récit, fait naître qqn à tel endroit. La légende, le récit, prétend qu'il est né à cet endroit. Charlemagne, que la légende fait naître chez un meunier, dans la Forêt-Noire (Hugo,Rhin, 1842, p.118).
1. [Naître employé dans différentes constr.]
a) [Naître à la forme impers.] On a constaté qu'il naît chez l'homme et chez les animaux une certaine proportion de mâles et de femelles (Cl. Bernard, Princ. méd. exp., 1878, p.69).Vous savez qu'après les guerres un mystère veut qu'il naisse plus de garçons que de filles, excepté chez les Amazones (Giraudoux,Amphitr., 1929, i, 2, p.29).
b) Naître + compl. d'attribution.Au moment même où je finis ce rude janvier 93, mon fils me naît, me relève aux hautes pensées (Michelet,Journal, 1850, p.111).
c) Naître de + compl., naître + nom propre (indiquant l'origine).Être issu de. Alors dans Besançon, vieille ville espagnole, (...) Naquit d'un sang breton et lorrain à la fois Un enfant sans couleur, sans regard et sans voix (Hugo,Feuilles automne, 1831, p.717).Le hasard (...) a voulu que je naisse Rezeau, sur l'extrême branche d'un arbre généalogique épuisé (H. Bazin,Vipère, 1948, p.19).
En partic., au part. passé (pour indiquer le nom de jeune fille d'une femme mariée). Oriane a une cousine dont la mère, sauf erreur, est née Grandin (Proust,Guermantes 1, 1920, p.231).En 1907, deux dames (...) qui n'étaient autres que la marquise de Belbeuf, née Morny, et notre admirable Colette (Willy), se montrèrent sur la scène d'un music-hall (Fargue,Piéton Paris, 1939, p.180).
d) Naître + adj., subst. ou compl. prép.
[Pour exprimer un état de nature, une caractéristique physique, une situation soc.] Naître aveugle, infirme; naître esclave, prince; naître dans la pauvreté, dans la richesse; les hommes naissent libres et égaux. Le judicieux Quintilien, après avoir distingué l'état natif et brut de l'état perfectionné, cite les animaux qui naissent sauvages et que l'éducation apprivoise (Bonald,Législ. primit., t.2, 1802, p.200).Lyautey enfant ajoutait à sa prière: «Je vous remercie de m'avoir fait naître dans la meilleure catégorie sociale, et français» (Barrès,Cahiers, t.1, 1896, p.5):
3. ... je repassai en moi-même l'histoire de la plupart des jeunes filles que le sort a fait naître dans une basse condition pour servir de jouet à quelques riches de la terre qui s'en arrangent comme d'un beau cheval et s'en défont aussi facilement. Janin,Âne mort, 1829, p.64.
[Pour indiquer qu'une aptitude intellectuelle, morale (bonne ou mauvaise), s'est affirmée très tôt] Naître/être né avare, bon, courageux, lâche, pieux; naître/être né escroc, héros; naître/être né écrivain, musicien. Les créoles naissent avec une bravoure qui les distingue par-tout (Baudry des Loz.,Voy. Louisiane, 1802, p.66).Le paysan naît méfiant, hostile à l'engagement mutuel, avant tout envieux, égoïste. Défauts de ses qualités... (Pesquidoux,Livre raison, 1928, p.226):
4. Entre les hommes, la somme des talents et des capacités est égale, et leur nature similaire: tous, tant que nous sommes, nous naissons poètes, mathématiciens, philosophes, artistes, artisans, laboureurs; mais nous ne naissons pas également tout cela, et, d'un homme à l'autre, dans la société, d'une faculté à une autre faculté dans le même homme, les proportions sont infinies. Proudhon,Propriété, 1840, p.309.
e) Être né pour + verbe ou subst.Être destiné à, avoir des dispositions particulières pour (faire) quelque chose. Être né pour agir, diriger, obéir, régner; être né pour le commandement, le trône; être né pour le bonheur, la souffrance; être né pour la peinture. Elle paraissait née pour une vie différente des autres (Martin du G.,Thib., Pénitenc., 1922, p.794).Toute cette humanité inférieure, née pour être esclave, tous ces médiocres, ces gens laids, stupides, mal habillés, pourquoi ont-ils leur part de cette gloire? (Montherl.,Exil, 1929, i, 2, p.28):
5. Beaucoup de courtisanes étaient nées pour être des honnêtes femmes, dit-on; et beaucoup de femmes dites honnêtes pour être courtisanes... Maupass.,Contes et nouv., t.2, Samoris, 1882, p.360.
f) (Être) né natif* (de).
2. [Naître employé dans des expr. fig.]
Être né coiffé. V. ce mot II A 2 a.
Être né sous une bonne, une mauvaise étoile*.
Ne pas être né d'hier*, de la dernière pluie*.
Il (elle) n'est pas encore né(e), il (elle) est encore à naître, celui (celle) qui... [Pour parler d'une action présentée comme irréalisable] − Encore celle-là! méfiez-vous, ça finira par être sérieux! Vivement, Mouret se défendit (...). − Laissez donc, une plaisanterie! La femme qui me prendra n'est pas née, mon cher! (Zola,Bonh. dames, 1883, p.616).
Avoir vu naître qqn. Connaître quelqu'un depuis longtemps, depuis toujours. La duchesse le regardait avec admiration; ce n'était plus l'enfant qu'elle avait vu naître, ce n'était plus le neveu toujours prêt à lui obéir: c'était un homme grave et duquel il serait délicieux de se faire aimer (Stendhal,Chartreuse, 1839, p.173).Réponds-moi sans mentir, gamine. Je t'ai quasi vue naître, on ne trouverait pas plus délurée que toi dans Mégère (Bernanos,Crime, 1935, p.753).
B. − [Le suj. désigne une plante] Sortir de terre, commencer à pousser. Synon. éclore, germer.Là naissent au hasard le muguet, la jonquille, Et des roses de mai la brillante famille (Michaud,Printemps proscrit, 1803, p.84).À certains craquements, à certains soupirs légers, il semblait qu'on entendît naître et pousser les légumes (Zola,Ventre Paris, 1873, p.802).
C. − P. anal. [Le suj. désigne une pers.] Passer de l'état d'enfant à celui d'adolescent, puis d'adulte. C'était une enfant, mais une enfant qui devenait femme. Elle se trouvait à cette heure indécise et adorable où la grande fille naît dans la gamine (Zola,Fortune Rougon, 1871, p.15).
II. − P. anal. ou au fig.
A. − Apparaître, commencer à se manifester, à se montrer.
1. [Le suj. désigne une réalité concr., un phénomène perceptible par les sens] Le jour, le printemps naît; le vent naît; un objet naît sous les doigts d'un artisan. C'était à l'heure où les étoiles naissent une à une dans le ciel, et servent de signal aux amoureux (Murger,Nuits hiver, 1861, p.242):
6. Un sourire d'attente général et sans cause naissait sur un côté de son menton en galoche et lui montait jusqu'aux paupières, mais plus à gauche qu'à droite, ce qui lui donnait l'air narquois et vaguement strabique. Malègue,Augustin, t.1, 1933, p.260.
2. [Le suj. désigne une réalité abstr., notamment une manifestation de l'esprit] Amitié, amour qui naît; puissance qui naît; roman, oeuvre d'art qui naît. Soudain un projet naquit en lui, hardi, si hardi qu'il douta d'abord s'il l'exécuterait (Maupass.,Contes et nouv., t.1, Épreuve, 1889, p.1123).J'ai vu naître un mot; c'est voir naître une fleur. Ce mot ne sortira peut-être jamais d'un cercle étroit, mais il existe; c'est lirlie (Gourmont,Esthét. lang. fr., 1899, p.92):
7. On sait bien (...) qu'une éducation toute livresque ne fera jamais que des primaires, des demi-barbares. De là naissent les fanatismes littéraires, politiques, religieux: par là souvent commencent les sectes. Bremond,Hist. sent. relig., t.4, 1920, p.254.
3. [Le suj. désigne une pers. exerçant une activité gén. artistique, intellectuelle] Auteur, peintre qui naît. Rien de ce qui est spontané ne demeure étranger à ce romancier qui va naître (Mauriac,Journal 2, 1937, p.151).
B. − Naître à.[Le suj. désigne une pers., le compl. désigne une faculté, une sensation, un sentiment] Connaître, éprouver pour la première fois. Synon. s'éveiller à.Naître à l'amour. La pauvre fille naissait au bien-être, à la confortable vie qu'elle n'osait même plus rêver depuis bien longtemps (Bloy,Femme pauvre, 1897, p.104):
8. Pour la première fois depuis son retour, il était aussi sans manteau et sans chapeau: débarrassé de ces symboles de la respectabilité, on naît à une vie nouvelle, comme une femme qui vient de se faire tailler les cheveux courts... Montherl.,Lépreuses, 1939, p.1507.
C. − Naître de + compl.Tirer son origine de, prendre sa source dans. Synon. provenir de, résulter de.
1. [Le suj. désigne une réalité concr.] De son mouvement de rotation naquirent les jours et les nuits; du balancement alternatif de ses pôles, les étés et les hivers (Bern. de St-P.,Harm. nat., 1814, p.256).À cet endroit où [la rivière] naît du coeur d'une quintuple vallée, j'entreprends de trouver la tête d'un des rus qui l'alimentent (Claudel,Connaiss. Est, 1907, p.97):
9. ... si les fleurs nées du pinceau n'étaient pas fameuses, du moins les peindre vous faisait vivre dans la société des fleurs naturelles, de la beauté desquelles, surtout quand on était obligé de les regarder de plus près pour les imiter, on ne se lassait pas. Proust,J. filles en fleurs, 1918, p.709.
2. [Le suj. désigne une réalité abstr.] Il y a un certain plaisir dans l'émotion qui naît de la connaissance d'un danger ou d'une peine que l'on surmonte (Maine de Biran,Journal, 1816, p.175).Partout je vois la vie naître de la mort, l'énergie naître de la douleur, la science naître de l'erreur, l'harmonie naître du désordre (Martin du G.,J. Barois, 1913, p.551):
10. Les innovations apportées par la barbarie dans la langue latine dégénérée s'appliquèrent naturellement aux divers jargons qui en naquirent; la langue française s'y trouva sujette à mesure qu'elle se forma... Sainte-Beuve, Tabl. poés. fr., 1828, p.80.
D. − Faire naître.[Le suj. de «faire» désigne une pers. ou une chose, le suj. de «naître» désigne une chose] Provoquer, susciter. Faire naître un conflit, des difficultés, une occasion. L'intérêt que j'ai eu le bonheur de vous inspirer (...) m'a fait naître l'idée de mettre par écrit les événemens extraordinaires de ma vie (Sénac de Meilhan,Émigré, 1797, p.1762).Agir, c'est détruire pour faire naître la réalité spirituelle de la conscience (Camus,Homme rév., 1951, p.174):
11. La musique (...) nous charme, nous électrise, nous passionne, nous enivre et nous entraîne en nous initiant à tout ce qui est beau, noble, grand, sans que nous puissions nous rendre un compte exact et précis des émotions qu'elle fait naître en notre âme. Barrès,Cahiers, t.5, 1907, p.132.
Emploi abs. L'homme honnête et sensible aime, quand il le peut, à créer, à faire naître, et il se plaît ensuite à contempler l'ouvrage de ses mains (Crèvecoeur,Voyage, t.1, 1801, p.197).
Prononc. et Orth.: [nε(:)tʀ], (il) naît [nε]. Ac. 1694, 1718: naistre; dep. 1740 naître. Étymol. et Hist. I. Venir au monde A. en parlant d'un homme 1. a) 2emoitié xes. part. passé nez de + attribut indiquant les conditions de la naissance (St Léger, éd. J. Linskill, 137: Ciel ne fud nez de medre vius Qui...) [cf. fin xes. Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 448: nulom de madre naz]; ca 1170 (Marie de France, Lais, éd. J. Rychner, Bisclavret, 313: Plusurs des femmes del lignage C'est veritez, senz nes sunt neies); ca 1200 (Châtelain de Coucy, Chans., éd. A. Lerond, II, 27, p.64: Quant pour ma mort nasquites sanz merci!); 1580 aveugle nay (Montaigne, Essais, II, XII, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p.589); b) 1667 p. anal. (Boileau, Satire IX ds Œuvres, éd. F. Escal, p.53: Dès que l'impression fait éclore un poète, Il est esclave- de quiconque l'achète); 2. ca 1050 «tirer son origine» (St Alexis, éd. Chr. Storey, 41: Fud la pulcela nethe de halt parentét); début xiies. (Benedeit, St Brendan, éd. E. G.R. Waters, 19: Icist seinz Deu fud ned de reis); fin xiies. nés de France (Floovant, 1377 ds T.-L.); 3. fin xiiies. [fame] bien nee «de noble origine» (Bernier, Housse partie, 95 ds A. de Montaiglon et G. Raynaud, Recueil gén. des fabliaux, t.1, p.85). B. en parlant d'un animal ca 1160 (Eneas, 3942 ds T.-L.). C. en parlant d'un végétal 1180-1200 [texte ms. D, xiiies.] (Chevalerie Vivien, éd. A.L. Terracher, 89); ca 1200 [ms. xiiies.] ([Châtelain de Coucy?] Chans., éd. A. Lerond, XXII, 31, p.164). II. Apparaître, se manifester A. 1. 1174-87 «surgir, être en vue» (Chrétien de Troyes, Perceval, éd. F. Lecoy, 1322: Torna li vaslez a senestre Et vit les torz del chastel nestre); 2. ca 1180 en parlant de l'aube, du jour «pointer» (Guillaume de Berneville, St Gilles, 1820 ds T.-L.); début xiiies. [ms.] (Chrétien de Troyes, Cligès, éd. W. Foerster, 296, leçon du ms. S: l'aube naist); 3. xives. en parlant des manifestations d'une maladie (Moamin et Ghatrif, II, 43 ds T.-L.). B. 1. 1176-81 d'un sentiment (Chrétien de Troyes, Chevalier au lion, éd. M. Roques, 5342: Cest duel que ne sai don vos nest Vos ost del cuer et tort a joie); 2. 1erquart xiiies. (Renclus de Molliens, Miserere, 73, 12 ds T.-L.: Car cascune uevre est meritable Selon le cuer dont elle naist); 3. ca 1265 géogr. (Brunet Latin, Trésor, éd. J. Carmody, I, CXXII, 7, 111: ces fleuves naissent soz le mont Liban). Naître, né sont issus du lat. nascere (Caton ds Forc. t.3, p.332a; Vään., § 294) «naître»; fig. «prendre son origine, provenir», part. passé natus «né (au propre et au fig.)» subst. «fils» puis «être humain, personne» à basse époque (Forc. t.3, p.333a); cf. avec le type a. fr. nul né, nul home né, nul home de mère né, le lat. homo natus, nemo natus dès Plaute, Mostellaria, II, 2, 21, v. E. Bourciez ds B. hisp. t.3, 1901, p.323. Fréq. abs. littér.: 7381. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 14676, b) 6422; xxes.: a) 8319, b) 10423.
DÉR.
Naisseur, subst. masc. et adj. masc.,élev. a) Subst. masc. Éleveur s'occupant particulièrement du choix des reproducteurs pour un animal déterminé (cheval de course par exemple). La montagne pyrénéenne tend à jouer le rôle de «pays naisseur» [pour les moutons] (Wolkowitsch,Élev., 1966, p.124). [nεsoe:ʀ]. 1reattest. 1936 (Morand, loc. cit.); de naître, naissant, suff. -eur2*.
BBG. _ Lanly (A.). Morphol. hist. des verbes fr. Paris, 1977, pp.246-248. _ Mihailescu-Urechia (V.), Urechia (A.). Phénomènes inconnus de la lang. Orbis. 1971, t.20, p.10.

Wiktionnaire

Verbe - français

naître \nɛtʁ\ intransitif 3e groupe (voir la conjugaison) (orthographe traditionnelle)

  1. Commencer à vivre ; venir au monde.
    • Tous les hommes sont frères ; ils apportent, en naissant, des droits égaux aux avantages que la société procure. Ils ne diffèrent entre eux que par les facultés personnelles ; […]. — (Achille de Jouffroy, Avertissement aux souverains sur les dangers qui menacent l'Europe, page 34, 1831)
    • […] ; tout le monde dit que la France se dépeuple, qu’il naît de moins en moins d’enfants, et que l’Allemagne, dont la population augmente toujours, finira par avoir deux fois autant de soldats que nous. — (Émile Thirion, La Politique au village, page 321, Fischbacher, 1896)
    • Je naquis au temps où les cerisiers sont pareils à des communiantes, quand tout le pays n’est plus que blancheur à perte de vue, au long des chemins et des routes, […]. — (Jean Rogissart, Hurtebise aux griottes, L’Amitié par le livre, Blainville-sur-Mer, 1954, p. 17)
  2. Se trouver en naissant dans certaines conditions ; avoir des dispositions naturelles.
    • Je ne suis pas un homme d’action, moi, je suis un rêveur. Je n’étais pas pour être roi, j’étais né pour être poëte. — (Alexandre Dumas, La Reine Margot, 1845, volume I, chapitre III)
  3. Tirer son origine, être d’une certaine extraction.
    • Il est de parents illustres, obscurs.
  4. (Religion) Opération de la vie divine par laquelle le Fils est engendré du Père de toute éternité.
    • Le Verbe est avant tous les temps.
  5. (Botanique) Sortir de terre, commencer à pousser.
    • L’herbe commence à naître.
    • Les fleurs naissent au printemps.
  6. Prendre un commencement ; commencer d’être physiquement ou dans le temps.
    • Pavlov ne s’est pas borné à abdiquer simplement la psychologie en tant que science. Il voyait naître en lui le sentiment d’hostilité irréconciliable envers cette « alliée de la physiologie » qui n’a pas fait ses preuves. — (E. Asratian, I. Pavlov : sa vie et son œuvre, page 78, Éditions en langues étrangères, Moscou, 1953)
    • Le jour naissait. Feempje se dressa sur son séant et ne reprit lourdement ses esprits qu'après quelques minutes. — (Francis Carco, Brumes, Éditions Albin Michel, Paris, 1935, page 56)
  7. (Figuré) (Construit avec de) Tirer son origine de, être produit par.
    • Beaucoup de maladies naissent de l’intempérance.
    • Les affaires naissent les unes des autres.
    • Il est de là une foule de procès.
    • Cette découverte est née du hasard.
    • Faire naître des doutes, des scrupules, des soupçons.
  8. (Construit avec à) Se dit d’une personne ou d’une collectivité qui se met à un ordre d’idées nouveau, qui commence une vie nouvelle.
    • Naître à la vie politique.
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

NAÎTRE. (Je nais; nous naissons. Je naissais. Je naquis. Je naîtrai. Je naîtrais. Que je naisse. Que je naquisse. Naissant. Né.) v. intr.
Venir au monde. Un enfant qui vient de naître. Ils naquirent le même jour, dans la même année. Il est né dans telle ville. Il est né sous une heureuse étoile. Les enfants qui naîtront de ce mariage. Il lui est né un fils. Tout ce qui naît est sujet à mourir. Un poulain, un agneau qui vient de naître. Fam, Être innocent d'une chose comme l'enfant qui vient de naître, En être tout à fait innocent, n'y avoir aucune part. Fam., Son pareil est à naître, Il n'y a point d'homme semblable à lui, d'homme qui agisse, qui parle comme lui.

NAÎTRE signifie aussi Se trouver en naissant dans certaines conditions. Naître aveugle, boiteux Naître riche, pauvre. Il est né Francais. Il était né gentilhomme. Être né poète, peintre, musicien, etc., Avoir des dispositions naturelles à être poète, peintre, etc.

NAÎTRE signifie encore Tirer son origine, être d'une certaine extraction. Il est né de parents illustres, obscurs.

NAÎTRE se dit, en termes de Théologie, d'une Opération de la vie divine par laquelle le Fils est engendré du Père de toute éternité. Le Verbe est né avant tous les temps. Il se dit aussi des Végétaux et signifie Sortir de terre, commencer à pousser. L'herbe commence à naître. Les fleurs naissent au printemps. Il se dit encore des Choses et signifie Prendre un commencement, commencer d'être. Ce ruisseau naît à deux lieues d'ici. Fig., L'Empire romain ne faisait alors que de naître. J'ai vu naître cette mode.

NAÎTRE DE signifie, au figuré, Tirer son origine de, être produit par. Beaucoup de maladies naissent de l'intempérance. Les affaires naissent les unes des autres. Il est né de là une foule de procès. Cette découverte est née du hasard. On dit dans le même sens Faire naître, Produire, être la cause de. Faire naître des doutes, des scrupules, des soupçons.

NAÎTRE À se dit d'une Personne ou d'une collectivité qui se met à un ordre d'idées nouveau, qui commence une vie nouvelle. Naître à la vie politique. Le participe passé

NÉ, ÉE, s'emploie adjectivement dans diverses expressions.

se disait absolument d'une Personne ayant une extraction noble, des origines nobles. Il n'est pas né. Il a gardé un sens analogue dans l'expression Bien né, Qui est né d'une famille honnête, honorable. C'est un jeune homme, un homme bien né. Il signifie aussi Qui a de bonnes inclinations. Un enfant bien né. Une fille bien née.

, joint par un trait d'union à un adjectif qui le précède, signifie que la qualité exprimée par celui-ci est de naissance.

AVEUGLE-NÉ, Aveugle de naissance.

MORT-NÉ, ÉE, signifie Qui est mort avant que de naître. Un enfant mort-né. Deux enfants mort-nés. Un veau, un agneau mort-né. Une brebis mort-née. Il se dit, figurément, des Ouvrages de l'esprit qui n'ont aucun succès. C'est un ouvrage mort-né. Un poème mort-né. Une tragédie mort-née.

NOUVEAU-NÉ, ÉE, signifie Qui est né depuis peu de temps, qui vient de naître. Un enfant nouveau-né. Dans cet adjectif composé, Nouveau est pris adverbialement. Des enfants nouveau-nés. Une fille nouveau-née. Il s'emploie quelquefois substantivement, mais seulement au masculin. Je viens de voir le nouveau-né.

PREMIER-NÉ signifie, en termes d'Écriture sainte, le Premier enfant mâle. Sous la loi de Moïse, on offrait à Dieu les enfants premiers-nés. Substantivement, L'ange extermina les premiers-nés des Égyptiens.

DERNIER-NÉ, Le dernier enfant.

se joint aussi par un trait d'union à certains noms pour signifier que La qualité qu'ils expriment est si naturelle qu'elle semble être de naissance. Esclave-né. Écrivain-né. Il est le protecteur-né des sciences et des arts, Il protège en toute occasion les sciences et les arts, ou encore Il a le devoir, par sa position, de les protéger. Il est l'ennemi-né des talents, Il a pour les gens de talent une aversion si générale et si constante qu'elle semble être de nature.

Littré (1872-1877)

NAÎTRE (nê-tr'), je nais, tu nais, il naît, nous naissons, vous naissez, ils naissent ; je naissais ; je naquis ; je naîtrai ; je naîtrais ; que je naisse, que nous naissions ; que je naquisse ; naissant, né v. n.
  • 1Sortir du sein de la mère, venir au monde. J'ai dit dans notre généalogie, en parlant de vous [Mme de Sévigné], que vous étiez de ces gens qui ne devraient jamais mourir, comme il y en avait qui ne devaient jamais naître, Bussy-Rabutin, dans SÉV. t. V, p. 544, éd. RÉGNIER. Il savait que les grands naissent avec certaines délicatesses qui retiennent dans un timide respect les courtisans qui les approchent, Fléchier, Duc de Mont. Il naquit avec ces inclinations libres et généreuses qui affranchissent l'âme de toute autre loi que de celle de ses devoirs, Fléchier, ib. Nous naissons, nous vivons pour la société, Boileau, Sat. X. Sous quel astre ennemi faut-il que je sois née ? Racine, Mithr. I, 2. Le cruel Amurat, Avant qu'un fils naissant eût rassuré l'État, N'osait sacrifier ce frère à sa vengeance, Racine, Baj. I, 1. Je suis né à Dinan, en Bretagne, le 12 février 1704, d'une famille honnête et ancienne, Duclos, Œuvr. t. X, p. 1. Bayle naquit dans l'année 1647 ; la nature lui donna l'imagination, la force, la subtilité, la mémoire, Diderot, Opin. des anc. philos. (pyrrhonienne philos.) . Qu'avez-vous fait [vous, comte] pour tant de biens ? vous vous êtes donné la peine de naître et rien de plus, Beaumarchais, Mar. de Figaro, V, 3. Hérodote naquit à Halicarnasse, Hippocrate à Cos, Thalès à Milet, Pythagore à Samos, Parrhasius à Éphèse, Xénophon à Colophon, Anacréon à Téos, Anaxagore à Clazomènes, Homère partout, Barthélemy, Anach. ch. 72. Jésus-Christ naquit d'une vierge pour ne pas participer à la faute originelle, Chateaubriand, Génie, I, I, 4.

    Impersonnellement. Il naît tous les ans tant d'enfants à Paris. Il lui est né une fille. Il lui est né deux jumeaux. La qualité de grand-père est belle à la considérer d'un certain côté : il naît une troupe d'enfants qui nous honorent, et qui souvent nous aiment mieux que nos propres enfants, Corbinelli, dans SÉV. t. VIII, p. 4, éd. RÉGNIER. Les mois dans lesquels il naît le plus d'enfants sont les mois de mars, janvier et février, et ceux pendant lesquels il en naît le moins sont juin, décembre et novembre, Buffon, Œuvr. t. X, p. 512.

    En naissant, au moment de la naissance. En naissant on contracte envers elle [la patrie] une dette immense dont on ne peut jamais s'acquitter, Montesquieu, Esp. V, 3.

    La correction veut que en naissant se rapporte, comme dans l'exemple précédent, au sujet de la phrase ; cependant il peut, quand la clarté n'en souffre point, ne pas s'y rapporter. Les peuples sont heureux que ce Dieu tout-puissant Illumine dès en naissant De sa lumière intérieure, Racan, Psaume XXXII. Si mon père en naissant m'avait pu faire don De son esprit poétique ainsi que de son nom, Racan, Épigr. madrigal à Anne d'Autriche. Si son astre en naissant ne l'a formé poëte, Boileau, Art p. Pour adoucir en moi cette âpre dureté Des climats où le sort en naissant m'a jeté, Voltaire, Orphel. IV, 4.

    Naître se construit avec des adjectifs ou des noms. Naître riche. Être né riche. Naître aveugle, boiteux. Qu'y a-t-il de plus flatteur que d'être né un si grand prince, et cependant de ne devoir les hommages du public qu'à sa bonne conduite et à ses talents, comme si on était un particulier ? Fénelon, Lett. au duc de Beauvill. 27 janv. 1703. Tel a vécu pendant toute sa vie chagrin, emporté, avare, rampant, soumis, laborieux, intéressé, qui était né gai, paisible, paresseux, magnifique, d'un courage fier et éloigné de toute bassesse, La Bruyère, XI. Un bon plaisant est une pièce rare : à un homme qui est né tel, il est encore fort délicat d'en soutenir longtemps le personnage, La Bruyère, V. Nous naissons faibles, nous avons besoin de forces ; nous naissons dépourvus de tout, nous avons besoin d'assistance ; nous naissons stupides, nous avons besoin de jugement, Rousseau, Ém. I.

    Ce que l'on est né, la naissance, le naturel qu'on a. Il y a de la lâcheté à déguiser ce que le ciel nous a fait naître, Molière, Bourg. gent. III, 12. Heureusement pour eux [les astrologues], on a de tout temps été persuadé que nous ne sommes dans le cours de la vie que ce que nous sommes nés, Condillac, Traité des syst. ch. 5.

    Naître poëte, naître peintre, avoir des dispositions naturelles pour la poésie, pour la peinture.

    Être né pour quelque chose, avoir pour quelque chose une grande disposition naturelle. Il est né pour agir et penser, et non pour réfléchir, Rousseau, Narc. préf.

    Je suis aussi innocent de cela que l'enfant qui est à naître, j'en suis innocent comme l'enfant qui est à naître, qui vient de naître, c'est-à-dire j'en suis tout à fait innocent, je n'y ai aucune part.

    Familièrement. Son pareil est à naître, c'est-à-dire il n'y a point d'homme semblable à lui, d'homme qui agisse, qui parle comme lui.

  • 2Naître se dit, en théologie, du Fils de Dieu. Le Verbe naît éternellement du Père d'une manière ineffable.
  • 3Naître se dit aussi des animaux, des végétaux. Un agneau qui vient de naître. Un oiseau, un serpent, une tortue naissent d'un œuf. Je connais un vieillard dont les secrets divers Ont fait naître des fleurs au milieu des hivers, Rotrou, Herc. mourant, II, 2. Qu'il soit comme le fruit en naissant arraché, Racine, Athal. I, 2.

    Par exagération et poétiquement. Les fleurs naissent sous les pas de cette jeune beauté, c'est-à-dire elle est si belle qu'on suppose que la terre, pour exprimer son admiration, fait naître des fleurs devant elle à mesure qu'elle marche.

    Fig. et familièrement. Naître sous les pas, se produire en grande quantité. On le croit, et vraiment tu n'en manqueras pas, D'amis de cette sorte ; ils naîtront sous tes pas, Picard, Entrée dans le monde, III, 6.

  • 4Être issu, tirer son extraction. Qu'il ait plu à notre Sauveur de naître d'une race illustre…, Bossuet, Gornay. Il fallait qu'il [Jésus] naquît des rois de Juda pour conserver à David la perpétuité de son trône, que tant d'oracles divins lui avaient promise, Bossuet, ib. Il naquit d'une des plus nobles et plus anciennes maisons du Nivernais, Fléchier, Lamoignon. Montrez en expirant de qui vous êtes née, Racine, Iphig. IV, 4.

    Être né dans, appartenir à une famille qui est dans. Être né dans la robe. Être né dans la pourpre, appartenir à une famille de souverains. On sent, je crois, qu'avoir de la religion pour un enfant et même pour un homme, c'est suivre celle où il est né, Rousseau, Conf. II.

  • 5 Fig. Prendre son origine, être produit. Ce ruisseau naît à quelques lieues d'ici. Beaucoup de maladies naissent d'intempérance. Un mot qui vient de naître. Quoique Rome fût née sous un gouvernement royal, elle avait même sous ses rois une liberté qui ne convient guère à une monarchie réglée, Bossuet, Hist. III, 6. Des succès fortunés du spectacle tragique Dans Athènes naquit la tragédie antique, Boileau, Art p. III. De là sont nés ces bruits reçus dans l'univers, Qu'aux accents dont Orphée…, Boileau, ib. IV. Mais d'où naissent les pleurs que je te vois répandre ? Boileau, Phèdre, V, 6. Les guerres naissaient toujours des guerres, Montesquieu, Rom. 1. L'histoire ne célèbre pas de plus grand homme de guerre [qu'Alexandre Farnèse] ; mais il ne put empêcher ni la fondation des sept Provinces-unies, ni les progrès de cette république qui naquit sous ses yeux, Voltaire, Mœurs, 164. C'est un beau spectacle de voir Pétersbourg naître au milieu d'une guerre ruineuse, Voltaire, Lett. d'Argental, 19 août 1757. D'une foule de brigands ou d'esclaves fugitifs à qui Romulus avait ouvert un asile, vous voyez naître les maîtres du monde, Condillac, Étud. hist. I, 1. Ces mots profonds ou sublimes qui naissent subitement du fond des situations, ou qui peignent d'un trait de grands caractères, Condorcet, Vie de Voltaire.
  • 6 Fig. Avoir sa cause dans, en parlant de choses abstraites. Dans le feu, dans le choc, dans l'ébranlement [de la bataille], on voit naître tout à coup [chez le prince de Condé] je ne sais quoi de si net, de si posé, de si vif, de si ardent…, Bossuet, Louis de Bourbon. De là [des grandes prospérités] naissent des monstres de crimes, des raffinements de plaisirs, des délicatesses d'orgueil…, Bossuet, Reine d'Anglet. De ce même principe de religion et de sagesse naquit cette bonté si connue et si éprouvée, Fléchier, Dauphine. En sa faveur d'où naît cette tristesse ? Racine, Bérén. II, 1. D'où naît dans ses conseils cette confusion ? Racine, Athal. III, 3. Le bien public est né de l'excès de ses crimes, Voltaire, Brutus, I, 2. Le bonheur de l'État va donc naître du mien ! Voltaire, ib. III, 4. Ces dangers me sont chers, ils naissent de l'amour, Voltaire, Tancr. I, 6. Il n'y a point de mal dont il ne naisse un bien, Voltaire, Zadig, 20. La liberté est née, en Angleterre, des querelles des tyrans, Voltaire, Dict. phil. Gouvernement anglais. Ce que peu de personnes savent, c'est que Cicéron était encore un des premiers poëtes d'un siècle où la belle poésie commençait à naître, Voltaire, Rome sauv. préface. La prospérité de la Guadeloupe fut arrêtée ou traversée par des obstacles qui naissaient de la situation, Raynal, Hist. phil. XIII, 28.
  • 7 Fig. Commencer. Au malheureux moment que naissait leur querelle, Corneille, Cid, II, 3. Ces flammes dans nos cœurs sans votre ordre étaient nées, Corneille, Cinna, V, 2. N'est-ce pas lui qui te l'a fait connaître ? - Il voudrait que le jour en fût encore à naître, Corneille, Mélite, IV, 1. Et cette loi [ensevelir les morts] naquit avecque la nature, Rotrou, Antig. IV, 3. Mon règne naît encore, et cette impunité Porterait conséquence à mon autorité, Rotrou, ib. V, 4. La tragédie informe et grossière en naissant, Boileau, Art p. III. Un pouvoir qui ne fait que de naître, Racine, Alex. II, 2. Les arts dans nos cités naissant à votre voix, Voltaire, Sémiram. I, 5. Où je vois naître la journée, Là, content, j'en attends la fin, Gresset, Chartreuse. L'idée en naissant cherche le mot qui doit la rendre, et, s'il lui manque, elle s'éteint, Marmontel, Œuvres, t. X, p. 282, dans POUGENS.

    Absolument. Je l'ai vu naître, j'ai vu le commencement de sa fortune.

    Il est à naître que, il n'est jamais arrivé que… Cette locution a vieilli.

  • 8Faire naître, donner la naissance. Le prince, quelque grand qu'il soit, ne connaît sa force qu'à demi, s'il ne connaît les grands hommes que la Providence fait naître en son temps pour le seconder, Bossuet, le Tellier. Le ciel m'a-t-il jamais permis de me connaître ? Ne m'a-t-il pas caché le sang qui m'a fait naître ? Voltaire, Zaïre, I, 1.

    Faire naître, prétendre, assurer que tel personnage est né à. Les anciens poëtes font naître Bacchus en Égypte, Voltaire, Dict. phil. Bacchus.

    Fig. Faire naître, être cause de. Cela me fit naître l'idée de voyager. [Déguisements des sentiments,] Si d'un péril pressant la terreur vous fit naître, Corneille, Rodog. II, 1. J'ai déjà fait naître à Mme de Maintenon une grande envie de voir de quelle manière vous parlez de Saint-Cyr, Racine, Lett. 47 à Boileau. Cette lumière [des Champs-Elysées] fait naître en eux [les bienheureux] une source intarissable de paix et de joie, Fénelon, Tél. XIX.

    Il se conjugue avec l'auxiliaire être.

HISTORIQUE

XIe s. Fud la pulcele nethe de halt [prononcez d'halt, ainsi que l'exige la mesure du vers] parented, St Alexis, IX. Si ço avent [advient] que alquent [aucun] colpe le poin à altre, si li rendra demi were [dédommagement] suluc [selon] ceo que il est nez, Lois de Guill. 13. [Des péchés] Que je ai fait dès l'hore que nez [je] fu, Ch. de Rol. CLXXII.

XIIe s. Por quoi sui-je nez à veir le destruement de mon pople ? Machab. I, 2. Jà n'ert [ne sera] vaincuz par home qui soit nez, Ronc. 95. Nez fu de Chartres, si avoit nom Reiner, ib. 129. Vassaux [vaillant] doit estre qui de vassaux est nez, ib. 143. Quant pour ma mort [vous] nasquites sans merci, Couci, IX. [Au temps] Que nest la rose et le lis, Et la rousée ou vert pré, ib. XI.

XIIIe s. Com se il fussent né au bour à Saint-Denis, Berte, V. Et s' [si] est née et estraite de si bonne lignie, ib. LXXII. Aucun plet qui nasquesist d'aucune de ces cozes [bail, tutelle], Beaumanoir, LXIII, 18. Et ele lieve les despuelles [dépouilles, récoltes] el tens de sa grossesse ; et se li enfes est mornés, voirs est que li heritages du mort esquiet [échoit] à ses plus prochins parens, Beaumanoir, XX, 7. Cil qui naissent contre nature, Liv. de jost. 55. Le Danaon [Danube] est un grans fluns qui naist es granz mons d'Alemaigne, Latini, Trésor, p. 166. Et quant Diex ot fait honte nestre, la Rose, 2857. Tantost com li homs naist, il commence à morir, J. de Meung, Test. 166.

XVe s. Ils veirent naistre et approcher une route [troupe] d'Anglois, où il y avoit bien, par semblant, quatre vingts hommes tous montés, Froissart, livre I, p. 444, dans LACURNE. Las ! moy meschant, com je peu prise Mon bon seigneur et mon bon maistre ! Je vourroie bien estre à nestre, la Passion de N. S. Jésus-Christ. Ainsi que faict homme nay pour soy seulement, sans fructifier à la commune utilité, Chartier, Quadrilogue invectif. Et envoyez ung plaisant souvenir Devers mon cueur, de la plus belle née Dont aujourd'hui coure la renommée, Orléans, Bal. 23. Le perdant les dez a frapez… Maudisoit le jour qu'il fut nez ; En disant : mal suy fortunez, Deschamps, le Dit du jeu des dés. Et estoit encore à naistre qui abatu l'eust [un chevalier], Perceforest, t. IV, f° 58.

XVIe s. En nostre langage vulgaire nous ne doutons point de dire, que l'un est bien nay, et l'autre mal nay, l'un de bonne nature, et l'autre de mauvaise, Calvin, Instit. 210. Madame, l'honneur est né avec vous, car vous estes de si bonne maison, que pour estre reine ou emperiere ne sauriez augmenter votre noblesse, Marguerite de Navarre, Nouv. 111. Il nomma le premier filz qui lui nasquit de sa femme Antigone, Ptolomeus, Amyot, Pyrrh. 11. De cette consideration est née la coustume que…, Montaigne, I, 53. Les aveugles naiz, Montaigne, II, 357. Nature, à vostre naistre heureusement feconde, Prodigue vous donna tout son plus et son mieux, Du Bellay, J. Œuvres, p. 423, dans LACURNE. [Toi Dieu] Qui preveus les effets dès le naistre des choses, D'Aubigné, Trag. I. Son fils estoit de ceux qu'on appelle mal nez [punais], ne se purgeant ni par le nez ni par la bouche, laquelle il portoit ouverte pour prendre son vent, D'Aubigné, Hist. I, 90.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

NAÎTRE. Ajoutez : - REM. Régnier a dit fut né pour naquit : Sur du foin Jésus-Christ fut né, Épigr.

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Étymologie de « naître »

Bourg. nâtre ; provenç. nascer, naisser : cat. naixer ; esp. nacer ; port. nascer, nacer ; ital. nascere ; du bas-lat. nascere, dérivé de nasci. La forme entière est gnasci, comme témoignent l'archaïque gnatus et co-gnatus. Gnasci se rapproche tout naturellement de γίγνομαι et de gigno, formes à redoublement, sanscrit jan, engendrer. Gnascor veut donc dire je suis engendré. Gnatus appartient autant à gigno qu'à gnascor.

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Du moyen français naistre, de l’ancien français naistre, nestre, du latin vulgaire nascĕre (« naître » au sens propre, et au figuré « prendre son origine, provenir »), du verbe déponent latin nāscor, plus avant de *gnāscor, de l’indo-européen *genh₁.
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Phonétique du mot « naître »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
naître naitr

Fréquence d'apparition du mot « naître » dans le journal Le Monde

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Évolution historique de l’usage du mot « naître »

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Citations contenant le mot « naître »

  • Il y a un temps pour tout : un temps pour naître et un temps pour mourir.
    Proverbe biblique
  • Arriver haletant, se coucher, s'endormir ; On appelle cela naître, vivre et mourir.
    Jean-Pierre Claris de Florian — Fables, le Voyage
  • Après le malheur de naître, je n'en connais pas de plus grand que celui de donner le jour à un homme.
    François René de Chateaubriand
  • Ne pas naître, voilà qui vaut mieux que tout.
    Sophocle — Œdipe à Colone, 1224 (traduction Mazon)
  • Nommer, c'est créer, et imaginer, c'est naître.
    Octavio Paz — Libertad bajo palabra, II, Aguila o Sol ?
  • D’une chose légère peut naître un grand désastre.
    Léonard de Vinci
  • On ne naît pas innocent. On peut le devenir.
    Claude Roy — Descriptions critiques, Colette , Gallimard
  • Nous n'avons aucune communication à l'être, parce que toute humaine nature est toujours au milieu entre le naître et le mourir.
    Michel Eyquem de Montaigne — Essais, II, 12
  • [Car] le plus grand crime de l'homme, c'est d'être né.
    Pedro Calderón de la Barca — La vida es sueño, I, 2
  • Il nous faut naître deux fois pour vivre un peu, ne serait-ce qu’un peu. Il nous faut naître par la chair et ensuite par l’âme. Les deux naissances sont comme un arrachement. La première jette le corps dans ce monde, la seconde balance l’âme jusqu’au ciel
    Christian Bobin — La Plus que vive
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Traductions du mot « naître »

Langue Traduction
Anglais be born
Espagnol nacer
Italien essere nato
Allemand geboren werden
Chinois 出生
Arabe ولد
Portugais nascer
Russe родиться
Japonais 生まれる
Basque jaio
Corse esse natu
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Antonymes de « naître »

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Naître

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