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Silence
Sommaire
- Définitions de « silence »
- Étymologie de « silence »
- Phonétique de « silence »
- Fréquence d'apparition du mot « silence » dans le journal Le Monde
- Évolution historique de l’usage du mot « silence »
- Citations contenant le mot « silence »
- Images d'illustration du mot « silence »
- Traductions du mot « silence »
- Synonymes de « silence »
- Antonymes de « silence »
- Combien de points fait le mot silence au Scrabble ?
Variantes | Singulier | Pluriel |
---|---|---|
Masculin | silence | silences |
Définitions de « silence »
Trésor de la Langue Française informatisé
SILENCE, subst. masc.
Wiktionnaire
Interjection - français
silence \si.lɑ̃s\
- Interjection qui signifie « taisez-vous ! », « taisons-nous ! » ou « cessez de faire du bruit ! », « cessons de faire du bruit ! ».
- Silence, voyons, dit le maire. Chacun doit écouter avec courtoisie l’adversaire, même s’il est de mauvaise foi, même s’il manque de civilité ! — (Jean Rogissart, Passantes d’Octobre, Librairie Arthème Fayard, Paris, 1958)
- (Télécommunications, Téléphonie) (Radiotéléphonie) Mot indiquant à l’interlocuteur qu’une communication prioritaire est en cours et qu’il ne doit pas transmettre.
Nom commun - français
silence \si.lɑ̃s\ masculin
-
Absence de bruit.
- Si tout est silence et repos dans les savanes de l’autre côté du fleuve, tout ici, au contraire, est mouvement et murmure : […]. — (François-René de Chateaubriand, Atala, ou Les Amours de deux sauvages dans le désert)
- Tout était calme autour de lui ; on était arrivé à cette heure mystérieuse de la nuit où la nature semble dormir, et où tous les bruits sans nom de la solitude s’éteignent pour ne laisser, suivant l’expression indienne, entendre que le silence. — (Gustave Aimard, Les Trappeurs de l’Arkansas, Éditions Amyot, Paris, 1858)
- Et puis le silence , ce grand silence qui plane au-dessus des solitudes islandaises , et que trouble seul le sifflement du vent ou le cri des pluviers dorés. — (Jules Leclercq, La Terre de glace, Féroë, Islande, les geysers, le mont Hékla, Paris : E. Plon & Cie, 1883, page 81)
- Aux arrêts, dans les gares, tous les bruits du dehors – la sonnerie du télégraphe, le clac-clac rythmique du graisseur, […] –, tout cela vous arrive multiplié par le silence, rendu plus net par la nuit. — (Octave Mirbeau, La Chambre close, Ernest Flammarion, Paris, 1920)
- Pour la troisième fois, et sur un ton intolérablement agressif, il réitéra son insolente question. Un silence gros de danger suivit. — (H. G. Wells, La Guerre dans les airs, 1908, traduction d’Henry-D. Davray et B. Kozakiewicz, Mercure de France, Paris, 1910, page 349 de l’édition de 1921)
- Le silence tombait du haut du ciel comme une cascade vertigineuse, traversant de part en part la Terre, sans rencontrer la plus légère résistance. — (Jules Supervielle, Le voleur d’enfants, Gallimard, 1926, collection Folio, page 125)
- Le cri du gravier sous ses bottines, dans le silence, la fit tressaillir. — (Pierre Louÿs, Psyché, 1927, page 136)
- Tout à coup, deux coups de feu brisent le silence de midi. — (Jean Rogissart, Passantes d’Octobre, Librairie Arthème Fayard, Paris, 1958)
- Le fait de se taire, de ne plus faire de bruit.
- […], la jeune fille porta un doigt à sa bouche pour lui commander le silence, et de l’autre main lui fit signe de la suivre. — (Alexandre Dumas, Othon l’archer, 1839)
- Au moindre geste d’improbation, il nous apostrophait et nous imposait silence avec une fureur qui nous touchait sans nous convaincre ; […]. — (Anatole Claveau, Les snobs, dans Sermons laïques, Paris : Paul Ollendorff, 1898, 3e éd., page 36)
- Puisqu’on a lyrisé tous les bruits de la nature, depuis le murmure de l'ouragan jusqu'au beuglement du cricri, je vais mettre, moi, ses silences en musique. — (Karol Beffa, « Bruit et musique », dans Parler, composer, jouer : Sept leçons sur la musique, éditions Le Seuil, 2017)
-
(Par extension) Action de ne pas exprimer sa pensée, oralement ou par écrit ; fait de se taire.
- Quoique très instruite, elle n’avoit ni les caprices, ni l’humeur qu’on attribue aux gens de lettres, qui tantôt se livrent à une loquacité importune, tantôt se renferment dans un silence méprisant. — (E.-F. Lantier, Voyages d’Anténor en Grèce et en Asie, Paris : chez Belin & chez Bernard, 2e édition revue, an VI, tome 1er, page 35)
- Il nous semble être retourné au collège, de nouveau nous marchons en rang, nous faisons des devoirs et surtout des pensums, et l’on nous astreint au silence […] — (Jean Heimveh, Question d’Alsace, 1889)
- Et rien en effet dans son langage, pas plus que dans ses silences ni dans son attitude, ne décela à sa bourgeoise qu’il avait les sens aux aguets et faisait bonne garde. — (Louis Pergaud, La Vengeance du père Jourgeot, dans Les Rustiques, nouvelles villageoises, 1921)
- Mon passe-temps favori est la conversation coupée de silences. Les autres fournissent la conversation, moi les silences. — (Paul Guth, Le mariage du Naïf, 1957, réédition Le Livre de Poche, page 74)
- Si Dimitri ne voulait pas épouser Phoebe, il aurait au moins dû avoir le courage de l’avouer et de rompre formellement sa promesse. Au lieu de cela, il avait opté pour le silence et l’hypocrisie, […]. — (Lucy Monroe , Pour l’honneur des Pétronides, traduit de l’anglais, dans le volume Séducteurs, éditions Harlequin, collection Coup de Cœur, 2012)
- Le silence est l’arme la plus puissante du mal. — (Maurice Magre, Le Sang de Toulouse, 1931)
-
Absence de mention d’une chose, du manque de témoignage sur un sujet, sur un fait.
- Mon manuel fait silence sur ce fait. - Le silence des journaux sur cet incident est significatif.
-
(En particulier) (Internet) Absence d’un document pertinent dans un moteur de recherche.
- Le moteur de recherche doit fonctionner rapidement et efficacement (en minimisant à la fois le silence — informations pertinentes auxquelles on n’a pas accès — et le bruit — informations non pertinentes auxquelles on accède. — (Jean-Marc Hardy, Gaetano Palermo, Réussir son site web en 60 fiches, 3e édition, page 70)
- (Musique) Interruption du son dans une phrase musicale.
- Ce morceau est coupé par des silences.
-
(Par extension) Signes qui marquent cette interruption.
- Il y a sept sortes de silences : la pause, la demi-pause, le soupir, le demi-soupir, le quart de soupir, le huitième de soupir et le seizième de soupir.
Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)
Fait de ne pas parler; État de celui qui s'abstient de parler. Observer le silence. Faire silence. Imposer silence. Rompre le silence. Garder le silence sur une chose. Mon silence vous en dira plus que mes paroles. Le silence est quelquefois éloquent. Un silence prudent. Je vous demande du silence, un instant de silence. Une minute de silence. Il souffre en silence. On a acheté son silence. Un long silence. Un profond silence. Le silence règne. Il s'emploie elliptiquement, par forme d'interjection, au lieu de Faites silence, faisons silence. Silence, messieurs. On dit aussi : Du silence; un peu de silence. Fig., Imposer silence aux médisants, à la calomnie, au mensonge, etc., les réduire au silence, Faire que leurs médisances, leurs calomnies, etc., ne trouvent plus de crédit et qu'ils soient par là forcés de se taire. Fig., Imposer silence à ses passions, Les réprimer, empêcher qu'elles ne troublent l'âme, qu'elles ne l'agitent.
SILENCE se dit, par extension, du Fait de ne pas exprimer sa pensée, oralement ou par écrit. Depuis longtemps, cet écrivain garde le silence. On l'a réduit au silence. Passer une chose sous silence, N'en point parler. Passez cela sous silence. Je passe sous silence ses infidélités.
SILENCE se dit encore de l'Absence de mention d'une chose, du manque de témoignage sur un sujet, sur un fait. Les historiens font silence sur ce fait. Le silence des journaux sur cet incident est significatif. Le silence de la loi se dit pour exprimer que Le fait dont il s'agit n'est pas prévu par la loi.
SILENCE se dit encore de la Cessation de commerce de lettres entre personnes qui étaient dans l'habitude de s'écrire. Il y a longtemps que je n'ai reçu de vos nouvelles : quelle est la cause de votre silence, de ce long silence? Après avoir été longtemps sans vous écrire, je romps enfin le silence. Il désigne aussi le Calme, la cessation de toute sorte de bruit. Le silence de la nuit. Le silence des bois. Rien ne trouble le silence qui règne en ces lieux. Vivre dans la retraite et dans le silence. Faire une chose dans le silence, La faire secrètement, avec mystère. Les conjurés concertèrent dans le silence la perte du tyran.
SILENCE, en termes de Musique, se dit de l'Interruption du son dans une phrase musicale. Ce morceau est coupé par des silences. Il se dit aussi des Signes qui marquent cette interruption. Il y a sept sortes de silences : la pause, la demi-pause, le soupir, le demi-soupir, le quart de soupir, le huitième de soupir et le seizième de soupir. Observer les silences.
Littré (1872-1877)
-
1Etat d'une personne qui s'abstient de parler.
Il supportait beaucoup de choses qu'il n'approuvait pas [chez les prédicateurs] ; et, comme il ne refusait jamais ses louanges au mérite, il donnait volontiers son silence à ce qui ne méritait pas d'être loué
, Guez de Balzac, Socrate chrét. X.Faites-lui du silence, et l'écoutez parler
, Corneille, l'Illus. comique, II, 1.Notre reine… Doit rompre aux yeux de tous son silence obstiné
, Corneille, Rodog. I, 1.Il y a un silence de discrétion et de repos
, La Rochefoucauld, Réfl. div. p. 129.Il faut se tenir en silence autant qu'on peut, et ne s'entretenir que de Dieu, qu'on sait être la vérité
, Pascal, Pens. XXIV, 37, éd. HAVET.En amour un silence vaut mieux qu'un langage ; il est bon d'être interdit ; il y a une éloquence de silence qui pénètre plus que la langue ne saurait faire
, Pascal, Amour.Rappelez en votre mémoire avec quelle circonspection elle ménageait le prochain, et combien elle avait d'aversion pour les discours empoisonnés de la médisance ; elle savait de quel poids est non-seulement la moindre parole, mais le silence même des princes
, Bossuet, Reine d'Anglet.La reine d'Angleterre disait que les princes devaient garder le même silence que les confesseurs, et avoir la même discrétion
, Bossuet, ib.Il y a trois sortes de silence : le silence de zèle, le silence de prudence dans les conversations, et le silence de patience dans les contradictions
, Bossuet, Instr. aux Ursulines sur le silence, préamb.Nous avons fait silence afin de l'écouter
, Quinault, Agrippa, V, 3.… Un des campagnards, relevant sa moustache… Impose à tous silence…
, Boileau, Sat. III.Sa réponse [de Néron] est dictée, et même son silence
, Racine, Brit. I, 1.Pour garder jusqu'au bout un silence perfide
, Racine, Bajaz. III, 4.Elle [Rome] se tait du moins ; imitez son silence
, Racine, Brit. III, 8.Toute la troupe, étonnée, demeura dans le silence
, Fénelon, Tél. VII.D'abord il se fit un profond silence dans toute l'armée
, Fénelon, Tél. X.Bientôt règne entre nous ce doux silence qui est le plus tendre langage des amants
, Montesquieu, Temple de Gnide, 5.Obéir en silence est votre seule gloire
, Voltaire, Fanat. III, 6.Le silence n'est point une contradiction
, Voltaire, Dict. phil. Contradictions.Je voudrais bien savoir à quoi sert le silence ; Il ne guérit de rien ; au contraire, il aigrit Les maux et les tourments du cœur et de l'esprit
, Lachaussée, Gouvern. I, 1.Le peuple n'a pas sans doute le droit de murmurer ; mais sans doute aussi il a le droit de se taire, et son silence est la leçon des rois
, L'Abbé de Beauvais, Or. fun. Louis X.Le silence est profond : la parole ferait un mal insupportable dans cet état de l'âme où tout est intime et intérieur
, Staël, Corinne, X, 4.Un regard, un silence, un accent de sa voix… ô lyre, en disent plus que ta vaine harmonie
, Lamartine, Nouv. méd. X.Il se dit au pluriel.
J'aime assez qu'on s'explique ; Les silences de cour ont de la politique
, Corneille, Pulch. V, 4.Elliptiquement, silence !
Chères sœurs, suspendons nos chants : Respectons ses chagrins ; elle approche, silence !
Delavigne, Paria, II, 6.Silence au camp ! la vierge est prisonnière… Silence au camp ! la vierge va périr
, Delavigne, Messén. Mort de Jeanne d'Arc.Son cercueil est fermé : Dieu l'a jugé ; silence !
Lamartine, Nouv. Médit. Bonaparte.On dit aussi quelquefois : du silence, un peu de silence.
Fig. Réduire au silence, ôter tout moyen de faire une réponse qui satisfasse.
Qu'on me parle tant qu'on voudra de combinaisons et de chances ; que vous sert de me réduire au silence, si vous ne pouvez m'amener à la persuasion ?
Rousseau, Ém. IV.Fig. Imposer silence aux médisances, à la calomnie, au mensonge, etc les réduire au silence, faire que les médisances, que les calomnies, que les mensonges ne trouvent plus crédit et n'osent plus se produire.
Prêt d'imposer silence à ce bruit imposteur
, Racine, Iphig. III, 1. -
2 Par analogie, il se dit du langage écrit. Le silence des journaux sur ce fait.
Le silence est la plus grande persécution : jamais les saints ne se sont tus
, Pascal, Pens. XXIV, 66.Le seul qui s'y fait entendre [parmi les protestants] depuis tant d'années, et à qui, par un si grand silence, tous les autres semblent laisser la défense de votre cause, c'est le ministre Jurieu
, Bossuet, 1er avertissement, II.Grand roi, si jusqu'ici, par un trait de prudence, J'ai demeuré pour toi dans un humble silence
, Boileau, Disc. au roi.J'imite de Conrart le silence prudent
, Boileau, Épît. I.Le peu que nous venons de dire est suffisant pour engager les lecteurs éclairés à se tenir sur leurs gardes, à se défier et de la louange et du blâme, et du silence même ; car le silence a aussi sa malignité et son injustice
, D'Alembert, Œuvr. t. I, p. 383.On dit dans un sens analogue : J'ai adressé une demande à cet administrateur, à cette administration ; mais il garde, elle garde le silence.
Passer une chose sous silence, n'en point parler.
Ancien terme de chancellerie et de matière criminelle. Le roi imposait silence à ses procureurs généraux, lorsqu'il leur défendait de poursuivre davantage l'affaire criminelle pour laquelle il avait donné des lettres d'abolition.
- 3Le silence de la loi, se dit en parlant d'un cas que la loi n'a pas prévu.
-
4Interruption dans un commerce de lettres. Je ne puis expliquer votre long silence. Après avoir été longtemps sans vous écrire, je romps enfin le silence.
La même raison, monsieur, qui fait votre silence, fait aussi le mien
, Sévigné, à Lamoignon, 27 août 1690. -
5Secret.
Tout cela sera plongé, s'il plaît à Dieu, dans le silence ; c'est tout le mieux
, Sévigné, 27 déc. 1688.Cet amour s'est longtemps accru dans le silence
, Racine, Mithr. I, 1.Le secret et le silence sont les conditions d'un pacte entre le bienfaiteur délicat et son obligé
, Diderot, Claude et Nér. II, 58.Ce qui nuirait s'il était connu, doit demeurer à jamais caché ; et la vérité dangereuse a le silence pour asile
, Marmontel, Cont. mor. Amitié à l'épr.[à Venise, sous l'inquisition d'État] La mort frappe sans bruit, le sang coule en silence
, Ducis, Othello, II, 7. -
6Oubli.
Elle [cette affaire] n'est bonne qu'à jeter dans l'abîme du silence
, Sévigné, 21 janv. 1689.Leur vie [des pécheurs] passe comme l'ombre ; il vient un jour fatal où périssent toutes leurs pensées ; leur mémoire fait un peu de bruit, et va se perdre dans un silence éternel
, Fléchier, Mar.-Thér. -
7 Fig. Calme, absence de bruit.
On n'oit que le silence, on ne voit rien que l'ombre
, Théophile, Pyrame et Thisbé, IV, 1.Le silence éternel de ces espaces infinis m'effraie
, Pascal, Pens. XXV, 17 bis.Ma sœur, qui peut causer votre sombre tristesse ? Le silence des bois sert à l'entretenir
, Quinault, Amad. II, 2.Pour animer ma voix, J'ai besoin du silence et de l'ombre des bois
, Boileau, Épît. VI.Là parmi les douceurs d'un tranquille silence
, Boileau, Lutr. I.Des victimes vous-même interrogez le flanc ; Du silence des vents demandez-leur la cause
, Racine, Iph. I, 2.Il semble pendant la nuit que tout soit en repos ; on s'imagine que les étoiles marchent avec plus de silence que le soleil
, Fontenelle, Mondes, 1er soir.Un silence absolu porte à la tristesse ; il offre une image de la mort ; alors le secours d'une imagination riante est nécessaire
, Rousseau, 5e prom.Il regarde, il écoute ; hélas ! dans l'ombre immense, Il ne voit que la nuit, n'entend que le silence
, Delille, Imaginat. IV.Le silence des tombeaux s'est substitué au murmure des places publiques
, Volney, Ruines, II.Le silence est profond dans cette ville [Venise], dont les rues sont des canaux ; et le bruit des rames est la seule interruption à ce silence
, Staël, Corinne, XV, 7.[Durant la nuit] Un silence pieux s'étend sur la nature
, Lamartine, Harm. II, 4.En le personnifiant.
J'écoute, à demi transporté, Le bruit des ailes du Silence Qui vole dans l'obscurité
, Saint-Amand, le Contempl. -
8 Fig. Absence d'agitation morale.
Si nous imposons silence à nos sens
, Bossuet, Hist. II, 6.Le silence des passions, le temps où elles laissent l'âme libre et calme.
Il faut briser ses chaînes, s'élever par des efforts redoublés jusqu'au monde intellectuel, s'approcher peu à peu de la suprême intelligence, et en contempler la nature divine dans le silence des sens et des passions
, Barthélemy, Anach. ch. 54.Imposer silence à ses passions, les réprimer, empêcher qu'elles ne troublent l'âme.
-
9Interruption dans un bruit.
Il n'y a point d'intervalle sensible entre les vibrations ; il n'y a point de silence entre les sons : voilà pourquoi le son paraît continu
, Condillac, Traité anim. ch. 6.Les échos assoupis ne livrent au zéphire Que des soupirs mourants, de silences coupés
, Lamartine, Méd. II, 2. -
10 Terme de musique. Chacun des moments pendant lesquels, dans le courant d'un morceau, les chanteurs ou les instruments se taisent.
Ces différentes phrases [du chant du rossignol] sont entremêlées de silences, de ces silences qui, dans tout genre de mélodie, concourent si puissamment aux grands effets
, Buffon, Ois. t. VIII, p. 121.Les sons et leur durée ne sont pas les seuls éléments de la musique ; le silence plus ou moins long y joue aussi un rôle fort important
, Fétis, la Musique, I, 6.Par extension.
Silences, signes répondant aux diverses valeurs des notes, lesquels, mis à la place de ces notes, marquent que tout le temps de leur valeur doit être passé en silence
, Rousseau, Dict. de mus. silence. -
11Il se dit, dans la déclamation, des suspensions que fait celui qui parle.
Il [Lekain] a quelquefois des silences trop longs ; il en faut comme en musique, mais il ne faut pas les prodiguer
, Voltaire, Lett. d'Argental, 17 avr. 1762.Si Mlle Durancey entend, comme je le crois, le grand art des silences
, Voltaire, ib. 11 févr. 1767. - 12 Terme de peinture. Se dit, par opposition à fracas, du calme ou de la simplicité qui règne dans une composition, dans le coloris et la disposition des lumières. Il y a du silence dans ce tableau.
HISTORIQUE
XIIIe s. Silence te convient avoir, Silence est signe de savoir
, le Castoiement d'un père, dans le Dict. de DOCHEZ.
XIVe s. Et fut silence faite
, Bercheure, f° 67, recto. Une abusion est entre vous, que, si une de vous soit mise en silence par sa culpe, elle ne devroit lire, ne chanter, ne veer le sacrement de la messe
, Du Cange, silentium.
XVe s. En imposant, sur ce, silence à nostre procureur et à tous autres procureurs d'office
, Juvénal Des Ursins, Charles VI, 1415. Mais non pourquant tint il au fort Sa silence jusqu'à la mort
, Deschamps, Poésies mss. f° 509.
XVIe s. … D'un tel propos la silence rompit
, Marot, IV, 22. Tout le monde assistant et escoutant en bonne silence…
, Rabelais, Pant. II, 19. Frere Jean rumpant cestuy tant obstiné silence
, Rabelais, ib. IV, 63. Ils ne vont pas souvent aux champs, d'autant qu'ils ne peuvent supporter le requoy ni le silence de la solitude
, Amyot, De la curios. 13. Soit que la nuict, toute chose appaisant, Couvre la terre et guide le silence…
, Desportes, Œuv. chrét. Prière.
SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE
SILENCE. Ajoutez :La municipalité a installé M. F…, mort actuellement ; les employés du télégraphe n'ont pas voulu l'accepter, et, vous connaissez l'expression télégraphique, ils ont fait silence ; j'étais à Oran, et, pendant une journée ou une demi-journée, je suis resté sans communications télégraphiques, Journ. offic. 22 avril 1875, p. 2913, 2e col.
Des précautions avaient été prises à l'avance, en prévision d'une invasion du télégraphe ; le cas échéant, le signal silence devait être communiqué à toutes sections correspondant avec Alger, ib. 16 avril 1875, p. 2744, 1re col.
HISTORIQUE
Ajoutez : XIIe s. Li intergetteiz silences de la voiz
, li Dialoge Gregoire lo pape, 1876, p. 32.
Encyclopédie, 1re édition (1751)
SILENCE, s. m. terme relatif, c’est l’opposé du bruit. Tout ce qui frappe l’organe de l’ouïe, rompt le silence. On dit le silence des temples est auguste, le silence de la nuit est doux, le silence des forêts inspire une espece d’horreur, le silence de la nature est grand, le silence des cloîtres est trompeur.
Silence, (Art orat.) le silence fait le beau, le noble, le pathétique dans les pensées, parce qu’il est une image de la grandeur d’ame ; par exemple le silence d’Ajax aux enfers dans l’Odyssée, où Ulysse fait de basses soumissions à ce prince ; mais Ajax ne daigne pas y repondre. Ce silence a je ne sais quoi de plus grand que tout ce qu’il auroit pu dire. C’est ce que Virgile a fort bien imité dans le vj. livre de l’Enéide, où Didon aux enfers traite Enée de la même maniere qu’Ajax avoit fait Ulysse, aussi insensible, aussi froide qu’un rocher de Paros, elle s’éloigna sans lui répondre, & d’un air irrité s’enfonça dans le bois.
Nec magis incepto vultum sermone movetur,
Quam se dura silex aut stet Marpesia cautes,
Tandem proripuit sese, atque inimica refugit ;
Tu nemus umbriterum.
v. 470.
2°. Il est une seconde sorte de silence, qui a beaucoup de grandeur & de sublimité de sentiment en certain cas. Il consiste à ne pas daigner parler sur un sujet dont on ne pouvoit rien dire sans risquer, ou démontrer quelque apparence de bassesse d’ame, ou de faire voir une élévation capable d’irriter les autres. Le premier Scipion l’africain, obligé de comparoître devant le peuple assemblé, pour se purger du crime de péculat dont les Tribuns l’accusoient : Romains, dit-il, à pareil jour je vainquis Annibal, & soumis Carthage ; allons-en rendre graces aux Dieux. En même tems il marche vers le capitole, & tout le peuple le suit. Scipion avoit le cœur trop grand pour faire le personnage d’accusé, & il faut avouer que rien n’est plus héroïque que le procédé d’un homme, qui fier de sa vertu, dédaigne de se justifier, & ne veut point d’autre juge de sa conscience.
Dans la tragédie de Nicomede, ce prince, par les artifices d’Arfinoé sa belle-mere, est soupçonné de tremper dans une conspiration ; Prusias son pere, qui ne le souhaite pas coupable, le presse de se justifier, & lui dit :
- Purge-toi d’un forfait si honteux & si bas.
l’ame de Nicome de se peint dans sa réponse vraiment sublime :
- Moi, seigneur, m’en purger ! vous ne le croyez pas.
Je ne sais ce qu’on doit le plus admirer dans la réponse de Nicomede, ou de ce qu’il ne veut pas seulement se justifier, ou de ce qu’il est si sûr & si fier de son innocence, qu’il ne croit pas que son accusateur en doute.
3°. Un ambassadeur d’Abdere, après avoir longtems harangué Agis, roi de Sparte, pour des demandes injustes, finit son discours, en lui disant : seigneur, quelle réponse rapporterai-je de votre part ? Que je t’ai laisse dire tout ce que tu as voulu, & tant que tu as voulu, sans te répondre un mot. Voilà un taire-parlier bien intelligible, dit Montagne.
4°. Mais je vais offrir un exemple de silence qui est bien digne de notre respect. Un pere de l’Eglise nous donne une idée de la constance de Jesus-Christ par un fort beau trait de réponse. Pour l’entendre, il faut se rappeller une circonstance de la vie d’Epictete. Un jour, comme son maître lui donnoit de grands coups sur une jambe, Epictète lui dit froidement : si vous continuez, vous casserez cette jambe ; son maître irrité par ce sang froid, lui cassa la jambe : ne vous l’avois-je pas bien dit que vous casseriez cette jambe ? Un philosophe opposoit cette histoire aux chrétiens, en disant : votre Jesus-Christ a-t-il rien fait d’aussi beau à sa mort ? Oui, dit S. Justin, il s’est tû. (D. J.)
Silence, (Crit. sacrée.) ce mot, outre sa signification ordinaire, se prend au figuré dans l’Ecriture ; 1°. pour la patience, le repos, la tranquillité : nous les conjurons de manger leur pain, en travaillant paisiblement, in silentio, μετὰ ἡσυχίας, II. Thess. iij. 12. Ce terme 2°. désigne la retraite, la séparation du grand monde : Esther ne portoit pas ses beaux habits dans le tems de sa retraite ; in diebus silentii. 3°. Il marque la ruine, Dominus silere nos fecit, Jérem. viij. 14. c’est-à-dire le seigneur vous a ruiné. (D. J.)
Silence dieu du, (Mythol.) Ammian Marcellin dit qu’on révéroit la divinité du silence, silentii numen colitur. Les Egyptiens l’appelloient Sigation ; les Grecs, Harpocrate ; & les Romains, Angenora. On représentoit cette divinité ayant le doigt sur la bouche. (D. J.)
Silences, s. m. en Musique, sont différens signes répondans à toutes les différentes valeurs des notes ; & qui, mis à la place de ces notes, marquent que tout le tems de leur valeur doit être passé en silence.
Quoiqu’il y ait dix valeurs de notes différentes, depuis la maxime, jusqu’à la quadruple croche, il n’y a cependant que neuf caracteres différens pour les silences, parce qu’il n’y en a point qui corresponde à la valeur de la maxime ; mais pour en exprimer la durée, on double le bâton de quatre mesures, qui équivaut à la longue.
Ces divers silences sont donc, le bâton de quatre mesures, qui vaut une longue ; le bâton de deux mesures, qui vaut une breve, ou quarrée ; la pause, qui vaut une semi-breve, ou ronde ; la demi-pause, qui vaut une minime, ou blanche ; le soupir, qui vaut une noire ; le demi-soupir, qui vaut une croche ; le quart de soupir, qui vaut une double croche ; le demi-quart de soupir, qui vaut une triple croche ; & enfin, le seizieme de soupir, qui vaut une quadruple croche. Voyez dans les Pl. de Musique les figures de tous ces silences.
Il faut remarquer que le point n’a pas lieu parmi les silences, comme parmi les notes ; car, quoiqu’une noire & un soupir soient d’égale valeur, on ne pourroit pas pointer le soupir, pour exprimer la valeur d’une noire pointée ; mais il faut après le soupir écrire encore un demi-soupir ; ce qui est assez mal entendu. (S)
Étymologie de « silence »
Provenç. silenci, s. m. et silencia, s. f. espagn. silencio ; ital. silenzio ; du lat. silentium, de silere, se taire, qu'on rapproche du goth. silan, être tranquille ; comparez aussi le bas-bret. sioul, tranquille. L'ancienne langue avait le verbe siler, se taire : XIIIe siècle. [Le rossignol] S'en va et si va silant
, Bibl. des chartes, 4e série, t. V, p. 323.
- Du latin silentium (« silence »).
Phonétique du mot « silence »
Mot | Phonétique (Alphabet Phonétique International) | Prononciation |
---|---|---|
silence | silɑ̃s |
Fréquence d'apparition du mot « silence » dans le journal Le Monde
Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.
Évolution historique de l’usage du mot « silence »
Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.
Citations contenant le mot « silence »
-
On répond au fou par le silence.
Hazrat Ali -
Le silence irrite le diable.
Proverbe bulgare -
La plus grande révélation est le silence.
Lao-Tseu -
Le silence est la récompense du comédien.
Georges Perros -
Le bon silence s'appelle sainteté.
Proverbe portugais -
Le silence est la sieste du bruit.
José Artur -
Sachez écouter, et soyez sûr que le silence produit souvent le même effet que la science.
Napoléon Ier — Instructions pour le prince Eugène, 7 juin 1805 -
La parole ne représente parfois qu'une manière, plus adroite que le silence, de se taire.
Simone de Beauvoir — La Force de l'âge, Gallimard -
Le silence éternel de ces espaces infinis m'effraie.
Blaise Pascal — Pensées, 206 Pensées -
Repose-toi du son dans le silence, et, du silence, daigne revenir au son. Seul, si tu sais être seul, déverse-toi parfois jusqu'à la foule.
Victor Segalen — Stèles, Plon
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Traductions du mot « silence »
Langue | Traduction |
---|---|
Anglais | silence |
Espagnol | silencio |
Italien | silenzio |
Allemand | stille |
Chinois | 安静 |
Arabe | الصمت |
Portugais | silêncio |
Russe | тишина |
Japonais | 沈黙 |
Basque | isiltasun |
Corse | silenziu |
Synonymes de « silence »
- état
- calme
- paix
- pause
- fait
- secret
- état physique
- mutisme
- anonymat
- arrêt
- bavardage
- discrétion
- furtivité
- intervalle
- métrage
- taciturnité
- tranquillité
- vacarme
- chut
- motus
- ta bouche
- ta gueule
- langue
Antonymes de « silence »
- cri
- agitation
- animation
- aveu
- babil
- barouf
- bavardage
- beuglement
- boucan
- bourdonnement
- bousin
- bruissement
- bruit
- cailletage
- caquet
- chahut
- chuchotement
- clameur
- cohue
- confession
- conversation
- correspondance
- dialogue
- expression
- faconde
- fracas
- hourvari
- hurlement
- loquacité
- parole
- raffut
- tapage
- tumulte
- vacarme
- épanchement
Combien de points fait le mot silence au Scrabble ?
Nombre de points du mot silence au scrabble : 9 points