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Siffler

Définitions de « siffler »

Trésor de la Langue Française informatisé

SIFFLER, verbe

I. − Empl. intrans.
A. − [Le suj. désigne une pers.]
1. Émettre un ou des sons aigus en chassant l'air entre les lèvres serrées. [Colomba] se mit alors à siffler entre ses doigts (...) et la sentinelle avancée des bandits ne tarda pas à paraître (Mérimée,Colomba, 1840, p. 159).V. sifflement A 1 a ex. de Pourrat.
[Avec un compl. en de exprimant le sentiment manifesté] Il siffla d'admiration et travailla sans parler (Colette,Mais. Cl., 1922, p. 93).
[Avec un compl. de but] Elle siffla encore un coup pour se faire voir. Alors Olivier dressa le bras, puis il siffla lui aussi pour dire oui (Giono,Gd troupeau, 1931, p. 63).Elle était arrêtée devant une affiche, Costals devant une autre, à quelques mètres d'elle. Il siffla pour la faire venir, comme un souteneur (Montherl.,Lépreuses, 1939, p. 1401).
Expr. Tu peux toujours siffler! (Dict. xixeet xxes.) [Expr. par laquelle on exprime son refus d'obéir] (Dict. xixeet xxes.).
2.
a) Produire un son ou une série de sons aigus en soufflant dans un sifflet. L'étranger (...) tira un sifflet, et, sifflant trois coups, fit venir deux domestiques (Balzac,Annette, t. 1, 1824, p. 228).Puis, avant de siffler pour donner le signal du départ, il s'assura encore de la bonne ordonnance du train (Zola,Bête hum., 1890, p. 56).
b) Faire fonctionner le sifflet d'une locomotive, d'un bateau pour signaler une manœuvre. Le mécanicien siffla, le train se mit en marche, et disparut bientôt (Verne,Tour du monde, 1873, p. 181).
CH. DE FER, vieilli. Siffler au disque. Siffler pour obtenir le panneau autorisant le passage du train. Pop., vieilli. [Par jeu de mot] Faire des propositions à une femme:
1. Rien à faire de cette femme-là... J'ai sifflé au disque assez longtemps... Pas mèche... La voie est barrée. − Pardieu! vous, d'Axel (...) dit Christian quand il eut compris le sens de cette expression passée de l'argot des mécaniciens dans celui de la haute gomme. A. Daudet,Rois en exil, 1879, p. 184.
[Le suj. désigne le train, le bateau, etc.] Après une longue attente, la locomotive siffla longuement, et le train s'ébranla dans le brouillard (Rolland,J.-Chr., Antoinette, 1908, p. 861).Et les remorqueurs sifflent et les gros tramways grondent (Ramuz,A. Pache, 1911, p. 110).
3. Exécuter un air musical en sifflant. Synon. siffloter.[Darcy] se fit ramener chez lui en sifflant de l'air d'un homme très satisfait de sa journée (Mérimée,Double mépr., 1833, p. 109).La corporation est gaie. Tous les peintres sifflent. Tous les plâtriers chantent (Malègue,Augustin, t. 1, 1933, p. 300).
4. P. anal.
a) [Le suj. désigne certains oiseaux] Émettre un cri ou une série de cris modulés (dits flûtés). Le merle siffle. V. merle ex. de Rolland.
b) [Le suj. désigne des serpents, certains animaux] Émettre un bruit strident avec la bouche, en accompagnement d'une conduite d'attaque ou de défense. V. jars1ex. de Zola.
B. −
1. [Le suj. désigne un animé] Avoir une respiration stridente.
[Le suj. désigne une partie de l'appareil respiratoire, la respiration] Bréval ne bougeait plus; on n'entendait que sa respiration courte qui sifflait (Dorgelès,Croix de bois, 1919, p. 236).
2. [Le suj. désigne une pers.] Prononcer d'une manière stridente ou en émettant des sifflements ou des chuintements parasites. Celui-ci grasseye, celui-là blaise, cet autre siffle parce qu'il a perdu une incisive (Mérimée,Ét. litt. russe, t. 2, 1870, p. 4).
[Le suj. désigne la voix ou des productions verbales] Sa voix sifflait un peu car il ne quittait pas du bout des dents un gros cigare (Gide,Journal, Feuillets, 1911, p. 352).Je crois que je le hais, je les hais tous. Les mots sifflaient dans sa bouche (Bernanos,Journal curé camp., 1936, p. 1136).
3. Produire un son ou un bruit strident.
a) [Le suj. désigne une chose qui frappe l'air, se meut rapidement] Le fouet siffle; la courroie siffle. Ses deux garçons étaient tisserands, et dans ce vieux nid on entendait grincer les métiers et siffler les navettes du matin au soir (Erckm.-Chatr.,Conscrit 1813, 1864, p. 27).Lever la tête lorsque sifflait l'aile des canards sauvages (Mauriac,Journal 1, 1934, p. 90).[P. méton.;] [le suj. désigne un appareil] Une buée tiède (...) que brassaient en sifflant les ventilateurs (Martin du G.,Thib., Consult., 1928, p. 1127).
b) [Le suj. désigne un projectile] Les balles sifflent. Comme il passait derrière un mur, il entendit siffler un obus et se blottit (Dorgelès,Croix de bois, 1919, p. 288).
Siffler aux oreilles de qqn. Passer à proximité. Une balle lui siffla aux oreilles (Montherl.,Songe, 1922, p. 78).P. anal. Être entendu avec désagrément. Sa fidèle Nanon paraissait-elle au marché, soudain quelques lazzis, quelques plaintes sur son maître lui sifflaient aux oreilles (Balzac,E. Grandet, 1834, p. 207).
c) [Le suj. désigne de la vapeur ou un gaz sous pression qui s'échappe ou se détend] Le gaz siffle.
[Le suj. désigne le conduit, le récipient] À chaque bouffée de vent, la bouilloire sifflait et crachotait sur le poêle (Bernanos,Imposture, 1927, p. 524).
d) [Le suj. désigne un corps qui brûle, une flamme, un corps brûlant mis au contact de l'eau, etc.] Synon. grésiller.Les bûches sifflaient. Un des becs de gaz sifflait (Zola,Bonh. dames, 1883, p. 693).Les linges mouillés sifflaient et fumaient sur la pierre chaude (Ramuz,A. Pache, 1911, p. 258).
4. [Le suj. désigne un vent violent] Souffler en produisant des sons aigus. Synon. hurler, gémir.
[Le suj. désigne les objets que le vent fait vibrer] Les cordages sifflent. Le vent se lamentait, les broussailles sifflaient (Hugo,Rhin, 1842, p. 209).
5. Avoir les oreilles qui sifflent. Éprouver une sensation intense de sifflement, à la suite d'un traumatisme auditif, à cause d'un excès de pression artérielle. Mon cœur battait au point que je crus qu'il allait se rompre, les oreilles me sifflaient, tous les objets tourbillonnaient autour de moi, je tombai comme un homme ivre et m'évanouis (Reybaud,J. Paturot, 1842, p. 39).Au fig. Être encore sous le coup du danger couru lors d'une fusillade, d'un bombardement. Ses oreilles sifflaient encore du bruit des boulets (Gozlan,Notaire, 1836, p. 248).
Les oreilles ont dû lui siffler. [Expr. par laquelle on indique qu'un absent a été l'objet de médisances] V. oreille I B 1 a.
[Le suj. désigne ce qui provoque la sensation] Le sang sifflait aux oreilles du braco (Genevoix,Raboliot, 1925, p. 272).
II. − Empl. trans.
A. − [Corresp. à supra I A]
1.
a) Siffler un animal. L'appeler ou lui donner un ordre, en sifflant. Siffler son chien. On entendit encore une seconde l'homme siffler ses bêtes en s'éloignant; puis plus rien (Alain-Fournier,Meaulnes, 1913, p. 270).
b) Siffler qqn.Lui ordonner une manœuvre, lui donner une instruction, en sifflant. Siffler un automobiliste, siffler un joueur qui a commis une faute. P. méton. Siffler une automobile. Dès qu'une auto est sifflée, si elle fait mine de ne pas s'arrêter, on tire dessus (Morand,New-York, 1930, p. 91).
Siffler une femme. Lui manifester l'intérêt qu'on lui porte, en sifflant. J'allais parmi cette foule, avec des envies de faire mimi sur la joue des enfants, de siffler les femmes, de poser la main sur la tête des chiens, d'interpeller les fleurs des fleuristes (Montherl.,Pte Inf. Castille, 1929, p. 624).
c) [Le compl. désigne la manœuvre, l'ordre demandé] Siffler la pause, la fin du match, la remise en jeu. On siffla le départ qui survint dans un branle énorme, en catastrophe de ferraille, à la minute bien précise (Céline,Voyage, 1932, p. 544).
En partic. Signaler l'exécution d'une manœuvre, en sifflant. Le vapeur de M. Merlin sifflait sa sortie et entrait dans le bief (Hamp,Champagne, 1909, p. 198).
2.
a) Se moquer, marquer son hostilité, sa désapprobation par des sifflements.
[Le compl. désigne le destinataire, une manière d'être du destinataire] Synon. huer.Ils ne se contentèrent pas de siffler les malheureux comédiens anglais, mais ils leur jetèrent des pommes à la tête et troublèrent si bien les représentations que l'on fut obligé de les suspendre (Delécluze,Journal, 1828, p. 453).Pendus en grappes autour des portières, on saluait chaque village de clameurs, on sifflait les Allemands, on chantait la Marseillaise (Van der Meersch,Invas. 14, 1935, p. 232).
[Le compl. désigne un spectacle, un auteur, un discours] Casimir Gide (1804-1868) vit son Roi de Sicile outrageusement sifflé à l'Opéra-Comique en 1830 (Dumesnil,Hist. théâtre lyr., 1953, p. 135).
b) Mod. Exprimer son approbation, son enthousiasme, selon l'usage du public populaire américain. Pour la Saint-Sylvestre, on réveillonna au dancing (...). On buvait ferme. Cela n'empêchait pas d'écouter le programme avec beaucoup d'attention, d'applaudir frénétiquement et de siffler, manière américaine d'exprimer le comble de l'enthousiasme (Triolet, Œuvres croisées, t. 13, L'Inspecteur des Ruines, Paris, R. Laffont, 1965 [1949], p. 179).
B. − Exécuter un air de musique, en sifflant. L'homme se laissait dandiner sur le dos de sa bête et sifflait un air campagnard (Flaub.,1reÉduc. sent., 1845, p. 118):
2. C'était bien lui, un peu courbé, les mains derrière le dos; cet uniforme si leste et si simple, ce petit chapeau si renommé! Il était debout sur le seuil de la porte, sifflant un air de vaudeville, quand je l'abordai. Las Cases,Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 155.
Siffler un air à un oiseau. Le lui apprendre, en sifflant. Synon. seriner.Ta ta ta! Vous parlez comme un petit sansonnet qui répète l'air qu'on lui siffle! (Claudel,Soulier, 1929, 3ejournée, 10, p. 824).
Vx, empl. factitif. Siffler un oiseau. Même sens. P. anal. Siffler la linotte. Indiquer à une personne ce qu'elle devra dire (dans une intrigue, lors d'un interrogatoire). Synon. faire la leçon, chambrer.Eh bien! cher père, trouvez-vous encore qu'il n'y a que les contre-révolutionnaires qui sifflent la linotte? (Desmoulinsds Vx Cordelier, 1793-94, p. 186).
C. −
1. Fam. Avaler en aspirant, boire d'un trait. Siffler une coupe de champagne. Et elle s'attablait très bien, sans afficher des airs dégoûtés comme la première fois, sifflant les verres d'un trait (Zola,Assommoir, 1877, p. 727):
3. − Oh! nous, répondit le reporter qui faisait avec ses lèvres, quand il voulait paraître modeste, la moue d'un homme qui siffle un œuf, nous ne sommes que des enfants. Tharaud,Dingley, 1906, p. 40.
Pop. Boire beaucoup. Le père Janet? C'était peut-être pas un gros buveur, mais il sifflait ses six litres tous les jours; de vin, eh, je compte pas le marc, ça c'est une autre affaire (Giono,Colline, 1929, p. 24).
2. Au fig., fam. Dépenser très rapidement. Vos cent mille francs sur la banque, mes cent mille francs sur sa charge, cent mille francs à monsieur Claparon, voilà trois cent mille francs de sifflés, sans les vols qui vont se découvrir, reprit le jeune notaire (Balzac,C. Birotteau, 1837, p. 232).
D. − En incise. [Le compl. est un énoncé]
1. Dire d'une voix âpre et stridente, dénotant la colère, l'hostilité. − Je suis bien libre, protestait le cousin. D'abord, elle est mieux que toi. − Une roulure, sifflait Juliette. Elle me paiera ça (Aymé,Jument, 1933, p. 221).Moi, croire? siffla Costals, avec un atroce mépris. Mais cela m'est venu ainsi (Montherl.,Pitié femmes, 1936, p. 1209).
2. Dire à voix basse ou à mi-voix. Synon. souffler.Et, se glissant vers Octave, il lui siffla dans l'oreille: « Amuse-les par ici en tirant sur la fenêtre, tantôt de ta place, tantôt de la mienne! Moi, je vais les prendre à revers! » (Verne,500 millions, 1879, p. 229).− Je vous défends de vous asseoir là, siffla-t-elle plus fort. − Chut, chut, fit-il en montrant du doigt à travers les murs M. et MmeLigneul (Drieu La Roch.,Rêv. bourg., 1937, p. 227).
REM. 1.
Sifflable, adj.[En parlant d'une pièce de théâtre] Qui mérite d'être sifflée (v. supra II A 2 a). Hector doit en partie son succès à ce qu'il n'y avait pas un vers choquant et sifflable, c'était l'ensemble qui était mortellement ennuyeux (Stendhal,Journal, t. 2, 1808, p. 410).
2.
Sifflade, subst. fém.,vx. synon. de sifflets(v. sifflet B 2).Pour couronner tous mes ennuis, j'aurai peut-être une sifflade de première classe et force pommes plus ou moins cuites (Sand,Corresp., t. 2, 1840, p. 151).
3.
Sifflage, subst. masc.,méd. vétér. ,,Bruit anormal que certains chevaux font entendre dans une allure un peu vive, ou lorsqu'ils font de grands efforts`` (Pearson 1872). Synon. cornage.
4.
Sifflée, subst. fém.,vx. Synon. de gorgée, lampée.[Il] aspira une longue sifflée d'air, tic qui lui était familier quand surgissait un événement considérable (Courteline,Ronds-de-cuir, 1893, p. 169).
5.
Sifflerie, subst. fém.,rare. Synon. de sifflement.Un léger susurrement, une obscure sifflerie, qui part doucement en soupir (Suarès,Voy. Condottière, t. 3, 1932, p. 131).
Prononc. et Orth.: [sifle], (il) siffle [sifḽ]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. [D'un animal] pousser un cri 1. 1130-40 sifler intrans. (Wace, Ste Marguerite, éd. E. A. Francis, 313 [ms. A]: Corocha soi et si sifla [le dragon]); ca 1290 (Gautier de Bibbesworth, Traité, éd. A. Owen, 253: cerpent cifle); 1538 part. prés. adj. sifflants (Est., s.v. sibilus: sibila ora [angium]) 2. 1539 [entendre] siffler l'escoufle (Cl. Marot, Œuvres lyriques, LXXXIX, Eglogue III, 218, éd. C. A. Mayer, p. 351). B. 1. a) ca 1170 sifler « [d'une personne] produire un son aigu en refoulant l'air par la bouche » (Chrétien de Troyes, Erec, éd. M. Roques, 1990; éd. W. Foerster, 2043: var. sible, ms. B, déb. xiiies.); 1680 « id. à l'aide d'un sifflet » (Rich.); b) 1690 en parlant de tuyaux d'orgues (Fur.); c) 1878 en parlant d'un bateau, pour avertir (Flaub., Corresp., p. 125); 1890 p. ext. (Zola, Bête hum., p. 153: le mécanicien sifflait éperdument); 2. 1387-91 siffler pour les chienz (Gaston Phébus, Chasse, éd. G. Tilander, 75, 9, p. 278); fin xives. [ms.] trans. cyfler ung levrier (Froissart, Chron., III, § 21, éd. L. Mirot, t. 12, p. 84, 22, var. ms. Besançon 865); 3. 1547 trans. siffler une chanson (N. Du Fail, Contes d'Eutrapel, VIII, éd. J. M. Guichard, p. 181: sublant ou sifflant, lequel que l'on voudra, ou tous les deux, une chanson); 1643 en parlant d'un oiseau (Saint-Amant, Rome ridicule ds Œuvres, éd. J. Lagny, t. 3, p. 77, 994: En marbre, en airain on les grave [Pétrarque et Du Bellay] [...] Et jusqu'au Merle d'un Fripier, Il les sifle alors, et s'en brave); 4. 1549 siffler contre aucun; siffler [quelqu'un] « huer quelqu'un à coups de sifflet » (Est.); 1552 estre huyé et sifflé et chassé du theatre (Est., s.v. sibilus); 1738 [pièce de théâtre] sifflée (Piron, Métromanie, V, 2 ds Littré); 5. 1658 siffler [un oiseau] « lui apprendre à siffler des airs » ici, fig. siffler [quelqu'un] « l'instruire de ce qu'il doit faire » (Guez de Balzac, Aristippe ou De la Cour, 2ediscours ds Œuvres, éd. 1665, t. 2, p. 142); 1688 siffler des serins au flageolet (La Bruyère, Caractères, De la Mode, 2 ds Œuvres, éd. J. Benda, p. 390). C. Se moquer, plaisanter fin xiies. chifler intrans. (Lai du cor, 268 ds T.-L.); ca 1200 trans. cifler [aucun] (St Jean Bouche d'Or, 562, ibid.). D. P. anal. 1. 1306 « produire un bruit aigu [vent, flèche fendant l'air] » (Guillaume Guiart, Royaux lignages, éd. N. de Wailly et L. Delisle, 19250: Quarriaus siflent); 2. a) 1552 part. prés. adj. voix aiguë et sifflante (Pontus de Tyard, Disc. philos., 25b d'apr. H. Vaganay ds Rom. Forsch. t. 32, p. 163); b) 1702 id. consones siflantes (Fur., s.v. siflant); 1835 id. subst. fém. sifflante (Ac.); c) 1718 (Ac.: sa poitrine siffle). E. 1. 1640 siffler la rostie; siffler la linotte; siffler pour les bourgeois « boire beaucoup » (Oudin Curiositez); 1718 « boire » (Le Roux); 2. 1837 p. anal. « dilapider » (Balzac, loc. cit.). Siffler est issu du lat. vulg. sifilare, doublet osco-ombrien du class. sibilare « siffler », intrans.; « siffler [quelqu'un] ». D'apr. Nonius (ives.), sibilare aurait été en usage dans les classes cultivées, tandis que les classes pop., subissant l'empreinte des patois ruraux, auraient utilisé sifilare; cf. aussi le dér. sifilum (class. sibilum) CGL IV, p. 395, 3; v. M. Niedermann, Précis phon. hist. lat.4, § 48; Váán., § 169. De sibilare, le type sibler, relevé notamment dans les dom. fr.-prov. (ca 1160 [copiste de l'est de la France] en parlant d'un serpent Eneas éd. J. J. Salverda de Grave, 2594; déb. xiiies. [dial. bourg.?] Chrétien de Troyes, Erec, var., supra B 1; xiiies. fr.-prov. Isopet de Lyon, X, 29 ds Rec. des Isopets, éd. J. Bastin, t. 2, p. 103) et occit. (1130-48 siular « siffler [un oiseau] » Marcabru, Poés., XIX, 65, éd. J. M. L. Dejeanne, p. 92; 1225-28 ciblar « émettre un sifflement » Jaufre, éd. Cl. Brunel, 2778). Les 2 types sifler (dominant dans le domaine d'oïl) et sibler connaissent des var. d'orig. onomat. [ts-; tš-; š-]. Ils connaissent aussi, à côté des formes en si-, des formes parallèles en su- corresp. respectivement à un lat. vulg. *sufilare (cf. la gl. suiflum: sifilum, CGL V, p. 484, 53) et *subilare. Le type sufler (fin xiiies. trans. « railler, se moquer de » Liv. des Machab., éd. Goerlich, 37) est relevé notamment en wallon et dans les dial. norm. de l'ouest. Le type subler est relevé en agn. dès ca 1170 (Rois, éd. E. R. Curtius, III, IX, 8, p. 133), s'étendant progressivement dans la plus grande partie des domaines d'oïl et d'oc; pour la répartition précise de ces types, v. FEW t. 11, pp. 564b-570b. Le sens « boire » s'explique soit p. anal. entre le sifflement qu'on attaque par une inspiration rapide, et l'absorption rapide d'un liquide d'un seul trait, soit parce que l'aspiration très rapide d'un liquide par un buveur peut produire une espèce de sifflement. Fréq. abs. littér.: 1 512. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1 539, b) 2 246; xxes.: a) 2 516, b) 2 399. Bbg. Wartburg (W. von). Sibilare. In: Deutsche Akademie der Wissenschaft zu Berlin. 1956, pp. 389-399.

Wiktionnaire

Verbe - français

siffler \si.fle\ intransitif 1er groupe (voir la conjugaison)

  1. Émettre un son aigu, soit avec les lèvres, soit en soufflant dans un sifflet, dans une clef forée, etc.
    • Le roulier lui mit du foin sur le corps, et, pour ne pas s'endormir lui-même, il se prit à siffler à satiété une phrase de chanson lente et monotone ; […]. Cette sifflerie m'impatientait. — (George Sand, « Nanon », chap 15, dans la série des Œuvres complètes, Paris : chez Michel Lévy frères & à la Librairie nouvelle, 1872, page 189)
    • D'où mon irritation contre ceux qui pratiquent le « ne pas se gêner », soit en fumant malgré l'affiche qui l'interdit, […], soit (ceci pour les Américains) en sifflant à tue-tête, sans se soucier un seul instant de ce qu'ils imposent leur sifflerie à une assemblée qui ne la leur demande point. — (Julien Benda, Mémoires d'infra-tombe, collection La Nef/éd. René Julliard, 1952, page 34)
    • Soudain, un bruit suraigu résonna dans le pub de Jersey : Isabelle, debout sur une table basse, sifflait en agitant les bras sous les regards interrogateurs des autochtones.
  2. Chanter, en parlant de certains oiseaux.
    • Le pré dégageait une odeur de terreau humide, une marouette sifflait dans les roseaux au sud. Son chant sonnait comme des gouttes d'eau qui tombaient. — (Kurt Aust, La confrérie des invisibles, traduit du norvégien par Céline Romand-Monnier, City Édition, 2010, chapitre 8)
  3. Produire le son aigu que font entendre les serpents quand ils sont en colère.
    1. Produire le son aigu que font entendre quelques animaux, comme les cygnes, les oies, etc., quand ils sont en colère.
      • Quand j’atteignais un rat d’un bon coup de fouet, le ronge-maille sifflait avec fureur, hérissait tous ses poils et s’élançait avec désespoir contre le fouet lui-même, instrument de sa torture […] — (Anonyme, Varia, dans Revue moderne, vol. 41, 1867, page 668)
    2. Crier, en parlant de la marmotte.
      • Les ronflements des deux braves épuisés couvrirent une fois encore le cri de l'alouette qui turlute, […], de la gelinotte qui glousse, de la marmotte qui siffle, et bien d'autres bruissements d'animaux qu'il serait une fois encore trop long d'énumérer ici... — (Anne Pouget, Quelle épique époque opaque, Éditions Casterman Jeunesse, 2013, chap. 3)
  4. Émettre un son aigu, en parlant du vent, d’une flèche, d’une balle de fusil, etc.
    • Je ne saurais dire notre douleur : nous avions peur d’avoir été indignes des nôtres, et les obus nouveaux nous sifflaient aux oreilles comme, au théâtre, la colère d’un public déçu. — (Jules Vallès, L’Insurgé, G. Charpentier, 1908)
    • Les rafales d’une violence inouïe, accès de colère de Wottan ou de Thor, tombent des hauteurs en sifflant et soulèvent des tourbillons d’embruns qui sillonnent la mer. — (Jean-Baptiste Charcot, Dans la mer du Groenland, 1928)
    • […] ses deux garçons étaient tisserands, et dans ce vieux nid on entendait grincer les métiers et siffler les navettes du matin au soir. — (Erckmann-Chatrian, Histoire d’un conscrit de 1813, J. Hetzel, 1864)
  5. Faire entendre un sifflement en respirant.
    • On l’entend siffler quand il dort. — Sa poitrine siffle.
    • Il siffle en parlant : Sa prononciation est accompagnée d’un certain sifflement.

siffler transitif

  1. Exécuter un air en sifflant.
    • Et Charles IX se remit à siffler tranquillement et plus juste que jamais son air favori. — (Alexandre Dumas, La Reine Margot, 1845, volume I, chapitre III)
  2. Appeler en sifflant.
    • Siffler son chien.
    • (Absolument) Il n’a qu’à siffler : Il n’a qu’à faire connaître sa volonté pour être obéi.
  3. (Sport) Avertir par un coup de sifflet
    • M. Garrido siffle deux coups francs l'un après l'autre, le premier pour une faute de Neeskens, le second pour une main de Van de Korput à une vingtaine de mètres sur la droite du but de Van Breukelen.— (Thierry Roland, Mes plus grands moments de football , Larousse, 2012, page 237)
  4. Accueillir avec des sifflements, à coups de sifflet, pour marquer sa désapprobation.
    • On a sifflé sa pièce.
    • Cette comédie a été sifflée.
    • Cet acteur a été sifflé.
    • PROMENADES DANS TOULOUSE – Mon soldat, hier (il est de Bar-le-Duc), m’en disait du mal. « Ils sont menteurs, craqueurs toujours, et ce ne sont pas des gens qui aient des mœurs. — Qu’est-ce que vous voulez dire par là ? — Eh bien, quand ils sont au théâtre, ils sifflent, sifflent, ils font un tapage d’enfer, enfin ce sont des brutaux. Ils respectent le soldat, sans cela il y aurait toujours ici des querelles. » — (Hippolyte Taine, Carnets de voyage : Notes sur la province, 1863-1865, Hachette, 1897)
    • Il avait été du petit groupe de ceux qui défendaient passionnément le musicien de Tannhäuser, que les membres du Jockey Club s’étaient donné le mot pour aller siffler, se distribuant pour cette tâche agréable des sifflets d’argent marqués au nom de l’opéra détesté. « On s’embête aux morceaux d’orchestre et on se tanne aux airs. » « C’était presque ne pas être Français que ne pas rire. » Bêtise au front d’airain… — (Marguerite Yourcenar, Souvenirs pieux, 1974, collection Folio, page 180)
  5. (Figuré) Désapprouver, accueillir avec dérision, avec mépris.
    • Si vous faites cette proposition, on vous sifflera.
  6. (Populaire) Boire d’un trait.
    • – Sors une bouteille ou deux de falerne, que demain nous viendrons siffler avec toi. — (André Gide, Les Caves du Vatican, 1914)
    • En fin de compte, je brûle ce télégramme et je siffle un petit coup de rye, après quoi je descends [...]. — (Peter Cheyney, La Môme vert-de-gris, chapitre V, traduction de Marcel Duhamel, Gallimard, 1945)
    • Mais les types en train de siffler la bouteille de scotch douze ans d'âge qu'il s'était payée la veille, ça non, pas d'accord.— (Frédéric Lasaygues, Le Chien de Goya, 1991)
    • Jed revint avec un pack de Stella Artois. Franz en siffla une cul sec, au goulot, avant de reprendre la parole. — (Michel Houellebecq, La carte et le territoire, 2010, J’ai lu, page 197)
    • Les rares consommateurs entraient en coup de vent, buvaient un canon sur le pouce, filaient ventre à terre. Un groupe de déménageurs vint bruyamment siffler quelques pots puis disparut. — (David Morgon, Mort d'un loufiat, French Pulp éditions, 2019, chapitre 2)
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

SIFFLER. v. intr.
Émettre un son aigu, soit avec les lèvres, soit en soufflant dans un sifflet, dans une clef forée, etc. Siffler pour appeler quelqu'un. Cet élève a été puni pour avoir sifflé en classe. Fig. et fam., Il n'a qu'à siffler, Il n'a qu'à faire connaître sa volonté pour être obéi. Il siffle en parlant, Sa prononciation est accompagnée d'un certain sifflement.

SIFFLER se dit aussi du Chant de certains oiseaux. Le merle siffle. Il se dit encore du Son aigu que font entendre quelques animaux, comme les serpents, les cygnes, les oies, etc., quand ils sont en colère. Il se dit également du Bruit aigu que fait le vent, ou une flèche, une balle de fusil, une pierre lancée avec force, etc. Écoutez le vent siffler. Le vent siffle dans la serrure. Il entendait les balles qui lui sifflaient aux oreilles. Le trait partit en sifflant. Il signifie aussi Faire entendre un sifflement en respirant. On l'entend siffler quand il dort. Sa poitrine siffle.

SIFFLER s'emploie aussi comme verbe transitif et signifie Exécuter un air en sifflant. Il siffle toutes sortes d'airs. Ce merle, ce serin siffle tous les airs qu'on lui apprend. Il signifie encore Appeler en sifflant. Siffler son chien. Il signifie également Accueillir avec des sifflements, à coups de sifflet, pour marquer sa désapprobation. On a sifflé sa pièce. Cette comédie a été sifflée. Cet acteur a été sifflé. Il s'emploie aussi figurément et signifie Désapprouver, accueillir avec dérision, avec mépris. Si vous faites cette proposition, on vous sifflera. Il signifie encore, populairement, Boire d'un trait. Siffler un grand verre de vin.

Littré (1872-1877)

SIFFLER (si-flé) v. n.
  • 1Former un son aigu en serrant les lèvres, ou avec un sifflet, ou avec une clef forée, etc. Les voleurs sifflent pour s'avertir. On entend les oiseaux siffler. M. d'Orléans faisait l'empressé et le passionné en parlant à la reine ; je ne l'ai jamais vu siffler avec plus d'indolence qu'il siffla une demi-heure en entretenant Guerchy dans la petite chambre grise, Retz, II. Je les rassemblerai, comme le pasteur en sifflant rassemble son troupeau, Sacy, Bible, Zachar. X, 8. C'est un petit jeune homme à quatre pieds de terre, Homme de qualité qui revient de la guerre, Qu'on voit toujours sautant, dansant, gesticulant, Qui vous parle en sifflant, et qui siffle en parlant, Regnard, Distr. I, 4.

    Il siffle en parlant, sa prononciation est accompagnée d'un certain sifflement, ce qui arrive surtout quand manque quelque dent de devant.

    Siffler en paume, disposer la paume de la main au devant de sa bouche, de manière à produire un sifflement prolongé.

    Fig. et familièrement. Il n'a qu'à siffler, il n'a qu'à faire connaître sa volonté pour être obéi. Mais qu'entends-je de certains personnages qui ont des couronnes, je ne dis pas des comtes ou des marquis, dont la terre fourmille, mais des princes et des souverains ? ils viennent trouver cet homme dès qu'il a sifflé, ils se découvrent dès son antichambre, et ils ne parlent que quand on les interroge, La Bruyère, XII.

    Il n'y a qu'à siffler et remuer les doigts, c'est une chose fort aisée.

  • 2 Par extension, faire entendre un bruit aigu en respirant, quand la respiration est gênée. Sa poitrine siffle.
  • 3Il se dit du son aigu que font entendre certains animaux, le serpent, le cygne, etc. quand ils sont en colère. La Discorde, à l'aspect d'un calme qui l'offense, Fait siffler ses serpents…, Boileau, Lutr. I. Hé bien ! filles d'enfer, vos mains sont-elles prêtes ? Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes ? Racine, Andr. V, 5. Fig. … à son rire moqueur Le serpent de l'envie a sifflé dans son cœur, Piron, Métrom. III, 4.
  • 4Il se dit du bruit aigu que fait le vent, une flèche, une balle de fusil, etc. Ce volume effroyable… Va frapper en sifflant l'infortuné Sidrac, Boileau, Lutr. V. L'air siffle ; une horrible tempête Aujourd'hui gronde sur ta tête ; Demain tu seras dans le port, Rousseau J.-B. Odes, II, 4. [Le vent] Siffle et frappe la voile à grand bruit déchirée, Delille, Én. I. Le vent du nord se faisait sentir souvent dans notre château ; je l'entendais siffler la nuit à travers les longs corridors de notre demeure, Staël, Corinne, XIV, 1.

    Au manége, siffler la gaule, la faire siffler pour avertir le cheval, quand il se ralentit.

  • 5Siffler sur, désapprouver, blâmer. La Marans était l'autre jour seule en mante chez Mme de Longueville ; on sifflait dessus, Sévigné, 12 févr. 1672.

    Il se conjugue avec l'auxiliaire avoir.

  • 6 V. a. Chanter un air en sifflant. Il siffle un air entre les dents. Ce serin siffle plusieurs airs.
  • 7Appeler en sifflant. Je sifflai vainement le chien du pauvre prêtre, Lamartine, Joc. Épil.
  • 8Siffler un oiseau, siffler près de lui pour lui apprendre à siffler des airs. Il donne pension à un homme qui n'a point d'autre ministère que de siffler des serins au flageolet, et de faire couver des canaries [canaris], La Bruyère, XIII.

    Fig. Siffler la linotte, voy. LINOTTE.

    Fig. et familièrement. Siffler quelqu'un, l'instruire de ce qu'il doit dire ou faire en certaine occasion. Un docteur politique qui les a sifflés, et qui leur a mis dans la tête cinq ou six mots de notre Tacite… leur a recommandé le secret ou la dissimulation, Guez de Balzac, De la cour, 2e disc.

  • 9Témoigner sa désapprobation, soit à coups de sifflet, soit par quelqu'autre bruit. Et siffler un jeune moineau Qui parlait comme un étourneau, Scarron, Virg. VII. Il fut sifflé de tout l'auditoire, Rollin, Hist. anc. Œuvr. t. V, p. 532, dans POUGENS. En Angleterre, où l'on élève Shakespeare au-dessus de Corneille, et où l'on siffle ceux qui l'imitent, Voltaire, Comm. Corn. Rem. Héracl. V, 8. Ils m'ont sifflé ; mais si jamais je puis les rassembler ! Beaumarchais, Barb. de Sév. I, 2. Il chassa de Rome et de l'Italie Pilade lui-même, pour avoir montré du doigt et fait remarquer un spectateur qui le sifflait, Bernardi, Instit. Mém. inscr. et belles-lett. t. VIII, p. 297.

    Absolument. Si un auteur hasardait aujourd'hui sur le théâtre une telle incongruité [Séleucus peint comme un amant, et effectivement assassiné], comme on se récrierait ! comme on sifflerait ! Voltaire, Comm. Corn. Rem. Rodog. V, 6.

    Au passif et impersonnellement. Au beau drame de Cléopatre, Où fut l'aspic de Vaucanson, Tant fut sifflé, qu'à l'unisson Sifflaient et parterre et théâtre ; Et le souffleur, oyant cela, Croyant encor souffler, siffla, Lebrun, Épigr. sur la Cléopatre de Marmontel.

  • 10 Fig. Désapprouver avec dérision. Si j'allais, madame, accorder vos demandes [changer le style officiel des notaires], Je me ferais siffler de tous mes compagnons, Molière, Femmes sav. III, 2. Qu'elle nous mette au rang des grands et beaux esprits Un benêt dont partout on siffle les écrits, Molière, ib. I, 3. Mais bien que ses durs vers, d'épithètes enflés, Soient des moindres grimauds chez Ménage sifflés, Boileau, Sat. IV. Faire siffler Cotin chez nos derniers neveux, Boileau, ib. IX. Ô vieux Denys, je me ris de ton glaive ; Je bois, je chante et je siffle tes vers, Béranger, Damoclès.
  • 11 Populairement. Boire. Siffler une bouteille. Le long de la journée Je siffle autant que trois, Chanson bachique dans FR. MICHEL, Argot.

    On a dit de même : Siffler la rôtie. Vaut mieux à Saint-Denys être dessous la mitre à siffler la rôtie, Et prendre du tabac, Que de se faire perdre au milieu des combats, Chanson nouvelle, dans FR. MICHEL, Argot.

REMARQUE

On a dit chiffler jusqu'au commencement du XVIIe siècle : Encore que… Il méritast au Louvre estre chifflé des pages, Régnier, Sat. X. La calomnie a eu le succès qu'elle méritait : elle a été chifflée, où elle pensait être applaudie, Guez de Balzac, Liv. XXVII, lett. 9.

HISTORIQUE

XIIIe s. Et dient que Mahommes et sa loiz ne vaut rienz, et ne s'en font se chiffler non, Guill. de Tyr, t. II, p. 614. Molt [elles] i jetent à grant fuison Biax gas, biax dis, biel acointier, Com il convient à tel mestier, Ciflent et gabent et si rient, Gui de Cambrai, Barl. et Jos. p. 226.

XIVe s. Adonc commença ledit Jehan le houlier à sibler et crier si hault…, Du Cange, sibulare.

XVe s. Tenez vous cy quoy, et ne vous avancez, jusques à tant que je sifflerai, Froissart, II, II, 6. Le comte siffla un levrier qu'il avoit delez lui, Froissart, II, III, 13. Le suppliant yssit de la taverne et oyt subler, et alors Chauveau subla aussi, Du Cange, ib. La femme : Guillot est un bon compagnon. - Guillot : à bien siffler [boire] ne faulx jamais, Recueil de farces, dans FR. MICHEL, Argot.

XVIe s. J'oy [j'entends] d'autre part le pivert jargonner, Siffler l'escouffle [milan] et le butor tonner, Marot, I, 223. Il menace, qu'en siblant, il fera venir les peuples infideles pour destruire Israel, Calvin, Instit. 226. Ses compagnons ne faillirent pas, dès qu'ils ouïrent siffler l'amorce [de la mine], de prendre leur course, D'Aubigné, Hist. II, 135. Au bransle de ces gens tout ce qui demeuroit à la cour estoit sifflé, D'Aubigné, ib. II, 180. Ces refformez estoient ravis de joie d'ouir siffler les balles de Paris, D'Aubigné, ib. III, 181. Des oiseaux qui parlent, sublent et sifflent, Paré, Animaux, 20. Nous ne sifflens pas noz paroles de levres comme les serpens, Du Bellay, J. I, 12, recto. Et ceux dont plus j'estoy favorisée Sifflent sur moy d'une longue risée, Se vergongnans de m'avoir voulu bien, Du Bellay, J. VII, 66, verso. Sifflant en paume, je me rendrai à vous, Cotgrave Frappant et jouant des doigts sur le pommeau de son espée, sublant ou sifflant, lequel que l'on voudra, ou tous deux, une chanson du pays fort harmonieusement, Noel du Fail, Propos rustiques, 181, dans JAUBERT, Gloss. du Berry.

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Étymologie de « siffler »

(XIIe siècle) Du latin populaire *sīfilāre[1], variante régionale du latin sībilāre ; comparable à l’espagnol chiflar, de même sens.
(XIIe siècle) sifler ; (XIIe siècle) cerpent cifle ; (XVIe siècle) siffler avec deux f par un rapprochement avec souffler.
Variantes : (XIIe siècle) chifler ; (XIIIe siècle) sible ; (XIVe siècle) cyfler ung levrier ; (XVIe siècle) sublant ou sifflant, lequel que l’on voudra, ou tous les deux, une chanson.
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Berry, sibler, subler, chiffler ; wallon, hufler ; namur. chuffler ; bourguig. subliai ; châtillonnais, suiller ; provenç. siblar, ciblar, siular, eschiular ; catal. siular, xiular ; espagn. silbar ; portug. sibilar ; ital. sibilare, sibillare ; du lat. sifilare, pour les formes en f, et sibilare, pour les formes en b. De sibilare, les étymologistes rapprochent σιφλὸς, creux, σίφων, siphon.

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Phonétique du mot « siffler »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
siffler sifle

Fréquence d'apparition du mot « siffler » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « siffler »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « siffler »

  • C'est un droit* qu'à la porte on achète en entrant.
    Nicolas Boileau dit Boileau-Despréaux — L'Art poétique
  • C'est ainsi, on ne tire pas sur son passé. Selon qu'on est le fils d'un garde-barrière ou d'une duchesse, quand on se penche sur l'histoire qu'on a vécue, on entend siffler des trains ou sonner des cors de chasse !
    Daniel Cordier — Entretien avec Pierre Assouline - Octobre 1989
  • La Pro League s'enfonce coûte que coûte et reformule ses motivations auprès de la CBAS. Pour cela, elle devra repréciser les raisons qui avaient pour but de siffler la fin du championnat sans jouer cette 30e et dernière journée. Pour rappel, la CBAS avait recalé la Pro League et avait donné raison à Waasland-Beveren au début du mois de juillet. Ce choix aurait des grosses répercussions sur le calendrier. Les clubs seraient dans l'attente de la sentence arbitrale et la première journée, à minima, serait retardée.
    DH Les Sports + — Les trois scénarios possibles pour la reprise de la Pro League - DH Les Sports+
  • Quand les chats siffleront A beaucoup de choses nous croirons.
    Proverbe agenais
  • Une bouche doit-elle siffler quand une autre le lui ordonne ?
    Massa Makan Diabaté — Le Coiffeur de Kouta
  • En ce week-end pas comme les autres confinement oblige, osons un peu de légèreté avec le siffleur Bertrand Causse. Musicien émérite - il est altiste et chef d'orchestre - ce dernier a découvert la joie de siffler, quand il est encore enfant. Son père, en effet, sifflait comme d'autres chantent. 
    usinenouvelle.com/ — [Podcast les Napoléons] Et bien sifflez maintenant avec le siffleur professionnel Bertrand Causse - Entracte
  • N’essayez pas de regarder dans les canaux de la ville, il ne s’y trouve pas. Allez simplement voir les deux fontaines entourant l’entrée du stade. Il vous faudra siffler lorsque vous verrez une bulle de dialogue avec un son ressemblant à un ricanement. Pour rappel, il faut appuyer sur le joystick gauche pour siffler.
    ActuGaming.net — Retrouver le Chinchidou perdu à Motorby - Pokémon Épée / Bouclier
  • Puis vint le spectacle de clôture de ces Rami 2019. Mathias Sten a d’abord chanté deux folk-songs en s’accompagnant avec une maîtrise remarquable de sa guitare acoustique. Sa voix très modulée peut monter assez haut en gardant une gravité impressionnante. Deux chansons en français ont suivi, lui donnant l’occasion de siffler et de sortir sa guimbarde. Dans un style qui mélange chanson à texte et musique folk, il tient son auditoire. La salle Touchard plus qu’à demi pleine a apprécié.
    Magcentre — Retro: Journée de clôture des Rami : de la poésie à tous les étages | Magcentre
  • HUMEUR - Certains supporters parisiens continuent, contre les consignes officiellement énoncées par le Collectif Ultras Paris, de siffler le Brésilien, jouant ainsi contre leur équipe. Contre-productif.
    Le Figaro.fr — PSG: Neymar, il est temps de siffler la fin des sifflets
  • A chaud, il nous a plutôt semblé qu’ils sifflaient cette pauvre Lââm, chanteuse à casquette (siglée Lââm pour bien la reconnaître) un peu passée de mode et qui chante trop fort. Mais peu importe, ils ont sifflé et le gouvernement a entonné bien fort le chœur de l’indignation. Après les sifflets, le pipeau, dirent les mal-pensants. Les oreilles de Laporte ont dû siffler. Pourtant, au départ, le sifflet est plutôt un truc sympa. Siffler en travaillant, siffler sur la colline, entendre siffler le train… C’était joyeux, non ? Aujourd’hui on n’entend plus guère siffler dans la rue.
    Libération.fr — Siffler (n’est pas huer) - Libération
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Traductions du mot « siffler »

Langue Traduction
Anglais whistle
Espagnol silbar
Italien fischio
Allemand pfeifen
Chinois
Arabe صفارة الحكم
Portugais apito
Russe свисток
Japonais ホイッスル
Basque txistua
Corse fisu
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Synonymes de « siffler »

Source : synonymes de siffler sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « siffler »

Combien de points fait le mot siffler au Scrabble ?

Nombre de points du mot siffler au scrabble : 13 points

Siffler

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