La langue française

Accueil > Dictionnaire > Définitions du mot « boucan »

Boucan

Variantes Singulier Pluriel
Masculin boucan boucans

Définitions de « boucan »

Trésor de la Langue Française informatisé

BOUCAN1, subst. masc.

A.− Gril de bois sur lequel les habitants de l'Amérique et des îles Caraïbes fumaient les viandes ou les poissons.
Rem. Attesté dans la plupart des dict. généraux.
Claie à boucan. Claie sur laquelle on préparait la cassave* :
... l'Amazonien continuera à se livrer paisiblement, comme s'il n'avait pas remarqué votre présence, à ses occupations de toujours : bouter le feu, manier les pieux et le bâton, (...) aller s'accroupir au milieu de ses calebasses (...) devant son four à manioc ou sa claie à boucan. Cendrars, Le Lotissement du ciel,1949, p. 65.
Lieu où se pratiquait cette opération.
Rem. Attesté dans la plupart des dict. gén. du xixesiècle.
Emploi adj. Bois boucan. Bois vieux, vermoulu, servant à cette opération (cf. Besch. 1845; attesté aussi dans Ac. Compl. 1842, Lar. 19e-20e).
B.− P. méton. Viande ou poisson fumés sur les grils de même nom. Se répand une odeur de graisses consumées/ De chair qui brûle et de boucan (A. Pommier, Colères,1844, p. 92).
Rem. Attesté dans les dict. depuis DG.
En partic., ART CULIN. Boucan de tortue. ,,Préparation que l'on fait subir à la tortue pour l'assaisonner et la faire cuire en forme de pâté`` (Besch. 1845).
Rem. Attesté dans la plupart des dict. gén. du xixesiècle.
PRONONC. : [bukɑ ̃].
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. 1578 « gril sur lequel les Indiens d'Amérique fumaient la viande » (J. de Léry, Hist. d'un Voy. fait en la terre du Bresil, autrement dite Ammerique, p. 153 dans König, p. 32 : une grande grille de bois laquelle en leur langage ils appellent Boucan); 2. 1666 (R. Breton, Dict. Fr.-Caraïbe, p. 48, ibid., p. 33 : Boucan, ce mot se prend pour une cabine de mahot sur laquelle on se couche, ou pour un gril de bois des Sauuages); 3. 1722 « sorte de pâté de tortue cuit sous la braise » (Labat, Nouveau Voyage aux Isles de l'Amerique, II, pp. 434-435 dans Fried. : un boucan de tortuë). 1 et 2 empr. au tupi mokaém « gril de bois » (Friederici dans Z. fr. Spr. Lit., t. 54, pp. 177-180; König, pp. 32-34; Fried, s.v. boucan); dans cette lang. les sons m, mb et p alternent en position initiale, et la 2esyll. du mot se prononce de façon fortement nasalisée (v. FEW t. 20, pp. 72-73). 3 est prob. un dér. régr. de boucaner1*.
BBG. − Friederici (G.). Die Lehnwörter aus dem Tupi. Z. fr. Spr. 1930/31, t. 54, pp. 177-178. − König 1939, pp. 32-34.

BOUCAN2, subst. masc.

A.− Vx. Lieu de débauche.
Rem. Attesté dans la plupart des dict. généraux.
P. ext. Débauche de table. Avec moi, c'est le verre jamais vide, c'est le boucan perpétuel, c'est la bombance à tour de mâchoires (Huysmans, Marthe,1876, p. 96).
B.− Pop. Bruit assourdissant. Faire du boucan; un boucan formidable, un boucan du diable, de tous les diables :
1. Tout le canard fut secoué par ses mitrailleuses tirant à la fois. Dix secondes, il y eut un boucan d'enfer, le petit bruit du bois qui éclate sous les balles ennemies, et un réseau de balles traçantes. Malraux, L'Espoir,1937, p. 822.
En partic. Désordre, agitation bruyante :
2. Nous faisons dans les assemblées un boucan d'enfer; l'un de nous imite le cornet à bouquin, l'autre le fifre. On sort, les gens paisibles crient au scandale; alors nous faisons chorus avec eux, nous levons les bras au ciel. Renan, Drames philos.,L'Eau de Jouvence, 1881, p. 453.
Arg. ,,Verte semonce`` (H. Coulabin, Dict. des loc. pop. du bon pays de Rennes en Bretagne, 1891). Je suis rentré tard, madame m'a donné un boucan (H. Coulabin, Dict. des loc. pop. du bon pays de Rennes en Bretagne,1891).
Rem. On rencontre dans la docum. la forme boucane « vacarme ». Plus de clink clank de tramway, pus de grosses limousines te crachant au nez comme si t'avais la peste, pus de boucane, pus rien (G. Roy, Bonheur d'occasion, 1945, p. 378).
PRONONC. : [bukɑ ̃].
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. Ca 1624 « lieu de débauche » (Les Ramonneurs, p. 37 dans Quem.); 2. 1797 « vacarme » (Restif de La Bretonne, Monsieur Nicolas, éd. de 1959, t. 3, p. 659, ibid.). Prob. déverbal de boucaner « imiter, faire le bouc », mot attesté de 1549 (Est.) à 1663 (Duez, Dict. fr.-all.-lat. dans Gdf. Compl.) qui eut également, de 1701 (Fur.) à 1771 (Trév.) le sens de « fréquenter les mauvais lieux », lui-même dér. de bouc* peut-être par l'intermédiaire d'un dial. boucan « bouc » (attesté à Montluçon dans l'Allier, le Puy-de-Dôme, la Creuse, d'apr. FEW t. 1, p. 587, s.v. *bucco-). Cette étymol., proposée par FEW t. 14, p. 640, s.v. Vŭlcānus, et Bl.-W.5, est la plus vraisemblable, le bouc étant souvent pris comme symbole de la débauche. Une évolution sém. à l'intérieur du fr. à partir de boucan1* « gril à fumer la viande » par l'intermédiaire de boucan « cabane » (EWFS2) ne tient pas compte du verbe boucaner « faire le bouc ». Il en est de même pour l'hyp. de M. Piron dans Romanica Gandensia, t. 4, pp. 208-218, qui fait remonter boucan au lat. Vulcanus, par l'intermédiaire d'un a. fr. boucan « enfer » dont l'existence n'est pas confirmée par les textes, qui serait empr. à l'ital. Bulcano, forme semi-pop. de Vulcano, nom d'un volcan des îles Lipari.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 50.
BBG. − Goug. Lang. pop. 1929, p. 174. − Hope 1971, p. 278. − Piron (M.). Autour de l'hist. de volcan. Mfr. vulcan, fr. boucan. Romanica Gandensia. 1955, t. 4, pp. 208-218. − Sain. Lang. par. 1920, p. 12, 48, 379. Storm (G.). Manipoletto d'étymologie ... baccáno ... Archivio glottologico italiano. 1878, t. 4, pp. 387-388 [Cr. Paris (G.). Romania. 1880, t. 9, p. 624].

Wiktionnaire

Nom commun 1 - français

boucan \bu.kɑ̃\ masculin

  1. Lieu où les Amérindiens fument leurs viandes et poissons ou gril de bois sur lequel ils les fument et les font sécher.
    • On avait rempli ce trou de bois, que l'on y avait laissé consumer jusqu'à ce qu'il fût en charbon, afin de bien échauffer toute la concavité de ce trou. On avait ensuite retiré le charbon, et la tortue avait été couchée sur le dos dans le fond, couverte de trois ou quatre pouces de sable chaud des environs, et puis du charbon que l'on avait retiré, avec un peu de sable par-dessus. Ce fut ainsi que ce pâté naturel demeura dans cette espèce de four l'espace d'environ quatre heures, et qu'il se cuisit beaucoup mieux qu'il n'aurait fait dans un four ordinaire. Voilà ce qu'on appelle un boucan de tortue. — (Jean-Baptiste Labat, Voyage aux îles, 1722, reédition Phebus)
  2. (Désuet) Viande séchée à la fumée, viande boucanée.
  3. (Désuet) Lieu où les boucaniers fumaient la viande.[2]
  4. (Désuet) Gril pour boucaner.[2]
  5. (Désuet) Bâti en claie où l'on fumait la cassave.[2]
  6. (Charente) Fumée.

Nom commun 3 - français

boucan \bu.kɑ̃\ masculin

  1. (Nouvelle-Calédonie) Poison, maléfice.

Nom commun 2 - français

boucan \bu.kɑ̃\ masculin

  1. (Familier) Bruit, tapage, vacarme.
    • On a beau faire un boucan d’enfer, à coups de poing sur la porte, personne ne vient vous ouvrir... — (Eugène Chavette, La Chambre du crime, 1875)
    • Le chic n’était plus d’aller faire du boucan à Bullier, de rouler les café-concerts pour y siffler les chanteuses laides. — (Émile Zola, Au Bonheur des Dames, 1883)
    • Tout ce boucan, ça vous porte sur les nerfs, à la fin !… On dirait une foule qui crie…, on dirait des gens qui trépignent… — (H. G. Wells, La Guerre dans les airs, 1908, traduction d’Henry-D. Davray et B. Kozakiewicz, Mercure de France, Paris, 1910, page 339 de l’édition de 1921)
    • Nous menions grand boucan de roues derrière ce cheval tout en sabots, de caniveaux en passerelles. — (Louis-Ferdinand Céline [Louis Ferdinand Destouches], Voyage au bout de la nuit, Denoël et Steele, Paris, 1932)
    • Des fois c’était le silence complet, enfin notre silence à nous parce qu’il y avait toujours le boucan des machines. — (Jean Meckert, Les Coups, Gallimard, Paris, 1941)
    • Ils faisaient un de ces boucans à côté, ce n’était pas croyable que l’on pût crier comme ça. Il y avait la radio qui marchait, le phono… — (Elsa Triolet, Le premier accroc coûte deux cents francs, 1944, réédition Cercle du Bibliophile, page 175)
    • Pas plus tard qu’avant-hier, elle avait fait tout un boucan parce qu’elle entendait des messieurs et dames faire l’amour dans l’appartement voisin et qu’elle prétendait que ça la gênait. — (Raymond Guérin, L’Apprenti, Gallimard, Paris, 1946)
    • Tout à coup d’un salon voisin, fusa un boucan assourdissant, suivi d’un brouhaha confus : fracas d’un miroir, combat corps à corps, bruits assourdis. — (Georges Perec, La Disparition, Gallimard, Paris, 1969)
  2. (Désuet) Lieu de débauche, bordel de bas étage.[2]
    • Avec Gaudet, j'allais crapuleusement, les dimanches et fêtes, de boucans en boucans, cherchant quelque fille plus fraîche que les misérables paillasses que nous avions ordinairement. — (Nicolas Rétif de la Bretonne, Monsieur Nicolas, 1796), Bibliothèque de la Pléiade, Tome 1, p. 953.
    • Avec moi, c’est le verre jamais vide, c’est le boucan perpétuel, c’est la bombance à tour de mâchoires. — (Joris-Karl Huysmans, Marthe, histoire d’une fille, 1877)
    • Autrefois, la muse, prêtresse
      Du crime, reine du boucan,
      Livrant au vent sa folle tresse,
      Les seins nus, dansait le cancan
      [...]. — (Clovis Hugues, Trinquet (janvier 1881), dans Jours de combat, E. Dentu, Paris, 1883)
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

BOUCAN. n. m.
Lieu où les sauvages de l'Amérique fument leurs viandes. On appelle aussi de ce nom le Gril de bois sur lequel ils les fument et les font sécher.

Littré (1872-1877)

BOUCAN (bou-kan) s. m.
  • 1Lieu où les Caraïbes fument leurs viandes ; le gril de bois sur lequel ils les fument.
  • 2Claie sur laquelle on sèche la cassave.
  • 3Préparation que l'on fait subir à la tortue pour la mettre en pâté.
  • 4Dans le langage populaire et très bas, boucan s'emploie pour vacarme, sans doute par allusion à la vie bruyante et désordonnée des boucaniers, et aussi pour bordel.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

BOUCAN.
1Ajoutez :

Sorte de gril en bois, sur lequel les boucaniers faisaient cuire un animal entier ; à cet effet on coupait quatre fourches de la grosseur du bras et d'environ quatre pieds de longueur ; on les plantait en terre de manière qu'elles fissent un carré long d'environ quatre pieds sur trois pieds de large ; on posait la traverse sur les fourches, et on arrangeait sur les traverses les gaulettes qui faisaient le grillage, P. Labat, Nouv. voy. aux îles franç. de l'Amérique, t. IV, ch. IX.

Boucan de cochon, repas champêtre fait dans les bois à l'imitation des boucaniers, Le P. Labat, ib.

Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

Encyclopédie, 1re édition (1751)

BOUCAN, s. m. les marchands de bois nomment ainsi une buche rompue par vétusté. Ce mot a encore un autre sens. Voyez l’art. suivant.

Wikisource - licence Creative Commons attribution partage dans les mêmes conditions 3.0

Étymologie de « boucan »

(Nom commun 1) Du tupi mokaém ou bokaém, « gril de bois » sur lequel les Caraïbes faisaient fumer viandes et poissons. Par métonymie, le mot a désigné la cabane dans laquelle on procédait à cette opération (1666).
(Nom commun 2) De l’ancien verbe boucaner, « imiter le cri du bouc », boucan étant l’équivalent dialectal de bouc et symbole de la débauche. D’où le sens de vacarme, les lieux de débauche étant souvent bruyants, « cf. les sens figurés de bordel » (Robert historique), ou de l'occitan bocan (« tapage », « vacarme », « lieu de débauche »)[1]
(Nom commun 3) Peut-être du Nom 1 par analogie avec la fumée qui en sortait.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Mot caraïbe, dit Furetière, qui signifie claie.

ÉTYMOLOGIE

Ajoutez : M. Roulin pense qu'il vient du mot caraïbe boucacoui ou boucaboui, blesser avec une flèche (RAYM. BRETON, Dict. franç.-caraïbe, p. 44) ; le mot a passé au sens du gibier tué à la chasse ; puis de là au gril sur lequel on faisait cuire ce gibier.

Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

Phonétique du mot « boucan »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
boucan bukɑ̃

Fréquence d'apparition du mot « boucan » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « boucan »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « boucan »

  • Les gros comme toi, ça m'a toujours fait rigoler, parce que quand ça dégringole, ça fait un de ces boucans !
    Eli Wallach — film de Sergio Leone "Le Bon, La Brute et le Truand"

Traductions du mot « boucan »

Langue Traduction
Anglais noise
Espagnol ruido
Italien rumore
Allemand lärm
Portugais barulho
Source : Google Translate API

Synonymes de « boucan »

Source : synonymes de boucan sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « boucan »

Combien de points fait le mot boucan au Scrabble ?

Nombre de points du mot boucan au scrabble : 10 points

Boucan

Retour au sommaire ➦

Partager