La langue française

Accueil > Dictionnaire > Définitions du mot « avaler »

Avaler

Définitions de « avaler »

Trésor de la Langue Française informatisé

AVALER1, verbe trans.

A.− Vx et techn.
1. Descendre, abaisser. Avaler une pièce de vin dans une cave (cf. avalé II A).
MODES. Avaler la ficelle. ,,Chez les chapeliers, avaler la ficelle, la faire descendre du haut de la forme jusqu'en bas`` (Nouv. Lar. ill.).
Emploi pronom. :
1. Louis tire à la fois avec les deux pistolets. Les deux coups ratent. Turelure reste un moment immobile et les yeux révulsés. Puis la mâchoire s'avale et il s'affaisse sur un bras du fauteuil. Claudel, Le Pain dur,1918, II, 3, p. 455.
Emploi intrans., absol. Suivre le courant de la rivière. Le bateau avale, ce bateau va en avalant (Ac. 1932) :
2. Comme le poisson dans l'eau vive qui avale et remonte à contre-courant, Celui qui est attaché à Vous remonte au rebours du temps. Claudel, La Messe là-bas,1919, p. 487.
2. Divers domaines techn.Enlever en faisant tomber, ôter. HORTIC. Avaler une branche. La faire tomber en la coupant près du tronc. SP. (alpinisme). Avaler la corde. L'enlever, ,,la tirer à soi pour ne pas la laisser traîner`` (Gautrat 1970). VÉN. Avaler la botte au limier. Lui enlever son collier pour qu'il chasse en liberté.
B.− Usuel. Faire descendre par le gosier :
3. On disait à Louis XV qu'un de ses gardes, qu'on lui nommait, allait mourir sur-le-champ, pour avoir fait la mauvaise plaisanterie d'avaler un écu de six livres. Chamfort, Caractères et anecdotes,1794, p. 132.
4. À peine avait-il commencé à faire le mouvement de tête et d'épaules de quelqu'un qui s'esclaffe qu'aussitôt il se mettait à tousser comme si, en riant trop fort, il avait avalé la fumée de sa pipe. Proust, Du côté de chez Swann,1913, p. 262.
5. D'un mouvement d'épaules, Pierre-Côme Provençal ramassa son corps énorme comme pour mieux se retirer en soi. Mortellement offensé, d'une puissante déglutition il avala sa salive, refoulant en même temps les paroles irrévocables, capables de tuer leur amitié ancienne et aussi de ruiner sa carrière de maire. G. Guèvremont, Le Survenant,1945, p. 272.
SYNT. Avaler d'un trait, de travers; avaler une bouchée, une gorgée, une lampée; avaler à la hâte, à contre-cœur; avaler avec application, avidité, difficulté.
Absolument :
6. Les bouches s'ouvraient et se fermaient sans cesse, avalaient, mastiquaient, engloutissaient férocement. Maupassant, Contes et nouvelles,t. 2, Boule de suif, 1880, p. 126.
Fam. Ne faire que tordre et avaler. Manger très vite, à la hâte.
P. métaph. :
7. La cathédrale avalait toujours, la nef s'emplissait lentement... Zola, Le Rêve,1888, p. 124.
Emploi pronom. (passif) :
8. Ils [les canetons] mangent des herbes mélangées de farine, puis des grains; cela dans leur jeune âge. Grands, ils dévorent tout ce qui peut s'avaler. Les loches d'eau sont leur régal. Pesquidoux, Chez nous,1921, p. 252.
C.− P. métaph. ou au fig., gén. fam.
1. [Le suj. désigne une pers.; effets de sens variés suiv. le sens de l'obj.] Prendre ou faire quelque chose avec une avidité excessive. Avaler la mer et ses poissons. Être assoiffé. Avaler un livre. Le lire très vite. Avaler ses mots. Mal prononcer. Avaler des yeux. Regarder intensément. Avaler le monde. Vouloir tout connaître. Avaler son parapluie. Être guindé. Avaler sa langue. Se taire. Avaler sa colère, ses réflexions. Les garder pour soi.
2. [Le suj. désigne une chose] Faire disparaître comme en engloutissant :
9. Mais vous excuserez de pauvres vignerons qui n'ont jamais le sou. Les impôts nous avalent tout. Balzac, Eugénie Grandet,1834, p. 67.
Avaler la route. Rouler à vive allure, très vite :
10. Il n'y a pas plus de sécurité dans ces entreprises que dans une auto qui avale la route. Alain, Propos,1931, p. 1034.
Emploi pronom., fam. [Le suj. désigne une pers.] S'avaler le nez (l'un à l'autre). Se menacer, se disputer.
3. Accepter, endurer avec résignation :
11. Avalant les affronts, gobant les camouflets et collectionnant les avanies, il [Meyer] se venge comme il peut... L. Daudet, Salons et journaux,1917, p. 149.
12. C'était un peu dur à avaler, n'est-ce pas, pour un homme de gauche, toute cette politique militaire de Poincaré... Aragon, Les Beaux quartiers,1936, p. 199.
Loc. usuelles. Avaler des couleuvres ou un crapaud. Subir un mauvais sort sans se plaindre. Avaler le calice, le morceau, la pilule. Se soumettre à une épreuve désagréable. Avaler un bouillon. Subir un échec.
Emploi factitif. [Avec un obj. second, désignant une pers.] Faire avaler qqc. à qqn. Le lui faire croire.
4. Arg. Avaler le disque, le luron ou le sapeur. Communier. Avaler son poussin. Être renvoyé, congédié. Avaler son absinthe. Endurer une épreuve très désagréable. Avaler son extrait, son bulletin ou son acte de naissance, avaler sa fourchette ou sa cuillère, avaler sa langue, sa chique, sa gaffe, le goujon. Mourir. [En parlant d'une femme] Avaler le pépin. Être enceinte.
PRONONC. − 1. Forme phon. : [avale], j'avale [ʒaval]. 2. Homon. : aval2et avale (j', il), avales (tu), avalent (ils). Enq. : /aval/ (il) avale.
ÉTYMOL. ET HIST. A.− 1. Ca 1100 « descendre » (Roland, 1037, Müller ds Gdf. : Cum il ainz pout del pui est avalez) − xvies. ds Hug.; spéc. navigation fluviale 1172-75 pronom. « descendre selon le cours de l'eau » (Chr. de Troyes, Chevalier Charrette, éd. W. Fœrster, 848 ds T.-L.), ,,vieilli`` ds Ac. 1835; 1415 adj. avalens « qui descend la rivière » (Ordonn. de Charles VI, art. 550-5 ds Jal1); 1672 subst. masc. avalant « qui suit le cours de l'eau » (Savary des Bruslons d'apr. FEW s.v. vallis); av. 1701 subst. masc. avalant « bateau qui suit le cours de l'eau » (Fur.); 2. a) 1172-75 trans. « faire descendre, abaisser » (Chr. de Troyes, Chevalier Lion, éd. W. Fœrster, 3787 ds T.-L. : Et vaslet saillent jusqu'a set Qui li ont le pont avalé), qualifié de ,,bas et pop.`` dep. 1694, Ac., ,,vieilli`` ds Lar. 19e; b) spéc. 1723 technol. (chapellerie) avaler la ficelle (Savary des Bruslons, Dict. universel de commerce); 1778 vén. avaler la botte au limier « la lui enlever pour le laisser chasser librement » (Le Verrier de La Conterie, Vénerie normande d'apr. FEW s.v. vallis); 1838 (Ac. Compl. 1842); d'où 3. a) xiies. « abattre, faire tomber par un coup » (Moniage Guillaume, éd. W. Cloetta, S.A.T., Paris, 1906, d'apr. FEW s.v. vallis); av. 1520 (Seyssel, trad. d'Appien, Guerres civiles, II, 9 ds Hug. : Lors vindrent à luy deux des ennemys... desquelz il en tua un, et à l'autre avala une espaule); qualifié de ,,bas`` 1718, Ac., ,,ancien`` 1845, Besch.; b) 1690 spéc. hortic. (Fur.); 4. xives. part. passé adjectivé « tombant, pendant » (Modus, foXIV, rods Littré : Le cerf doit avoir le ventre bien avalé); 1680 pronom. (Rich.); 5. 1783 trans. spéc. mines « creuser » (J. Blavier, Mém. s. l'admin. des mines d'Anzin ds Quem. : Jamais on n'avale de fosse sans consulter auparavant en quel endroit elle pourra mieux produire ce double effet [d'extraction et d'aérage]). B.− 1. Fin xiies. « faire descendre par le gosier » (Renaut de Montauban, éd. H. Michelant, 378, 16 ds T.-L. : Soupes fist de noir pain que a dolor avale); 2. xves. « accepter, supporter, se soumettre à » (Les erreurs du jugement, 760, éd. A. Piaget, La belle dame sans mercy et ses imitations, ds Romania, t. 33, p. 195 : Helas! l'en eust bien tost deffait L'ouvraige que dame Nature Avoit en celle la parfait ... Et tout pour ung meschant ordure Qui ne valloit pas le parler, Dont par ce moien la blessure Estoit plus dure a avaller), d'où de nombreuses expr. souvent familières; 1835 fam. « faire croire » (Ac.); v. aussi Besch. 1845, Lar. 19e. Dér. de aval1*, dés. -er.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 1 307. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 156, b) 2 183; xxes. : a) 2 565, b) 1 859.
BBG. − Ac. Gastr. 1962. − Baudr. Chasses 1834. − Bruant 1901. − Canada 1930. − Darm. Vie 1932, p. 132, 158. − Duch. 1967, § 45, 50. − Dupin-Lab. 1846. − Éd. 1967. − Esnault (G.). Avaler sa gaffe. Vie Lang. 1955, pp. 307-310. − Foulet (L.). Avaler et descendre. In : [Mél. Ford (J.D.M.)] Cambridge (Mass.), 1948, pp. 25-52. − France 1907. − France Suppl. 1907. − Gautrat 1970. − Gottsch. Redens. 1930, passim.Goug. Mots t. 1 1962, p. 59. − Jal 1848. − Larch. 1880. − Larch. Suppl. 1880. − Lar. méd. 1970. − La Rue 1954. − Le Breton 1960. − Le Roux 1752. − Littré-Robin 1865. − Macr. 1883. − Marcel 1938. − Michel 1856. − Marshall (F. W.). Les Poésies de Blondel de Nesle. Une ét. du lex. d'après l'examen des mss, p. 38 (Thèse Univ. Paris, 1958.). − Plais.-Caill. 1958. − Sandry-Carr. 1963.

AVALER2, verbe trans.

DR. COMM., vx, inus. Donner un aval de garantie (cf. aval2). Avaler un billet à ordre, une lettre de change. Synon. cour. avaliser*.
PRONONC. ET ORTH. − Cf. avaliser.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1690 fin. (Fur. : Avaler [...] c'est Répondre d'un billet, ou d'une lettre de change, qu'on negotie, et qu'on certifie bon et exigible), rare; qualifié de ,,vieilli`` par DG; v. aussi avaliser. Dér. de aval2* : dés. -er.

Article lié : Avaler des couleuvres : définition et origine de l’expression

Wiktionnaire

Verbe - français

avaler \a.va.le\ transitif 1er groupe (voir la conjugaison) (pronominal : s’avaler)

  1. Faire descendre par le gosier dans l’estomac.
    • Il avalait sa soupe à grand bruit.
    • Je n’ai plus faim, je ne peux plus rien avaler.
    • Le médecin pense que tu as dû avaler un os.
  2. Manger ou boire rapidement ; manger sans mâcher ou en mâchant à peine.
    • Le soir, au lieu du cous-cous traditionnel, Mohammed me sert un tâjin de lièvre que j'arrose d'une double ration de thé pour me dédommager de l'affreux breuvage que j'ai dû avaler hier. — (Frédéric Weisgerber, Trois mois de campagne au Maroc : étude géographique de la région parcourue, Paris : Ernest Leroux, 1904, page 121)
    • « […]... Ah ! c'était le bon temps ! » Là-dessus, il avalait son godet et repartait encore au plus profond de son monde, au plus profond de son délire. — (Daniel Hébrard, Des Hommes forts, éd. Julliard, 2014)
    • L’après-midi touche à sa fin et elle est sur le pont depuis le petit ­matin sans avoir eu le temps de rien avaler. — (Marie-Laure Théodule, Mirjana Povic, astrophysicienne et militante auprès des Africaines, Le Monde. Mis en ligne le 3 février 2019)
  3. (Figuré) Absorber (en parlant d'un territoire).
    • La France avait avalé l'Espagne et par ricochet était redevenue propriétaire de la Louisiane. — (Argument, volume xxi, n° 1, automne-hiver 2018-2019, page 136)
  4. (Figuré) Anéantir en étant plus fort (en parlant d'un bruit).
    • [...] ses cris diminuaient avec la distance. Le bruit du moteur les avala. — (Yann Moix, Reims, Grasset, 2021, p. 156)
  5. (Figuré) Parcourir des lieux, absorber rapidement.
    • Là, elle avale les connaissances sans difficulté et choisit de se spécialiser en psychiatrie. — (Victoire Achard, Fatoumata Ba, la Sénégalaise qui perce les secrets du sommeil, Le Monde. Mis en ligne le 21 novembre 2019)
    • Ils avalèrent toutes les galeries du musée en une matinée.
    • Nous avons avalé rapidement le Sébasto. Depuis qu'ils ont enlevé les Halles, on roule plus vite. — (Jean-Patrick Manchette, Morgue pleine, 1973, Chapitre 6, Réédition Quarto Gallimard, page 487)
  6. (Figuré) (Familier) Croire.
    • Il utilise cette actualité en espérant me faire avaler son histoire, mais je continue à ne pas y croire. Il doit s'imaginer que je suis dans la police depuis deux mois. Il me prend pour un lapin de six semaines! — (Sihem Souid, La suspendue de la République, Éditions du Cherche-Midi, 2012, chap. 7)
    • C’était toujours le plus difficile quand on mythonnait – trouver jusqu’où une personne était prête à avaler le mensonge. — (Andrea Speed, Les Infectés, tome 1, traduit de l’anglais par Cassie Black, Éditions Reines-Beaux, 2016, chapitre 4)
  7. (Figuré) (Familier) Accepter, supporter.
    • Depuis la fin de la semaine dernière, le gouvernement distille les concessions qu’il est prêt à accorder aux syndicats pour leur faire avaler l’essentiel de sa réforme du Code du travail. — (Alain Guédé, Régime sec sur ordonnances, Le Canard Enchaîné, 30 août 2017, page 3)
    • Beaucoup avaient déjà eu du mal à avaler la décision de racheter Monsanto, vu l’image qu’ils en ont. Mais là, la situation n’est pas tenable à long terme. — (Cécile Boutelet, Bayer, dans l’enfer du mariage avec Monsanto, Le Monde. Mis en ligne le 2 novembre 2018)
  8. (Désuet) (Familier) Abaisser, faire descendre.
    • Avaler du vin dans la cave.
  9. (Vieilli) (Jardinage) Couper près du tronc.
    • Avaler une branche.
  10. (Intransitif) Suivre le courant de la rivière, vers l’aval.
    • Ce bateau avale.
    • Ce bateau va en avalant.
  11. (Pronominal) (Intransitif) (Vieilli) Pendre, descendre trop bas.
    • Le ventre de cette jument s’avale.
  12. (Banque) Pour un distributeur, ne pas restituer une carte magnétique ou à puce, tout particulièrement une carte bancaire.
    • Je ne savais plus mon code et j’ai essayé trois fois de le taper, puis l’automate a avalé ma carte.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

AVALER. v. tr.
Faire descendre par le gosier dans l'estomac. Avaler un bouillon. Avaler un œuf. Il avale les morceaux sans mâcher. Il ne peut plus rien avaler. Il n'avale qu'avec peine. Avaler une arête, un os. Fam., Ne faire que tordre et avaler, Manger trop rapidement et avaler presque sans mâcher. Fam. et par exagération, Il avalerait la mer et les poissons, se dit d'un Homme qui a une grande soif ou qui a un appétit insatiable; et quelquefois, au figuré, d'un Homme extrêmement avide de richesses. Fig., Avaler le calice, avaler le morceau, Se soumettre à quelque chose de fâcheux, malgré la répugnance qu'on y peut avoir. Fig., Avaler des couleuvres, Subir des dégoûts, des chagrins, des mortifications qu'on est obligé de dissimuler, dont on n'ose se plaindre. Fig. et pop., On lui fera avaler cela, On lui fera croire cela, ou On lui fera endurer cela. On lui en fera avaler bien d'autres. Il signifiait, d'une façon plus générale, Abaisser, faire descendre. Avaler du vin dans la cave. En ce sens il est populaire. En termes de Jardinage, Avaler une branche, La couper près du tronc. Il est aussi intransitif avec le sens de Suivre le courant de la rivière. Ce bateau avale, ce bateau va en avalant.

S'AVALER signifie Pendre, descendre trop bas. Le ventre de cette jument s'avale. Le participe passé

AVALÉ, ÉE, est aussi adjectif et signifie Qui pend un peu. Avoir les joues avalées, les épaules avalées. Cette chienne mettra bas bientôt, elle a le ventre fort avalé. Ce chien courant a les oreilles bien avalées.

Littré (1872-1877)

AVALER (a-va-lé) v. a.
  • 1Abaisser, faire descendre, mettre en bas. Vieux dans ce sens. Avaler du vin dans la cave. Quand autour du roi quelqu'un avalait son chaperon, les plus près du roi lui faisaient place, c'était une marque qu'il voulait parler au roi, Saint-Simon, 73, 198.

    En termes de jardinage, avaler une branche, la couper près du tronc.

    Terme de chapelier. Avaler la ficelle, la faire descendre du haut de la forme jusqu'en bas.

    Terme de chasse. Avaler la botte au limier, la lui ôter pour le laisser chasser en liberté.

    Terme de métallurgie. Dans l'affinage, exposer la masse devant la tuyère et achever d'en chasser les matières étrangères.

  • 2Faire descendre par le gosier. Avaler un bouillon.

    Ne faire que tordre et avaler, manger avidement, avaler sans mâcher.

    Il avalerait la mer et les poissons, il a une grande soif.

    Familièrement. Avaler sa langue, s'ennuyer, bâiller outre mesure.

    Familièrement. Avaler quelqu'un, le regarder avec des yeux furieux.

    Familièrement. J'ai cru qu'il m'avalerait, il s'est livré à une violente explosion de colère contre moi. Mon neveu, vous êtes une huître. - Mon Dieu, ma tante, il ne faut pas m'avaler pour cela, Coignard, frères, Gusman ne connaît pas, à la fin.

    Argot maritime. Avaler sa gaffe, mourir.

    Avaler sa cuiller, décamper.

    Fig. Avaler le calice, avaler le morceau, être contraint d'endurer quelque chose de fâcheux.

    Fig. et familièrement. Avaler des couleuvres, subir de dures mortifications.

  • 3 Fig. Il avalait à longs traits le plaisir de la voir, Hamilton, Gramm. 8. Elle avalait cela plus doux que les confitures, Hamilton, ib. 9. On juge au hasard, on n'examine rien, on avale la calomnie comme du vin de Champagne, Voltaire, Lettr. Damilaville, 15 oct. 1762.
  • 4Contempler avec avidité, et comme si on avalait. Ils l'avalent des yeux [l'huître], du doigt ils se la montrent ; à l'égard de la dent il fallut contester, La Fontaine, Fabl. IX, 9.
  • 5Endurer, accepter. Pour nous faire avaler nos tristes destinées, Sévigné, 415. Pour lui faire avaler le soufflet, Sévigné, 70. M. le prince fut forcé aussi d'avaler des louanges, Sévigné, 419. Pour voir comme on pourra lui faire avaler cette affliction, Sévigné, 365. Avalant les jours gras comme une médecine, Sévigné, 402. En habile déclamateur il me faisait avaler à longs traits toute l'amertume de cette réflexion, Diderot, Pens. phil. 20. Il n'y a que le premier obstacle qui coûte ; on avale, après, la honte, Bossuet, Pensées, 9. Les Mailly trouvèrent cette place avec raison bien mauvaise, mais il la fallut avaler, Saint-Simon, 3, 55. Ils ne connaissent pas les horreurs que vous avalez comme l'eau, Massillon, Ferv. Pour nous faire, sans rire, avaler ce morceau, Régnier, Sat. X. De ces femmes aux beaux et louables talents Qui savent accabler leurs maris de tendresses, Pour leur faire avaler l'usage des galants, Molière, Amph. I, 4. C'est à vous de l'y résoudre, et de lui faire avaler la chose du mieux que vous pourrez, Molière, le Méd. m. lui, III, 6. Mme de Coulanges ne pouvait avaler mes excuses, Sévigné, 481.

    Familièrement. Faire avaler, faire croire.

  • 6 V. n. Descendre le courant. Vieux en ce sens. Ce bateau avale.
  • 7 Terme de marine. Faire avaler ou boire la toile, ménager quelques plis en cousant une voile.
  • 8 Terme de banque. Donner la garantie dite aval (voy. AVAL).
  • 9S'avaler, v. réfl. Pendre, descendre trop bas. Le ventre de cette jument s'avale.
  • 10Être avalé, au propre et au figuré. Ces pilules s'avalent sans peine. C'est un affront qui s'avalera difficilement.

HISTORIQUE

XIe s. Si comme il put, du pin [il] est avalet, Ch. de Rol. LXXIX.

XIIe s. Entre col et l'escu a ses brans avalé, Ronc. p. 195. Et cil s'en tournent, avalent les degrez, ib. p. 203. Uns escuiers as degrés de la sale Est descendus, si destrousse sa male ; Bele Doette les degrés en avale, Romancero, p. 46.

XIIIe s. Ensi li dus avala le letrin et s'ala agenoiller devant l'autel Saint-Marc, moult plorant, Villehardouin, XL. Une riviere [elle] treuve qui d'un pendant avale, Berte, XXVII. Nes un tout seul morcel n'en a elle avalé, ib. XLV. Vers Paris [elle] s'en avale l'amirable cité, ib. LXXXI. Et s'avisa qu'elle feroit avaler une corde et le meteroit outre les creniaus, jus [en bas] del mur, Ch. de Rains, 32. Car dant Costant venoit après Sor un cheval à grant eslès, Qui moult s'escrie à l'avaler, Ren. 1219. Ô [avec] haute voix, o longe aleine De bien chanter chascun se peine ; L'uns à l'autre son chant avale, ib. 13557. Cum l'iaue qui s'avale toute, N'il n'en retorne arriere goute, la Rose, 375. Ou il entrast par les fenestres, Qu'il set bien de l'ostel les estres, Par une corde s'avalast, ib. 12721. Et li fix du fil au fil mon fil [le fils du fils du fils de mon fils] m'est el quart degré en avalant, Beaumanoir, XIV, 4. Pourceque il peussent la viande mascher et avaler aval, Joinville, 237. Sitost comme je fu avalé là où le tresor estoit, Joinville, 250.

XIVe s. Mais ne voldrai de pain ne de vin avaler, Si vous voldrai trestous à un arbre encroer, Guesclin. 20390. Le cerf doit avoir le ventre bien avalé, Modus, f° XIV, recto.

XVe s. Environ deux cents lances s'avalerent devers Maing, Froissart, I, I, 111. Le varlet prit la lettre que les chevaliers lui baillerent, puis le firent avaler es degrés, Froissart, I, I, 228. Puis fit ouvrir la porte du chastel, et avaler le pont, et issir ses gens, Froissart, II, III, 8. C'est dur morcel à avaller, Chartier, Le livre des quatre dames. Ô bon vin, liqueur souveraine, Entre chez moi… Qui me veoira tout avaler, Ne s'en estonne, Basselin, XLIII. Il le me convient avaler Sans mascher…, Patel. 1319. Il eut de l'estrain [paille] largement, qu'il avala [jeta] dedans la fosse et y bouta le feu, Louis XI, Nouv. LVI.

XVIe s. Si je montoys aussi bien comme j'avalle, je feusse, piece ha, hault en l'aer, Rabelais, Garg. I, 5. Il l'avalla, comme ung cormoran feroyt ung petit poisson, Rabelais, Pant. II, 4. Lors il s'avalla le mieulx que il peut, en sorte que il touchoyt les piedz en terre, Rabelais, ib. Pantagruel luy vouloyt avaller [abattre] la teste tout net, Rabelais, ib. II, 29. Pensant avoir avalé une espingle avecques son pain, Montaigne, I, 100. La majesté royale s'avalle plus difficilement du sommet au milieu qu'elle ne se precipite du milieu au fond, Montaigne, I, 121. Regorger la viande comme on l'a avallée, Montaigne, I, 61. Elle avoit les joues avallées, et le nez trop poinctu, Montaigne, I, 296. Fuir à bride avallée, Montaigne, I, 368. Quelques années aprez voilà le busc du pourpoinct avalé jusques entre les cuisses, Montaigne, I, 369. Les epicuriens ne peuvent avaller un dieu en forme de boule, Montaigne, II, 201. Elle lui disoit mille injures ; mais il les avaloit toutes avec un verre de vin, Despériers, Contes, LXXIX. Il n'y avoit ny aucuns passans, ny batteaux montans ou avallans, Amyot, Publ. 35. Ce que la mer va mimant petit à petit en long temps et à grand peine, luy l'a avallé tout à un coup [un qui avait mangé son bien sis au bord de la mer], Amyot, Caton, 16. Cinglant le jour à voiles avalées et baissées, et la nuict haussées, Amyot, Lucul. 6. Ilz le suivoient les cheveux nonchalamment avallez, Amyot, Cicéron, 40. Son chapeau rouge, avalé en capuchon par derriere, Sat. Mén. p. 55. La squinance empesche la viande d'estre avallée en l'estomach, Paré, VI, 8.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

AVALER. Ajoutez :
11 Terme d'exploitation houillère. Foncer, creuser un puits.
Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

Étymologie de « avaler »

Bourguig. evaulai ; de aval. Avaler veut dire proprement faire descendre, mettre en bas ; et il n'a eu longtemps que ce sens-là ; puis, comme faire arriver les aliments dans l'estomac est aussi les faire descendre, il a pris peu à peu ce sens, et le primitif est tombé en désuétude, ne restant plus que dans quelques locutions techniques et dans certains patois.

Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

(Vers 1100) Dérivé de aval avec la désinence -er.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Phonétique du mot « avaler »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
avaler avale

Fréquence d'apparition du mot « avaler » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « avaler »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « avaler »

  • Politiciens, demandez conseil aux gastro-entérologues : que peut-on encore faire avaler aux citoyens ?
    Stanislaw Jerzy Lec — Nouvelles pensées échevelées
  • Les conseils c’est comme l’huile de ricin : on veut bien en donner mais on déteste en avaler.
    Josh Billings
  • Est plausible ce que vous parvenez à faire avaler à vos lecteurs.
    Somerset Maugham
  • Un homme ne doit pas avaler plus de bobards qu'il ne peut en digérer.
    Henry Brooks Adams
  • On ne doit pas avaler plus de croyance qu’on en peut en digérer.
    Henry Havelock Ellis — La dance de la vie
  • Ecoute avant de parler, mâche avant d’avaler.
    Proverbe éthiopien
  • On ne mange pas le diable sans en avaler les cornes.
    Proverbe italien
  • Il faut avaler la pilule sans la mâcher.
    Proverbe latin médiéval
  • On ne doit pas avaler plus de croyances qu'on ne peut en digérer.
    Henry Havelock Ellis — The Dance of Life, V
  • Le mépris est une pilule qu'on peut avaler mais qu'on ne peut mâcher.
    Molière
Voir toutes les citations du mot « avaler » →

Traductions du mot « avaler »

Langue Traduction
Anglais swallow
Espagnol golondrina
Italien ingoiare
Allemand schlucken
Chinois
Arabe السنونو
Portugais andorinha
Russe ласточка
Japonais 飲み込む
Basque enara
Corse trapanà
Source : Google Translate API

Synonymes de « avaler »

Source : synonymes de avaler sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « avaler »

Combien de points fait le mot avaler au Scrabble ?

Nombre de points du mot avaler au scrabble : 9 points

Avaler

Retour au sommaire ➦