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Dénier

Définitions de « dénier »

Trésor de la Langue Française informatisé

DÉNIER, verbe trans.

A.− Surtout dans le vocab. jur. Dénier qqc.
1. Nier formellement, refuser d'admettre comme vrai (un fait, une déclaration, des propos, etc.). Dénier un crime. Dénier une dette (Ac.1798-1932) :
1. ... je n'ai jamais été témoin d'un étonnement pareil à celui que lui causa la déclaration de Damiens; il [Gautier] la dénia avec toute l'assurance d'un homme innocent... Balzac, Œuvres diverses,t. 1, 1856, p. 562.
Rem. On rencontre parfois dénier suivi d'une prop. introduite par que. Tous les philosophes qui dénient qu'une vérité universelle existe (Massis, Jugements, 1923, p. 222).
2. Refuser de reconnaître comme sien. Un langage où rien n'est précisé, et facile à dénier plus tard (E. de Goncourt, Journal,1867, p. 350).Il [l'État] ne dénie pas ce devoir (Barrès, La Grande pitié des églises de France,1914, p. 213).
B.− Dénier qqc à qqn.Refuser (le plus souvent injustement) d'accorder que quelqu'un possède ou puisse posséder telle qualité, tel droit. Chacun peut à son gré accorder ou dénier toute intelligence aux abeilles (Maeterl., Vie abeilles,1901, p. 296):
2. Qu'on refuse tout le reste à M. Zola, est-il possible de lui dénier la puissance créatrice, restreinte à ce qu'on voudra, mais prodigieuse dans le domaine où elle s'exerce? Lemaitre, Les Contemporains,1885, p. 267.
Prononc. et Orth. : [denje], (je) dénie [deni]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1160 « refuser d'admettre, démentir quelque chose » (B. de Sainte-Maure, Troie, 26806 ds T.-L.); 2. 1160 « refuser quelque chose à quelqu'un » (Ibid., 13692). Dér. de nier* (préf. dé-* exprimant le renforcement) d'apr. le lat. class. denegare. Fréq. abs. littér. : 137.

Wiktionnaire

Verbe - français

dénier \de.nje\ transitif 1er groupe (voir la conjugaison)

  1. Ne pas vouloir reconnaître un fait comme vrai. Il est principalement usité en termes de jurisprudence.
    • Dénier un fait.
    • Dénier un crime.
    • Dénier une dette.
    • Dénier un dépôt.
    • Au premier interrogatoire, il avait fait plusieurs aveux, plus tard il a tout dénié.
  2. Ne pas vouloir accorder quelque chose que la bienséance, l’honnêteté, l’équité, la justice exige qu’on accorde.
    • L'islam radical,[…], peut conduire à une cruelle répression. Des hommes qui refusent de brider leur raison seront taxés de Satans et se verront dénier leurs droits et leur qualité d'hommes. — (Panayiotis Jerasimof Vatikiotis, L’Islam et l’État, 1987, traduction d’Odette Guitard, 1992, p.112)
    • Ne me déniez pas votre secours.
    • Le père ne peut dénier les aliments à son fils.
    • On ne doit pas lui dénier cet honneur.
    • On lui a dénié toute justice.
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

DÉNIER. v. tr.
Ne pas vouloir reconnaître un fait comme vrai. Il est principalement usité en termes de Jurisprudence. Dénier un fait. Dénier un crime. Dénier une dette. Dénier un dépôt. Au premier interrogatoire, il avait fait plusieurs aveux, plus tard il a tout dénié. Il signifie aussi Ne pas vouloir accorder quelque chose que la bienséance, l'honnêteté, l'équité, la justice exige qu'on accorde. Ne me déniez pas votre secours. Le père ne peut dénier les aliments à son fils. On ne doit pas lui dénier cet honneur. On lui a dénié toute justice.

Littré (1872-1877)

DÉNIER (dé-ni-é), je déniais, nous déniions, vous déniiez ; que je dénie, que nous déniions, que vous déniiez v. a.
  • 1Nier. Philotas dénia le crime, Vaugelas, Q. C. liv. VI, dans RICHELET. Les templiers dénièrent, à la mort, les crimes qu'ils avaient confessés dans les tourments, Mézerai, dans RICHELET. Qu'il approuve sa mort, c'est ce que je dénie, Corneille, Cinna, II, 1. Son plus grand regret, C'est de voir que César sait tout votre secret : En vain il le dénie et le veut méconnaître, Corneille, ib. IV, 6. Je ne dénierai point, puisque vous les savez, De justes sentiments dans mon âme élevés, Corneille, Rodog. V, 4. Les Grecs, les Jacobites et les Nestoriens, à qui il [un ministre protestant] ne dénie pas qu'il n'ait accordé le salut, Bossuet, Var. 3e avertiss. § 15. Comment ! chétif mortel, vous déniez vos dettes, Regnard, le Bal, sc. 13. Jugeant l'un très capable de dénier ce qu'il devait, et l'autre incapable de demander ce qu'on ne lui devait pas, Rollin, Hist. anc. Œuvres, t. XI, 2e partie, p. 641, dans POUGENS.
  • 2Refuser. Dénier des aliments. On lui a dénié toute justice. Je n'ai pu dénier cet office à leurs larmes, Rotrou, St Gen. V, 6. Je me dénie L'honneur qui ne m'est dû que dans mon Arménie, Corneille, Nic. III, 1. Le ciel m'a dénié cette philosophie, Molière, Femmes sav. IV, 2. On ne me peut dénier un rang parmi les auteurs de notre langue, Perrot D'Ablancourt, Arrien, liv. I, dans RICHELET. Pour obtenir les vents que le ciel vous dénie, Sacrifiez Iphigénie, Racine, Iphig. I, 1. Le ciel vous ravira ce sang qu'on lui dénie, Racine, ib. La Basse-Bretagne, à laquelle Dieu a dénié la vigne, Voltaire, l'Ingénu, 4. Les soldats d'un régiment, appelés sous serment secret à cette œuvre [décapitation de Charles 1er], dénièrent leurs bras, Chateaubriand, Stuarts, 231.
  • 3Se dénier, v. réfl. Être dénié. Ce que veut tout l'État se peut-il dénier ? Rotrou, Vencesl. III, 6.

HISTORIQUE

XIIIe s. U il volsist, u il dengnast, Au leu [loup] covint qu'il l'emportast, Marie de France, Fable 62. Dahez [mal à] qui char me denea, Quant ore mangier n'en oson, Ren. 23191. S'aucuns heritages est vendus à commune, li sires pot denier le [la] sesine à fere, Beaumanoir, L, 16.

XIVe s. Il denoient ou refusent l'un à l'autre aide et subside, Oresme, Eth. 258.

XVe s. Il cuidoit que ceux de Valenciennes dussent vuider et là venir combattre ; aussi l'eussent-ils très volontiers fait ; mais messire Henry d'Antoiny, qui la ville avoit à garder, leur deneoit et defendoit, Froissart, I, I, 111. Le jeune duc n'osa denyer de le lui bailler, Commines, IV, 1.

XVIe s. Qui fief denie, ou qui à escient fait faux aveu, ou commet felonie, fief perd, Loysel, 648. L'aide de ma bourse ne vous sera desniée, pour…, Lanoue, 481. Il n'y eut pas un de tous ceulx que Ciceron feit executer par justice, à qui on deniast sepulture, Amyot, Ant. 1. Aprez avoir attendu quelque temps qu'il [La Boëtie mourant] ne parloit plus et qu'il tiroit des soupirs trenchants pour s'en efforcer, car des lors la langue commenceoit fort à luy denier son office…, Montaigne, Lett. V.

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Étymologie de « dénier »

Provenç. denegar, deneyar, desnegar, desnedar ; espagn. denegar ; ital. dinegare ; du latin denegare, de la préposition de, et negare (voy. NIER). La forme dengner, par suppression de l'i bref, est correcte et fort ancienne. Denoier était une forme usitée dans certains dialectes, comme loier et lier, proier et prier, et, dans la langue actuelle, ployer et plier.

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Du verbe nier avec le préfixe dé- pour renforcer le sens du verbe original. (cf. le latin denegare).
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Phonétique du mot « dénier »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
dénier denie

Fréquence d'apparition du mot « dénier » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « dénier »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « dénier »

  • Il y a autant de chance que les rivières coulent d’aval en amont qu’il y a de chances qu’un homme né libre soit content d’être parqué et de se voir dénier la liberté d’aller où bon lui semble.
    Joseph
  • “La remise en cause du fondement juridique de ces plaintes et le fait de dénier aux institutions sécuritaires le droit d’ester en justice des personnes physiques est une méconnaissance flagrante du droit à la fois marocain et international, étant donné que ces institutions sécuritaires opèrent dans le cadre de la loi et ont déposé leurs plaintes conformément à la Constitution”, a indiqué Me El-Baamri dans une déclaration à la MAP.
    MAP Express — Dénier aux institutions sécuritaires le droit de porter plainte contre des personnes physiques dénote une méconnaissance flagrante de la loi (avocat au Barreau de Tétouan) | MAP Express MAP Express
  • En réduisant le corps féminin à l’instrument de la domination, on a contraint les femmes à dénier leur propre corporéité.
    Camille Froidevaux-Metterie — Télérama, 25 février 2015

Traductions du mot « dénier »

Langue Traduction
Anglais denier
Espagnol negacionista
Italien denari
Allemand denier
Chinois 旦尼尔
Arabe منكر
Portugais negador
Russe денье
Japonais 否定する人
Basque ukatzailea
Corse denier
Source : Google Translate API

Antonymes de « dénier »

Combien de points fait le mot dénier au Scrabble ?

Nombre de points du mot dénier au scrabble : 6 points

Dénier

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