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Dispenser

Définitions de « dispenser »

Trésor de la Langue Française informatisé

DISPENSER, verbe trans.

A.− Dispenser qqn de (faire) qqc.
1. DR. CIVIL et RELIG. [Le suj. désigne une autorité]
a) Autoriser (quelqu'un) à ne pas faire quelque chose de prescrit par une loi, une règle; accorder une dispense (cf. ce mot C). Le maire peut dispenser des publications pour le mariage. Synon. exempter (de).En raison de l'extrême éloignement d'une de mes annexes, je suis dispensé du jeûne sacramentel le jour où je dois y célébrer la Sainte Messe (Bernanos, Journal curé camp.,1936, p. 1184).Couchez-vous, signez-vous, et dormez. Je vous dispense formellement de toute autre prière (Bernanos, Dialog. Carm.,1948, 2etabl., 2, p. 1609).
SYNT. Dispenser de la communion publique, du ministère ordinaire, de la loi commune; on l'a dispensé du service militaire, de servir comme soldat.
b) P. anal., spéc., DR. CANON, emploi abs., rare. Faire remise à quelqu'un de ce qu'il a fait contre les règles de l'Église. Le Pape seul peut dispenser en cas de simonie (Lar. Lang. fr.).Synon. absoudre, relever (d'une faute).
2. P. ext. [Le suj. désigne une pers.]
a) Domaine du dr. ou de la coutume.Libérer, dégager (quelqu'un) d'une obligation. On l'a dispensé de s'astreindre à ce règlement; élève dispensé des épreuves orales d'un examen :
1. Pour me rendre la situation encore beaucoup plus agréable, on m'a dispensé des études... Je distrayais tout le monde en classe... Céline, Mort à crédit,1936, p. 287.
SYNT. Le médecin major a dispensé cette recrue de corvée, de garde, de marche; être dispensé du deuil; être dispensé de quelque formalité, d'avoir à décliner son identité; dispenser un écolier de faire, de rendre des devoirs.
Spéc. Dispenser qqn d'un droit, d'une taxe. Synon. exonérer.Louis XI put rentrer dans Paris qu'il dispensa d'impôts pour être plus sûr de sa fidélité (Bainville, Hist. Fr.,t. 1, 1924, p. 128).
b) Domaine gén.Tenir quitte de, ne pas exiger, ne pas imposer. Dispenser le lecteur des indications préliminaires :
2. ... je lui demandai [à Gobseck] (...) quel sentiment l'avait poussé à me faire payer de si énormes intérêts (...) − Mon fils, je t'ai dispensé de la reconnaissance en te donnant le droit de croire que tu ne me devais rien... Balzac, Gobseck,1830, p. 420.
Au part. passé. Être (se croire) dispensé de... Se considérer comme déchargé de, ne pas se sentir obligé. Se croire dispensé d'agir, de réfléchir, de répondre à une lettre; se juger définitivement dispensé de toutes lectures, études sérieuses, de résoudre un problème; on n'est jamais dispensé d'être aimable. Un homme en proie à une grande maladie, ou à une angoisse profonde, est dispensé du même coup de toutes les autres maladies ou angoisses (Camus, Peste,1947, p. 1376).
P. euphém. Dispensez-moi (je vous dispense) de tout commentaire, de vos critiques et réflexions. Ne faites (je ne veux pas que vous fassiez) aucun commentaire. Synon. faire grâce (de), épargner.Schiller, (...) était sûr de rencontrer dans ses auditeurs assez de connaissances pour le dispenser de tout commentaire (Constant, Wallstein,1809, p. XVI).
c) P. ext., littér. [Le suj. désigne une chose] Épargner, soustraire à quelqu'un l'obligation de. Le grand âge dispense d'aller à la guerre; aucun raisonnement ne dispense de l'expérience; sa fortune le dispense de travailler. Le dogme les dispense de penser, la providence d'oser, la raison de trembler (Mounier, Traité caract.,1946, p. 747):
3. L'abbé fit de nouveau un geste vague de la main, ce geste qui répondait à tout en le dispensant de s'expliquer plus nettement. Zola, La Conquête de Plassans,1874, p. 931.
SYNT. Un prétexte, une excuse qui dispense de faire qqc.; un état qui dispense de travailler.
d) Emploi pronom. réfl. (cf. supra A 2 b, au part. passé). Se permettre de ne pas faire quelque chose. Se dispenser de tout effort, de travailler; il s'est dispensé d'aller à son bureau, à l'école. Synon. s'abstenir (de); anton. s'obliger (à), se forcer (à).− Vous pourriez vous dispenser d'ameuter le village, continua-t-il furieux (Bernanos, Crime,1935, p. 801):
4. Le plus souvent, dans le tête à tête, nous [lui et Amélie de Liviers] ne nous donnions pas de noms en causant... Devant le monde, l'accent était toujours là pour corriger ce que l'usage imposait de trop cérémonieux... Mais, seuls, nous nous gardions d'ordinaire, nous nous dispensions de tout nom... Sainte-Beuve, Volupté,t. 1, 1834, p. 30.
SYNT. Ne pouvoir se dispenser de juger; se dispenser de toute cérémonie; se dispenser de banalités; se dispenser des visites, des formalités d'usage; particuliers qui se dispensent de payer leurs dettes; se dispenser d'un acte pénible; ne pouvoir se dispenser de citer qqn; ne pouvoir se dispenser de se rendre à une soirée.
B.− Dispenser qqc. à qqn
1. Distribuer (avec une idée de largesse, de générosité). Dispenser libéralement tout son temps à qqn; dispenser des trésors d'affection à un enfant; le sommeil qui dispense les bienfaits de l'oubli. Synon. répandre, prodiguer.L'heure de la récréation du soir, passée tout entière à l'avare lumière du préau dispensée par un unique bec de gaz (Bernanos, Mouchette,1937, p. 1268):
5. ... je passe ma vie au milieu des architectes tunisiens et des artisans indigènes; je les vois distribuer partout l'air et la lumière dans les maisons, avec cette même habileté qu'ils déploient à dispenser l'eau dans les rigoles des jardins,... Tharaud, La Fête arabe,1912, p. 82.
6. Elle [Mmed'Amoncourt] avait maintenant une situation à n'avoir pas à dispenser d'autres grâces que celles que sa présence répandait. Proust, Sodome et Gomorrhe,1922, p. 667.
SYNT. Platanes qui dispensent une ombre remarquable; ruisseau dispensant le soir une fraîcheur dangereuse; yeux qui dispensent le bonheur et la tristesse; la sérénité que dispense la mort; fleurs qui dispensent leurs parfums; dispenser avec impartialité le blâme et la louange; dispenser la vie aux générations nouvelles; dispenser un enseignement à des étudiants.
Au part. passé. Rayonnement, chaleur dispensés par une présence.
2. Emploi pronom. passif. Être donné. Cet enseignement se dispense aux seuls spécialistes; les honneurs se dispensent qqf. au hasard. Mais donnons d'abord notre attention à l'éducation organisée, celle qui se dispense dogmatiquement dans les écoles (Valéry, Variété III,1936, p. 270).
Rem. 1. On rencontre ds les principaux dict. du xixes. le sens spéc. en pharm. de « doser ». Dispenser les médicaments (cf. dispensaire, dispensation) déjà indiqué comme ,,vx`` par Littré. 2. On rencontre ds la docum. a) Le part. prés. et adj. dispensant, ante. Qui a le pouvoir, la faculté de donner dispense (v. ce mot A). De là [l'impossibilité de créer une loi sans exception] résulte dans toute législation la nécessité d'une puissance dispensante (J. de Maistre, Pape, 1819, p. 139). b) L'adj. dispensatoire. Qui dispense (supra B 1). Mon docteur médecin examinait les cas nouveaux avec un esprit nouveau. Il n'avait pas des formules toutes faites et dispensatoires [répond le malade au docteur] (Péguy, Grippe I, 1900, p. 11).
Prononc. et Orth. : [dispɑ ̃se], (je) dispense [dispɑ ̃:s]. Étymol. et Hist. I. 1. 1283 « accorder une dispense » (Ph. de Beaumanoir, Coutumes Beauvaisis, éd. A. Salmon, § 1636 : Se toute la verités du mesfet n'est contee a sainte Eglise et que l'apostoile vueille seur ce dispenser); 1544 dispenser de « autoriser quelqu'un à ne pas faire quelque chose qui est obligatoire » (Seyssel trad. d'Appien, Guerres civiles, III, 12 ds Hug.); p. ext. 1559 « (d'une chose − ici l'âge −) décharger quelqu'un d'une obligation » (Amyot, Marcell., 1 ds Littré); 1644 dispensez moi de... (Corneille, Rodogune, III, 1); 2. 1526 dispenser à « autoriser quelqu'un à faire quelque chose normalement interdit » (J. Bouchet, Epistres morales du Traverseur, I, 2 ds Hug.); 1541 se dispenser de « se permettre de » (Calv. Instit., 1001 ds Littré). II. 1. Av. 1340 « organiser, répartir l'emploi d'une chose » ma vie mal dispensee (Watriquet de Couvin, Dits, 113, 5 ds T.-L.); cf. 1534 il dispensoyt ... son temps (Rabelais, Gargantua, éd. R. Calder, chap. 20); 2. xives. « distribuer, employer, utiliser » le vin dispenser (G. Le Muisit, Poésies, I, 166 ds T.-L.); en partic. 1541 [Dieu] dispense ses bénéfices envers les hommes (Calv., op. cit., 108 ds Littré); 3. 1690 pharm. (Fur.). Empr. au lat. class.dispensare « partager, distribuer; administrer, gouverner » lat. impérial « régler, employer », formé sur le supin dispensum de dispendere « distribuer » (dis et pendere « peser »), v. aussi dépense. Fréq. abs. littér. : 1 168. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 2 182, b) 1 381; xxes. : a) 1 286, b) 1 582.
DÉR.
Dispensable, adj.,rare. a) Pour lequel on peut accorder dispense (v. ce mot C). Cas (non) dispensable. b) Qui peut être évité; dont on peut se dispenser (supra A 2 d), se passer. L'occasion, toujours ajournable et même « dispensable », ne décide que du lieu, de l'heure et de la sorte (Jankél., Je-ne-sais-quoi,1957, p. 121). [dispɑ ̃sabl̥]. 1reattest. xives. [ms.] « qui comporte une dispense », chose dispensable (J. Goulain, Ration., Richel. 437, fo155 rods Gdf.); du rad. de dispenser, suff. -able*. Fréq. abs. littér. : 2.
BBG. − Barb. Infl. 1923, p. 11 (s.v. dispensatoire).Gir. t. 2. Nouv. Rem. 1834, p. 31 − Lindström (A.). Dispensare. In : [Mél. Wahlund (K.)]. Mâcon, 1896, pp. 283-286. − Orr (J.). Le Fr. s'en passer. In : Essais d'étymol. de philol. fr. Paris, 1963, p. 132.

Wiktionnaire

Verbe - français

dispenser \dis.pɑ̃.se\ transitif 1er groupe (voir la conjugaison) (pronominal : se dispenser)

  1. Exempter de la règle ordinaire, par faveur spéciale, ou simplement exempter de quelque chose.
    • Simonot était du nombre, et Suzon passait une partie de la journée à cuisiner, en compagnie de Mme Jeanne, qui avait pris ses quartiers dans un hôtel voisin dont on nous dispensera de faire la description ; […]. — (Wilfrid de Fonvielle, Aventures d'un français au Klondyke, illustrations d'Edyck, Paris : Société française d'éditions d'art, 1901, chap. 17 : La lettre sauvée)
    • Dispenser de la loi commune. - Sont dispensées de la tutelle les personnes qui… - être dispensé de quelque formalité. - Dispenser quelqu’un du service militaire.
    • Il m’a dispensé de l’accompagner. - Se faire dispenser.
    • (Par extension) Croit-il que son rang le dispense de cette obligation ? - Rien ne peut vous en dispenser.
  2. Distribuer.
    • […] ; ceux-ci se tenaient ensemble à l’écart, regardant avec un grand dédain la cérémonie, tout en profitant de la bonne chère qu’on dispensait si libéralement. — (Walter Scott, Ivanhoé, traduit de l’anglais par Alexandre Dumas, 1820)
    • Le trafic des indulgences, qui devenait toujours plus intolérable, ne causa pas moins de préjudice à la cour romaine. Les pontifes français […] dispensèrent, à un prix excessif, toutes sortes de permissions scandaleuses. — (Emile Guers, Histoire abrégée de l'Église de Jésus-Christ, 1850, page 320)
    • (Vieilli) Le soleil dispense à tous sa lumière.
    • Dispenser un cours.
  3. (Pronominal) S’exempter soi-même de quelque chose.
    • Depuis longtemps déjà il soupçonnait la chose, car de l’apprendre en confession il n’y fallait guère compter ; à partir de quinze ou seize ans tous s’émancipaient et se dispensaient de cette corvée ennuyeuse : […]. — (Louis Pergaud, Le Sermon difficile, dans Les Rustiques, nouvelles villageoises, 1921)
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

DISPENSER. v. tr.
Exempter de la règle ordinaire, par faveur spéciale, ou simplement Exempter de quelque chose. Dispenser de la loi commune. Sont dispensées de la tutelle les personnes qui... Être dispensé de quelque formalité. Dispenser du jeûne. Dispenser quelqu'un du service militaire. Il m'a dispensé de l'accompagner. Se faire dispenser. Par extension, avec un nom de chose pour sujet. Croit-il que son rang le dispense de cette obligation? Rien ne peut vous en dispenser. Dispensez-moi de faire telle chose, se dit pour s'excuser de faire une chose. Je vous en dispense, se dit quelquefois pour prier quelqu'un de ne pas faire une chose, ou même pour lui défendre de la faire. Je vous dispense d'en dire davantage.

SE DISPENSER s'emploie souvent dans le sens de S'exempter soi-même de quelque chose. Se dispenser de ses devoirs. Se dispenser d'aller à son bureau. Je ne saurais m'en dispenser. Elle s'en est dispensée.

DISPENSER signifie en outre Distribuer. Dispenser les trésors du ciel. Dispenser des bienfaits. Le soleil dispense à tous sa lumière. Il vieillit.

Littré (1872-1877)

DISPENSER (di-span-sé) v. a.
  • 1Départir, distribuer. Et qu'à bien dispenser les choses, Il faut mêler, pour un guerrier, à peu de myrte et peu de roses, Force palme et force lauriers, Malherbe, IV, 5. L'autorité de l'homme est de peu d'importance, Et passe en un moment ; Mais cette vérité que le ciel nous dispense Dure éternellement, Corneille, Imit. I, 5. Les siens qu'il agrandit, les grâces qu'il dispense, Rotrou, Vencesl. I, 6. Au point que la nuit semble effacer les couleurs, Dispense le sommeil et charme les douleurs, Brébeuf, Phars. II. Il est besoin d'une grande sagesse pour dispenser la connaissance de la vérité, Arnauld, Fréquente communion, Préface. Quant à son temps, bien sut le dispenser : Deux parts en fit, dont il soulait passer L'une à dormir et l'autre à ne rien faire, La Fontaine, Son épitaphe faite par lui-même. Qui dispense la réputation ? Pascal, dans COUSIN. La sagesse qui dispense les grâces, Bossuet, le Tellier. Dieu qui dispense les maux selon les forces, Fléchier, Aiguillon. Il leur dispense avec mesure Et la chaleur des jours et la fraîcheur des nuits, Racine, Athal. I, 4. Elle dispensa de grandes louanges à l'éducation qu'on donnait à Saint-Cyr, Maintenon, Lett. à Mme de Cayius, 18 nov. 1716. Gouverner les celliers et dispenser le vin, Rollin, Hist. anc. Œuvres, t. VII, p. 258, dans POUGENS. Il [le soleil] dispense les jours, les saisons et les ans à des mondes divers autour de lui flottants, Voltaire, Henr. VI.
  • 2 Terme de pharmacie. Préparer. Vieux en ce sens. Dispenser la thériaque. Les statuts des épiciers portent que les aspirants à la maîtrise dispenseront leurs chefs-d'œuvre en présence de tous les maîtres, Furetière.
  • 3Au sens positif, qui dérive directement du sens de distribuer, mais qui a vieilli. Dispenser à, autoriser, permettre de faire quelque chose qui est défendu. Quoi ! s'il aimait ailleurs, serais-je dispensée à suivre à son exemple une ardeur insensée ? Corneille, Poly. III, 2.
  • 4Au sens négatif qui est seul usité aujourd'hui. Dispenser de, permettre à quelqu'un de ne pas faire quelque chose qui est ordonné. Dispenser du jeûne. Dispenser de faire maigre. Le grand âge dispense d'aller à la guerre. Seigneur, c'est me ranger plus que vous ne pensez Sous ces austères lois dont vous me dispensez, Racine, Phèd. II, 2.

    Fig. Et le soin de sa gloire à présent la dispense De se porter pour vous à cette violence, Corneille, Nicom. IV, 5. Dispense ma valeur d'un combat inégal, Corneille, Cid, II, 2. Il [Pilate] se contente de demander qu'on le délivre, ou qu'on le dispense de le condamner [Jésus-Christ], Massillon, Car. Pass. Il en était de ces dîners comme de beaucoup d'autres où la société, jouissant d'ellemême, dispense l'hôte d'être aimable, pourvu qu'il la dispense de s'occuper de lui, Marmontel, Mém. X. Votre bras, votre gloire ont combattu pour vous, Et dispensent d'aïeux un guerrier comme vous, Ducis, Othello, I, 7.

    Absolument. L'occasion convie, aide, engage, dispense, Corneille, Suite du Menteur, III, 5.

  • 5Dispenser, sans régime indirect, absoudre ou relever d'une faute commise. Le pape seul peut dispenser en cas de simonie. Il faut qu'on soit dispensé pour obtenir deux bénéfices.
  • 6Il se dit en termes de civilité à l'impératif, pour demander la permission de ne pas faire quelque acte de politesse. Dispensez-moi de vous reconduire. Dispensez-moi de vous aller voir si souvent. Il faut que tes conseils m'aident à repousser… Madame, au nom des dieux, veuillez m'en dispenser, Corneille, Rodog. III, 1. Adieu, dispensez-moi de parler là-dessus, Corneille, Sertor. IV, 3.

    Il se dit, aux autres modes, pour décharger, d'une façon polie, du soin de faire, de dire. Je l'ai dispensé de m'accompagner. Je vous dispense d'en dire davantage.

  • 7Se dispenser, v. réfl. Être départi. Les honneurs se dispensent quelquefois au hasard.
  • 8Se dispenser à, prendre la permission de faire. Quand je me dispensais à lui mal obéir, Corneille, Rodog. I, 5. Ma curiosité pour ce demi-quart d'heure S'osera dispenser…, Corneille, Mél. III, 6. Et c'est aussi pourquoi ma bouche se dispense à vous ouvrir mon cœur avec plus d'assurance, Molière, Dép. am. II, 1. Je finis, mon très cher monsieur, en vous demandant pardon de ma longueur, mais surtout de ce que je me dispense si familièrement à m'écarter de mon sujet avec vous, qui avez l'esprit si juste et si délicat, Bayle, Lett. à Minutoli, 31 janv. 1673.

    On a dit, dans le même sens, se dispenser de. On passe aisément d'un degré à l'autre ; ce qui s'est fait par une nécessité invincible, on prend droit, on se dispense de le faire sans nécessité, Patru, Plaid. 6.

    Se dispenser avec à ou de, en ce sens, a vieilli.

  • 9S'exempter de, prendre la permission de ne pas faire. Il s'est dispensé d'aller à son bureau. C'étaient des superstitions respectables par leur ancienneté, autorisées par les lois de l'Empire et par le consentement de presque tous les peuples, dont il fallait se dispenser, Massillon, Car. Immut. de la loi.

    S'excuser de faire, s'abstenir. Comme assez près des murs il avait son escorte, Je me suis dispensé de le mettre plus loin, Corneille, Sertor. IV, 3. Dans les visites qui sont faites Le renard se dispense et se tient clos et coi, La Fontaine, Fabl. III, 3.

REMARQUE

On notera dispenser à, se dispenser à, dans Corneille et dans Molière. Dispenser à, c'est permettre de ; dispenser de, c'est exempter de. Au reste, dispenser à a vieilli, et la signification s'en est obscurcie.

HISTORIQUE

XIIIe s. Puisque li mariages fu malvès el commencement, il ne pot jamés estre bons, se toute le [la] verité du meffet n'est contée en sainte Eglise, et que li apostoles [le pape] ne voille sor ce dispenser, Beaumanoir, LVII, 11.

XVe s. Le roi qui s'escript de Portingal et qui n'a nul droit à la couronne, car il est bastard non dispensé, Froissart, II, III, 19.

XVIe s. Il dispensoyt son temps en telle faczon que il s'esveilloyt entre huit et neuf heures, Rabelais, Gar. I, 21. Puis que voulez que je poursuive, o sire, L'œuvre royal du Pseautier commencé : … D'y besongner me tiens pour dispensé [autorisé], Marot, IV, 206. Par les anges il dispense ses benefices envers les hommes, et fait ses autres œuvres, Calvin, Instit. 108. Au reste la pluspart se dispense [permet] de faire la collation morselloire, comme ils disent, Calvin, ib. 1001. Il faut se soubmettre du tout à l'auctorité ou du tout s'en dispenser, Montaigne, I, 204. Mal dispenser son loisir, Montaigne, I, 289. Il y en a qui conseillent de se dispenser quelques fois à boire d'autant, pour relascher l'ame, Montaigne, II, 14. Les voylà à dispenser [disposer] leurs engins, Montaigne, III, 120. Ils ne jouirent point du privilege de l'aage, qui les dispensoit d'aller à la guerre, Amyot, Marcell. 1. Que le pape ne pouvoit dispenser [excuser, donner dispense] une femme d'avoir espousé les deux freres, Du Bellay, M. 158. De peur que, se voulant dispenser [permettre] de tailler ces arbres hors saison, cela ne les fist perir, De Serres, 810. De dispenser [permettre] la mere de famille de se lever tard, ordinairement, ne se peut, De Serres, 819.

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Étymologie de « dispenser »

Provenç. dispensar, despensar ; espagn. dispensar ; ital. dispensare ; du latin dispensare, de dis… préfixe, et pensare, distribuer, peser (voy. PENSER). Le sens primitif est répartir, distribuer ; puis on passe au sens de accorder permission, ce qui est une répartition, distribution ; là le sens se partage, et dispenser veut dire tantôt permettre de ne pas faire (par exemple dispenser de jeûner), tantôt permettre de faire.

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(Siècle à préciser) Du latin dispensare.
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Phonétique du mot « dispenser »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
dispenser dispɑ̃se

Fréquence d'apparition du mot « dispenser » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Citations contenant le mot « dispenser »

  • La citation, bien comprise, est une référence. Loin de dispenser le lecteur de s'enquérir du contexte d'où elle est tirée, elle suppose qu'il le possède.
    Pierre Baillargeon — Les médisances de Claude Perrin
  • Le musicien est quelqu'un à qui l'on peut s'en remettre pour dispenser de l'apaisement à son prochain, mais il est aussi un rappel de ce qu'est l'excellence humaine.
    Yehudi Menuhin
  • Comparer n'est pour l'ignorant qu'un moyen commode de se dispenser de juger.
    Johann Wolfgang von Goethe
  • La musique. Serait-elle un fluide mystérieux doué d'ubiquité ou un philtre magique que l'ouïe absorbe pour la dispenser dans toutes les cellules et nous apporter l'évasion.
    Anne Bernard — La Chèvre d'or
  • On commence par dire : cela est impossible pour se dispenser de le tenter, et cela devient impossible, en effet, parce qu'on ne le tente pas.
    Charles Fourier
  • On promet beaucoup pour se dispenser de donner peu.
    Vauvenargues — Réflexions et maximes
  • Nous querellons les malheureux pour nous dispenser de les plaindre.
    Vauvenargues — Pensées et Maximes
  • Nombreux sont ceux qui vivent et méritent la mort. Et certains qui meurent méritent la vie. Pouvez-vous la leur donner ? Alors ne soyez pas trop prompt à dispenser la mort en jugement.
    J. R. R. Tolkien — Le Seigneur des anneaux
  • Les principes sont des choses dont on use pour se dispenser de faire ce qui déplaît.
    Multatuli — Idées
  • « Pour cette raison, nous avons décidé de dispenser les parents et tuteurs des frais de scolarité du mois de mai. Et nous sommes en train d’examiner les différentes modalités de paiement pour ce mois de juin », a encore précisé le responsable. Pourvu que d’autres écoles privées fassent preuve du même discernement citoyen! Qu’elles prennent donc de la graine de cet exemple, ainsi de rares autres exemples plus ou moins similaires dans d’autres villes du Royaume!
    Le Site Info — Casablanca: une école privée dispense les familles des frais de scolarité d'un mois (VIDEO)
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Images d'illustration du mot « dispenser »

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Traductions du mot « dispenser »

Langue Traduction
Anglais dispense
Espagnol dispensar
Italien dispensare
Allemand zu verteilen
Chinois 分配
Arabe ليتم التخلص من
Portugais dispensar
Russe раздавать
Japonais 調剤する
Basque botatzeko
Corse dispensà
Source : Google Translate API

Synonymes de « dispenser »

Source : synonymes de dispenser sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « dispenser »

Combien de points fait le mot dispenser au Scrabble ?

Nombre de points du mot dispenser au scrabble : 12 points

Dispenser

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