La langue française

Accueil > Dictionnaire > Définitions du mot « ridicule »

Ridicule

Variantes Singulier Pluriel
Masculin et féminin ridicule ridicules

Définitions de « ridicule »

Trésor de la Langue Française informatisé

RIDICULE, adj. et subst. masc.

I. − Adjectif
A. − Qui est de nature à provoquer involontairement le rire, la moquerie, la dérision. Synon. grotesque, risible.
1. [En parlant d'une pers.] Personnage, créature ridicule; se montrer, se rendre, se sentir, se trouver ridicule (par/en certaines choses, en certaines circonstances); rendre qqn ridicule; je ne crains pas de paraître ridicule, d'avoir l'air ridicule. Une bonne femme (...) me dit à l'oreille: « Vous ne reconnaissez pas votre frère de lait? » Sans cet avertissement, j'allais être ridicule. « Ah ! c'est toi, grand frisé! dis-je (...) » (Nerval,Filles feu, Sylvie, 1854, p. 620).Si! Vous vous moquez. Ne dites pas non, Steeny! N'est-ce pas que je suis ridicule dans cette espèce de fourreau de soie, et mes longues pattes grêles? J'ai l'air d'une araignée noire à tête blanche (Bernanos,M. Ouine, 1943, p. 1357).
[P. méton.; en parlant de comportements, de traits de caractère] Manège ridicule; actes, manières ridicules; orgueil, prétention ridicule. L'affectation est ridicule en France (...) et c'est pour cela, sans doute, que (...) chacun s'étudie à renfermer en soi les émotions violentes, les chagrins profonds ou les élans involontaires (Vigny,Serv. et grand. milit., 1835, p. 134):
1. ... chaque fois que j'ai vu, dans la rue, un grand couillon avec un panama qui pousse une petite voiture, tu ne peux pas t'imaginer comme j'ai été jaloux. J'aurais voulu être à sa place, avoir cet air bête et ces gestes ridicules... J'aurais voulu faire: « Ainsi font, font, font... ». Pagnol,Fanny, 1932, II, 6, p. 136.
2. [En parlant d'une chose concr.] Visage ridicule; chapeau, vêtements ridicule(s); accoutrement, tenue ridicule; allure, tournure ridicule. [Elle] me rapportait de Bordeaux des cravates ridicules que je refusais de porter (Mauriac,Nœud vip., 1932, p. 34).La maison moyen âge était achevée (...). Le bâtiment était souverainement ridicule; l'artiste y avait prodigué les flèches, les clochetons, les cristallisations extérieures (Reybaud,J. Paturot, 1842, p. 369).
3. [En parlant d'une chose abstr.] Mode ridicule; se mettre dans une situation ridicule; langage, expressions, ridicule(s); être affublé d'un nom ridicule. Il a suivi dès les premiers jours les savantes manœuvres que vous faisiez pour me séduire − le mot est assez ridicule quand il s'agit d'une femme de mon âge (Hermant,M. de Courpière, 1907, i, 11, p. 10).« X., de l'Académie Française » est un « écriveur », (...) j'ai été vexé en me voyant affublé de ce titre ridicule et lamentable (Larbaud,Journal, 1931, p. 253).
B. − Qui n'est pas raisonnable, contraire au bon sens. Synon. absurde, déraisonnable, saugrenu.
1. [En parlant d'une pers. ou d'un comportement] Il est ridicule que vous ne reconnaissiez pas vos torts; je serais ridicule de ne pas profiter de l'occasion; c'est ridicule de se mettre dans des situations pareilles. Mignon disait partout que sa femme était ridicule d'en vouloir à Nana; il trouvait ça bête et inutile (Zola,Nana, 1880, p. 1390).C'était ridicule de tirer sa montre de sa poche chaque jour à la même heure (...) il était non moins ridicule d'arriver à trois heures précises, comme si le sort du monde en dépendait (Simenon,Vac. Maigret, 1948, p. 8).
Sens affaibli. Excessif, disproportionné. (Dict. xxes.).
2. [En parlant d'une chose abstr.] Convention, loi ridicule; discussion ridicule; coutume, superstition ridicule. Je subis alors une conversation folle, pendant laquelle il me fit les plus ridicules confidences, se plaignant de sa femme, de ses gens, de ses enfants et de la vie (Balzac,Lys, 1836, p. 190).Et vous, Cendrars, en vous en tenant au conte ridicule de votre fermier vous faites preuve de puérilité et de crédulité (Cendrars,Bourlinguer, 1948, p. 139).
C. − Qui est insignifiant, dérisoire.
[En parlant d'une chose concr. ou abstr.] Quantité ridicule; pièce petite et ridicule; disposer de moyens ridicules. Mon imagination ravale les plus hauts événements (...) le côté petit et ridicule des objets m'apparaît tout d'abord; de grands génies et de grandes choses, il n'en existe guère à mes yeux (Chateaubr.,Mém., t. 1, 1848, p. 468).Les misérables ou ridicules petits tramways couverts de panneaux de publicité qui tressautent sur les rails (Cendrars,Bourlinguer, 1948, p. 33).
En partic. [En parlant d'une somme d'argent] Indemnité ridicule. L'homme de lettres, avec le salaire ridicule de la pensée, est condamné à vivre comme un petit bourgeois (Goncourt,Journal, 1865, p. 137).Haverkamp avait récapitulé ses opérations de l'année. Son calcul (...) lui donna, pour les bénéfices, le chiffre d'un million quarante-deux mille deux cent cinquante francs. Ce n'était pas une somme ridicule (Romains,Hommes bonne vol., 1938, p. 177).
II. − Subst. masc.
A. −
1. Caractère, trait par lequel une personne ou une chose est ridicule. Ridicule d'un personnage, d'une aventure, d'une situation; ridicule de l'orgueil, de la vanité; cela est d'un ridicule achevé. Lorsqu'on arrive aux ridicules de l'amour-propre, ils se varient à l'infini, selon les habitudes et les goûts de chaque nation (Staël,Allemagne, t. 3, 1810, p. 188).Tomberai-je dans le ridicule d'être jaloux? (Radiguet,Bal, 1923, p. 126).
Loc. littér. Se donner le ridicule de + inf. Se rendre ridicule en agissant de telle façon. Mon hôte (...) se donnait le ridicule de renier le nom de son père, illustre fabricant, qui pendant la Révolution avait fait une immense fortune (Balzac,Lys, 1836, p. 54).J'espérais des reproches qui ne vinrent pas. Notre mère venait de comprendre que la position horizontale lui enlevait toute majesté, toute puissance. Se donner le ridicule de déployer ses foudres en cet état, pas si bête! (H. Bazin,Vipère, 1948, p. 108).
En partic., littér., souvent au plur. Défaut, travers qui rend ridicule. Souligner les ridicules de ses contemporains. On sait que les Odes funambulesques et les Occidentales sont d'inoffensives satires des hommes et des ridicules du jour (Lemaitre,Contemp., 1885, p. 11):
2. ... dans le désert créé autour de nous, les petits ridicules de Silbermann grossissaient; je veux dire que je les remarquais davantage (...) son physique, sa gesticulation, sa voix, me choquaient... Lacretelle,Silbermann, 1922, p. 99.
2. Absol. Ce qui (dans un comportement, une situation) provoque le rire, la moquerie, la dérision; fait d'être ridicule. Avoir le sentiment du ridicule; braver le ridicule; pousser le ridicule jusqu'à (faire telle chose); avoir horreur, peur du ridicule; craindre, éviter le ridicule; glisser, tomber dans le ridicule; c'est le comble du ridicule. Le chevalier Des Grieux (...) ne se sauve du ridicule que par sa jeunesse et par les illusions qu'il avait su conserver (Murger,Scènes vie boh., 1851, p. 287).Les Baudoin n'avaient à aucun degré cette maladroite pudeur que l'on nomme le sens du ridicule et, comme ils dédaignaient le ridicule, (...) le ridicule n'osait pas même les effleurer (Duhamel,Suzanne, 1941, p. 150).
Locutions
a) Déverser, jeter, répandre le ridicule sur qqn/qqc.; frapper (vx), couvrir de ridicule qqn/qqc.; traduire (vx), tourner qqn/qqc. en ridicule. Présenter quelqu'un ou quelque chose sous un jour grotesque, en faire un objet de risée, de dérision. Synon. ridiculiser.Il est aisé de déverser le ridicule sur une science neuve par des citations artificieuses (Fourier,Nouv. monde industr., 1830, p. 35):
3. ... il était craint à cause de son bavardage, de son esprit mordant. On ne savait jamais s'il parlait sérieusement. Il (...) couvrait de ridicule de vieux officiers, puis s'amusait, sans avoir l'air d'y toucher (...) à rendre leur prestige à ceux qu'il avait humiliés. Peisson,Parti Liverpool, 1932, p. 52.
Empl. pronom. réfl. Se couvrir de ridicule. Se comporter de telle manière que l'on devienne ridicule. J'aurais continué à me couvrir de ridicule si... tout à l'heure, en quelques paroles... très rapides, insaisissables, Gabrielle n'avait éveillé dans mon esprit... je ne sais pas... un soupçon! (Bernstein,Secret, 1913, iii, 5, p. 36).L'idée qu'il puisse risquer sa vie pour moi m'est intolérable; mais je crains surtout, j'ose à peine l'avouer, qu'il ne se couvre de ridicule (Gide,Faux-monn., 1925, p. 1183).
b) Le ridicule ne tue pas. Le risque d'être ridicule ne doit pas faire renoncer à entreprendre certaines actions, à se mettre dans certaines situations. (Dict. xxes.). P. iron. [Se dit à quelqu'un qui s'est mis dans une situation ridicule(ibid.)] .
B. − Action, manière de ridiculiser quelqu'un/quelque chose; propos par lesquels on ridiculise quelqu'un/quelque chose. L'attendrissement sur le chien qui tire la langue, chez un scélérat couvert de sang comme lui, est de l'excellent ridicule. Il me fait rire, Sigismond, par moments (Montherl.,Malatesta, 1946, iv, 4, p. 515).En famille, à voix basse, comme font les cousins de Gunsbach et de Pfaffenhofen, nous tuons les boches par le ridicule (Sartre,Mots, 1964, p. 28).
REM. 1.
Ridicule, subst. masc.,altér. plais. Réticule. (Ds Littré, DG, Rob.).
2.
Ridiculissime, adj.,rare. Extrêmement ridicule. Que l'on veuille bien se rappeler de ma ridiculissime éducation. Pour ne me faire courir aucun danger mon père et Séraphie m'avaient empêché de monter à cheval et, autant qu'ils avaient pu, d'aller à la chasse (Stendhal,H. Brulard, t. 1, 1836, p. 477).
Prononc. et Orth.: [ʀidikyl]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. Subst. 1. a) 1500-03 « élément, manière d'agir qui prête à rire » (Therence en fr., éd. 1539, f o314 r ods Delb. Notes mss: Tous tes ditz ne sont que fallaces ridiculles; 1668 tourner (qqc.) en ridicule (La Fontaine, Fables, V, 1: Je tâche d'y tourner le vice en ridicule); b) 1663 « ce qui prête à rire chez une personne, dans une chose » le ridicule des hommes (Molière, Crit. Éc. des femmes, VI); id. [date de la leçon] (La Rochefoucauld, Réflexions mor., CLXIII ds Œuvres, éd. A. Régnier, t. 1, p. 96, note 4: il y a une infinité de conduites qui ont un ridicule apparent); 2. 1652 « ce qui excite le rire, la risée (d'une manière générale) (Guez de Balzac, Socrate chrétien ds Œuvres, Paris, L. Billaine, t. 2, 1665, p. 265: Le Ridicule est une des extremitez du subtil); 3. 1658 « personne excitant la risée » (Loret, Muze histor., 18 juil. ds Livet Molière); 1659 tourner (qqn) en ridicule (Pascal, Provinciales, XII ds Œuvres, éd. J. Chevalier, p. 802). B. Adj. 1. av. 1502 « digne de risée » choses vaines et ridicules (O. de Saint-Gelais, Eneide, fol. 187d, éd. 1529 ds Gdf. Compl.); 1580 (d'une personne) se rendre ridicule (Montaigne, Essais, II, 17, éd. P. Villey et V. L. Saulnier, p. 659); 1588 impers. il est ridicule que (Id., III, 9, p. 975); 2. 1865 « insignifiant, dérisoire (surtout en parlant d'une somme, d'une valeur) » (Goncourt, loc. cit.). Empr. au lat.ridiculus, en bonne part « plaisant, drôle », en mauvaise part « ridicule, risible, comique; extravagant ». Cf. les synon. ant. évincés par ridicule: m. fr. ridiculaire (xves. ds Gdf.; empr. au lat. ridicularius, b. lat. ridicularis « bouffon ») et ridiculeux (xves., ibid.; empr. au lat. ridiculosus « plaisant, drôle »). Fréq. abs. littér.: 5 472. Fréq. rel. littér.: xives.: a) 9 358, b) 5 501; xxes.: a) 7 944, b) 7 559.
DÉR.
Ridiculité, subst. fém.,vx, littér. a) Caractère de ce qui est ridicule. La ridiculité de nos glorioles (Amiel,Journal, 1866, p. 216).Je pense à la ridiculité du salaire pour l'homme de lettres bibeloteur (Goncourt,Journal, 1876, p. 1142).b) Chose ridicule; action, propos par lesquels on se rend ridicule. C'est [Jeanne de George Sand] d'une perfection, le personnage s'entend, car il y a bien des ridiculités; c'est mal composé; les accessoires sont (quelques-uns) indignes de cette magnifique page (Balzac,Lettres Étr., t. 2, 1844, p. 456). [ʀidikylite]. Ds Ac. 1762-1878. 1resattest. a) ca 1610 ridiculeté « acte, conduite ridicules » (Béroalde de Verville, Le Moyen de Parvenir, Defaut, éd. H. Moreau et A. Tournon, fac-similé, p. 485), 1663-64 ridiculité (Ch. Robinet, Panégyrique de l'Éc. des femmes, 4eentrée ds Brunot t. 4, p. 551), b) 1675, 13 oct. « caractère de ce qui est ridicule » (Sévigné, Lettres, éd. E. Gérard-Gailly, t. 1, p. 876: la ridiculité de ses manières [Melledu Plessis]); de ridicule, suff. -eté*, -ité*; v. Nyrop t. 3, § 341.
BBG.Strosetzki (Ch.). Konversation ... Frankfurt am Main, 1978, p. 115.

Ridicule, subst. masc.,altér. plais. Réticule. (Ds Littré, DG, Rob.).

Wiktionnaire

Nom commun 1 - français

ridicule \ʁi.di.kyl\ masculin

  1. (Vieilli) Ce qui est ridicule ; ce qu’il y a de ridicule dans une personne ou dans une chose.
    • Le roman bourgeois et demi-bourgeois appartient en toute propriété à Théodore Hook. Esprit sans imagination, sans passion, sans poésie, mais singulièrement apte à saisir et à reproduire les ridicules de la classe moyenne, ses prétentions comiques et ses aspirations vers un bon goût, […]. — (Philarète Chasles, Le Roman anglais, dans Revue des deux Mondes, vol.3, p.21, 1842)
    • Tous les ridicules de cette digne femme, essentiellement charitable et pieuse, eussent peut-être passé presque inaperçus ; […]. — (Honoré de Balzac, Modeste Mignon, 1844)
    • À l’exemple de Juvénal, je ne suis pas descendu dans la sentine des vices pour la remuer, j’ai plutôt passé gaiement en revue les ridicules que les turpitudes. — (Érasme, Éloge de la folie, Traduction par G. Lejeal en 1899)
    • De ma tendre enfance je ne parlerai pas. […]. Eussé-je autrement décidé que je me garderais du ridicule qui s’attache à quiconque fait un sort aux minuties du premier âge. — (Joseph Caillaux, Mes Mémoires, I, Ma jeunesse orgueilleuse, 1942)
    • Je redoutais le ridicule d’une entrée au lycée à la tête d’un cortège familial, comme le mort de l’enterrement. — (Marcel Pagnol, Le temps des secrets, 1960, collection Le Livre de Poche, page 261)
  2. (Vieilli) Personne considérée comme ridicule.
    • Non, non, la constance n’est bonne que pour des ridicules ; toutes les belles ont droit de nous charmer, et l’avantage d’être rencontrée la première ne doit pas dérober aux autres les justes prétentions qu’elles ont toutes sur nos cœurs. — (Molière, Dom Juan ou le Festin de pierre, acte I, scène II)
  3. Traits par lesquels on se moque d’une personne, on fait rire les autres à ses dépens.
    • Manier l’arme du ridicule.
    • Braver le ridicule.
    • Périr sous le ridicule.
    • Tomber, crouler sous le ridicule.

Adjectif - français

ridicule \ʁi.di.kyl\ masculin et féminin identiques

  1. Qui est digne de risée ou de moquerie.
    • Il a toujours méprisé les vanteries ridicules dont il arrive assez ordinairement que la noblesse étourdit le monde. — (Jacques-Bénigne Bossuet, Gornay)
    • Cette gentillesse qui abrégeait les formes et supprimait les fadaises ridicules que tout garçon se croit tenu de débiter à la belle fille dont il essaie de faire sa maîtresse, m’avait séduit. — (Francis Carco, Messieurs les vrais de vrai, Les Éditions de France, Paris, 1927)
    • Tu marchais dans les rues, enfoncée dans tes bottines ridicules à trois francs six sous. Tu marchais comme d’hab’, en baissant la tête. Jamais je t'ai vue regarder le ciel. — (Magyd Cherfi, Livret de famille, Actes Sud Littérature, 2011)
    • Cet homme s’est rendu ridicule.
    • Il a des manières ridicules.
    • Que cela est ridicule !
    • Il nous a dit des choses fort ridicules.
    • Saisir le côté ridicule d’une chose.
  2. Qui va à l’encontre du bon sens ou de la normalité.
    • Mais le diable a soufflé là-dessus, de son haleine fiévreuse et empestée, et les pires billevesées ont pris leur vol. L’homme a inventé les dieux et il a créé l’amour avec son cortège de sensibleries ridicules ou criminelles. — (Victor Méric, Les Compagnons de l’Escopette, Éditions de l’Épi, Paris, 1930, page 118)
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

RIDICULE. adj. des deux genres
. Qui est digne de risée, de moquerie. Cet homme s'est rendu ridicule. Il a des manières ridicules. Une posture ridicule. Discours ridicule. Conduite ridicule. Vanité ridicule. Que cela est ridicule! Il nous a dit des choses fort ridicules. Saisir le côté ridicule d'une chose. Il s'emploie substantivement en parlant des Personnes. Alceste, du Misanthrope, est un ridicule.

RIDICULE, nom masculin, signifie aussi Ce qui est ridicule, ce qu'il y a de ridicule dans une personne ou dans une chose. Ce serait un grand ridicule. Cela est d'un parfait ridicule, d'un ridicule achevé. C'est le comble du ridicule. Saisir, apercevoir, relever les ridicules. Donner, prêter des ridicules à quelqu'un. Il s'est donné là un grand ridicule. Tomber dans le ridicule. Quel poète comique sut mieux peindre les ridicules? Tourner quelqu'un en ridicule, Se moquer de lui, faire voir aux autres ce qu'il y a de ridicule dans sa personne, dans ses actions, dans ses discours.

RIDICULE désigne encore les Traits par lesquels on se moque d'une personne, on fait rire les autres à ses dépens. Manier l'arme du ridicule. Braver le ridicule. Périr sous le ridicule. Tomber, crouler sous le ridicule.

Littré (1872-1877)

RIDICULE (ri-di-ku-l') adj.
  • 1Digne de risée, en parlant des personnes et des choses. Je ne m'étonne pas que vous ayez ri tout votre soûl, en m'écrivant l'étrange bruit qui court de moi, que je n'ai ni bonté ni amitié ; car, sans mentir, il ne s'est jamais rien dit de si ridicule, Voiture, Lett. 56. Allons fouler aux pieds ce foudre ridicule, Corneille, Poly. II, 6. Ce qui est nécessaire n'est jamais ridicule, Retz, Mém. t. III, liv. IV, p. 333, dans POUGENS. On sera ridicule, et je n'oserai rire ! Boileau, Sat. IX. Es-tu toi-même si crédule Que de me soupçonner d'un courroux ridicule ? Racine, Bajaz. IV, 7. L'homme ridicule est celui qui, tant qu'il demeure tel, a les apparences d'un sot, La Bruyère, XII. J'ai toujours fait une prière à Dieu, qui est fort courte ; la voici : Mon Dieu, rendez nos ennemis bien ridicules ! Dieu m'a exaucé, Voltaire, Lett. Damilaville, 16 mai 1767. Dubois fut bientôt après cardinal et premier ministre, et pendant son ministère tout fut ridicule et tranquille, Voltaire, Hist. parl. LXII. Vraiment je ne savais pas que vous eussiez enterré votre médecin ; je ne sais rien de si ridicule qu'un médecin qui ne meurt pas de vieillesse, Voltaire, Lett. d'Argental, 6 nov. 1767. Comme la mode est parmi nous la raison excellente, nous jugeons des actions, des idées et des sentiments sur leur rapport avec la mode ; tout ce qui n'y est pas conforme est trouvé ridicule, Duclos, Consid. mœurs, IX. Ce n'est pas ce qui est criminel qui coûte le plus à dire, c'est ce qui est ridicule et honteux, Rousseau, Conf. I.

    Je suis ridicule, je m'émeus facilement, je pleure facilement (parce que ne pas retenir ses larmes devant le monde passe pour ridicule).

    En un sens analogue, avoir le cœur ridicule, s'attacher facilement. Elle [la princesse de Tarente] a le cœur comme de cire, et s'en vante, disant assez plaisamment qu'elle a le cœur ridicule, Sévigné, 11 déc. 1675.

  • 2 S. m. et f. Un ridicule, une ridicule, une personne ridicule. Ne voyez-vous pas que c'est un ridicule qu'il fait parler ? Molière, Crit. 7. La constance n'est bonne que pour des ridicules, Molière, D. Juan, I, 2. Parbleu ! je viens du Louvre, où Cléante au levé, Madame, a bien paru ridicule achevé, Molière, Mis. II, 5. Fi donc ! c'est une ridicule ; à son âge épouser un jeune homme ! Dancourt, Mme Artus, V, 11. Taisez-vous, s'il vous plaît, petite ridicule, Regnard, le Joueur, II, 10.
  • 3 S. m. Ce qu'il y a de ridicule dans une personne ou dans une chose. Le ridicule déshonore plus que le déshonneur, La Rochefoucauld, Max. 326. Ce mot [pris substantivement] n'est pas fort ancien …on n'a pas toujours dit : trouver le ridicule d'une chose, Bouhours, Entret. d'Ar. et d'Eug. p. 120 (1671). Il est bien plus aisé de se guinder sur de grands sentiments… que d'entrer comme il faut dans le ridicule des hommes, Molière, Critique, 7. Un homme de la cour disait l'autre jour à Mme de Ludre : Madame, vous êtes, ma foi, plus belle que jamais. Tout de bon, dit-elle, j'en suis bien aise, c'est un ridicule de moins. J'ai trouvé cela plaisant, Sévigné, 355. Le ridicule qui est quelque part, il faut l'y voir, l'en tirer avec grâce et d'une manière qui plaise et qui instruise [au théâtre], La Bruyère, I. À mesure que la faveur et les grands biens se retirent d'un homme, ils laissent voir en lui les ridicules qu'ils couvraient et qui y étaient sans que personne s'en aperçût, La Bruyère, VI. Le sot ne se tire jamais du ridicule ; c'est son caractère ; l'on y entre quelquefois avec de l'esprit, mais l'on en sort, La Bruyère, XII. Ah ! bon Dieu ! dis-je en moi-même, ne sentirons-nous jamais que le ridicule des autres ? Montesquieu, Lett. pers. 52. Le duel [entre Charles-Quint et François Ier] n'eut point lieu ; tant d'appareil n'aboutit qu'au ridicule, dont le trône même ne garantit pas les hommes, Voltaire, Mœurs, 124. Le ridicule consiste à choquer la mode ou l'opinion, et communément on les confond assez avec la raison, Duclos, Consid. mœurs, 9. Elle [Corinne] apercevait le ridicule avec la gaieté d'une Française, et le peignait avec l'imagination d'une Italienne, Staël, Corinne, III, 1.

    En ridicule, d'une manière qui excite la moquerie. On lui dit [à la Voisin empoisonneuse] qu'elle ferait bien mieux… de chanter un Ave maris stella ou un Salve que toutes ses chansons ; elle chanta l'un et l'autre en ridicule, Sévigné, 23 févr. 1680. [Napoléon] sachant bien… que les délicatesses et les grâces que quelques-uns apportent de nos salons sont à leurs yeux [des soldats] faiblesse, pusillanimité, et que c'est pour eux comme une langue étrangère qu'ils ne comprennent pas et dont l'accent les frappe en ridicule, Ségur, Hist. de Nap. III, 3.

    Tourner, traduire en ridicule, se moquer. Tout de bon, mes pères, il serait aisé de vous tourner là-dessus en ridicule, Pascal, Prov. XI. Aimez-moi ; quoique nous ayons tourné ce mot en ridicule, il est naturel, Sévigné, 59. La vertu est traduite en ridicule, Bourdaloue, Domin. IV, Zèle honn. relig. 289. Quand une fois on a tourné l'enthousiasme en ridicule, on a tout défait, excepté l'argent et le pouvoir, Staël, Corinne, IV, 3.

    Par un jeu de mots sur traduire en ridicule, qui veut dire rendre ridicule, et sur traduire signifiant translater. D'un savant traducteur on a beau faire choix [pour les poëtes grecs], C'est les traduire en ridicule Que de les traduire en françois, Perrault, Parallèle des anciens et des modernes, préface. On dit que l'apostat la Bletterie, qui avait fait un livre passable sur le brave apostat Julien, vient de traduire Tacite en ridicule, Voltaire, Lett. La Harpe, 2 juin 1768.

    Donner, prêter un ridicule, rendre ridicule. Ne cherchez-vous pas à plaire, en donnant du ridicule à un homme qui ne plaît pas ? Massillon, Carême, Médis. Quoique vous sentiez très bien les ridicules, personne n'est plus éloigné que vous d'en donner, D'Alembert, Portr. de Mlle de l'Espinasse. Diogène, lui dit un troisième, on vous donne bien des ridicules. - Mais je ne les reçois pas, Barthélemy, Anach. ch. 28.

    Se donner un ridicule, des ridicules, se rendre un objet de moquerie. Il était fort honnête homme, assez sérieux, fort sévère et mortel ennemi du ridicule, la laideur de sa femme ne lui était pas tant à charge que celui qu'elle se donnait dans toutes les occasions qui s'en présentaient, Hamilton, Gramm. 7. …Que je me donne un pareil ridicule ! Rompre avec un ami ! Gresset, le Méch. IV, 4.

  • 4Discours ou acte par lequel on se moque d'une personne. Nos vices ne sont pas les vices qu'Horace et Juvénal ont repris ; nous devons employer un autre ridicule, et nous servir d'une autre censure, Saint-Évremond, dans RICHELET. Vous êtes cruelle de donner en l'air des traits de ridicule à des endroits [de l'opéra de Roland] qui vous feront pleurer, Sévigné, 28 janv. 1685. Oh ! je vois bien que vous n'avez pas compris les perfections de la plaisanterie, toute sagesse y est renfermée ; on peut tirer du ridicule de tout, Fontenelle, Dial. 1, Morts anc. mod. Les maximes du ridicule que les femmes s'entendent si bien à établir, Montesquieu, Esp. VII, 8. Le ridicule est le fléau des gens du monde, et il est assez juste qu'ils aient pour tyran un être fantastique, Duclos, Consid. mœurs, 9. Mal appliquer le ridicule, c'est souffler sur une glace : l'humidité de l'haleine disparaît d'elle-même, et le cristal reprend son éclat, Diderot, Mémoires, Prom. d'un scept. Le ridicule n'est, à ses yeux, que la raison des sots ; et rien ne rend plus insensible à la raillerie que d'être au-dessus de l'opinion, Rousseau, Ém. IV.
  • 5 Terme de théâtre. Ce qui prête au comique. Il peut y avoir un ridicule si bas, si grossier, ou même si fade et si indifférent, qu'il n'est ni permis au poëte d'y faire attention, ni possible aux spectateurs de s'en divertir, La Bruyère, I. Que les caractères qui sont susceptibles de ridicules en grand sont presque entièrement épuisés ; qu'il ne nous reste guère à peindre que des ridicules fugitifs, des ridicules de société et de mode, plus faits pour les sages que pour le parterre, D'Alembert, Éloges, la Chaussée.

REMARQUE

Au XVIIe siècle, Marg. Buffet, Observ. p. 49, recommande de ne pas dire rédicule, rédiculement, c'est une faute qui se fait encore.

SYNONYME

RIDICULE, RISIBLE. Ridicule, qui excite la risée, risible, qui est propre à exciter le rire. On rit de ce qui est risible ; on se rit de ce qui est ridicule. Risible se prend en bonne et en mauvaise part ; ridicule ne se prend qu'en mauvaise part. Risible pris en mauvaise part dit beaucoup moins que ridicule.

HISTORIQUE

XVIe s. Et feut ridicule l'humeur de Polycrates, tyran de Samos, lequel, pour interrompre le cours de son continuel bonheur… alla jecter en la mer le plus cher et precieux joyau qu'il eut, Montaigne, II, 258.

Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

Étymologie de « ridicule »

Lat. ridiculus, de ridere, rire.

Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

(Nom commun 1) (Date à préciser) Du latin ridiculus.
(Nom commun 2) Par déformation de réticule.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Phonétique du mot « ridicule »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
ridicule ridikyl

Fréquence d'apparition du mot « ridicule » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « ridicule »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « ridicule »

  • Ma femme ! Qui a inventé cette possession ridicule ?
    Roger Fournier — Journal d'un jeune marié
  • La peur du ridicule obtient de nous les pires lâchetés.
    André Gide — Les nouvelles nourritures
  • Comment obtenir la béatitude ? En disant Dada. Comment devenir célèbre ? En disant Dada. D’un geste noble et avec des manières raffinées. Jusqu’à la folie. Jusqu’à l’évanouissement. Comment en finir avec tout ce qui est journalisticaille, anguille, tout ce qui est gentil et propret, borné, vermoulu de morale, européanisé, énervé ? En disant Dada. Dada c’est l’âme du monde, Dada c’est le grand truc. Dada c’est le meilleur savon au lait de lys du monde. Dada Monsieur Rubiner, Dada Monsieur Korrodi, Dada Monsieur Anastasius Lilienstein. Cela veut dire en allemand : l’hospitalité de la Suisse est infiniment appréciable. Et en esthétique, ce qui compte, c’est la qualité. Je lis des vers qui n’ont d’autre but que de renoncer au langage conventionnel, de s’en défaire. Dada Johann Fuchsgang Goethe. Dada Stendhal, Dada Dalaï-lama, Bouddha, Bible et Nietzsche. Dada m’Dada. Dada mhm Dada da. Ce qui importe, c’est la liaison et que, tout d’abord, elle soit quelque peu interrompue.Je ne veux pas de mots inventés par quelqu’un d’autre. Tous les mots ont été inventés par les autres. Je revendique mes propres bêtises, mon propre rythme et des voyelles et des consonnes qui vont avec, qui y correspondent, qui soient les miens. Si une vibration mesure sept aunes, je veux, bien entendu, des mots qui mesurent sept aunes. Les mots de Monsieur Dupont ne mesurent que deux centimètres et demi. On voit alors parfaitement bien comment se produit le langage articulé. Je laisse galipetter les voyelles, je laisse tout simplement tomber les sons, à peu près comme miaule un chat… Des mots surgissent, des épaules de mots, des jambes, des bras, des mains de mots. AU. OI. U. Il ne faut pas laisser venir trop de mots. Un vers c’est l’occasion de se défaire de toute la saleté. Je voulais laisser tomber le langage lui-même, ce sacré langage, tout souillé, comme les pièces de monnaie usées par des marchands. Je veux le mot là où il s’arrête et là où il commence. Dada, c’est le coeur des mots. Toute chose a son mot, mais le mot est devenu une chose en soi. Pourquoi ne le trouverais-je pas, moi ? Pourquoi l’arbre ne pourrait-il pas s’appeler Plouplouche et Plouploubache quand il a plu ? Le mot, le mot, le mot à l’extérieur de votre sphère, de votre air méphitique, de cette ridicule impuissance, de votre sidérante satisfaction de vous-mêmes. Loin de tout ce radotage répétitif, de votre évidente stupidité.Le mot, messieurs, le mot est une affaire publique de tout premier ordre.
    Hugo Ball —  Manifeste littéraire
  • On n'imagine pas combien il faut d'esprit pour n'être pas ridicule.
    Sébastien Roch Nicolas, dit Nicolas de Chamfort — Maximes et pensées
  • L’odieux est la porte de sortie du ridicule.
    Victor Hugo — Tas de pierres
  • Cherchez le ridicule en tout, vous le trouverez.
    Jules Renard — Journal
  • On sera ridicule, et je n'oserai rire ?
    Nicolas Boileau dit Boileau-Despréaux — Satires
  • Et je n'ai pas trouvé cela si ridicule.
    François Coppée — Poésies, Lemerre
  • Si le ridicule tuait, les rues seraient jonchées de cadavres.
    Jean Dion — Le Devoir - 28 Juin 1997
  • Un critique ne doit jamais hésiter à se rendre ridicule.
    Jean Paulhan — Le Bonheur dans l'esclavage, Pauvert
Voir toutes les citations du mot « ridicule » →

Traductions du mot « ridicule »

Langue Traduction
Anglais ridiculous
Espagnol ridículo
Italien ridicolo
Allemand lächerlich
Chinois 荒谬
Arabe سخيف
Portugais ridículo
Russe смешной
Japonais ばかげた
Basque barregarria
Corse ridiculu
Source : Google Translate API

Synonymes de « ridicule »

Source : synonymes de ridicule sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « ridicule »

Combien de points fait le mot ridicule au Scrabble ?

Nombre de points du mot ridicule au scrabble : 11 points

Ridicule

Retour au sommaire ➦