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Prêter
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Définitions de « prêter »
Trésor de la Langue Française informatisé
PRÊTER, verbe
Wiktionnaire
Verbe - français
prêter \pʁe.te\ ou \pʁɛ.te\ transitif ou intransitif 1er groupe (voir la conjugaison) (pronominal : se prêter)
-
Fournir, donner.
- Elle s'était levée et prêtait l'oreille à des bruits imaginaires. — (Michel Zévaco, Le Capitan, 1906, Arthème Fayard, collection « Le Livre populaire » no 31, 1907)
- Tous les hommes, […], écoutaient nonchalamment, sans y prêter grande attention, un mauvais phonographe, aux accents métalliques. — (H. G. Wells, La Guerre dans les airs, 1908, traduction d’Henry-D. Davray et B. Kozakiewicz, Mercure de France, Paris, 1910, page 385 de l’édition de 1921)
- Historiquement, la « tête gouvernante » de l'impérialisme nord-américain prête une attention supérieure au contrôle militaire, tandis que sa « tête privée » se consacre au contrôle économique. — (Armando Uribe, Le livre noir de l’intervention américaine au Chili, traduction de Karine Berriot & Françoise Campo, Seuil, 1974)
- La nuit lui prêtait son ombre.
- Prêter secours, aide, faveur, etc., secourir, aider, favoriser quelqu’un en quelque chose.
- Prêter la main à quelque chose, aider à faire quelque chose, être complice de quelque chose.
- Il a prêté la main à ce vol, à ce meurtre.
- Prêter la main à quelqu’un, l’aider à porter quelque chose de pesant, à remuer, à soulever quelque fardeau ; et, figurément, l’aider à réussir dans une entreprise.
- Prêtez-moi un peu la main.
- Prêter l’épaule.
- Prêter serment, faire serment devant témoins.
- Prêter serment devant un tribunal.
- Il fut admis à prêter serment.
- Prêter foi et hommage se disait d’un vassal qui rendait foi et hommage au seigneur duquel il relevait.
- Prêter son nom, laisser faire en son nom un acte où l’on n’a point d’intérêt, dont un autre a les avantages et les charges. Il se dit aussi de celui qui autorise un autre à se servir de son nom en quelque occasion → voir prête-nom.
- Prêter sa voix, prêter son ministère à quelqu’un, parler pour lui, s’employer pour lui.
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Fournir une chose sous condition que celui qui la reçoit la rendra ; permettre l’usage temporaire d’une chose. Il s’emploie absolument dans ce sens; c’est alors le plus souvent d’argent qu’il s’agit.
- […], et si tu me rembourses pas les cinq cents francs que je t’ai prêtés pour acheter ta vache, je te fous l’huissier dans les pattes. Je te dis pas ça pour te menacer, au contraire : mais tu comprends ! — (Louis Pergaud, Deux Électeurs sérieux, dans Les Rustiques, nouvelles villageoises, 1921)
- Prêter sa voiture.
- Prêter des meubles.
- Il nous a prêté sa maison.
- Prêtez-moi cette brochure.
- Il ne rend jamais les livres qu’on lui prête.
- C’est un homme qui n’aime pas à prêter.
- Prêter à intérêt.
- Prêter à la petite semaine, prêter pour un temps très court et à un intérêt très élevé.
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Attribuer, imputer.
- Prêter à quelqu’un des propos, des opinions, des projets, des intentions, une action, un ouvrage, une chanson, une plaisanterie.
- Prêter à une personne des torts, un ridicule, un travers.
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(Intransitif) Fournir matière à ; donner lieu à.
- Envisagé du bord, un débarquement semblait d’autant plus difficile qu’outre les remous et les brisants qui encerclaient l’îlot, la configuration du rocher ne s’y prête guère. — (Jean-Baptiste Charcot, Dans la mer du Groenland, 1928)
- Sa présence à Sagra ne prêtait pas moins à cent explications banales. — (Julien Gracq, Le Rivage des Syrtes, José Corti, 1951)
- Mais à cette réunion, j’eus le tort de présenter mes idées sous une forme édulcorée (la théorie de l’onde-pilote) qui prêtait à de nombreuses objections. — (Louis de Broglie; La Physique quantique restera-t-elle indéterministe ? Séance de l’Académie des Sciences, du 25 avril 1953)
- Nul ne sait si l'histoire d'un automobiliste faisant marche arrière pour « confisquer » le « barbecue » (le surnom du radar mobile) qui venait de le griller» est vraie. Ou juste imaginaire parce que prêtant à sourire. — (Denis Boulard, Radar Business, Éditions First-Gründ, 2012 chapitre 7)
- Ce que vous me dites prête à penser.
- S’étendre aisément quand on les tire, en parlant du cuir, des étoffes, et autres choses de même nature.
- Du cuir qui prête.
- Un bas qui prête.
- Une étoffe qui prête.
- C’est un sujet qui prête, se dit, en parlant des ouvrages de l’esprit, d’un sujet qui peut fournir des développements brillants, suggérer des idées intéressantes.
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(Pronominal) S’adonner, se laisser aller momentanément à quelque chose.
- Se prêter à l’espérance, à l’illusion.
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(Pronominal) Consentir par complaisance à quelque chose ; se plier à.
- Notons que le terme association a été très mal choisi. Il n'implique pas que les plantes se prêtent une aide quelconque. En général, elles sont concurrentes. — (Henri Gaussen, Géographie des Plantes, Armand Colin, 1933, page 114)
- Je me prêterai à cet accommodement.
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Convenir à ; être utilisable pour.
- Ces lignes pures, ce ton fauve et doré, prêteraient merveilleusement à la peinture, et il est fâcheux que Léopold Robert, ce Raphaël des paysans, soit mort si jeune et n’ait pas fait le voyage d’Espagne. — (Théophile Gautier, Voyage en Espagne, 1840, édition Charpentier, 1859)
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(Pronominal) Convenir à ; être utilisable pour.
- Grâce à la nature du sol (tirs et hamri) et à l’abondance des précipitations, une grande partie de la zone côtière se prête admirablement à l’exploitation agricole. — (Frédéric Weisgerber, Trois mois de campagne au Maroc : étude géographique de la région parcourue, Paris : Ernest Leroux, 1904, page 219)
- Le sol argilo-calcaire, parfois décalcifié en surface — devenant argilo-siliceux au contact des grès bigarrés — se prête bien à la culture des céréales. — (Gustave Malcuit, Contributions à l’étude phytosociologique des Vosges méridionales saônoises : les associations végétales de la vallée de la Lanterne, thèse de doctorat, Société d’édition du Nord, 1929, p. 13)
- Un sandwich enroulé (wrap en anglais) dans une tortilla de blé, voilà l'idée toute simple née en Californie dans les années 1990. Digne descendant du burrito, le wrap n'a pas tardé à conquérir le monde, tant il se prête à toutes les variations. — (Estérelle Payany, Wraps, éditions Variations gourmandes/Solar éditions, 2012, introduction)
Littré (1872-1877)
-
1Fournir, mettre à la disposition (ce qui est le sens du latin præstare).
Bien loin de vous prêter l'appui dont vous parlez…
, Corneille, Nicom. I, 2.Petit poisson deviendra grand, Pourvu que Dieu lui prête vie
, La Fontaine, Fabl. V, 3.Un guerrier est invincible quand il combat avec foi, et quand il prête des mains pures au dieu des batailles qui le conduit
, Fléchier, Turenne.Si les dieux m'ont prêté des ailes, Ce n'est pas pour fuir le danger
, Quinault, Persée, V, 4.Ô toi [nuit], de mon repos compagne aimable et sombre, à de si noirs forfaits prêteras-tu ton ombre ?
Boileau, Lutr. II.[ô Dieu] prête à mes discours un charme qui lui plaise [au roi]
, Racine, Esth. I, 4.N'accorder que pour un moment.
Ô sort… Reprenez la faveur que vous m'avez prêtée, Et rendez-moi la mort que vous m'avez ôtée
, Corneille, Poly. II, 1.Prêter secours, aide, faveur, etc. secourir, aider, favoriser quelqu'un en quelque chose.
Prêter un exemple à quelqu'un, lui donner un exemple qui l'autorise à faire quelque chose.
Vous voyez qu'à son rang elle me sacrifie, Madame, et vous voulez que je la justifie ! Qu'après tous les mépris qu'elle montre pour moi, Je lui prête un exemple à me voler sa foi ?
Corneille, Pulch. III, 4.Prêter main-forte, appuyer par la force l'exécution des ordres de la justice.
En un autre sens, prêter main-forte, venir en aide.
La moitié de tes gens doit occuper la porte, L'autre moitié te suivre et te prêter main-forte
, Corneille, Cinna, V, 1.Prêter la main ou les mains à quelque chose, voy. MAIN, n° 5.
Prêter la main, les mains à quelqu'un, venir en aide à quelqu'un.
Cher Néarque, pour vaincre un si fort ennemi, Prête du haut du ciel la main à ton ami
, Corneille, Poly. IV, 1.À vous prêter les mains ma tendresse consent
, Molière, Mis. IV, 3.Venez me revoir, lorsque vous serez déterminé à quelque chose, et soyez persuadé que vous me trouverez disposé à vous prêter la main
, Lesage, Estev. Gonz. 31.Trompé par une fausse expérience de Boyle, il [Newton] croit que l'humidité du globe se dessèche à la longue, et qu'il faudra que Dieu lui prête une main réformatrice
, Voltaire, Dict. phil. Fin du monde.Se prêter la main, se secourir mutuellement.
C'est ainsi que le despotisme et la superstition se prêtent la main
, Diderot, Opin. des anc. philos. (Japonais).Prêter l'épaule, venir en aide.
Il croit que ce climat [l'Égypte]… Ayant sauvé le ciel, sauvera bien la terre, Et… Pourra prêter l'épaule au monde chancelant
, Corneille, Pomp. I, 1.Prêter son bras, fournir le secours de ses armes, de sa vaillance.
Jamais il n'a prêté son bras à tes desseins
, Corneille, Médée, II, 2.S'il les pousse trop loin [ses projets], moi-même je l'en blâme ; Je lui prête mon bras sans engager mon âme
, Corneille, Sert. III, 2.Prêter l'oreille, écouter attentivement, en silence.
Seigneur, prêtez l'oreille à mes paroles ; entendez mes cris
, Sacy, Bible, Psaumes, V, 2.Cieux, écoutez ma voix ; terre, prête l'oreille
, Racine, Athal. III, 7.Prêtez-moi l'un et l'autre une oreille attentive
, Racine, ib. II, 5.Pourquoi dit-on prêter l'oreille, et que prêter les yeux n'est pas français ? n'est-ce point qu'on peut s'empêcher à toute force d'entendre, en détournant ailleurs son attention, et qu'on ne peut s'empêcher de voir, quand on a les yeux ouverts ?
Voltaire, Comm. Corn. Rem. Rod. V, 3.Cachons-nous et prêtons l'oreille ; Car j'entends la porte s'ouvrir
, Picard, Visitand. I, 7.Prêter l'oreille, signifie aussi donner créance.
Nés et nourris dans la liberté, ils ne prêteront jamais l'oreille à aucune proposition qui tende à la servitude
, Rollin, Hist. anc. Œuv. t. III, p. 201, dans POUGENS.Prêter l'œil et l'oreille à, regarder et écouter.
Même notre grand roi, ce foudre de la guerre, Le front ceint de lauriers, daigne bien quelquefois Prêter l'œil et l'oreille au théâtre françois
, Corneille, l'Illus. com. V, 5.Prêter silence, faire silence.
J'ai forcé ma colère à te prêter silence, Pour voir à quel excès irait ton insolence
, Corneille, Héracl. I, 2.Prêter attention, prêter son attention, écouter attentivement.
Asseyez-vous, monsieur, je vous conjure, et prêtez-moi votre attention
, Beaumarchais, Mère coup. IV, 13.Prêter l'esprit à, accorder de l'attention.
Immobile à leurs coups, en lui-même il rappelle Ce qu'eut de beau sa vie et ce qu'on dira d'elle, Et tient la trahison que le roi leur prescrit, Trop au-dessous de lui pour y prêter l'esprit
, Corneille, Pomp. II, 2.Prêter serment, faire serment devant quelqu'un.
M. de Luxembourg prêta le serment de sa charge de capitaine des gardes du corps
, Pellisson, Lett. hist. t. I, p. 356.Tout vieux que je suis, je m'intéresse à ces belles Circassiennes qui ont prêté à Votre Majesté serment de fidélité, et qui prêteront sans doute le même serment à leurs amants
, Voltaire, Lett. Catherine, 2 sept. 1769.Terme de féodalité. Prêter foi et hommage, voy. PRESTATION.
Prêter sa voix, prêter son ministère à quelqu'un, parler pour lui, s'employer pour lui.
C'est moi qui prête ici ma voix au malheureux !
Racine, Athal. II, 5.Prêter une défense à quelqu'un, employer tels ou tels moyens pour sa défense.
L'histoire est trop connue pour retrancher le péril qu'il [le jeune Horace] court d'une mort infâme après l'avoir tuée [sa sœur] ; et la défense que lui prête son père pour obtenir sa grâce n'aurait plus de lieu s'il demeurait innocent
, Corneille, Hor. Examen.Prêter son crédit, prêter ses amis à quelqu'un, lui rendre service par son crédit ou par l'intervention de ses amis.
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2Il se dit aussi des choses qui procurent, qui communiquent.
Tes malheurs te prêtaient encor de nouveaux charmes
, Racine, Phèdre, II, 5.La géographie ainsi considérée pourrait prêter des lumières à la physique, ou du moins donner des doutes
, Voltaire, Russ I, 1.Son trouble lui prêtait de nouveaux agréments
, Gresset, Méch. IV, 1.J'ose prendre mes vœux pour de l'espoir ; l'ardeur de mes désirs prête à leur objet la possibilité qui lui manque
, Rousseau, Hél. I, 1.Pendant ce récit, le génie tenace de Napoléon fut moins frappé de ces avantages en eux-mêmes que de l'appui qu'ils prêtaient à l'illusion dont il venait de nous entretenir
, Ségur, Hist. de Nap V, 3.Prêter une preuve, servir de preuve.
Votre exemple lui prête une preuve assez claire, Que le trône est plus doux que le sein d'une mère
, Corneille, Œd. I, 5.Prêter un prétexte, servir de prétexte.
Il faut qu'il [l'hymen]… prête un doux prétexte à qui veut tout donner
, Corneille, Sur. II, 1. -
3Particulièrement, donner une chose à condition qu'on la rendra.
Pour tirer d'eux ce qu'on leur prête, Il faut que l'on en vienne aux coups
, La Fontaine, Fabl. II, 7.Donner est un mot pour qui il a tant d'aversion, qu'il ne dit jamais, je vous donne, mais, je vous prête le bonjour
, Molière, l'Av. II, 5.À Rome, il fut permis au mari de prêter sa femme à un autre
, Montesquieu, Esp. XXVI, 18.Il est des circonstances où, si vous prêtez votre argent, vous vous faites un ennemi secret ; refusez-le, vous avez un ennemi ouvert
, Voltaire, Fragm. hist. 14.Côme de Médicis, le plus riche particulier de l'Europe, lui prêta [à Sforce] cinquante mille écus, avec lesquels il gagna les troupes milanaises
, Duclos, Œuv. t. II, p. 301.Absolument, en parlant d'argent.
Cette honnête usurière, Qui nous prête, par heure, à vingt sous par écu
, Regnard, le Joueur, I, 6.Dans un gouvernement où personne n'a de fortune assurée, on prête plus à la personne qu'aux biens
, Montesquieu, Esp. V, 15.Il donnait avec bien plus de plaisir qu'il ne prêtait ; car souvent l'expérience lui avait fait connaître qu'il donnait ce qu'il croyait prêter, et qu'il s'en fallait bien qu'en trompant ainsi sa bienfaisance par une extension forcée, on lui en eût plus d'obligation
, D'Alembert, Éloges, Milord Maréchal.On ne voit donc pas que prêter à intérêt c'est vendre ; qu'emprunter à intérêt, c'est acheter ; que l'argent qu'on prête est la marchandise qui se vend ; que l'argent qu'on doit rendre est le prix qui se paye
, Condillac, Comm. gouv. I, 18.Prêter à la petite semaine, voy. PRÊT 2.
Fig.
Rome seule aujourd'hui peut résister à Rome, Il faut pour la braver qu'elle nous prête un homme
, Corneille, Sertor. II, 1.Rien de la part des sens ne le saurait toucher, Et loin de prêter l'âme à leurs vaines délices…
, Corneille, Imit. II, 9.Fig. Prêter sa main, être seulement l'exécuteur de la volonté d'un autre.
Il m'a prêté sa main, il a tué le comte
, Corneille, Cid, II, 9.Guillaume, enfant de chœur, prêta sa main novice [pour un tirage au sort]
, Boileau, Lutr. I.Fig. Prêter sa plume écrire pour quelqu'un.
Fig. Prêter son nom, laisser faire en son nom.
Et jusques à ce jour Atalide a prêté son nom à cet amour [de Roxane et de Bajazet]
, Racine, Baj. I, 1.Prêter son nom, autoriser un autre à se servir de notre nom en quelque occasion.
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4Présenter, acception qui n'est usitée que dans deux locutions et qui est une combinaison du sens étymologique (præstare, fournir) et du sens particulier (prêter, ne présenter que momentanément).
Prêter le collet à quelqu'un, se présenter pour lutter ou combattre corps à corps avec lui.
Fig. et familièrement. Prêter le collet à quelqu'un, être prêt à lui résister, à disputer contre lui.
Recommençons notre commerce, je suis prêt à vous prêter le collet
, Bussy-Rabutin, Lett. t. IV, p. 90, dans POUGENS.Je vous prêterai le collet en tout genre d'érudition
, Molière, Am. méd. II, 4.Mon cousin est de mon sang, et cela lui suffit pour prêter le collet à tous les godelureaux de Paris
, Destouches, Fausse Agnès, II 1.Prêter le flanc à l'ennemi, se poster ou marcher de manière que l'ennemi puisse attaquer en flanc.
Si les ennemis voulaient aller à Limbourg, ils seraient obligés de lui prêter le flanc, à moins qu'ils n'allassent faire un grand tour
, Pellisson, Lett. hist. t. II, p. 296.Fig. Prêter le flanc, donner prise sur soi.
Il avait su faire rire le public aux dépens de ses adversaires ; il leur prêta le flanc en travestissant maladroitement l'objet de leur culte
, D'Alembert, Éloges, Lamotte.Terme de marine. Prêter le côté à un fort, à un bâtiment, se dit d'un vaisseau qui se prépare pour combattre.
Prêter le côté, est souvent synonyme de présenter le côté ou le travers.
Prêter le côté au vent, à la mer, être à la cape.
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5 Fig. Attribuer, imputer. Prêter à quelqu'un des torts, un travers, des ridicules.
J'avais si peu songé au dessein qu'elle me prêtait, que…
, Maintenon, Lett. à Mme de St-Géran, 1er avril 1679.Dans ses égarements mon cœur opiniâtre Lui prête des raisons, l'excuse, l'idolâtre
, Racine, Brit. III, 6.Je crois bien que l'historien a prêté ces discours à Pyrrhus et à Fabricius
, Rollin, Hist. anc. Œuv. t. VII, p. 388, dans POUGENS.En général, on leur a prêté [aux cailles] des vues, une sagacité, un discernement qui feraient presque douter que ceux qui leur ont fait honneur de ces qualités en aient fait beaucoup d'usage eux-mêmes
, Buffon, Ois. t. IV, p. 260.Ayez une aventure, on vous en prête cent
, Desmahis, l'Impert. sc. 3. -
6 Fig. Elliptiquement, prêter à, en sous-entendant matière, sujet, occasion. Cette action prête à de fâcheuses interprétations. Prêter à la plaisanterie, à la critique, à la censure, au ridicule.
Dans les lois générales, les exceptions prêtent toujours à l'arbitraire,
Décret du 23 floréal an II, Rapport de Cambon, p 95.Dans ce maudit foyer tout prête à l'équivoque
, Delavigne, les Comédiens, III, 2.Des grammairiens ont remarqué qu'il ne fallait pas dire prêter à rire, mais apprêter à rire. Ainsi ce vers serait fautif :
Dès qu'un mari peu résigné Prêtait à rire au voisinage,
Béranger, Contr. de mar. Cependant, si l'ellipse est telle qu'il a été dit, il est aussi loisible de dire prêter à rire, à plaisanter, que prêter au rire, à la plaisanterie. -
7 V. n. En parlant des étoffes, du cuir, etc. s'étendre. Ce drap prête beaucoup.
Mes vers prêtent, ils s'allongent et se raccourcissent comme on veut
, Legrand, la Nouveauté, sc. 14.Fig. C'est un sujet qui peut prêter, qui est susceptible de beaucoup de développements.
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8 S. m. Un prêter, action de prêter. Ami au prêter, ennemi au rendre, c'est-à-dire on se fait souvent un ennemi de celui qu'on a obligé, quand on exige le remboursement de ce qu'on a prêté.
C'est un prêter à ne jamais rendre, se dit quand on prête à un insolvable ou à un ingrat.
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9Se prêter, v. réfl. Être prêté.
Bientôt se parjurer cessa d'être un parjure ; L'argent à tout denier se prêta sans usure
, Boileau, Sat. XI. -
10 Fig. Se prêter, se laisser aller momentanément à quelque chose.
Et quoi qu'étale ici le monde, Ce n'est qu'avec dédain que l'œil s'y doit prêter
, Corneille, Imit. II, 1.Elle sut se prêter au monde avec toute la dignité que demandait sa grandeur
, Bossuet, Mar.-Thér.Le torrent n'entraîne que ceux qui veulent bien s'y prêter
, Massillon, Pet. Car. Drap.Au théâtre, on se prête toujours aux sentiments naturels des personnages : on devient enthousiaste avec Polyeucte, inflexible avec Horace, tendre avec Chimène
, Voltaire, Comm. Corn. Rem. Poly II, 6.Le roi [Louis XV], quoiqu'enfant, ne fut nullement étonné, fit un petit compliment, et se prêta de bonne grâce aux caresses du czar [Pierre Ier]
, Duclos, Œuv. t. V, p. 293.Toutes les fois que l'illusion est agréable, on s'y prête avec complaisance ; et tout ce qui est possible, on le suppose vrai
, Marmontel, Œuv. t. VII, p. 48.Se prêter à soi-même, se laisser aller à ses propres penchants.
Pour ne jamais sortir de l'état où vous êtes, vous n'avez qu'à suivre vos penchants, vous prêter à vous-mêmes, vous laisser entraîner mollement au courant
, Massillon, Carême, Fausse conf. -
11Consentir par complaisance. Se prêter à un accommodement.
Je me prêtai de bon cœur à tout, et je commençai par bien constater à ses propres yeux le plaisir que j'avais à lui complaire
, Rousseau, Ém. III.Fig.
Je résolus d'abandonner un climat où la nature se prêtait à peine aux besoins de l'homme
, Barthélemy, Anach. ch. 1.User de complaisance.
De l'humeur dont il est, j'admire seulement Qu'il daigne se prêter à nous pour un moment
, Piron, Métrom. IV, 4.Les lois se sont prêtées à la faiblesse et aux passions, en ne réprimant que ce qui attaque ouvertement la société
, Duclos, Consid. mœurs, IV.Prêtons-nous sagement aux misères humaines
, Bernis, Ép. IV, Indép.Il faut se prêter aux circonstances, il faut savoir endurer, patienter selon les temps.
Se prêter aux mains, laisser faire les mains auxquelles on est remis.
La situation des dames romaines était la même que celle de nos dames entourées de plusieurs femmes ; il fallait se prêter aux mains qui les servaient de la façon la plus simple et la plus commode pour les unes et pour les autres
, Hist. des Vest. dans DESFONTAINES.Absolument. Il faut savoir se prêter, il faut savoir user de complaisance à propos.
Ce sont des visites à recevoir et à rendre… il faut cependant se prêter et paraître content
, Diderot, Lett. à Mlle Voland, 14 août 1759. -
12S'accommoder.
La langue italienne se prête à toutes les nuances de la gaieté
, Staël, Corinne, IX, 1.Le vague de la musique se prête à tous les mouvements de l'âme
, Staël, ib. IX, 2.Il est temps de montrer que, loin de rapetisser la pensée, le christianisme se prête merveilleusement aux élans de l'âme
, Chateaubriand, Génie, I, I, 1.PROVERBE
On ne prête qu'aux riches, on n'oblige que ceux dont on peut espérer des services ; et fig. on attribue volontiers aux personnes, suivant la réputation qu'elles se sont faite, certaines actions, bonnes ou mauvaises, des traits d'esprit ou des sottises.
HISTORIQUE
XIIIe s. Dex, ausi comme à ses hoirs, leur prestera ce que mestiers [besoin] leur sera en terre
, Psautier, f° 45. Veuls tu bien savoir, enseigne ; car ainsi se preste doctrine ; se ele est espandue, croist, et se ele est teuue, descroit
, Latini, Trésor, p. 367. De prester à usure mout bien nous guerirons [nous nous soutiendrons bien en prêtant]
, Berte, LXXVII. Dont Dex me prest par son plaisir sens et force et discretion !
H. de Valenciennes, I. Cele amoit trop sa janglerie, Volentiers li prestoit l'oreille
, la Rose, 14773. Cil qui preste sor gage
, Beaumanoir, XXXIV, 22. S'aucuns a poi d'ommes à fere jugement en se [sa] cort, il doit requerre au segneur de qui il tient, qu'il li prest de ses homes qui sunt si per
, Beaumanoir, LXVII, 3. En coze prestée rendre n'a point de terme, s'il n'i fu mis au prester
, Beaumanoir, XXXIV, 20.
XIVe s. Prester aux poures quant ils en ont besoing, et leur pardonner la debt
, Ménagier, I, 3.
XVe s. Seigneurs, prestez-moy un peu le parler. Adonc chascun fist silence
, Perceforest, t. VI, f° 97. Il devoit prester au roy quatre places… mais il ne la bailla pas [Spolete]
, Commines, VII, 12.
XVIe s. Prester beau jeu
, Montaigne, I, 2. À la verité, si nature ne preste un peu, il est malaysé que l'art…
, Montaigne, I, 77. Nature nous preste la main et…
, Montaigne, I, 81. Prester à la lettre
, Montaigne, II, 181. Prester à un escript un sens qu'il n'a pas
, Montaigne, I, 131. Ils prestent à la matiere, l'allongent et l'amplifient
, Montaigne, I, 233. Des lames de fer qui, à l'endroit des joinctures, prestoient au mouvement
, Montaigne, II, 96. Ils se prestent et accommodent aux inclinations naturelles
, Montaigne, II, 234. Je cuideroye au bout de deux ans composer un corps, avec lequel j'oseroye bien prester le collet à un autre regiment tel qu'il fust
, Lanoue, 284. Il les contraignit de se rendre à luy, et oultre ce de luy prester serment de fidelité
, Amyot, Eum. 8. Et luy estant presté silence, il feit un serment…
, Amyot, Cicéron, 27. Tu [ô Seigneur] les avois prestez et non donnez au monde [ceux que Desportes pleure], Et as peu comme tiens à toy les retirer
, Desportes, Œuv. chrét. Plainte. Qui preste non r'a ; si r'a, non tost ; si tost, non tout ; si tout, non gré ; si gré, non tel
, Loysel, n° 672. Du temps qu'on se cachoit pour prester argent
, Cotgrave † Au prester ange, au rendre diable
, Cotgrave † Par prester ennemy est amy, et amy souvent ennemy
, Génin, Récréat. t. II, p. 246.
SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE
PRÊTER. Absolument. Ajoutez : Un cardinal, avant d'être élu pape, se prête volontiers pour le devenir ; et il y a plusieurs exemples de ces sortes de marchés
, De Bernis, à d'Aubeterre, 6 avr. 1769, dans CRÉTINEAU JOLY, Clément XIV et les Jésuites, p. 248.
Encyclopédie, 1re édition (1751)
PRÊTER, v. act. (Gramm.) action de celui qui prête. Il se dit dans toutes les significations de prêt ; prêter sans intérêt, prêter sur gages, prêter à usure. Voyez Prêt.
Prêter signifie aussi vendre sa marchandise à crédit. Voyez Crédit. Dictionnaire de commerce.
Prêter le flanc à une troupe, se dit dans l’Art militaire lorsqu’on fait quelque mouvement, dans lequel on oppose le flanc des troupes à l’ennemi. Ces sortes de mouvemens sont toujours très-dangereux, si l’ennemi est à portée d’en profiter. Voyez Marche & Retraite. (Q)
Prêter ou Prester le coté, (Marine.) ce vaisseau veut prester le côté à un autre, c’est-à-dire qu’il est assez fort pour le combattre.
Étymologie de « prêter »
Berry, preûter ; wallon, prusté ; provenç. et espagn. prestar ; ital. prestare ; du latin præstare, fournir, de præ, en avant, et stare, se tenir debout (verbe neutre, passé au sens actif).
- (1140)[1] Du latin praestare (« mettre à la disposition, procurer, fournir »)[1].
Phonétique du mot « prêter »
Mot | Phonétique (Alphabet Phonétique International) | Prononciation |
---|---|---|
prêter | prɛte |
Citations contenant le mot « prêter »
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Femme qui prête l'oreille prêtera bientôt autre chose. De Paul-Louis Courier / Correspondance ,
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Si prêter pouvait servir à quelque chose, on prêterait même les femmes. De Proverbe yougoslave ,
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Il faut savoir se prêter au rêve lorsque le rêve se prête à nous. De Albert Camus / Noces ,
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Donnez de l'argent, n'en prêtez pas. Donner ne fait que des ingrats, prêter fait des ennemis. De Alexandre Dumas, fils ,
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Qui donne aux pauvres prête à Dieu ; qui donne à l’Etat voudrait bien ne pas prêter à rire. De Franc Nohain ,
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Si les prêts servaient à quelque chose, on prêterait aussi les femmes. De Proverbe slovène ,
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On ne sait pas si la proposition est sérieuse, ironique ou un peu des deux ! Le boss de Leigh Centurions a proposé de prêter 6 joueurs à Toronto pour que le Wolfpack puisse terminer la Super League 2020. Derek Beaumont a même expliqué qu’il continuerait lui-même à payer ses joueurs et que du coup l’équipe canadienne n’avait plus de raison de ne pas terminer la saison. Il a ajouté que si le Wolfpack refusait de terminer la saison, il devait donner sa place à Leigh Centurions qui se fera un bonheur de le faire à leur place. Treize Mondial, Super League - Derek Beaumont veut prêter 6 joueurs à Toronto pour terminer la saison - Rugby à XIII - Treize Mondial
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Précisément, Vine va prêter 100 millions de dollars sur 5 ans - somme pouvant être portée à 125 millions de dollars. Le fonds américain réalise une bonne affaire : il sera rémunéré avec un taux d’intérêt élevé de 8% par an. “Vine n’a pas cherché avec acharnement à trouver un financement bancaire, et s’est vite dit que financer lui-même était dans ses compétences et serait une bonne affaire”, indique un proche des discussions. Toutefois, Luc Besson espère retrouver dès 2022 des crédits bancaires moins onéreux (à un taux de seulement 3,5%), et pouvoir alors se passer du prêt de Vine. Capital.fr, Les banques ne veulent plus prêter d'argent à Luc Besson - Capital.fr
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Ce devait être Caychax, à quelques kilomètres de là, mais Appy a finalement été désigné : "A Caychax, il n'y avait pas assez d'habitants qui effectuent des trajets quotidiens", explique un habitant d'Appy. Renault a donc choisi cette toute petite commune ariégeoise située sur la route des Corniches, à 930 mètres d'altitude, pour en faire un "village 100% véhicules électriques". Chaque foyer se voit donc prêter une Zoé pour trois ans. Gratuitement. ladepeche.fr, Pourquoi Renault a décidé de prêter des Zoé pour trois ans à tous les foyers d'un village d'Ariège ? - ladepeche.fr
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Partager sa chambre ou son repas, prêter son vélo, son ballon ou sa serviette de bain : voilà une manière très concrète de vivre la charité au quotidien. Il est excellent que les enfants soient poussés au partage, parce qu’il n’y a pas assez de vélos pour tous les cousins ou parce que des invités de dernière minute obligent à couper de plus petites parts de gâteau. Mais partager, cela s’apprend : prêter son vélo en râlant « parce que Papa l’a dit », c’est sans doute un acte d’obéissance, probablement pas un acte d’amour (encore qu’il faille être très prudent dans ce genre de jugement car les enfants qui grognent le plus ne sont pas forcément ceux qui ont le moins bon cœur). Cela dit, on peut obliger un enfant à prêter son vélo, on ne peut pas l’obliger à aimer : c’est pourquoi l’éducation au partage est avant tout une question d’atmosphère familiale. Là encore, les enfants apprennent par imitation. Moins nous avons à intervenir, mieux c’est. Aleteia, Quatre manières d’exprimer son amour à ses proches pendant les vacances
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Femme qui prête l'oreille prêtera bientôt autre chose. De Paul-Louis Courier / Correspondance ,
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Si prêter pouvait servir à quelque chose, on prêterait même les femmes. De Proverbe yougoslave ,
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Il faut savoir se prêter au rêve lorsque le rêve se prête à nous. De Albert Camus / Noces ,
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Donnez de l'argent, n'en prêtez pas. Donner ne fait que des ingrats, prêter fait des ennemis. De Alexandre Dumas, fils ,
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Qui donne aux pauvres prête à Dieu ; qui donne à l’Etat voudrait bien ne pas prêter à rire. De Franc Nohain ,
Images d'illustration du mot « prêter »
⚠️ Ces images proviennent de Unsplash et n'illustrent pas toujours parfaitement le mot en question.-
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Traductions du mot « prêter »
Langue | Traduction |
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Anglais | lend |
Espagnol | a prestar |
Italien | prestare |
Allemand | verleihen |
Chinois | 借 |
Arabe | تقرض |
Portugais | emprestar |
Russe | давать взаймы |
Japonais | 貸す |
Basque | maileguan |
Corse | prestassi |
Synonymes de « prêter »
Source : synonymes de prêter sur lebonsynonyme.frAntonymes de « prêter »
Combien de points fait le mot prêter au Scrabble ?
Nombre de points du mot prêter au scrabble : 7 points