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Science

Variantes Singulier Pluriel
Féminin science sciences

Définitions de « science »

Trésor de la Langue Française informatisé

SCIENCE, subst. fém.

I. − Littér. ou vieilli, au sing. Somme de connaissances qu'un individu possède ou peut acquérir par l'étude, la réflexion ou l'expérience.
A. − Connaissance approfondie des choses dans ce qu'elles sont. Synon. savoir2.
1. [Cette connaissance n'est pas directement rapportée à un individu particulier]
a) Courant
α) [Sans spécification ni évocation dir. du domaine ou de l'objet] En politique, chacun prend parti selon sa passion et son intérêt (...); il n'y a point de science, il n'y a pas même un commencement de certitude. Aussi l'ignorance générale produit-elle la tyrannie générale (Proudhon,Propriété,1840, p. 199).J'ai vu de jeunes pianistes, et qui savent pourtant ce que c'est qu'apprendre, venir en foule à des cours du soir, tant il est agréable de s'emplir de science comme une cruche s'emplit d'eau (Alain, Propos, 1921, p. 241).Verbe + avec science.Les grands dîners (...) où l'on parlait de mangeaille, avec science et volupté; car il n'y avait là que des connaisseurs (Rolland,J.-Chr., Antoinette, 1908, p. 835).« Qu'est-ce qui se vend, qu'est-ce qui ne se vend pas? » Énigme que M. Robert Ganzo (...) débrouille devant vous avec science et brio (Fargue,Piéton Paris,1939, p. 81).
Puits* de science.
Expérience passe science (proverbe). L'expérience est supérieure à la connaissance abstraite. (Besch. 1845, Lar. 19e-20e).
[Avec caractérisation de nature ou de degré] Science infinie, inépuisable; demi-science, fausse science; science de fraîche date, de pacotille. Un père (...) en qui il voyait une grande science accompagnée d'un raisonnement fort net et fort puissant (Bremond,Hist. sent. relig., t. 4, 1920, p. 344).Montherlant fait penser à ces grimauds frais émoulus du collège, encore tout farcis d'une science purement livresque et mal digérée (Paulhan,Fleurs Tarbes,1941, p. 203).
Gaie science. V. gai I B 2.
[En fonction de déterm. ou de compl. adv.] Quand je l'invitais à dîner à Balbec, il commandait le repas avec une science raffinée (Proust,Sodome,1922, p. 1083).Grande revue trimestrielle d'une science élevée et de haute érudition (Civilis. écr.,1939, p. 34-7).
Savoir de science certaine. Avoir sur quelque chose des informations sûres que l'on ne peut mettre en doute. Je n'aurais absolument pas pu décrire les délices ineffables dont je savais, de science certaine, qu'une âme d'élite est inondée par les aveux mutuels d'un amour vertueux (Gobineau,Pléiades,1874, p. 34).Je sais, de science certaine, quelles erreurs sont pour nous séduire dans la recherche de la génération des œuvres (Valéry,Variété IV,1938, p. 98).P. anal. (de formulation). Tuer des cochons, n'importe quel îlien, à la rigueur, l'eût fait, mais ils savaient comme cela, d'une science de légende, qu'on ne sabote pas ces animaux (Queffélec,Recteur,1944, p. 102).
β) [Avec spécification du domaine ou de l'objet de connaissance] Si la science du présent leur manque, une opinion respectable (...) leur attribue la connaissance de l'avenir (Ozanam,Philos. Dante,1838, p. 155).Étaler, à l'heure de la fin, tout un fonds de malice qui avait dormi durant la vie, toute une science de mots grossiers qu'on avait cachée (Loti,Pêch. Isl.,1886, p. 206).
γ) [Avec caractérisation par référence à une catégorie de pers. possédant une telle connaissance]
Science de + subst.Si les vérités cruelles, les fâcheuses découvertes, les secrets de la société, qui composent la science d'un homme du monde parvenu à l'âge de quarante ans, avaient été connues de ce même homme à l'âge de vingt (Chamfort,Max. et pens.,1794, p. 30).C'est l'effet d'une science de garçon de bains ou de commis voyageur pour les tricots, de croire qu'un prophète est nécessairement, exclusivement, un voyant des choses futures (Bloy,Journal,1900, p. 34).
Science + adj.L'Ève future de Villiers. Trop de science humaine et trop peu de science divine (Bloy,Journal,1894, p. 116):
1. Les anciens savaient qu'Arcturus, qu'on nomme aussi le Bouvier, paraît le soir au temps des labours printaniers, et disparaît quand la saison froide et pluvieuse s'avance. Cette science paysanne s'efface. Le laboureur lit le journal. Alain,Propos,1910, p. 82.
b) THÉOL. CHRÉT.
[Avec caractérisation]
Science infuse*.
Science de vision. ,,Connaissance que Dieu possède (...) par laquelle il voit ce qui existe et se fait effectivement`` (Foi t. 1 1968). Science de simple intelligence. Connaissance ,,par laquelle Dieu connaît les possibles (êtres, actes, jugements des hommes, etc.)`` (Foi t. 1 1968). Science moyenne. ,,Connaissance que Dieu aurait des libres déterminations de ses créatures, en fonction desquelles il leur donnerait ou non une grâce efficace`` (Bouyer 1963). Descartes admet la science moyenne (Théol. cath.t. 4, 11920, p. 1248).
[En fonction de déterm.]
Arbre de la science (du bien et du mal). Arbre du paradis terrestre dont Dieu avait défendu à Adam et Ève de cueillir les fruits. Une loi est prescrite à l'homme, qu'il ne peut observer que par obéissance pure, car elle semble un décret arbitraire du créateur: ne pas manger du fruit de l'arbre de la science (Weill,Judaïsme,1931, p. 108):
2. Cette mort que Dieu avait annoncée à Adam, comme sa peine inévitable, s'il mangeait du fruit de l'arbre de la science du bien et du mal, est le résultat naturel de la connaissance. Les bêtes n'ont point de connaissance: aussi peut-on dire qu'elles ne connaissent pas la mort; car la mort n'existe que par la connaissance, elle est un fruit de la connaissance. P. Leroux, Humanité,1840, p. 542.
Don de science. ,,Sens divin des choses humaines, des motifs humains, qui est un don du Saint-Esprit`` (Foi t. 1 1968).
c) MAR. Ligne de science. ,,Ligne courbe que l'on trace sur la carène d'un navire, pour marquer la limite supérieure du doublage en cuivre de la carène de ce navire`` (Bonn.-Paris 1859).
2. [Cette connaissance est directement rapportée à un individu particulier]
a) [Sans spécification ni évocation dir. du domaine ou de l'objet] Vos façons étant comminatoires, j'aurais refusé d'obtempérer, n'eût été votre ami, que sa science met mieux à même que vous d'apprécier la valeur des révélations que je vais vous faire (Benoit,Atlant.,1919, p. 136).Une question de droit canon? Gabriel Le Bras intervenait, avec sa science vivante et allègre (L. Febvre, Bloch et Strasbourg, [1947] ds Combats, 1953, p. 399).
b) [Avec spécification du domaine ou de l'objet de connaissance] M. Brunetière a l'esprit naturellement philosophique. Sa grande science des livres et de l'histoire, en lui permettant des comparaisons perpétuelles, a développé en lui cet esprit (Lemaitre,Contemp.,1885, p. 218).Il est curieux de voir que tous ceux qui impriment, en Comté, au XVIesiècle, paraissent avoir la coquetterie de donner quelques marques de leur science du français (L. Febvre, La Nationalité, [1926], ds Combats, 1953, p. 193).
c) [Avec caractérisation par recours à une catégorie de pers. possédant cette connaissance] Nous avions Lucien Loisy auprès de nous qui ne s'y trompait pas (...) et qui nous ouvrait avec gentillesse les trésors de sa science paysanne (Ambrière,Gdes vac.,1946, p. 367).
B. − Connaissance approfondie des règles et des techniques propres à une activité; p. méton. adresse, habileté dans la pratique, compétence qui résulte de cette connaissance. Synon. savoir-faire.
1. [Cette connaissance n'est pas directement rapportée à un individu particulier]
a) [Sans spécification ni évocation dir. du domaine] L'instrumentation est d'un art raffiné; mais tant de science n'alourdit point l'ouvrage (Dumesnil,Hist. théâtre lyr.,1953, p. 207):
3. ... la porcelaine est remplacée en Europe par une céramique formée d'un mélange de divers éléments; on la nommera porcelaine tendre parce que, contrairement à la porcelaine chinoise, elle se raye au couteau. Sa fabrication exige une science et une virtuosité bien supérieures. G. Fontaine, Céram. fr.,1965, p. 90.
Verbe + avec science/avec une science + déterm.Un Omer astucieux rongeait l'os de veau avec science afin de détacher le vernis de graisse sublimée par la cuisson et collée en suc croustillant le long de la côtelette (Adam,Enf. Aust.,1902, p. 8).La puissante volonté de Beethoven élit, étreint et maîtrise la forme de la fugue, avec une science presque diabolique (Rolland,Beethoven, t. 1, 1937, p. 290).
Patience passe science (proverbe). La patience donne plus de résultats que l'habileté et la connaissance. (Ds Rey-Chantr. Expr. 1980, s.v. patience).
b) [Avec spécification du domaine]
Science de + subst. désignant une activité ou son résultat.L'admirable chose que le « métier », le « sens artiste », la science des procédés du style, l'adresse à arranger les mots, l'art de la composition! (Lemaitre,Contemp.,1885, p. 91).Ils se reposent comme des paysans qu'ils sont pour la plupart (...) dans une détente totale des muscles, avec cette science de l'appui qui réussit à faire supporter au sol, à la chaise, à la table, le poids total du corps (Vercel,Cap. Conan,1934, p. 47).
[L'activité est rapportée à un individu particulier] Le snob ne se risque pas à discourir; son grand art (...) est de composer et parer son silence; toute la science de son jeu est de ne point s'expliquer, de s'en tenir à une attitude, à une expression, à un geste, tout au plus à quelque adjectif (Gaultier,Bovarysme,1902, p. 88).Ce boxeur (...) qui corrige méthodiquement sa technique, ses réactions, ses réflexes, ses reparties, son doublé fulgurant, renouvelle la science de son coup de poing (Cendrars,Bourlinguer,1948, p. 186).
[En fonction de déterm.] Metz a apporté un dessin d'un esprit, d'une furie, d'une science de dessin, d'un mouvement ou d'un heurt de lignes stupéfiants (Goncourt,Journal,1860, p. 772).
Science de + inf., rare.Il est tout simple que j'aie acquis la science de lire, sur les traits d'un visage et dans les attitudes, les sentiments qui déterminent les actes d'un homme (Villiers de L'I.-A.,Contes cruels,1883, p. 322).Cet art d'éluder les propos graves, les confessions, les aveux, cette science de vivre heureux et avec grâce (Mauriac,Nœud vip.,1932, p. 70).
c) [Avec caractérisation par recours à une catégorie d'agent] Vitruve: « On n'apprécie aujourd'hui qu'une seule chose: l'éclat des couleurs. La science du peintre n'y a plus de part » (Huyghe,Dialog. avec visible,1955, p. 206).
2. [Cette connaissance est directement rapportée à un individu particulier]
a) [Sans spécification ni évocation dir. du domaine] Les temples djaïns de l'Inde moyenne (...) expriment encore, il est vrai, malgré la science trop minutieuse de leurs décorateurs, une foi vivante (Faure,Hist. art,1912, p. 172).Ces coiffures majestueuses et audacieuses nous prouvent le talent, la science de nos académiciens de la coiffure (Stéphane,Art coiff. fém.,1932, p. 132).
b) [Avec spécification du domaine]
Science de + subst. désignant une activité ou son résultat.Il est vrai que ma profonde science de l'escrime m'assure des chances, et que mon épée est presque infaillible (Gautier,Fracasse,1863, p. 471).Il fait entrer la couleur dans la pâte, l'incorpore au glacis des silicates vitrifiés, y projette (...) ses chères campagnes engraissées où fleurit sa science des ciels, des vents et des cultures (Faure,Hist. art,1912p. 197).
Science + adj. évoquant un domaine.Quant aux effets de ton enseignement dans les siècles à venir, je les vois par ma science prophétique (L. Ménard,Rêv. païen,1876, p. 55).La colonne aurélienne est moins riche en représentations urbaines (...). Elle oppose (...) à la science architecturale des Romains les pauvres bourgades sarmates avec leurs cabanes rondes couvertes de paille (P. Lavedan, Urban.,1926, p. 183).
c) [Avec caractérisation par recours à une catégorie d'agent] [Gilliatt] était pilote né (...). Sa rare science de matelot éclata singulièrement un jour qu'il y eut à Guernesey une de ces sortes de joutes marines (Hugo,Travaill. mer,1866, p. 76).Il se confine bientôt dans des séries de motifs et de sujets identiques (...), ne se souciant plus que d'orner ces prétextes de toute sa sensibilité et de sa science de coloriste (Arts et litt.,1935, p. 84-8).
II. − Ensemble structuré de connaissances qui se rapportent à des faits obéissant à des lois objectives (ou considérés comme tels) et dont la mise au point exige systématisation et méthode.
A. − Au sing. [Avec art. déf. (ou sans art.), sans déterm. spécifiant ou suggérant un domaine ou une catégorie de faits]
1. Ensemble de toutes les connaissances humaines systématisées. En résumé, le but de la science est partout identique: connaître les conditions matérielles des phénomènes (Cl. Bernard, Introd. ét. méd. exp.,1865, p. 106).La science, en somme, est une construction qui tend à l'impersonnalité, mais chacun des actes de ses constructeurs est l'acte d'une personnalité (Valéry,Entret. avec F. Lefèvre,1926, p. 133):
4. Ainsi fait-il de la croyance que « tout est explicable, même l'inexpliqué », la condition même de la science: « Pour la science, dit-il, une explication surnaturelle n'est ni vraie, ni fausse, ce n'est pas une explication (...) » Massis,Jugements,1923, p. 81.
(Faire qqc.) pour la science. En faveur de la science. Quand il est là, elle ne le quitte pas d'un instant, elle boit ses paroles. Et tout cela pour la science, alors? Allons donc! Ce n'est pas la science qu'elle aime, c'est le savant! (Pailleron,Monde où l'on s'ennuie,1869, i, 7, p. 29).
[En rapport ou p. oppos. avec d'autres systèmes de pensée ou d'action] Science et art, science et technique. La morale et la science ont leurs domaines propres qui se touchent mais ne se pénètrent pas (H. Poincaré, Valeur sc.,1905, p. 3).L'abus des moyens merveilleux d'agir et de sentir que la science a créés et l'industrie multipliés (Valéry,Variété IV,1938, p. 151).
[Avec déterm. renvoyant à une époque, une région, un groupe humain] Science ancienne, contemporaine, de demain, du temps de, moderne; science européenne, française, occidentale, d'outre-Rhin; science bénédictine, islamique, officielle. C'est le côté pratique de la science américaine, son sens du concret et de l'efficace qui l'ont inclinée à se tourner vers les aspects psychiques des phénomènes sociaux (Hist. sc.,1957, p. 1523):
5. Il y a, bien sûr, science bourgeoise et science prolétarienne, tant pis pour ceux qui rient; en biologie, le conservateur a tendance à être fixiste, le « front populaire » évolutionniste, les radicaux demeurant dans la pure tradition darwinienne, les socialistes réformistes séduits par le lamarkisme et le dialecticien communiste fatalement attiré par les Weismann, de Vries, Giard... Vailland,Drôle de jeu,1945, p. 18.
[Avec adj. poss. renvoyant indirectement à un groupe humain] Ça et là notre science moderne même donne l'impression d'approcher d'un tournant (Doeblin,Pages imm. Confusius,1947, p. 39).Nous examinons le champ de leurs études [des Grecs], l'objet et les buts de leur science (Gds cour. pensée math.,1948, p. 230).
[Avec déterm. évoquant une méthode ou une visée spécifique] Ensemble des connaissances humaines systématisées relevant de telle méthode ou de telle visée spécifique. Science expérimentale, matérialiste, pure; science d'observation. Aussi la science positive, loin d'interdire le doute, l'approuve-t-elle et veut-elle lui répondre (Flammarion,Astron. pop.,1880, p. 110).Symptômes surtout ces formes rationnelles, issues de la science appliquée (Faure,Hist. art,1921, p. 246).
[En fonction de déterm.]
[Avec art. déf.] Avenir, découverte, méthode de la science; prince de la science. Voir l'unique rejeton de la famille entrer dans la glorieuse carrière de la science (Toepffer,Nouv. genev.,1839, p. 196).Le témoignage des plus grands maîtres de la science et de la pensée d'aujourd'hui (Affiche Action fr.,1908ds Doc. hist. contemp., p. 68).
SYNT. Amour, avancement, branche, but, champ, conquête, développement, diffusion, domaine, état, évolution, exigences, idéal, limites, marche, progrès de la science; aventurier de la science.
Le monde de la science. Le domaine de la science. Il y a loin du monde de la sensation brute au monde de la science (Ruyer,Esq. philos. struct.,1930, p. 290).Usuel. L'ensemble des personnes travaillant dans ce domaine. Un comité de l'énergie atomique, composé de personnalités du monde de la science et de la technique et de hauts fonctionnaires (Goldschmidt,Avent. atom.,1962, p. 75).
[Sans art.] Amateur de science; objet de science. Je m'en tiens aux revues générales qui publient éventuellement des articles de science, de politique ou de philosophie, mais dont la substance ordinaire est de nature littéraire (Civilis. écr.,1939, p. 32-3).À 17 ans elle [Sophie Kovalewski] partage la soif de science de toute la jeunesse intelligente russe de l'époque (Gds cour. pensée math.,1948, p. 263).
Homme de science. Celui qui travaille dans un domaine de la science. Synon. savant, scientifique.Les conditions et le résultat quotidien du travail de l'homme de science façonnent (...) son esprit à n'attribuer une idée de progrès qu'à une idée d'invention (Pasteurds Travaux,1882, p. 428).Femme de science (rare). Est-ce donc à dire, comme semble le conclure Maurice d'Ocagne dans ses Études sur les Femmes de Science et sur les Mathématiciennes, que la femme soit généralement dépourvue d'esprit inventif et de génie créateur? (Gds cour. pensée math.,1948, p. 258).
2. P. méton. Ensemble des personnes qui s'occupent de science. La science a déclaré récemment que les cheveux étaient une substance morte (Balzac,C. Birotteau,1837, p. 180):
6. L'attention que de nombreux savants accordent maintenant aux phénomènes parapsychologiques (...) confirme ce point de vue. La méfiance de la science à l'égard de la métapsychique (...) constitue, en tout cas, un appel à la prudence qui doit nous mettre en garde contre la crédulité... Amadou,Parapsychol.,1954, p. 27.
B. − Au sing. ou au plur. Ensemble de connaissances systématisées se rapportant à un même domaine.
1. [Sans déterm. spécifiant directement un domaine, une catégorie de faits]
a) [Avec art. indéf. (ou dém., indéf.) et avec ou sans déterm. ou avec art. déf. et déterm.] Classification des sciences. Il y a des sciences bonnes, dont l'existence est nécessaire à la société et la culture inutile aux esprits (Joubert,Pensées, t. 1, 1824, p. 456).Toute science peut être considérée sous deux angles différents, qui se recouvrent d'ailleurs partiellement et qui présentent d'étroites connexions: la science faite (ou codification du savoir), la science qui se fait (ou prolongement du savoir) (Gds cour. pensée math.,1948, p. 350).
[Avec déterm. renvoyant à une époque] La chimie est née d'hier: il y a cent ans à peine qu'elle a pris la forme d'une science moderne (Berthelot,Orig. alchim.,1885, p. 1).
[Avec déterm. évoquant une méthode, une visée spécifique] Science abstraite, appliquée, cartésienne, déductive, expérimentale, positive, pure; science de classification, de déduction, de raisonnement, de spéculation, de synthèse. Les sciences d'observation directe qui partent régulièrement de faits particuliers et travaillent méthodiquement à les condenser en faits généraux (Langlois, Seignobos,Introd. ét. hist.,1898, p. 183).La psychologie cesse d'être une science descriptive pour devenir explicative (Hist. sc.,1957, p. 1655).
Science exacte (souvent au plur.). Science qui repose sur le calcul. Ceux des citoyens dont les études antérieures auroient été dirigées vers la géométrie, ou vers les autres sciences exactes (Monge,Géom. descr.,1799, p. 3).Les caractéristiques et l'état de l'édition spécialisée dans les principales branches des sciences exactes et des sciences humaines (Civilis. écr.,1939, p. 14-13).
[Avec déterm. évoquant un rapport avec une/ d'autre(s) science(s)] Science autonome, satellite; sciences couplées. Une des sciences annexes de la photographie, appelée la sensitométrie, permet d'exprimer numériquement les différentes propriétés des émulsions photographiques (Arts et litt.,1935, p. 30-13).Je ne vois à retenir comme science auxiliaire [de l'histoire] que la partie de la philologie qui concerne la critique des textes (Marrou,Connaiss. hist.,1954, p. 112).
[Avec art. déf. et compl. déterminatif (ou adj. poss.) renvoyant à une pers. et évoquant indirectement un domaine]
[Renvoyant à un/des individu(s) particulier(s)] Il sentit qu'il se remettrait avec plaisir à la science de Gall et de Lavater (G. Leroux, Parfum,1908, p. 62).Sur ce point la science de Cuvier paraît en retard sur celle de Buffon (Hist. gén. sc.,t. 3, vol. 1, 1961, p. 510).
[Renvoyant à une catégorie d'agents] Science des chimistes, du paléographe; sciences de l'ingénieur. La Science et la vie (1913), qui paraît tous les mois, est plus particulièrement consacrée à la science de l'ingénieur (Civilis. écr., 1939, p. 32-16). Les cybernéticiens considèrent que leur science englobe dans une même synthèse explicative la machine nerveuse et la machine artificielle (Hist. gén. sc.,t. 3, vol. 2, 1964, p. 661).
b) Au plur. [Avec art. déf. et sans déterm.] Ensemble des sciences fondées essentiellement sur le calcul et l'observation. Académie, faculté des sciences; doctorat ès sciences; philosophie des sciences; diplômé en sciences; enseigner les sciences. Les sciences l'intéressent; il apprend la géométrie et (...) suit avec enthousiasme les premières grandes découvertes médicales (Gds cour. pensée math.,1948, p. 104).L'histoire des sciences pourrait expliquer pourquoi ces conventions d'usage de la droite ont fait de cette dernière l'image d'une multitude d'êtres de la nature (Couffignal,Mach. penser,1964, p. 62).
[P. oppos. à d'autres activités intellectuelles] Les humanités et les sciences. Ils avoient (...) mis à part ceux qui annonçoient du génie, afin de les initier dans les sciences et les lettres (Chateaubr.,Génie, t. 2, 1803, p. 440).Seule la création de facultés distinctes pour les sciences et pour les lettres était originale. Il était prévu pour l'ensemble du territoire (...) douze [facultés] de droit et vingt-sept de sciences et de lettres (Encyclop. éduc.,1960, p. 19).
P. méton. Personnes qui travaillent dans ce domaine, en partic. les enseignants. Derrière lui, se tient l'état-major des professeurs en toge de cérémonie: les sciences ont l'hermine orange; les humanités, l'hermine blanche (A. Daudet, Pt Chose,1868, p. 97).
2. [Avec déterm. spécifiant ou évoquant nettement le domaine ou la catégorie de faits]
a) [Avec déterm. adj.] Science anatomique; sciences mathématiques, philosophiques. Les sciences physico-chimiques plus simples que les sciences biologiques se dégagèrent [d'entraves philosophiques] les premières et depuis longtemps elles sont entièrement entrées dans la voie expérimentale (Cl. Bernard, Princ. méd. exp.,1878, p. 190).Cela n'empêche pas que Schubert n'ait puisé, dans la science historique, encore très aléatoire, de son époque, une idée extraordinairement vivante de l'essence du mythe (Béguin,Âme romant.,1939, p. 113).
SYNT. Science alchimique, anthropologique, astronomique, bibliographique, chimique, ethnographique, financière, juridique, médicale, paléographique, psychologique; sciences agronomiques, commerciales, économiques, géographiques, minéralogiques, philologiques, physiques.
Sciences humaines. Sciences qui ont pour objet d'étude l'homme et ses comportements. La criminologie est moins connue que les autres sciences humaines, car elle est enseignée dans les facultés de droit et non dans les facultés de lettres, comme le sont toutes les autres sciences humaines modernes (David,Cybern.,1965, p. 109).Une dernière étape à franchir qui a été, au fond, l'œuvre du gestaltisme et qui constitue ce que Lewin a appelé la révolution copernicienne des sciences humaines (Traité sociol.,1967, p. 71).
Sciences morales. Sciences qui ont pour objet d'étude l'aspect moral et social de l'homme. On oppose les sciences morales aux sciences physiques (Lévi-Bruhl,Mor. et sc. mœurs,1903, p. 101).
Sciences naturelles. V. naturel.Sciences occultes. V. occulte.Sciences politiques. V. politique1.
b) [Avec déterm. subst. introduit par de] Science des astres, du comportement; science des cristaux, de l'hérédité, des institutions, des mœurs, des nombres, des phénomènes électriques; sciences de la matière. [L'économie politique] paraît (...) plutôt une science de faits, et pour ainsi dire empirique, qu'une véritable théorie (Condorcet,Esq. tabl. hist.,1794, p. 58).Descripteur de quelques espèces disparues de mammifères, c'est lui qui donna à la science des fossiles son nom de paléontologie (Hist. gén. sc.,t. 3, vol. 1, 1961, p. 514).
Sciences de l'homme (et de la société). Synon. de sciences humaines.Sciences de la nature. Synon. de sciences naturelles.
[Le compl. est un adj. subst.] Science de l'animé/l'inanimé, du paranormal. L'idée étrangement séduisante d'une « science du beau », qui (...) nous ferait discerner à coup sûr ce qu'il faut aimer, ce qu'il faut haïr (Valéry,Variété IV,1938, p. 239).Pour notre auteur, l'histoire se définit une science du particulier (L. Febvre, L'Histoire historisante, [1947] ds Combats, 1953, p. 115).
[Avec de d'identification] Science de l'alchimie, de l'ethnographie, de l'informatique, de la papyrologie. Bien que la science de la physiologie soit une science difficile à pratiquer, et qu'elle demande des connaissances spéciales (Tscheuschner,Prévis. temps,1919, p. 3).Nous allons commencer par quelques notions très simples et aussi très nettes (...) de sociologie juridique, avec des notions très simples où la science de la sociologie est aujourd'hui capable de nous donner beaucoup de renseignements (Scelle,Fédéralisme eur.,1952, p. 2).
3. Science chrétienne (trad. de l'angl. christian science). Doctrine selon laquelle la maladie, comme le mal moral, peut être combattue par des moyens spirituels; p. méton. secte religieuse défendant cette doctrine. [Mary Baker Eddy] allait léguer le résultat des recherches spirituelles auxquelles l'avait amenée sa guérison, et fonder l'église du Christ, scientiste, établie aujourd'hui (1956) dans quarante-cinq pays, ainsi que la très importante société d'édition de la science chrétienne (Philos., Relig., 1957, p. 44-13).Le traitement médical et la science chrétienne se mélangent mal (Philos., Relig., 1957p. 44-14).
REM. 1.
Scientologie, subst. fém.Église de scientologie. Secte fondée aux États-Unis par L.R. Hubbard, qui ,,propose à ses adeptes de dépasser le stade ordinaire de la conscience de soi`` et ,,recourt, pour ce faire, à toute une théorie explicative du monde et de l'homme et à des techniques prétendument psychanalytiques pour améliorer l'aptitude de ses croyants à traiter avec leurs semblables`` (Encyclop. univ. Suppl. t. 2 1980, p. 1295). Cette affaire est un des épisodes du différend qui oppose l'ex-Église de scientologie à Interpol (Le Monde,22 mai 1981, p. 27).
2.
Scientologue, subst. masc.Adepte de l'Église de scientologie. La commission de l'informatique et des libertés au secours des scientologues (Le Monde,22 mai 1981, p. 27).
Prononc. et Orth.: [sjɑ ̃:s]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. [Ca 1100 science « aptitude, habileté acquise dans un domaine, une activité particulière » (Roland, éd. J. Bédier, 3003; sens incertain, Segre lit escïence et rattache ce mot à essïent dans estre de tel essïent que..., cf. éd. C. Segre, 1971, p. 534)]; 1269-78 (Jean de Meun, Rose, éd. F. Lecoy, 11409); 2. a) 1119 escience « savoir, connaissance compréhensive acquise par l'étude et la réflexion » (Philippe de Thaon, Comput, éd. E. Mall, 228); b) 1174-76 « le savoir humain (opposé ici aux préoccupations religieuses) » (Guernes de Pont-Ste-Maxence, St Thomas, éd. E. Walberg, 2512); c) 1532 « le savoir (en tant qu'il est différent du sens moral) » science sans conscience n'est que ruyne de l'âme (Rabelais, Pantagruel, VIII, éd. V.-L. Saulnier, p. 47); d) 1672 la science « le savoir de l'humanité dans sa recherche de la vérité ou de la compréhension de l'univers, par opposition au savoir d'un individu » (Molière, Femmes savantes, IV, 3); e) 1751 la vraie science (D'Alembert, Discours préliminaire, Encyclop., t. 1, p. XXXV); 1842 la science pure « la science pour elle-même, sans autre but que le savoir » (Sainte-Beuve, Port-Royal, t. 2, p. 163); 1860 la science pure « la science fondée sur des principes rationnels et la stricte observation des faits » (Flaub., Corresp., p. 399); 3. a) 1remoit. xiies. « la connaissance divine, celle que Dieu peut donner » (Psautier Oxford, éd. Fr. Michel, CXVIII, 66); fin xves. (Jean Molinet, Faictz et dictz, éd. N. Dupire, t. 2, p. 460: infuse en may don de grace et science); 1456 don de science (Antoine de La Sale, Jehan de Saintré, éd. J. Misrahi et Ch. A. Knudson, p. 39); d'où b) 1646 science infuse « savoir inné, connaissances qui sont un don sans avoir besoin d'être apprises » (Du Lorens, Satires, X, p. 171); 4. a) ca 1268 « ensemble, système de connaissances dans un domaine » sing. et plur. (Brunet Latin, Trésor, éd. F. J. Carmody, p. 19, I, III, l. 1, I, II, l. 18); 1370 science politique, science speculative, science pratique, sciences mathématiques, science naturele (Oresme, Trad. des Ethiques d'Aristote, éd. A. D. Menut, p. 130; p. 105, note 11; p. 331, note 8; p. 505, note 4); 1580 sciences humaines (Montaigne, Essais, II, XII, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p. 559); b) 1559 les sciences « le savoir, l'ensemble des sciences » (Du Bellay, Deffence et Illustration, I, X, éd. H. Chamard, p. 68, 1, 131); c) 1751 « ensemble, système de connaissances dans un domaine fondé sur des principes et des lois établis selon la rigueur des mathématiques et l'observation des faits » (D'Alembert, op. cit., p. VI); spéc. d) 1751 sciences exactes (Ch.-P. Duclos, Considérations sur les mœurs, p. 247); 1787 science expérimentale (L.-S. Mercier, Tabl. Paris, t. 5, p. 228); 1803 les sciences appelées positives (Chateaubr., Génie, t. 2, p. 45); 1832 les sciences expérimentales (Say, Écon. pol., p. 15); 5. 1269-78 « connaissance claire et exacte de quelque chose » (Jean de Meun, Rose, éd. F. Lecoy, 6831); 1291 de certene science « d'une façon tout à fait sûre » (Chartes de Rethel ds Runk., p. 11); 1654 savoir de science certaine (Guez de Balzac, Les Entretiens, éd. 1657, p. 320). Empr. au lat.scientia, -ae « connaissance, savoir, connaissances théoriques ». Fréq. abs. littér.: 13 555. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 19 210, b) 22 402; xxes.: a) 23 055, b) 15 383. Bbg. Koenig (D.). Sen/Sens et Savoir et leurs synon. ds qq. rom. courtois du 12eet du début du 13es. Bern-Frankfurt, 1973, p. 128, 171, 201. − Quem. DDL t. 11, 23. − Ricken (U.). Gelehrter und Wissenschaft im Frz. Berlin, 1961, pp. 51-84; p. 111; Zur Entwicklung des frz Intellektualwortschatzes. Wissenschaftlichen Z. der Martin-Luther-Universität. Halle, 1963, t. 12, pp. 995-997. − Zumthor (P.). Note sur les ch. sém. ds le vocab. des idées. Néophilologus. 1955, t. 39, pp. 181-182.

Wiktionnaire

Nom commun - français

science \sjɑ̃s\ féminin

  1. Activité visant à connaître et expliquer le monde matériel hors de toute hypothèse religieuse.
    • J’ai la passion de la philosophie et de la science qui vont cherchant l’inconnu du cœur de l’homme et le pourquoi des lois de la vie. — (Octave Mirbeau, Contes cruels : La Chanson de Carmen (1882))
    • Parce que l’astronomie parvenait à calculer les tables de la lune, on a cru que le but de toute science était de prévoir avec exactitude l’avenir; […]. — (Georges Sorel, Réflexions sur la violence, chapitre IV, La grève prolétarienne, 1908, p. 190)
    • La science, c’est l’art de tenter de comprendre le monde. Là où la politique est l’obéissance aux lois, là où la religion est la soumission à la volonté du grand géant barbu imaginaire et invisible qui surveille tout, la science cherche sans a priori et pose de nouvelles questions. — (Bernard Werber, Demain les chats, Albin Michel, « Le Livre de poche », 2016, pages 159-160)
  2. Ensemble des connaissances acquises par l’étude ou la pratique.
    • Il a beaucoup de science.
    • Il a un grand fonds de science.
    • Cet homme est un puits de science.
  3. Organisation de connaissances spécialisées par des moyens méthodiques et fondés sur l'expérience ou le raisonnement par l'établissement de principes (théories, lois, etc.).
    • La chimie agricole est une science appelée à rendre d’immenses services aux cultivateurs. Elle a pour objet l’étude des terrains; […]. — (Pierre Joigneaux, La chimie du cultivateur, page 1, 1850)
    • Enfin ne craignons pas de substituer à la science cabalistique ancienne, l’explication du monde par l’observation des phénomènes de la nature. — (Jean Déhès, Essai sur l’amélioration des races chevalines de la France, École impériale vétérinaire de Toulouse, Thèse de médecine vétérinaire, 1868)
    • […], mais comme j’écris ici un traité il est nécessaire que je mette le lecteur au courant des principes de la science phytosociologique. — (Henri Gaussen, Géographie des Plantes, Armand Colin, 1933, page 122)
    • […] il faut inculquer à l’ouvrier un minimum préventif de doctrines antisocialistes, et, en un mot, organiser en face de la croisade vulgarisatrice de la science révolutionnaire, la croisade vulgarisatrice de la science chrétienne. — (Firmin Van den Bosch, À coté de sa mission sociale, la jeunesse catholique a une mission littéraire, dans La Belgique artistique et littéraire: une anthologie de langue française 1848-1914, page 582, Éditions Complexe, 1997)
    • Pavlov ne s’est pas borné à abdiquer simplement la psychologie en tant que science. Il voyait naître en lui le sentiment d’hostilité irréconciliable envers cette « alliée de la physiologie » qui n’a pas fait ses preuves. — (E. Asratian, I. Pavlov : sa vie et son œuvre, Éditions en langues étrangères, Moscou, 1953, page 78)
    • L’astrologie judiciaire était alors en vogue. La haute raison du président de L’Alouette condamnait cette science frivole et chimérique. Il écrivit pour la discréditer et en démontrer le vide et la nullité. — (Abbé Prégnon, Histoire du pays et de la ville de Sedan : depuis les temps les plus reculés jusqu’à nos jours, Charleville : Auguste Pouillard, 1856, volume 3, page 351)
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

SCIENCE. n. f.
Connaissance exacte qu'on a de quelque chose. Je sais cela de science certaine. Cela passe ma science. La science du bien et du mal. Il signifie particulièrement Système de connaissances rationnelles ou expérimentales sur un objet déterminé. Les sciences naturelles. Les sciences exactes. Les sciences physiques. Les sciences morales et politiques. Les sciences occultes. Les sciences expérimentales. Les sciences d'observation. La science des nombres. Les sciences. Se livrer à l'étude des sciences. Posséder une science à fond. Cultiver une science. Les sciences, les lettres et les arts. L'Académie des Sciences. Le progrès des sciences. L'état des sciences. La classification des sciences. Il se dit absolument et au singulier de l'Ensemble des connaissances acquises par l'étude. Il a beaucoup de science. Il a un grand fonds de science. Il se pique de science. Cet homme est un puits de science. La science infuse, Celle qui est surnaturelle, qui vient de Dieu par inspiration. Les scolastiques prétendaient qu'Adam avait la science infuse. Fam., Il croit avoir la science infuse se dit, par raillerie, d'un Homme qui se croit savant sans avoir étudié.

SCIENCE désigne aussi la Connaissance de certaines choses qui servent à la conduite de la vie ou à celle des affaires. La science du monde. La science du gouvernement, de l'administration.

Littré (1872-1877)

SCIENCE (si-an-s') s. f.
  • 1Connaissance qu'on a de quelque chose. Selon divers besoins il est une science D'étendre les liens de notre conscience, Molière, Tart. IV, 5. La science des choses extérieures ne me consolera pas de l'ignorance de la morale au temps d'affliction ; mais la science de mœurs me consolera toujours de l'ignorance de choses extérieures, Pascal, Pens. VI, 41, édit HAVET. Il n'y a que la science des choses, c'est-à-dire celle qui a pour but de satisfaire notre esprit par la connaissance du vrai, qui puisse avoir quelque solidité, Nicole, Ess. de mor. traité I, ch. 7. Fatal présent du ciel, science malheureuse, Qu'aux mortels curieux vous êtes dangereuse ! Plût aux cruels destins, qui pour moi sont ouverts, Que d'un voile éternel mes yeux fussent couverts ! Voltaire, Œdipe, III, 4.

    Savoir quelque chose de science certaine, d'une certaine science, le savoir d'une façon tout à fait sûre. Mme de Guémené me dit qu'elle savait de science certaine que le cardinal croyait que j'en avais été l'auteur [des barricades], Retz, II, 147. Je sais de science certaine que jamais Louis XIV ne fit une réponse si peu convenable [j'ai toujours été maître chez moi, quelquefois chez les autres ; ne m'en faites pas souvenir], Voltaire, Louis XIV, 24.

    Parler de quelque chose de science certaine, en parler comme parfaitement informé. Ce qu'elle vous en dit est assurément vrai ; Je puis vous en parler de science certaine, Boursault, Fabl. d'Ésope, I, 3.

    De notre certaine science, pleine puissance et autorité royale, ancienne formule des édits et déclarations du roi.

    L'arbre de la science du bien et du mal, l'arbre du paradis terrestre dont Dieu avait interdit les fruits à Adam.

  • 2Ensemble, système de connaissances sur une matière. Toutes les sciences qui sont soumises à l'expérience et au raisonnement, doivent être augmentées pour devenir parfaites ; les anciens les ont trouvées seulement ébauchées, et nous les laisserons à ceux qui viendront après nous en un état plus accompli que nous ne les avons reçues, Pascal, Fragm. d'un traité du vide. De là vient que, par une prérogative particulière, non-seulement chacun des hommes s'avance de jour en jour dans les sciences, mais que tous les hommes ensemble y font un continuel progrès à mesure que l'univers vieillit, parce que la même chose arrive dans la succession des hommes que dans les âges différents d'un particulier, Pascal, ib. Nous voyons que toutes les sciences sont infinies en l'étendue de leurs recherches, Pascal, Pens. I, I, éd. HAVET. J'avais passé longtemps dans l'étude des sciences abstraites… quand j'ai commencé l'étude de l'homme, j'ai vu que ces sciences abstraites ne lui sont pas propres, et que je m'égarais plus de ma condition en y pénétrant que les autres en les ignorant, Pascal, ib. VI, 23. Les sciences ont deux extrémités qui se touchent : la première est la pure ignorance naturelle où se trouvent tous les hommes en naissant ; l'autre extrémité est celle où arrivent les grandes âmes, qui, ayant parcouru tout ce que les hommes peuvent savoir, trouvent qu'ils ne savent rien, et se rencontrent en cette même ignorance d'où ils étaient partis, Pascal, ib. III, 18. La science est ou des mots, ou des faits, ou des choses, Nicole, Ess. de mor. 1er traité, ch. 6. Les sciences ne viennent-elles pas aux savants, comme les richesses viennent à la plupart des gens riches ? n'est-ce pas par voie de succession ? vous héritez des anciens, vous autres hommes doctes, ainsi que nous de nos pères, Fontenelle, Dial. 2, Morts mod. L'Ingénu faisait des progrès rapides dans les sciences, et surtout dans la science de l'homme, Voltaire, l'Ingénu, 14. C'était une ancienne tradition passée de l'Égypte en Grèce, qu'un dieu ennemi du repos des hommes était l'inventeur des sciences, Rousseau, Disc. rétabl. des sciences. Une science bien traitée n'est qu'une langue bien faite, Condillac, Œuvr. t. XXIII, p. 7. Il n'y a plus qu'un bouleversement général du globe qui puisse éteindre les sciences, les arts, et ensevelir les noms des hommes célèbres qui les ont cultivés, Diderot, Lett. à Falconet, janv. 1866. Les sciences sont une espèce de grand édifice auquel plusieurs personnes travaillent de concert ; les uns, à la sueur de leur corps, tirent la pierre de la carrière, d'autres la traînent avec effort jusqu'au pied du bâtiment, d'autres l'élèvent à force de bras et de machines ; mais celui qui la met en œuvre et en place a le mérite de la construction, D'Alembert, Élém. de philos. ch. 21. Si l'on ne doit dater l'origine d'une science que du temps où la méthode d'y découvrir la vérité a été développée, Condorcet, Bucquet. Ceux qui contribuent par leurs découvertes aux progrès des sciences, et ceux qui les font respecter en les rendant utiles, ont également droit à l'estime des hommes et doivent nous être également chers, Condorcet, Montigni. Les sciences, sans bornes comme la nature, s'accroissent à l'infini par les travaux des générations successives, Laplace, Exp. V, 5. Moins par sa nature une science renferme de faits, plus tôt elle arrive à la perfection, Destutt-Tracy, Instit. Mém. sc. mor. et pol. t. I, p. 391. Il n'est de véritable science que celle qui n'est point fondée sur l'autorité ; car la science n'est point une croyance, mais une expérience, Cambacérès, Instit. Mém. sc. mor. et pol. t. III, p. 12. C'est une belle application des sciences exactes que d'avoir su déterminer les dimensions de ce globe que nous habitons, et d'avoir fait de sa grandeur le type invariable d'une mesure universelle, Biot, Instit. Mém. sc. t. III, p. LXXIV. La science d'une chose est l'ensemble des lois de cette chose, Duhamel, Méthodes dans les sc. de raisonnement, 1re part. p. 29.

    Science de raisonnement, science dans laquelle les vérités pourront être obtenues par le seul raisonnement, en partant de données admises, d'axiomes, de principes primitifs.

  • 3Savoir qu'on acquiert par la lecture et par la méditation. Et, c'est mon sentiment qu'en faits, comme en propos, La science est sujette à faire de grands sots, Molière, Femmes sav. IV, 3. Nous voulons montrer à de certains esprits, Dont l'orgueilleux savoir nous traite avec mépris, Que de science aussi les femmes sont meublées, Molière, ib. III, 2. Quiconque est riche est tout… Il a, sans rien savoir, la science en partage, Boileau, Sat. VIII. Si la science et la sagesse se trouvent unies en un même sujet, je ne m'informe plus du sexe, j'admire, La Bruyère, III. Mes amis, une fausse science fait des athées ; une vraie science prosterne l'homme devant la Divinité, Voltaire, Dial. XXIV, 10.

    Demi-science, science imparfaite, superficielle, bornée. Nous achevons le Tasse avec plaisir ; nous y trouvons des beautés qu'on ne voit point, quand on n'a qu'une demi-science, Sévigné, 67.

    Le zèle et la science, voy. ZÈLE.

  • 4 Terme de théologie. Science de simple intelligence, faculté par laquelle Dieu se connaît lui-même.

    Science de vision, celle qui fait connaître toutes les choses à l'être suprême.

    Science moyenne, celle par laquelle Dieu apprécie les conséquences de telle ou telle cause.

    La science infuse, celle qui vient de Dieu par inspiration, ou qu'on nous suppose donnée par la nature.

    Familièrement. Il croit avoir la science infuse, se dit d'un homme qui se croit savant sans avoir étudié.

  • 5Connaissance de certaines choses utiles à la conduite de la vie, à celle des affaires. Vouloir ce que Dieu veut est la seule science Qui nous met en repos, Malherbe, VI, 18. La science des saints, selon le sentiment de tous les Pères, n'est rien autre chose que la science du salut, Bourdaloue, Fête des saints, Myst. t. II, p. 445. Si dans les droits du roi sa funeste science [d'un financier] Par deux ou trois avis n'eût ravagé la France, Boileau, Sat. I. Cette défiance Est toujours d'un grand cœur la dernière science, Racine, Brit. I, 4. J'ai vu Burrhus, Sénèque, aigrissant vos soupçons, De l'infidélité vous tracer les leçons, Ravis d'être vaincus dans leur propre science, Racine, Brit IV, 2. Faut-il apprendre à feindre ? Quelle science, hélas ! Voltaire, Alz. I, 4.
  • 6Science du monde. J'entends ici par la science du monde, l'art de se conduire avec les hommes pour tirer de leur commerce le plus grand avantage possible, sans s'écarter néanmoins des obligations que le monde impose à leur égard, D'Alembert, Mélanges, etc. t. V, § 6.
  • 7La science du cœur, la connaissance des sentiments. Jusqu'à quel point ils [les romans de notre siècle] ont poussé la science du cœur, Fontenelle, Réfl. poét. 12.

    Dans un sens analogue. Cet incomparable morceau [Moi jalouse ! - Phèdre de Racine] offre une gradation de sentiments, une science de la tristesse, des angoisses et des transports de l'âme que les anciens n'ont jamais connue, Chateaubriand, Génie, II, III, 3. Si l'on suivait les détails [de la mort de Clarisse Harlowe], si nous pouvions avoir ici la patience d'un lecteur solitaire, quelle science prodigieuse de douleur n'apercevrions-nous pas dans toutes les nuances par lesquelles le poëte a gradué le désespoir de ses personnages ! Villemain, Litt. franç. XVIIIe siècle, 1re leçon.

  • 8 Terme de beaux-arts. Se dit de tout ce qui peut se réduire en règles ou en préceptes.
  • 9 Terme de marine. Ligne de science, ligne qui marque la limite supérieure du doublage en cuivre de la carène.
  • 10Toute-science, voy. TOUTE-SCIENCE, à son rang.

SYNONYME

SCIENCE, ART Au point de vue philosophique, ce qui distingue l'art de la science, c'est que la science ne s'occupe que de ce qui est vrai, sans aucun souci de ce qui peut être utile ; et que l'art s'occupe seulement de ce qui peut être utile et appliqué. L'agriculture est un art qui s'appuie sur diverses sciences : l'histoire naturelle, la géologie, la chimie. À un autre point de vue, la science consiste surtout dans la théorie, l'abstraction ; et l'art, dans l'application, la pratique. La rhétorique est la science qui traite de l'art qu'on appelle l'éloquence.

HISTORIQUE

XIe s. Puis sunt muntez [à cheval] e il unt grant science [de guerre], Ch. de Rol. CCXIV.

XIIe s. Tote escience [ils] orent à main, Benoit de Sainte-Maure, I, V. 473. Quant um devra l'iglise selunc Deu conseiller, Science et genterise en covient esluigner, Th. le mart. 62.

XIIIe s. L'en doit requerre trois choses en celui qui est esleuz, c'est à savoir dreit aage, honesté de bones mors, escience convenable, Liv. de jost. 30.

XVe s. Adonc respondirent plusieurs cardinaux et tous d'une science [unanimement] : Pere sainct, le cardinal d'Amiens parle bien, Froissart, Liv. IV, p. 308, dans LACURNE.

XVIe s. Sçavoir de certaine science que…, Montaigne, I, 203. Une consolation en la perte de nos amis, c'est la science de n'avoir rien oublié à leur dire, Montaigne, II, 83. Il rendit fidelement l'argent commis à sa seule science, Montaigne, III, 14. Je ne traicte d'aulcune science que de l'inscience, Montaigne, IV, 221. Nos ancestres disoyent : diligence passe science ; mais aucuns aujourd'hui disent : patience passe science, H. Estienne, Précell. 165. Science sans fruit ne vaut gueres, Leroux de Lincy, Prov. t. II, p. 148. Grand science est folie, si bon sens ne la guide, Leroux de Lincy, ib. p. 303. Une science requiert tout son homme, Cotgrave Mais le vice n'a point pour mere la science, Et la vertu n'est point fille de l'ignorance, D'Aubigné, Tragiques, Princes.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

SCIENCE. Ajoutez :
11Science abstraite, science considérée indépendamment de ses applications, dans le langage de la philosophie positive, qui en compte six : la mathématique, l'astronomie, la physique, la chimie, la biologie et la sociologie (COMTE, Système de philosophie positive).

On dit quelquefois en ce sens science pure. J'ai tort de dire science pure, car il n'y a pas une science pure et une science appliquée : il y a la science et les applications de la science, Paul Bert, Journ. offic. 14 janv. 1873, p. 248, 3e col.

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Étymologie de « science »

Provenç. sciensa ; espagn. ciencia ; ital. scienza ; du lat. scientia, qui vient de sciens, part. présent de scire, savoir ; rad. sanscrit, ki, savoir, k(y, remarquer, l'un et l'autre, de chid, pour skid, fendre ; le sens de transition à l'idée intellectuelle est discerner.

Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

Du moyen français, de l’ancien français science, escience, du latin scientia (« connaissance »), lui-même du verbe scire (« savoir »).
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Phonétique du mot « science »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
science sjɑ̃s

Fréquence d'apparition du mot « science » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « science »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « science »

  • Mais le vice n'a point pour mère la science, Et la vertu n'est pas fille de l'ignorance.
    Théodore Agrippa d'Aubigné — Les Tragiques
  • […] Ô trop vaine science, qui ne pourrait donner à l'amour guérison !
    Jean Antoine de Baïf — Les Amours de Francine
  • À chaque époque, [la science] voudrait dévorer une vérité qui la gêne.
    Joseph Arthur, comte de Gobineau — Essai sur l'inégalité des races humaines
  • La statistique est la première des sciences inexactes.
    Jules Huot de GoncourtEdmond Huot de Goncourt — Journal, Fasquelle
  • Le but de la science est de prévoir et non, comme on l'a dit souvent, de comprendre.
    Pierre Lecomte du Noüy — L'Homme et sa destinée, La Colombe
  • Ce n'est pas dans la science qu'est le bonheur, mais dans l'acquisition de la science.
    Edgar Allan Poe — Tales of the Grotesque and Arabesque, The Power of Words
  • Si la science un jour règne seule, les hommes crédules n'auront plus que des crédulités scientifiques.
    Anatole François Thibault, dit Anatole France — La Vie littéraire, Calmann-Lévy
  • Le grand œuvre s'accomplira par la science, non par la démocratie.
    Ernest Renan — Dialogues et fragments philosophiques, III, Rêves , Lévy
  • Les sciences sont des fouilles faites dans Dieu.
    Victor Hugo — Fragments
  • Une malédiction frappe la science qui court de succès en succès tous ses triomphes, et ils sont réels, sont des victoires à la Pyrrhus. À mesure que se gonfle, dans l’océan de ce que nous ne savons pas, la sphère de ce que nous savons, le nombre de points de contact entre savoir et ignorance croît proportionnellement.
    Jean d’Ormesson — C’était bien
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Traductions du mot « science »

Langue Traduction
Anglais science
Espagnol ciencias
Italien scienza
Allemand wissenschaft
Chinois 科学
Arabe علم
Portugais ciência
Russe наука
Japonais 理科
Basque zientzia
Corse scienza
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Synonymes de « science »

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Antonymes de « science »

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Science

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