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Rien

Variantes Singulier Pluriel
Masculin rien riens

Définitions de « rien »

Trésor de la Langue Française informatisé

RIEN, pron. indéf.

Pron. indéf. de l'inanimé, capable d'assumer toutes les fonctions du subst. [S'emploie ou bien avec un sens voisin de « quelque chose » dans les cont. à orientation nég. (I), ou bien (cas le plus fréq.) en alliance avec ne (éventuellement effacé) (II) ou encore, en dehors de ne et en dehors de tout cont. nég., avec valeur de nég. pleine (III); s'utilise aussi subst. (IV)]
I. − [Dans les cont. à orientation nég.]
A. − Vieilli ou littér. Synon. quoi que ce soit, quelque chose.
1. [En prop. hyp. ou interr. (dir. ou indir.)] Et je vous trouverais coupable, Si je pouvais en vous trouver rien d'imparfait (Desb.-Valm.,Élégies, 1833, p. 63):
1. Peut-on rien comprendre à la vie humaine, si l'on ne commence pas par comprendre que toujours c'est la pauvreté qui surabonde en grandeur? Maritain,Human. intégr., 1936, p. 205.
2. [Apr. une princ. de sens nég.]
a) [Dans une sub.] Je doute qu'il ait rien attendu ni espéré des Indiens (Mauriac,Journal 2, 1937, p. 110).Faute que personne proposât rien qui répondît à la situation (De Gaulle,Mém. guerre, 1954, p. 6).
b) [Dans un syntagme inf.] Je n'ai nullement l'intention, l'illusion, de fixer rien d'éternel (Gide,Geneviève, 1936, p. 1361).Il n'est pas besoin de rien ajouter (Ricœur,Philos. volonté, 1949, p. 55).
c) [Dans une coord.] Aucune spéculation ne créera une obligation ou rien qui y ressemble (Bergson,Deux sources, 1932, p. 45).
3. [Apr. certains adj., subst. ou verbes de sens nég.] Il est difficile, impossible, injuste, inutile, malaisé... d'en rien conclure; impuissant à rien comprendre; l'impuissance, l'inaptitude à rien comprendre; le refus, l'interdiction d'en rien dire; désespérer, éviter, se garder, négliger, prendre garde, refuser, se retenir d'en rien conclure; empêcher qqn d'en rien dire; se refuser à en rien croire. Impuissants à rien changer (J.-R. Bloch,Dest. du S., 1931, p. 83).Vous êtes incapable de rien comprendre à un sentiment de cet ordre (Mauriac,Asmodée, 1938, i, 3, p. 23).
4. [Apr. diverses loc. prép. ou conjonctionnelles dont le sens comporte un aspect nég.] Loin d'en rien soupçonner...; avant qu'il fasse rien qui... Avant de rien conclure, il nous faut les emprunter (Huyghe,Dialog. avec visible, 1955, p. 102):
2. Julie (...) me parlait de V. comme du seul ami digne de moi pour qui elle eût voulu accroître mon amitié au lieu d'en rien retrancher par une étroite jalousie de cœur. Lamart.,Raphaël, 1849, p. 247.
5. [En système compar. d'inégalité] Ils me sont plus chers que rien au monde. Autant vaudrait-il nous aller jeter sur-le-champ à la Seine, plutôt que de nous donner le souci de rien entreprendre (Zola,Argent, 1891, p. 141).
B. − [Apr. sans et sans que] Synon. quoi que ce soit.Pièce sévère, chef-d'œuvre viril, sans rien qui délasse ou qui émeuve (Brasillach,Corneille, 1938, p. 279).À force d'être anxieuse sans que rien arrive, le jour où la foudre tombe on se trouve presque calme (Montherl.,Reine morte, 1942, i, 2etabl., 4, p. 154).
Rem. Apr. sans que, se rencontre fréq. avec ne explétif, quoique considéré comme incorrect par les puristes: On apprenait tantôt des victoires, tantôt des défaites, sans que rien n'avançât, ne bougeât (Van der Meersch, Invas. 14, 1935, p. 206).
II. − [En alliance avec ne, éventuellement effacé]
A. − [Avec d'autres mots nég. (aucun, personne, jamais, plus...) ou avec lui-même] Synon. quoi que ce soit.Il ne fait jamais rien; il ne sait rien de rien. Il ne disait rien à personne (Giono,Gd troupeau, 1931, p. 19).
B. − [Sans autre mot nég.]
1. Ne... rien, rien... ne. Rien ne vaut l'air de la campagne; je n'en sais rien; il n'en est rien. Rien n'est triste comme l'aspect de ces lacs (Chateaubr.,Mém., t. 1, 1848, p. 320).Pour rien au monde elle n'oserait demander à M. Arsène de ralentir (Bernanos,Mouchette, 1937, p. 1273).
Rem. Place du mot rien; empl. comme compl. d'obj., se place apr. le verbe aux temps simples (il ne dit rien), apr. l'auxil. aux temps comp. (il n'a rien dit), except. apr. le part. (je n'ai jamais vu rien de tel ds Hanse Nouv. 1983). Dans la dépendance d'un inf., il précède celui-ci: sans rien dire. Peut précéder ou suivre en ou y: ne rien y entendre; n'y rien entendre (le second est plus littér.).
Ne... presque rien, ne... à peu près rien, ne... absolument rien. Tu ne comprendras absolument rien à ce que je vais te dire (Maupass.,Contes et nouv., t. 1, Mots amour, 1882, p. 602).Je ne connais à peu près rien de Bergson (Gide,Journal, 1924, p. 782).
Ne... en rien. Nullement. Le ridicule de cette soirée ne diminuerait en rien leur sincérité ni leur haine (Beauvoir,Mandarins, 1954, p. 462).
2. Fam. Ne... pas rien. Ce n'est pas rien. Ce n'est pas négligeable. Vous êtes de la maison? (...) Plutôt. Seize ans, ce n'est pas rien (Camus,Cas intéress., 1955, 1ertemps, 1ertabl., p. 604).
3. Ne... rien du tout. Ne... aucune chose, quelle qu'elle soit. On ne comprend rien du tout à la messe tant qu'on espère y comprendre quelque chose (Alain,Propos, 1930, p. 981).
Rem. Il ne sait rien peut se dire de qqn qui, sur un sujet donné, ne sait pas grand-chose; il ne sait rien du tout suppose une ignorance complète.
4. [Déterminé par un adj. ou une relative] Il n'a rien d'humain; il n'y a rien là de bien original; je ne connais rien d'autre, rien de tel; cela ne me dit rien qui vaille; rien que tu ne saches.
Vx. Ne... rien autre, ne... rien tel, ne... rien autre chose. Il ne voyait rien autre (Zola,Bête hum., 1890, p. 118).Tu n'as rien autre chose? (Jarry,Ubu, 1895, iii, 2, p. 57).Ah!... il n'est rien tel que de vivre ensemble pour ne se voir jamais (Hermant,M. de Courpière, 1907, iii, 8, p. 26).
5. [Dans des tours compar.]
a) Ne... rien de moins que, rien de moindre que. Tout à fait, pleinement, bel et bien. Il n'est rien de moins qu'un héros, ou (vx) rien de moindre qu'un héros. Il est bel et bien un héros. Il ne s'agit de rien de moins que de se faire un regard sur toutes choses (Valéry,Variété V, 1938, p. 226).
b) Ne... rien moins que. Nullement. Ces ovules, ces germes des êtres supérieurs auxquels on assimile les « ovules primitifs », ne sont rien moins que des êtres simples (J. Rostand,La Vie et ses probl., 1939, p. 168).
Rem. Est parfois synon. de ne... rien de moins que. En raison de cette ambiguïté, l'Ac., Littré et de nombreux grammairiens (cf. p. ex. Vinc. 1910) conseillent d'éviter ce tour: Il ne s'agit de rien moins dans les deux cas que de substituer un type général de recherches et d'hypothèses à l'empirisme (Valéry, Corresp. [avec Gide], 1901, p. 383). Il ne faut rien moins que l'amour de Dieu pour que l'homme renonce à ce désespoir (Mauriac, Journal 2, 1937, p. 113).
c) Comme si de rien n'était. [Marque que telle action se produit comme si telle autre (suggérée par le cont.), dont on pouvait penser qu'elle l'empêcherait, n'avait pas lieu] Cette cloche à plongeur où − à jamais comme si de rien n'était − se consommait un prenant mystère d'habitude (Gracq,Syrtes, 1951, p. 46).
Aussi, pas plus, pas moins... que si de rien n'était. Et malgré qu'il eût bouffé six heures durant comme un ogre, il avait la voix aussi fraîche et aussi juste que si de rien n'était (Sand,Maîtres sonneurs, 1853, p. 97).
6. [Dans des tournures diverses]
a) Vx. Il n'y a rien qu'il était ici (Ac.1878).Il y a peu de temps que...
b) N'être rien
Ce n'est rien. C'est sans gravité, sans signification, sans importance. Ce n'est rien, va te coucher! cria son père (Zola,Pot-Bouille, 1882, p. 288).
Cela ne lui est rien/de rien (vx). Cela ne l'intéresse pas, ne lui est d'aucune utilité. Mes soldats et mes tambours ne m'étaient plus de rien (A. France,Bonnard, 1881, p. 286).Vous ne changez pas son corps, qui ne vous est rien (Giraudoux,Lucrèce, 1944, i, 8, p. 66).
Cela n'est de rien à qqn (vx). Cela lui est indifférent. Pour moi, les choses que vous me donnez et que je pose sur une commode ou que j'accroche au mur, ne me sont de rien; je n'aime que les choses qui me suivent, que je porte avec moi, que mes doigts peuvent toucher, comme cet éventail (Goncourt,Journal, 1895, p. 710).
Rem. N'être rien à qqn et n'être de rien à qqn sont fréq. confondus: Hors de là, tout ne leur est rien (Blondel, Action, 1893, p. 176).
[En parlant d'une pers.] N'être rien à qqn (vx). Être sans lien de parenté avec lui. La personne qui m'a vraiment servi de mère, et qui a eu double mérite puisqu'elle ne m'est rien, c'est une amie que j'aime du reste comme une mère (Proust,J. filles en fleurs, 1918, p. 883).
N'y être pour rien. N'y avoir aucune responsabilité, aucune part. Le général de Gaulle n'y était, évidemment, pour rien (De Gaulle,Mém. guerre, 1956, p. 413).
c) (N'être) bon à rien. V. bon1I A 1 b.(Être un) propre(-)à(-)rien*.
d) Ne rien faire (v. faire1II A 3).Il ne fait rien. Il n'a pas d'occupation active, il ne travaille pas; il ne prend aucune intitiative. Je n'ai rien fait. Je n'ai commis aucun délit. Ça ne te ferait rien de... Ça ne te dérangerait pas de... Ça ne fait rien. C'est sans importance, sans conséquence, cela n'entre pas en ligne de compte:
3. − Il faut encore que je passe au cercle. Je vous déposerai, et puis viendrai vous rejoindre au deuxième acte. − Mais ça ne fait rien, mon ami, ça ne fait rien, dit Mmede La Monnerie d'un ton assez aigre. Votre frère me tiendra compagnie. Druon,Gdes fam., t. 1, 1948, p. 18.
Rien n'y fait. Il est dur d'être un lépreux et de porter avec soi la plaie infâme et de savoir que l'on ne guérira pas et que rien n'y fait (Claudel,Annonce, 1948, prol., p. 142).
e) Ne rien pouvoir à, n'y rien pouvoir; n'en pouvoir rien (région., Belgique). Être sans influence sur. Peu à peu, elle se sentait gagnée par une peur contre laquelle sa volonté ne pouvait rien (Green,Adrienne Mesurat, Paris, Plon, 1927, p. 247).
f) JEUX. Rien ne va plus. ,,L'avertissement donné par le croupier que plus aucun jeu n'est admis`` (Sandry-Carr. Joueurs 1963).
g) Ne... servir* à rien, de rien.
C. − [Avec effacement de ne]
1. [Dans des cont. ell. du verbe]
[En réponse à une question] Qu'est-ce que la vie sans mes pensionnaires? Rien du tout (Balzac,Goriot, 1835, p. 241).
[En compar. ell.] On peut penser que cette expression répond à une réalité, qu'elle n'est pas, comme rien dans les livres saints, un simple trope littéraire (Claudel,Poète regarde Croix, 1938, p. 195).
[Dans des tournures appositives ou coord.] J'étais à l'aise en tout, il est vrai, mais en même temps satisfait de rien (Camus,Chute, 1956, p. 1488).
[Dans un style ell.] :
4. Aussi le mot que M. Sixte disait souvent de lui-même: « Je prends la vie par son côté poétique... » paraissait-il à ceux qui l'entendaient le plus absurde des paradoxes. Et cependant rien de plus exact, eu égard à la nature d'esprit spéciale des philosophes. Bourget,Disciple, 1889, p. 24.
De rien. ,,Ce n'en vaut pas la peine. Je vous remercie du coup de main que vous m'avez donné. De rien`` (Littré).
Rem. Littré le considère comme pop. Auj. lang. cour.
Fam. (C'est) trois fois rien. C'est négligeable, sans importance. Une fois rien... c'est rien! Deux fois rien... ce n'est pas beaucoup! Mais trois fois rien!... Pour trois fois rien, on peut déjà acheter quelque chose... et pour pas cher! Maintenant, si vous multipliez trois fois rien par trois fois rien: Rien multiplié par rien = rien (R. Devos,Sens dessus dessous, Paris, Stock, 1976, p. 74).
2. Pop. ou fam. J'ai rien contre lui, ce pauvre gars-là (Roy,Bonheur occas., 1945, p. 55).
Arg., vulg. ,,J'en ai rien à foutre de tes bobards. Je n'ai que faire de tes conseils`` (Sandry-Carr. 1963).
D. − [Avec que pour marquer l'exception]
1. Ne... rien que, rien que... ne. Uniquement, seulement. Synon. ne... que.Il ne boit rien que de l'eau. Il boit uniquement de l'eau. Mais elle n'entendit rien, rien que le frisson du silence (Zola,Rêve, 1888, p. 130).
Rien... ne... que. Rien ne vaut que par la forme du dire (Barrès,Barbares, 1888, p. 81).
2. Rien que + syntagme prép. [Ce qui est désigné par le syntagme prép. suffit pour produire l'effet indiqué par le verbe princ.] Je frémis rien qu'en y pensant. Il me suffit d'y penser pour frémir. Rien qu'à voir vivre tes lapins, je suis sûr que nous aurons la guerre (Duhamel,Maîtres, 1937, p. 12).Moi, je viendrais rien que pour vous (Queneau,Pierrot, 1942, p. 24).Les raisons en sont enracinées dans leur être et je le devine rien qu'à la délicatesse de leur profil, à la précaution des gestes (Schaeffer,Rech. mus. concr., 1952, p. 100).
3. Ne... rien que de + adj. Rien d'autre que de, rien si ce n'est de. Il lui faisait des visites: cela n'a rien que de naturel (Drieu La Roch.,Rêve bourg., 1937, p. 146).Il n'y avait dans ce spectacle rien que de très ordinaire (Aragon,Rom. inach., 1956, p. 23).
[Avec ell. du verbe (et conséquemment de ne)] Rien que de banal au fond dans tout ce qui m'entoure (Gracq,Beau tén., 1945, p. 35).
III. − [Empl. pleinement nég.]
A. − [Comme compl. prép.]
1. [Compl. du verbe (et marquant l'origine, le moyen, le but, la cause...)]
À rien. À zéro, à ce qui n'est rien. (Se) réduire à rien; tomber à rien, retourner à rien, devenir à rien (vx). Robert avait épousé Anne-Marie la sachant riche héritière et l'a abandonnée voyant la succession tourner à rien (Pourrat,Gaspard, 1930, p. 10).
De rien. De zéro ou de très peu de chose. Partir de rien; se contenter, se nourrir, vivre de rien; faire qqc. de rien; se fâcher à propos de rien. Un grand poème né de rien, un grand poème fait de rien (Saint-John Perse,Exil, 1942, p. 207).
Faire qqc. avec rien. Des établissements créés avec rien (Vogüé,Morts, 1899, p. 268).
Pour rien
Sans résultat, en vain. Mourir pour rien; se battre pour rien. Laisse donc ces lettres-là, dit-elle, tu te fatigues pour rien (Roy,Bonheur occas., 1945, p. 273).Jouer un temps pour rien (Mounier,Traité caract., 1946, p. 237).
En échange de rien, gratuitement. Il travaille pour rien. Cette permission d'occuper sa chose, le propriétaire peut l'octroyer pour rien (Proudhon,Propriété, 1840, P. 244).
Sans raison. Synon. pour un rien.Il se fâche pour rien. Comme vous êtes injuste, et comme vous me querellez pour rien! (Leclercq,Prov. dram., MmeSorbet, 1835, 4, p. 131).
Rem. La différence est grande avec ne ... + prép. + rien: Il ne se fâche pour rien signifie « il ne se fâche pas, quelle que puisse être la raison qu'il aurait de se fâcher »; il se fâche pour rien signifie « il se fâche à tout propos, au moindre motif ». Ailleurs la nuance peut être subtile: Ne jouer à rien, c'est ne pas jouer; jouer à rien, c'est jouer à vide, un jeu illusoire, sans véritable existence: Poil de Carotte, va fermer les poules! Elle donne ce petit nom d'amour à son dernier-né, qui joue à rien, sous la table (Renard, Poil carotte, 1894, p. 10). Ne compter pour rien, c'est ne pas prendre en compte ou ne pas être pris en compte; compter pour rien marque une prise en compte, mais dont le résultat est nul: L'individu ne comptera pour rien s'il ne peut invoquer que la loi (Clemenceau, Vers réparation, 1899, p. IV). Mille chats qui miaulent dans la nuit (...) n'existent pas et comptent pour rien par rapport à un piano dont toutes les cordes se rompent d'un coup (Cendrars, Bourlinger, 1948, p. 266).
2. [Compl. du n.]
De rien. De peu d'importance, sans valeur, sans intérêt. Homme de rien, femme de rien, fille de rien, gens de rien (du tout). Un petit chapeau de rien du tout (Quillet1965).Ah! Tu me fais pitié, Ambitieux de rien! (Hugo,Hernani, 1830, iv, 1, p. 99).
B. − [Dans des tournures compar.]
1. Comme rien. Cela m'importe comme rien.
Pop., fam., p. antiphr. Facilement. Cela atteint des millions comme rien (Rob.).
2. Que rien.C'est mieux que rien; pas plus que rien; si peu que rien; moins que rien. C'est un jeu de vagues paroles, plus un parfum, pas encore une musique, moins que rien (Valéry,Corresp.[avec Gide], 1891, p. 51).Peu de chose avait suffi à ce rare thaumaturge, si peu que rien, cinq ou six lignes sur une note officielle, mais sublimes à la vérité (Ambrière,Gdes vac., 1946, p. 329).
Fam. [Subst. de l'animé] Un, une moins que rien. V. moins I A 1 γ ex. de Maran.
3. En moins de rien, loc. adv. de temps. En très peu de temps:
5. Et moi, grisé par la bataille, certain du triomphe, j'agrippais au passage les gamins qui se débattaient (...). En moins de rien il ne resta debout que le nouveau venu monté sur Delage... Alain-Fournier,Meaulnes, 1913, p. 147.
Au-dessous de rien. L'on considérait les apothicaires comme des gens au-dessous de rien (C. Droz,Une Femme gênante, iii, p. 64 cité par Pichon et Hoesli ds Z. fr. Spr. Lit. 1930, p. 109).
C. − Plus rarement. [En fonction de suj., d'obj. ou d'attribut] Il suffit de rien pour..., il s'en est fallu de rien que..., des envies de rien faire. Je joue rien contre tout (Gozlan,Notaire, 1836, p. 172).Dorloté, nourri à rien faire (Maupass.,Contes et nouv., t. 1, 25 francs, 1888, p. 253).
D. − [Dans des cont. antithétiques] De tout et de rien. Tandis qu'elle s'encapuchonnait dans l'escalier, dans le taxi, parlant de tout et de rien (Aragon,Beaux quart., 1936, p. 213).Tout ou rien. Dieu faisait aujourd'hui à ses créatures la faveur de les mettre dans un malheur tel qu'il leur fallait retrouver et assumer la plus grande vertu qui est celle du tout ou rien (Camus,Peste, 1947, p. 1401).
E. − Pop., p. antiphr. [Suivi d'adj., avec valeur intensive] Très. C'était rien drôle! (Zola,Terre, 1887, p. 286).C'est rien bath ici qu'elle dit Lulu Doumer avec ses quatorze ans (Queneau,Loin Rueil, 1944, p. 11).
IV. − Empl. subst.
A. − [Avec l'art. indéf. (ou un déterm. déf. qui reprend l'indéf.: pour un rien... mais ce rien... ou qui se trouve en alliance avec une rel.: ce rien qui...)]
1. Chose sans importance, bagatelle. Souvent aussi ce n'est qu'un rien, quelques deniers à peine (Faral,Vie temps st Louis, 1942, p. 51).N'est-ce rien que ce rien qui nous délivre de tout? (Claudel,Soulier, 1944, 1repart., 1rejournée, 3, p. 952).
Dire des riens. Ils riaient, disaient des riens (A. France,Lys rouge, 1894, p. 244).
Très peu de chose. Il s'en fallut d'un rien qu'il ne tombât entre les mains de messer Frédéric (Montherl.,Malatesta, 1946, i, 4, p. 442).
En moins d'un rien (vieilli). En un temps très court. En moins d'un rien, elle est sur vos montagnes (E. de Guérin,Lettres, 1831, p. 1).
Un rien de plus. Un peu plus. Mes plus anciens souvenirs ont cent ans ou un rien de plus (Bachelard,Poét. espace, 1957, p. 172).
2. Un rien de + subst. Ajouter un rien de muscade; un rien de suffisance. À midi, nous mangeons un fruit, un rien de pain sur le pouce (Balzac,E. Grandet, 1834, p. 326).Avec un rien de méthode (Maupass.,Bel-Ami, 1885, p. 206).
En un rien de temps. On va rafler ça en un rien de temps! (Zola,Assommoir, 1877, p. 259).
3. Un rien de + adj. Un peu de; quelque chose de. C'est une vision qui a un rien de fantastique (Goncourt,Journal, 1879, p. 38).
4. Fam. Un rien + adj. (ou syntagme à valeur adj.). Un peu. Bien habillée, quoique sans élégance. Un rien « dame de compagnie » (Montherl.,Celles qu'on prend, 1950, i, p. 767).Dis donc, tu ne deviendrais pas un rien fasciste? dit Henri à Scriassine (Beauvoir,Mandarins, 1954, p. 465).
5. Pop. [Pour désigner une pers.] Un, une rien du tout. C'est un rien du tout, cette petite femme-là (Balzac,Cous. Bette, 1846, p. 378).
B. − [Avec l'art. déf.] Le rien. Le néant. La conscience enchaînée à la vanité est dupe du rien, charmée par le néant (Ricœur,Philos. volonté, 1949, p. 351).
REM. 1.
Rienner, verbe intrans.,hapax. Ne rien faire. Mon père toujours dans sa chambre à rienner, je fais le mot pour lui (Barb. d'Aurev.,Mémor. pour l'A... B..., 1864, p. 409).
2.
Riéniste, subst. masc.,,Pseudo-littérateur, qui écrit sans avoir rien à dire, ou qui, d'un banal fait divers, confectionne un long roman`` (France 1907).
3.
Rienologie, subst. fém.,rare, péj. Technique du riéniste. Un illustre auteur prépare un Traité de Rienologie où les particularités du Rentier seront très-amplement décrites (Balzac, Œuvres div., t. 3, 1840, p. 210).
4.
Rienologiste, adj.,rare, péj. Relatif à la rienologie. Sa prochaine « Étude » psychologique, intuitiviste, naturaliste, symboliste, vériste, ou rienologiste! (Bourget,Physiol. amour mod., 1890, p. 10).
5.
Rienologue, subst. masc.,rare, péj., synon. de riéniste.Le Rienologue est le dieu de la bourgeoisie actuelle; il est à sa hauteur (Balzac, Œuvres div., t. 3, 1843, p. 572).
Prononc. et Orth.: [ʀjε ̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. I. Empl. avec un élém. nég. A. « aucune chose » 1. a) fin xes. non ... ren (Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 290: El mor a tort [Jesus], ren non forsfist); b) 1130-40 ne ... rien (Wace, Conception N.-D., éd. W. R. Ashford, 68: Fors ciel e mer rien ne veeient); c) ca 1160 ne ... pas rien (Eneas, éd. J.-J. Salverda de Grave, 3863: Ne m'en puez pas rien retolir); 2. en fonction d'attribut a) ca 1050 ne ... rien (St Alexis, éd. Chr. Storey, 245: Ne l'en est rien [le deuil de ses parents], si'st a Deu aturnét); ca 1260 (Récits Menestrel de Reims, 37 ds T.-L.: assembla tant de gens [...] mais ne fu rien au regard de l'ost que Solehadins avoit assemblei); 1372 (d'une personne) n'estre rien [a aucun] « être étranger [à quelqu'un] » (Chevalier de La Tour Landry, éd. A. de Montaiglon, p. 38); b) 1640 cela n'est pas rien: ne rien est inversé par pas « c'est quelque chose » (A. Oudin, Gramm. fr. [1632] d'apr. Martin Rien, p. 177); 3. ca 1165 en fonction de compl. de prix, d'estime, apr. les verbes d'appréciation (cf. ibid., pp. 248-249) (Benoît de Ste-Maure, Troie, 3846 ds T.-L.: Tot iço [...] rien ne pris); cf. la subst. rien-ne-vault « vaurien » ca 1530 (Le Vin des notaires ds Anc. poésies fr., éd. A. de Montaiglon, t. 10, p. 12); 4. 1176-81 en fonction de suj. rien ... ne (Chrétien de Troyes, Chevalier à la charrette, éd. M. Roques, 2564); 5. a) α) 1269-78 rien est directement déterminé par un adj. (Jean de Meun, Rose, éd. F. Lecoy, 16828: Si con li vairres transparanz [...] Qui par dedanz ne par darriere N'a riens espés qui les refiere [les rayons]); β) fin xives. de est introd. entre rien et l'adj. déterm. (Froissart, Chron., éd. S. Luce, I, § 358, t. 4, p. 165: riens ne demoroit de bon devant ces pillars); pour la concurrence entre ces deux tours au xviies., v. Martin Rien, pp. 253-257; b) rien est déterminé par un subst. précédé de de α) 1456-67 il n'y a rien d'oultrage « il n'y a rien à dire » (Cent nouvelles nouvelles, éd. Fr. P. Sweetser, LXV, 112); β) fin xves. le subst. désigne une pers. (Commynes, Mém., éd. J. Calmette, t. 2, p. 331: Il n'avoit riens de son père); 6. Ne ... rien moins (que) a) 1456-67 ne ... rien inverse le sens de moins: « tout autant » (Cent nouvelles nouvelles, LXXXV, 13: [il] ne l'amoit rien mains qu'elle luy); 1542 empl. ell. (Rabelais, Pantagruel, éd. V. L. Saulnier, XIV, 152, leçon éd. M: et n'en aurez rien moins); 1608 ne ... rien moins que « bel et bien » (Schelandre, Tyr et Sidon, éd. J. Haraszti, 2211); b) « ne ... nullement » 1534 (Rabelais, v. moins I C 3 a); 7. 1548 ne ... rien que « ne ... que » loc. restr. marquant l'exception (Marguerite de Navarre, Théâtre profane, éd. V. L. Saulnier, Mont de Marsan, 644: Rien que d'amour ne faict son compte); 1623 rien que de + adj. (Sorel, Francion, I, éd. E. Roy, t. 1, p. 17, 18: Je vous promets de ne vous conter rien que de véritable). B. Désigne une pers. ca 1160 une pers. indéf. (Eneas, 2358: Ja rien qui cele puor sente Ne vivra puis une sole ore); déb. xives. terme non marqué englobant personnes et choses (Fouke Fitz Warin, éd. L. Brandin, p. 75, 3: rien ne troverent si le chevaler noun), empl. encore en usage, dans la lang. littér., Martin Rien, p. 25. C. Empl. adv. 1. ca 1150 ne... rien « en aucune façon » (Wace, St Nicolas, 1496 ds T.-L.); 1563 rien ne me sert (L. Des Masures, David fugitif, 2247 ds Martin Rien, p. 247); 2. loc. adv. ca 1160 ne ... de rien « en aucune manière, nullement » (Eneas, 1821: Quant il de rien ne me conforte); 1377 ne ... en rien « id. » (Gace de La Buigne, Deduis, 1554 ds T.-L.). II. Subst. fém. 1. « chose » dans une phrase affirm.; avec un déterm. 1remoit. xiies. tutes riens (Psautier de Cambridge, 145, 5, ibid.); ca 1150 alcone ren (Wace, St Nicolas, 1413 ibid.); ca 1170 une rien (Marie de France, Lais, éd. J. Rychner, Guigemar, 682); ca 1175 la rien (Benoît de Ste-Maure, Chron. ducs de Normandie, 1768 ds T.-L.); 2. désigne un animé ca 1165 a tote rien « à tout le monde » (Id., Troie, 713, ibid.); ca 1170 avec un adj. qualificatif nule rien vivant (Marie de France, op. cit., 279); 1174-87 la rien que je plus amoie (Chrétien de Troyes, Perceval, éd. F. Lecoy, 3432). III. En phrase d'atmosphère nég., rien, empl. sans nég., garde sa valeur positive de « quelque chose » A. 1. a) ca 1150 dans une sub. introd. par ainz que [action non encore réalisée] (Charroi de Nîmes, éd. D. McMillan, 1282); b) ca 1165 id. par sanz ce que (Benoît de Ste-Maure, Troie, 1934 ds T.-L., s.v. sans); 2. a) 1155 apr. une princ. nég. (Wace, Brut, éd. I. Arnold, 66: Ne trova puis ki li nëust Ne de rien li contr'estëust); b) ca 1160 apr. une loc. à valeur nég. (Eneas, 2184: Ja mar t'esmaieras de rien); 3. id. en prop. hyp. introd. par si (ibid., 4583); 1160-74 introd. par qui rel. indéterminé (Wace, Rou, éd. A. J. Holden, III, 5369: E qui rien de l'autrui prendreit, Escumengié estre deveit); 4. en prop. interr. a) ca 1170 interr. dir. (Chrétien de Troyes, Erec, éd. M. Roques, 1114: Senechax, savez an vos rien?); b) ca 1241 interr. indir. (Huon le Roi, Vair palefroi, éd. A. Långfors, 720; 721); 5. 1225-30 en prop. compar. d'inégalité (Guillaume de Lorris, Rose, éd. F. Lecoy, 3154: Je veil mieux sosfrir ma mesaise Que fere rien qui vos desplaise); 6. apr. certains verbes de sens nég., notamment ceux exprimant la défense: 1372 (Chevalier de La Tour Landry, 189: se doit garder [...] de riens respondre à son seigneur). B. ca 1160 déterminé par un subst. précédé de de qui paraît avoir une valeur partitive [ici, dans une hyp.] (Eneas, 335: S'avons ja mes de repos rien); déb. xves. (Myst. St Bernard de Menthon, éd. Lecoy de La Marche, 820: Y a il riens de muscatel?), v. Martin Rien, p. 258. C. 1340 déterminé par un adj. qualificatif précédé de de [ici, dans une interr.] (Miracles de N.-D., éd. G. Paris et U. Robert, III, 931, t. 1, p. 137: Dites nous [...] Se [...] savez Riens de nouvel); ce tour fait, en réalité, suite à rien directement déterminé par un adj.: 1533 [dans une hyp.] (Cl. Marot, Epîtres, éd. C. A. Mayer, XVIII, 55, p. 154: vous supply Si rencontrez rien dur en cest Epistre, De l'oublier). D. Suivi de que marquant l'exception « autre chose que » [ici, en prop. interr.] 1583 (Garnier, Les Juives, éd. M. Hervier, 469: Nous est-il rien resté qu'un esprit gémissant?); 1656 rien ... que de + adj. en prop. hyp. (Molière, Dépit amoureux, III, 10: si j'ai dit rien que de très constant). IV. Sans particule nég. « nulle chose » A. 1. empl. prép. a) ca 1160 pour rien (Eneas, 2531); b) 1464-1503 venir a riens (Jean Molinet, Faicts et dictz, éd. N. Dupire, p. 257, 56); c) 1559 (chose) de rien (Amyot, trad. Plutarque, Hommes illustres, Alexandre, LII, éd. G. Walter, t. 2, p. 357); 1648 homme de rien (Scarron, Virgile travesti, I, éd. V. Fournel, Paris, 1858, p. 28a); 2. empl. p. ell. de la particule nég. ne, spéc. a) 1442 cas d'antithèse pau ou riens (A. de La Sale, Œuvres, éd. F. Desonay, t. 2, La Sale, p. 91); b) 1464 réponse à une question riens quelconques « rien du tout, en aucun cas » (Pierre Pathelin, éd. R. T. Holbrook, 1157); 1513 rien rien « non » (Gringore, St Loys, l. VI [II, 201] ds Hug.); c) 1464-1503 en style proverbial A cœur vaillant riens impossible (Jean Molinet, op. cit., p. 193, 16; cf. p. 76, 312: il n'est riens impossible); 3. en syst. compar. 1541 comme riens (A. de La Sale, Œuvres, t. 1, La Salade, p. 8, 55); 1456-67 mieux que rien (Cent nouvelles nouvelles, LXIII, 100); 1583 en moins de rien (Garnier, op. cit., 1791). B. Nég. par lui-même dans les tours suiv. 1. av. 1361 riens faire (Jean Le Bel, Chron., éd. J. Viard et E. Desprez, t. 1, p. 142; noter que cet empl. est évité par Froissart qui recopie presque mot à mot ce passage, cf. éd. Kervyn de Lettenhove, t. 2, p. 456 et éd. S. Luce, t. 1, p. 144); 2. 1544 [celuy] qui est riens (Marguerite de Navarre, op. cit., Trop. Prou..., 295). C. Empl. adv. 1873 p. antiphr. « beaucoup, très » (Zola, Ventre Paris, p. 724: c'est rien muche!) V. Subst. masc. A. désigne une quantité minime 1. a) mil. xves. (Charles d'Orléans, Œuvres, éd. P. Champion, Rondeaux, CCXIV, t. 2, p. 471: En me contentant d'un beau rien); b) 1544 en un rien sens temp. (M. Scève, Délie, éd. M. Parturier, CCXX, 10); 1616 pour un rien sens final (D'aubigné, Tragiques, éd. A. Garnier et J. Plattard, VII, 461); c) 1544 un rien empl. adv. « un peu » modifie un verbe (M. Scève, op. cit., CLIX, 3); d) 1834 un rien de pain (Balzac, E. Grandet, p. 71); 2. av. 1549 son rien « son néant » (Marguerite de Navarre, Nativité [II, 63] ds Hug.); B. désigne une pers. sans importance, sans valeur ca 1537 un rien (Cl. Marot, Epitaphe XXXIX, de Mmede Chasteaubriant ds Œuvres, éd. C. A. Mayer, t. 4, p. 234); 1655 un rien qui vaille (Th. Corneille, Geôlier de soi-même, V, 10 ds Poèmes dram., Paris, t. 2, 1748, p. 80). Du lat. rem, acc. du subst. res « chose ». D'abord, et malgré la chronol. des ex., subst. fém. à signif. positive [II], rien s'allie très tôt à l'élém. nég. ne, perdant en ce cas son art., comme il est fréq. en phrase nég.; ce fait, ajouté à sa signif. très gén. de « chose », favorise son passage à l'indéterm. d'un mot gramm. et son évolution progressive de l'indéterm. à la nég. [III; I]. Peu à peu, à travers divers empl.: ell. de ne, prép., en syst. compar., rien s'oriente vers un empl. nég. par lui-même [IV], s'acheminant vers la ,,nullitude absolue`` qui rend possible la subst. par l'art. masc. [V], Martin Rien, pp. 171-289. Fréq. abs. littér.: 95 017. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 113 291, b) 128 334; xxes.: a) 145 417, b) 151 211. Bbg. Cristea (T.). La Struct. de la phrase négative en fr. contemp. Bucarest, 1971, 264 p. − Darm. Vie 1932, p. 124, 160. − Gaatone (D.). Ét. descriptive du syst. de la négation en fr. contemp. Genève, 1971, pp. 164-172. − Gorcy (G.). Rien: cadres généraux de la rubrique d'analyse synchr. à paraître dans le TLF. In: Coll. Internat. sur le Lex. Intellectuel Européen. 3. 1980. Rome, pp. 358-373. − Heriau (M.). Le Verbe impers. en fr. mod. Thèse, Lille; Paris, 1980, t. 1, pp. 637-639, 651, 680-681; t. 2, p. 929-930, 1031, 1042. − Huchon (M.). Rabelais grammairien... Genève, 1981, p. 148. _ Martin (R.). Le Mot rien et ses concurrents en français ... Paris, 1966, passim; R. Ling. rom. 1973, t. 37, pp. 504-508. − Moignet 1973, pp. 179-180. − Nøjgaard (M.). Les Auxil. négatifs ... R. rom. 1980, t. 15, n o2, p. 296. − Quem. DDL t. 13 (s.v. bon à rien). − Roggero (J.). Le Quantificateur minimal. Sigma. 1980, n o5, pp. 115-137. − Vikner (C.) Les Auxil. négatifs ... R. rom. 1978, t. 13, n o1, pp. 88-109.

Wiktionnaire

Nom commun 1 - français

rien \ʁjɛ̃\ masculin

  1. Peu de chose ; petite quantité de quelque chose.
    • Nous échangions d’assez jolis riens, quand l’un de nous, un député aimable, M. B…, nous dit :
      — Vous savez : Wood est ici.
      — (Anatole France, L’Étui de nacre, 1892, réédition Calmann-Lévy, 1923, page 95)
    • […] mille riens que je vénère par fétichisme et qu’anime pour moi le souvenir des heures riantes ou mélancoliques. — (Anatole France, L’Étui de nacre, 1892, réédition Calmann-Lévy, 1923, page 239)
    • Elle revient du cabinet de toilette, un peu traînante et lasse des mille riens qu’elle a entrepris déjà […] — (Henri Barbusse, L’Enfer, Éditions Albin Michel, Paris, 1908)
    • Petits riens qu’on aime à se remémorer, dont on savoure le parfum à mesure qu’on s’avance dans la vie ! — (Joseph Caillaux, Mes Mémoires, I, Ma jeunesse orgueilleuse, 1942)
    • S'il vous reste un rien de respectabilité, remontez à bord de n'importe quelle barcasse et fuyez cet antre de bandits comme la peste ! — (Sylvio Sereno, Latitude 9°-S, Éditions du Faucon Noir, 1956, page 17)
    • Voilà le genre d’occasion qui n’était pas donné à tout le monde et il s'en fallut d’un rien qu’ivre d’amertume je m’offusquasse de n’y trouver nul profit. — (Max Steen, Schoolblock, 3e étape : Athens (2032-2040), éditions Librinova, 2018)
  2. Néant.
    • Yves se repliait, se concentrait sur cette étrange torture dans le rien. Il vivait ces instants que tout homme a connus s’il a aimé, où, les bras toujours serrés contre la poitrine, comme si ce que nous embrassions ne nous avait pas fui, nous étreignons, à la lettre, le néant. — (François Mauriac, Le Mystère Frontenac, 1933, réédition Le Livre de Poche, pages 237-238)

Adverbe - français

rien \ʁjɛ̃\ invariable

  1. (Populaire) (Ironique) (Par antiphrase) (Suivi d'un adjectif) Beaucoup, très, vraiment.
    • C’était rien drôle ! — (Émile Zola, La Terre, 1887, p. 286)
    • – C’est rien bath !
      – Mince alors, on en a de la chance !
      — (Léon Frapié, Le sou, dans Les contes de la maternelle, 1910, éditions Self, 1945, page 180)
    • Oh ! fit la malheureuse en sortant de son corsage frippé deux méchants bouquets de violettes… elles sont comme moi, mes fleurs… Elles sont rien fatiguées… — (Francis Carco, Au coin des rues : La Marchande de fleurs, 1919 ; Éditions G. Crès et Cie, Paris, 1922, p. 47)

Pronom indéfini - français

rien \ʁjɛ̃\ masculin singulier invariable

  1. (Soutenu) (Avec une valeur positive) Quelque chose, quoi que ce soit. — Note : se dit parfois, dans cette acception, dans les phrases construites pour exprimer un sens négatif.
    • Il serait maintenant impossible à aucun de nous de se rien rappeler de lui — (Gustave Flaubert, Madame Bovary, 1857)
    • Considérez l’homme depuis la naissance jusqu’à la mort ; que voyez-vous en lui dans ses premières années ? Une créature faible, souffrante, longtemps incapable de pourvoir à ses besoins, etc. ; trouvez-moi rien dans la nature qui, dans la première période de l’existence, soit aussi dépendant, et par conséquent aussi sujet que l’homme. — (Pierre-Marie Quitard, Dictionnaire étymologique, historique et anecdotique des proverbes et des locutions proverbiales de la langue française, Paris : chez P. Bertrand, 1842, page 658)
    • Les moines et les prêtres surprirent le pauvre homme, le jetèrent en prison, et le firent conduire à Vienne en Dauphiné, où résidait l’archevêque. Rénier préféra être brûlé vif, plutôt que de rien céder. — (Jean-Henri Merle d'Aubigné, Histoire de la Réformation en Europe au temps de Calvin, tome 2, chapitre 12, Paris : chez Michel Lévy frères, 1878, ThéoTex, 2016, page 496)
    • Pour les littérateurs Allemands il ne leur a manqué rien jusqu’içi qu'un centre réel, un appui de la part d'un gouvernement suffisamment éclairé. — (Pierre Reboul, Errements littéraires et historiques, Presses Universitaires de Lille, 1979, page 311)
  2. (Avec une valeur négative, et en corrélation avec ne) Absence de quelque chose ou, par extension, de toute chose.
    • On pourrait remplir des pages entières avec l’exposé sommaire des thèses contradictoires, cocasses et charlatanesques qui forment le fond des harangues de nos grands hommes ; rien ne les embarrasse […]. — (Georges Sorel, Réflexions sur la violence, chapitre IV, La grève prolétarienne, 1908, page 159)
    • Tenez, qu’est-ce qui se passe à la Bourse ? Des gens qui n’ont rien prennent le droit d’acheter une marchandise dont ils savent parfaitement que la livraison ne s’accomplira jamais, mais qu’ils revendront avec profit. — (Victor Méric, Les Compagnons de l’Escopette, Éditions de l’Épi, Paris, 1930, pages 167-168)
    • Rien ne naît ni ne périt, mais des choses déjà existantes se combinent, puis se séparent de nouveau. — (Anaxagore de Clazomènes)
    • Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme. — (Antoine Lavoisier)
    • Rien n’est jamais acquis à l’homme […]. — (Louis Aragon)
  3. (Avec une valeur négative, mais sans l’adverbe ne) Absence de quelque chose ou, par extension, de toute chose.
    • Aucune trace d’effraction, rien de forcé, pas d’empreintes digitales ni d'ADN étranger au personnel. Rien ! À croire que les types ont opéré en scaphandre. Et cerise sur le gâteau : l'alarme et les caméras étaient désactivées ce week-end. — (Jérémie Lebrunet, Alice et le Crédit solidaire, Éditions Destination Futur, 2013, partie 2)
    • À l’automne le paresseux ne laboure pas,
      à la moisson il cherche, et… rien !
      — (Proverbes XX, 4, traduction Émile Osty)
    • Rien de gracieux comme ses mouvements d’épaules, lorsqu’elle attire le menton pour se cacher entièrement la figure, qui, par instants, se montre à la dérobée. — (Flora Tristan, Les Femmes de Lima, dans Revue de Paris, tome 32, 1836)
  4. Sans rien + verbe à l’infinitif : tournure rendant l’action du verbe totalement négative.
    • Rester sans rien dire.
  5. Peu de chose.
    • Les chevaux islandais se vendaient pour rien autrefois, et la coutume était de les acheter pour les revendre au retour ; […]. — (Jules Leclercq, La Terre de glace, Féroë, Islande, les geysers, le mont Hékla, Paris : E. Plon & Cie, 1883, page 17)
  6. (Vieilli) Personne.
    • Madame de Chartres qui estoit extrêmement glorieuse, ne trouvoit presque rien digne de sa fille [Mlle de Chartres] — (Madame de La Fayette, La Princesse de Clèves, 1678)
    • Il n’est rien de plus inepte qu’un séminariste ; rien de moins propre à être un jour ce que l’on veut qu’il soit, un pasteur éclairé : ces jeunes gens n’ont la tète remplie que de fadaises mystiques. — (Nicolas Edme Restif de La Bretonne, Monsieur Nicolas, part. 1 : Souvenirs d’enfance, an V)
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

RIEN. pron. m. ind.
Il se disait pour Quelque chose; il s'emploie encore en ce sens dans un certain nombre de locutions. Est-il rien de plus beau? Qui vous dit rien? Si rien pouvait l'affliger, c'était cette nouvelle. Sans qu'il en sache rien. Etc. Il s'emploie le plus souvent avec la négation ne et signifie Nulle chose. Rien n'est plus glorieux, plus commode, plus avantageux, plus nécessaire. Rien ne me plaît davantage. Il n'y a rien de si fâcheux. Il ne fait rien. Il ne sent rien. Je ne dis rien. Je ne demande rien. C'est un homme qui n'aime rien, qui ne se soucie de rien. Cela ne signifie rien, ne prouve rien. Il semble que cela ne tienne à rien. Tenez cette affaire secrète, n'en dites rien. Ne faites semblant de rien. Je ne lui ai rien fait, ni rien dit. Il ne fait rien qui vaille. Il passe sa vie à ne rien faire. Cela ne vaut rien. Je ne ferais cela pour rien au monde. N'avoir rien au monde. Il n'a plus rien pour vivre. Cet homme n'a rien. Tout cela n'aboutit à rien, ne mène à rien, ne conduit à rien. Cela ne vous servira de rien. Cet homme n'est bon à rien. Je ne veux vous nuire en rien. Je n'ai rien fait que ce qu'il m'a dit, Je n'ai pas fait autre chose que ce qu'il m'a dit. Il n'en est rien, Ce n'est pas exact, ce n'est pas vrai, il n'y a rien de vrai dans ce qu'on a dit. Fam., Ne savoir rien de rien, Ne savoir absolument rien. Cet homme ne fait rien, Il n'a aucun emploi, aucune occupation. Il ne fait plus rien, Il n'a plus d'emploi. Cet auteur ne fait plus rien, Il n'écrit plus. Fam., Cela ne fait rien, Cela n'importe pas. Cela ne fait rien à l'affaire. Cela ne me fait rien. On dit dans le même sens : Cela me fait moins que rien. Fam., Cela ne me dit rien, Je n'en ai nulle envie. Cela ne me dit rien qui vaille, Cela ne m'inspire nullement confiance. Fam., Cela ne ressemble à rien, Cela est mal fait, cela n'a pas le sens commun. Il ne tint à rien qu'il ne fît telle chose, Il s'en fallut de peu qu'il ne la fît. Cet homme ne m'est rien, il n'est point mon parent; et familièrement, Cet homme ne m'est de rien, cela ne m'est de rien, Je n'y prends aucun intérêt. Comme si de rien n'était, Comme si la chose dont il s'agit n'était pas arrivée. Après cette querelle, ils se sont parlé amicalement comme si de rien n'était. Prov., On ne fait rien de rien, On ne saurait réussir dans une entreprise, mener une œuvre à bien, si l'on n'a les moyens, les matériaux nécessaires. Prov., On ne fait rien pour rien, Il entre toujours quelques vues d'intérêt personnel dans les services que rendent les hommes. Prov., Qui ne risque rien n'a rien. Qui prouve trop ne prouve rien.

RIEN s'emploie souvent pour Nulle chose avec la négation sous-entendue. Que vous a coûté cela? Rien, rien du tout. Rien de nouveau. Tout ou rien. Ce que vous dites et rien c'est la même chose. Moins que rien. Si peu que rien. Dieu a créé le monde de rien. Compter pour rien. Cela s'est réduit à rien, Il n'en est presque rien resté. Les frais une fois payés, Le bénéfice de l'affaire s'est réduit à rien. Cet homme est sorti de rien, s'est élevé de rien, Il est d'une très basse extraction. On dit aussi : C'est un homme de rien. Rien que signifie, elliptiquement, En ne faisant que. Rien que d'y penser on en est effrayé. Rien qu'à le voir on prenait de lui une bonne opinion. Rien moins. Voyez MOINS.

RIEN signifie aussi, par exagération, Peu de chose. Il a eu cette maison, ce domaine pour rien. Il ne m'a donné que cent francs, ce n'est rien, c'est moins que rien. Il dépense très peu, il vit de rien. Dans ce pays-là on vit pour rien. Il se fâche de rien, pour rien.

RIEN est aussi un nom masculin s'employant au singulier avec un et, au pluriel, avec des; Il signifie alors Chose de peu d'importance, bagatelle. Un rien le fâche. Ils se sont brouillés pour un rien. C'est un rien. S'amuser à des riens, s'arrêter à des riens. Il nous fait prendre bien de la peine pour des riens. Un grand diseur de riens. Fam., Un rien qui vaille, un rien du tout, Un homme méprisable.

EN MOINS DE RIEN, EN UN RIEN DE TEMPS, loc. adv. Très promptement, en très peu de temps. Il a fait cela en moins de rien.

Littré (1872-1877)

RIEN (riin) s. m. indéterminé

Résumé

  • 1° Quelque chose.
  • 2° Avec la négation ne, nulle chose.
  • 3° N'être rien. N'être de rien.
  • 4° De rien, avec ne, nullement.
  • 5° Ne rien faire. N'avoir rien. Ne rien dire.
  • 6° Cela ne fait rien.
  • 7° Ne faire semblant de rien.
  • 8° Ne compter pour rien.
  • 9° Il n'en est rien.
  • 10° Ne savoir rien de rien.
  • 11° Rien se dit quelquefois des personnes.
  • 12° Ne… rien que, uniquement, seulement.
  • 13° Ne… rien moins que. Ne… rien de moins.
  • 14° Rien suivi d'un adjectif, dont il est séparé par de.
  • 15° Rien sans la négative se disant pour nulle chose.
  • 16° De rien, après un substantif, marque la petitesse, le peu de valeur.
  • 17° Rien que cela.
  • 18° Il signifie quelquefois par exagération, peu de chose. Si peu que rien.
  • 19° Rien peut être représenté par le pronom il.
  • 20° S. m. déterminé. Néant, nullité.
  • 21° Peu de chose.
  • 22° Au plur. Bagatelles, choses de peu d'importance.
  • 23° Rien pris adverbialement.
  • 24° En rien, nullement.
  • 25° En moins de rien.
  • 26° Comme si de rien n'était.
  • 1Quelque chose (sens étymologique, sens propre, qui a été longtemps le sens essentiel et qui est encore conservé). En tous les bienfaits d'importance, la preuve ne peut avoir de lieu ; car il n'y a bien souvent que deux qui en sachent rien, Malherbe, le Traité des bienf. de Sénèque, III, 10. Et si rien à présent peut troubler son bonheur, C'est de te voir pour lui répandre tant de larmes, Racan, Stances, Conseils à M. de Bellegarde. Je vous envoie des vers que je fis il y a trois ans… faites-moi l'honneur, s'il vous plaît, de me mander si c'est rien qui vaille, Voiture, Lett. 196. Cependant plus j'y songe, et plus je m'examine, Moins je trouve, seigneur, à me reprocher rien, Corneille, Agésil. III, 1. Son nom fait tout pour lui sans qu'il en sache rien, Corneille, Sertor. I, 1. Je croirais vous trahir… Si je vous cachais rien des justes sentiments…, Corneille, Agés. V, 4. Tu n'as pas sujet de rien appréhender, Molière, l'Ét. V, 7. …Contre la coutume de France, qui ne veut pas qu'un gentilhomme sache rien faire, Molière, Sicil. 10. Pourquoi consentiez-vous à rien prendre de lui ? Molière, Tart. V, 7. Allez demander aux médecins s'il y a rien de plus préjudiciable à l'homme que de manger avec excès, Molière, l'Av. III, 5. Il faut que Mme la maréchale ait renoncé à louer jamais rien, puisqu'elle ne loue pas cette pièce, Sévigné, 519. À Dieu ne plaise que je diminue rien par mon discours d'un mérite aussi rare que celui-là ! Bourdaloue, Orais fun. de Condé, 1.

    C'est en vertu de cette signification que l'on construit quelquefois ne… pas, avec rien. On ne veut pas rien faire ici qui vous déplaise, Racine, Plaid. II, 6.

    Autrement on ne construit pas ne… pas, avec rien ; construction qui est blâmée dans ces vers de Molière. Martine : Et tous vos biaux dictons ne servent pas de rien. - Bélise : De pas mis avec rien tu fais la récidive, Et c'est, comme on t'a dit, trop d'une négative, Molière, Fem. sav. II, 6.

  • 2Avec la particule négative ne, rien signifie nulle chose. Ne crois rien précieux, ne crois rien admirable, Rien noble, rien enfin dans la solidité, Que ce qui doit aller jusqu'à l'éternité, Corneille, Imit. III, 4. Voulez-vous que moi, chien, qui n'ai rien à la chose, Sans aucun intérêt je perde le repos ? La Fontaine, Fabl. XI, 3. Il y a cinq ou six petits mots qui ne valent rien du tout, et qui sont d'un homme qui ne sait pas le monde, Sévigné, 89. Un homme [Cromwell] …qui ne laissait rien à la fortune de ce qu'il pouvait lui ôter par conseil et par prévoyance, Bossuet, Reine d'Anglet. Non, mes frères, les Philistins défaits et les ours même déchirés de ses mains [de David] ne sont rien en comparaison de sa grandeur qu'il a domptée, Bossuet, Mar.-Thér. Tout à coup on voit arriver le moment fatal où la terre n'a plus rien pour elle [la reine] que des pleurs, Bossuet, ib. Je dois vous représenter aujourd'hui un magistrat qui n'a rien ignoré, ni rien négligé dans son ministère, Fléchier, Lamoignon. Remords, crainte, périls, rien ne m'a retenue, Racine, Brit. IV, 2. Il ne faut rien pour gâter les plaisirs : ce sont des lits de roses, où il est bien difficile que toutes les feuilles se tiennent étendues, et qu'aucune ne se plie, Fontenelle, Dial. 2, Morts anc. La mesure de bonheur qui nous a été donnée est assez petite, il n'en faut rien perdre, Fontenelle, Mond. 4e soir. Rien n'est si beau à voir que l'Égypte dans deux saisons de l'année, Rollin, Hist. anc. Œuv. t. I, p. 44, dans POUGENS. N'ayant rien fait pour nous, il n'a rien mérité, Voltaire, Mér. I, 3. L'axiome : Rien ne vient de rien, a été le fondement de toute philosophie, Voltaire, Dict. phil. Génération. Dumarsais, disait un riche avare, est un fort honnête homme ; il y a quarante ans qu'il est mon ami, il est pauvre, et il ne m'a jamais rien demandé, D'Alembert, Éloges, Dumarsais.

    Que rien plus, ellipse pour : que rien ne l'est plus. Ils soutiennent qu'un tel repentir [sincère, à l'article de la mort] est si rare que rien plus, Anal. de Bayle, t. III, p. 282.

    Cela ne ressemble à rien, se dit d'une chose inconvenante, mal faite. Vous avez bien raison de dire que dans ce siècle il y a des choses qui ne ressemblent à rien, et beaucoup de riens qu'on voudrait faire ressembler à des choses, Voltaire, Lett. de l'Élect. palatin à Volt. 23 oct. 1758.

    Fig. On ne fait rien de rien, on ne saurait réussir en quoi que ce soit, si on n'a quelques moyens, quelques ressources pour y parvenir.

    Cette affaire ne tient à rien, presque rien n'empêche qu'elle ne se fasse.

    Il ne tint à rien qu'il ne fît telle chose, il ne s'en fallut presque rien qu'il ne la fît.

    C'est un homme qui ne met rien contre lui, c'est un homme très circonspect dans ses actes ou dans ses discours.

  • 3N'être rien, n'occuper aucun emploi, aucune position. Il comptait pour beaucoup cet avantage si peu recherché de n'être rien, Fontenelle, Reyneau. Vous épousez une personne qui n'est rien, et qui n'a rien, Marivaux, Marianne, part. 8. Je vois s'accomplir cette prédiction que me fit autrefois mon père : tu ne seras jamais rien, Courier, Lett. à l'Acad. des inscriptions.

    N'être rien, n'être d'aucun prix, d'aucune valeur, d'aucun intérêt, n'être compté pour rien. Un simple soldat qu'on emportait fort blessé, comme on le plaignait en le voyant tout couvert de sang : ce n'est rien, dit-il, le régiment a fait son devoir, Pellisson, Lett. hist. t. I, p. 330. Je ne suis pas de ceux qui disent : ce n'est rien, C'est une femme qui se noie, La Fontaine, Fabl. III, 10. Le concile d'Éphèse ne leur est plus rien [aux calvinistes], Bossuet, 1er avert. 19. Les maux d'autrui ne sont rien à nos yeux, Massillon, Avent, Afflict. Mes bons amis, et bien boire et bien rire N'est rien encor sans les amours, Béranger, Mes chev.

    Cet homme ne m'est rien, n'est pas mon parent. Il [un pauvre diable] descend de Pierre Corneille, en droite ligne, et Mlle Corneille, à la rigueur, n'est rien à Pierre Corneille, Voltaire, Lett. d'Argental, 9 mars 1763.

    N'être de rien à quelqu'un, ne l'intéresser en aucune façon. Le beau temps ne vous est de rien, vous y êtes trop accoutumée, Sévigné, 10 nov. 1675. [à vous calvinistes, qui pactisez avec les luthériens] on voit bien que la sainte table ne vous est de rien, Bossuet, 2e avert. 23. Sans compter que nous ne vous sommes de rien, ni vous de rien à nous, Marivaux, Marianne, part. 3. Cette affaire [de Sirven] agite toute mon âme : les tragédies, les comédies ne me sont plus de rien, Voltaire, Lett. d'Argental, 10 févr. 1766.

    N'être de rien, n'appartenir à rien. Les morts ne sont plus de rien, ils n'ont plus de part à la société humaine, Bossuet, Panég. St Franç. de Paule, 1.

  • 4De rien avec ne, nullement. Elle ne peut de rien profiter ni aussi de rien nuire, Descartes, Diopt. 9. Il ne sera pas dit que je ne serve de rien dans cette affaire-là, Molière, Sicil. 10. Mon indulgence ne servirait de rien, il faut qu'elle [la demande en grâce] soit signée de trois autres de mes confrères, Voltaire, Zadig, 13.

    De rien, se dit absolument et populairement, pour : ce n'en vaut pas la peine. Je vous remercie du coup de main que vous m'avez donné.- De rien.

  • 5Ne rien faire, demeurer dans l'oisiveté, le repos. Quant à son temps, bien le sut dispenser : Deux parts en fit, dont il soulait passer L'une à dormir et l'autre à ne rien faire, La Fontaine, Épitaphe.

    Avec ellipse de ne. Passer… La nuit à bien dormir et le jour à rien faire, Boileau, Sat. II. L'homme… Et formé pour agir se plaisait à rien faire, Voltaire, Disc. 6.

    Ne rien faire, n'avoir aucun emploi.

    Il ne fait plus rien, il n'a plus d'emploi.

    N'avoir rien, être sans fortune. Vous n'avez rien ; vous trouvez un établissement le plus avantageux et le plus brillant, Genlis, Théât d'éduc. Bonne mère, II, 5.

    Ne rien dire, garder le silence, se taire.

    Ne rien dire signifie aussi dire des choses qui ne sont que du bavardage. Celle qui toujours parle et ne dit jamais rien, Boileau, Sat. X.

    Ne parler de rien, garder le silence sur un objet qu'on a sur le cœur, ou qui préoccupe, ou qui importe. Mme de S*** ne me parla de rien ; mais elle me reçut avec une froideur qui me fit assez connaître son juste ressentiment, Genlis, Mères riv. t. II, p. 111, dans POUGENS.

    Fig. Ne rien dire, avec un nom de chose pour sujet, ne pas agréer, ne pas intéresser. Cela ne me dit rien.

  • 6 Familièrement. Cela ne fait rien, est de peu d'importance. Cela ne me fait rien. Deux ou trois pages qui ne font rien à la question, Bossuet, 3e Avert. 31.

    On dit dans le même sens : cela me fait moins que rien.

  • 7Ne faire semblant de rien, se comporter comme si on ignorait, comme si on ne s'intéressait pas à. Ne faites pas semblant de rien, et me laissez faire tous deux, Molière, G. Dand. II, 10.

    Avec ellipse de ne. Pour moi je vais faire semblant de rien, Molière, G. Dand. I, 2.

  • 8Ne compter pour rien, n'avoir aucun égard à, ne faire aucun cas de. Vous ne comptez pour rien les pleurs de Bérénice, Racine, Bér. IV, 5. Tout le reste de la terre n'est compté pour rien, Massillon, Carême, Enfant prod. Avec ellipse de ne. À ces mauvaises dispositions introduites dans les esprits par la réforme, ajoutons l'autorité de l'Église méprisée, la succession des pasteurs comptée pour rien, Bossuet, Var. X. Il compte même pour rien la réputation, Fénelon, Tél. X. Et comptez-vous pour rien Dieu qui combat pour nous ? Racine, Athal. I, 1.

    On dit aussi : ne compter à rien, ne compter rien. Je ne vous compte à rien le nom de mon époux, Corneille, Poly. IV, 3. Moi qui ne compte rien ni le vin ni la chère, Si l'on n'est plus au large assis en un festin Qu'aux sermons de Cassagne ou de l'abbé Cotin, Boileau, Sat. III.

  • 9Il n'en est rien, la chose dont il s'agit n'existe pas. S'il y avait un homme alors auprès duquel la philosophie d'Eusèbe devait réussir, c'était l'empereur Julien ; cependant il n'en fut rien, Diderot, Opin. des anc. phil. (Éclectisme).

    Il n'y a rien que… il y a peu de temps que… Il n'y a rien qu'il était ici.

  • 10 Familièrement. Ne savoir rien de rien, ne savoir absolument rien. Ver-vert, c'était le nom du personnage, Transplanté là de l'indien rivage, Fut, jeune encor, ne sachant rien de rien, Au susdit cloître enfermé pour son bien, Gresset, Ver-vert, ch. I. J'eus la bêtise de dire à M. Montaigu, qui ne savait rien de rien, ce que j'avais fait, Rousseau, Conf. VII.

    Ne dire rien de rien, ne dire rien du fait principal ni des circonstances qui s'y rapportent.

  • 11Rien se dit quelquefois des personnes. Oui, je deviens tout autre avec son entretien [de Tartufe], Il m'enseigne à n'avoir affection pour rien, Et je verrais mourir frère, enfant, mère et femme…, Molière, Tart. I, 6. C'est n'estimer rien qu'estimer tout le monde, Molière, Mis. I, 1.
  • 12Ne… rien que, uniquement, seulement. Il [le dauphin] s'aperçoit qu'il n'a tiré Du fond des eaux rien qu'une bête, La Fontaine, Fabl. IV, 7. L'artisan exprima si bien Le caractère de l'idole, Qu'on trouva qu'il ne manquait rien à Jupiter que la parole, La Fontaine, ib. IX, 6. Et plusieurs qui tantôt ont appris mon martyre, Bien loin d'y prendre part, n'en ont rien fait que rire, Molière, Sgan. 16. Monsieur, vous n'avez rien qu'à dire, Je mentirai si vous voulez, Molière, Amph. II, 1. Ce qu'il avait vu arriver à tant de sages vieillards, qui semblaient n'être plus rien que leur ombre propre, le rendait continuellement attentif à lui-même, Bossuet, le Tellier. Sans rien prétendre Que quelque heure à me voir…, Racine, Bér. II, 2.

    Elliptiquement, rien que, en ne faisant que, en ne comptant que. Rien que d'y penser, je gage Qu'il meurt presque en ce moment, Béranger, Billet d'enterr. Il [notre siècle] les domine tous [les siècles], rien que par ses tombeaux, Hugo, Odes, III, 5. On l'eût pris pour un capitaine, Rien qu'à voir sa mine hautaine, Hugo, la Fiancée du timbalier.

  • 13Ne… rien moins que, locution qui signifie nullement. Ma comédie n'est rien moins que ce qu'on veut qu'elle soit, Molière, 1er plac. au roi. Un pédant qu'à tout coup votre femme apostrophe Du nom de bel esprit et de grand philosophe, D'homme qu'en vers galants jamais on n'égala, Et qui n'est, comme on sait, rien moins que tout cela ! Molière, F. sav. II, 9. Aujourd'hui des troupes de femmes, faisant profession de piété et conduites par un directeur qui certainement n'est rien moins que saint Augustin…, Bourdaloue, Pensées, t. II, p. 352. Je sais que vous n'avez trouvé rien moins que ce que vous espériez dans la situation où vous êtes, Staal, Mém. t. I, p. 229. Il arrive souvent [en changeant quelque chose au livre d'un autre] qu'on s'écarte du sujet, et qu'on ne fait rien moins que le perfectionner, Mém. de Trévoux, 1725, t. I, p. 110. Croyez-moi, Rousseau n'est rien moins qu'un méchant homme, Marmontel, Mém. VIII.

    Absolument. Un jour que je ne pensais à rien moins, on vint me chercher de la part du comte de la Roque, Rousseau, Conf. III.

    Elliptiquement. Vous a-t-il fait dire des choses impertinentes [Virgile, dans l'Énéide] ? - Rien moins… j'y dis de très belles choses, Fontenelle, Didon, Stratonice.

    Ne… rien moins, se dit quelquefois pour rien moindre, et prend alors un sens affirmatif signifiant que l'objet dont il s'agit n'est pas moindre que. Ces riches vêtements dont le baptême les a revêtus ; vêtements qui ne sont rien moins que Jésus-Christ même, selon ce que dit l'apôtre, Bossuet, Mar.-Thér. Quand Dieu… choisit une personne d'un si grand éclat pour être l'objet de son éternelle miséricorde, il ne se propose rien moins que d'instruire tout l'univers, Bossuet, Anne de Gonz.

    Ne… rien de moins, locution qui signifie rien de moindre. Le parti [les protestants] n'eut pas plus tôt senti ses forces, qu'on n'y médita rien de moins que de partager l'autorité, Bossuet, 5e avert. 5. Une indifférence, qui, selon M. Jurieu, ne tend à rien de moins qu'à renverser le christianisme, Bossuet, 6e avert. III, 9. Il ne faut rien de moins dans les cours qu'une vraie et naïve impudence pour réussir, La Bruyère, VIII.

  • 14Quand rien est suivi d'un adjectif, on les sépare par la préposition de. Rien de fâcheux n'est arrivé. Il ne se fait rien d'utile. Il n'est rien de tel que de se bien porter.

    On supprime quelquefois de dans le style archaïque et dans le style poétique. Et n'ayant rien si cher que ton obéissance…, Malherbe, II, 1. Seigneur, réglez si bien ce violent courroux, Qu'il n'en échappe rien trop indigne de vous, Corneille, Théod. IV, 5. Il n'est rien tel en ce monde que de se contenter, Molière, D. Juan, I, 2. Il n'est rien tel que les jésuites, Pascal, Prov. IV. Il n'est rien tel que d'être à son aise, Hamilton, Gramm. 9.

  • 15 Par abus, rien, sans la négative ne, se dit pour nulle chose. Tout ou rien. Rien du tout. Dieu a créé le monde de rien. Le roi et ceux qui l'accompagnaient admirèrent le courage de ce jeune homme, qui considérait comme rien les plus grands tourments, Sacy, Bible, Machab. II, VII, 12. Qu'appelles-tu sur rien, dis ? - J'appelle sur rien Ce qui sur rien s'appelle en vers ainsi qu'en prose ; Et rien, comme tu le sais bien, Veut dire rien ou peu de chose, Molière, Amph. II, 3. Et sa morale faite à mépriser le bien Sur l'aigreur de sa bile opère comme rien, Molière, F. sav. II, 9. Laissez faire ; ils ne sont pas au bout ; J'y vendrai ma chemise, et je veux rien ou tout, Racine, Plaid. I, 7. Quoi, dira-t-on, aimer sans plaire ? Oui, n'est-ce donc rien que d'aimer ? Lamotte, Odes, t. I, p. 220, dans POUGENS. Encore une fois, le testament qu'elle a fait pour moi et rien, c'est la même chose, Marivaux, Marianne, part 10. Il n'y a personne d'assez hardi pour dire que les choses retourneront à rien ; comment peut-on être assez hardi pour dire qu'elles viennent de rien ? Voltaire, Dict. phil Newt. I, 1.

    Par exagération. Si peu que rien, pas plus gros que rien, moins que rien, extrêmement peu, très petit. Donnez-m'en si peu que rien. Il me semble que je vais vous rendre mille petits services, pas plus gros que rien, Sévigné, 15 oct. 1677. Ariste veut me voir pour moins que rien peut-être, Picard, Médiocre et rampant, III, 8.

    Dans une réponse, rien se dit pour nulle chose. Que vous a-t-il donné ? rien.

    Pour rien, gratuitement, sans payer. Je veux une compagnie de cavalerie pour rien, Voltaire, l'Ingénu, 9.

    Fig. Pour rien, sans s'en ressentir. Pigeon n'aime que trop bien, N'étant pas, comme on peut croire, L'oiseau de Vénus pour rien, Piron, Fables. Ce roi [Frédéric II] a aussi les siens [préjugés] qu'il faut lui pardonner ; on n'est pas roi pour rien, Voltaire, Lett. d'Alemb. 11 juin 1770.

    Réduire à rien, anéantir. Seigneur, tu te moqueras d'elles [des nations], et tu les réduiras à rien, Voltaire, Philos. Déf. mil. Bolingbr. 44.

    Cela s'est réduit à rien, il n'en est presque rien resté ; se dit aussi d'une affaire dont on se promettait un grand succès et qui n'en a eu aucun.

    On dit dans un sens analogue : venir, devenir, aller à rien. Ce grand voyage de M. le Prince et de M. de Turenne, pour aller dégager M. de Luxembourg, est devenu à rien, Sévigné, 182. Ma terre de Bourbilly est quasi devenue à rien par le rabais et par le peu de débit des blés et autres grains, Sévigné, 31 mai 1687. Cette ressemblance devient à rien, Sévigné, 585. [L'abbé d'Auvergne] C'était un fort gros homme, qui vint à rien avant qu'être arrêté dans sa chambre, Saint-Simon, 188, 4.

  • 16De rien, après un substantif, marque la petitesse, le peu de valeur, le peu d'importance, etc. Elle a dans la tête une philosophie Qui déclare la guerre au conjugal lien, Et vous traite l'amour de déité de rien, Molière, Princ. d'Él. I, 2. Un précipice caché derrière une petite haie de rien, Sévigné, 18 oct. 1688. Louvois tire de son côté une petite épée de rien qu'il portait, en présente la garde au roi, Saint-Simon, 407, 91.

    Cet homme est venu de rien, s'est élevé de rien, il est venu d'une basse condition. Il s'était élevé de rien à une fortune considérable, Hamilton, Gramm. 6.

    Dans le même sens : un homme de rien. Vous n'êtes pas homme de rien, Ou ma foi je me trompe bien, Scarron, Virg. I. Puis se marie, épouse une fille de rien, Dont le moindre défaut fut de naître sans bien, Collin D'Harleville, Vieux célib. IV, 11. Chardon de la Rochette… paysan comme moi malgré ce nom pompeux, n'ayant que du savoir, de la probité, des mœurs, enfin un homme de rien, Courier, Lettre à l'Académie.

  • 17 Familièrement. Rien que cela, se dit, par antiphrase, pour exprimer quelque chose qui excite l'attention, la surprise. Le roi a dit d'un certain homme, dont vous aimiez assez l'absence cet hiver, qu'il n'avait ni cœur, ni esprit, rien que cela, Sévigné, 206.
  • 18Rien signifie quelquefois, par exagération, peu de chose. Il a eu cette maison pour rien. Il mange très peu, il vit de rien. Il se fâche de rien. Et qu'avez-vous donné pour tout cela ? fort bien ; Un peu de votre amour ? mais vraiment c'est pour rien, Hugo, Hernani, III, 4.
  • 19Rien, quoique nom indéterminé, peut être représenté par le pronom il. Je suis persuadé, selon la doctrine du Seigneur Jésus, que rien n'est impur de soi-même, et qu'il n'est impur qu'à celui qui le croit impur, Sacy, Bible, St Paul, Ép. aux Rom. XIV, 14. Quel malheur plus grand que de ne plus rien voir tel qu'il est ? Buffon, Nature des anim.
  • 20S. m. déterminé. Néant, nullité. Un rien s'assemble mal avec un autre rien, Corneille, l'Illus. com. III, 6 (1re édit.) . Quand il lui plut [à Dieu] vous donner l'être, Le rien fut sa matière, et l'ouvrier sa voix, Corneille, Trad. du ps. CLVIII. Tout ce qui n'est pas corps leur paraît un rien, Bossuet, Connaiss. V, 6. Que peut rechercher un rien comme moi, que des biens proportionnés au peu qu'il est ? Bossuet, 4e sermon, Pâques, I. Le Mercure Galant est immédiatement au-dessous du rien, La Bruyère, I. Sans sortir de mon indolence, Je reconnais tous les travers De ce rien qu'on nomme science, Bernis, Épît. VII, à mes dieux pén. Herschell se demande si la matière qui constitue les queues des comètes ne se réduirait pas à quelques livres ou même à quelques onces ; M. Babinet a exprimé une idée analogue en disant que les comètes sont des riens visibles, Guillemin, dans Presse scientifique, t. I, p. 138.

    Terme de mystiques. Se plonger dans son rien, ne produire aucun désir, Bossuet, Instr. sur les ét. d'orais. III, 2.

  • 21Peu de chose. Un songe, un rien, tout lui [à l'ami] fait peur, Quand il s'agit de ce qu'il aime, La Fontaine, Fabl. VIII, 11. Voilà d'étranges présents, un ruban, une ceinture, un petit pigeon, une ombre, un souffle, un rien ; c'est le denier de la veuve, Sévigné, 511. Je ne suis rien ; mais ce rien après tout, c'est ce que j'ai de plus cher, puisque c'est moi-même, Bourdaloue, Pensées, t. II, p. 419. Il engagea ce rien [le peu qu'il possédait] pour chercher la fortune, Boileau, Sat. I. Une terreur panique, un rien vous arrache la victoire, Fénelon, Tél. XI. C'est un rien [une correction dans l'Écossaise] ; mais rien, c'est beaucoup, Voltaire, Lett. d'Argental, 9 juill. 1760. Un rien peut la retenir comme un rien l'entraîner, Staël, Corinne, XVII, 9. Ah ! pour un rien, Nous laisserions finir le monde, Si nos femmes le voulaient bien, Béranger, âge futur.

    En un rien, en un instant. Et changeant en un rien sa colère en furie, Régnier, Sat. X.

  • 22 S. m. pl. Bagatelles, choses de peu d'importance. Je ne veux point vous écrire davantage aujourd'hui… je n'ai que des riens à vous mander, Sévigné, 89. Voilà ce qui s'appelle causer et dire des riens, Sévigné, 504. J'admire quelquefois les riens que ma plume veut dire ; je ne la contrarie point, Sévigné, 4 mars 1672. À quoi bon mettre au jour tous ces discours frivoles, Et ces riens enfermés dans de grandes paroles ? Boileau, Sat. IX. Écrivez-moi les moindres détails, des riens : mon amitié pour vous en fera des choses, Maintenon, Lett. à d'Aubigné, 11 mai 1677. Comme des enfants… dont les haines et les animosités puériles ne roulent que sur des riens, Massillon, Carême, Pardon. Tous ces aimables riens qu'on nomme amusement, Boissy, Deh. tromp. II, 10. Je retourne à mes riens que tu nommes frivoles, Chénier, Élégie VIII.

    Au singulier. La bagatelle, la science, Les chimères, le rien, tout est bon ; je soutiens Qu'il faut de tout aux entretiens, La Fontaine, Fabl. X, 1.

  • 23Rien pris adverbialement, en rien, nullement ; emploi qui n'est plus usité. Mais tout ce que je fais ne me profite rien, Racan, les Berg. II, 1. Allons, vous dis-je, il n'y a rien à balancer, Molière, G. D. I, 8.
  • 24En rien, loc. adv. En quelque chose. Je le dis à regret ; excusez-moi, mesdames, De vous fâcher en rien…, Boissy, Babillard, SC. 4.

    Avec ne, nullement. Ce qui glace mes sens ne vous émeut en rien, Lemercier, Fréd. et Br. V, 1.

  • 25En moins de rien, loc. adv. Très promptement. Ma joie en moins d'un rien comme un éclair s'enfuit, Régnier, Sat. X. Comme elle était jeune, belle et adroite, en moins de rien elle gouverna absolument le roi, et, bientôt après, tout le royaume, Voiture, Œuv. t. II, p. 277. En vit-on jamais un [sort] dont les rudes traverses Prissent en moins de rien tant de faces diverses ? Corneille, Hor. IV, 4. En moins de rien les deux dames furent grandes camarades, Scarron, Rom. com. I, 4. Mille caquets divers s'y font en moins de rien, Molière, Tart. I, 1.
  • 26Comme si de rien n'était, comme si la chose n'était pas arrivée. Tout d'un coup on lui vient dire qu'il verra clair, et que ses pauvres yeux que la fluxion avait mis hors de la tête y étaient rentrés heureusement, comme si de rien n'était, Sévigné, 6. J'attends du chaud la liberté de mes mains ; elles me servent quasi comme si de rien n'était, Sévigné, 286. Cependant [pendant les exécutions de Lalli, Sirven, Calas, etc.] les Français dansent comme si de rien n'était, Voltaire, Lett. d'Argental, 30 août 1769.

PROVERBES

On ne fait rien pour rien, l'intérêt personnel se mêle presque toujours dans les services rendus. Rien pour rien en tous lieux est une loi suivie, Les mains vides sont sans appas, Quinault, Alceste, IV, 1.

Qui ne risque rien n'a rien.

Qui prouve trop ne prouve rien.

Il fait de cent sols quatre livres, et de quatre livres rien, se dit d'un mauvais ménager.

Ce que vous dites et rien, c'est tout un, c'est la même chose, ce sont des paroles inutiles, qui ne prouvent rien.

REMARQUE

1. Le sens étymologique et propre de rien est chose.

2. Avec la négation ne, rien niant toute chose, équivaut au latin nihil.

3. De cet emploi presque continu vient le sens de chose très petite : des riens, un rien.

4. De là l'inutilité d'un autre mot comme pas, point, pour déterminer la négation ; voy. plus haut, n° 1, le vers de Molière.

5. De là aussi, dans le style négligé et dans des phrases très communes, l'emploi de rien avec le sens négatif, sans ne ; emploi qui est presque toujours mauvais dans le style élevé, par exemple : Le général La Romana avait beaucoup promis, et presque rien fait, Thiers, Hist. de l'Emp. XX.

6. Le Dictionnaire de l'Académie conseille d'éviter la locution rien moins, attendu qu'elle prête à l'amphibologie, signifiant tantôt en aucune façon, et tantôt au contraire rien de moindre. Il est vrai que l'Académie elle-même et plusieurs auteurs, parmi lesquels Bossuet, donnent quelquefois à rien moins le sens de rien de moins, de rien moindre. Il n'est rien moins que sage, veut dire proprement : il n'est aucune chose moins que sage, en d'autres termes : de toutes les choses qu'il est, celle qu'il est le moins c'est sage. Cette locution est essentiellement négative, et ne peut pas être autre chose. Rien moins ne peut pas dire chose moindre, pas plus que rien plus ne veut dire dit chose plus grande. Il paraît donc qu'il faut dans tous les cas conserver à rien moins sa signification négative ; et, quand on voudra le sens positif, on emploiera rien moindre ou rien de moins.

HISTORIQUE

XIIe s. Quant jà por riens qui soit née N'oublierai ceste honor D'amer toute la meillor, Couci, I. Las ! Pourquoi l'ai de mes euz [yeux] regardée, La douce rien qui fausse amie a nom ? ib. VI. Et s'il est riens qui m'en puisse partir, ib. VIII. Car riens, fors moi, ne porroit endurer Les grans travaus que j'ai por li [la] servir, ib. X. Voir, il n'est riens dont je soie en tristour, ib. XVII. Par ço les voil partut à raisun maintenir ; Ne jà pur nule rien ne m'en verrez flechir, Th. le mart. 27. N'a baron en la court qui de rien l'en desdie, Sax. XXXII.

XIIIe s. Chanter m'esteut, que m'en est pris courage, Non pas pour ce que d'amours me soit rien, Quesnes, Romancero, p. 85. Se j'onques fis rien que vous voulsissiez…, ib. LE ROI JEAN DE BRIENNE, p. 141. Quant la saison du douz temps s'asseüre… Que toute riens à sa douce nature Vient et retrait…, Anonyme, dans Couci, p. 125. De riens que commandez, ne serez jà desdite, Berte, LIV. Et pour rien qui aviegne, ne soit son lit guerpis, ib. LXXV. Fisicien [les médecins] me dient que la clarté m'empire… nule riens ne m'est pire, ib. LXXXVIII. Pour savoir se de Berte seroit riens retrouvée, ib. CIV. …Et vous plus l'honorez Qu'ainçois ne faisiez, se vous de rien m'aimez, ib. CXXI. Joieusement [ils] chevauchent, n'est riens qui les tourmente, ib. CXXXIV. Et por agencier le plus bel, Me sui porpensé d'une rien, Se vos loez que ce soit bien, Ren. 2526. En mai estoie, ce songoie, El tens amoureus plain de joie, El tens où tote riens s'esgaie, la Rose, 49. Se tu creins Dieu, si te creindront toutes les riens [choses] qui te verront, Joinville, 192. Et pource que elle n'en voult riens faire, Joinville, 202. Qui auques [quelque chose] a, si est amez ; Et qui n'a riens, s'est fols clamez ; Fols est clamez cil qui n'a rien, Rutebeuf, 226.

XIVe s. C'est la conclusion de cest chapitre que la partie ou puissance irraisonnable nuttritive ne appartient de rien as vertus, Oresme, Eth. 30.

XVe s. Il fut ordonné que on iroit mettre le siege devant le chastel de Gavre… mais il n'en fut rien ; je vous dirai pourquoi, Froissart, II, II, 232. Il y a un trop grand rien à repasser [pour s'en retourner], Froissart, II, II, 228. Là furent donnés et delivrés plus de cinq cents [blancs chaperons] et tous à compagnons qui trop plus aimoient cher la guerre que la paix ; car ils n'avoient rien que perdre, Froissart, II, II, 52. Et lui mandoit [le comte d'Ermignac] que il ne pouvoit venir, et que il ne lui en convenoit pas encore armer pour le pays de Berne, car il n'y avoit rien [rien n'était arrivé], Froissart, II, III, 12. Ernauton de Sainte-Colombe avoit un varlet qui regardoit la bataille ni point ne se combattoit, ni aussi on ne lui demandoit rien, Froissart, II, III, 9. Et [Louis Rambaut] ne cuidoit avoir nulle rencontre, et ne se doutoit en rien de Limousin ; c'estoit la mendre pensée que il eust, Froissart, II, III, 17. Messire Louis d'Espaigne et sa route gardoient si soigneusement le pas de la mer, que à trop grand'mesaise venoit rien en l'ost des Anglois, Froissart, I, I, 211. En memoire me vient que j'ay souvent à plusieurs ouy dire : je n'iroye pour riens soubz de pannon de tel, Al. Chart, Quadril. inv. Certes vous amez autre part, Et voy que vous ne m'amez rien, Deschamps, Poésies mss. f° 493. De riens ne servent pleurs, ne plains ; Tous mourrons, ou tart ou briefment, Orléans, Ball. 70. Si ne firent les dits Anglois semblant de riens, mais hastivement tournerent bride, Chastelain, Chr. du duc Philippe, I, 24. Et me venez requerir que j'escrive pour vous ! par la Pasque-Dieu saincte ! je n'en feray riens, Chastelain, ib. I, 60. En la saison que toute riens maine joye, et que bois et prés se revestent de fleurs et la terre verdoye, Bouciq. I, 13.

XVIe s. Tel est vestu d'habit monachal, qui on dedans n'est rien moins que moyne, Rabelais, Garg. I, Prol. Voyre, mais ilz prient Dieu pour nous. Rien moins, respondit Gargantua, Rabelais, ib. I, 40. Tout n'y servit de rien, Rabelais, Pant. II, 7. Ja long temps ha que nous sommes icy sans rien faire que despendre, Rabelais, ib. II, 10. Mon amy, voulez vous rien replicquer ? Rabelais, ib. II, 12. Ung guand, une aiguillette : peu de chose, rien d'importance, Rabelais, ib. III, 12. Dormez vous rien ? Rabelais, ib. V, 7. L'on a belle envie de sçavoir si vous avez riens faict, Marguerite de Navarre, Lett. 10. Je partiray lundy pour vous mercier de tant de paine que vous prenés pour riens, Marguerite de Navarre, ib. 54. Je n'en ouse faire bruit, de peur que ce ne soit riens, Marguerite de Navarre, ib. 57. Celuy qui peult, s'il luy plest, faire estre de riens quelque chose, et de glace feu ardent, Marguerite de Navarre, ib. 8. Puisqu'il vous plest vous en fier à nous, nous n'aurons regard à riens particulier, mais seulement à vostre service, Marguerite de Navarre, ib. 130. Il n'est rien plus sot que celui qui pense estre fin, ne rien plus sage que celui qui connaît son rien [néant], Marguerite de Navarre, Nouv. XXVIII. Mais je trouve que c'est outrance Que l'un a trop, et l'autre rien, Marot, II, 133. Ô viateur, pour t'abreger le compte, Ci gist un rien, là où tout triumpha, Marot, III, 262. Ce grand Dieu redoute, Qui fit tout de rien, Marot, IV, 272. Touchant rien, presque tous s'abusent à l'usage d'icelui mot, estimans ne signifier nulle chose que ce soit ; mais c'est tout le contraire ; car avec ce mot nous mettons toujours une négation ; ou nous l'entendons, comme si je demande, que fais-tu ? tu responds : rien ; mais la negation s'entend : je ne fay rien, R. Estienne, Gramm. franç. p. 127, dans LACURNE. Comme je ne voudrois user des deux autres [mots], aussi ne voudrois je dire sur toute rien ou sur tout rien, comme au premier livre d'Amadis : toutesfois il est bien deceu, car elle le hait sur tout rien ; je ne voudrois, dis-je, ainsi parler, encore que je sache bien que rien signifie autant que chose ; car je n'ay rien du monde, et je n'ay chose du monde valent autant l'un que l'autre, H. Estienne, De la précellence. La lecture des histoires ne scauroit que bien peu, ou rien du tout, servir à l'acquisition de prudence - Rien ne sert à devenir bon peintre, avoir ouy souvent parler de la peinture, Amyot, Préf. IX. Nous sommes icy à ne rien faire, Amyot, Cam. 43. Il feit chasser Hyperbolus qui ne se doubtoit de rien moins, Amyot, Alc. 20. Il estoit riche et en biens opulent, Mais pour cela de rien plus insolent, Amyot, Pélop. 6. Ilz ne vouloient rien moins qu'aller chocquer [ils ne voulaient pas…] de front les Romains à coups de main, Amyot, Crass. 40. Des mariniers qui ne sçavoient du tout rien, estoient patiemment escoutez, Amyot, Démosth. 10. Il jugea que c'estoit peu de chose et presque rien du tout, que de s'exerciter à bien dire…, Amyot, ib. Cela qui coule de ma playe est du vray sang, et non point, comme dit Homere : Une liqueur de rien, semblable à celle Qui flue aux dieux de nature immortelle, Amyot, Alex. 53. Ils ne sont rien moins que prestres, Calvin, Inst. 914. L'homme est reduit à neant, l'homme n'est rien ; mais comment n'est-il du tout rien, veu que Dieu le magnifie ? Calvin, ib. 441. Nous avons à penser que rien de ces choses n'advient, sinon par le vouloir et providence du Seigneur, Calvin, ib. 557. La louange du Seigneur ne doit estre empeschée par rien du monde, Calvin, ib. Quelle authorité a un message apporté par des femmes si effrayées que rien plus ? Calvin, ib. 794. Vistes vous jamais rien si confus ? Montaigne, I, 75. Il n'est rien si contraire à mon style que…, Montaigne, I, 103. Il n'y a rien de mal en la vie pour celuy…, Montaigne, I, 77. Les hazards et dangiers nous approchent peu ou rien de nostre fin, Montaigne, I, 78. Si peu que rien, Montaigne, I, 155. Je ne traicte à poinct nommé de rien que du rien, Montaigne, IV, 221. Il [La Boétie] n'avoit pensé à rien moins qu'à mettre au jour ces ouvrages, Montaigne, Lettre IX. Les semences de bien que la nature met en nous… s'abastardissent, se fondent et viennent en rien, La Boétie, Servit. volont. Il se trouva si surpris et esperdu, qu'il n'attendoit rien moins [rien de moins] sinon qu'on le vinst assieger, Sat. Mén. p. 133. Je ne puis assez blasmer la sotte arrogance et temerité d'aucuns de nostre nation, qui, n'estans rien moins que Grecz ou Latins, desprisent toutes choses escriptes en françois, Du Bellay, J. I, 3, verso. Brief, en toutes formes et manieres de vivre non moins louables que proufitables, nous ne sommes rien moins qu'eux [de rien inférieurs aux anciens], Du Bellay, J. I, 4, verso. La fortune amiable Est-ce pas moins que rien ? Du Bellay, J. II, 67, recto. Hé qu'est il rien que ce garçon [l'Amour] ne brule ? Ronsard, 116. Il estoit un grand fat d'aimer sans avoir rien, Ronsard, 124. Si je souhaite rien, vous estes mon souhait, Ronsard, 139. …Et que nostre fangeuse masse Si tost s'esvanouyt en rien, Qu'à grand'peine avons-nous l'espace De gouster la douceur du bien, Ronsard, 409. Et si je faux, au destin soit la faute, Et non à moy de rien ambitieux, Ronsard, 614. …Et si de mes labeurs qui honorent la France, Je ne remporte rien qu'un rien pour recompense, Ronsard, 703. …Qui fait que nostre vie est seulement un songe, Et que tous nos desseins se finissent en rien, Ronsard, 774. Il emporta en un rien le pris d'estre un très bon capitaine, Brantôme, Médicis. Rien n'a, qu'assez n'a, Cotgrave On ne fait de rien grasse poirée, Cotgrave Qui rien ne porte, rien ne lui chet, Cotgrave Qui ne sçait rien, de rien ne doute, Cotgrave

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Étymologie de « rien »

Berry, rin ; bourguig. et bressan, ran ; wallon, rein ; provenç. re ; anc. catal. ren ; catal, mod. re, res ; du lat. rem, chose. Dans l'ancienne langue, riens est le nominatif singulier et rien le régime singulier ; au pluriel, riens est le régime.

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(Date à préciser) Du latin rem, accusatif de res (« chose ») qui est encore le sens du substantif rien dans certaines expressions populaires ou régionales.
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Phonétique du mot « rien »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
rien rjɛ̃

Fréquence d'apparition du mot « rien » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « rien »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « rien »

  • Des trois ou quatre lettres que je fis, il m’est resté ce commencement dont je ne fus pas content ; mais s’il me parut ne rien exprimer, ou trop parler de moi quand je ne devais m’occuper que d’elle, il vous dira dans quel état était mon âme.
    Honoré de Balzac — Le lys dans la vallée
  • Il vaut mieux ne rien faire que faire pour rien.
    Rolland Walter
  • Ce soir, nous sommes deux devant ce fleuve qui déborde de notre désespoir. Nous ne pouvons même plus penser. Les paroles s’échappent de nos bouches tordues, et, lorsque nous rions, les passants se retournent, effrayés, et rentrent chez eux précipitamment.On ne sait pas nous mépriser.« Nous pensons aux lueurs des bars, aux bals grotesques dans ces maisons en ruines où nous laissions le jour. Mais rien n’est plus désolant que cette lumière qui coule doucement sur les toits à cinq heures du matin. Les rues s’écartent silencieusement et les boulevards s’animent: un promeneur attardé sourit près de nous. Il n’a pas vu nos yeux pleins de vertiges et il passe doucement. Ce sont les bruits des voitures de laitiers qui font s’envoler notre torpeur et les oiseaux montent au ciel chercher une divine nourriture.Aujourd’hui encore( mais quand donc finira cette vie limitée) nous irons retrouver les amis, et nous boirons les mêmes vins. On nous verra encore aux terrasses des cafés.Il est loin, celui qui sait nous rendre cette gaieté bondissante. Il laisse s’écouler les jours poudreux et il n’écoute plus ce que nous disons.  » Est-ce que vous avez oublié nos voix enveloppées d’affections et nos gestes merveilleux? Les animaux des pays libres et des mers délaissées ne vous tourmentent-ils plus? Je vois encore ces luttes et ces outrages rouges qui nous étranglaient. Mon cher ami, pourquoi ne voulez-vous plus rien dire de vos souvenirs étanches? L’air dont hier encore nous gonflions nos poumons devient irrespirable. Il n’y a plus qu’à regarder droit devant soi, ou à fermer les yeux: si nous tournions la tête, le vertige ramperait jusqu’à nous.Itinéraires interrompus et tous les voyages terminés, est-ce que vraiment nous pouvons les avouer ? Les paysages abondants nous ont laisser un goût amer sur les lèvres. Notre prison est construite en livres aimés, mais nous ne pouvons plus nous évader, à cause de toutes ces odeurs passionnés qui nous endorment.
    André Breton et Philippe Soupault —  Les Champs magnétiques
  • Elle est debout sur mes paupièresEt ses cheveux sont dans les miens,Elle a la forme de mes mains,Elle a la couleur de mes yeux,Elle s’engloutit dans mon ombreComme une pierre sur le ciel.Elle a toujours les yeux ouvertsEt ne me laisse pas dormir.Ses rêves en pleine lumièreFont s’évaporer les soleils,Me font rire, pleurer et rire,Parler sans avoir rien à dire.
    Paul Eluard — Capitale de la douleur
  • Rien ne sert de rien, cependant tout arrive.
    Georges Perec — La Vie mode d'emploi
  • Ce qui n'est pas fixé n'est rien. Ce qui est fixé est mort.
    Paul Valéry — Tel quel
  • Rien ne tache et rien ne lave comme le sang.
    Joseph Roux
  • Qui ne risque rien... ne risque rien !
    Etienne Castanié
  • Qui ne sait rien, de rien ne doute.
    Pierre Gringore
  • Dieu a fait tout de rien. Mais le rien perce.
    Paul Valéry — Mauvaises pensées et autres
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Traductions du mot « rien »

Langue Traduction
Anglais nothing
Espagnol nada
Italien niente
Allemand nichts
Chinois 没有
Arabe لا شيئ
Portugais nada
Russe ничего
Japonais 何もない
Basque ezer
Corse nunda
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Synonymes de « rien »

Source : synonymes de rien sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « rien »

Combien de points fait le mot rien au Scrabble ?

Nombre de points du mot rien au scrabble : 4 points

Rien

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