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Semer

Définitions de « semer »

Trésor de la Langue Française informatisé

SEMER, verbe trans.

A. − Semer qqc.1
1. [Le compl. désigne une plante ou sa graine]
a) Répandre des graines sur la surface d'une terre préparée afin qu'elles y germent et y poussent. Semer du blé, de l'orge, du seigle, du gazon, des radis, de la salade; semer à la main, au doigt, au plantoir, au semoir; semer en lignes, en rayons; semer à claire-voie, en serre, sous abri. Maheu, l'après-midi, travailla dans son jardin. Déjà il y avait semé des pommes de terre, des haricots, des pois (Zola, Germinal, 1885, p. 1233).On sème à la volée le blé, l'orge et le millet dans le Proche-Orient (Lowie, Anthropol. cult., trad. par E. Métraux, 1936, p. 65).P. anal., BIOL. Synon. de ensemencer.Les globules semés dans ces conditions se développent, se multiplient, et le sucre fermente (Nouv. faits concernant la fermentation alcooliqueds C.r. de l'Ac. des sc., t. 47, 1858, p. 1011).
P. métaph. Il repassait, il repassait toutes les heures de sa vie. Toute la vie à Nazareth. Il avait semé tant d'amour. Il récoltait tant de haine (Péguy, Myst. charité, 1910, p. 120).
Absol. C'est la saison de semer; semer dru, serré. Pour cela on sème tard, courant mai (Rouberty, Sucr., 1922, p. 28).C'est pourtant et toujours entre les grands murs gris, et parmi même les larges plaques ou échines saillantes du roc que l'on sème et que lèvent les beaux et hauts froments (Brunhes, Géogr. hum., 1942, p. 260).
Empl. pronom. passif. Le seigle se sème en automne (Littré).Le trèfle se sème dans l'orge et dans l'avoine (Chênedollé, Journal, 1823, p. 122).
Expr. fig.
Recueillir ce qu'on a semé, les fruits de ce qu'on a semé. Obtenir un résultat à la mesure des efforts fournis. Un auteur sera mieux lancé, dès son début, si l'éditeur compte recueillir, au troisième ou quatrième volume, les fruits de ce qu'il a semé pour lancer le premier (Civilis. écr., 1939, p. 16-1).
Semer en terre ingrate. Se donner du mal en pure perte; ne récolter de son travail que l'ingratitude; ,,faire du bien à une personne qui n'en a point de reconnaissance`` (Ac.).
Il faut semer pour recueillir, pour récolter. On n'a rien sans peine; on n'arrive à un résultat qu'à condition de l'avoir préparé. Le directeur des nouveautés (...) allait maintenant à l'économie, pente dangereuse dont les directeurs sont souvent victimes, car il faut semer pour récolter (L. Schneider, Maîtres opérette fr., 1924, p. 222).
Proverbe. Qui sème le vent récolte la tempête. Le remords le rongeait. Il avait semé le vent, il récoltait la tempête! (Queffélec, Recteur, 1944, p. 198).
b) P. anal. Engendrer. Là, nous faisons tous sonner notre « monica », ensemble, pour la merci des vieux qui ont semé notre race (Giono, Baumugnes, 1929, p. 30).
2. P. anal.
a) Répandre sur un lieu en disséminant. Semer des fleurs sur son passage. Roulant au hasard, je me rappelle les signaux que j'avais semés pour retrouver la route de ce dédale incliné. Je les cherchais vainement (Dusaulx, Voy. Barège, t. 1, 1796, p. 141).Il y a plusieurs manières de gâcher le plâtre. (...) le procédé de gâchage à la volée consiste à semer le plâtre sur la surface de l'eau (Judet, Fractures membres, 1948, p. 12).
[Le suj. désigne une chose] Les mines sous-marines sont posées par un petit croiseur (...) qui les sème rapidement derrière lui (Chalon, Explosifs mod., 1911, p. 612).
VÉN. Semer ses fumées. ,,Se dit d'un cerf qui les jette écartées les unes des autres (...), c'est-à-dire en marchant`` (Duchartre 1973).
Loc. fig.
Semer l'argent. Le distribuer, le dépenser à tort et à travers ou abondamment. Quand on l'avait vu gagner de l'argent, on avait dit: c'est un marchand. Quand on l'avait vu semer son argent, on avait dit: c'est un ambitieux (Hugo, Misér., t. 1, 1862, p. 204).
Semer des pièges, des embûches sous les pas de qqn. Lui tendre de secrètes embûches. (Ds Ac.).
b) Surtout au part. passé. [Le compl. d'obj. désigne qqc. de disséminé dans un tout] Implanter de manière dispersée, parsemer. La conquête militaire répugnait aux Grecs. Les colonies qu'ils avaient semées sur tous les rivages de l'Asie, du Pont, de l'Afrique du Nord, de l'Italie méridionale, de la Sicile, constituaient les escales d'un vaste réseau maritime assez fermé (Faure, Hist. art, 1909, p. 131).
3. Au fig. [Le compl. d'obj. désigne qqc. d'abstr. et à valeur nég. (mauvais sentiments, mauvaises actions)] Répandre, propager, faire naître. C'était un envoyé du diable, Et il avait mission de semer le péché (Murger, Nuits hiver, 1861, p. 222).Une famille (...), du genre saucissonneur, sème l'émoi chez les campeurs (Comment parlent les sportifsds Vie Lang.1953, p. 176).
SYNT. Semer l'anarchie, des calomnies, la confusion, la corruption, le découragement, le désarroi, le désordre, la destruction, le deuil, la dissension, la discorde, la dispute, la division, le doute, l'effroi, l'épouvante, la frayeur, la guerre, la merde (vulg.), la mort, la panique, la propagande, la ruine, la terreur, le trouble, la zizanie.
Plus rarement. [Le compl. d'obj. a une valeur positive] Le bonheur en effet semblait avoir des rayons et semer autour d'elle une atmosphère dans laquelle elle était enveloppée et enveloppait ceux qui la regardaient (Lamart., Raphaël, 1849, p. 200).Ce que vous venez de dire achève de me prouver que la France eut mille fois raison de venir ici jadis et d'y semer la civilisation (De Gaulle, Mém. guerre, 1959, p. 216).
B. − Semer qqc.2(un lieu) de qqc.1
1. Ensemencer. Semer un champ, une planche, une couche. Ces terres n'ont pas été bien semées (Ac. 1935). Vous avez créé des prairies, vous avez semé des champs et vous les avez récoltés (Bugeaud, 1847ds Doc. hist. contemp., p. 184):
Le pauvre est-il un membre ou un ennemi de la société? Qu'on réponde. Il trouve tout autour de lui le sol occupé. Peut-il semer la terre pour son propre compte? Non, parce que le droit de premier occupant est devenu droit de propriété. L. Blanc, Organ. trav., 1845, p. 7.
P. anal. Des arbustes déracinés pendaient parmi les déblais. On avait semé de feuillages le sol de la tranchée (Zola, E. Rougon, 1876, p. 259).J'ai rêvé que les nonnes ont établi des parterres dans le Sacré-Cœur, parce que Dieu aime la terre et les ont semés de confetti, parce qu'il aime la joie (Jacob, Cornet dés, 1923, p. 51).
2. Parsemer. Synon. couvrir1.Les temples dont les foules néophytes avaient semé le sol de l'Inde (Faure, Hist. art, 1912, p. 164).Les ébénistes de la Couronne, pour répondre au goût personnel de la reine, ont semé leur décor de fleurs (...) traitées avec un réalisme et une sensibilité charmante (Viaux, Meuble Fr., 1962, p. 110).
En partic. [Le lieu désigne un écrit] Synon. remplir.Semer un roman de réflexions philosophiques. J'ai semé mon ouvrage d'anecdotes, dont quelques-unes me sont personnelles (Brillat-Sav., Physiol. goût, 1825, p. 23).
HÉRALD., au passif. [Le suj. désigne un écu, une pièce] Orné de fleurs de lis, de trèfles, etc., en nombre indéterminé. Si l'écu est semé de fleurs de lis, de trèfles, etc., on doit en faire figurer un certain nombre se perdant dans les bords de l'écu (L'Hist. et ses méth., 1961, p. 765).
C. − Rare. Qqc.1sème qqc.2(un lieu).Être répandu çà et là sur. Synon. parsemer.Et quand il lèvera les yeux, ce sera pour deviner au-dessous des constellations familières qui sèment le plafond bleu, les oiseaux des solitudes (Faure, Hist. art, 1909, p. 43).Toutes les oasis qui sèment les déserts d'Afrique et d'Espagne se transforment en villes blanches, s'entourent de murs crénelés, voient surgir des palais pleins d'ombre (Faure, Hist. art, 1912, p. 257).
D. − Fam. Semer qqn.Se débarrasser de quelqu'un en le distançant. Semer son poursuivant. Semer quelqu'un en route (Ac. 1935).
En partic. [Dans la lang. du sport] Laisser loin derrière soi. Semer ses concurrents. Une grande avance sur ses concurrents qu'il a semés (Le Sport Vélocipédique, 11 juin 1886ds Petiot 1982).
P. ext. Se débarrasser de quelqu'un. Il s'agissait dans l'opération de semer Brunetière (Péguy, Argent, 1913, p. 1178).
Prononc. et Orth.: [səme], (il) sème [sεm]. Barbeau-Rhode 1930: il a semé [ilasme]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1remoit. xiies. « ensemencer » (Psautier de Cambridge, 106, 37 ds T.-L.: semerent champs); 2. « répandre (des graines) en terre » 1119 empl. abs. (Philippe de Thaon, Comput, 542, ibid.: arer e laburer E en terre semer); 1155 trans. (Wace, Brut, 1174, ibid.: Blez semerent); 3. ca 1175 empl. par image (Benoît de Ste-Maure, Chron. ducs de Normandie, 26646), v. semence A 4; 1174-87 (Chrétien de Troyes, Perceval, 7), v. semence A 4; 4. « répandre » a) p. anal. α) 1176-81 semé de « parsemé de » ici, fig. (Id., Chevalier au lion, éd. M. Roques, 2629: des beisiers..., Qui furent de lermes semé); ca 1275 (Adenet le Roi, Enfances Ogier, éd. A. Henry, 6789: li atour dont son cors ot garni Erent de coups tout semé et flouri); ca 1280 spéc. [arçon] semé d'esmeraudes et de rubis (Id., Cleomadès, éd. A. Henry, 17072); 1847 part. passé subst. « motif décoratif » (J. femmes, août, p. 381); β) 2emoit. xiiies. « répandre çà et là en dispersant » (Huon Paucele, Sire Hain et dame Anuieuse, 75 ds Rec. gén. fabliaux, éd. A. de Montaiglon et G. Raynaud, t. 1, p. 99: Les espinoches [...] A semées aval la cort); b) fig. α) ca 1180 « répandre, divulguer (une intention cachée, un secret) » (Proverbe au vilain, 131e ds T.-L.); β) 1216 « répandre (des écrits) » (Angier, trad. Vie St Grégoire, 2809, ibid.); γ) 1269-78 semant descorz, contenz e guerres (Jean de Meun, Rose, éd. F. Lecoy, 9536); 5. 1867 semer qqn « s'en débarrasser » (Delvau). Du lat. seminare « produire; procréer, enfanter; semer [Columelle] »; à basse époque (ives.), fig. « répandre, propager, disséminer ». A éliminé serere (qui, dès l'époque la plus anc., signifiait « planter, semer ») dont les formes offraient moins de corps, plus de difficulté, et dont le lien avec semen, sementis était moins bien perçu. Fréq. abs. littér.: 1 135. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 2 032, b) 1 809; xxes.: a) 1 604, b) 1 156.
DÉR.
Semaison, subst. fém.,vx. a) Action de semer. P. métaph. Lorsque Dieu, d'amour la main pleine, Fait sa divine semaison, Tu peux ouvrir ton cœur, Hélène, Le semeur bénit sa moisson (Murger, Nuits hiver, 1861, p. 108).b) ,,Dispersion naturelle des graines d'une plante`` (Littré). [səmεzɔ ̃]. 1resattest. a) 1261 « semaille, ensemencement » empl. par image (Rutebeuf, Miracle de Théophile, 410 ds Œuvres, éd. E. Faral et J. Bastin, t. 2, p. 195: Trop a male semence en semoisons semeee, De qui l'ame sera en enfer sorsemee), b) 1351 semison « temps de la semaille » (doc. Arch. de Tournai ds Gdf.), c) 1842 « dissémination naturelle des graines » (Ac. Compl.); de semer, suff. -aison; cf. le lat. seminatio « reproduction, procréation ».
BBG.Gredig 1939, p. 59. − Henry (A.). Anc. fr. saime. Romania. 1959, t. 80, pp. 232-233.

Wiktionnaire

Verbe - français

semer \sə.me\ transitif 1er groupe (voir la conjugaison)

  1. (Agriculture) Répandre de la graine ou du grain sur une terre préparée, afin de les faire produire et multiplier.
    • Si la racine de disette étoit une betterave, les cultivateurs sémeroient-ils si distinctement l'une & l'autre ? — (Abbé de Commerell, Mémoire et instruction sur la culture, l'usage et les avantages de la racine d'Abondance ou de Disette, Lausanne : François Grasset, 1786, page 11)
    • […]; vous avez pu constater que, sauf un lopin de terre où le jardinier sème des plants de carottes et de choux pour la table de sa Grandeur, tout le jardin est inculte ; […]. — (Joris-Karl Huysmans, La Cathédrale, Plon-Nourrit, 1915)
    • Semer à la volée, à la main, en lignes, etc. — Semer au plantoir, au semoir.
    • (Absolument) C’est la saison de semer. Semer dru, serré.
    • Semer de l’oseille, du persil, de la laitue, etc., semer de la graine d’oseille, de persil, de laitue, etc.
  2. Ensemencer.
    • Semer un champ, une planche, une couche. — Ces terres n’ont pas été bien semées.
  3. (Figuré) Répandre, jeter çà et là, disséminer.
    • L’allégresse qu’ils semaient le long de la route affectait diversement, et selon leurs tempéraments, les autres excursionnistes. — (H. G. Wells, La Guerre dans les airs, 1908, traduction d’Henry-D. Davray et B. Kozakiewicz, Mercure de France, Paris, 1910, page 55 de l’édition de 1921)
    • On a semé des libelles dans toute la ville. — On avait semé des fleurs sur son passage.
    • « Nous savons que certaines personnes aimeraient semer le chaos et la confusion », a déclaré la maire de Washington, Muriel Bowser, lors d'une conférence de presse jeudi. — (AFP, « Washington se barricade par crainte des violences », dans Le journal de Montréal, 1er novembre 2020)
  4. Parsemer, couvrir çà et là avec des choses que l’on répand.
    • Semer de fleurs le chemin, le passage de quelqu’un.
  5. (Figuré) Répandre.
    • Le mouvement pacifiste, au XXe siècle, a été très largement porté par les femmes, plus sensibles que les hommes à l'absurdité d'une puissance qui s'édifie en semant la mort, et qui appelle « champs d'honneur » les lieux des pires massacres. — (Marie Gratton, Côté cour, côté jardin : Voyage intérieur en 365 jours, Montréal (Canada) : éd. Médiaspaul, 2001, page 492)
    • Semer la terreur. — Semer dans un ouvrage des réflexions, des anecdotes piquantes. — Semer de jeux de mots, de pointes, etc., un discours, un écrit.
  6. (Figuré) (Familier) Distribuer à tout va pour séduire, pour corrompre.
    • Il fallut semer de l’argent pour gagner le peuple et les soldats.
  7. (Figuré) (Familier) Laisser loin derrière soi, se débarrasser, en parlant de quelqu'un.
    • Et Thérèse songeait : « Elle est trop prudente, la bonne madame Marmet. Elle m’ennuie ». Et elle méditait de la laisser à Fiesole et d’aller seule visiter les églises. Employant, au dedans d’elle-même, un mot que Le Ménil lui avait appris, elle se disait :
      — Je vais semer Mme Marmet.
      — (Anatole France, Le Lys rouge, 1894, réédition Le Livre de Poche, page 133)
    • Dommage qu’on ne puisse aller plumer ensemble en sortant... Mais pas moyen de semer le gros. D’autant que, sans en avoir l’air, il est jaloux comme un tigre. — (Victor Méric, Les Compagnons de l’Escopette, Éditions de l’Épi, Paris, 1930, page 79)
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

SEMER. v. tr.
Répandre de la graine ou du grain sur une terre préparée, afin de les faire produire et multiplier. Semer du blé, de l'orge. Le seigle se sème en automne. Semer à la volée, à la main, en lignes, etc. Semer au plantoir, au semoir. Absolument, C'est la saison de semer. Semer dru, serré. Semer de l'oseille, du persil, de la laitue, etc., Semer de la graine d'oseille, de persil, de laitue, etc. Fig., Il recueille ce qu'il a semé, Les résultats répondent à ce qu'il a préparé. Cette phrase se dit le plus souvent dans un sens péjoratif. Fig., Semer en terre ingrate, Faire du bien à une personne qui n'en a point de reconnaissance; ou Donner des leçons, des conseils à quelqu'un qui n'a pas les dispositions nécessaires pour en profiter. Prov. et fig., Il faut semer pour recueillir, semer avant que de recueillir, On n'arrive à un résultat qu'à condition de l'avoir préparé, de s'être donné la peine nécessaire. Prov. et fig., Qui sème le vent récolte la tempête. Voyez RÉCOLTER.

SEMER signifie aussi Ensemencer. Semer un champ, une planche, une couche. Ces terres n'ont pas été bien semées. Il se dit figurément en parlant de Choses que l'on répand, que l'on jette çà et là, que l'on dissémine. On a semé des libelles dans toute la ville. On avait semé des fleurs sur son passage. Fig., Semer de l'argent, Distribuer de l'argent à de nombreuses personnes pour les attirer dans son parti. Il fallut semer de l'argent pour gagner le peuple et les soldats. On dit aussi Cet homme sème l'argent, Il est prodigue. Fig., Semer des pièges sous les pas de quelqu'un, Lui tendre de secrètes embûches.

SEMER signifie aussi Parsemer, couvrir çà et là avec des choses que l'on répand. Semer de fleurs le chemin, le passage de quelqu'un. Il s'emploie aussi figurément pour Répandre. Semer de faux bruits, de fausses nouvelles. Semer des calomnies. Semer la discorde, la zizanie entre des personnes. Semer la terreur. Semer dans un ouvrage des réflexions, des anecdotes piquantes. On dit de même : Semer de jeux de mots, de pointes, etc., un discours, un écrit. Fig. et pop., Semer quelqu'un en route, S'en débarrasser, le laisser loin derrière soi. Le participe passé

SEMÉ s'emploie adjectivement. Un discours, un écrit semé de traits piquants, de pointes, etc., Où il y a beaucoup de traits piquants, de pointes, etc. Il s'emploie spécialement en termes de Blason et se dit lorsque les pièces dont on parle sont en nombre indéterminé et répandues de telle sorte qu'elles se perdent dans les bords de l'écu. Un écu semé de fleurs de lis. Substantivement, Un semé de fleurs de lis.

Littré (1872-1877)

SEMER (se-mé. La syllabe se prend un accent grave quand la syllabe qui suit est muette : je sème, je sèmerai) v. a.
  • 1Mettre du grain dans une terre préparée. Semer du blé, de l'orge. Semer à la volée. Semer clair. Semer épais. Semez votre grain dès le matin ; et que le soir votre main ne cesse pas de semer, Sacy, Bible, Ecclésiaste, XI, 11. Il faut un homme alerte pour semer les avoines, et un homme lent pour semer l'orge, Cult. des grains, dans LEROUX DE LINCY, Prov. t. I, p. 85.

    Par extension. Et des dents d'un serpent ensemencer la terre Dont la stérilité, fertile pour la guerre, Produisait à l'instant des escadrons armés Contre la même main qui les avait semés, Corneille, Méd. II, 2.

    Fig. Il sema des malheurs, il en cueille le fruit, Mairet, Soliman, IV, 3. Et comme il n'a semé qu'épouvante et qu'horreur, Il n'en recueille enfin que trouble et que terreur, Corneille, Hér. I, 1.

    Semer un champ, semer des terres, semer une planche, une couche, y semer de la graine.

    Semer de l'oseille, du persil, de la laitue, des pavots, etc., semer de la graine d'oseille, de persil, de laitue, de pavots, etc. L'arbre qu'on a semé, croissant pour un autre âge, à nos derniers neveux réserve son ombrage, Delille, Géorg. II.

    Absolument. C'est la saison de semer. Qui sème dru récolte menu ; qui sème menu récolte dru, Cult. des grains, dans LEROUX DE LINCY, Prov. t. I, p. 85. Les Carthaginois, pour rendre les Sardes et les Corses plus dépendants, leur avaient défendu, sous peine de la vie, de planter, de semer, et de faire rien de semblable, Montesquieu, Esp. XXI, 21. Semer pour recueillir est une précaution qui demande de la prévoyance, Rousseau, Ess. sur l'orig. des langues, 9. Ah ! qui voudra semer s'il ne doit recueillir ? Chénier M. J. Gracques, II, 3.

    Fig. Nous craignons votre exemple, et doutons si dans Rome Il n'instruit pas le peuple à prendre loi d'un homme, Et si votre valeur, sous le pouvoir d'autrui, Ne sème point pour vous, lorsqu'elle agit pour lui, Corneille, Sertor. III, 2. Il a fallu des siècles pour rendre justice à l'humanité, pour sentir qu'il était horrible que le grand nombre semât, et que le petit recueillît, Voltaire, Dict. phil. Gouvern. anglais. Quand vous semez dans le vaste champ de la république, vous ne devez pas compter le prix de cette semence : après le pain, l'éducation est le premier besoin du peuple, Danton, Moniteur du 15 août 1793.

    Fig. Semer en terre ingrate, faire du bien à une personne qui n'en a pas de reconnaissance, ou donner des enseignements à quelqu'un qui n'a pas de dispositions pour en profiter.

    Semer en terre ingrate se dit encore pour faire un travail difficile ou pénible dont personne ne vous saura gré. Les traducteurs sèment en terre ingrate ; le sol le plus fertile s'appauvrit sous leurs mains, De Wailly, Mercure de France, vendémiaire an XI, p. 55.

  • 2Remplir de choses comparées aux graines jetées en semant. Je verrai les chemins encor tout parfumés Des fleurs dont sous ses pas on les avait semés, Racine, Iph. IV, 4. D'indignes assassins, Des piéges de la mort ont semé les chemins, Voltaire, Mérope, II, 5. Le jour venait de naître, et semait en riant Les calices des fleurs des perles d'Orient, Delille, Parad. perdu, X.

    Fig. L'on a beau faire bien et semer ses écrits De civette…, Régnier, Sat. IV. Elle met sa piété à semer sa journée de bonnes œuvres, Maintenon, Lett. à Mme de la Viefville, 9 avril 1713. Et le docteur en chaire en sema [de pointes] l'Évangile, Boileau, Art p. II. Il [le ciel] sème de chagrins ma pénible carrière, Voltaire, Temple du Goût.

    Fig. Semer de fleurs le bord du précipice, cacher les périls sous d'adroites flatteries. Je leur semai de fleurs les bords des précipices, Racine, Ath. III, 3.

    Semer de fleurs, louer. Qu'en ce jour la poésie Sème leurs tombeaux de fleurs, Béranger, Jour des morts.

  • 3Répandre çà et là, disséminer, parsemer. On a semé des libelles dans toute la ville. Il semait son argent le long des chemins sans s'en apercevoir. Semer des chausse-trapes dans les endroits où doit passer la cavalerie ennemie. Pour jeter un obstacle à l'ardente poursuite Dont mon père en fureur touchait déjà à ta fuite, Semai-je avec regret mon frère par morceaux ? Corneille, Méd. III, 3.

    Par extension. Je suis lasse d'écrire, et non pas de lire tous les endroits tendres et obligeants que vous avez semés dans votre lettre, Sévigné, à Bussy, 28 août 1668. Il [Xénophon] nous montrait ses chevaux, ses plantations, les détails de son ménage ; et nous vîmes presque partout, réduits en pratique, les préceptes qu'il avait semés dans ses différents ouvrages, Barthélemy, Anach. ch. 39.

    Fig. Pour toi, de qui la main sème ici les forfaits, Voltaire, le Fanat. II, 5.

    Fig. et poétiquement. Semer les funérailles, donner la mort à beaucoup de guerriers. Puis passant près des lieux où du haut des murailles Son bras armé pour nous semait les funérailles, Delavigne, Paria, V, 6.

    Fig. Semer des piéges sur les pas de quelqu'un, lui tendre des embûches secrètes.

    Fig. et familièrement. Semer des perles, des marguerites devant les pourceaux, parler devant des ignorants de choses qui sont au-dessus de leur portée, ou présenter à quelqu'un des choses dont il ne connaît pas le prix.

  • 4 Terme de vénerie. Un cerf sème ses fumées, lorsque en marchant il les jette les unes après les autres.
  • 5Distribuer. Que pour les aumônes que vous aurez semées en ce monde, il [le Sauveur] vous rende en la vie future la moisson abondante qu'il vous a promise, Bossuet, 2e sermon pour l'exalt. de la sainte croix, 2. La mère de M. de Lamoignon crut que ses aumônes ne seraient pas infructueuses, qu'elle recueillerait dans sa famille ce qu'elle semait dans les hôpitaux, Fléchier, Lamoign.

    Absolument. J'ai su qu'à deux mains il semait, Sans bruit faisant l'aumône, Béranger, Mon curé.

    Semer de l'argent, distribuer de l'argent à des personnes pour les gagner.

    Semer l'argent, être prodigue.

  • 6 Fig. Répandre, faire courir, en parlant de bruits, de nouvelles, de paroles. Cette fable que vous avez semée contre M. d'Ypres, Pascal, Prov. XVI. Ce bruit scandaleux que vous semez de tous côtés, Pascal, ib. XVII. De nouveau tu semas tes captieux mensonges, Boileau, Sat. XI. Tandis qu'on vous verra d'une voix suppliante Semer ici la plainte et non pas l'épouvante, Racine, Brit. I, 4. Toujours la renommée Avec le même éclat n'a pas semé mon nom, Racine, Bérén. II, 2. On sème de sa mort d'incroyables discours, Racine, Phèdre, II, 1. D'abord un bruit léger… pianissimo, murmure et file et sème en courant le trait empoisonné, Beaumarchais, Barb. de Sév. II, 8.
  • 7Il se dit, dans un sens analogue, d'impressions morales. Quand pour vous acquérir je gagnais des batailles… Que je semais partout la terreur et l'effroi, Corneille, Perth. I, 4. Les luthériens sèment ces erreurs ; les calvinistes marchent après pour les recueillir, Bossuet, 2e avert. 24. Rappelez en votre mémoire avec quelle tendre et sensible joie il recueillit ce qu'il avait semé dans l'âme de ce jeune vainqueur [le Dauphin], Fléchier, Duc de Montaus. Heureux, si les fâcheux, prompts à nous y chercher, N'y viennent point semer l'ennuyeuse tristesse ! Boileau, Épît. VI. Ainsi Mars commençait, par le bruit des armes et par l'appareil frémissant de la guerre, à semer la rage dans tous les cœurs, Fénelon, Tél. XX. Il [Charles V] sut d'abord semer la division entre ce prince [le prince Noir] souverain de Guienne et ses vassaux, Voltaire, Mœurs, 78.
  • 8Se semer, v. réfl. Être semé. Le seigle se sème en automne.

    Fig. Après les trois ans il se sema un esprit de division entre lui [Abimelech] et les habitants de Sichem, qui commencèrent à le haïr, Bossuet, Polit. IX, 6, 7.

PROVERBES

Il faut semer pour recueillir, il faut travailler pour avoir droit à un salaire, à une récompense.

La crainte des pigeons n'empêche pas de semer, il ne faut pas laisser d'entreprendre une affaire, bien qu'elle présente des difficultés, des inconvénients.

HISTORIQUE

XIIe s. Qui petit seme petit keult [colligit, recueille], Chrestien de Troyes, dans LEROUX DE LINCY, Prov. t. I, p. 85. Cil chi sement en lermes, en esledecement [réjouissance] cuillent, Liber psalm. p. 203.

XIIIe s. Cil Fedris destruit la cité de Melans [Milan], et la fist arer et semer de sel, Latini, Trésor, p. 89. Car cil rekeut qui plus semme, Roman de Mahomet, p. 75. Or devrions panre [prendre] tel porpens, Chascuns de nos selon son sens, Que nos tel chose i semissiens…, Ren. 19813. Renart est cil qui toz max seme, ib. 8283. Es blés somés el printans, poent les gens aler por querre les erbes et les porées, Beaumanoir, LII, 4. Baisers] Qui furent de lermes semé, Et de dolçor anbaussemé [embaumés], Chev. au lyon, V. 2627.

XIVe s. Et la grasce [il] ot de toute gent, Car il semoit l'or et l'argent, Ensi c'on seme bles as cans [champs], Jean de Condé, t. II, p. 292. Quant li ennemi sont aus portes de Rome, il sement civiles discordes, Bercheure, f° 64, recto. Chevaliers d'Engleterre, vous faites grant peschié De travailler les poures, ceulz qui siement le blé, Combat des Trente, p. 15.

XVe s. [à l'entrée de la reine Isabelle] le grand pont de Paris estoit couvert d'un ciel estoillé de verd, et de vermeil semé, Froissart, liv. IV, p. 4, dans LACURNE. Non promovoir gens ignorans les sciences, car ilz sement trop d'erreurs et grevent tout le bien publique, Bibl. des ch. 6e série, t. II, p. 135. Et fut semée une assez mauvaise raison, c'estoit que…, Commines, II, 7. Touteffois il faisoit semer en ost tout le contraire, Commines, III, 3.

XVIe s. Ô desirs qui teniez ma je unesse asservie, Semant devant le temps des rides sur mon front, Desportes, Œuvres chrestiennes, sonnets, 14. Il leur commanda qu'ilz semassent un bruit tout au contraire de ce qu'ilz luy avoient dit, Amyot, Agés. 26. On peult dire, d'un costé, que de lascher la bride aux parts [aux partis religieux], d'entretenir leur opinion, c'est espandre et semer la division, Montaigne, III, 84. Ils avoient semé des chausses trapes soubs l'eau, Montaigne, II, 195. Qui seme espine n'aille deschaux, Leroux de Lincy, Prov. t. I, p. 86. Teste de cerf bien semée, Cotgrave Semer un grain d'orge pour attraper un pigeon, Cotgrave

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Étymologie de « semer »

Norm. sumer ; Berry, seumer et sumer, dans l'Est, sener ; provenç. semenar, semnar ; esp. sembrar ; portug. semear ; ital. seminare ; du lat. seminare, de semen, graine, que les étymologistes rattachent à serere : se et le suffixe men. Serere, sevi, satum, est le grec σάω, cribler.

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De l’ancien français semer, issu du latin seminare.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Phonétique du mot « semer »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
semer sœme

Fréquence d'apparition du mot « semer » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « semer »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « semer »

  • On s'en va, on s'en va en pleurant On porte la semence ; On s'en vient, on s'en vient en chantant On rapporte les gerbes.
    Ancien Testament, Psaumes CXXVI, 6
  • Qui sème chichement moissonnera chichement ; qui sème largement moissonnera largement.
    Saint Paul, Épître aux Corinthiens, IIe, IX, 6
  • J’ai tendance à semer le malentendu afin de m’accorder avec le plus grand nombre.
    Serge Bouchard — Quinze lieux communs
  • A semer le pain aux souris on attire les rats.
    Cécile Chabot — Et le cheval vert
  • Il faut toujours semer derrière soi un prétexte pour revenir, quand on part.
    Alessandro Baricco — Océan mer
  • Choisir, être choisi, aimer : tout de suite après viennent le souci, le péril de perdre, la crainte de semer le regret.
    Colette — Le Fanal bleu
  • Il ne faut pas semer toute sa semence dans le même champ.
    Proverbe anglais
  • Le Maxi Couv’ permet aux graines de bénéficier de l’humidité résiduelle avant récolte, « mais les couverts implantés de cette manière sont moins homogènes et difficilement valorisables pour des animaux par exemple. Par ailleurs, les parcelles ne doivent pas présenter trop de salissement », note David Bouvier, conseiller Chambre d’agriculture. En 3 campagnes, cet outil a permis de semer 500 ha en Bretagne. La semaine dernière, il était en démonstration sur des exploitations d’Ille-et-Vilaine (action en lien avec des syndicats de bassin versant) dont celle de Pierre Berthelot.
    Journal Paysan Breton — Semer les couverts au plus tôt | Journal Paysan Breton
  • Une période d’échec est un moment rêvé pour semer les graines du succès.
    Paramahansa Yogananda
  • Il faut semer son blé partout.
    Louis Scutenaire — Mes inscriptions
Voir toutes les citations du mot « semer » →

Traductions du mot « semer »

Langue Traduction
Anglais sow
Espagnol sembrar
Italien seminare
Allemand sau
Chinois 母猪
Arabe خنزيرة
Portugais semear
Russe свиноматка
Japonais 種をまく
Basque sow
Corse suminà
Source : Google Translate API

Synonymes de « semer »

Source : synonymes de semer sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « semer »

Combien de points fait le mot semer au Scrabble ?

Nombre de points du mot semer au scrabble : 7 points

Semer

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