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Planter

Définitions de « planter »

Trésor de la Langue Française informatisé

PLANTER, verbe trans.

I. − Empl. trans.
A. −
1. Mettre, enfoncer en terre un jeune végétal afin qu'il croisse. Planter un chêne; planter de la salade, des fleurs (au cordeau, en ligne); planter des arbres fruitiers (en quinconce). Autrefois on plantait dans les cimetières quelque noyer dont l'huile servait au luminaire de l'église (Pourrat,Gaspard, 1922, p.71).Parvenue devant le tertre, Cécile commença de creuser la terre. Dans chaque trou, elle plantait une touffe de myosotis (Duhamel,Cécile, 1938, p.272):
1. Jean, reprit-il (...) tu planteras les peupliers que j'ai achetés. En les mettant dans la rivière, ils se nourriront aux frais du gouvernement, ajouta-t-il en se tournant vers Cruchot (...). Cela est clair: les peupliers ne doivent se planter que sur les terres maigres, dit Cruchot stupéfait par les calculs de Grandet. Balzac,E. Grandet, 1834, p.91.
Empl. abs. Outil à planter. Abattre des bois, défricher, semer, planter, construire une maison, tout cela est au-dessus des facultés d'une femme habituée à l'opulence et à l'insouciance des détails (Sénac de Meilhan,Émigré, 1797, p.1829).Je me suis hâté de planter: c'était le dernier moment (Pesquidoux,Livre raison, 1925, p.35).
Expr. fig.
Arrive, vienne qui plante (vx). [Pour marquer que l'on est décidé à accepter des événements futurs, quels qu'ils soient] Synon. advienne* que pourra.J'ai vu plus d'une fois dans du marc de café que nous devions finir ensemble. Bah! arrive qui plante! (Mérimée,Carmen, 1847, p.64):
2. M. de Roquemont, dont la femme était très galante, couchait une fois par mois dans la chambre de madame, pour prévenir les mauvais propos si elle devenait grosse, et s'en allait en disant: «Me voilà net; arrive qui plante». Chamfort,Caract. et anecd., 1794, p.88.
Planter ses choux. V. chou D.
2. P. ext. Mettre, enfoncer en terre des graines, des semences, des bulbes, des tubercules. Planter des pépins; planter des capucines, des fèves, des haricots, des pommes de terre. Plantez ici à votre départ un gland, il sera à votre retour un chêne! (Bertrand,Gaspard, 1841, p.155):
3. Ma belle-mère, elle, a la manie des noyaux de pêches. Quand elle en a mangé une belle, elle va tout de suite en planter le noyau. Il y a des pêchers partout. Renard,Journal, 1892, p.117.
Expr. pop. Planter un enfant. Engrosser. C'était (...) chez les camarades du coron l'heure des bêtises, où l'on plantait plus d'enfants qu'on n'en voulait (Zola,Germinal, 1885, p.1232):
4. ... des femm' légitimées, attelées, ma foi, d'un bon mari courageux dans les brancards, et qui n'peuvent point n'arriver à s'en faire planter un ch'ti, même en allant, el' matin ed' la Visitation, piquer un' fichette dans l' naze ed' ce bon saint Léonor, el' père Gonfle-musette, coumme on dit, el' patron des femm' stérilisées? Martin du G.,Gonfle, 1928, III, 1, p.1224.
3. Mettre en terre, faire pousser un ensemble d'arbres, de végétaux, sur un même terrain, dans un même espace. Planter un bois, une vigne. Le bois étant rare dans ce canton, je plantai un taillis considérable dès la seconde année de mon établissement (Crèvecoeur,Voyage, t.3, 1801, p.53).Je voudrais planter aussi un verger sur la terre de Clodius. Je crois avoir trouvé un joli coin, à l'abri d'une petite falaise, bien au midi, avec un peu d'eau (Bosco,Mas Théot., 1945, p.328).
4. [P. méton.; avec parfois un compl. prép. introduit par de/en, et précisant la nature des végétaux utilisés] (Faire) garnir un lieu de végétaux. Planter un terrain d'arbres, en gazon, en vignes. Le type du jeune homme actuel qui ne veut pas se contenter de sa position, qui veut tout (...) qui songe à acheter une immense plaine de son pays, à la planter en pommiers de reinette (Goncourt,Journal, 1868, p.463).Des dunes arides. En marche sous l'effort du vent, déplacées grain à grain, elles envahissaient l'intérieur (...). On les planta de pins pour les fixer (Pesquidoux,Livre raison, 1932, p.144):
5. ... en trois jours M. Bertuccio avait fait planter une cour entièrement nue, et de beaux peupliers, des sycomores venus avec leurs blocs énormes de racines ombrageaient la façade principale de la maison... Dumas père, Monte-Cristo, t.2, 1846, p.44.
Part. passé en empl. adj. Terrain planté d'arbres fruitiers.
En partic. [Selon une disposition linéaire, pour faire une bordure] Planter une avenue (de tilleuls). Louis XIV y revint [à Fontainebleau] (...), lorsqu'il fut fatigué de Versailles et de la vie (...). Il planta l'allée de Maintenon (...) fit refaire les jardins par Lenôtre (Michelet,Journal, 1833, p.109).
Part. passé en empl. adj. Avenue plantée d'arbres.
B. − P. anal.
1. Enfoncer quelque chose.
a) Enfoncer en terre l'extrémité d'un objet que l'on veut maintenir à la verticale. Planter un pieu, un piquet, un poteau; planter des bornes. En Bourgogne et dans les villes du midi on plantait l'arbre de la liberté, c'est-à-dire un mât surmonté d'un bonnet rouge (Hugo,Misér., t.2, 1862, p.40):
6. Jadis (...) les amoureux venaient planter sous la fenêtre de la promise des mais bruissants, des branches de feuillages symboliques, qui étaient une déclaration d'amour. Moselly,Terres lorr., 1907, p.160.
Arg. [Le suj. désigne un homme] Pénétrer sexuellement (d'apr. Cellard-Rey 1980).
P. métaph. J.-L. Barrault: C'est [le théâtre] un art sexuel. Il est la poésie du corps humain qui se meut dans l'espace. L'acteur, s'il sent qu'il a planté son public, doit pouvoir se retenir. Attendre est une jouissance extraordinaire (L'Express, 23 févr. 1976, p.40, col. 3).
b) Planter qqc. (dans qqc.).[Le compl. prép. introduit par dans désigne un corps solide, une masse] Enfoncer un objet pointu. Planter un clou dans une planche, des crocs dans la chair, une aiguille dans la peau. Après quatre ou cinq passes (...) Alban (...) planta l'épée jusqu'à mouiller ses doigts dans la plaie. Le taurillon marcha un peu, fléchit et tomba (Montherl.,Bestiaires, 1926, p.441).Mmede La Monnerie planta ses épingles dans son chapeau (Druon,Gdes fam., t.2, 1948, p.147):
7. ... il fait sauter son arme à plat dans la main. −Tu vas te couper, dit Camille. Il ne haussa même pas les épaules (...). Mais il étala sa main sur le sol doigts étendus et se mit à planter son couteau très vite dans chaque intervalle. Queneau,Loin Rueil, 1944, p.49.
Empl. pronom. réfl. indir. Une sorte de dahlia vert que les femmes d'Océanie se plantent dans les cheveux (Loti,Mariage, 1882, p.162).
Au part. passé en empl. adj. Implanté d'une certaine manière. Dents mal plantées. Ses cheveux noirs, plantés avec symétrie, formaient une pointe marquée au milieu du front, qui était très blanc (Martin du G.,Thib., Cah. gr., 1922, p.628).
Expr. fig., fam. Planter des cornes, en planter à qqn. V. corne I A 3 b.
[Le compl. prép. introduit par dans désigne une cavité, un objet creux] Seul, devant un autel latéral, un vieux sacristain plantait des fleurs de papier dans des vases de porcelaine (A. France,Orme, 1897, p.20).Le téléphoniste plantait ses fiches dans le standard, et notait sur un livre épais les télégrammes (Saint-Exup.,Vol nuit, 1931, p.94).
c) Planter qqc. sur qqc.Placer en enfonçant. Il s'empara d'abord (...) de la vieille couronne de bluets qu'il planta sur sa tête (Sue,Atar-Gull, 1831, p.14).Sa façon de planter le béret sur ses cheveux blonds et fins comme des cheveux d'enfant (Triolet,Prem. accroc, 1945, p.61).
Au part. passé en empl. adj. Placé, disposé d'une certaine manière. Tête mal plantée (sur le corps). Son maigre corps planté sur des pattes nerveuses (Benjamin,Gaspard, 1915, p.110).Comme les filles sont belles, élancées, avec des seins hauts, bien plantés, des hanches longues et des jambes nerveuses, la rue de Valencia est un enchantement de chaque minute (T'Serstevens,Itinér. esp., 1933, p.49).
2. Mettre quelque chose en place à la verticale.
a) Mettre, placer droit. Synon. dresser.Planter un mât, une échelle. Un truand présenta sa bannière à Clopin, qui la planta solennellement entre deux pavés (Hugo,N.-D. Paris, 1832, p.469).Il n'y a guère qu'un siècle et demi qu'il [le peintre] a commencé à planter son chevalet directement devant le motif, afin d'en tirer son tableau (Huyghe,Dialog. avec visible, 1955, p.103).
b) Installer, construire un objet haut et droit. Synon. élever, ériger.Planter un menhir, un obélisque, une croix. Les missionnaires (...) qui vont planter à tout coin de route des calvaires (Adam,Enf. Aust., 1902, p.428):
8. ... il a eu soin de planter autour du domaine, de grandes pierres qui, de distance en distance, même quand les moissons sont hautes, dépassent les épis et affirment les droits de cette terre que les Alibert ont cultivée. Bosco,Mas Théot., 1945, p.54.
P. ext. Établir. Sa femme tenait déjà un débit, ainsi que beaucoup de femmes de mineurs: et, quand il fut jeté sur le pavé, il resta cabaretier lui-même, trouva de l'argent, planta son cabaret en face du Voreux, comme une provocation à la compagnie (Zola,Germinal, 1885, p.1190).
c) En partic.
Planter une tente. Dresser le(s) mât(s) et mettre en place la toile et les différents éléments de fixation au sol. Jean (...) voulut en personne planter la tente. Il montra à ses hommes comment il fallait choisir un terrain en pente légère, enfoncer les piquets de biais, creuser une rigole autour de la toile, pour l'écoulement des eaux (Zola,Débâcle, 1892, p.86).
P. méton. Planter sa tente. Se fixer, s'établir. Pour tous les Pasquier de Paris, ce Nesles demeurait donc la campagne par excellence, l'endroit où l'on rêve de revenir planter sa tente (Duhamel,Nuit St-Jean, 1935, p.131).
Planter un décor. Mettre en place les différents éléments qui composent un décor, notamment au théâtre. Trois journalistes (...) voyant l'air furieux de Saint-Loup, se rapprochèrent, amusés, pour entendre ce qu'on disait. Et comme on plantait un décor de l'autre côté nous fûmes resserrés contre eux (Proust,Guermantes 1, 1920, p.178).
Au fig. [Dans une oeuvre littér.] Je donne tous ces détails non par goût des antiquités ni par scrupule archéologique, mais pour bien planter le décor de la foire que je décrirai tout à l'heure (T'Serstevens,Itinér. esp., 1933, p.183).
ARCHIT. Planter un édifice. ,,Faire les travaux préliminaires à sa construction`` (Jossier 1881).
3. Mettre quelqu'un debout.
a) Vx. Planter qqn quelque part. Aposter quelqu'un dans un endroit (d'apr. Littré).
b) Mettre quelqu'un debout sur ses pieds. Je n'y réussirai donc jamais à te retirer de c'te saleté de balançoire et à te planter debout sur les deux pieds (Claudel,Échange, 1954, iii, p.784).
P. anal. [Le compl. d'obj. dir. désigne un animal] Tous les trois s'épuisaient à l'arc-bouter [l'âne], à l'étayer de leurs genoux et de leurs coudes. Enfin, ils venaient de le planter sur les quatre pieds, (...) lorsque, dans une brusque révérence en arrière, il culbuta de nouveau (Zola,Terre, 1887, p.357).
Au fig. Planter un/des personnage(s). Imaginer le(s) personnage(s) d'une oeuvre dramatique ou littéraire et le(s) faire vivre. (Dict. xxes.). Part. passé en empl. adj. Héros bien planté (Rob.).
c) Part. passé en empl. adj. [En parlant d'une pers. ou p.anal. d'un animal]
α) Debout et immobile. Être planté là; être planté sur ses jambes; rester planté comme un piquet. Sur un plancher saupoudré de sciure et maculé de sang, solidement plantées, les pattes larges pressant le sol, la tête de côté et l'oeil rond, les deux bêtes immobiles [deux coqs], qui s'épiaient (Van der Meersch,Empreinte dieu, 1936, p.117).Plantée toute droite, immobile sur les marches (...) elle fixait ce paysage fané, changé (Gracq,Beau tén., 1945, p.173):
9. Elle est debout devant lui, bien plantée sur ses sabots. De larges taches mouillent la chemise, sous les aisselles. Le facteur caresse des yeux les hanches larges, les seins bien amarrés. Martin du G.,Vieille Fr., 1933, p.1058.
β) Bien planté. En bonne santé, d'aspect solide. Enfants bien plantés. Quatre garçons d'honneur, tous Islandais, bien plantés, avec de beaux yeux fiers (Loti,Pêch. Isl., 1886, p.254).
Au fig. Vous savez, mon ami, l'horreur qu'a tout homme, dont le coeur et l'esprit sont un tant soit peu bien plantés, pour les sentiments serinés et les phrases stéréotypées (Goncourt,Ch. Demailly, 1860, p.299).
4. Appliquer quelque chose d'une manière directe et avec une certaine brusquerie. M. Lerebour avait saisi sa femme par la taille et il lui plantait des rangs de baisers dans le cou, des baisers à bruits, comme jadis (Maupass.,Contes et nouv., t.1, Serre, 1883, p.678).L'autre, alors, prenant son élan, lui planta son pied au bon endroit, si raide, qu'il l'envoya tomber sur le nez, à quatre pas (Zola,Terre, 1887, p.332).[Le] turc, qui me plantait en plein visage le regard de ses yeux bleu foncé, droit comme une épée (Farrère,Homme qui assass., 1907, p.3).
5. Fam. Planter (là) qqn/qqc.Abandonner quelqu'un ou cesser quelque chose. Synon. laisser en plan qqn/qqc. (v. plan3C 1).
a) Vx, pop. Planter là qqn pour reverdir. Laisser quelqu'un attendre. Mon pauvre Cibot va si mal, que je vais vous planter là pour reverdir. Mon Cibot avant tout, voyez-vous! Quand mon homme est malade, moi, je ne connais plus personne (Balzac,Cous. Pons, 1847, p.233).
b) Planter (là) qqn. Quitter quelqu'un brusquement. Il la planta là, au milieu de sa leçon. Et la pauvre Grazia pleura toutes les larmes de son corps (Rolland,J.-Chr., Foire, 1908, p.787).Mes compliments, tu sais ! Tu as une façon de planter là les gens! Franchement, qu'est-ce qui t'a prise? (Van der Meersch,Empreinte dieu, 1936, p.152).
En partic. Rompre des liens d'affection, abandonner. Ah! certes, oui, par exemple, (...) que je vous lâcherais, et que je vous planterais, et que je vous plaquerais, si nos relations devaient être sans virilité (Bloy,Journal, 1900, p.378):
10. Janine se montrait faible avec lui: il obtenait d'elle tout ce qu'il voulait. Quand je pense qu'autrefois il menaçait de la planter là, persuadé que tu ne nous laisserais rien; et c'est lorsque tu nous fais l'abandon de ta fortune, qu'il se décide à prendre le large. Mauriac,Noeud vip., 1932, p.280.
c) Planter là qqc. Interrompre subitement une action, une tâche qui n'est pas achevée. Il plantait là toute discussion, en ayant pour le moment assez (Malègue,Augustin, t.2, 1933, p.479).«Le téléphone!» criait l'aîné, et Jonas plantait là son tableau pour y revenir, le coeur en paix, avec une invitation supplémentaire (Camus,Exil et Roy., 1957, p.1640).
Tout planter là. Renoncer brusquement et d'une manière définitive à poursuivre quelque chose, sous l'effet de sentiments violents. Avait-il voulu disparaître, par fantaisie? Tout planter là, ses quatre gosses, sa femme malade, et ses chefs, et sa brouette de cantonnier, pour essayer d'oublier tout, de recommencer mieux sa vie? (Martin du G.,Vieille Fr., 1933, p.1018).
II. − Empl. pronom. réfl.
A. − [Le suj. désigne une pers. ou, p.anal., un animal]
1. Se planter devant, derrière, à côté de qqn/qqc.Se placer debout devant quelqu'un/quelque chose, et rester immobile. Jean Ircoeur, trois ans, a quitté sa place et, les deux poings aux hanches, est venu se planter devant le bureau de la directrice: −Dis donc, est-ce que je suis un homme? −Pour sûr (Frapié,Maternelle, 1904, p.193).Il a détaché Caroline (...). Elle est allée se planter des quatre pattes devant le cyprès (Giono,Regain, 1930, p.60).Elle (...) se planta devant le miroir et se rasa une aisselle après l'autre (Beauvoir,Mandarins, 1954, p.325).
2. Se planter sur + subst. désignant une partie du corps.S'installer solidement. Se planter sur ses jambes. La plupart [des garçons] se plantaient déjà sur d'énormes pieds nus, rouges, écorchés ou striés de cicatrices (Adam,Enf. Aust., 1902, p.139):
11. C'était une chienne d'une maigreur affreuse (...). Il voulut chasser ce squelette de bête; et cria: «Va-t-en. Veux-tu te sauver, houe! houe!» Elle s'éloigna de deux ou trois pas, et se planta sur son derrière, attendant... Maupass.,Contes et nouv., t.2, Hist. chien, 1881, p.765.
B. − [Le suj. désigne une pers.] Empl. abs., fam. Heurter brutalement un obstacle et, en partic., avoir un grave accident (en voiture, en moto, en avion). Se planter à l'atterrissage. Elle se fait engager comme coursier moto. Un jour, elle se plante et se relève avec une triple fracture du crâne et un sérieux traumatisme (Le Nouvel Observateur, 16 févr. 1976, p.39, col. 2).
Au fig. Se tromper grossièrement, échouer. Se planter dans ses prévisions. Je me suis planté à l'ENA (Le Point, 3 oct. 1977, p.104, col. 3).Laissez tout ça (...). «La gauche s'est plantée, point final» (Le Point, 3 oct. 1977, p.105, col. 3).
REM. 1.
Plantaison, subst. fém.,rare. Implantation. La plantaison de la tête sur les épaules par l'intermédiaire, par le ministère de la nuque (...) trahit ce que je suis (...) un paysan (non) égaré (Péguy,V.-M., comte Hugods Cah. de la Quinzaine, 12esérie, 1ercah., 1910, p.24).
2.
Planté, subst. masc.,ski. Planté (de bâton). Action de planter un bâton dans la neige à mi-hauteur entre la spatule et l'étrier du ski, pour provoquer un mouvement de rotation. Dans le christiania léger, le planté est effectué en fin de flexion, à l'attaque de l'extension (GautratSki1969).
Prononc. et Orth.: [plɑ ̃te], (il) plante [plɑ ̃:t]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1130 «fixer (un végétal jeune ou à l'état de bouture) en terre (pour qu'il y prenne racine et croisse)» (Paraphrase du Cantique des Cantiques, 55 ds W. Foerster et E. Koschwitz, Altfr. Übungsbuch, p.166); b) ca 1393 «semer» (Ménagier, éd. G. E. Brereton et J. M. Ferrier, IIv, 42, p.200); 2. ca 1165 part. passé «bien campé, qui se tient bien (sur un cheval)» (Troie, éd. L. Constant, 10673); 1512 se planter «se poster, se camper» (J. Lemaire de Belges, Illustrations, I, 255 ds Quem. DDL t.4); 3. 1174-76 fig. «ancrer dans, enraciner dans» (Guernes de Pont-Ste-Maxence, St Thomas, éd. E. Walberg, 535); 4. a) 1188 «ficher, placer en enfonçant dans quelque chose» (Aimon de Varenne, Florimont, 2376 ds T.-L.); b) fin xives. se planter en «se lancer dans ou au milieu de» (Froissart, Chron., éd. S. Luce, I, 740, t.8, p.154); 5. a) 1188 «disposer, mettre en place, fixer, implanter» (Aimon de Varenne, op. cit., 1939, 1943 ds T.-L.); b) ca 1240 «dresser, disposer verticalement» (Mort Aymeri de Narbonne, 3312, ibid.); 6. fin xiies. planté «garni, peuplé de végétaux» (Orson de Beauvais, 1146, ibid.); 7. ca 1260 «placer, appliquer directement» (R. de Blois, Beaudous, 2443, ibid.); 8. 1557 abandonner, laisser» (Du Bellay, Divers jeux rustiques, La Vieille courtisanne, 455 ds OEuvres, éd. H. Chamard, t.5, p.174); 9. 1732 bien planté (d'une personne) «en bonne condition, de bonne constitution» (Destouches, Le Glorieux, I, 5, p.20. Du lat. plantare «enfoncer ou tasser la terre avec le pied» d'où «enfoncer la terre autour d'un plant, planter», dér. de planta, v. plante1. Fréq. abs. littér.: 1436. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1743, b) 2428; xxes.: a) 2649, b) 1717.
DÉR.
Plantage, subst. masc.a) Action de planter (un végétal). Dans ce plantage d'arbustes, amenés par charretées, dans la fatigue des courses chez les pépiniéristes de la banlieue parisienne, dans cette vie de plein air et sur les jambes, (...) dans la création de mon jardin, je vis en un bienheureux ahurissement (Goncourt,Journal, 1872, p.920).P. méton. Surface plantée. Plantages soigneusement entretenus (Chateaubr.,Disc. et opin., 1826, p.233).On traversa vergers, plantages sans clôture, Négligence des prés qu'enlace la culture (Sainte-Beuve,Pens. août, 1837, p.459).b) Technol. ,,Charpente montée à l'extrémité d'une corderie, et dont une traverse reçoit le bout des manivelles qui y tordent le cordage`` (Bonn.-Paris 1859). [plɑ ̃ta:ʒ]. Att. ds Ac. 1694-1878. 1reattest. 1427 «action de planter, plantation» (Compte d'ouvrage, 1èresomme de mises, A. Tournai, 29 nov.-13 déc. et 15 nov.-14 févr. ds Gdf. Compl.); de planter, suff. -age*.
BBG.Chautard Vie étrange Argot 1931, p.240. _Quem. DDL t.14. _Richard (W.) 1959, p.73. _Sain. Arg. 1972 [1907] p.111, 259. _Vitu (A.). Le Jargon du xves. Ét. philol. Genève, 1977 [1884], pp.450-452.

Wiktionnaire

Verbe - français

planter \plɑ̃.te\ transitif 1er groupe (voir la conjugaison) (pronominal : se planter)

  1. Fixer une plante en terre pour qu’elle prenne racine et qu’elle croisse.
    • Dans les vergers ou les terrains vagues, où l’on ne compte pas sur la récolte du sol, on plante en général 200 pommiers ou poiriers par hectare. — (Edmond Nivoit, Notions élémentaires sur l’industrie dans le département des Ardennes, E. Jolly, Charleville, 1869, page 136)
    • La solution se trouve dans les jardins disséminés çà et là. Beaucoup d’habitants y passent une partie de la journée, devisant joyeusement de parcelle à parcelle en plantant des salades. — (Michel Eltchaninoff, « Carnet de la drôle de guerre », dans la newsletter du 21/03/220 de Philosophie Magazine.)
  2. Garnir d’arbres.
    • Planter un bois, une allée.
  3. (Absolument) Planter des plantes.
    • Il aime beaucoup à planter.
  4. Mettre en terre avec la main, au lieu de semer des graines ou des grains par poignée, et aussi pour des bulbes.
    • Planter des noyaux, des pépins.
    • Planter des pois, des fèves, etc.
    • Planter des bulbes d'oignon ou des patates.
  5. Enfoncer en terre en laissant paraître une partie en dehors.
    • Planter des bornes, un poteau, un piquet, des jalons, une croix, …
    • Planter un étendard, un drapeau, L’arborer sur les remparts d’une ville prise d’assaut, au moment où l’on y entre.
    • Planter l’étendard de la croix dans un pays, Y introduire la religion chrétienne.
    • Planter sa tente, S’établir quelque part.
  6. Enfoncer un objet pointu.
    • Planter son couteau dans la table
    • Planter un clou
  7. (Argot) Poignarder.
    • Évidemment, c’est mieux de planter un méchant, ça fait moins de peine, on a l’impression de participer à une opération ville propre. — (Franz Bartelt, Le Jardin du bossu, Gallimard, 2004)
  8. (Théâtre) Disposer un décor sur la scène.
    • Planter un décor.
    • (Architecture) Planter un édifice, Faire les premiers travaux pour la construction d’un édifice.
    • (Familier) Être planté quelque part, être dans quelque lieu sans en bouger ou s’en éloigner.
      • Et ils restèrent plantés, serrés les uns contre les autres, tout en noir, achevant les vieux vêtements du deuil de leur père.— (Émile Zola, Au Bonheur des Dames, 1883 - Éditions Gallimard, 1980, page 29 ISBN 2070409309)
    • J’étais planté là à vous attendre. On dit aussi
    • Planter une personne en quelque endroit, L’y aposter, l’y mettre en observation.
  9. (Familier) Quitter, abandonner quelqu'un ou quelque chose, s'en séparer, ne vouloir plus en avoir affaire.
    • Je la rendrais malheureuse d’ailleurs, horriblement malheureuse ; le beau profit ! Le lendemain de mes noces, elle serait jalouse, elle aurait tort. Six mois après, elle aurait raison. Je la planterais là, je serais impitoyable ; je me connais, et j’en suis sûr. — (Eugène Fromentin, Dominique, L. Hachette et Cie, 1863, réédition Gründ, page 196)
    • — Vous ne pouvez pas nous lâcher si près du but ! On y est presque !
      — Je plante la tente, je peux planter les sœurs…
      — (Maëster, Sœur Marie-Thérèse des Batignolles, La Guère Sainte, Drugstore, 2008, ISBN 978-2226175601)
    • Si vous ne voulez pas faire ce que je vous dis, je vous planterai là et ne me mêlerai plus de vos affaires.
    • « Comment t’es arrivée là ?
      — J’ai planté mon ex quand j’ai su qu’il avait une poule. »
    • Il a planté là les vers, la musique.
    • Il a aussitôt planté là son travail et s’en est allé.
  10. (Québec) Se faire battre, employé sous la forme se faire planter.
    • « Pis, t’as-tu gagné ta game d’hockey?
      — Pentoute. On s’est fait planter cinq à zéro. »
  11. (Intransitif) (Informatique) Se dit d’un ordinateur ou d'un logiciel lorsqu’il rencontre une erreur le rendant inutilisable.
    • Ce logiciel a planté, il faut que je redémarre mon ordinateur
  12. (Pronominal) (Populaire) Se tromper, ne pas réussir une épreuve, un travail…
    • Je me suis lamentablement planté à mon contrôle.
    • Si ça ne marche pas, c’est que tu t’es planté quelque part durant l’assemblage !
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

PLANTER. v. tr.
Fixer une plante en terre pour qu'elle prenne racine et qu'elle croisse. Planter un arbre. Planter des choux. Planter de la chicorée, de la laitue. Planter des fleurs. Planter au cordeau. Planter en quinconce. Fig. et fam., Il est allé planter ses choux chez lui, ou simplement Il est allé planter ses choux, se dit d'un Homme qui se retire à la campagne après avoir vécu dans le monde, après avoir exercé des emplois. On l'a envoyé planter ses choux, On lui a ôté sa place, son emploi, il n'a plus qu'à vivre dans la retraite.

PLANTER signifie encore Garnir d'arbres. Planter un bois, une allée.

PLANTER se dit aussi absolument. Il aime beaucoup à planter. Fig. et pop., Vienne qui plante, arrive qui plante, se dit en parlant de Quelque chose qu'on veut faire, au hasard de ce qui peut en arriver. Il est vieux.

PLANTER se dit également en parlant des Noyaux, des pépins, des amandes, des noix, et généralement de Toutes les graines qu'on met en terre l'une après l'autre avec la main, au lieu de les semer confusément. Planter des noyaux, des pépins. Planter des oignons. Planter des pois, des fèves, etc.

PLANTER se dit encore de Certains objets qu'on enfonce en terre et dont on laisse paraître une partie en dehors. Planter des bornes. Planter un poteau. Planter un pilier. Planter une croix. Planter un piquet. Planter des jalons. Planter une tente. Planter un étendard, un drapeau, L'arborer sur les remparts d'une ville prise d'assaut, au moment où l'on y entre. Fig., Planter l'étendard de la croix dans un pays, Y introduire la religion chrétienne. Fig., Planter sa tente, S'établir quelque part. Il est allé planter sa tente ailleurs. En termes de Théâtre, Planter un décor, Disposer un décor sur la scène. En termes d'Architecture, Planter un édifice, Faire les premiers travaux pour la construction d'un édifice. Fig. et fam., Être planté quelque part, Être dans quelque lieu sans en bouger ou s'en éloigner. J'étais planté là à vous attendre. On dit aussi Planter une personne en quelque endroit, L'y aposter, l'y mettre en observation. Fig. et fam., Planter là quelqu'un, Le quitter, l'abandonner, se séparer de lui, ne vouloir plus avoir affaire à lui. Son domestique s'en est allé sans rien dire et l'a planté là. Si vous ne voulez pas faire ce que je vous dis, je vous planterai là et ne me mêlerai plus de vos affaires. On le dit aussi en parlant des Choses. Il a planté là les vers, la musique. Il a aussitôt planté là son travail et s'en est allé. Fig. et fam., Se planter devant quelqu'un, Se mettre au-devant de lui, se poster devant lui. Il est venu se planter devant moi. Le participe passé

PLANTÉ s'emploie dans diverses locutions : Une terre bien plantée, Une terre où il y a beaucoup de belles avenues d'arbres. C'est la terre du monde la mieux plantée. Une maison bien plantée, Une maison bâtie dans une situation agréable. Fig., Des cheveux bien plantés, Des cheveux bien placés sur le front. Fig., Être bien planté sur ses pieds, sur ses jambes, se dit d'une Personne qui se tient solidement campée. Fig., Un garçon bien planté, une fille bien plantée, Un garçon, une fille de belle santé et d'aspect solide. En termes de Maréchalerie, Poil planté, Poil hérissé et lavé. Ce cheval dépérit, il a un mauvais poil, un poil planté.

Littré (1872-1877)

PLANTER (plan-té) v. a.
  • 1Mettre un végétal en terre pour qu'en prenant racine il croisse. Planter des saules, des choux, des salsifis. Heureux donc qui jouit d'un bois formé par l'âge ! Mais plus heureux celui qui créa son bocage, Ces arbres, dont le temps prépare la beauté ! Il dit comme Cyrus : c'est moi qui les plantai, Delille, Jard. II.

    Planter un bois, une avenue, une allée, planter des arbres de manière qu'ils forment un bois, une avenue, une allée. Il plante un jeunne bois, et il espère qu'en moins de vingt années il lui donnera un beau couvert, La Bruyère, XI.

    Fig. Il est allé planter ses choux chez lui, il est allé planter ses choux ou planter des choux, c'est-à-dire il s'est retiré à la campagne. La conclusion fut que le maréchal de Créquy est allé à la campagne dans sa maison planter des choux, aussi bien que le maréchal d'Humières, Sévigné, 134.

    Fig. On l'a envoyé planter des choux, ses choux, se dit de quelqu'un qui a été relégué à la campagne. Et finit, à force de folies, par se faire rappeler et renvoyer planter ses choux, Rousseau, Confess. VII.

    Fig. Planter des lauriers, s'est dit (par une métaphore qui ne s'est pas accréditée) pour remporter des victoires. Le nombre des lauriers qu'il a déjà plantés, Malherbe, II, 11.

    Absolument. Un octogénaire plantait ; Passe encor de bâtir, mais planter à cet âge ! La Fontaine, Fabl. XI, 8. Quand il s'agit de bâtir, dit-il, il faut délibérer longtemps, et souvent ne point bâtir ; mais, quand il s'agit de planter, il ne faut pas délibérer, mais planter sans délai, Rollin, Hist. anc. Œuvres, t. XI, 2e part. p. 63, dans POUGENS.

    Fig. et populairement. Vienne qui plante, sont des choux, ou, simplement : Vienne, arrive qui plante ! se dit d'une chose qu'on veut faire à tout hasard (locution qui paraît signifier, au propre : vienne quelqu'un qui plante, et voilà que ce sont des choux qu'il plante). Arrive qui plante, Sancho Pança est gouverneur, D. Quichotte, dans LE ROUX, Dict. comique.

  • 2Semer, en parlant des noyaux, des pepins, des pois, etc. qu'on met en terre. Planter des noyaux, des pepins, des fèves, des haricots.
  • 3Garnir un terrain de végétaux. Planter un terrain de vignes, d'oliviers. De quoi planterez-vous ce carré ? Dans ces jardins qu'Agrippine a plantés, Legouv. Épich. et Nér. I, 1.
  • 4 Fig. Il se dit quelquefois, dans un style familier d'ailleurs, des hommes mis quelque part comme des plantes. Depuis que la nature ici-bas m'a planté, Régnier, Sat. XI. La Providence a planté des hommes en Amérique et sous le cercle polaire, Voltaire, Mœurs, Races.
  • 5 Fig. Fixer en terre ou ailleurs, comme une plante qu'on met dans le sol. Planter un poteau. Quelques aventuriers qui, plantant des cabanes durant l'été pour faire un commerce d'échange avec les sauvages, disparaissaient le reste de l'année, Raynal, Hist. phil. XVII, 18. …Sous l'abri sacré du chêne aimé des Francs, Clovis avait planté ses pavillons errants, Lamartine, Méd. II, 17.

    Fig. et familièrement. Planter le piquet en quelque lieu, voy. PIQUET.

    Planter des échelles à une muraille, y appliquer des échelles.

    Planter un étendard, un drapeau, l'arborer sur les remparts d'une ville prise d'assaut. Va sur les bords du Rhin planter tes pavillons, Corneille, Hor. I, 1.

    Fig. Planter l'étendard de la croix, planter la foi dans un pays, y introduire la religion chrétienne. Ce n'est point par la force que la foi a été plantée, Bourdaloue, Car. 1, Relig. chrét. 284.

  • 6Poser, placer, enfoncer. Devant moi justement on plante un grand potage, Régnier, Sat. X. Il lui planta la javeline fort avant, Perrot D'Ablancourt, Arrien, liv. II, dans RICHELET. Le conducteur du brancard, que l'ardeur du soleil avait assoupi, alla planter le brancard dans un bourbier, Scarron, Rom. com. I, 7.

    Planter un baiser, appliquer fortement un baiser sur la joue de quelqu'un. Voilà Mlle du Plessis qui entre ; elle me plante ce baiser que vous connaissez, Sévigné, 1er juill, 1671.

    Populairement. Planter un soufflet sur la joue de quelqu'un, lui donner un soufflet.

    Fig. et familièrement. Planter quelque chose au nez de quelqu'un, lui dire quelque chose d'incongru, et aussi lui faire quelque reproche en face. J'allai dire que je l'avais vu à cinq ou six ans, et que j'admirais qu'on pût croître en si peu de temps ; sur cela, il sort une voix terrible de ce joli visage qui me plante au nez d'un air ridicule que mauvaise herbe croît toujours, Sévigné, 233.

    Fig. Planter des cornes, faire porter des cornes à un mari. Ixion, qui, après avoir été admis à la table de Jupiter, lui voulut planter des cornes, Perrot D'Ablancourt, Lucien, Épîtres saturnales.

    En planter, planter des cornes. Je sais les tours rusés et les subtiles trames Dont pour nous en planter savent user les femmes, Molière, Éc. des f. I, 1.

  • 7 Terme d'architecture. Planter un édifice, faire les premiers travaux pour le construire.

    Fig. Toi, dont la Providence en merveilles profonde Planta dessus un rien les fondements du monde, Régnier, Poëme sacré.

  • 8Planter une personne en quelque endroit, l'y aposter.

    Fig. Planter là quelqu'un, l'abandonner, le quitter. Et si, sans le fâcher, Je puis vous planter là, vous et sœur Isabelle, Tenez-vous tout planté, Th. Corneille, D. César d'Avalos, V 4. Planter là l'univers, s'éclipser brusquement, Gresset, Sidn. I, 6. Quand tu aurais planté là pour huit jours ton mari, ton ménage et tes marmots, ne dirait-on pas que tout eût été perdu ? Rousseau, Hél. VI, 1. Ils ont voulu m'emmener au spectacle, mais je les ai plantés là, Courier, Lett. II, 104.

    Planter là quelqu'un pour reverdir, ou, simplement, le planter là, le laisser en quelque endroit, sans venir le reprendre, quoiqu'on le lui ait promis.

    Il se dit aussi de la rupture des liens d'affection. Non, si j'étais de vous, je le planterais là, Régnier, Sat. XII. Et Marinette aussi… M'a planté là comme elle, Molière, le Dépit, IV, 2. Le moindre retour pour une ingrate qui l'avait planté là, Hamilton, Gramm. 10.

    Planter là, signifie aussi laisser dans l'abandon. Ce gueux a planté là sa femme et ses enfants.

    Planter là une chose, ne plus s'en occuper. J'en avais commencé un [compliment pour M. de Vivonne] ; ma plume n'était pas en train, j'ai tout planté là, Sévigné, 26 mars 1680.

  • 9En sucrerie, planter les formes, les distribuer sur plusieurs files dans la pièce destinée à cet usage.

    Planter le sucre, dresser les formes sur les pots, pour que l'eau contenue dans la terre traverse tout le pain.

  • 10Se planter, v. réfl. Être planté. Cet arbre se plante au printemps.

    Être garni d'arbres, en parlant d'un terrain. Les maisons s'élèvent de tous côtés, les jardins vont se planter, Voltaire, Lett. Mme de St-Julien, 1er oct. 1775.

  • 11 Fig. Se poster. Quand lui, la face ouverte et nullement émue, Hardi, s'étant planté sur le bord de la tour, Rotrou, Antig. I, 2. C'est ce qu'il faut voir, dit-il, en repoussant celle qui s'était plantée sur son passage, Hamilton, Gramm. X.

    Se loger. Je n'approuve point qu'il [Vardes] ait quitté notre quartier : il est allé se planter au fond du faubourg Saint-Germain, Sévigné, 1er mars 1684.

HISTORIQUE

XIIe s. E dist à ceaus [ceux] qui plantoient vignes…, Machab. I, 3. E jo aturnerai un lieu à mun pople de Israel, e si l'i planterai, et jo si mandrai od lui [demeurerai aveclui], Rois, p. 143. Ço que Deus ad planté ne larra [laissera] pas perir, Th. le mart. 87.

XIVe s. Biel fait des bons conte tenir, Cui on voit le bien maintenir ; Mais cler planté sont al tans d'ore, Jean de Condé, t. III, p. 161. L'en plante l'erbe amere pour fere pocion ou medecine, Oresme, Eth. VIII, 14.

XVe s. Quand ils durent approcher, ils ferirent chevaux des esperons tous d'un randon, et se planterent en l'ost du duc, en escriant…, Froissart, I, I, 111. Souventeffoiz s'esbat et rit à planter une gente bourde, Orléans, Rond. 29. Et ainsi perdit le Damoiseau de la Marche ses souldoyers, qui le planterent là, Chartier, Hist. de Ch. VII.

XVIe s. Puis me planta [m'abandonna], voyant tout consumé, Du Bellay, J. VII, 65, verso. Ce que toute la philosophie ne peut planter en la teste des plus sages, Montaigne, I, 114. Y a il de si estranges opinions qu'elle [la philosophie] n'aye planté et establi ? Montaigne, I, 109. Chascun est content du lieu où nature l'a planté, Montaigne, I, 116. Estudiant continuellement, planté sur ses genouils, Montaigne, I, 311. Le roy, plantant fierement les yeulx sur luy…, Montaigne, IV, 23. Marcellus alla planter son camp tout au plus près de Syracuse, Amyot, Marcel. 30. Il lui planta un coup de pistolet dans la teste, D'Aubigné, Hist. I, 279. Ce qu'en cest endroit j'appelle semer, aucuns le disent planter, mais improprement : d'autant que rien ne se plante qui ne ressorte de terre, par cions ou plant enracinés, De Serres, 511. Et les laisserois là plantez à reverdir, Contes d'Entrapel, f° 84, dans LEROUX DE LINCY, Prov. t. I, p. 82. Vienne qui plante, Oudin, Cur. fr. En vain plante et seme qui ne clost et ne ferme, Leroux de Lincy, Prov. t. I, p. 82. Planté sur le pied gauche, Cotgrave

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Encyclopédie, 1re édition (1751)

PLANTER un arbre, verb. act. (Jardin.) c’est après avoir rafraichi les racines d’un arbre, le mettre dans un trou proportionné à sa grosseur, en garnir ensuite les racines avec de la terre nouvelle, & combler le trou au niveau du terrein.

Planter en motte ou en mannequin ; c’est après avoir levé d’une pepiniere un arbre en motte, c’est-à-dire avec la terre qui est au-tour de ses racines, les mettre dans un mannequin d’osier, pour pouvoir le transporter plus facilement où l’on veut, avec le mannequin même, afin que les racines puissent s’étendre mieux.

Planter un parterre ; c’est former des compartimens & rinceaux de broderie avec du buis nain, sur un terrein bien dressé, en suivant exactement la trace du dessein. (D. J.)

Avant que de planter vos arbres sauvages, habillez-les, voyez Habiller ; examinez ensuite la qualité de la terre qui se trouve dans vos trous : c’est suivant cet examen que vous devez choisir les plantes. Nec verò terræ ferre omnes omnia possunt, dit Virgile, Géorg. lib. II. v. 109.

Si la terre ne vous présente qu’un tuf, faites creuser de quatre à cinq piés de bas : vuidez ensuite toute cette terre, & mettez au fond du trou un lit de feuilles d’arbres, de grande litiere ou de gason retourné, couvert d’un demi-pié de bonne terre ; ensuite rachevez de remplir le trou de la meilleure terre du pays.

Cet amandement procurera à l’arbre une plus sûre reprise, & le conservera jusqu’à ce qu’il soit assez fort pour gagner le fond naturel de la terre.

Si elle est bonne, on ne fera le trou qu’à deux ou trois piés de bas ; on jettera au fond les terres de dessus comme les meilleures, & on remplira le trou de celles qui étoient dans le fond.

Choisissez un tems sec, afin que la terre se glisse mieux autour des racines, sans y laisser aucun vuide appellé caves, & qu’il ne s’y fasse point de mortier qui en se durcissant, nuiroit aux nouvelles racines ; prenez un levier pour faire entrer la terre sous les racines, secouez un peu les arbres pour qu’elle descende, & marchez dessus pour la plomber.

Dans les terres seches il faut planter avant l’hiver, au lieu qu’on attend le mois de Mars dans les terreins humides, crainte que la trop grande humidité ou les pluies fréquentes en hiver, ne pourrissent les racines.

La profondeur où l’on doit mettre les arbres dans les trous, sera reglée suivant leur nature : un pié ordinairement leur suffit ; s’ils tracent sur la superficie de la terre, il faudra les planter peu avant. A l’égard de leur distance, elle se donne suivant leur force & la qualité de la terre ; les arbres isolés auront deux toises de distance dans les jardins, & trois à quatre dans la campagne.

Les arbres sauvages se plantent à toute exposition, suivant l’alignement de deux ou trois jalons posés sur la même ligne.

Les portiques & décorations champêtres se plantent avec beaucoup plus de mesures, & demandent des arbres choisis dans les pépinieres. Les arcades veulent des charmilles un peu fortes, & des ormes dans les trumeaux pour former plutôt la corniche & les vases d’enhaut : on soutient le tout avec des treillages grossiers, sur lesquels on palisse les jeunes branches.

Quant à ce qui regarde les arbres fruitiers, le midi est l’exposition la plus favorable, ainsi que celle du levant pour les pêchers ; dans les terres légeres, l’exposition du couchant est bonne pour les pruniers & les poiriers : le chasselas & le muscat demandent le midi ; le nord est la plus mauvaise de toutes les expositions, cependant on y plante des pruniers.

Les arbres de demi-tige se plantent en espalier à douze piés l’un de l’autre, avec un nain entre deux, en observant de ne point tourner les bonnes racines du côté du mur : quand ces arbres sont de haute tige, ils seront espacés à quatre toises l’un de l’autre, ainsi que dans un verger. Pour les buissons, neuf piés de distance suffisent ; ces derniers ont l’avantage de n’être point sujets aux tignes, & de fructifier plus que les espaliers ; on tiendra leur tête un peu panchée, afin que leurs racines ne pivotent point, & ne courent que dans la bonne terre.

Les orangers, les mirthes & les arbres de fleurs qu’on éleve dans des caisses & des pots, se peuvent mettre à toute exposition ; on les plante en motte dans le milieu de la caisse, & on a soin de plomber les terres ; la plus grande attention est de les planter bien d’aplomb, & dans des terres préparées.

Les parterres après avoir été dressés & maillés, suivant ce qui a été dit ci-dessus, seront plantés en buis nain bien habillé & coupé court par en haut : on se servira pour la broderie, d’un plantoir serré, en l’enfonçant d’un demi-pié, de maniere qu’une des berges du trou suive toujours la trace sur laquelle on accotera le buis de la main gauche, & on le garnira de terre avec la droite, en sorte qu’on ne voie sortir que ses feuilles.

Les buis, les plates-bandes & plusieurs plantes potageres se plantent encore en rigoles couvertes à la bêche, suivant la trace, & quelques-unes au plantoir.

La charmille, l’érable, & toutes les palissades se plantent dans des rigoles ouvertes, suivant un cordeau tendu sur la trace, en les soutenant d’une main, & les couvrant de terre avec l’autre. Ne choisissez point ces plants si forts, sur-tout dans les terres légeres.

Les bois & les pepinieres se plantent aussi en rigoles de deux piés en deux piés, en piquant des fruits de six piés en six piés ou en repandant des graines dans une terre bien préparée : ne craignez point de les planter un peu dru, afin qu’en grossissant, ils s’élevent plus droits & se conduisent l’un l’autre.

Si on avoit coupé des bois de haute-futaie qu’on voulût rétablir promptement en taillis ; pour les faire pousser sur souche, il faudroit garantir les troncs des arbres de la pluie qui en pénetre la moëlle & les pourrit, en les couvrant de bouse de vache mêlée de gazon, ou de poix préparée, alors ces troncs repousseront vigoureusement par le bas.

Les allées des bosquets se plantent en alignement avec des arbres un peu forts, & de la charmille au pié : on peut encore faire des allées dont les arbres soient isolés, & à six ou neuf piés de distance, tondre les taillis & brossailles, ce qui est fort agréable, & forme deux especes de contr’allées : ces sortes de palissades se conservent plus long-tems que les charmilles qui s’offusquent à la longue, & périssent sous une futaie.

Ne mettez jamais de fumier dans les trous de vos arbres ; les vers qu’il attire les font sûrement mourir : jettez seulement sur la superficie de la terre, de la litiere peu consommée pour les garantir des grandes chaleurs de l’été ; ce fumier étant rempli de sels & d’esprits végétaux fondra par le moyen des arrosemens sur les racines des arbres.

Planter un bâtiment, v. act. (Archit.) c’est disposer les premiere assises des pierres dures d’un bâtiment sur la maçonnerie des fondemens dressée de niveau suivant les cotes & mesures.

Planter des pieux (Archit. hydraul.) c’est enfoncer des pieux avec la sonnette ou l’engin, jusqu’au refus du mouton ou de la hie.

Planter les formes, en terme de Rafineur, est l’action de les arranger dans l’emploi sur trois files & de les appuyer les unes contre les autres, & de soutenir le dernier rang par de mauvaises formes de deux en deux, pour les empêcher de tomber : elles sont plantées la pointe en-embas, & d’aplomb.

Planter le sucre, en terme de Rafinerie, c’est l’action de dresser les formes sur les pots dans les greniers, toutes à même hauteur, & le plus d’aplomb qu’il est possible, afin que l’eau de la terre dont on couvre ces formes, filtre également à travers tout le pain. Il semble que les formes & les pots étant faits dans le même moule propre à chacun, cette grande attention de planter à la même hauteur sur-tout, seroit inutile, puisque les uns & les autres devroient être également grands. On répond à cela que malgré la justesse des moules, & les soins de l’ouvrier qui les fait, la terre se cuit & travaille plus ou moins, selon le degré de chaleur qu’elle trouve dans le four qu’il est impossible de chauffer également dans tous ses coins. On ne peut donc remédier à cette inégalité de hauteur & de grandeur qui se trouve dans les pots & dans les formes, qu’en plantant les plus grandes sur des petits, & les moindres sur de plus grands, afin de donner à l’un ce que l’autre a de trop, le seul moyen de les rendre égaux. On évite par là les malheurs qui pourroient s’ensuivre de la maladresse des ouvriers qui sont obligés de travailler sans cesse au-dessus de ces formes, & même souvent de pousser en avant sur elles des sceaux pleins de terre, quand il est question de couvrir. Voyez Terre & Couvrir.

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Étymologie de « planter »

Bourguig. piantai ; provenç. et espagn. plantar ; ital. piantare ; du lat. plantare, de planta, plante (voy. PLANTE).

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(Siècle à préciser) Du latin plantare.
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Phonétique du mot « planter »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
planter plɑ̃te

Fréquence d'apparition du mot « planter » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « planter »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « planter »

  • La peinture se vend mieux que la littérature : il est plus facile de planter un clou que de finir un livre.
    José Artur
  • J’aime planter mon chevalet devant un personne et en découvrir la face cachée.
    Jacques Chancel
  • Comment les gens réagiraient-ils si les animaux passaient le bulldozer sur leurs maisons pour planter des arbres ?
    Bill Watterson — Calvin et Hobbes - Chou bi dou wouah !
  • Le génie, c’est de savoir déballer une chemise neuve sans se planter une épingle dans le doigt.
    Dino Levi
  • Pour récolter plus de roses, il suffit de planter plus de rosiers.
    George Eliot
  • Ne mets jamais la clôture avant de planter les piquets.
    Proverbe québécois
  • Réaliser des esquisses revient à planter des graines pour faire pousser des tableaux.
    Vincent Van Gogh
  • Le travail précède toute récompense. Il faut planter avant de moissonner, semer dans la tristesse avant de récolter dans la joie.
    Ralph Ransom
  • Cheval : le seul animal dans lequel on puisse planter des clous.
    Jules Renard
  • Chacun a son monde, le tout est de planter ses racines dans la terre qui nous convient.
    Marc Levy — Et si c'était vrai...
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Images d'illustration du mot « planter »

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Traductions du mot « planter »

Langue Traduction
Anglais plant
Espagnol planta
Italien pianta
Allemand pflanze
Chinois
Arabe نبات
Portugais plantar
Russe растение
Japonais 工場
Basque landare
Corse pianta
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Synonymes de « planter »

Source : synonymes de planter sur lebonsynonyme.fr

Combien de points fait le mot planter au Scrabble ?

Nombre de points du mot planter au scrabble : 9 points

Planter

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