La langue française

Accueil > Dictionnaire > Définitions du mot « gorge »

Gorge

Variantes Singulier Pluriel
Féminin gorge gorges

Définitions de « gorge »

Trésor de la Langue Française informatisé

GORGE, subst. fém.

I.
A. −
1. Partie antérieure du cou de l'homme. Le juge d'instruction voulut bien nous confier que la blessure à la gorge était telle que l'on pouvait affirmer, de l'avis même des médecins, que, si l'assassin avait serré cette gorge quelques secondes de plus, MlleStangerson mourait étranglée (G. Leroux, Myst. ch. jaune,1907, p. 15).Jusserand se prit à tousser et sortit un lourd foulard dont il s'enveloppa la gorge (Duhamel, Désert Bièvres,1937, p. 56) :
1. ... ils s'arrêtèrent épuisés, chancelèrent et roulèrent ensemble sur le sol; mais l'un d'eux se releva parvint à se dégager de l'étreinte de son adversaire et le frappa d'un dernier coup qui l'atteignit dans la gorge. Ponson du Terr., Rocambole, t. 1, 1859, p. 55.
P. anal. [Chez l'animal] Gorge d'un oiseau, d'un pigeon. Il [un serpent] faisait bruire ses anneaux sur les dalles, gonflait sa gorge, dardait sa langue fourchue (Gautier, Rom. momie,1858, p. 323).La substitution du collier d'épaules au collier de gorge entraînait une modification complète du harnais (P. Rousseau, Hist. transp.,1961, p. 88).
2. Loc. verb.
a) Couper la gorge de (qqn), à (qqn). Synon. de égorger.Le second bourreau, armé d'un couteau, coupe la gorge du malheureux renversé et foule au pied sa poitrine pour faire sortir le sang avec plus d'abondance (Delécluze, Journal,1826, p. 315).
P. ext.
Emploi pronom. réciproque. S'entretuer. Les combats où Français et Anglais se coupaient la gorge avec « des hurlements de joie » (Morand, Londres,1933, p. 324).
Vieilli. Se couper la gorge avec (qqn). Se battre en duel avec (quelqu'un). Mon cher monsieur, je consens à me couper la gorge avec vous, (...) je sors les épées du fourreau, ou les pistolets de la boîte, à votre choix (Dumas père, Comte Monte-Cristo, t. 2, 1846, p. 294).
Rem. La docum. atteste un emploi réciproque avec le même sens. Là là, faites la paix, messieurs. Vous vous couperez galamment la gorge demain matin (Hugo, L. Borgia, 1833, III, 1, p. 155).
Emploi pronom. réfl. Déclarer sa fortune à sa fille, inventorier l'universalité de ses biens meubles et immeubles pour les liciter?... − Ce serait se couper la gorge (Balzac, E. Grandet,1834, p. 213).
b) Sauter à la gorge de (qqn). Saisir violemment (quelqu'un) en le prenant à la partie antérieure du cou. M. Litois sauta à la gorge d'Eugène, et, le prenant au collet, s'écria : − Vous n'irez pas, vous n'irez pas! (Soulié, Mém. diable, t. 2, 1837, p. 68).
P. ext. Synon. de en venir aux mains avec (qqn).C'était à peine si la présence du chef de l'État le contenait dans les bornes des bienséances, et, comme il n'osait pas sauter à la gorge de son rival, il accablait d'invectives (...) le chef respecté de l'armée (A. France, Île ping.,1908, p. 371).
Emploi pronom. réciproque. Les deux hommes, cessant la comédie, livides et le visage crevant de haine, s'étaient sauté à la gorge. Ils se roulaient par terre, derrière un portant, en se traitant de maquereau (Zola, Nana,1880, p. 1216).
c) Prendre (qqn) à la gorge. Saisir (quelqu'un) en le prenant au cou. Le fou le prit à la gorge, l'entoura de ses jambes, et tous deux se débattirent avec d'épouvantables convulsions (Karr, Sous tilleuls,1832, p. 29).
Au fig. Exercer sur (quelqu'un) une grande violence ou une pression impitoyable. L'Empereur ému, dicta : « Ces calomnies contre un homme qu'on opprime avec une telle barbarie, et qu'on prend à la gorge pour l'empêcher de parler, seront repoussées par toutes personnes bien nées et capables de sentir... » (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t. 2, 1823, p. 141) :
2. Ainsi, cet homme [Louis Bonaparte] a pris à la gorge la Constitution, la République, la loi, la France; il a donné à l'avenir un coup de poignard par derrière : il a foulé aux pieds le droit, le bon sens, la justice... Hugo, Nap. le Pt,1852, p. 131.
Rem. On trouve avec le même sens et les mêmes emplois : saisir, serrer, tenir (qqn) à la gorge.
d) Mettre le couteau, le poignard, le pistolet sur (plus rarement sous) la gorge à (qqn). Menacer (quelqu'un de cette arme). Il s'approcha tout à coup de l'amoureux, lui tira par surprise l'épée du baudrier, et, lui mettant le pistolet sur la gorge, dit au laquais : « Ôtez les éperons à ce traître (...) » (Nerval, Fille feu, Angélique, 1854, p. 531).
Au fig. Placer (quelqu'un) dans une situation de contrainte. Un nouveau caprice de Nathalie vint mettre le couteau sur la gorge à son père (Soulié, Mém. diable, t. 2, 1837, p. 248).Vous nous mettez le pistolet sous la gorge avec votre faillite (Zola, Curée,1872, p. 526) :
3. Vous êtes peut-être gênées en ce moment, dites-le-moi, je ne viens pas vous mettre le couteau sur la gorge. Que MmeVigneron me fasse un effet de deux mille francs, à trois mois; sa signature, pour moi, c'est de l'argent comptant. Becque, Corbeaux,1882, IV, 10, p. 243.
Tenir le pied sur la gorge à (qqn). La triste nécessité qui m'a toujours tenu le pied sur la gorge, m'a forcé de vendre mes mémoires (Chateaubr., Mém., t. 1, 1848, p. 7).
e) Avoir le couteau sur la gorge (au fig.). Subir une contrainte, une pression impitoyable. J'ai été forcé moi-même, j'avais le couteau sur la gorge (Flaub., MmeBovary, t. 2, 1857, p. 137).Il n'y a que lui pour dire qu'il ne faut jamais se rendre, jamais accepter de conditions, même honorables, eût-on sur la gorge mille couteaux (Bloy, Journal,1900, p. 219).
f) Tendre la gorge à (qqn) (au fig.). Se laisser tuer, accabler par (quelqu'un) sans lui opposer de résistance. Quatre mille vétérans (...) pleins de force, et ayant à la main la pique et l'épée, tendirent, comme des agneaux paisibles, la gorge aux bourreaux (Chateaubr., Martyrs, t. 2, 1810, p. 10).Tolstoï (...) veut que nous tendions au fer des massacreurs une gorge innocente (Clemenceau, Iniquité,1899, p. 396).
B. −
1. Cavité intérieure du cou à partir de l'arrière-bouche. Synon. gosier.Il [le son] résulte de l'émission d'une certaine quantité d'air qui sort de la gorge, pendant que le système entier de l'organe vocal est disposé d'une certaine manière (Destutt de Tr., Idéol. 2,1803, p. 322).Ces bonnes petites faînes huileuses qui grattent la gorge et font tousser (Colette, Cl. école,1900, p. 10).La chaleur du thé me descendit dans la gorge sans me soulager le cœur (Duhamel, Terre promise,1934, p. 63) :
4. Le premier tintement de gong, qui annonçait l'approche du déjeuner, le fit se lever. Il alluma l'applique du lavabo pour éclairer le fond de sa gorge. Avant de se mettre à table il prenait généralement la précaution de se faire quelques instillations, afin d'atténuer la difficulté de la déglutition... Martin du G., Thib., Épil., 1940, p. 771.
Mal de gorge. Inflammation des muqueuses du pharynx et/ou du larynx. C'est un état assez pénible que la suite d'une fièvre inflammatoire. Les maux de gorge, les évanouissements durent, je crois, toute la vie (Staël, Lettres L. de Narbonne,1793, p. 127).
Expr. Avoir mal à la gorge, avoir la gorge prise, irritée. J'avais un petit accès de fièvre, mal à la gorge et une sensation générale de grippe (Du Bos, Journal,1928, p. 104).
2. En partic.
a) Siège de diverses sensations, correspondant à la région du cou. Synon. gosier.
α) [Sensation de soif] Avoir la gorge sèche, en feu, altérée. Éprouver une forte sensation de soif. Sa gorge sèche et qui avait soif. Son gosier sec. Son gosier qui avait soif (Péguy, Myst. charité,1910, p. 78).Henri a commandé du champagne; j'avais la gorge sèche de soif, de fatigue, d'émotion et je vidai d'un trait deux coupes (Beauvoir, Mandarins,1954, p. 188).
Loc. (fam.). Se rincer la gorge. Boire (en général une boisson alcoolisée). J'avais hâte de filer pour aller me rincer la gorge au bistro du coin (Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 319).
Loc. adv. (Boire) à pleine gorge. (Boire) d'un trait, goulûment. Synon. à plein gosier.Saisissant sur la table une haute bouteille en terre poreuse où l'eau se conservait glacée, il la souleva des deux mains et but à pleine gorge, un long moment (Martin du G., Thib., Été 14, 1936, p. 235).
β) [Sensation d'ordre respiratoire] Prendre à la gorge. Faire suffoquer. La limaille prenait à la gorge. Il y avait du fer dans la température, les hommes étaient couverts de fer, tout puait le fer (Balzac, Peau chagr.,1831, p. 242).La soupe des chiens exhale une vapeur fétide qui vous prend à la gorge et vous fait tousser... c'est à vomir!... (Mirbeau, Journal femme ch.,1900, p. 34).
Au fig. Synon. de couper le souffle.Comment! s'écria Luizzi, pris à la gorge par l'outrecuidance de la position (Soulié, Mém. diable, t. 2, 1837, p. 297).L' In Paradisum de Fauré, musique admirable (...). Les voix d'enfants prenaient à la gorge (Green, Journal,1949, p. 297).
γ) [Sensation d'ordre psychosomatique, gén. l'angoisse] Gorge angoissée, contractée, crispée, nouée; avoir le cœur dans la gorge. Ma gorge sèche de désir quand je prononce les noms d'Asie... (Barrès, Cahiers, t. 1, 1897, p. 202).Raboliot, de nouveau, sent comme une boule se gonfler dans sa gorge (Genevoix, Raboliot,1925, p. 233).
Serrer (qqn) à la gorge, serrer la gorge de (qqn), à (qqn). Angoisser, oppresser (quelqu'un). Ces souvenirs serrèrent Madeleine à la gorge (Zola, M. Férat,1868, p. 281).L'humiliation et la peine lui serraient la gorge. Il lui semblait que le bonheur de sa vie dépendait de cet instant (Arland, Ordre,1929, p. 86) :
5. ... une grande émotion, une attente anxieuse, les approches de l'ineffable mystère, étreignaient le cœur des enfants, serraient la gorge de leurs mères. Le prêtre (...) remonta vers l'autel, et, tête nue, couvert de ses cheveux d'argent, avec des gestes tremblants, il approchait de l'acte surnaturel. Maupass., Contes et nouv., t. 1, Mais. Tellier, 1881, p. 1194.
La gorge (de qqn) se serre. Quand je la vois, ma gorge se serre et j'étouffe, comme si mon cœur se soulevait jusqu'à mes lèvres (Musset, Caprices Mar.,1834, I, 1, p. 130).
b) Siège, organe de la voix. Avoir un chat* dans la gorge. Elle ouvrit la bouche comme pour parler, un râle sortit du fond de sa gorge (Hugo, Misér., t. 1, 1862, p. 354).La voix de Morhange s'était étranglée dans sa gorge (Benoit, Atlant., 191, p. 126).
Vieilli, VÉN. [En parlant d'un chien] Avoir une bonne, belle gorge. Avoir une forte voix. Si vous êtes chasseur et que vous vouliez faire une surprise à grand orchestre, mettez de l'autre côté du rez de chaussée trois ou quatre chiens ouvrants ayant une belle gorge (Gressent, Créat. parcs et jardins,1891, p. 437).
Loc. verb.
α) [Le suj. désigne une production langagière] Rester dans la gorge. Ne pouvoir être exprimé. Il leva la tête, et s'apprêta à redire son bon mot. Son regard rencontra le visage de Gottfried (...). Sa phrase lui resta dans la gorge (Rolland, J.-Chr., Aube, 1904, p. 90).Une interrogation inquiète restait au fond de sa gorge : avais-je le droit de plaquer les copains? ai-je le droit de mourir pour rien? (Sartre, Mort ds âme,1949, p. 174).
Rem. La docum. atteste la constr. vieillie : rester à la gorge. J'entonne encore bien quelquefois un petit cantique, dit Luther, et Le remercie un peu. Pour moi, je ne puis. Cela me reste à la gorge. Cette année surtout, je suis sec (Michelet, Journal, 1840, p. 353).
Monter, venir à la gorge. Être sur le point d'être exprimé; venir à l'expression. Le cri de la douleur et de la colère montait à sa gorge, et, ne pouvant éclater, l'étouffait, car son visage s'empourpra et ses lèvres devinrent bleues (Dumas père, Comte Monte-Cristo, t. 2, 1846, p. 5).Il trembla doucement, et des sanglots lui vinrent à la gorge. Il les ravala (Adam, Enf. Aust.,1902, p. 214) :
6. Le mot mort remonta du fond de son cœur dans sa gorge. Mort, mort, tué... voilà : tué. Pourquoi? les gens... quelles gens? qui pouvait vouloir tuer Justin? Aragon, Beaux quart.,1936, p. 158.
β) [Le suj. désigne une pers.]
Se racler la gorge. Éclaircir sa voix. Le typo jette un regard anxieux à Dewrouckère, se racle la gorge et dit à Brunet : « On voudrait te causer » (Sartre, Mort ds âme,1949, p. 251).
(Faire) rentrer des paroles dans la gorge à (qqn), de (qqn). Obliger (quelqu'un) à se taire, à désavouer ses propos. Tu vas te taire, à la fin, ou je ferai rentrer les mots dans ta gorge (Sartre, Mouches,1943, II, 1ertabl., 3, p. 51) :
7. − (...) peut-être que madame sera contente de savoir où va monsieur, de quatre à six, deux et trois fois par semaine, quand il est sûr de trouver la personne seule... Elle était devenue brusquement très pâle, tout son sang refluait à son cœur. D'un geste violent, elle tenta de lui rentrer dans la gorge ce renseignement qu'elle évitait d'apprendre depuis deux mois. Zola, Argent,1891, p. 223.
Renfoncer dans sa gorge. Taire, retenir. Il (...) renfonçait dans sa gorge une colère près de jaillir. Et, ne pouvant se contenir davantage, il renvoya la jeune fille d'un mot. − Va jouer un instant, ma chérie (Zola, Terre,1887, p. 186).Comment ai-je pu dire tout cela, sans pouffer?... Comment ai-je pu renfoncer dans ma gorge le rire qui y sonnait, à pleins grelots?... En vérité, je n'en sais rien... (Mirbeau, Journal femme ch.,1900, p. 84).
Vieilli. (En) mentir par la gorge. Mentir de façon éhontée. Vous mentez par la gorge! comme disent les nobles (Sand, Mauprat,1837, p. 171).
Loc. adv.
(Chanter, parler, rire, etc.) de la gorge. En contractant la gorge, en étranglant le son. Entendre sa jolie voix, qui ne connaissait pas les roueries du métier et chantait un peu de la gorge, à la façon d'une petite fille, mais qui avait un je ne sais quoi de fragile et de touchant (Rolland, J.-Chr., Révolte, 1907, p. 470).
(Chanter, parler, rire, etc.) à gorge déployée, à pleine gorge. Bruyamment, sans retenue. Son barde (...) se prit à improviser à l'ordre du prince, et chanta, en récitatif et à gorge déployée, des vers arabes (Lamart., Voy. Orient, t. 2, 1835, p. 70).Je cours après elle et la rattrape dans le corridor, pendant que les élèves rient à pleine gorge, crient de joie et grimpent debout sur leurs bancs (Colette, Cl. école,1900, p. 123).
Rem. La docum. atteste avec le même sens : à toute gorge (Du Camp, Nil, 1854, p. 30); à plaisir de gorge (Pourrat, Gaspard, 1925, p. 243).
Loc. adj. (Voix, rire, bruit, etc.) de gorge. Guttural. Il fit, en mangeant la première bouchée de l'entremets, un bruit de gorge comique et glouton, et un mouvement du cou pareil à celui des canards qui avalent un morceau trop gros (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Fam., 1886, p. 563).Le plus souvent le mauvais chanteur n'atteint pas le maximum de fermeture [de l'isthme du gosier] alors il produit un son sourd, écrasé, guttural : c'est la voix de gorge (Arger, Init. art chant,1924, p 55).
C. − P. méton.
1. Vieilli. Gorge chaude. Animal vivant ou cadavre encore chaud donné en pâture à un oiseau de proie. La gorge chaude est la proie encore pantelante, encore tiède, qu'on donne au faucon, pour le récompenser de sa chasse (A. France, Gén. lat.,1909, p. 86).
Rendre gorge. Vomir. Notre vie (...) s'empiffre, jusqu'à ce que, comme un chien qui vomit des vers et des morceaux de viande, le ventre bourré se révolte et qu'on rende gorge sur la table! (Claudel, Tête d'Or,1901, 1repart., p. 180).
2. Loc. verb.
Faire gorge chaude de (qqn, qqc.) (vieilli); faire des gorges chaudes de (qqn, qqc.), sur (qqn, qqc.). Se moquer de (quelqu'un, quelque chose) par des plaisanteries plus ou moins malveillantes. Il y avait à Paris (...) deux procureurs au Châtelet, appelés, l'un Gorbeau, l'autre Renard (...). L'occasion était trop belle pour que la basoche n'en fît point gorge chaude (Hugo, Misér., t. 1, 1862, p. 518).Les gens de Villotte faisaient des gorges-chaudes sur les habitudes parcimonieuses des deux frères (Theuriet, Mais. deux barbeaux,1879, p. 11) :
8. Le malheur voulut que Labounoff me surprît un soir, à Sainte-Marie du-Salut, baisant humblement la poussière de la dalle. Mon tendre secret fut divulgué; toute la ville en fit des gorges chaudes. Je regardai les rieurs et me pris à rire plus fort qu'eux. Quoi de plus divertissant, en effet, que le spectacle d'une pierre pénétrée d'amour, et d'un sot moqué par le polisson d'Arouët! Milosz, Amour. initiation,1910, p. 76.
Rem. La docum. atteste l'emploi de gorges-chaudes au sens de « moquerie ». Après avoir recueilli les gorges-chaudes du Tout-Paris de l'Exposition, en étalant ses fastueuses pauvretés au Salon de Mars, le voici [Signol] qui exhibe, cette fois, une Psyché et un Abel (Huysmans, Art. mod., 1883, p. 90).
Faire rendre gorge à qqn. Obliger (quelqu'un) à restituer ce qu'il a acquis par des moyens illicites. Le peuple (...) fera rendre gorge à ses spoliateurs (Marat, Pamphlets, Infernal projet des ennemis de la Révol., 1790, p. 200).Les peuples sont charmés de voir leurs gouverneurs rendre gorge : les gouverneurs passent leur vie à s'enrichir, et, finalement, ils meurent pauvres (Gobineau, Nouv. asiat.,1876, p. 154).
D. − Vieilli. Poitrine, seins de la femme. Je (...) fus complètement fasciné par une gorge chastement couverte d'une gaze, mais dont les globes azurés et d'une rondeur parfaite étaient douillettement couchés dans des flots de dentelle (Balzac, Lys,1836, p. 25).Elles [les femmes en Égypte] (...) se découvrent ce qu'on est convenu d'appeler la gorge, c'est-à-dire l'espace compris depuis le menton jusqu'au nombril. Ah! j'en ai t'y vu de ces tetons! (Flaub., Corresp.,1849, p. 136) :
9. Je ne sacrifiais que mon épaule nue À la lumière; et sur cette gorge de miel, Dont la tendre naissance accomplissait le ciel, Se venait assoupir la figure du monde. Valéry, J. Parque,1917, p. 16.
En partic., emploi partitif. Avoir de la gorge. Mon Dieu, que j'ai peu de gorge! (à l'école, ça s'appelle des nichons et Mélie dit des tétés) (Colette, Cl. Paris,1901, p. 53).Madame de La Vallée-Chourie (...) qui était petite, avait la peau brune et n'avait presque pas plus de gorge qu'un garçon (Boylesve, Leçon d'amour,1902, p. 21).
SYNT. Gorge bien faite, blanche, délicate, ferme, opulente, plantureuse, plate, ronde, épanouie, naissante, frémissante.
II.
A. − Au sing. ou plur. Vallée étroite et encaissée. Gorge profonde, étroite, sauvage; les gorges du Tarn. Les rivières (...) se précipitent par une série alternante de gorges et de bassins (Vidal de La Bl., Tabl. géogr. Fr.,1908, p. 358) :
10. Au quitter de Masyaf, on gravit une petite croupe, on longe un ravin, on le traverse (...). On suit la vallée à droite pendant un certain temps et on arrive sur un petit plateau boisé de broussailles, on descend à l'ouest et on traverse un petit ruisseau qui coule du sud au nord. Après, on pénètre dans une petite gorge, et on la gravit pendant deux heures, dans les rochers et les broussailles... Barrès, Cahiers Orient,1914, p. 6.
B. − Entrée d'un ouvrage fortifié. Allons, monsieur, me dit-il, vous commandez en chef; faites promptement fortifier la gorge de la redoute avec ces chariots (Mérimée, Mosaïque,1833, p. 44).
III. Emplois spéciaux
A. − ANAT. Sillon d'une trochlée. Gorge de la trochlée humérale. La trochlée fémorale présente une gorge et deux joues (Gérard, Anat. hum.,1912, p. 181).
B. − ARCHITECTURE
1. Moulure creuse à profil curviligne (généralement dans un encadrement). Les tapisseries encadrées dans des cadres de chênes à gorges et à moulures (Balzac, Rabouilleuse,1842, p. 443).Une large moulure à la gorge profondément évidée, et d'un profil saillant, terminait la muraille (Gautier, Rom. momie,1858, p. 193).
2. Synon. de gueule.Un égout (...) tombait d'une gorge de pierre, usée et souillée, à gros bruit (Zola, Rome,1896, p. 244).
C. − BOT. ,,Entrée du tube du calice dans les fleurs monosépales ou de la corolle dans les fleurs monopétales`` (R. Blais, Flore pratique, Paris, P.U.F., 1945, p. 25). J'avais emporté un rameau de glaïeul dont les gorges étaient d'un rose d'abricot (Jammes, Rom. du lièvre,1903, p. 321).
D. − TECHNOLOGIE
1. Partie évidée, étroite et allongée dans une pièce métallique. Synon. cannelure, rainure.Gorge d'écoulement. On peut cataloguer les jantes, d'après leur profil, en deux séries bien distinctes. Les jantes creuses, demi creuses, ou à gorge excentrée et les jantes plates (Chapelain, Techn. automob.,1956, p. 208).On imagina des rails avec une gorge où s'encastraient les roues, puis des rails à bourrelets sur lesquels adhéraient les roues (Lesourd, Gérard, Hist. écon.,1968, p. 206).
En partic. Gorge d'une poulie. Partie évidée placée à la circonférence d'une poulie où passe la corde (cf. Nosban, Manuel menuisier, 1857, p. 237).
2. Partie évidée ou entaillée dans une pièce. L'outillage lithique comprend (...) la hache éclatée, la hache marteau percée, la massue à gorge ou percée (S. Blanc, Init. préhist.,1932, p. 69).La gorge [des doigts de la faucheuse] est un évidement ménagé pour laisser passer la tringle et les têtes de rivet fixant les sections sur cette dernière (Ballu, Mach. agric.,1933, p. 295).
En partic. Gorge d'une serrure. Pièce mobile qui immobilise ou libère le pêne dans une serrure. La serrure à gorges a le panneton de ses clefs découpé, chaque cran correspondant à l'épaisseur d'une gorge (Robinot, Vérif. métré et prat. trav. bât., t. 3, 1928, p. 95).
MUS. ,,Partie de la table et du fond du violon se trouvant près des bords et présentant un léger creux`` (Lar. encyclop. 1962). Cf. Grillet, Ancêtres violon, t. 2, 1901, p. 203.
3. CÉRAM. Gorge d'un vase. Partie du vase comprise entre l'extrémité supérieure et le corps. Un vase à large et haute gorge circulaire au-dessus de l'orifice de laquelle viennent s'enrouler les fortes volutes de deux anses qui descendent presque droites se planter au bord de l'épaulement (P. Rouaix, Dict. des arts décoratifs, Paris, Montgredien et Cie, t. 1, [1885, 1886], p. 944).
REM. 1.
Gorgette, subst. fém.a) Dimin. de gorge (supra I D). Que vous êtes bien gentille, ravissante, avec une gorgette à faire pâmer toute une classe d'écoliers (Flaub., Smarh,1839, p. 13).b) Région. (Canada). Synon. de gorgerette (cf. ce mot B).Cf. Dunn 1880).
2.
Gorget, subst. masc.a) Rabot servant à faire les moulures appelées « gorge » (supra III B). (Dict. xixeet xxes.). b) Moulure concave plus petite que la gorge. (Dict. xixeet xxes.).
Prononc. et Orth. : [gɔ ʀ ʒ]. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. I. 1. a) Début xiies. « partie intérieure du cou » (St Brendan, 1145 ds T.-L.); 1585 (chanter) à gorge déployée (N. du Fail, Contes d'Eutrapel, éd. J. Assézat, t. 1, p. 297); b) 1228 « seins d'une femme » (J. Renart, G. de Dole, éd. F. Lecoy, 4373); 2. a) ca 1200 « repas d'un oiseau de chasse » (Mort Gorin, 124 ds T.-L. : faire gorje à « donner à manger à »; b) 1376 « jabot (d'un oiseau) » (Modus et Ratio, 92, 44, ibid.); c) α) 1535 rendre sa gorge « vomir » (Cl. Marot, « Épigrammes, éd. C.A. Mayer, 78, 42); β) 1598 rendre gorge « restituer par force » (Lettres missives de Henri IV, t. IV, p. 914 ds Gdf. Compl.); 3. 1690 en faire une gorge chaude « railler, moquer » (Fur.). II. 1. 1269-78 « ouverture rétrécie de certains objets » (J. de Meun, Rose, éd. F. Lecoy, 13950); 2. 1675 « passage étroit entre deux montagnes » (Widerhold d'apr. FEW, t. 4, p. 332 b). Empr. au lat. pop.gurga, lat. class. gurges « tourbillon d'eau, gouffre, abîme ». Fréq. abs. littér. : 3 896. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 3 019, b) 7 120; xxes. : a) 8 099, b) 5 305. Bbg. Archit. 1972, p. 128, 212. - Esnault (G.). Lois de l'arg. R. Philol. fr. 1925, t. 37, pp. 19-20. - Hasselrot 20es. 1972, p. 8 (s.v. gorgette). - La Landelle (G. de). Le Lang. des marins. Paris, 1859, p. 359. - Rey (A.). Struct. sém. des loc. fr. In : Congrès Internat. de Ling. et Philol. Rom., 13. 1971. Québec. Québec, 1976, t. 1, p. 834.

Wiktionnaire

Nom commun - français

gorge \ɡɔʁʒ\ féminin

  1. (Anatomie) Partie antérieure du cou de l’homme ou de l’animal.
    • Alors, sire, dit Catherine, vos sujets les huguenots feront comme le sanglier à qui on ne met pas un épieu dans la gorge : ils découdront le trône. — (Alexandre Dumas, La Reine Margot, 1845, volume I, chapitre VI)
    • Cette fois, Concini voulut la saisir à la gorge, mais il recula, en murmurant : "Je suis trop lâche !" — (Michel Zévaco, Le Capitan, 1906, Arthème Fayard, collection « Le Livre populaire » no 31, 1907)
    • Je sentais l’intensité du courant grandir et à mesure ma gorge, mes mâchoires, tous les muscles de mon visage, jusqu’à mes paupières se contracter dans une crispation de plus en plus douloureuse. — (Henri Alleg, La Question, 1957)
  2. (Anatomie) Gosier, le dedans de la gorge.
    • Ainsi que cela se produisait chaque fois qu’il avait trop pompé le jour d’avant, il se sentait la tête un peu fiévreuse, le front chaud, les nerfs excités et la gorge sèche. — (Louis Pergaud, Joséphine est enceinte, dans Les Rustiques, nouvelles villageoises, 1921)
    • Mais loin de son Plateau, Arsène André étouffait. L’air résineux lui manquait, les brouillards de la Meuse lui enflammaient la gorge. — (Jean Rogissart, Passantes d’Octobre, Librairie Arthème Fayard, Paris, 1958, page 71)
  3. Voix de la gorge.
    • Au-dessus des eaux et des plaines
      Au-dessus des toits des collines
      Un plain-chant monte à gorge pleine
      Est-ce vers l’étoile Hölderlin
      Est-ce vers l’étoile Verlaine.
      — (Louis Aragon, Les Poëtes)
  4. (Figuré) Siège de la voix.
    • Un sanglot roula dans sa gorge, comme ces coups de tonnerre lointains qui sont le prélude de l’orage. — (Michel Zévaco, Le Capitan, 1906, Arthème Fayard, collection « Le Livre populaire » no 31, 1907)
    • Lorsqu’au bout de quelques semaines Elhamy la remercia, avec une cordialité souriante, du bien qu’elle avait fait à son fils, une émotion sourde étreignit sa gorge. — (Out-el-Kouloub, Zaheira, dans « Trois contes de l’Amour et de la Mort », Édition Corrêa, 1940)
    • Bientôt tes appels ne seront plus que rauquements de plus en plus sourds, beuglements de désespoir si fatigués qu’ils ne dépasseront plus ta gorge, étranglée de terreur […] — (Jean Rogissart, Passantes d’Octobre, Librairie Arthème Fayard, Paris, 1958)
  5. (Fauconnerie) Sachet supérieur de l’oiseau, qui se nomme vulgairement poche.
    • Tout autour de la jeune femme, les pigeons voletaient, roucoulaient. Les mâles, empressés, la gorge gonflée, saluaient jusqu’à terre les femelles. — (Out-el-Kouloub, Zaheira, dans « Trois contes de l’Amour et de la Mort », Édition Corrêa, 1940)
  6. (Par métonymie) Ce qui entre dans la gorge de l’oiseau, l’aliment qu’on lui donne.
  7. (Par métonymie) Partie supérieure de la chemise d’une femme.
  8. (Désuet) Les seins.
    • Elle a une belle gorge, la gorge plate, trop de gorge.
    • La petite Rosette changée en femme, ses yeux noirs, ses longs cils, ses grands cheveux et la gorge ronde qui marquait son sarrau souillé de cuisinière. — (Pierre Gamarra, Rosalie Brousse, chapitre V ; Éditeurs Français Réunis, Paris, 1953)
    • D'un geste rapide, elle arracha les dentelles qui couvraient sa gorge. — (Michel Zévaco, Le Capitan, 1906, Arthème Fayard, collection « Le Livre populaire » no 31, 1907)
    • [...]. Une fois, à un clair de lune, Cosette se pencha pour ramasser quelque chose à terre, son corsage s'entrouvrit et laissa voir la naissance de sa gorge. — (Victor Hugo, Les Misérables, 1862)
    • Combien l’eussent préférée, par exemple, à Mme de la Vallée-Chourie, de dix ans plus jeune, qui était petite, avait la peau brune et n’avait presque pas plus de gorge qu’un garçon ? — (René Boylesve, La leçon d’amour dans un parc, Calmann-Lévy, 1920, collection Le Livre de Poche, page 20)
  9. Entrée, ouverture, orifice plus ou moins rétrécie de certaines choses.
    • La gorge d’une tabatière.
    • Arriver à la gorge d’un souterrain.
    • Les pots à fleurs seront marqués et contremarqués au corps ; la gorge ou collet et carré du pied seront marqués du poinçon du maître, — (Règlement du 30 décembre 1679)
    1. (Botanique) Entrée du tube d’une corolle, d’un calice ou d’un périgone.
    2. (Fortification) Entrée d’une fortification du côté de la place.
      • La gorge d’un bastion.
      • La gorge d’une redoute, l’entrée de la redoute du côté de celui qui l’a construite pour se défendre.
  10. Pièce mobile de certaines serrures, dont le déplacement sous l’effet d’un cran de la clé libère le déplacement du pêne.
    • […] on installa au lieu d’un simple verrou de sécurité, une porte pourvue d’une serrure à gorge, avec une clé branlante qu’il fallait tourner pour s’enfermer. — (Lionel Labosse, M&mnoux, Publibook, 2018, page 464)
  11. Étranglement, rétrécissement de certaines choses.
    1. Partie de l’éventail sur laquelle est attaché un clou rivé qui retient les brins.
    2. Espèce d’étranglement que l’on forme à l’orifice de la cartouche d’une fusée.
    3. Partie d’une cheminée qui s’étend depuis le chambranle jusqu'au couronnement du manteau.
    4. (Architecture) Partie la plus étroite des chapiteaux dorique et toscan qui se nomme aussi gorgerin et colerin.
    5. (Charpenterie) Gorge d’amaigrissement : Entaillement fait à angle aigu dans une pièce de charpente.
    6. (Mécanique) désengagement sur le pourtour d'une pièce cylindrique, souvent afin d'y loger un joint torique
  12. Passage étroit entre deux montagnes.
    • D’ordinaire, elle le menait dans la gorge tourmentée et sauvage d’un oued assez loin du douar. — (Isabelle Eberhardt, Yasmina, 1902)
    • Du temps de Lê Thái Tô (1385-1433), la princesse Liêu Hanh, fille de l’Empereur céleste, fut exilée des cieux et vint s’établir dans une gorge montagneuse dans la région de Ninh Binh (Nord) où elle bâtit une tour à trois étages. — (Le Courrier du Vietnam, Trang Quynh, le malin, lecourrier.vn, 11 octobre 2020)
  13. (Ornement) Moulure concave, cannelure, creux demi-circulaire.
    • La gorge d’une poulie : La cannelure qui règne sur la circonférence d’une poulie, et dans laquelle passe la corde.
  14. Échancrure au bassin à barbe, dans laquelle on met le cou pour se faire faire la barbe.
  15. Bâton de bois qu’on place au bas d’une carte de géographie, d’une estampe pour la maintenir tendue, et dans laquelle se loge la carte quand elle a été mise en cylindre sur son rouleau.
  16. Dans les environs de Paris, froment qui reste dans les gerbes après qu’on en a ôté la semence par un léger battage.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

GORGE. n. f.
Partie antérieure du cou. On le dit aussi en parlant des Animaux. Un chien qui prend un taureau à la gorge. Pigeon à grosse gorge. Couper la gorge à quelqu'un, L'égorger, le tuer. Se couper la gorge. Se couper la gorge l'un à l'autre, S'entre-tuer. Si vous n'allez pas apaiser la querelle, ils se couperont la gorge. Se couper la gorge avec quelqu'un, Se battre en duel avec lui. Il veut se couper la gorge avec son rival. Gorge-de-pigeon, Couleur composée et mélangée qui parait changer suivant les différents aspects du corps coloré, comme celle de la gorge des pigeons. Du taffetas gorge-de-pigeon. Une robe gorge-de-pigeon. Fig., Tendre la gorge, Livrer sa vie, sans résistance, à un assassin. Fig., Tenir quelqu'un à la gorge, Le réduire dans un état à ne pouvoir faire aucune résistance à ce qu'on veut de lui. Fig., Prendre quelqu'un à la gorge, Le contraindre avec violence à faire quelque chose. S'il n'a point d'argent pour vous payer, le prendrez-vous à la gorge? On dit, dans le même sens, Tenir le pied sur la gorge à quelqu'un; lui mettre, lui tenir le pistolet, le couteau, le poignard sur la gorge; et, dans un sens analogue, Avoir le poignard, le couteau sur la gorge, en parlant de la Personne qui est l'objet d'une violence. Il désigne spécialement le Cou et le sein d'une femme. Elle a la gorge belle. Elle a la gorge plate. Montrer, découvrir sa gorge. Cacher, couvrir sa gorge. Avoir la gorge découverte. Il désigne, par extension, la Partie supérieure de la chemise d'une femme. Il se prend aussi pour le Gosier. Avoir mal à la gorge. Avoir un mal de gorge. Il lui est resté une arête, un os dans la gorge. En termes de Musique vocale, Chanter de la gorge, se dit d'un Chanteur qui ne sait modifier sa voix qu'en resserrant la gorge avec effort. On dit, dans le même sens, Voix de la gorge. Rire à gorge déployée, crier à pleine gorge, Rire, crier de toute sa force. Il a menti par la gorge, se dit pour donner fortement un démenti à quelqu'un. Vous en avez menti par la gorge. Fig. et fam., Faire rentrer à quelqu'un les paroles dans la gorge, L'obliger à désavouer les propos offensants qu'il a tenus. Pop., Rendre gorge, Vomir après avoir trop bu ou trop mangé. Il signifie, figurément et familièrement, Restituer par force ce qu'on a pris, ce qu'on a acquis par des voies illicites. Cet intendant s'était scandaleusement enrichi : on lui a fait rendre gorge. En termes de Fauconnerie, Gorge chaude, La chair des animaux vivants que l'on donne aux oiseaux de proie. Fig. et fam., Faire des gorges chaudes, Faire des plaisanteries plus ou moins malveillantes sur quelqu'un ou quelque chose. L'accoutrement de cet original parut très ridicule : on en fit des gorges chaudes. Il désigne, par analogie, l'Entrée, l'ouverture, l'orifice de certaines choses. Arriver à la gorge d'un souterrain. Il se dit encore d'un Passage entre deux montagnes. Les gorges du Tarn, du Var. L'armée souffrit beaucoup en traversant les gorges étroites de ces montagnes. En termes d'Architecture, il signifie Moulure concave. La gorge d'une poulie, La cannelure, le creux demi-circulaire qui règne sur la circonférence d'une poulie. On dit de même La gorge d'une serrure.

GORGE se dit aussi d'un Bâton ou morceau de bois tourné auquel on attache les estampes, les cartes de géographie, etc., pour pouvoir les rouler.

Littré (1872-1877)

GORGE (gor-j') s. f.
  • 1La partie antérieure du cou. Il a la gorge enflée. Mettre, tenir le poignard, le pistolet sur la gorge de quelqu'un. Mettre, tenir le pied sur la gorge à quelqu'un, Dict. de l'Acad. Il semblait présenter sa gorge au coup mortel, Corneille, Hor. IV, 2. Seigneur, voyez ces yeux Déjà tout égarés, troubles et furieux… Cette gorge qui s'enfle, Corneille, Rodog. v, 4. Elle avait le poignard contre sa gorge nue, Rotrou, Herc. mour. IV, 4.

    Tendre la gorge au couteau, ou, simplement, tendre la gorge, présenter la gorge pour être égorgé. De festons odieux ma fille couronnée Tend la gorge aux couteaux par son père apprêtés, Racine, Iphig. V, 4.

    Fig. Tendre la gorge, ne plus faire de résistance, renoncer à une résistance inutile.

    Tenir quelqu'un à la gorge, lui serrer la gorge avec les mains.

    Se tenir à la gorge, se dit de deux hommes qui se sont saisis l'un l'autre à la gorge. Je remarque dans une chambre deux hommes en chemise qui se tiennent à la gorge et aux cheveux, Lesage, Diable boit. II, 3 (édit. de Paris, 1737).

    Fig. Tenir quelqu'un à la gorge, le réduire dans un état où il ne peut plus faire de résistance.

    Fig. En un autre sens, accabler, tourmenter. Malgré la vue de toutes nos misères qui nous touchent, qui nous tiennent à la gorge, Pascal, Grandeur, 7, édit. de FAUGÈRE.

    Fig. Prendre quelqu'un à la gorge, lui faire violence, le presser sans relâche. Hélas ! c'est ce lutin-là qui me prend à la gorge ; elle veut que je l'aime, Marivaux, Surpr. de l'amour, II, 4.

    Fig. Tenir le pied sur la gorge à quelqu'un, lui mettre, lui tenir le pistolet, le poignard, le couteau sur la gorge, lui porter un poignard à la gorge, lui faire violence. J'ai été extrêmement étonné quand j'ai reconnu son écriture… je ne crois pas pourtant qu'elle ait fait cela de sa volonté ; et il faut que vous lui ayez fait écrire le poignard sur la gorge, Voiture, Lett. 57. Mais dis-moi, te portais-je à la gorge un poignard ? Corneille, Ment. V, 3. Il me tient, le scélérat, le poignard sur la gorge, Molière, l'Avare, II, 1.

    Par plaisanterie, la bourse sur la gorge, en offrant de l'argent. Marton, monsieur, Marton, la bourse sur la gorge A voulu me séduire et surprendre ma foi, Boissy, Sage étourdi, III, 5.

    Fig. Avoir le poignard, le couteau sur la gorge, se dit de la personne qui est l'objet d'une violence.

    Couper la gorge à quelqu'un, le tuer, l'égorger. Des voleurs lui coupèrent la gorge.

    Fig. Couper la gorge à quelqu'un, le ruiner, faire avorter ses desseins, lui faire le plus grand tort. Couper ainsi la gorge à cette petite créature, Sévigné, 44.

    Il se dit aussi de ce qui ruine, perd, fait tort. Elle n'ose aller à Saint-Germain ; il ne peut parler à M. Colbert : cela nous coupe la gorge, Sévigné, 128. Il ne viendra rien d'ici qui vous coupe la gorge, Sévigné, 176.

    Cet argument, cette pièce lui coupe la gorge, lui ôte tout moyen de se défendre, de soutenir ses prétentions.

    On dit dans le même sens : Vous vous coupez la gorge par cette pièce.

    Fig. Couper la gorge à quelqu'un, lui gagner tout son argent au jeu. Tandis qu'il couperait la gorge au pauvre Cameran, Hamilton, Gramm. 3.

    Se couper la gorge, se donner la mort en s'ouvrant la gorge.

    Se couper la gorge l'un l'autre, s'entre-tuer.

    Se couper la gorge avec quelqu'un, se battre avec lui. Il faut, si vous le trouvez bon, que nous nous coupions la gorge ensemble, Molière, Mar. forcé, 16. Je suis votre valet, je n'ai point de gorge à me couper, Molière, ib. Ah ! la belle amitié ! je disais comme le maréchal de Grammont : si je vous faisais embrasser, messieurs, je ne vois rien qui vous empêchât de vous couper la gorge, Sévigné, 461. …De m'accorder le plaisir et l'honneur De me couper la gorge avec vous…, Destouches, Glor. III, 7.

    Il en a menti par sa gorge, il en a audacieusement menti ; locution prise des combats judiciaires du moyen âge. Et Dieu sait cependant s'ils mentent par la gorge, Régnier, Sat. VI. Vous avez menti par la gorge et, toutes les fois que le direz, mentirez, Voltaire, Mœurs, 124.

    Cet homme est chatouilleux de la gorge, s'est dit d'un fripon exposé à être pendu.

  • 2Gorge se dit aussi des animaux. Le dogue prit le loup à la gorge. Pigeon à grosse gorge. Ce moineau est mâle, il a la gorge noire.

    Fig. C'est un franc mâle, il a la gorge noire, signifie : c'est un bon compagnon.

  • 3Le dedans de la gorge, gosier. Mal de gorge. L'entrée de la gorge. Se mettre les doigts dans la gorge. Un dragon enivré des plus mortels poisons… Vomissant mille traits de sa gorge enflammée, Corneille, Médée, II, 2. Haro ! la gorge m'ard, Tôt ! tôt, dit-il, que l'on m'apporte à boire, La Fontaine, Paysan. Il se plaint toujours beaucoup de ses vapeurs, et je crois bien qu'il espère se soulager par quelque dispute de longue haleine ; mais je ne suis guère en état de lui donner contentement, me trouvant toujours assez incommodé de ma gorge dès que j'ai parlé un peu de suite, Racine, Lett. à Boileau, 25 juillet 1687.

    Arroser la gorge, boire.

    On dit qu'un ris ne passe pas le nœud de la gorge, quand il est contraint, forcé.

    Rire, crier à gorge déployée, à pleine gorge, rire, crier de toute sa force. Tantôt nous en riions à gorge déployée, tantôt nous en pleurions à chaudes larmes, Diderot, Salon de 1765, Œuv. t. XIII, 282, dans POUGENS.

    Par opposition à gorge déployée. Mme de Lavardin riait sous gorge, Sévigné, 384.

    À pleine gorge, en remplissant la gorge. Il sent l'eau-de-vie à pleine gorge.

    Fig. Je ne doute pas que, quand vous lirez cette lettre à la belle Madelonne, elle ne se récrie que cela sent le P. Rapin et le P. Bouhours à pleine gorge, Bussy-Rabutin, Lett. à Mme de Sév. 14 mai 1677.

    Fig. Faire rentrer à quelqu'un les paroles dans la gorge, l'obliger à rétracter ce qu'il a dit.

    Terme de musique vocale. Chanter de la gorge, chanter en resserrant la gorge avec effort. On les exerce à la légèreté, et non à forcer le son, ou à le donner de la gorge, défaut de presque toutes les chanteuses françaises, Genlis, Adèle et Théod. t. III, lett. 14, p. 98, dans POUGENS.

    On dit dans le même sens : voix de la gorge.

  • 4 Terme de chasse. On dit qu'un chien a belle gorge, quand il a la voix grosse et forte.
  • 5 Terme de fauconnerie. Gorge, le sachet supérieur de l'oiseau, qui se nomme vulgairement poche.

    Par métonymie, ce qui entre dans la gorge de l'oiseau, l'aliment qu'on lui donne.

    Enduire la gorge, se dit de l'oiseau qui digère trop vite les aliments.

    Donner bonne gorge, repaître généreusement un oiseau.

    Donner grosse gorge à un oiseau, lui donner une nourriture qui n'est pas détrempée dans l'eau.

    Gorge chaude, la chair des animaux vivants que l'on donne aux oiseaux de proie.

    Par extension. Mettez les hommes chacun à part soi, que sera-ce qu'une gorge chaude au reste des animaux, et un peu de sang, qu'ils auront plus tôt épandu que désiré ? Malherbe, le Traité des bienf. de Sénèque, IV, 18. Notre bonne commère S'efforce de tirer son hôte au fond de l'eau, Contre le droit des gens, contre la foi jurée, Prétend qu'elle en fera gorge chaude et curée, La Fontaine, Fabl. IV, 11.

    Fig. et familièrement. Faire gorge chaude de quelque chose, se l'approprier (emploi qui a vieilli). Il comptait avoir cette succession, et en faire une gorge chaude, une bonne gorge chaude.

    Fig. Faire des gorges chaudes, une gorge chaude de quelqu'un, ou de quelque chose, faire des plaisanteries, exercer sa malignité. Le duc de St-Aignan trouva l'aventure si plaisante qu'il en fit une gorge chaude au lever du roi, Saint-Simon, 95, 3. Le soir le duc du Maine fit chez lui une gorge chaude fort plaisante de Fagon avec le Brun, Saint-Simon, 405, 53.

    Voler sur sa gorge, se dit de l'oiseau qui vole après le gibier, aussitôt après s'être repu ; et fig. d'une personne qui danse aussitôt après être sortie de table.

    Rendre gorge, se dit de l'oiseau qui rend la viande qu'il a avalée.

    Par extension, rendre gorge, rendre ou vider sa gorge, vomir après un excès.

    Fig. Rendre gorge, restituer par force ce qu'on a pris ou acquis par des voies illicites. Ah ! sandis, messieurs les coquins, vous rendrez gorge, Dancourt, Déroute du Pharaon, sc. 26.

    Faire rendre gorge à quelqu'un, l'obliger à restituer ce qu'il a pris.

  • 6Le sein d'une femme. Elle a une belle gorge, la gorge plate, trop de gorge. Sa gorge est blanche, pleine, et l'on ne saurait voir Dans toute la nature une gorge plus belle, Deshoulières, Portr. de Mlle de Villène. Des faiseurs de stances et d'élégies amoureuses, de ces beaux esprits qui tournent un sonnet sur une absence ou sur un retour, qui font une épigramme sur une belle gorge, un madrigal sur une jouissance, La Bruyère, Disc. à l'Acad. fr. Préface. Elle étale une gorge d'albâtre qui est la chose du monde la plus dégoûtante et qu'on ne connaît presque point dans nos climats, Voltaire, Princ. de Babyl. 11. Le prophète Isaïe se plaignait il y a déjà longtemps que les filles d'Israël allaient tête levée et la gorge nue, Diderot, Opin. des anc. philos. (Juifs).

    La gorge, la partie supérieure de la chemise d'une femme.

  • 7Entrée, ouverture plus ou moins rétrécie de certaines choses. La gorge d'une tabatière. Les pots à fleurs seront marqués et contremarqués au corps ; la gorge ou collet et carré du pied seront marqués du poinçon du maître, Règl. du 30 déc. 1679.

    La gorge d'une poulie, la cannelure qui règne sur la circonférence d'une poulie, et dans laquelle passe la corde.

    Partie de l'éventail sur laquelle est attaché un clou rivé qui retient les brins.

    Espèce d'étranglement que l'on forme à l'orifice de la cartouche d'une fusée.

    La gorge d'une cheminée, la partie qui s'étend depuis le chambranle jusqu'au couronnement du manteau.

    En termes d'architecture, la gorge des chapiteaux dorique et toscan en est la partie la plus étroite qui se nomme aussi gorgerin et colerin.

    Terme de charpenterie. Gorge d'amaigrissement, entaillement fait à angle aigu dans une pièce de charpente.

    Terme de botanique. L'entrée du tube d'une corolle, d'un calice ou d'un périgone.

  • 8Passage étroit entre deux montagnes. Les peuples qui demeurent dans les cavernes, dans les îles, dans les marais, dans les gorges de montagnes, dans les rochers, conservent leur liberté comme les Suisses, les Grisons, les Vénitiens, les Génois, Voltaire, Dial. 24. De la plupart des lacs sortent des torrents qui, avec le temps, ont creusé des gorges d'une profondeur effrayante, Raynal, Hist. phil. VII, 25. Et des monts du Frioul, des gorges du Tyrol, L'aigle rapide a déjà pris son vol, Delille, Convers. ch. I. Nous descendîmes ensuite dans une gorge de vallon, Chateaubriand, Itin. 1re part.
  • 9 Terme de fortification. Entrée d'une fortification du côté de la place. La gorge d'un bastion.

    La gorge d'une redoute, l'entrée de la redoute du côté de celui qui l'a construite pour se défendre. Le roi [Murat] lui montre le nouveau flanc de l'ennemi : il faut l'enfoncer jusqu'à la hauteur de la gorge de leur grande batterie [des Russes] ; là, pendant que la cavalerie légère poussera son avantage, lui, Caulaincourt, tournera subitement à gauche avec ses cuirassiers, pour prendre à dos cette terrible redoute, Ségur, Hist. de Nap. VII, 11.

    Demi-gorge, ligne qui va de l'angle de la courtine au centre du bastion.

  • 10Échancrure au bassin à barbe, dans laquelle on met le cou pour se faire faire la barbe.
  • 11 En termes d'architecture, une moulure concave.
  • 12Pièce de bois en forme de gorge, qu'on place au bas d'une carte de géographie pour la maintenir tendue, et dans laquelle se loge la carte quand elle a été mise en cylindre sur son rouleau.
  • 13Nom qu'on donne, dans les environs de Paris, au froment qui reste dans les gerbes après qu'on en a ôté la semence par un léger battage.
  • 14Nom de différents oiseaux. Gorge blanche, sylvie grisette et mésange nonnette.

    Gorge bleue, la motacille suédoise de Gmelin et la fauvette gorge bleue de certains auteurs.

    Grosse gorge, le combattant, oiseau.

    Gorge jaune, le figuier ou fauvette trichas.

    Gorge noire, le rossignol des murailles.

    Gorge une, espèce de perdrix.

    Rouge gorge, voy ROUGE-GORGE.

  • 15 Terme de manége. Gorge de pigeon, espèce d'embouchure pour le cheval.

REMARQUE

Selon Ménage : " Il faut dire : On lui a fait écrire cela le poignard à la gorge et non pas le poignard sur la gorge comme dit Voiture dans ses lettres. " L'usage a donné raison à Voiture. Il est de fait que sur n'a rien de fautif.

HISTORIQUE

XIIe s. Del gros del poing li a tele donée, à pou la gorge ne lui a effondrée, Bat. d'Aleschans, V. 6830.

XIIIe s. Nois [neige] qui par iver s'apure Est, envers sa gorge [d'une dame], oscure à remirer, Bruneau de Tours, p. 10.

XIVe s. Vers lui s'adresce touz iriez, Si avoit haucié le pié destre, Dessus la gorge li volt metre Qui miex l'en cuidoit mestroier, Ren. 5098. Et cil par la gorge l'aert, à deus poins l'estraint, si l'estrangle, la Rose, 12568. Et ausi puent à Dieu les gorges où traïson est et mençonge, Psautier, f. 10. Li essaucement de Dieu sunt en leur gorges [des fidèles], ib. f° 179.

XVe s. Et furent ceux de la garnison d'Ardembourch plus soigneux de garder leur ville… et honorerent grandement entre eux les quatre dessus dits ; car, si ils n'eussent esté, d'Ardembourch estoit perdue, et ils avoient tous les gorges coupées, Froissart, II, III, 229. Or convient un large colet Es robes de nouvelle forge, Par quoy les tettins et la gorge, Par la façon des entrepans, Puissent estre plus apparans, Deschamps, Miroir de mariage, p. 27. Et alors le duc ayant en gorge tousjours les mots de l'autre avocat passé, Chastelain, Chron. des ducs de Bourg. III, 32. Et si luy escript qu'il luy feroit gehir [avouer] de sa gorge la desloyauté qu'il avoit fait, Fenin, 1424. C'est un morcel fort amer, Car il me tient fort en gorge, Resurrect. de N. S. J. C. Incontinent que l'autre ouyt Ce bruit, il me print à la gorge, Villon, Monol. du franc archer de Bagnolet.

XVIe s. Bren, ma plume, n'en parlez plus… Vous me feriez rendre ma gorge, Marot, III, 46. Elle a tres bien ceste gorge d'albastre, Ce doux parler, ce cler tainct, ces beaux yeux, Marot, III, 78. … S'ils le nient, leur impieté sera desja assez conveincue ; en confessant ils se couperont la gorge, Calvin, Instit. 93. Les maulx qui me tiennent à cette heure à la gorge, Montaigne, III, 205. … Que luy mesme avec ses propres voix logeoit le tyran dedans la forteresse, qui luy mettroit un jour le pied sur la gorge, Amyot, C. d'Utiq. 45. Il y eut des meschans qui coupperent la gorge à ceulx qu'ils sçavoient avoir de l'or et de l'argent, Amyot, Anton. 62. Il se prit à japper à pleine gorge, Amyot, Aratus, 9. Crier à gorge rompue, Despériers, Contes, LXXI. J'ai fait une gorge chaude d'une couple de perdrix, Despériers, ib. LXXIV. Je dis, madame, que Monsieur que voilà a bien estudié ; mais de payer ses estudes de nos gorges [de notre vie], nous n'en pouvons pas comprendre la raison, D'Aubigné, Hist. II. 337. Les bandes espagnolles qui tenoient le pied sur la gorge au païs, se r'alierent, D'Aubigné, ib. II, 385. Je luy appris à rire du coin des dents, à parler de la gorge, à peigner ses cheveux, au moins aux pauses des discours, D'Aubigné, Conf. II, 1.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

GORGE.
1Ajoutez :

Fig. Sauter à la gorge, se dit de quelque chose qui presse et inquiète. L'embarras de choisir un autre général sautait à la gorge, Saint-Simon, t. VIII, p. 343, éd. Chéruel.

REMARQUE

Ajoutez :

2. Il était inacceptable que les citoyens fussent appelés devant des espèces de confesseurs financiers, et que, le pistolet sur la gorge, ils fussent contraints de choisir entre leur intérêt et leur devoir, Journ. offic. 4 janv. 1872, p. 38. On disait naturellement le poignard sur ou sous la gorge ; si on remplace poignard par pistolet, comme cela se fait souvent, la locution devient absurde : on égorge avec le poignard, mais non avec le pistolet.

Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

Étymologie de « gorge »

Du latin gurges (« gouffre ») d’où le sens de « passage étroit entre deux montagnes » (gorges du Tarn). Anatomiquement, la gorge ayant été comparée à une ouverture béante.
Comparez avec le sanscrit gargara (« tourbillon »), à partir du radical *gar (« avaler »), avec gargariser, gargarisme issu du grec ancien, avec carcan issu du germanique, et Gurgel en allemand ou hrdlo en tchèque. L’ancien français avait gargate dont est dérivé gargouille, gargouiller et Gargantua.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Provenç. gorga, gorja ; portug. gorja ; ital. gorga, gorgia ; du latin gurges. gouffre ; la gorge ayant été comparée à une ouverture béante. Comp. le sanscr. gargara, tourbillon, radical gar, avaler.

Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

Phonétique du mot « gorge »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
gorge gɔrʒ

Fréquence d'apparition du mot « gorge » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « gorge »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « gorge »

  • Un honnête homme ne saute à la gorge d'un autre qu'en cas de nécessité urgente.
    Alexandre Soukhovo-Kobyline — L'affaire
  • Quand l'épée est dans votre gorge, que se passe-t-il en cas de hoquet ?
    Woody Allen
  • A la première défaillance de gratitude, le bienfaiteur sent tout ses bienfaits lui remonter à la gorge.
    Jean Rostand — De la vanité
  • Trois choses sont impossibles d'acquérir : le don de la poésie, la générosité, un rossignol dans la gorge.
    Proverbe irlandais
  • Des imprudentes ont même envoyé paître leur soutien-gorge, en oubliant que les seins aussi obéissent à la pesanteur.
    Paul Guth — Lettres à votre fils qui en a ras-le-bol
  • Les pauvres gens ne soupçonnent jamais le diable, quand même il les tiendrait à la gorge.
    Johann Wolfgang von Goethe — Faust
  • Ce n'est pas en ouvrant la gorge d'un rossignol que l'on découvrira le secret de son chant.
    Marcel Pagnol
  • Un forcené qui menaçait de se trancher la gorge au cutter maîtrisé au Lavandou
    Var-Matin — Un forcené qui menaçait de se trancher la gorge au cutter maîtrisé au Lavandou - Var-Matin
  • A quoi peut tenir la vertu d'une femme ? Un soutien-gorge sale !
    Henri Calet — Peau d'ours
  • On croit que tout est fini, mais alors il y a toujours un rouge-gorge qui se met à chanter.
    Paul Claudel
Voir toutes les citations du mot « gorge » →

Traductions du mot « gorge »

Langue Traduction
Anglais throat
Espagnol garganta
Italien gola
Allemand kehle
Chinois
Arabe حلق
Portugais garganta
Russe горло
Japonais
Basque eztarria
Corse gola
Source : Google Translate API

Synonymes de « gorge »

Source : synonymes de gorge sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « gorge »

Combien de points fait le mot gorge au Scrabble ?

Nombre de points du mot gorge au scrabble : 7 points

Gorge

Retour au sommaire ➦