La langue française

Accueil > Dictionnaire > Définitions du mot « aveu »

Aveu

Variantes Singulier Pluriel
Masculin aveu aveux

Définitions de « aveu »

Trésor de la Langue Française informatisé

AVEU, subst. masc.

A.− Action d'avouer quelque chose.
1. Action de révéler quelque chose.
a) Action de dévoiler, d'expliquer quelque chose d'ignoré, de caché :
1. − J'ai besoin d'un secret, reprit M. Ouine, j'ai le plus pressant besoin d'un seul secret, (...) ... Un secret, comprenez-moi bien, mon enfant, je veux dire une chose cachée qui vaille la peine d'un aveu − d'un aveu, d'un échange, une chose dont je puisse me décharger sur autrui. Bernanos, Monsieur Ouine,1943, p. 1555.
b) Action de reconnaître et de révéler quelque chose, qu'on est l'auteur d'un acte, d'une action, souvent blâmables (faute, tort causé, simple pensée ou omission); action de s'accuser, de se confesser. Faire l'aveu de sa faute, arracher, rétracter des aveux :
2. ... la mauvaise conscience aspire à l'aveu et au pardon, la conscience inquiète à la confrontation et au dialogue. Janet dit de la confession qu'elle « semble avoir été inventée par un aliéniste de génie qui voulait traiter des obsédés ». Elle est plus que cela pour le croyant, mais elle est déjà cela pour le psychologue. Mounier, Traité du caractère,1946, p. 487.
Au fig. :
3. les voluptantes. − Reviens, vagir parmi mes cheveux, mes cheveux Tièdes, je t'y ferai des bracelets d'aveux! Étends partout les encensoirs les plus célestes, L'univers te garde une note unique! Reste... Laforgue, Les Complaintes,Complainte des voix, 1885, p. 74.
4. Dès que la richesse, les prix et la monnaie sont en cause, le pouvoir éprouve une résistance non saisissable. Le conscrit se rend à la caserne et le braconnier à la prison; cela ne fait pas difficulté. Mais donner l'impulsion aux affaires et aux marchés, faire sortir l'argent, tirer des aveux d'une bourse, cela se décrète aisément et ne se fait point. Alain, Propos,1934, p. 1216.
Rem. Belgicisme. Être en aveux, entrer en aveux pour avouer, faire des aveux, faire l'aveu de sa faute d'apr. Hanse 1949.
Spéc., DR.
DR. CIVIL. Mode de preuve constituée par la reconnaissance par une partie de l'exactitude d'une allégation et de nature à produire des conséquences juridiques à son détriment. Aveu d'une dette. Aveu judiciaire. Celui qui est fait en justice au cours d'une instance. Aveu extrajudiciaire. Celui qui est fait en dehors de la présence du juge ou dans une autre instance :
5. 1354. L'aveu qui est opposé à une partie, est ou extrajudiciaire ou judiciaire. 1355. L'allégation d'un aveu extrajudiciaire purement verbal est inutile toutes les fois qu'il s'agit d'une demande dont la preuve testimoniale ne serait point admissible. 1356. L'aveu judiciaire est la déclaration que fait en justice la partie ou son fondé de pouvoir spécial. Il fait pleine foi contre celui qui l'a fait. Il ne peut être divisé contre lui. Il ne peut être révoqué, à moins qu'on ne prouve qu'il a été la suite d'une erreur de fait. Il ne pourrait être révoqué sous prétexte d'une erreur de droit. Code civil,1804, p. 246.
DR. PÉNAL. Reconnaissance par un individu d'avoir commis une infraction et constituant un moyen d'instruction insuffisant à lui seul pour entraîner condamnation. Faire l'aveu d'un crime :
6. Arrêté la nuit, porteur d'une pince-monseigneur, en compagnie de rôdeurs munis de fausses clefs. Dans une lettre au procureur, il a fait des aveux complets; mais il dit à présent que, cette lettre, un repris de justice l'a forcé à l'écrire. Et il nie tout. Gide, Souvenirs de la Cour d'assises,1913, p. 643.
Empl. ironiquement :
7. La foule des pingouins ignorait le doute : elle eut foi dans la culpabilité de Pyrot, et cette foi devint aussitôt un des principaux articles de ses croyances nationales et une des vérités essentielles de son symbole patriotique. Pyrot fut jugé secrètement et condamné. Le général Panther alla aussitôt informer le ministre de la guerre de l'issue du procès. − Par bonheur, dit-il, les juges avaient une certitude, car il n'y avait pas de preuves. − Des preuves, murmura Greatauk, des preuves, qu'est-ce que cela prouve? Il n'y a qu'une preuve certaine, irréfragable : les aveux du coupable. Pyrot a-t-il avoué? − Non, mon général. − Il avouera : il le doit. Panther, il faut l'y résoudre; dites-lui que c'est son intérêt. Promettez-lui que, s'il avoue, il obtiendra des faveurs, une réduction de peine, sa grâce; promettez-lui que, s'il avoue, on reconnaîtra son innocence; on le décorera. Faites appel à ses bons sentiments. Qu'il avoue par patriotisme, pour le drapeau, par ordre, par respect de la hiérarchie, sur commandement spécial du ministre de la guerre, militairement... Mais, dites-moi, Panther, est-ce qu'il n'a pas déjà avoué? Il y a des aveux tacites; le silence est un aveu. − Mais, mon général, il ne se tait pas; il crie comme un putois qu'il est innocent. − Panther, les aveux d'un coupable résultent parfois de la véhémence de ses dénégations. Nier désespérément, c'est avouer. Pyrot a avoué; il nous faut des témoins de ses aveux, la justice l'exige. A. France, L'Île des pingouins,1908, p. 259.
Arg. Faire des aveux. Se mettre à table :
8. Il faisait du zèle... Il nous traitait en farouche... Il voulait nous épouvanter! ... Sans doute pour qu'on se mette à table... qu'on lui fasse tout de suite des aveux! ... Céline, Mort à crédit,1936, p. 637.
2. Action d'admettre quelque chose.
a) Action d'admettre quelque chose d'intime, de personnel, de plus ou moins pénible à reconnaître, concernant sa nature, ses imperfections ou ses sentiments, et de les révéler; confidence, confession littéraire :
9. Confidence et confession 31 mars 1898 : En écrivant la première phrase de ses Confessions : « Je forme une entreprise qui n'eut jamais d'exemple, et dont l'exécution n'aura point d'imitateur », Jean-Jacques Rousseau s'est montré − on peut le dire − historien oublieux et mauvais prophète. Car chacun sait que, dans la primitive église, le pénitent s'accusait à voix haute devant l'assemblée des fidèles, et l'on n'ignore pas non plus que, depuis le fameux livre du philosophe de Genève, une foule d'écrivains n'hésitent pas à livrer au public les plus indiscrets aveux sur leur vie privée et sur leurs sentiments intimes. Hâtons-nous d'ajouter que, de toutes les révolutions déchaînées par le génie de Rousseau dans la politique et dans les mœurs, celle-ci du moins a donné quelques beaux fruits. La littérature en fut renouvelée, et cet appel à la sincérité nous a valu des chefs-d'œuvre. Aucun écrit n'est plus intéressant, plus passionnant, en effet, et n'a plus de chances de durée que celui où un homme de bonne foi s'efforce de mettre son âme à nu et de se montrer tel qu'il est. Coppée, La Bonne souffrance,1898, p. 181.
Plus précisément. Déclaration d'amour. Faire un doux aveu :
10. Avec quel délice, je me retrouvai dans le lieu où mon oreille avoit été frappée du son enchanteur de ces paroles : Et moi aussi, Olivier, je vous aime! Aveu plein de charmes et de candeur, qu'avant ce jour aucun amant peut-être n'entendît prononcer... Mmede Genlis, Les Chevaliers du Cygne,t. 1, 1795, p. 132.
b) Adhésion personnelle que l'on donne à quelque chose d'abstrait; action de faire sienne une idée, une conviction :
11. En somme la crédulité c'est l'objet qui s'impose à nous, c'est une croyance entièrement subjective et qui cependant n'est pas notre œuvre. C'est grâce au doute au contraire, qui libère le sujet de la fascination de l'objet, que la croyance devient nôtre : la croyance authentique n'est pas seulement celle qui est en moi mais celle que j'avoue. Et cette notion d'aveu est peut-être ce qui éclaire le plus celle de croyance. Si je n'avoue que ce que j'accepte de moi-même, si l'aveu ainsi porte toujours sur l'être, il faut dire que ma croyance est mon plus profond aveu. La psychologie contemporaine place le doute, qui est en somme le pouvoir de nier, dans la perspective d'une évolution de nos croyances comportant trois étapes essentielles. À une première étape, à l'étape de la crédulité primitive, comme dit Bain, l'adhésion à une croyance est spontanée, irréfléchie : cette adhésion, pré-critique, est plutôt adhérence. Puis vient l'attitude critique, mettant en doute la vérité des jugements auxquels nous avions accordé jusque là notre assentiment. Enfin, à un troisième stade, l'adhésion n'est accordée qu'après une délibération réfléchie qui ne donne aux croyances que la valeur conforme à cette réflexion. J. Lacroix, Marxisme, existentialisme, personnalisme,1949, p. 117.
c) Rare, littér. Action de reconnaître comme vrai ce qu'un autre a dit ou fait, témoignage qu'on rend :
12. Si l'on veut juger du point de confusion où nous sommes parvenus, qu'on lise le Bulletin quotidien de presse étrangère publié par les soins de notre Quai d'Orsay. Ce bulletin peut bien enregistrer, tous les jours, les aveux officiels d'intervention de l'Allemagne et de l'Italie : le Quai d'Orsay n'accepte pas moins de rencontrer les représentants de ces états à Londres, au comité de non-intervention. Guéhenno, Journal d'une« Révolution », Été 1937, p. 259.
Usuel. De l'aveu de (elliptiquement pour ainsi que cela résulte de l'aveu de). Selon l'opinion de..., ainsi qu'en convient..., ainsi que le reconnaît... :
13. Pendant un déjeuner, on parla d'un grand cousin dissipé qui considérait sa mère comme une idiote : de l'aveu de mon père elle l'était en effet. Il déclara cependant avec véhémence : « Un enfant qui juge sa mère est un imbécile. » S. de Beauvoir, Mémoires d'une jeune fille rangée,1958, p. 110.
SYNT. Aveu de défaite, d'une (de) faute(s), d'impuissance, des lèvres, des sentiments; aveu(x) brutal(aux), complet(s), formel(s), involontaire(s), naïf(s), nécessaire(s), secret(s), sincère(s), tacite(s); tel(s) aveu(x), gens sans aveu, sincérité d'aveux; dernier, nouvel (nouveaux), pareil, premier(s), prétendus, propre(s), triste(s) aveu(x); un (des) aveu(x) (s')échappe(nt); aveu(x) échappé(s); devoir un aveu, échapper un (des) aveu(x), faire un (des) aveu(x), obtenir un (des) aveu(x), recevoir un (des) aveu(x).
B.− Action d'avouer quelqu'un.
1. DR. FÉODAL
a) Acte d'un vassal reconnaissant quelqu'un pour seigneur, duquel il déclarait tenir tel héritage, et généralement suivi du dénombrement, description détaillée des biens composant le fief. Aveu et dénombrement, aveu et déclaration, rendre un aveu :
14. Les fiefs subsistaient, entre lesquels la hiérarchie, de vassal à suzerain, se maintenait par l'aveu et le dénombrement, ainsi que par une redevance à chaque mutation; ... G. Lefebvre, La Révolution fr.,1963, p. 51.
Rem. Attesté ds la plupart des dict. gén. du xixes. ainsi que ds Ac. 1932 et Rob.
b) P. oppos. à désaveu. Acte par lequel un vassal reconnaissait quelqu'un pour seigneur.
Rem. Attesté ds Littré, Nouv. Lar. ill., ainsi que ds la plupart des dict. gén. du xxes.
Au fig. :
15. Les puissances chrétiennes commencent leurs traités d'alliance et de paix par une formule religieuse qui les met sous la protection de l'être trois fois saint, présent aux conventions solennelles des peuples, comme aux pensées intimes des hommes : usage vénérable, aveu de foi et hommage envers la divinité, et le seul acte public de religion que puissent faire les peuples réunis en un corps. Bonald, Législ. primitive,t. 2, 1802, p. 103.
c) Acte d'un seigneur reconnaissant quelqu'un pour vassal.
Rem. Attesté ds Littré, Nouv. Lar. ill., DG, Ac. 1932, Lar. encyclop., Quillet 1965.
Loc. (Homme) sans aveu. (Celui) qui n'est avoué d'aucun seigneur féodal.
Au fig., mod. Individu ne possédant rien; individu sans moralité, dont l'activité et les revenus sont inavouables :
16. C'était la première fois qu'elle entendait une voix sympathique prononcer avec ce religieux respect le mot de « révolutionnaire », qui éveillait, dans son esprit, l'image d'individus à mine louche, capables d'incendier et de piller les quartiers riches pour assouvir de bas appétits : des hommes sans aveu, qui cachent des bombes sous leur veste, et contre lesquels la société n'a d'autre recours que la déportation. R. Martin du Gard, Les Thibault,L'Été 1914, p. 367.
Rem. Selon Littré et Bél. 1957 sans aveu s'applique aussi aux choses et signifie « qui n'est reconnu de personne ».
2. Littér. Autorisation, approbation donnée par quelqu'un à quelqu'un, généralement un inférieur, de faire ou d'avoir fait quelque chose :
17. Nous avions déjà l'aveu de sa mère. Nous reçûmes, le 24, son consentement régulier, qui assurait tout. Michelet, Journal,1849-60, p. 594.
3. Au fig. Conformité de quelque chose avec quelque chose d'abstrait (cf. avouer I A 3 b) :
18. Toujours, quand on ne se livre pas à la volonté divine, on veut que Dieu veuille ce que l'homme veut. Et pourtant croire en Dieu, le désirer, l'appeler, tout cet aveu nécessaire de la conscience n'a de raison, pour nous, qu'autant que nous attendons de lui ce que nous ne sommes pas, ce que nous ne pouvons être ni faire seuls. Si on ne le veut pas où il est, c'est qu'on le voudrait où il ne peut être. M. Blondel, L'Action,1893, p. 397.
PRONONC. : [avø].
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. a) 1283 dr. féod. « acte établissant l'engagement d'un vassal envers son seigneur » (Ph. de Beaumanoir, Coutumes Beauvaisis, éd. A. Salmon, 65, 1423 : Et en teus cas est il bon as tenans que il ne facent nus aveus, car il pourroient perdre); début xvies. homme sans aveu « qui n'est lié à aucun seigneur » (Amadis de Gaule, I, 9, ds Dict. hist. Ac. fr. t. 4, p. 765 : Ah! pauvre Damoysel de la mer, sans parentz, sans terre, n'adveu, comme as tu osé mettre ton cœur si hault, que d'aymer celle qui precelle toutes aultres), d'où 1700 « vagabond » (Comte de Pontchartrain, Secretaire d'Etat, au premier président du Parlement de Paris ds Depping, Correspondance administrative sous Louis XIV, t. 2, p. 332, ibid.); b) 1387 p. ext. « action de déclarer qu'on autorise, consentement » (Froissart, Chron., 1. II, chap. 124, ibid.); 2. a) av. 1626 « action de confesser qqc., de reconnaître certains faits » (Théophile, Élégie à une dame, ibid., p. 768 : Vous entendez le poids, le sens, la liaison, Et n'avez, en jugeant, pour but que la raison; Aussi mon sentiment à vostre adveu se range); 1668 (en parlant de faits pénibles à révéler) (Mol., Amph., II, 6 ds Rob.); b) 1681 de l'aveu de « au témoignage de » (Boss., Hist. univ., II, 21, ibid.) Déverbal de avouer* d'apr. les formes fortes de l'ind. prés. du type de il aveue (1283, Beaumanoir ds T.-L.).
STAT. − Fréq. abs. littér. : 2 418. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 3 418, b) 2 746; xxes. : a) 3 845, b) 3 582.
BBG. − Bach.-Dez. 1882. − Barr. 1967. − Bouillet 1859. − Bruant 1901. − Canada 1930. − Cap. 1936. − Comm. t. 1 1837. − Dupin-Lab. 1846. − Fén. 1970. − Gramm. t. 1 1789. − Lacr. 1963. − Lafon 1969. − Lemeunier 1969. − Lep. 1948. − Marcel 1938. − March. 1970. − Pierreh. Suppl. 1926. − Porot 1960. − Réau-Rond. 1951. − Rog. 1965, p. 236. − Sandry-Carr. 1963. − Sexol. 1970. − St-Edme t. 2 1825. − Spr. 1967.

Wiktionnaire

Nom commun - français

aveu \a.vø\ masculin

  1. Déclaration verbale ou écrite par laquelle on reconnaît avoir fait ou dit quelque chose.
    • On avait dépouillé Rébecca de ses ornements, de crainte qu’il ne s’y trouvât quelques-unes de ces amulettes que Satan, à ce qu’on supposait, donnait à ses victimes pour les priver du pouvoir de faire des aveux, même sous la force de la torture. — (Walter Scott, Ivanhoé, traduit de l’anglais par Alexandre Dumas, 1820)
    • Les Lettres à l'Étrangère, […], ces lettres contiennent des aveux, voilés, il est vrai, des histoires obscures, sans doute, mais reconnaissables pour qui connaît un peu l'existence secrète de Balzac. — (Octave Mirbeau La Mort de Balzac, 1907)
  2. (En particulier) (Droit) La reconnaissance que fait une partie du droit prétendu par son adversaire.
    • L’aveu d’une dette. - Aveu judiciaire, extrajudiciaire.
  3. (Par extension) Témoignage qu’on rend de ce qu’un autre a dit ou fait.
    • J’ai été, de l’aveu de tout le monde, le plus célèbre marchand de fromages à la crème dans Babylone, et j’ai été ruiné. — (Voltaire, Zadig ou la Destinée, 1748, chapitre XVII, Le pêcheur)
    • Que deviendront les petites célébrités et qui restera dans le paysage ? Difficile à dire, de l’aveu même des directeurs de salles et responsables de festivals. — (Sandrine Blanchard, Pourquoi y a-t-il tant d’humoristes en France ?, Le Monde. Mis en ligne le 19 avril 2019)
  4. (Vieilli) Approbation, consentement, agrément qu’une personne supérieure donne à ce qu’un inférieur a fait ou a dessein de faire.
    • Ne donne pas ton cœur sans ta main, dit Caroline à Modeste une heure avant sa mort, et surtout n’accueille aucun hommage sans l’aveu de notre mère ou de papa... — (Honoré de Balzac, Modeste Mignon, 1844)
  5. (Droit féodal) Acte qu’un vassal était obligé de donner à son seigneur et par lequel il avouait, reconnaissait tenir de lui tel ou tel héritage.
    • Qui ne croirait, d'après cela, que ce devoir de grenouillage ne fût une obligation extrêmement répandue en Bretagne? Cependant, parmi les nombreux aveux de seigneuries bretonnes que j'ai eu occasion de lire, je n'en ai trouvé qu'un seul exemple, au profit de l'évêque de Saint-Brieuc. — (Arthur de La Borderie, Annuaire historique et archéologique de la Bretagne - année 1861, Rennes : Ganche & Paris : Durand, 1861, p.191)
  6. (Par extension) (Histoire) L’acte par lequel un seigneur avouait, reconnaissait quelqu’un pour vassal ou un vassal quelqu’un pour seigneur.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

AVEU. n. m.
Déclaration verbale ou écrite par laquelle on reconnaît avoir fait ou dit quelque chose. Il paraît par son aveu même, on sait de son propre aveu que... Faire l'aveu de sa faute, d'un crime. On est parvenu à tirer de lui cet aveu. Arracher des aveux. Rétracter ses aveux. Il se dit particulièrement, en termes de Jurisprudence, de la Reconnaissance que fait une partie du droit prétendu par son adversaire. L'aveu d'une dette. Aveu judiciaire, extrajudiciaire. Il se dit aussi du Témoignage qu'on rend de ce qu'un autre a dit ou fait. C'est lui qui a le mieux parlé, de l'aveu de tout le monde. Il désigne encore l'Approbation, le consentement, l'agrément qu'une personne supérieure donne à ce qu'un inférieur a fait ou a dessein de faire. Je ne veux rien faire sans votre aveu. Il a entrepris cela de votre aveu. Il a l'aveu de ses parents pour son mariage. En termes de Droit féodal, il signifiait Acte qu'un vassal était obligé de donner à son seigneur et par lequel il avouait, reconnaissait tenir de lui tel ou tel héritage. Il désignait aussi l'Acte par lequel un seigneur avouait, reconnaissait quelqu'un pour vassal ou un vassal quelqu'un pour seigneur. Un homme sans aveu signifiait Celui qui, n'ayant point été reconnu pour vassal par un seigneur, ne pouvait réclamer sa protection. Il signifie aujourd'hui Celui que personne ne veut reconnaître, homme qui n'a ni feu ni lieu.

Littré (1872-1877)

AVEU (a-veu, au plur. a-veû, la prononciation étant comme dans affreux) s. m.
  • 1 Terme de féodalité. Acte établissant une vassalité.

    Homme sans aveu, vagabond, homme qui n'a ni feu ni lieu ; proprement, homme qui n'est avoué d'aucun seigneur féodal.

    Par extension, en parlant des choses, qui n'est reconnu de personne. Une telle aventure [Philippe III soumis à l'inquisition] n'est rapportée que dans des livres sans aveu, Voltaire, Mœurs, 140.

  • 2Agrément, approbation, consentement. Je n'en puis user sans ton aveu. Il a fait cela avec l'aveu ou de l'aveu du gouvernement. Si vos amis de Rome en ont pris quelque soin, C'était sans mon aveu, je n'en ai pas besoin, Corneille, Nicom. IV, 2. Si vos promesses n'ont l'aveu de Viriate, Corneille, Sertor. IV, 3. Et par son propre aveu la reine d'Arménie Est due à l'héritier du roi de Bithynie, Corneille, Nicom. IV, 5. Je crains que ce don n'ait jamais son aveu, Corneille, Sertor. IV, 3. Jusqu'à ce que ma flamme ait eu l'aveu d'un père, Corneille, le Ment. V, 6. J'ai besoin pour cela de l'aveu de quelque autre, Molière, le Dép. II, 2. Ils ont un ordre de ne rien imprimer sans l'aveu de leurs supérieurs, Pascal, Prov. 5. J'obtins l'aveu d'Agrippa votre frère, Pascal, Bérén. I, 4. Sans votre aveu l'on me fait prisonnier, Pascal, Plaid. II, 9. Quelle verve indiscrète, Sans l'aveu des neufs sœurs, vous a rendu poëte, Boileau, Sat. IX. Par un écrivain estimable, qui avait l'aveu du public, D'Alembert, Acad. fr. V, p. 160.
  • 3En jurisprudence, reconnaissance que fait une partie du droit prétendu par son adversaire. L'aveu d'une dette.
  • 4Action d'avouer, de confesser, de convenir. Après l'aveu de sa faute. Arracher ou tirer des aveux. Leur silence paraissait un aveu. Les mauvais succès sont les seuls maîtres qui peuvent nous reprendre utilement et nous arracher cet aveu d'avoir failli, qui coûte tant à notre orgueil, Bossuet, Reine d'Anglet. Que de peine à faire un aveu sincère ! Bossuet, Euch. 2. Dieu, reçois son aveu du sein de ton empire, Voltaire, Zaïre, II, 3. C'est le sincère aveu que je voulais vous faire, Racine, Brit. IV, 2. … Elle vous veut faire l'aveu fidèle D'un secret…, Racine, Baj. V, 5. Je meurs pour ne point faire un aveu si funeste, Racine, Phèd. I, 3. Ce franc aveu sied bien aux grands courages, Corneille, Sertor. III, 2.

    De l'aveu de, avec le témoignage de. Il est certain, de l'aveu des Juifs…, Bossuet, Hist. II, 8. Il est certain, de leur aveu propre, que…, Bossuet, ib. III, 6. La chose s'était passée, de son aveu, en tout bien tout honneur, Hamilton, Gramm. 9.

SYNONYME

AVEU, CONFESSION. Aveu est plus général que confession ; il s'applique à tout ce que l'on avait le dessein de cacher, bon ou mauvais. La confession ne s'applique qu'au mal, à un tort, à un méchef. Aussi la torture, la menace arrachent non une confession, mais des aveux.

HISTORIQUE

XIIIe s. Et en tel cas, est il bon as tenans, qu'il ne facent nus aveus ; car il pourroient perdre, Beaumanoir, XLV, 4.

XVe s. Advint que aulcuns larrons bourguignons sans maistre ne adveu, se mirent sur les champs, J. de Troyes, Chron. 1474.

XVIe s. Sans l'adveu de nostre volonté, Montaigne, I, 98. Le seigneur et le vassal sont tenus reciproquement s'entre-communiquer, de bonne foi, leurs aveus, denombremens et autres lettres ; ou s'en purger par serment, Loysel, 593. Un seigneur ne peut contraindre son vassal de bailler aveu [état, dénombrement de ce qu'il avoue tenir de lui] plus d'une fois en sa vie, Loysel, 599. Pour simples meubles, on ne peut intenter complainte ; mais en iceux, echet aveu [revendication] et contre-aveu, Loysel, 754. Ilz demandoient en courroux à Phoebidas par commandement et adveu de qui il avoit fait ceste surprise, Amyot, Agésil. 38.

Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

Encyclopédie, 1re édition (1751)

AVEU, Voyez Adveu.

Wikisource - licence Creative Commons attribution partage dans les mêmes conditions 3.0

Étymologie de « aveu »

À et vœu (voy. AVOUER). La série des sens est : action de vouer, et proprement, de vouer service féodal ; puis approbation ; puis reconnaissance de ce qui est dû ; et finalement confession.

Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

(1283) Déverbal sans suffixe de avouer d'après les anciennes formes fortes du présent de l’indicatif j’aveu, tu aveues, il aveue, ils aveuent à côté de nous avouons, vous avouez.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Phonétique du mot « aveu »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
aveu avø

Fréquence d'apparition du mot « aveu » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « aveu »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « aveu »

  • Avant de prendre congé de ses hôtes, Dieu convint, de la meilleure grâce du monde, qu'il n'existait pas.
    Alphonse Allais — Le Courrier français, La Table Ronde
  • L'aveu est la tentation du coupable.
    Georges Bataille — Le Procès de Gilles de Rais
  • Nous tenons un accusé qui avoue.
    Cicéron en latin Marcus Tullius Cicero — Pro Ligario, I, 2
  • Il n’est point de vainqueur sans l’aveu du vaincu.
    Quintus Ennius
  • Le silence est un aveu.
    Euripide
  • Il suffit d'inspirer le regret d'un tort, sans toujours exiger son aveu.
    Larochefoucauld-Doudeauville — Mémoires
  • L'égalité civile et politique n'est qu'un aveu d'impuissance, l'impuissance à classer les mérites.
    J.H. Rosny Aîné — Pensées errantes
  • Dans de certaines amitiés passionnées, on a le bonheur des passions et l’aveu de la raison par-dessus le marché.
    Chamfort — Maximes et pensées
  • L'aveu des fautes ne coûte guère à ceux qui sentent en eux de quoi les réparer.
    Marquise de Lambert
  • Tout est vain en nous, excepté le sincère aveu que nous faisons devant Dieu de nos vanités.
    Jacques-Bénigne Bossuet — Oraison funèbre de la duchesse d'Orléans
Voir toutes les citations du mot « aveu » →

Images d'illustration du mot « aveu »

⚠️ Ces images proviennent de Unsplash et n'illustrent pas toujours parfaitement le mot en question.

Traductions du mot « aveu »

Langue Traduction
Anglais admission
Espagnol confesión
Italien confessione
Allemand bekenntnis
Chinois 认罪
Arabe اعتراف
Portugais confissão
Russe признание
Japonais 告白
Basque aitortza
Corse cunfessioni
Source : Google Translate API

Synonymes de « aveu »

Source : synonymes de aveu sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « aveu »

Combien de points fait le mot aveu au Scrabble ?

Nombre de points du mot aveu au scrabble : 7 points

Aveu

Retour au sommaire ➦

Partager