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Sale

Variantes Singulier Pluriel
Masculin et féminin sale sales

Définitions de « sale »

Trésor de la Langue Française informatisé

SALE, adj.

A. − [Gén. après le subst., ou en fonction d'attribut]
1. [En parlant de qqc.]
a) Qui a perdu sa netteté, sa pureté sous l'effet d'une matière étrangère qui souille, tache et donne à la chose altérée un aspect déplaisant ou dégoûtant. Synon. crasseux, dégoûtant, encrassé, maculé, malpropre, taché; (pop.) crado (s.v. -o), dégueulasse; salingue; anton. propre.J'ai été deux fois déjà aux écoles de natation. (...) une eau sale, des moutards ridicules ou des vieillards stupides qui y clapotent (Flaub.,Corresp., 1842, p. 109):
1. ... [la chambre d'Antelme] n'est pas beaucoup plus grande que la sienne, à Fenouille, et parfaitement inoffensive, banale même. Sale seulement. Et encore la crasse de tant d'années n'y excite-t-elle plus le dégoût. Elle a ce caractère de nécessité, cette vigueur vivante des lèpres végétales. Bernanos,M. Ouine, 1943, p. 1418.
Sale de + subst. (désignant ce qui salit).[Simon] se relevait, en nettoyant machinalement avec sa main sa petite blouse toute sale de poussière (Maupass.,Contes et nouv., t. 1, Papa de Simon, 1879, p. 16).
Loc. fig. Laver* son linge sale en famille.
MAR. Vaisseau sale. Vaisseau dont l'extérieur de la carène est couverte de coquillages, de goémon (d'apr. Will. 1831). Côte sale. Côte dangereuse, bordée de roches, d'écueils cachés sous la mer. (Dict. xixeet xxes.).
Empl. subst. masc. sing. à valeur de neutre. Synon. de saleté.Ne t'inquiète pas, dit Berthe, je lui mettrai [à un cochon] une grosse chaîne au cou, et je l'empêcherai bien de marcher dans le sale (Renard, Œil clair, 1910, p. 136).
En partic., surtout dans la loc. verb. mettre au sale. Ensemble de linges ou d'effets devant être prochainement lavés ou nettoyés. MmeLagave (...) entrait dans la chambre de Bob, où il semblait qu'un cyclone eût sévi, constatait, amère, qu'il avait mis encore une chemise au sale (Mauriac,Destins, 1928, p. 39).
SYNT. Assiette, bouteille, couvert, vaisselle, verre sale; escalier, logement, meuble, vitre sale; rue, ville sale; bas, chaussette(s), chaussure(s), col, habit, drap, mouchoir, serviette, tablier, torchon, vêtement sale(s); brosse, peigne sale.
b) Qui manque de netteté, d'éclat; qui est terne. Aube, ciel sale; cheveux d'un blanc, d'un gris sale. Le jour enfin se leva, ce petit jour sale des nuits d'hiver, si mélancolique sur le pavé boueux de Paris (Zola,Nana, 1880, p. 1281).Il y avait une pauvre lampe (...) un cercle de carton réduisait sa lumière à une tache (...) une lueur jaune, sale, triste de la suie et de la crasse accumulée depuis des années (Vialar,Bal sauv., 1946, p. 19).
PEINT. [En parlant d'un tableau, des couleurs d'un tableau] Dont les teintes sont confuses, brouillées. [P. méton.] Une rue pleine de bâtisses misérables et rustiques, (...) une rue à la façon de ces rues de banlieue que peint Hervier, de son pinceau sale (Goncourt,Journal, 1862, p. 1029).
2. [En parlant de qqn] Qui se lave insuffisamment ou mal; qui manque de propreté corporelle et/ou vestimentaire. Synon. crasseux, dégoûtant.Sale comme un cochon, un peigne, un porc; sale des pieds à la tête; sale à faire peur. Oh! je ne lui ai rien caché dit orgueilleusement Saint Victor nous lui avons dit qu'elle était sale sur elle et tout (Goncourt,Journal, 1862, p. 1004).Sénac a déjà sous les yeux des poches mauves et translucides. Il est sale avec lyrisme. Il a l'air de suer la crasse, de la produire, de la sécréter, exactement, de la faire sourdre des profondeurs de son être (Duhamel,Désert Bièvres, 1937, p. 238).
Sale de + subst. (désignant ce qui souille, qui salit).La femme n'ose pas partir avec le Tony et elle reste là, chez nous, assise près de la fontaine, toute seule, toute sale de larmes (Giono,Regain, 1930, p. 70).
Empl. subst. masc. sing. à valeur de neutre. Je l'aimais bien, c'était tout. D'abord, il était d'un sale! Vous aimez beaucoup ça, vous, les gens qui ne se lavent jamais? (Proust,Sodome, 1922, p. 939).
[En parlant d'une partie du corps] Cheveux, cou, dents, doigts, ongles, oreilles, pieds, tête sale(s). MmeCaroline resta surprise devant ce gros homme mal rasé, à la figure plate et sale, vêtu d'une belle redingote graisseuse et cravaté de blanc (Zola,Argent, 1891, p. 152):
2. ... des manches de sa camisole rouge [d'une vieille femme] dépassaient deux longues mains (...). La poussière des granges, la potasse des lessives et le suint des laines les avaient si bien encroûtées, éraillées, durcies, qu'elles semblaient sales quoiqu'elles fussent rincées d'eau claire... Flaub.,MmeBovary, t. 1, 1857, p. 172.
Loc. verb. fig., fam. Avoir le nez sale. Être ivre. Synon. avoir le nez* dur.
Sale de + subst. (désignant ce qui souille, qui salit).Madeleine est assise sur le lit, les yeux fermés. Elle a vomi tout le long d'elle. Sa chemise est toute tachée, son sein est sale de tisane (Giono,Gd troupeau, 1931, p. 222).
3. P. ext.
a) [En parlant d'une chose] Qui souille, qui tache; qui donne un aspect malpropre, manquant de netteté. C'était le tableau le plus complet de la misère, mais non une misère sale et repoussante, car le peu de meubles qui garnissaient cette chambre nue étaient propres et cirés, les carreaux nets et transparents (Sue,Atar-Gull, 1831, p. 34).
En partic., PHYS. NUCL. [En parlant d'une bombe atomique] Qui provoque d'importantes retombées radioactives. Anton. propre.À puissance égale, une bombe faisant appel à des processus de fusion peut être moins sale qu'une simple bombe atomique (Le Monde, 5 janv. 1968ds Gilb. 1971).
b) [En parlant d'une pers.] Qui travaille salement, qui manque de soin. Être sale dans son travail. (Dict. xixeet xxes.).
Empl. subst. Ah! la sale! elle a encore apporté mon Lamartine dans la cuisine! (Zola,Pot-Bouille, 1882, p. 28).
B. − [Placé avant ou après le subst. qu'il qualifie]
1. Vieilli. Qui est impur, souillé moralement. Âmes sales. (Dict. xixeet xxes.).
2.
a) Qui est contraire à l'honneur, à la bienséance. Mener une vie sale. Je crois qu'il avait dû faire une chose sale et qu'il avait changé d'air pour quelque temps (Giono,Baumugnes, 1929, p. 14).
b) Qui corrompt. L'argent est une chose sale et ne peut se réhabiliter que par la quantité (Goncourt,Journal, 1890, p. 1104).
3. [Avec une forte connotation sexuelle]
a) [En parlant d'un inanimé] Qui blesse la pudeur par son caractère obscène, ordurier. Chanson, conte, histoire, paroles, presse, roman sale(s); dire des choses sales. Toujours les termes les plus crus, les plus grossiers, les plus abjects (...). Qu'ils racontent une anecdote, qu'ils rendent compte de ce qu'ils ont éprouvé, toujours le mot sale et physique (...). Ils ne disent pas: cette femme m'a aimé; ils disent: j'ai eu cette femme; ils ne disent pas: j'aime; ils disent: j'ai envie (Musset,Confess. enf. s., 1836, p. 318).
Fam. Sale maladie. Maladie sexuelle. Quand il a fallu aller repêcher le garçon des Roumanières qui s'était jeté dans le puits parce qu'il avait attrapé une sale maladie, c'est lui qui est descendu au bout de la corde (Giono,Baumugnes, 1929, p. 82).
b) [En parlant d'une pers.] Dont le comportement, les propos sont habituellement orduriers, obscènes. Vous croyez que j'ai été sale à plaisir; eh bien! non, j'ai voulu simplement (...) condamner ce vice! (Zola,Corresp., t. 2, 1882, p. 578).Souvent, les reproches de Stopwell étaient une manière de taquineries anglaises. Mais Petitcopain (...) ne comprenait pas. Il se croyait sale, vicieux et idiot (Cocteau,Gd écart, 1923, p. 21).
C. − [Avant le subst.]
1. [En parlant d'une chose]
a) Qui a des conséquences fâcheuses, très désagréables; qui entache la réputation de quelqu'un. Synon. mauvais, méchant.Sale affaire, aventure; jouer un sale tour à qqn. « ... je sais qu'il a eu de sales histoires et que la police l'a à l'œil ». (...) « il paraît qu'il a fait de la prison... » (Proust,Prisonn., 1922, p. 280).
Sale coup pour la fanfare* (fam.).
b) Laid, mauvais. Sale écriture; sale habitude. Il y avait près de la barrière un sale bastringue appelé le bal Jansoulet avec un petit garni au-dessus et des chambres à cinq sous l'heure où l'on passait entre deux contredanses (A. Daudet,Nabab, 1877, p. 30).
c) [En parlant de quelque chose qui procure des désagréments, que l'on rejette, que l'on maudit] Mauvais, détestable. Sale bagnole, boîte, guerre, pluie, raffiot, temps. La Société n'est-elle pas l'infini tissu de toutes ces petitesses, de ces finasseries, de ces hypocrisies, de ces misères? L'humanité pullule ainsi sur le globe, comme une sale poignée de morpions sur une vaste motte. Jolie comparaison. Je la dédie à Messieurs de l'Académie française (Flaub.,Corresp., 1853, p. 250).
Intensif. [La nourrice] boit vraiment d'une sale façon, comme il n'est pas permis à une femme de boire (Zola,Fécondité, 1899, p. 303).
Par litote, pop. C'est pas sale! C'est beau, c'est bien! Synon. c'est pas dégueulasse*.Le muscadet se fait rare, c'est la vieille qui siffle tout. − C'est qu'il n'est pas sale, dit la veuve Mouaque (Queneau,Zazie, 1959, p. 236).
2. [En parlant d'une pers.] Qui est digne de mépris; dont la conduite, les actes sont condamnables. Sale bourgeois, cochon, mec, ouvrier, type; sale vache; sale rosse; quelle sale bête. Les amoureux, tenez! J'ai horreur de ça! Quand ils passent devant moi, je crache dessus. Dans leur dos, bien entendu, parce qu'il y en a de rancuniers! Et les enfants, cette sale engeance! (Camus,État de siège, 1948, 2epart., p. 237):
3. Mais que vais-je faire au sortir du collège? Aller à Paris tout seul, faire du droit, perdu avec des crocheteurs et des filles de joie; et tu m'offriras sans doute, pour me divertir, un café aux Colonnades dorées ou quelque sale putain de la Chaumière. Merci! Le vice m'ennuie tout autant que la vertu. Flaub.,Corresp., 1839, p. 61.
[En partic.] Synon. mauvais.Sale genre; (avoir un) sale caractère. Tout le monde, m'a-t-il dit, me trouve un sale caractère, mais on me juge intelligent. Ce n'est pas vrai, je suis bête (...). Moi seul, je suis assez intelligent pour comprendre combien je suis bête (Duhamel,Maîtres, 1937, p. 31).
Avoir une sale gueule, une sale figure, une sale tête (pop., fam.). Ne pas inspirer confiance, être antipathique. Lepic (...) a ce qu'on appelle une sale tête; pommettes saillantes; énorme moustache; nez pointu; on n'est pas étonné d'apprendre qu'il a déjà été condamné sept fois pour vol (Gide,Souv. Cour. ass., 1913, p. 656).Avoir l'air malade. (Dict. xxes.).
Faire une sale gueule (pop.). Ne pas avoir l'air satisfait. Nous avions sûrement l'occasion d'une reconnaissance nationale!... Cependant toutes ces perspectives ne grisaient guère la grosse mignonne!... Elle faisait même plutôt une sale gueule! (Céline,Mort à crédit, 1936, p. 526).
Sale gosse. Enfant insupportable, mal élevé, qui gêne, dérange. Mon compagnon n'est plus un « sale gosse » avec lequel il est insoutenable de penser qu'on puisse rivaliser en quoi que ce soit. Le voici l'homme, l'égal, enfin l'adversaire (Montherl.,Olymp., 1924, p. 266).
[Terme d'injure; sale renforçant l'injure raciste] Sale bicot, métèque, raton. Je tombe sur Bing, ce sale et bas Juif (...) qui s'accroche à moi, me force à lui donner la main (Goncourt,Journal, 1896, p. 966).
Prononc. et Orth.: [sal]. Homon. et homogr.: sale, salent (de saler), salle. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. a) 1176-81 « qui a perdu sa netteté » (Chrétien de Troyes, Chevalier Lion, éd. M. Roques, 5197); b) α) ca 1210 « mal tenu, qui se lave insuffisamment (d'une personne) » (Dolopathos, 212 ds T.-L.); β) 1874 p. ext. « qui salit ce qu'il touche, qui fait malproprement un travail » (Goncourt, Journal, p. 1018); c) 1968 « qui provoque d'importantes retombées radioactives (d'une bombe atomique) » (Le Monde, loc. cit.); 2. 1611 gris sale (Cotgr.; déjà sale « gris, d'une teinte équivoque » apr. 1480, Rec. Trepperel, Les Sotties, éd. E. Droz, XI, 161, p. 250). B. 1. mil. du xiiies. pensee sale (Contes dévots, I, 335 ds T.-L.); 2. 1690 âme sale (La Bruyère, Caractères ds Œuvres, éd. G. Servois, t. 1, p. 264). C. 1. a) 1585 « digne de mépris » (N. Du Fail, Contes et discours d'Eutrapel ds Œuvres facétieuses, éd. J. Assézat, t. 2, p. 349: que ceux qui estoient vilains et salles, soient nettoyez et purgez de tous vices); b) 1888 sale gueule (Courteline, Train 8 h 47, p. 174); 2. a) 1847 sale affaire (Balzac, Cous. Pons, p. 316); b) sale temps α) 1858 au fig. (Goncourt, op. cit., p. 459); β) 1877 au propre (Zola, Assommoir, p. 652). Du frq. *salo « trouble, terne, sale »; cf. a. h. all. salo, m. h. all. sal « id. » (v. FEW t. 17, pp. 14b-15a). Fréq. abs. littér.: 3 210. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1 928, b) 4 064; xxes.: a) 7 541, b) 5 292.
DÉR.
Salingue, adj. et subst.,pop. a) Adj. [En parlant de qqc.] α) Qui est sale, dégoûtant au physique ou au moral. Blouse, chemise salingue. Le chômage, ça vous rend amer, on se met à causer en tordant la gueule avec les mots les plus salingues (Aymé,Mouche, 1957, p. 120). β) Par litote. (C'est) pas salingue. (C'est) bien, bon; de bonne qualité. Du cave (...) surtout préoccupé de la jaffe qui méritait bien qu'on s'y attarde, et du pichet sélectionné, pas salingue lui aussi (Simonin,Touchez pas au grisbi, 1953, p. 211).b) Adj. et subst. (Personne) sale physiquement ou de moralité douteuse. Il en avait assez vu, à la Sorbonne, de ces faux malins, des normaliens salingues et à lunettes, qui avaient toujours une théorie personnelle en réserve (Sartre,Âge de raison, 1945, p. 143).[salε ̃:g]. 1reattest. 1925 adj. et subst. « sale (au physique et au moral) » (d'apr. Esn. 1966); de sale, suff. pop. -ingue, sur le modèle de mots tels que lourdingue, sourdingue, etc.
BBG.Esnault (G.). Lois de l'Arg. R. de Philol. fr. 1929, t. 41, p. 124.

Wiktionnaire

Nom commun 2 - français

sale \sal\ masculin

  1. Linge qui doit être lavé.
    • De même, se repose la logique des circuits du propre et du sale, avec la lancinante question du lave-linge qui trouve difficilement sa place, surtout depuis qu'il est accompagné d'un sèche-linge. — (Monique Eleb & ‎Philippe Simon, Le logement contemporain: Entre confort, désir et normes (1995-2012), Bruxelles : Éditions Mardaga, 2013)
  2. (Par métonymie) Contenant, endroit où ce dernier est stocké.
    • Mettre ses affaires au sale.
  3. La saleté.
    • Le vite, je l’ai connu chez ma mère, c’était manger la soupe et la viande dans la même assiette pour s’économiser de la vaisselle, dire allègrement que ce pull-là porte bien son sale, pas besoin de le changer, c’était laisser les choses tranquilles avec leur poussière et leur usure. — (Annie Ernaux, La femme gelée, 1981, réédition Quarto Gallimard, page 333)

Nom commun 1 - français

sale \sal\ masculin et féminin identiques

  1. Personne sale, malpropre.
    • Oh ! le sale !
  2. (Québec) Terme employé comme insulte.
    • Crève mon sale
      T’es un mangeux d’marde
      Un maudit crotté
      Un malade mental
      M’a t’faire poignarder
      Tu mériterais de t’faire passer d’sus par un char ou un camion à ciment.
      — (Crampe en masse, Crève mon sale)

Adjectif - français

sale \sal\ masculin et féminin identiques

  1. Qui est malpropre, qui n’est pas net, en parlant des personnes ou des choses.
    • Avoir les mains sales.
    • Linge, vaisselle sale.
  2. (Art) Brouillé, confus, fondu, terne.
    • J’avais pu constater, parmi cette cinquantaine de squales presque noirs, la présence d’un énorme requin blanc sale. — (Alain Gerbault, À la poursuite du soleil ; tome 1 : De New-York à Tahiti, 1929)
    • La couleur de ce tableau est sale.
    • Ces boiseries sont peintes en gris sale.
  3. (Figuré) Qui est déshonnête, vil, sordide, vicieux.
    • Cette affaire est bien sale.
    • blanchir de l’argent sale.
  4. En parlant d’une personne, vil ou méprisable.
    • Un sale individu.
  5. (En particulier) (Injurieux) Renforce une insulte.
    • Sale crétin, sale con.
  6. (Familier) Très désagréable.
    • Il m’arrive une sale affaire.
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Littré (1872-1877)

SALE (sa-l') adj.
  • 1Plein d'ordures, malpropre. Une chambre sale. Avoir les mains sales. Un homme sale. Une femme sale. Quelques hommes et des femmes d'une figure dégoûtante et atroce se montrent tous armés sur ses murs [du Kremlin] ; ils exhalent une sale ivresse et d'horribles imprécations, Ségur, Hist. de Nap. VIII, 5.

    Fig. Nous ne manierons point les choses sacrées avec des mains sales, nous n'apporterons point nos défauts dans le plus haut état de perfection, Guez de Balzac, Lett. 11, liv. VI.

    Bandes sales, lignes noires formant des courbes paraboliques ou ogivales qu'on aperçoit sur la glace des glaciers, et dont la convexité est tournée en aval.

    Substantivement. Fi, le sale !

  • 2Gris sale, gris terne qui n'a pas l'œil du gris ordinaire. Ces boiseries sont peintes en gris sale.

    On dit de même : vert sale, blanc sale.

  • 3 Terme de peinture. Couleur sale, couleur désagréable à l'œil, composée de couleurs ennemies.

    Son pinceau est sale, se dit d'un peintre dont les teintes sont mal fondues.

    Se dit des estampes qui sortent mal nettes des presses.

  • 4 Terme de marine. Vaisseau sale, vaisseau dont le fond extérieur est couvert de coquillages, d'herbes qui s'y sont attachées.

    Côte sale, côte le long de laquelle il y a des roches, des écueils cachés sous l'eau.

  • 5 Fig. Qui blesse la pudeur, la modestie. Mais le plus beau projet de notre académie… C'est le retranchement de ces syllabes sales Qui dans les plus beaux mots produisent des scandales, Molière, Femm. sav. III, 2. L'on n'y exaltera plus tant ces divinités fabuleuses, dont les noms portent avec eux les plus sensuelles idées, et expriment les plus grossières et les plus sales passions, Bourdaloue, 6e dim. après la Pentecôte, Dominic. t. III, p. 40. Mme Guyon avait épuré ses sentiments, du moins en apparence, de tout ce qui était reproché de sale et de honteux à cette doctrine [quiétisme], Saint-Simon, 45, 12.
  • 6 Fig. Contraire à l'honneur, à la délicatesse. On sait que ce pied plat, digne qu'on le confonde, Par de sales emplois s'est poussé dans le monde, Molière, Mis. I, 1. Le concile de Nicée, qui dépose les clercs qui rechercheront les sales gains de l'avarice, en prêtant à usure contre le précepte divin, Bossuet, Usure, 3. Tout ce qu'il y aura eu de plus lâche, de plus indigne, de plus malin, de plus sale, et de plus corrompu dans leurs sentiments, Bourdaloue, 24e dim. apr. la Pentec. Dominic. t. IV, p. 449.

    Une sale affaire, affaire où la probité, la loyauté sont violées.

    Son cas est sale, se dit d'un homme qui est justement menacé des poursuites de la justice.

HISTORIQUE

XIIIe s. Du mautemps ert [était] sa robe un peu pesant et sale, Berte, XXVII.

XVIe s. Le doigt sale, Cotgrave Actions… deshonnestes et sales, Montaigne, III, 244.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

SALE. Ajoutez :
7Linge sale, linge qui a servi et que l'on met de côté pour l'envoyer à la lessive.

Mettre au sale, mettre parmi le linge sale.

Laver son linge sale en famille, voy. LINGE.

8En parlant des personnes, qui manque à l'honneur, vil, méprisable. Fabius Persicus, homme si sale et si abominable que les plus sales et les plus abominables ne s'en approchaient qu'avec horreur, Malherbe, Lexique, éd. L. Lalanne.
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Étymologie de « sale »

(Date à préciser) De l’ancien bas vieux-francique salu « pâle, terne » (cf. néerlandais zaluw), par rapprochement avec l’italien salavo de sens identique ; apparenté à l’allemand régional sal « foncé », à l’anglais sallow « cireux ». Un croisement avec le gaulois est aussi plausible en rapprochant ce mot de l’irlandais et de l’écossais sal « saleté », salach « sale » et du gallois halog « sale ».
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Génev. sâle. Diez le tire de l'anc. hautallem. salo, pâle, trouble, terne ; angl. sallow ; Chevallet, du gaélique sal, ordure, salaich, salir. Il est difficile de se prononcer entre ces deux étymologies.

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Phonétique du mot « sale »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
sale sal

Fréquence d'apparition du mot « sale » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « sale »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « sale »

  • Il faut laver son linge sale en famille.
    Proverbe français
  • Ne traite pas le crocodile de sale gueule avant d'être complètement sorti du marigot.
    Alexandre Vialatte
  • Le talent sans travail n'est qu'une sale manie.
    Anonyme
  • Le propre du militaire est le sale du civil.
    Boris Vian
  • La grossesse est une sale blague que Dieu a faite aux femmes.
    Madonna
  • Rien de plus sale que l’amour-propre.
    Marguerite Yourcenar — Feux
  • Le cinéma blanchit l'argent sale. L'argent sale noircit le cinéma.
    Michel Boujut — La promenade du critique
  • La propreté est le luxe du pauvre : soyez sale.
    Francis Picabia — Ecrits
  • La beauté ne sale pas la marmite.
    Proverbe français
  • La dernière expression à la mode 'sale blanc'. Pas d'indignation à goche, coucou, vous entendez ? Ya personne…
    Valeurs actuelles — A Montpellier, des policiers se font cracher dessus et insulter de “sale blanc” | Valeurs actuelles
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Traductions du mot « sale »

Langue Traduction
Anglais dirty
Espagnol sucio
Italien sporco
Allemand dreckig
Chinois
Arabe قذر
Portugais sujo
Russe грязный
Japonais 汚れた
Basque zikina
Corse bruttu
Source : Google Translate API

Synonymes de « sale »

Source : synonymes de sale sur lebonsynonyme.fr

Combien de points fait le mot sale au Scrabble ?

Nombre de points du mot sale au scrabble : 4 points

Sale

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