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Drôle

Variantes Singulier Pluriel
Masculin et féminin drôle drôles

Définitions de « drôle »

Trésor de la Langue Française informatisé

DRÔLE, adj. et subst.

I.− Adj. [En parlant de pers., d'attributs de la pers., de situations, de choses]
A.− [Attribut ou épithète postposé au subst.]
1. Qui divertit ou porte à rire par son originalité, sa singularité. Histoires, mots drôles; personnage drôle en société; faire une plaisanterie (très, assez) drôle. Quasi-synon. amusant, cocasse, comique, marrant, rigolo (pop.); anton. ennuyeux, triste.Cet homme est très drôle (Ac.1932).Réjane, au commencement, a eu l'air de trouver la chose drôle et riait beaucoup (Goncourt, Journal,1891, p. 151).Au dîner, Miguel racontait l'incident avec des mines si drôles et si gentilles qu'il donnait le fou rire à tout le monde (Sartre, Mots,1964, p. 169).
SYNT. Quiproquo, mascarade, jeu drôle; situation, scène drôle à voir; chercher, dire, faire, montrer, trouver des choses drôles; se croire drôle; vous trouvez cela drôle?
Fam. [En emploi négatif, pour marquer une situation, une chose pénible, peu supportable] La situation actuelle, la vie n'est pas drôle.
Ça (ce) n'est pas drôle (de + inf.). C'est pénible, désagréable. Ça n'est pas drôle d'être toujours seul :
1. ... elles sont à la merci d'un premier spectacle brutal, d'une infirmière qui veut montrer aux petites nouvelles que « ce n'est pas toujours drôle ». Traité de sociol.,1967, p. 503.
2. Qui intrigue, paraît étrange, surprenant. Être (tout, un peu) drôle; trouver à qqn un air drôle. Quasi-synon. bizarre, singulier, insolite; anton. normal, ordinaire.Je te trouve toute drôle depuis quelques jours!... qu'est-ce que tu as? (Gyp, Pas jalouse,1887, p. 297).Et puis, tout ça m'est égal. C'est drôle comme tout m'est égal (Duhamel, Nuit St-Jean,1935, p. 219):
2. Tu es une bonne femme, qu'il dit, faut que tu partages ma honte. Le plus drôle, monsieur, c'est que je le crois. Misère de misère! une épouse qui n'a rien à se reprocher, pas ça... Bernanos, Monsieur Ouine,1943, p. 1504.
Être, devenir, se sentir tout drôle. Être, devenir, se sentir pas comme d'habitude, mal à l'aise, pour une raison indéfinissable. (Quasi)-synon. (tout) chose :
3. Depuis que je suis mariée, je me sens drôle, mal à l'aise, comme dans une robe mal coupée, qui vous gêne sans que l'on sache exactement à quel endroit. Montherlant, Les Lépreuses,1939, p. 1531.
Vous êtes drôle! Qu'auriez-vous fait à ma place? Ah, ce que vous êtes drôle avec vos chiffres! (Zitrone, Courses,1962, p. 227).
Trouver drôle (de + inf.; que + subj.). Trouver anormal, surprenant. Elle a trouvé drôle de n'avoir pas réussi cette année aux concours. Vous ne pouvez pas trouver drôle que je commence une collection, moi aussi (Duhamel, Passion J. Pasquier,1945, p. 77).
C'est drôle (à + inf.). Ce n'est pas un père de tout repos. Ah! fichtre! Maman non plus, c'est drôle à dire, n'est pas très raisonnable (Duhamel, Désert Bièvres,1937, p. 256).
Cela fait (tout) drôle (de + inf.). Cela cause une impression bizarre. Ça fait drôle d'avoir perdu l'honneur (Claudel, Guerre de 30 ans,1945, p. 568).J'allais ajouter qui un lapin, par souci d'exactitude, mais je m'aperçois que cela ferait drôle (H. Bazin, Vipère,1948, p. 237).
Emploi subst., p. ell. du déterminé. En voir, apprendre, connaître, dire de drôles (de choses). J'en vois de drôles. Si je pouvais parler... (Zola, Conquête Plassans,1874, p. 1122).
B.− [Avec valeur d'adj.] Drôle de + subst.
1. [Avec le sens supra A 2] Bizarre, étrange. Une drôle d'idée, d'envie, de manie; drôle de bonne femme, de fille, d'individu; quelle drôle d'affaire, d'histoire, d'époque! Il y a ici dedans une drôle d'odeur. C'est vrai. Drôle peut-être, mais pas désagréable, sûrement. L'odeur des fruitiers de Fenouille... (Bernanos, M. Ouine,1943, p. 1544).Curieux pays, drôles de gens (Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 260):
4. − Raconte alors. − À côté de moi il y avait un drôle de type. − Comment? demanda René. − Grand, maigre, avec un drôle de cou. − Comment? demanda René. − Comme si on lui avait tiré dessus. − Une élongation, dit Georges. − Et son chapeau, j'y pense : un drôle de chapeau. − Comment? demanda René. − Pas de ruban, mais un galon tressé autour. − Curieux, dit Robert. Queneau, Exercices de style,1947, pp. 192-193.
SYNT. Drôle d'endroit; drôle d'amusement, de jeu; drôle de façon de parler; regarder qqn d'un drôle d'air; avoir de drôles de manières, de goûts; faire, avoir un drôle d'air, de genre, de museau, de sourire, une drôle de figure, de gueule, de mine, de tête, de bobine, de touche, de grimace; croire, trouver, voir, entendre, remarquer, apercevoir, dire de drôles de choses; faire un drôle de métier.
Fam. ou pop. Drôle de corps, de pistolet, de phénomène, de paroissien, de coco, de zigoto, de zigomar, de numéro, de zèbre, etc. Personne singulière, bizarre (dont il convient de se méfier). Ah, Monsieur Voussois, dit Paul, vous êtes un drôle de zigoto (Queneau, Pierrot,1942, p. 186).
Loc. fam., rare. Filer un drôle de coton (cf. filer un mauvais coton*). Quasi-synon. être sur une mauvaise pente.Il est en train de filer un drôle de coton, dit Robert. Tu as vu le genre de gens qu'il fréquente? (Beauvoir, Mandarins,1954, p. 401).
Spéc., HIST. La drôle de guerre. Première phase (1939-1940) de la seconde guerre mondiale, ainsi nommée à cause de l'absence d'opérations militaires sur l'ensemble du front. C'est une drôle de guerre, dit-il. À présent c'est les civils qui se font tuer et les soldats qui en réchappent (Sartre, Mort ds âme,1949, p. 44):
5. Après l'interdiction de l'Humanité et de Ce Soir par le gouvernement Daladier, l'unanimité se fit autour du drapeau. La presse d'opposition... etc., rallia spontanément le « clan belliciste » qu'elle dénonçait la veille, et leurs dirigeants et rédacteurs furent souvent parmi les héros de cette « drôle de guerre » qui fit 120 000 victimes en quelques mois. Coston, L'A.B.C. du journ.,1952, p. 55.
2. Fam. [Avec valeur d'intensif; cf. drôlement C] Remarquable, étonnant. Avoir une drôle d'ambition, de force, de carrure, de poigne; une drôle de patience; une drôle d'érudition. Quasi-synon. rude, sacré, vache de (pop.).Je bavouche un peu c'est forcé... Il me faut faire des drôles d'efforts pour m'intéresser aux copains. Facilement je les perdrais de vue. Je suis préoccupé (Céline, Mort à crédit,1936, p. 41).Mais à midi comme ça, heure d'affluence, c'est un drôle d'enchevêtrement (Queneau, Exerc. style,1947, p. 109):
6. Il regarda Henri dans les yeux : « On ne s'en rend pas compte, mais il faut une drôle d'arrogance pour placer ses rêves au-dessus de tout. Si on était modeste, on comprendrait qu'il y a d'un côté la réalité, et de l'autre rien. » Beauvoir, Les Mandarins,1954, p. 555.
SYNT. Aller à une drôle de vitesse; faire un drôle de tapage, de vacarme; avoir une drôle de soif, une drôle de faim.
II.− Subst. fam.
A.− Vieilli. [En parlant d'un adulte] Personnage roué à l'égard duquel on éprouve de la défiance et une certaine supériorité. Voilà un parfait drôle, un drôle bien rusé; ce vieux drôle. Quasi-synon. maraud, coquin.En vérité, cet homme a quelque chose (...) de repoussant; (...) on croirait que la nature (...) a jeté mon drôle dans quelque coin (Dumas père, Intrigue et amour,1847, I, tabl. 1, 4, p. 197).Le drôle nous a trahis une fois déjà, il pourrait bien nous trahir encore (Ponson du Terr., Rocambole,t. 5, 1859, p. 232).
[En appellatif] :
7. Le garçon de bureau ouvrit la porte (...). Chapeau bas, drôle! En même temps, j'envoyai (...) le feutre du pauvre diable s'aplatir contre le mur. Dumas père, Comment je devins auteur dramatique,1833, introd., p. 21.
[En parlant d'un enfant ou d'un adolescent] Personnage rusé et fripon. Un jeune drôle; beau, vilain, petit drôle; un petit drôle bien éveillé. − Où avez-vous arrêté ce pleurard? demanda Corentin au brigadier en désignant le petit écuyer de Laurence. − (...) le drôle allait gagner le bois des Closeaux (Balzac, Tén. affaire,1841, p. 118).
Spéc., péj. [En parlant d'un adulte ou d'un adolescent; cf. fém. drôlesse] Mauvais sujet. Vous êtes un drôle, un grand drôle (Ac.1835, 1932).Don Juan, héros d'opéra bouffe, pose devant notre esprit le problème du mal. Ce drôle charmant, ce grand seigneur canaille et irrésistible (Mauriac, Journal 2,1937, p. 140):
8. À vingt ans (...) les mauvais drôles de cette espèce peuvent très bien s'amender et deviennent parfois des jeunes gens fort sensibles. Le cas est plus grave lorsque le drôle en question a la figure déjà vieillotte et fanée... Alain-Fournier, Le Grand Meaulnes,1913, p. 213.
B.− Mod. et région. (Ouest et Sud). [Sans nuance péj.] Enfant. Synon. gamin, gosse, garçon.On n'aurait aucune idée de ce qui se passe, sans deux ou trois petits drôles branchés dans un gros platane (A. Daudet, Tartarin Alpes,1885, p. 268).Elle pense, à d'humbles et redoutables choses, à la maie qui est vide, (...) aux drôles qui vont rentrer de l'école (Genevoix, Raboliot,1925, p. 226):
9. Il [Daniel] chercha ailleurs son plaisir, mais sut que Marie faisait réciter leur catéchisme aux drôles de Bourideys, coiffait les mariées et les communiantes après avoir tué leurs poux, veillait les morts. Mauriac, Le Fleuve de feu,1923, p. 28.
Rem. On rencontre ds la docum. a) La forme archaïsante drolle(s), subst. masc., pour drôle dans ce même sens. Le prêtre entra à son tour, suivi de ses deux « drolles », ses enfants de chœur (Pesquidoux, Livre raison, 1932, p. 3). b) Drôline, subst. fém., région. (Sud). Petite fille, jeune fille. Sylvie, la dernière-née, une drôline de treize mois (Genevoix, Raboliot, 1925, p. 58).
Prononc. et Orth. : [dʀo:l], fém. drôlesse [dʀolεs]. Comparer [o] fermé long (anal. de mots comme pôle car l'anc. fr. est drolle) ds drôle, drôlement, drôlerie, drôlesse, drôlet, drôline et parfois drôlichon dans lesquels le timbre et la durée sont protégés par l'accent circonflexe et par une coloration souvent péj. avec [ɔ] ouvert bref dans drolatique, drolatiquement écrits sans accent, ds lesquels l'o est très éloigné de l'accent tonique et par conséquent s'ouvre. Noter qu'on rencontre ds la docum. des ex. de ces 2 derniers mots écrits avec l'accent circonflexe, p. anal. avec les mots de la même famille (cf. drolatique et dér.). Enq. : /dʀol,D/. Le mot est admis ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. I. Subst. 1. [fin xves. (publ. d'apr. une éd. de ca 1670) drolle « bon vivant » (Basselin, Vaux-de-Vire, LIII ds Littré)]; 1549 draule (Fr. Habert, trad. d'Horace, Satyres, II, 4, Paraphrase ds Hug.); 1584 drolle (Bouchet, Serées, Préf. ds DG); 1680 drôle (Rich.); 2. a) 1652 « mauvais sujet, personne dont il faut se méfier » (Scarron, Don Japhet, I, 1 ds Œuvres (éd. 1786), t. 6, p. 398); b) 1718 « personne méprisable » (Le Roux); 3. a) 1688 petit drôle « enfant rusé et fripon » (La Fontaine, La Coupe enchantée, X ds Œuvres, éd. H. Régnier, t. 7, p. 468, 481); b) [1739 mon drôle « mon fils » (Caylus, Les Ecosseuses ds Œuvres badines, t. 10, p. 512)]; 1868 drôle (A. Daudet, Pt Chose, p. 78); 4. 1842 « côté plaisant d'une personne ou d'une situation » (Balzac, Autre ét. femme, p. 421). II. Adj. 1. a) 1636 « (personne) qui fait rire, qui amuse par ses propos » (Monet); b) 1670 « id. (d'une situation, d'un objet) » (Molière, Le Bourgeois gentilhomme, IV, 7); 2. 1664 un, une drôle de (+ subst.) « (personne, etc.) bizarre, inquiétante » (Loret, Muze histor. ds Livet Molière t. 2, p. 136); 3. 1842-43 un, une drôle de augmentatif (Sue, Myst. Paris, t. 8, p. 218). Prob. empr. au m. néerl. drolle, drol « lutin » (Verdam) d'où, au fig. « bon vivant, joyeux compagnon », v. FEW t. 15, 2, pp. 72-74. Le sens d'« enfant » s'est développé au xviiies. dans le midi de la France et s'y est maintenu, d'où son emploi chez les aut. méridionaux. Pour une autre hyp. sur l'orig. de drôle, v. Sain. Sources t. 1, pp. 160-161 et t. 3, pp. 305-306; la base proposée (pic. droller, drôler) se rattache à *tragulare, cf. FEW t. 13, 2, p. 174. Fréq. abs. littér. : 4 161. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 2 581, b) 7 755; xxes. : a) 8 743, b) 6 079. Bbg. Gottsch. Redens. 1930, p. 235. − Mellot (J.). « Sagesse d'un Louis Racine je t'envie ». Vie Lang. 1969, p. 639. − Rat (M.). Sur le front du vocab... Déf. Lang. Fr. 1966, no33, pp. 14-15. − Sain. Sources t. 1 1972 [1925] p. 160, 161; t. 2 1972 [1925] p. 279; t. 3 1972 [1930] p. 305, 307. − Schone (M.). L'Épithète inadmissible drôle. Fr. mod. 1940, t. 8, pp. 65-66. − Thurneysen 1884, p. 98. − Tournemille (J.). Ét. de : Un drôle de pistolet... Vie Lang. 1960, pp. 671-672.

Wiktionnaire

Nom commun - français

drôle \dʁol\ masculin (pour une femme, on peut dire : drôlesse, drôlière)

  1. (Vieilli) (Péjoratif) Personne rouée, mauvais sujet, dont il faut se méfier.
    • Or j’avons vu tantôt passer ce méchant drôle. — (Marivaux, Le Père prudent et équitable)
    • […] les mynheers d’Erchin […] fumaient leurs pipes en silence au « Bon Couvet », quand voilà qu’un grand drôle, vêtu, comme un Jean Potage, d’une veste de velours brodée de paillons, s’arrêta devant le cabaret. — (Charles Deulin, Les Muscades de la Guerliche)
    • En vrai soldat de l’école impériale, Dumay […] se représentait un poète comme un drôle sans conséquence, un farceur à refrains. — (Honoré de Balzac, Modeste Mignon, 1844)
    • Qu’est-ce que cela signifie ? murmura le capitaine avec colère ; mes drôles se sont-ils donc laissé surprendre ? — (Gustave Aimard, Les Trappeurs de l’Arkansas, Éditions Amyot, Paris, 1858)
    • Dans les nuits d’été, les marches de granit du théâtre sont couvertes d’un tas de drôles qui n’ont pas d’autre asile. Chacun a son degré qui est comme son appartement, où l’on est toujours sûr de le retrouver. — (Théophile Gautier, Voyage en Espagne, Charpentier, 1859)
    • Je croyais tenir mon gaillard. Il m’a glissé des pattes… C’est un drôle. — (Francis Carco, Messieurs les vrais de vrai, Les Éditions de France, Paris, 1927)
    • Mais grâce à vous, mes enfants, le butin du drôle a été récupéré. — (Greg et Alain Saint-Ogan, Zig et Puce – Le voleur fantôme, éditions du Lombard, 1974, page 46)
  2. (Sud et sud-ouest de la France) Enfant ; marmot ; gamin quand il s’agit d’un garçon. Pour une fille on dira drôle ou drôlière, drôlesse ayant un sens légèrement péjoratif.
    • […] et puis, je me suis un peu détourné de la ligne droite pour aller jeter à la rivière un affreux enfant qui criait : À bas les papistes, vive l’amiral ! Malheureusement, je crois que le drôle savait nager. — (Alexandre Dumas, La Reine Margot, 1845, volume I, chapitre IX)

Adjectif - français

drôle \dʁol\ masculin et féminin identiques (superlatif : drôlissime)

  1. Comique ; marrant ; rigolo.
    • Quelques alcoolos faisaient un cirque vaseux. Les alcoolos m’emmerdent, ils ne sont jamais drôles. — (Claude Courchay, Les Américains sont de grands enfants, Flammarion, 1979, p. 136)
    • ''On a beaucoup ri, il est vraiment très drôle. — Un conte fort drôle. — Est drôle quiconque qui se fait rire.
  2. Bizarre, inhabituel, qui sort du commun.
    • C’est drôle, mais c’est comme ça… — (Guy de Maupassant, Madame Baptiste, 1882)
    • Nous allions monter en voiture, quand une espèce de petit bonhomme tout drôle, pas très vieux, mais pas extraordinairement jeune non plus, fort sec, nous demanda poliment si nous rentrions à Honfleur. — (Alphonse Allais, À l’œil, Phares, 1921)
    • C’est drôle qu’il se fût plutôt entiché de la gamine… Céline Thiébault pourtant était plus en rapport d’âge avec lui. Ce n’eût été ni moins décent, ni moins excusable. — (Jean Rogissart, Hurtebise aux griottes, L’Amitié par le livre, Blainville-sur-Mer, 1954, p. 92)
    • Mythologie du village français ? Oui, complètement ! C’est même drôle à quel point nous recouvrons la réalité par des métaphores et des mythes. Actuellement, ce sont l’image de la guerre et de l’abri qui dominent. — (Michel Eltchaninoff, « Carnet de la drôle de guerre », dans la newsletter du 21/03/220 de Philosophie Magazine.)
    • Les détenteurs de robots cuiseurs multifonction forment une drôle de tribu enjouée, bavarde et prosélyte dont les membres se reconnaissent à leurs propos extatiques : « Ça change la vie, honnêtement, je ne m’en passerais plus. » De cette addiction électroménagère, le marché français témoigne, année après année. — (Pascale Krémer, « Le Thermomix, j’en parle tout le temps » : comment les robots-cuiseurs ont envahi les foyers français, Le Monde, 11 février 2022)
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

DRÔLE. adj. des deux genres
. Qui est plaisant, qui prête à rire. Cet homme est très drôle. C'est un drôle d'homme, un drôle de corps. Par extension, Voilà qui est drôle. Un conte fort drôle.

Littré (1872-1877)

DRÔLE (drô-l') s. m.
  • 1Se dit d'un homme ou d'un enfant qui, ayant quelque chose de décidé, de déluré, ne laisse pas d'exciter quelque inquiétude, et sur lequel d'ailleurs on s'attribue quelque supériorité. Je veux savoir absolument quel est ce drôle avec qui elle a des intelligences, Hauteroche, le Cocher, sc. 3. Le drôle a si bien fait par son humeur plaisante Qu'il possède aujourd'hui cinq mille écus de rente, Scarron, Don Japhet, I, 1. Les comédiens étaient de grands drôles bien faits, Hamilton, Gramm. 10. [Longepierre] C'était un drôle, intrigant, de beaucoup d'esprit, doux, insinuant, Saint-Simon, 100, 61. Monsieur Judas est un drôle Qui soutient avec chaleur Qu'il n'a joué qu'un seul rôle, Béranger, Judas.

    On le dit aussi des animaux dans les fables. Ce brouet fut par lui servi sur une assiette ; La cigogne au long bec n'en put attraper miette, Et le drôle eut lapé le tout en un moment, La Fontaine, Fabl. I, 18. Le loup… Revient voir si son chien n'est pas meilleur à prendre ; Mais le drôle était au logis, La Fontaine, ib. IX, 10.

    Faire de son drôle, mener une vie de galanterie. J'ai fait de mon drôle comme un autre, Molière, la Princ. II, 2. J'ai ouï dire que vous faisiez de votre drôle avec les plus galantes, Molière, Fourb. I, 6.

    Ce mot, comme le mot de coquin, s'emploie très bien pour exprimer le mécontentement actuel, sans exclure les sentiments affectueux. Commandant, s'écria-t-il après l'avoir lue [la lettre de son neveu], y a-t-il dans votre escadron de chasseurs d'Afrique une place pour un drôle que je renie et que je déshériterai ? Ch. de Bernard, la Femme de 40 ans, § VII.

    En un sens tout à fait injurieux, un mauvais drôle, ou, simplement, un drôle, une personne méprisable. C'est un drôle. Je ne suis point un drôle, et je suis honnête homme, Collin D'Harleville, M. de Crac, sc. 17.

  • 2 Adj. Qui a quelque chose de singulier et de plaisant. Cet homme-là est bien drôle. Voilà qui est drôle. Un conte fort drôle. Ah ! ah ! ah ! ma foi, cela est tout à fait drôle, Molière, Bourg. gent. IV, 7. Vous êtes tout à fait drôle comme cela, Molière, ib. III, 2. Cela est plaisant, oui, ce mot de mariage ; il n'est rien de plus drôle pour les jeunes filles, Molière, Mal. imag. I, 5. Je ne saurais vous voir et m'empêcher de rire ; Je n'ai vu de ma vie un plus drôle de corps, Boursault, Ésope, II, 6. …Depuis plus d'un jour Je l'étudie et je l'examine ; C'est bien la plus drôle de mine ! Favart, Soliman, II, I, 1.

    Drôle, en ce sens, se prend substantivement, et se construit avec la préposition de et un substantif (voy. pour cette construction la préposition DE au n° 3, et DIABLE au n° 12). C'était la régence alors ; Et sans hyperbole, Grâce aux plus drôles de corps, La France était folle, Béranger, Gaudr.

    En cet emploi, il se dit aussi au féminin (drôle, et non drôlesse). Une drôle d'idée. Une drôle de femme. J'ai une drôle d'idée dans la tête, c'est qu'il n'y a que des gens qui ont fait des tragédies, qui puissent jeter quelque intérêt dans notre histoire sèche et barbare, Voltaire, Lett. d'Argenson, 26 janv. 1740. Il est comique que le bien d'un Parisien soit en Souabe ; mais la chose est ainsi ; la destinée est une drôle de chose, Voltaire, Lett. Mme de Florian, 11 avril 1767. Imaginez toutes les contradictions, toutes les incompatibilités possibles, vous les verrez dans le gouvernement, dans les tribunaux, dans les spectacles de cette drôle de nation, Voltaire, Candide, 22. Pendant que je vous fais ces lignes très sensées, voici une drôle d'aventure, Courier, Lett. I, 168.

REMARQUE

Les dérivés drolatique, drôlement, drôlerie se rapportent au sens de drôle adjectif, et non de drôle substantif.

HISTORIQUE

XVe s. Tous les drolles mes compaignons, Quand d'eux me viendra souvenir, Auront part en mes oraisons, Basselin, LIII. La goutte un drolle n'affronte, Qui boit sans songer au compte ; Avares en sont saisis, Qui ont les escus moisis, Basselin, XXXII.

XVIe s. Draule, Des Accords, Bigarr. f° 136, dans LACURNE.

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Étymologie de « drôle »

Du néerlandais drolle, drol qui désigne au sens propre un lutin et au sens figuré un être joyeux et bon vivant, apparenté à troll.
Note : En Normandie le lutin est appelé drol ou drôle. Référence nécessaire
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Génev. drôle, garçon, sans signification mauvaise. On a indiqué le scandinave troll, mauvais génie ; mais le sens et l'orthographe font difficulté. Diez y voit, avec raison, le même mot que l'allem. drollig, plaisant ; angl. droll ; à quoi on peut comparer le flamand drol, l'anc. scandin. drioli, le gaëlique droll, qui signifient un homme lourd et gauche. On remarquera à côté de cela l'orthographe draule, qui, si elle était plus appuyée, ne cadrerait pas avec ces rapprochements.

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Phonétique du mot « drôle »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
drôle drol

Fréquence d'apparition du mot « drôle » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « drôle »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « drôle »

  • Charlie, qui avait accepté la suggestion de Susie de le payer en nature, directement sur son bureau. « Si c’est pas drôle. T’es encore avocat ? Hé, Gary, regarde ça C’est le type qui s’est occupé de mon premier divorce » Gary leva les yeux, se concentra pendant une fraction de seconde, puis poussa un grognement et se replongea dans ses ruminations intimes.
    Scott Phillips — La moisson de glace
  • Je suis l'exemple classique des humoristes : seulement drôle quand je travaille.
    Peter Sellers
  • Le premier homme qui est mort a dû être drôlement surpris.
    Georges Wolinski
  • Si tu as le choix entre deux théories, choisis la plus drôle.
    Anonyme
  • La vie serait tragique si elle n’était pas drôle.
    Stephen Hawking
  • C’est drôlement bien les rides, j’ai l’air moins con avec.
    Edmond Baudoin
  • Le sexe sans amour n'est pas toujours drôle... Mais c'est plus drôle que l'amour sans le sexe !
    Georges Wolinski
  • La vie, c’est très drôle, si on prend le temps de regarder.
    Jacques Tati
  • Quand le boss plaisante, c’est rarement drôle. Et quand il ne plaisante pas, c’est pire !
    Anonyme
  • La mémoire est un drôle de brouillard.
    Valère Staraselski — Une Histoire française
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Traductions du mot « drôle »

Langue Traduction
Anglais funny
Espagnol gracioso
Italien divertente
Allemand komisch
Chinois 滑稽
Arabe مضحك
Portugais engraçado
Russe веселая
Japonais おかしい
Basque dibertigarria
Corse divertente
Source : Google Translate API

Synonymes de « drôle »

Source : synonymes de drôle sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « drôle »

Combien de points fait le mot drôle au Scrabble ?

Nombre de points du mot drôle au scrabble : 5 points

Drôle

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