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Chanter

Définitions de « chanter »

Trésor de la Langue Française informatisé

CHANTER, verbe.

I.− Emploi intrans. Moduler sur les différents degrés de l'échelle diatonique.
A.− [Le suj. désigne une pers.] Chanter en chœur, à (de)mi-voix, en duo, à plein gosier, de mémoire, au piano, à l'unisson, à voix basse. Artiste jusqu'au bout des doigts : elle chante à ravir et dessine dans la perfection (Maupassant, Contes et nouvelles,t. 2, Boule de suif, 1880, p. 151).
Expr. fig., fam. Dire. Que me chantez-vous là? Le commandeur. Mais que me chante donc ce garçon-là, mademoiselle Marton? (A. Dumas Père, Un Mariage sous Louis XV,1841, III, 2, p. 146).Plaire. Si cela me chante. Si cela me plaît. Alors, je dois revenir demain? − Si ça vous chante (É. Estaunié, Madame Clapain,1932, p. 162).C'est comme si je chantais (péj.). Mes observations ne servent à rien. Tes domestiques ont la manie de toujours toucher à ce qui m'appartient (...) Je leur ai défendu cent fois de ranger mes papiers, c'est comme si je chantais! (É. Augier, Les Lionnes pauvres,1858, II, p. 52).
B.− P. anal. [Le suj. désigne un animal, un élément naturel, un instrument de musique, un obj.] Le coq, les grenouilles, les oiseaux chante(nt); le feu, la forêt chante; le clairon, la cloche chante; la lampe chante. À la porte du cimetière, dans un cyprès, un rossignol chantait d'une voix éperdue (Barrès, Mes cahiers,t. 7, 1908-09, p. 165).
C.− P. métaph. Les lendemains qui chantent. Elle [l'Étoile polaire] a mis le masque mais chantera toute la nuit, pour nous éclairer (A. Arnoux, Abisag,1919, p. 253).Prodige de légèreté, toute en nerfs, elle [la cathédrale de Reims] vivait, elle palpitait, elle chantait (Sem, La Ronde de nuit,1923, p. 85).Et ses yeux qui chantaient tout le temps comme de beaux verdiers (Giono, Le Chant du monde,1934, p. 121):
1. Celui qui est seul debout dans la nuit, chante comme un arbre, et il est tout bouleversé par la chanson de sa chair. Giono, L'Eau vive,1943, p. 187.
II.− Emploi trans.
A.− [L'obj. désigne un morceau de musique vocale, une composition lyrique] Chanter une chanson, un refrain (cf. chant I B).
SYNT. Chanter un air, sur un air, sur l'air du...; chanter une ballade, une cantate, la carmagnole, une complainte, un couplet, l'épître, un hymne, du grégorien, un lai d'amour, les laudes, les litanies, une mélodie, un motet, l'office des morts, un psaume, des ritournelles, une sérénade. Nous chantions ensemble à tue-tête tantôt des chœurs d'opéra-comique, tantôt la messe et les vêpres (G. Sand, Histoire de ma vie, t. 3, 1855, p. 57). Ce qui ne peut pas se dire, on le chante (Sainte-Beuve, Nouveaux lundis, t. 1, 1863-69, p. 14). Le soir, elle se mit au piano et chanta en ukrainien des chansons d'amour (S. de Beauvoir, Mémoires d'une jeune fille rangée, 1958, p. 275).
Vieilli. Ce prince leur donna des statuts où l'on remarque le privilége de fabriquer le pain à chanter messe (Brillat-Savarin, Physiol. du goût,1825, p. 274).
P. métaph. Cf. chant III B :
2. ... j'ai vu à Olympie de grandes colonnes couchées dans l'herbe, et elles chantaient encore la gloire de l'inconnu qui, il y a vingt-sept siècles, les avait dressées vers les dieux. Mauriac, Mémoires intérieurs,1959, p. 202.
B.− Littér., poét., laud. [Le suj. désigne un poète, un écrivain, un orateur, etc.] Célébrer par un poème; vanter, louer une personne, un pays, des actions, etc. Chanter les exploits d'un héros, les louanges de qqn :
3. Voltaire, pressé par la duchesse du Maine qui y avait ses fils et qui lui demandait de célébrer Lawfeld comme il avait chanté Fontenoy, ne le fit pourtant qu'à son corps défendant et dans une mince Épître... Sainte-Beuve, Nouveaux lundis,t. 11, 1863-69, p. 140.
SYNT. Chanter la beauté, l'éloge, la vertu de qqn; chanter la Grèce, l'Italie.
Absol. Le poète chante; il n'écrit pas (V. Larbaud, Ce Vice impuni, la lecture,Domaine français, 1941, p. 281).
Fam., usuel. Chanter victoire. Se glorifier d'un succès, le proclamer partout :
4. − Ne chantons pas victoire, lui dit Théodose [à Brigitte] : le délai de la surenchère n'expire que dans huit jours. Balzac, Les Petits bourgeois,1850, p. 157.
Rare. Chanter merveille. Exprimer des louanges :
5. Adrienne Monnier a eu la gentillesse de m'envoyer la Vie de Milarépa, dont elle et Jean Schlumberger chantaient merveille. Gide, Journal,1931, p. 1043.
C.− Loc. et expr. diverses
Chanter ses gammes à qqn. Lui dire ses quatre vérités :
6. [Le garçon du Secrétariat :] − ... Il [le secrétaire général] me chanterait une gamme d'enfer s'il savait qu'elle [une lettre] n'est pas à son adresse... Balzac, Les Employés,1837, p. 223.
Chanter goguettes, pouilles à qqn :
7. ... mais enfin vingt-cinq journaux ne se mettraient pas d'un côté à crier haro à ce pauvre animal, à le huer sur tout ce qu'il ferait, lui chanter pouille sans désemparer; ... Musset, Lettres de Dupuis et Cotonet,1837, p. 754.
Chanter magnificat à matines. Faire tout à contre-temps.
Région. (Canada). Chanter matines (à propos d'un coq). Chanter le matin. Chanter la pomme à qqn. Lui faire la cour.
Chanter la romance à qqn. Se mettre en frais pour quelqu'un; chercher à lui plaire :
8. − ... Charles-Albert est un Faust dont l'âme est disputée depuis plus de vingt ans par deux forces inconciliables : Mazzini et Metternich (...) Il y a vingt ans que Charles-Albert chante la romance à Mazzini, ou plutôt qu'ils se chantent la romance l'un à l'autre. Giono, Bonheur fou,1957, p. 278.
Prononc. et Orth. : [ʃ ɑ ̃te], (je) chante [ʃ ɑ ̃:t]. Fouché Prononc. 1959, p. 100, souligne que ,,même lorsqu'il n'est précédé que d'une seule consonne prononcée, l'e muet intérieur se conserve devant le groupe [ʀj]. Ainsi aux 1reet 2epers. plur. du conditionnel du verbe en -er et du verbeêtre : nous chanterions; vous chanteriez; nous aimerions; vous aimeriez; nous serions; vous seriez``. Cf. aussi Rouss.-Lacl. 1927, p. 147. Attesté ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. A. Trans. 1. a) xes. cantomps de (1repers. plur. ind. prés.) « célébrer quelqu'un avec des chants » (St Léger, éd. J. Linskill, v. 3); b) av. 1528 « célébrer avec lyrisme » (C. Marot, Chanson, XII, 23 ds Œuvres lyriques, éd. C. A. Mayer, p. 185); 1796 p. ext. chanter victoire (Restif de La Bretonne, M. Nicolas, p. 188); 2. xes. « faire entendre (un chant) exécuter (un morceau) » Missae cantat (St Léger, éd. J. Linskill, v. 82); 3. 1165-70 « dire, conter » (Chr. de Troyes, Erec, éd. Foerster, 2802). B. Intrans. mil. xies. « faire entendre des chants (ici en signe de joie) » (Alexis, 112eds T.-L.); p. anal. 1. a) 1remoitié xiies. « faire entendre un chant (en parlant des oiseaux) » (Charroi Nîmes, 16, ibid.); b) 2etiers xiiies. « id. (en parlant d'un instrument de musique) » (Poire, 1133, ibid.); c) 1847 fig. « convenir, paraître agréable » (Leconte de Lisle, Poèmes antiques, Niobé, p. 202); 2. 1690 « parler, lire avec des inflexions qui rappellent le chant » (Fur.); 3. 1640 faire chanter qqn « (d'un criminel mis à la question) obtenir des aveux » (Oudin Curiositez); 1674 fam. chanter « céder à des pressions » (Montfleury, Le Comédien poëte, III, 9 ds Littré); d'où 1808 faire chanter qqn « extorquer par ruse ou par force une somme d'argent » (Hautel). Du lat. class. cantare attesté à l'emploi trans. aux sens 1, 2, 3; lat. médiév. missam cantare (Hugeb., Wynneb., 10 ds Mittellat. W. s.v., 192, 33); à l'emploi intrans. aux sens 1 a et b en parlant des oiseaux, d'un instrument de musique; l'hyp. de P. Guiraud, Mélanges d'étymol. arg. et pop. ds Cah. Lexicol., 1970, t. 17, no2, p. 6 et 7 selon laquelle B 3 serait dér. de chant2* « partie étroite d'un objet » (lat. canthus) dont les dér. canter, achanter, décanter (FEW t. 2, 1, p. 228, s.v. canthus) signifient « s'incliner » ou « incliner », chanter signifiant « s'incliner, se soumettre, céder à des pressions », n'emporte pas la conviction (v. FEW t. 2, 1, p. 224a, note 6); faire chanter signifie vraisemblablement à l'orig. « arracher un aveu sous l'effet de la torture » (v. Oudin, loc. cit. et J. Brüch ds Z. fr. Spr. Lit., t. 50, 1927, pp. 304-305). Fréq. abs. littér. : 9 691. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 13 808, b) 16 504; xxes. : a) 15 577, b) 11 218. Bbg. Faral (E.). Sur trois vers de la Chanson de Roland (vers 1016, 1465, 1517). Modern Philology 1940, t. 38, pp. 235-242. − Gottsch. Redens. 1930, passim.Goug. Mots t. 1, 1962, pp. 283-284. − Grimaud (F.). Petit gloss. du jeu de boules. Vie Lang. 1969, p. 112. − Guiraud (P.). Mél. d'étymol. arg. et pop. Cah. Lexicol. 1970, t. 17, pp. 3-6. − La Landelle (G. de). Le Lang. des marins. Paris, 1859, p. 270, 292, 296. − Quem. 2es., t. 1, 1970. − Rigaud (A.). Autour d'une hostie. Déf. Lang. fr. 1970, no53, pp. 12-14. − Sain. Arg. 1972 [1907], p. 61, 65, 271, 272. − Sain. Lang. par. 1920, p. 519. − Sain. Sources t. 3, 1972 [1930], p. 82.

Wiktionnaire

Verbe - ancien français

chanter 1er groupe (voir la conjugaison)

  1. Chanter.
  2. (En particulier) Raconter (une histoire) en forme de chanson.
    • Or chanterons dou riche roi Thieri — (Garin Le Loherain, f. 104r., 2e colonne (manuscrit du XIIIe siècle) → lire en ligne)
      La traduction en français de l’exemple manque. (Ajouter)

Verbe - français

chanter \ʃɑ̃.te\ transitif, intransitif 1er groupe (voir la conjugaison)

  1. (Musique) Moduler sa voix sur plusieurs tons, suivre un morceau de musique vocale.
    • S’accompagnant de son gimbri, il nous chante, d’une voix tantôt gutturale, tantôt nasillarde, d’interminables mélopées, que l’assistance reprend aux refrains avec des battements rythmiques des mains. — (Frédéric Weisgerber, Trois mois de campagne au Maroc : étude géographique de la région parcourue, Paris : Ernest Leroux, 1904, page 33)
  2. Faire le cri ou le bruit mélodieux de son espèce, gazouiller.
    • Le coq a chanté.
  3. (Littéraire) Bruire harmonieusement.
    • En vain, j’avais cherché un ru, dont l’eau fraîche chante sous les feuilles, ou bien une source, comme il s’en trouve pourtant beaucoup dans le pays. — (Octave Mirbeau, Le Père Nicolas, in Lettres de ma chaumière, 1885)
  4. Publier ; célébrer ; raconter.
    • Dans cet enfer, comme aujourd’hui, les poètes chantaient l’épopée qu’on allait vivre et mourir ; les uns en strophes ardentes, les autres avec un rire amer. — (Louise Michel, La Commune, Paris : P.-V. Stock, 1898, page 7)
    • Le préfet de la Gironde et le maire de Bordeaux assistèrent à la première séance du 16 septembre 1861. Le maire Castéja chanta, bien sûr, les mérites de sa ville . — (Jean-Claude Drouin, Un esprit original du XIXe siècle : le chevalier de Paravey (1787-1871), dans la Revue d'histoire de Bordeaux et du département de la Gironde, 1970, page 65)
    • […] : comment avait-il mérité que ses esprits et ses démons lui donnassent des ordres, que ses esprits et ses démons lui bouffassent son nez et sa tête et ses bras et ses jambes et son nombril, alors qu'il était le seul à écrire sur eux, le seul à chanter leurs louanges, le seul...? — (Der Nister, Contes fantastiques et symboliques, traduits par Delphine Bechtel, Editions du Cerf, 1997, page 58)
  5. Dire quelque chose.
    • — Alors, qu’est-ce que vous me chantez avec votre Fantôme de l’Opéra ? — (Gaston Leroux, Le Fantôme de l'Opéra, 1910)
  6. Exécuter la partie mélodique d’un morceau de musique, en parlant des instruments, par opposition à ceux qui ne font qu’accompagner.
    • La basse seule chante dans ce morceau.
  7. (Argot) Dénoncer, trahir, donner.
    • J’ai pas d’amour qu’mon homme et, d’vant ta gueule, tu penses que j’vas chanter ! — (Francis Carco, Jésus-la-Caille, Le Mercure de France, Paris, 1914, chap. V)
  8. Plaire, agréer.
    • Si cela me chante. Note : « Si cela me plaît ».
    • En cuisine et en ménage, il n’y avait rien que de l’exceptionnel avec elle, du comme ça lui chantait, des envies de cire ou de murs à lessiver, des gâteaux pour faire plaisir. — (Annie Ernaux, La femme gelée, 1981, réédition Quarto Gallimard, page 334)
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

CHANTER. v. intr.
Former avec la voix une suite de sons variés, selon les règles de la musique. Chanter bien. Chanter avec goût. Chanter juste, agréablement, passablement. Chanter à pleine voix. Chanter faux. Chanter en musique. Chanter en faux-bourdon. Chanter en chœur. Chanter à livre ouvert, Chanter à la première inspection des notes un air qu'on n'avait jamais vu. Fig. et fam., Je le ferai chanter sur un autre ton, Je l'obligerai à parler, à se conduire autrement qu'il ne fait. On dit aussi Il faut qu'il chante sur un autre ton, qu'il chante plus haut, Il faut qu'il offre davantage, qu'il en donne davantage. Dans un sens analogue, Faire chanter quelqu'un signifie, très familièrement, Exercer sur lui un chantage. Fam., C'est comme si vous chantiez, se dit à quelqu'un pour lui témoigner qu'on ne fait aucune attention à ce qu'il dit, qu'on n'en fait aucun cas. Pain à chanter. Voyez PAIN. Il se dit, par extension, des Instruments qui exécutent la partie mélodique d'un morceau de musique, par opposition à Ceux qui ne font qu'accompagner. La basse seule chante dans ce morceau. Il se dit, par analogie, des Oiseaux et de la cigale. L'alouette a chanté. Le coq a chanté. La cigale chante. Prov. et fig., Ce n'est pas à la poule à chanter devant le coq, Une femme doit se tenir dans l'infériorité à l'égard de son mari. Il signifie quelquefois, par extension, Réciter, déclamer ou lire d'une manière qui n'est pas naturelle et qui approche du chant. Ce comédien, ce prédicateur chante. Il s'emploie aussi comme verbe transitif et signifie Exécuter une partie ou un morceau de musique vocale. Chanter un air, une chanson, des vers. Chanter une hymne, un cantique. Chanter la grand-messe. Chanter l'évangile. Chanter vêpres. Chanter un motet. Fig. et fam., Il chante toujours la même chanson, la même antienne, Il répète toujours la même chose. Fig. et fam., Chanter pouilles à quelqu'un. Voyez POUILLES. Fig. et fam., Chanter la palinodie. Voyez PALINODIE. Il signifie aussi Publier, célébrer, raconter. Chanter la gloire, chanter les hauts faits d'un héros. Homère a chanté la colère d'Achille. Fig. et fam., Chanter victoire, Se glorifier du succès. Il a réussi, il chante victoire. Il ne faut pas chanter victoire avant le temps. Fig., Chanter les louanges de quelqu'un, Faire de grands éloges d'une personne. Tout le monde chante vos louanges. Dans certaines phrases du langage familier, il signifie ironiquement Dire. Que me chantez-vous là? Il chante toujours la même chose. Que chante cette lettre?

Littré (1872-1877)

CHANTER (chan-té) v. n.
  • 1Faire entendre un chant. Chanter juste. Chanter au lutrin. Maître à chanter. Une femme chantait : C'était bien de chansons qu'alors il s'agissait ! Dame mouche s'en va chanter à leurs oreilles, La Fontaine, Fabl. VII, 9. Un savetier chantait du matin jusqu'au soir ; C'était merveille de le voir ; Merveille de l'ouïr ; il faisait des passages…, La Fontaine, ib. J'ai raconté comment la mère indienne porte ses enfants, comment elle leur chante, comment elle les pare, Chateaubriand, Amér. 51. On le berce, on lui chante pour l'endormir, Rousseau, Ém. I. Il ne danse, ni ne chante, ni ne joue ; il est pour la conversation, Voltaire, Lettr. d'Argental, 13 déc. 1762. Chanter, ou je m'abuse, Est ma tâche ici-bas ; Tous ceux qu'ainsi j'amuse, Ne m'aimeront-ils pas ? Quand un cercle m'enchante, Quand le vin divertit, Le bon Dieu me dit : chante, Chante, pauvre petit, Béranger, Vocation.

    Chanter à livre ouvert, à première vue, chanter sans avoir besoin d'étudier les notes. Ouais ! je ne croyais pas que ma fille fût si habile que de chanter ainsi à livre ouvert sans hésiter, Molière, Mal. imag. II, 6.

    Familièrement. C'est comme si vous chantiez, vous perdez votre temps, je ne vous écoute pas. Il [l'amant] pleure, il se désespère, Mais c'est comme s'il chantait, Désaugiers, Parodie de la Vestale.

    Pain à chanter, le pain sans levain dont on fait l'hostie. Mince comme pain à chanter. Le pain à chanter, c'est, en suppléant l'ellipse, le pain à chanter la messe. Voyez, dans l'historique, vin et eau à chanter ; ce qui exclut absolument le chanteau de pain, dont on avait parlé comme étymologie de pain à chanter.

    Familièrement. Je le ferai chanter sur un autre ton, je le ferai agir, parler tout autrement.

    Familièrement. Il faudra qu'il chante plus haut pour avoir cela, il faudra qu'il en donne un prix plus élevé.

    Familièrement. Faire chanter quelqu'un, lui faire faire quelque chose par force ou par ruse ; locution tirée de l'usage de chanter à table. Vous croyez donc aussi disposer de son âme ? Vous l'avez rebutée, et j'appréhende fort… - Eh bien ! enlevons-la, je vous l'ai dit d'abord, Quand nous la tiendrons seule, il faudra qu'elle chante, Montfleury, le Comédien poëte, III, 9. Le baron : Comment faquin ! et la musique ? Le laquais : Eh ! c'est mon fort ; je sais faire chanter l'Anglais le plus boutonné, le Hollandais le plus avare, quand l'un ou l'autre est amoureux d'une femme que je protége, la Musicomanie, 4. Ils porteront le fer et le feu au cœur de la France et la feront chanter, Lucien en belle humeur, t. I, dans LE ROUX, Dict. com.

    En un autre sens, qui est celui de l'argot, faire chanter quelqu'un, l'obliger à donner de l'argent, par la crainte de révélations scandaleuses, vraies ou fausses.

  • 2Être chantable. On dit qu'un morceau ne chante pas, c'est-à-dire qu'il ne peut être chanté, qu'il n'entre pas dans le registre de la voix humaine.

    Être chantant.

    Chanter, se dit de l'exécutant, de l'instrument qui fait ressortir la mélodie, spécialement du violon, du violoncelle, du cor, par opposition au simple accompagnement. La basse seule chante dans ce morceau.

    Imiter la voix humaine dans l'exécution instrumentale.

  • 3Se dit aussi des oiseaux, de la cigale, et poétiquement ou ironiquement, d'autres animaux. Progné lui repartit [au rossignol] : Eh quoi ! cette musique Pour ne chanter qu'aux animaux, La Fontaine, Fabl. III, 15. [L'âne] gambadant, chantant et broutant, La Fontaine, ib. VI, 8. Dès que l'Aurore, dis-je, en son char remontait, Un misérable coq à point nommé chantait, La Fontaine, ib. V, 6. La cigale ayant chanté Tout l'été, La Fontaine, ib. I, 1.

    Se dit aussi de certains bruits qui ont une sorte d'harmonie. L'eau commence à chanter, elle est près de bouillir. J'écoutais chanter l'eau dans les bassins de marbre, Lamartine, Joc. I, 50.

  • 4Réciter d'une manière qui approche du chant. Chanter en parlant. Ou elles [les femmes] hésitent ou elles chantent en lisant, Fénelon, XVII, 98.
  • 5Avec la préposition de, célébrer. Aussi bien chanter d'autre chose, Ayant chanté de sa grandeur, Malherbe, III, 3.

PROVERBES

Une porte mal graissée chante, c'est-à-dire il faut bien payer pour qu'on ne dise rien.

Ce n'est pas à la poule à chanter devant le coq, c'est-à-dire une femme ne doit point prendre un ton de commandement avec son mari. … Mon congé cent fois me fût-il hoc, La poule ne doit point chanter devant le coq, Molière, F. sav. V, 3.

Tel chante qui ne rit pas, on est souvent triste au fond, au milieu d'apparences contraires.

Qui bien chante et qui bien danse Fait un métier qui peu avance, c'est-à-dire se livrer trop aux distractions nuit à la fortune.

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Encyclopédie, 1re édition (1751)

CHANTER, c’est faire différentes inflexions de voix agréables à l’oreille, & toûjours correspondantes aux intervalles admis dans la Musique, & aux notes qui les expriment.

La premiere chose qu’on fait en apprenant à chanter, est de parcourir une gamme en montant par les degrés diatoniques jusqu’à l’octave, & ensuite en descendant par les mêmes notes. Après cela on monte & l’on descend par de plus grands intervalles, comme par tierces, par quartes, par quintes ; & l’on passe de cette maniere par toutes les notes, & par tous les différens intervalles. V. Échelle, Gamme, Octave.

Quelques-uns prétendent qu’on apprendroit plus facilement à chanter, si au lieu de parcourir d’abord les degrés diatoniques, on commençoit par les consonnances, dont les rapports plus simples sont plus aisés à entonner. C’est ainsi, disent-ils, que les intonnations les plus aisées de la trompette & du cor sont d’abord les octaves, les quintes, & les autres consonnances, & qu’elles deviennent plus difficiles pour les tons & sémi-tons. L’expérience ne paroît pas s’accorder à ce raisonnement ; car il est constant qu’un commençant entonne plus aisément l’intervalle d’un ton que celui d’une octave, quoique le rapport en soit bien plus composé : c’est que, si d’un côté le rapport est plus simple, de l’autre la modification de l’organe est moins grande. Chacun voit que si l’ouverture de la glotte, la longueur ou la tension des cordes gutturales est comme 8, il s’y fait un moindre changement pour les rendre comme 9, que pour les rendre comme 16.

Mais on ne sauroit disconvenir qu’il n’y ait dans les degrés de l’octave, en commençant par ut, une difficulté d’intonnation dans les trois tons de suite, qui se trouvent du fa au si, laquelle donne la torture aux éleves, & retarde la formation de leur oreille. Voyez Octave & Solfier. Il seroit aisé de prévenir cet inconvénient en commençant par une autre note, comme seroit sol ou la, ou bien en faisant le fa diéze, ou le si bémol. (S)

On a fait un art du chant ; c’est-à-dire que des observations sur des voix sonores qui chantoient le plus agréablement, on a composé des regles pour faciliter & perfectionner l’usage de ce don naturel, Voy. Maître à chanter ; mais il paroît par ce qui précede, qu’il y a encore bien des découvertes à faire sur la maniere la plus facile & la plus sûre d’acquérir cet art.

Sans son secours, tous les hommes chantent, bien ou mal, & il n’y en a point qui en donnant une suite d’inflexions différentes de la voix, ne chante ; parce que quelque mauvais que soit l’organe, ou quelque peu agréable que soit le chant qu’il forme, l’action qui en résulte alors est toûjours un chant.

On chante sans articuler des mots, sans dessein formé, sans idée fixe, dans une distraction, pour dissiper l’ennui, pour adoucir les fatigues ; c’est de toutes les actions de l’homme celle qui lui est la plus familiere, & à laquelle une volonté déterminée a le moins de part.

Un muet donne des sons, & forme par conséquent des chants : ce qui prouve que le chant est une expression distincte de la parole. Les sons que peut former un muet peuvent exprimer les sensations de douleur ou de plaisir. De-là il est évident que le chant a son expression propre, indépendante de celle de l’articulation des paroles. Voyez Expression.

La voix d’ailleurs est un instrument musical dont tous les hommes peuvent se servir sans le secours de maîtres, de principes ou de regles. Une voix sans agrément & mal conduite distrait autant de son propre ennui la personne qui chante, qu’une voix sonore & brillante, formée par l’art & le goût. Voyez Voix. Mais il y a des personnes qui par leur état sont obligées à exceller dans la maniere de se servir de cet organe. Sur ce point, comme dans tous les autres arts agréables, la médiocrité, dont les oreilles peu délicates se contentent, est insupportable à celles que l’expérience & le goût ont formées. Tous les chanteurs & chanteuses qui composent l’académie royale de Musique sont dans cette position.

L’opéra est le lieu d’où la médiocrité, dans la maniere de chanter, devroit être bannie ; parce que c’est le lieu où on ne devroit trouver que des modeles dans les différens genres de l’art. Tel est le but de son établissement, & le motif de son érection en académie royale de Musique.

Tous les sujets qui composent cette académie devroient donc exceller dans le chant, & nous ne devrions trouver entr’eux d’autres différences que celles que la nature a pû répandre sur leurs divers organes. Que l’art est cependant loin encore de cette perfection ! Il n’y a à l’opéra que très-peu de sujets qui chantent d’une maniere parfaite ; tous les autres, par le défaut d’adresse, laissent dans leur maniere de chanter une infinité de choses à desirer & à reprendre. Presque jamais les sons ne sont donnés ni avec la justesse, ni avec l’aisance, ni avec les agrémens dont ils sont susceptibles. On voit par-tout l’effort ; & toutes les fois que l’effort se montre, l’agrément disparoît. Voyez Chant, Chanteur, Maître à chanter, Voix.

Le poëme entier d’un opéra doit être chanté ; il faut donc que les vers, le fond, la coupe d’un ouvrage de ce genre, soient lyriques. Voyez Coupe, Lyrique, Opéra. (B)

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Étymologie de « chanter »

(Date à préciser) Du moyen français, de l’ancien français chanter, canter, du latin cantāre (« chanter »).
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Phonétique du mot « chanter »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
chanter ʃɑ̃te

Fréquence d'apparition du mot « chanter » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « chanter »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « chanter »

  • Aujourd'hui, ce qui ne vaut pas la peine d'être dit, on le chante.
    Pierre Augustin Caron de Beaumarchais — Le Barbier de Séville, I, 2
  • Vous chantiez ? j'en suis fort aise : Eh bien ! dansez maintenant.
    Jean de La Fontaine — Fables, la Cigale et la Fourmi
  • Pourquoi philosopher alors qu’on peut chanter ?
    Georges Brassens
  • Quand on est dans la merde jusqu’au cou, il ne reste plus qu’à chanter.
    Samuel Beckett
  • Le soleil me fait chanter.
    Frédéric Mistral
  • Tout oiseau aime à s’entendre chanter.
    Proverbe anglais
  • La poule ne doit pas chanter avant le coq.
    Proverbe français
  • Qui chante son mal enchante.
    Théodore Aubanel
  • Si le concombre ne chante pas, Et ceci en aucune saison, Il faut croire que, par la volonté du ciel, Probablement, il ne le peut pas.
    Konstanty Ildefons Gałczyński — Dzie á, I, 2
  • On a dit que ce que les gens supportent le moins, c'est d'être accusés de chanter faux. Je crois que d'être soupçonné de manquer de goût est plus pénible.
    Nathalie Sarraute — Les Fruits d'or, Gallimard
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Traductions du mot « chanter »

Langue Traduction
Anglais sing
Espagnol cantar
Italien cantare
Allemand singen
Portugais cantar
Source : Google Translate API

Synonymes de « chanter »

Source : synonymes de chanter sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « chanter »

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Nombre de points du mot chanter au scrabble : 12 points

Chanter

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