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Juge

Variantes Singulier Pluriel
Masculin et féminin juge juges

Définitions de « juge »

Trésor de la Langue Française informatisé

JUGE, subst. masc.

A. − Celui qui a autorité reconnue pour trancher un différend, qui est désigné pour juger. Comparaître devant le juge; décision des juges; juge compétent.
1. Celui qui est investi officiellement de l'autorité de rendre la justice, un jugement, de dire le droit. Juge administratif; juge à/de la Cour; juge militaire. Un juge amovible ou révocable est plus dangereux qu'un juge qui a acheté son emploi. Avoir acheté sa place est une chose moins corruptrice qu'avoir toujours à redouter de la perdre (Constant, Princ. pol.,1815, p. 155):
1. don pelage : Ne savez-vous pas que je suis un juge, obligé de donner à tout litige qu'on lui adresse une solution? Claudel, Soulier,1944, 1repart., 2ejournée, 2, p. 1002.
Expressions
Nul ne peut être juge en sa propre cause P. métaph. Il fut un temps où la ligue civique faisait afficher sur tous les murs une sorte de maxime juridique. « On ne discute pas avec des bandits; on les juge. » J'ai pensé plus d'une fois à compléter cette affiche par une autre, qui aurait rappelé que « nul n'est juge en sa propre cause » (Alain, Propos,1921, p. 194).
Être juge et partie
Au fig. Être intéressé directement dans une affaire que l'on devrait considérer, apprécier avec impartialité et sérénité :
2. N'est-ce pas un crime que de donner le jour à de pauvres créatures condamnées par avance à de perpétuelles douleurs? Cependant ma conduite soulève de si graves questions que je ne puis les décider seule; je suis juge et partie. Balzac, Lys,1836, p. 199.
Collectivement. Synon. de tribunal.Renvoyer devant le juge, par-devant le juge (Ac.1798-1935).
Vx. Juge botté. ,,Se disait anciennement d'Un juge qui n'était pas gradué. On ne le dit plus que figurément et par dénigrement d'Un juge sans lumières et sans capacité; encore cette acception est-elle peu usitée`` (Ac. 1835, 1878).
Juges naturels. ,,Ceux que la loi assigne aux accusés, aux parties, suivant leur qualité et l'espèce de la cause`` (Ac. 1835-1935). Nul ne peut être distrait à ses juges naturels (Ac.1935) :
3. Je crois que la liberté d'un seul citoyen intéresse assez le corps social, pour que la cause de toute rigueur exercée contre lui doive être connue par ses juges naturels. Constant, Princ. pol.,1815, p. 72.
Juges ordinaires. ,,Juges de droit commun, à la différence des juges établis par des lois spéciales`` (Ac. 1935) :
4. ... il suffit d'un civil impliqué dans l'affaire pour entraîner tout soldat devant la justice civile, et la fille Pays livrée aux juges ordinaires implique la comparution d'Esterhazy et de du Paty au même tribunal. Clemenceau, Vers réparation,1899, p. 54.
Juges de rigueur
,,Les juges qui doivent prononcer selon la rigueur de la loi; à la différence des arbitres, qui peuvent se décider d'après l'équité naturelle`` (Ac. 1835, 1878).
Vx. ,,Juges subalternes; à la différence des juges qui prononçaient en dernier ressort, et qui se permettaient quelquefois d'adoucir la rigueur de la loi`` (Ac. 1835, 1878).
a) DROIT
Absol. Magistrat chargé par l'autorité publique de rendre la justice dans les tribunaux de première ou grande instance (p. oppos. aux Conseillers des Cours). Juge au/du tribunal; juge suppléant. Monsieur le président, j'ai été nommé (...) juge de première instance par Bonaparte auquel j'ai prêté serment (Stendhal, L. Leuwen, t. 3, 1835, p. 145).
Juge(-)commissaire. ,,Juge chargé de surveiller la gestion des syndics et, d'une façon générale, toutes les opérations de la liquidation des biens`` (Lemeunier 1969). À mesure que la série de ces accusations se déroulait, je voyais la figure du juge-commissaire se rembrunir (Reybaud, J. Paturot,1842, p. 449):
5. Après que les meubles et immeubles ont été estimés et vendus, s'il y a lieu, le juge commissaire renvoie les parties devant un notaire dont elles conviennent, ou nommé d'office, si les parties ne s'accordent pas sur le choix. Code civil,1804, art. 828, p. 151.
Juge consulaire. Magistrat des tribunaux de commerce, élu, et dont les fonctions sont gratuites. Synon. juges au tribunal de commerce.Un juge consulaire des plus estimés, un adjoint, un honorable commerçant ne descendrait pas à ces petitesses (Balzac, C. Birotteau,1837, p. 116).
Juge d'instruction. Juge du tribunal de première ou grande instance, chargé de l'instruction préparatoire des affaires pénales. Il est probable qu'à ma sortie d'ici j'irai faire un tour en prison et dans le cabinet du juge d'instruction (Ponson du Terr., Rocambole, t. 3, 1859, p. 307).Maigret, je vous présente mon vieil ami Alain de Folletier, juge d'instruction à la Roche-sur-Yon... (Simenon, Vac. Maigret,1948, p. 114).
Juge de paix. Magistrat dont la juridiction s'étendait, avant la création des tribunaux d'instance, sur un canton et qui avait des fonctions diverses, notamment de conciliateur, de juge unique dans les affaires peu importantes :
6. ... en province, pour violer le domicile du débiteur lui-même, l'huissier doit se faire assister du juge de paix. Or, le juge de paix, qui tient sous sa puissance les huissiers, est à peu près le maître d'accorder ou de refuser son concours. Balzac, Illus. perdues,1843, p. 623.
b) HISTOIRE
Franc*-Juge.
Grand-Juge. Synon. de Ministre de la Justice sous le premier Empire :
7. Signé Bonaparte, Premier Consul. Contre-signé, le Secrétaire d'État, Hugues B. Maret. Et scellé du sceau de l'État. Vu, le Grand-Juge [it. ds le texte], Ministre de la Justice, signé Regnier. Certifié : Le Grand-Juge [it. ds le texte], Ministre de la Justice, Regnier. Code civil,1804, p. 416.
Juge mage/maje. ,,Magistrat chargé de la justice de la ville, au Moyen-Âge, dans certaines régions : en Provence par exemple et dans les villes de consulat`` (Lep. 1948; ds Ac. 1835, 1878).
Juges ordinaires
,,Juges à qui appartenait naturellement la connaissance des affaires civiles ou criminelles; à la différence Des juges de privilège et de ceux qui étaient établis par commission. Il demanda son renvoi par-devant les juges ordinaires`` (Ac. 1835, 1878).
,,Ceux qui servaient toute l'année, à la différence de Ceux qui ne servaient que par semestre`` (Ac. 1835, 1878).
Juges royaux. Ceux qui rendaient la justice au nom du roi par opposition aux juges des seigneurs. Voir Marat, Pamphlets, Appel à la Nation, 1790, p. 135.
c) HIST. RELIG.
Les Juges. Chefs ayant reçu mission de gouverner Israël, de le conduire à la guerre, et de le sauver du péril, dans la période qui suivit la mort de Josué jusqu'à l'établissement de la royauté; p. méton. la période considérée. Les tribus d'Israël avaient pour chef un juge (Hugo, Légende, t. 1, 1859, p. 34).Le contraste entre les horreurs des Juges ou l'ancien Mosaïsme (...) et l'Évangile est prodigieux (Amiel, Journal,1866, p. 237):
8. ... le législateur envoyé de Dieu, n'avait et ne réclamait d'autorité que sur les enfants d'Israël (...) il en était ainsi des juges, des pontifes, des rois et des conseils qui lui succédèrent... Lamennais, Indifférence, t. 2, 1817-23, p. 300.
Le livre des Juges ou les Juges. Livre de la Bible, dit historique, relatant les rapports d'Israël et de Yahvé, de Josué à Samuel inclus, et plus particulièrement les récits épiques des actions héroïques accomplies par les Juges :
9. ... on relève des traces d'additions qui semblent témoigner que le livre des Juges n'atteignit pas du premier coup sa forme définitive... Théol. cath.t. 8, 21925, p. 1833.
2. Personne à la décision de laquelle on s'en remet à l'avance pour trancher un différend, arbitrer un conflit, départager des concurrents, décider de quelque chose, émettre un jugement sur quelque chose ou quelqu'un. L'attitude énigmatique de son juge de thèse l'intriguait (Malègue, Augustin, t. 2, 1933, p. 443).Art. 8. − Chacune des deux chambres est juge de l'éligibilité de ses membres et de la régularité de leur élection; elle peut seule recevoir leur démission (Doc. hist. contemp.,1946, p. 184).
Juge du concours. Personne chargée de prononcer dans un concours la valeur des concurrents (d'apr. Ac. 1878, 1935).
HIST. Juge de/du camp. Officier chargé de vérifier que les tournois, les combats judiciaires se déroulent selon les règles prévues et avec loyauté. Le sire de Harpedenne pour les Français, et le comte de Rutland pour les Anglais, étaient juges du camp (Barante, Hist. ducs Bourg., t. 2, 1821-24, p. 282):
10. ... le bruit des fanfares, qui annoncent que le temps désigné pour attendre Malek Adhel, vient d'expirer, et que les juges du camp ont levé les barrières : la gloire brille, les guerriers volent, et en ce jour de réunion, les Musulmans se mêlent aux Chrétiens, et le combat devient plus vif et plus acharné que la veille... Cottin, Mathilde, t. 2, 1805, p. 172.
P. métaph. L'archiviste, ce monsieur en lunettes, est, en définitive, le juge de camp, l'arbitre en dernier ressort (Sainte-Beuve, Nouv. lundis, t. 10, 1866, p. 355).
SPORTS
Arbitre choisi dans certains sports, ou commissaire adjoint à l'arbitre, chargé de vérifier certains coups, de contrôler les obstacles, de constater les fautes, les irrégularités, de faire appliquer la règle du jeu, le règlement. L'arbitre de chaise s'enquiert auprès du juge-arbitre de la décision à prendre (L'Auto,3 juin 1934, p. 4 ds Grubb, Fr. sp. neol., 1937, p. 46).Il était resté inconscient devant le compte de l'arbitre espagnol, qui a prononcé le « out » sans avoir consulté les autres juges (Le Matin,30 nov. 1981, p. 23):
11. Le juge à l'arrivée est la personne chargée de déclarer l'ordre d'arrivée des coureurs [cyclistes] au poteau et leurs distances respectives (...). Les décisions du juge à l'arrivée sont souveraines et sans appel. Baudry de Saunier, Cycl.,1892, pp. 399-400.
Juge de touche. Celui qui est chargé de vérifier les hors-jeu, le franchissement de la ligne de touche, dans certains sports d'équipe :
12. Deux juges de touche seront désignés. Ils auront pour mission de signaler, sous réserve de décision par l'arbitre, que le ballon est sorti du jeu et d'indiquer l'équipe à laquelle revient le coup de pied de coin, le coup de pied de but ou la rentrée de touche. Ils aideront l'arbitre à contrôler le jeu en application des lois (...). Les juges de touche seront munis de drapeaux fournis par le club sur le terrain duquel a lieu le match. J. Mercier, Football,1966, p. 21.
Juge de ligne (tennis). Celui qui est chargé de dire si, par rapport à la ligne qu'il observe spécialement, la balle est bonne ou mauvaise.
SYNT. Juge impartial, intègre; juges iniques; juges auditeurs; juges titulaires; élection des juges; conscience des juges; les juges décident, condamnent.
B. − P. anal.
1. Être surnaturel qui, après la mort, pèse les actions du défunt évaluées selon des principes supérieurs, les préceptes de la religion, et lui accorde la récompense suprême ou la punition éternelle. Juge des Enfers. Comme si la terre se fût ouverte pour laisser passer le grand juge des enfers (About, Roi mont.,1857, p. 275).Socrate : Salut à toi, Minos. Ceux qui ont été injustement condamnés par les vivants se présentent avec confiance devant ton tribunal, juge des morts (Ménard, Rêv. païen,1876, p. 52):
13. Je parle pour ceux qui ne croient pas à l'existence d'un Juge unique, tout-puissant et infaillible qui (...) maintient la justice en ce monde et la complète ailleurs. Maeterl., Temple ensev.,1902, p. 1.
RELIG. CHRÉT. Juge suprême, Souverain Juge. Synon. de Dieu.Au décès des prêtres; on les enterroit le visage découvert : le peuple croyoit lire sur les traits de son pasteur l'arrêt du Souverain Juge (Chateaubr., Génie, t. 2, 1803, p. 323).Vous avez oublié que Dieu est votre père avant d'être votre juge; et vous faites à votre père cette injure de méconnaître sa miséricorde! (Martin du G., Thib., Mort père, 1929, p. 1262):
14. Dieu qui habite au plus haut des cieux, et qui n'en est pas moins présent partout, même au plus intime de notre être (...). Souverainement sage, saint, véridique. Juge suprême, qui récompense les bons et punit les méchants, sans acception de personnes. Théol. cath.t. 4, 11920, p. 1027.
2. [En parlant d'un être humain]
a) Personne qui détient une autorité sur une autre personne par supériorité hiérarchique, morale, par prestige ou qui possède ou s'attribue une compétence. Seule l'Église enseignante est le juge qualifié du rapport des choses temporelles avec la fin dernière surnaturelle à laquelle elle doit nous conduire (R.P. Humbert Clérissac, Le Mystère de l'Église, 3eéd., Saint-Maximin, 1925ds Maritain, Primauté spirit., 1927, p. 44):
15. ... chez les Gaulois, et dans quelques cantons de l'Orient, les Romains avaient trouvé des religions d'un autre genre. Là, les prêtres étaient les juges de la morale : la vertu consistait dans l'obéissance à la volonté d'un dieu, dont ils se disaient les seuls interprètes. Condorcet, Esq. tabl. hist.,1794, p. 81.
b) [Sans article] Personne capable d'apprécier sainement et impartialement les personnes, les faits, ou que l'on considère comme telle et au sentiment de laquelle on s'en remet. Laisser (qqn) juge; faire (qqn) juge de; être bon, mauvais juge. Je lui répondis que je le laissais absolument juge du moment où il conviendrait de commencer son mouvement offensif (Joffre, Mém., t. 1, 1931, p. 289).Janine à Hubert : Mon cher oncle, je viens vous demander d'être juge entre maman et moi. Elle refuse de me confier le « journal » de grand-père (Mauriac, Nœud vip.,1932, p. 307):
16. − Ces mélodies étrangères vous plaisent-elles? demanda obligeamment la baronne à Marie. − Je suis trop ignorante pour les apprécier, madame, je ne connais un peu que notre vieille musique française. − Oh! fit inconsidérément Jacques, ma cousine est très bon juge; musicienne elle-même, j'ose dire qu'elle a des doigts de fée sur le piano. Vogüé, Morts,1899, p. 409.
Proverbe. De fou juge, briève sentence. ,,Les ignorants décident sans examiner`` (Ac. 1798-1878).
3. [Le mot juge désigne un inanimé, les sens, la conscience] Ce qui sert à apprécier, à juger. L'oreille est un juge difficile (Ac.1835-1935).Le zèle du croyant est seul juge de l'à-propos (Proudhon, Syst. contrad. écon., t. 1, 1846, p. 358).Le beau est le juge du vrai (Alain, Beaux-arts,1920, p. 309):
17. La conscience des pairs est juge compétent, et cette conscience doit pouvoir prononcer en liberté sur le châtiment comme sur le crime. Constant, Princ. pol.,1815, p. 79.
REM. 1.
Judicaillon, subst. masc.,rare, péj. Petit juge obscur et peu capable, jugeant des affaires mineures. Les juges, qui avaient condamné Colomban étaient des juges mais de petits juges, vêtus d'une souquenille noire comme des balayeurs de sacristie, des pauvres diables de juges, des judicaillons faméliques. Au-dessus d'eux siégeaient de grands juges qui portaient sur leur robe rouge la simarre d'hermine. Ceux-là, renommés pour leur science et leur doctrine, composaient une cour dont le nom terrible exprimait la puissance (France, Île ping.,1908, p. 316).
2.
Judicateur, -trice, adj. et subst.a) Emploi adj., rare. Qui juge; qui porte des jugements sur les œuvres littéraires. J'avoue qu'il y a dans cette nécessité de critique à laquelle je me livre toujours à mon corps défendant et qui finit par devenir mon métier, une attitude sévère et judicatrice qui ne va pas de moi à vous (Sainte-Beuve, Corresp., t. 1, 1834, p. 424).b) Emploi subst., rare. Celui qui juge les œuvres littéraires. (Ds Littré Suppl. 1877).
Prononc. et Orth. : [ʒy:ʒ]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1170 « celui auquel on attribue le soin d'arbitrer un différend, de résoudre une question » (Rois, éd. E. R. Curtius, p. 85, 4); ca 1510 « arbitre d'un combat » (J. d'Auton, Chroniques, éd. R. De Maulde La Clavière, t. 3, p. 39); b) ca 1170 « chef politique et religieux des Hébreux » (Rois, ibid., p. 15, 15); c) 1356 vray juge (en parlant de Dieu) (Miracles ND par personnages, éd. G. Paris et U. Robert, t. 3, 17, 1015); 2. 1174 « celui qui est chargé d'appliquer les lois civiles et pénales » (G. de Pont-Ste-Maxence, St Thomas, éd. E. Walberg, 2879); spéc. 1688 juge de paix (Miege, s.v. justice); 3. a) 1269-78 « celui qui est appelé à porter un jugement, à donner une opinion » (J. de Meun, Rose, éd. F. Lecoy, 6170); b) 1564 juge de « capable d'apprécier, qualifié pour évaluer quelque chose » (Indice et recueil universel de tous les mots principaux de la Bible). Du lat. judicem, acc. de judex, -dicis « juge, arbitre ». Le développement phonét. de juge a suivi de celui de juger, cf. FEW t. 5, p. 55 et 56 a. Fréq. abs. littér. : 5 547. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 9 762, b) 6 573; xxes. : a) 9 414, b) 6 079. Bbg. Bos (A.). Juge. Romania. 1890, t. 19, p. 300. - Boulan 1934, p. 111. - Quem. DDL t. 5, 9.

Wiktionnaire

Nom commun - français

juge \ʒyʒ\ masculin et féminin identiques ou masculin (pour une femme, on peut dire : juge, jugesse) (voir note)

  1. (Droit) Magistrat investi par autorité publique du pouvoir de dire le droit ou reconnaître le fait et de la fonction d’appliquer la loi dans les affaires litigieuses.
    • Il était question dans la complainte d'un assassin qui expose aux juges les raisons qui l'on poussé à tuer sa maîtresse. — (Francis Carco, L’Homme de minuit, Éditions Albin Michel, Paris, 1938)
    • Le rôle du juge consiste à rendre jugement en tenant compte des faits et des éléments de preuve présentés devant lui. — (André Émond et Lucie Lauzière, Introduction à l'étude du droit, éditions Wilson & Lafleur, Montréal, 2005, page 196.)
    • La décision du juge qui prononce la nullité prend le nom d’annulation, elle est en principe rétroactive (…). Il importe de bien distinguer la nullité d'un acte de son annulation par le juge. — (Rafael Encinas de Munagorri, Introduction générale au droit, 3e édition, Flammarion, 2011, section IV-2)
    • Combien de fois des Maliens humbles ont été dépossédés de leurs biens en plein midi au profit de richissimes hommes d’affaires aux « bras longs » avec la complicité de juges véreux ? . — (A. M. T., Il faut le dire : Doux rêve !, sur le site BamaNet (http:/ /bamanet.net), 28 septembre 2009)
  2. Tribunal, absolument et collectivement.
    • La VEFA s'inscrit dans l'hypothèse du recours des collectivités locales à une technique inédite en droit administratif et empruntée au droit privé, dont le juge administratif a encadré l'utilisation afin d'éviter que les collectivités locales ne l'emploient pour contourner la réglementation publique relative aux marchés de travaux publics et à la maîtrise d'ouvrage publique. — (La gestion locale face à l'insécurité juridique: Diagnostic-Analyse-Propositions, Institut de la décentralisation (France), Éditions L'Harmattan, 1997, page 16)
  3. (Par extension) Personne appelée à faire partie d'un jury.
    • Les juges d'un concours.
  4. Arbitre, toute personne choisie pour prononcer sur un différend, ou au jugement, à l’opinion de laquelle on s’en rapporte sur quelque chose.
    • Faire l’office de juge.
    • Convenir d’un juge.
  5. Personne ou autorité qui juge.
    • Le public est le juge absolu. (Molière)
    • Dieu est le souverain juge, le juge suprême.
    • L’église est juge de tout ce qui a rapport à la foi.
  6. Celui, celle qui est capable de juger d’une chose.
    • Il a approuvé cet ouvrage, et vous savez qu’il est bon juge.
  7. (Figuré) Se dit en parlant des sens, de la conscience, etc.
    • L’oreille est un juge difficile.
    • La conscience est juge de la moralité des actions.
  8. (Désuet) (Au féminin) Épouse d’un juge.
  9. (Histoire, Religion) Il se dit aussi de certains magistrats suprêmes qui gouvernèrent le peuple juif durant la période qui commence à la mort de Josué et qui finit à la naissance de Samuel.
    • Le livre des Juges ou, simplement, Les Juges, Le septième livre de l’Ancien Testament, qui contient l’histoire des Juifs pendant la domination des juges.
  10. (Moyen Âge) (Noblesse) Souverain d’un des Judicats de Sardaigne.
    • Lorsque le légat apostolique fera son entrée, le juge ou la jugesse l’accompagneront à pied une centaine de pas. Pour se marier, ils demanderont permission au Saint-Siège. Tout nouveau juge, ou jugesse devra se rendre personnellement à Rome, ou y envoyer une ambassade solennelle, dans les deux mois qui suivront son installation, pour y recevoir un étendart, comme signe de sa dépendance. S’ils meurent sans enfants, le district de Cagliari retournera au Saint-Siège, excepté le tiers des meubles ; le juge et la jugesse pourront disposer de ce tiers. — (Analecta juris pontificii, Librairie de la Propagande, Rome, 1873, page 237)
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

JUGE. n. m.
Celui qui est investi par autorité publique du pouvoir de dire le droit ou reconnaître le fait et de la fonction d'appliquer la loi dans les affaires litigieuses. Juge équitable, intègre, incorruptible. Juge prévaricateur. Juge sévère, rigoureux. Juge compétent. Juge civil, criminel. Juge en première instance. Juge en dernier ressort. Juges d'appel. Juge de police. Juge de commerce. Juge suppléant. Être juge dans une Cour d'appel. Nommer, instituer des juges. Installer un juge dans ses fonctions. Récuser un juge. Prendre le juge à partie. Donner des juges à quelqu'un. Avoir ses pairs pour juges. Personne ne peut être juge dans sa propre cause, n'est bon juge dans sa propre cause. On ne peut être à la fois juge et partie. On dit aussi, par analogie, Dieu est le souverain juge, le juge suprême. L'Église est juge de tout ce qui a rapport à la foi. Il se dit quelquefois, collectivement et absolument, pour Tribunal. Renvoyer devant le juge, par-devant le juge. Juges naturels, Ceux que la loi assigne aux accusés, aux parties, suivant leur qualité et l'espèce de la cause. Nul ne peut être distrait à ses juges naturels. Juges ordinaires se disait autrefois des Juges à qui appartenait naturellement la connaissance des affaires civiles ou criminelles. Il se dit aujourd'hui des Juges de droit commun, à la différence des juges établis par des lois spéciales. Juge-commissaire, Juge désigné par le tribunal dont il fait partie pour procéder à certaines opérations et en faire son rapport, s'il y a lieu. Juge d'instruction, Magistrat établi pour rechercher les crimes et délits, en recueillir les preuves ou indices, et faire arrêter et interroger les prévenus. Il fut interrogé par le juge d'instruction. Juge de paix, Magistrat principalement chargé de juger sommairement, sans frais et sans ministère d'avoués, les contestations de peu d'importance, et de concilier, s'il se peut, les différends dont le jugement est réservé aux tribunaux civils ordinaires. Le juge de paix du canton de..., de tel arrondissement. Le greffier du juge de paix. Citer quelqu'un devant le juge de paix. Le juge de paix ne put concilier les parties. Juges consulaires, Juges pour les affaires commerciales, juges au tribunal de commerce.

JUGE se dit aussi de Toute personne choisie pour prononcer sur un différend, ou au jugement, à l'opinion de laquelle on s'en rapporte sur quelque chose. Il vous a reconnu pour juge. Faire l'office de juge. Convenir d'un juge. Vous en serez le juge. Je vous en fais juge. Je vous prends pour juge. Juges du concours, Personnes chargées de prononcer dans un concours.

JUGE se dit, par extension, de Celui qui est capable de juger d'une chose. Vous êtes mauvais juge, bon juge en cela. Il a approuvé cet ouvrage, et vous savez qu'il est bon juge. Se faire, s'établir, se constituer juge de quelqu'un, de quelque chose, Prétendre avoir le droit de juger, se croire capable de juger.

JUGE se dit figurément dans un sens analogue à celui qui précède, en parlant des Sens, de la conscience, etc. L'oreille est un juge difficile. La raison est un juge sévère. Les sens sont quelquefois des juges bien trompeurs. La conscience est juge de la moralité des actions. Il se dit aussi de Certains magistrats suprêmes qui gouvernèrent le peuple juif durant la période qui commence à la mort de Josué et qui finit à la naissance de Samuel. Le livre des Juges ou, simplement, Les Juges, Le septième livre de l'Ancien Testament, qui contient l'histoire des Juifs pendant la domination des juges.

Littré (1872-1877)

JUGE (ju-j') s. m.
  • 1Celui qui juge, qui a le droit et l'autorité de juger. Les jurés ne sont juges que du fait. Dieu le souverain juge. L'Église est juge des choses de la foi. La Syrie à vos lois est-elle assujettie Pour souffrir qu'une femme y soit juge et partie ? Corneille, Théod. V, 7. Que je vous fasse vous-même le juge de votre propre cause, Bourdaloue, Jugem. dern. 1er avent, p. 84. Les rois, en des siècles plus innocents, furent autrefois eux-mêmes les juges du peuple, Fléchier, Lamoign. Mais vous avez pour juge un père qui vous aime, Racine, Mithr. II, 2. Tu me parles toujours comme un juge implacable Qui sur son tribunal intimide un coupable, Voltaire, Fanat. I, 4.

    Fig. L'esprit de ce souverain juge du monde [l'homme] n'est pas si indépendant qu'il ne soit sujet à être troublé par le premier tintamarre qui se fait autour de lui, Pascal, Pens. III, 9, éd. HAVET.

  • 2Homme préposé par autorité publique pour rendre la justice aux particuliers. Pendant que chacun tâche de vaincre [dans une discussion], on s'exerce bien plus à faire valoir la vraisemblance qu'à peser les raisons de part et d'autre ; et ceux qui ont été longtemps bons avocats ne sont pas pour cela par après les meilleurs juges, Descartes, Méth. VI, 5. Le juge prétendait qu'à tort et à travers On ne saurait manquer, condamnant un pervers, La Fontaine, Fabl. II, 3. Ô Seigneur, vous avez fait, comme dit le Sage, l'œil qui regarde et l'oreille qui entend ; vous donc qui donnez aux juges ces regards benins, ces oreilles attentives, et ce cœur toujours ouvert à la vérité, écoutez-nous pour celui qui écoutait tout le monde, Bossuet, le Tellier. On y [dans le Tellier] vit tout l'esprit et les maximes d'un juge, qui, attaché à la règle, ne porte pas dans le tribunal ses propres pensées ni des adoucissements ou des rigueurs arbitraires, et qui veut que les lois gouvernent et non pas les hommes, Bossuet, ib. L'ambition a fait trouver ces dangereux expédients où, semblable à un sépulcre blanchi, un juge artificieux ne garde que les apparences de la justice, Bossuet, ib. Trente juges étaient tirés des principales villes pour composer la compagnie qui jugeait tout le royaume [d'Égypte], Bossuet, Hist. III, 3. Aussi disait-il ordinairement qu'il y avait peu de différence entre un juge méchant et un juge ignorant, Fléchier, Lamoignon. Dieu, dont la providence destine les juges pour gouverner son peuple, comme elle destine les prêtres pour le sanctifier, Fléchier, ib. Ceux qui, renversant l'ordre des choses, se font une occupation de leurs amusements, et ne donnent à leurs charges que les restes d'une oisiveté languissante, comme s'ils n'étaient juges que pour être de temps en temps assis sur les fleurs de lis où ils vont peut-être rêver à leurs divertissements, Fléchier, ib. M. le Tellier savait qu'un juge doit rendre compte non-seulement de son travail, mais encore de son loisir, Fléchier, le Tellier. Crois-tu qu'un juge n'ait qu'à faire bonne chère, Qu'à battre le pavé comme un tas de galants ? Racine, Plaid. I, 4. Ne raillons point ici de la magistrature ; Vois-tu ? je ne veux point être un juge en peinture, Racine, ib. II, 13. Celui qui sollicite son juge ne lui fait pas honneur, La Bruyère, XIV. La maison de M. de Villars ressemblait-elle à ces maisons d'orgueil où ceux que les affaires y attirent pensent plus aux moyens d'aborder leur juge qu'à lui exposer leur droit et leur justice ? Massillon, Or. fun. Villars. Il craignait avec grande raison que la justice ne fût d'une part et les juges de l'autre, Lesage, Diable boit. ch. V, dans POUGENS.

    Autrefois les juges, n'étant pas salariés par l'État, avaient des bénéfices dans les procès. Le devoir des juges est de rendre la justice ; leur métier est de la différer ; quelques-uns savent leur devoir et font leur métier, La Bruyère, XIV.

  • 3Collectivement et absolument, tribunal. Renvoyer devant le juge, par-devant le juge.
  • 4Juges de rigueur, les juges qui doivent prononcer suivant la rigueur de la loi ; à la différence des arbitres, qui peuvent se décider d'après l'équité naturelle.

    Juges de rigueur, s'est dit aussi des juges subalternes ; à la différence des juges qui prononçaient en dernier ressort, et qui se permettaient quelquefois d'adoucir la rigueur de la loi.

    Juges naturels, ceux que la loi assigne aux accusés, aux parties, suivant leur qualité et l'espèce de la cause.

    Juges inférieurs, juges qui prononcent en premier ressort.

  • 5Juge d'instruction, magistrat établi pour rechercher les crimes et les délits, en recueillir les preuves ou indices, et faire arrêter et interroger les prévenus.

    Juge-commissaire, juge désigné par le tribunal dont il fait partie pour procéder à certaines opérations, et en faire son rapport s'il y a lieu.

    Juge de paix, magistrat principalement chargé de juger sommairement, sans frais et sans ministère d'avoués, les contestations de peu d'importance, et de concilier, s'il se peut, les différends dont le jugement est réservé aux tribunaux civils ordinaires.

    Juges extraordinaires, juges qui ne connaissent que de certaines matières distraites par la loi de la juridiction ordinaire.

  • 6Autrefois, juges ordinaires, juges à qui appartenait naturellement la connaissance des affaires civiles ou criminelles ; à la différence des juges de privilége, et de ceux qui étaient établis par commission.

    On appelait aussi juges ordinaires ceux qui servaient toute l'année, à la différence de ceux qui ne servaient que par semestre.

    Juges royaux, ceux qui rendaient la justice au nom du roi. Juges des seigneurs, ceux qui la rendaient au nom des seigneurs.

    Juge d'attribution, juge qui était établi pour connaître de certaines affaires.

    Juge délégué, celui qui était commis pour connaître d'une affaire particulière, par opposition à juge permanent.

    Juge botté, juge qui n'était pas gradué.

    Juge botté ne se dit plus que fig. d'un juge sans lumière et sans capacité.

    Juge a quo [duquel, sous-entendu on pouvait appeler], juge subalterne, juge dont on appelait.

    Autrefois juges et consuls, juges-consuls, aujourd'hui juges consulaires, juges pour les affaires commerciales, juges au tribunal de commerce. Comme les négociants habiles et instruits dans leur art ont acquis par l'habitude et l'usage du commerce une connaissance suffisante pour juger les différends qui concernent le négoce et la marchandise, l'ordonnance [de 1673] a cru devoir ôter la connaissance de ces différends aux juges ordinaires, et en confie la décision aux négociants mêmes, ou du moins aux plus habiles et plus capables d'entre eux, choisis à cet effet dans chaque ville par le corps des négociants, et elle leur a donné la qualité de juges-consuls, Pothier, Commentaire sur l'ordonnance du commerce, Paris, 1761, in-12, p. 216.

  • 7Grand juge, titre donné, sous le premier empire, au ministre de la justice.
  • 8Juge mage ou maje, titre qu'on donnait, dans quelques provinces méridionales de la France, au lieutenant du sénéchal.
  • 9Nom donné à ceux qui sont chargés de prononcer dans un concours. Les juges du concours.
  • 10Toute personne ou ensemble de personnes choisies pour prononcer sur un différend, ou dont le jugement, l'opinion a pouvoir de décider. Puisqu'il veut te choisir pour juge, je n'y recule point, Molière, l'Avare, IV, 4. Il est donc hérétique, me dit-il, demandez-le à ces bons pères. Je ne les pris pas pour juges, Pascal, Prov. I. Je fais M. de Grignan juge de ce que je dis, Sévigné, 590. Combien voudriez-vous donc, monsieur de la Brie ? - Vous-même je vous en fais juge, Dancourt, la Femme d'intrigues, I, 6. Je ne prends point pour juge un peuple téméraire, Racine, Athal. II, 5. Les nations les ont pris pour juges de leurs différends, Fénelon, Tél. VIII. La confiance avec laquelle il a fait l'univers juge de sa conduite prouve assez qu'il ne se reprochait rien, Fontenelle, Czar Pierre. Chacun s'érigera en juge de cette nouvelle démarche, Massillon, Carême, Resp. hum.

    Il se dit, dans le même sens, de toute chose personnifiée. Mon juge est mon amour, mon juge est ma Chimène, Corneille, Cid, III, 1. Dieu conduit l'Église dans la détermination des points de la foi, par l'assistance de son esprit qui ne peut errer ; au lieu que, dans les choses de fait, il a laissé agir par les sens et par la raison, qui en sont naturellement les juges, Pascal, Prov. XVII. Je puis… Lui disputer les cœurs du peuple et de l'armée, Et pour juge entre nous prendre la renommée, Racine, Bajaz. III, 4. Loin du triumvirat va chercher un refuge ; Je prends entre nous deux la victoire pour juge, Voltaire, Triumv. V, 5.

  • 11Celui qui est capable de juger d'une chose, de l'apprécier. Vous vous êtes, en ma faveur, trompé en une chose de laquelle vous êtes si bon juge, Voiture, Lett. 37. Toutes les vaines excuses dont vous couvrez votre impénitence vous vont être ôtées… mon discours, dont vous vous croyez peut-être les juges, vous jugera au dernier jour, Bossuet, Anne de Gonz. Un auteur à genoux, dans une humble préface, Au lecteur qu'il ennuie a beau demander grâce ; Il ne gagnera rien sur ce juge irrité, Qui lui fait son procès de pleine autorité, Boileau, Sat. IX. Pourquoi les amants, qui sont bons juges de ce qui touche, ne s'adressent-ils jamais qu'à la nuit ? Fontenelle, les Mondes, 1er soir.

    Se faire, s'établir, se constituer juge de quelqu'un, de quelque chose, se croire capable de juger quelqu'un, quelque chose.

  • 12Juges du camp, ceux qui, dans les combats judiciaires, dans les joutes et combats de chevaliers, étaient chargés de veiller à ce que tout se passât suivant l'usage et la loyauté.
  • 13Francs juges, voy. VEHME.
  • 14Titre des magistrats suprêmes des Juifs avant l'établissement de la royauté. Depuis le temps des juges qui jugèrent Israël, Sacy, Bible, Rois, IV, XXIII, 22.

    Le livre des Juges ou, simplement, les Juges, le septième livre de l'Ancien Testament, qui contient l'histoire des Juifs pendant la domination des juges.

  • 15Juge et garde de la prévôté, juge subalterne du bailli.

    Juge d'armes, officier qui était chargé de vérifier et de certifier les armoiries et les titres de noblesse.

    Juge-garde, fonctionnaire qui veillait à la fabrication des monnaies.

PROVERBES

De fou juge briève sentence, c'est-à-dire les ignorants décident sans examiner. On a vingt-quatre heures au palais pour maudire ses juges, Beaumarchais, Barb. de Sév. II, 2.

HISTORIQUE

XIIIe s. Grant don fait juges aveugler, Droit abatre, tort elever, Leroux de Lincy, Prov. t. II, p. 132. [Hypocrisie] Ses anemis ne prise gaires, Qu'ele a baillis, provos et maires, Et si a juges, Rutebeuf, I, 204. Nus [nul] en sa querele ne doit estre juges et partie, excepté le roi ; car cil pot estre juges et partie en sa querele et en l'autrui, Beaumanoir, I, 24.

XIVe s. Le juge est bon, qui tost entent et tart juge, Ménagier, I, 9.

XVe s. Par ce l'en peult appercevoir Souvent en mainte plaidoyerie Ung homme, affin de recepvoir, Estre ensemble juge et partie, Coquillart, Plaidoyer de la simple et de la rusée. Juge hastif est perilleux, Leroux de Lincy, Prov. t. II, p. 132.

XVIe s. Le peuple ne voulut point tirer au sort ceulx qui devroient estre juges de ce jeu, pour adjuger le prix à celuy des poetes qui l'auroit mieulx merité, Amyot, Cimon, 14. Les voulez-vous faire [les philosophes] juges des droicts d'un procez, des actions d'un homme ? Montaigne, I, 140. Et fera le juge d'appel ce que devoit faire le juge a quo, Coust. génér. t. II, p. 413. Les juges [du camp] estoient Hercules, duc de Ferrare, et Louis, marquis de Saluces, lesquels estoient dedans un eschaffault près de celuy du roy, duquel pouvoient veoir tout à clair tous les coings et endroicts du champ, et sans empeschement adviser tout l'exploict de la bataille, Jean D'Auton, Ann. de Louis XII, p. 89, dans LACURNE. Tel juge tel jugement, Leroux de Lincy, t. II, p. 132. …Nommer et elire cinq marchands… le premier desquels nous avons nommé juge des marchands, et les quatre autres consuls desdits marchands… Connoistront lesdits juge et consuls des marchands de tous procès et differends qui seront ci-après mus entre marchands, Édit. de nov. 1563, art. 1 et 3.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

JUGE. Ajoutez :
16Le mot juge a pris diverses significations spéciales dans les îles Normandes : A Jersey et à Guernesey, juge délégué, personne désignée pendant la vacance de l'office de bailli, pour en exercer provisoirement les fonctions. A Aurigny et à Serk, autrefois, juge, le premier des jurés chargé de la présidence de la cour. À Aurigny, aujourd'hui, le juge fonctionnaire nommé par la couronne, président de la cour et des États de l'île. Lieutenant-juge, personne désignée pour exercer les fonctions du juge en son absence. Enfin le nom de juge est souvent donné aujourd'hui aux jurés de Jersey.
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Étymologie de « juge »

Du latin jūdĭcem, accusatif de jūdex, dérivé de jūs (« droit », « justice ») et de dīcĕre (« dire »), de la racine *deik- (« montrer »). Toutefois, la forme française juge ne saurait remonter phonétiquement à jūdĭcem. On attendrait *juce (jamais attesté). On peut supposer que la forme *juce, si tant est qu'elle ait existé (?), ait pu être refaite, à date prélittéraire sur juger (issu de jūdĭcare). Autre possibilité : juge pourrait remonter à une forme *jūdĭcum, analogique de mĕdĭcum (« médecin »), qui avait donné miège en ancien français.
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Provenç. jutge ; espagn. juez ; portug. juiz ; ital. giudice ; du lat. judicem, de jus, droit, et dex, celui qui dit, de dicere. Il est vrai que l'on a dīcere et judĭcis ; mais on doit remarquer que tous les mots tels que dĭcare, causidĭcus etc. ont  ; d'ailleurs on sait que l'ancienne forme de dīcere est deicere, lequel est un gouna du radical diç, montrer, dire.

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Phonétique du mot « juge »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
juge ʒyʒ

Fréquence d'apparition du mot « juge » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « juge »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « juge »

  • On ne juge pas un vainqueur.
    Catherine II
  • Malheur à la génération dont les juges méritent d'être jugés !
    Talmud, Midrash Rabba sur Ruth, 1
  • Une politique se juge par ses résultats.
    Charles Maurras — L'Action française - 20 Juillet 1902
  • On fait tant, à la fin, que l'huître est pour le juge, Les écailles pour les plaideurs.
    Jean de La Fontaine — Fables, le Frelon et les Mouches
  • En amour, en peinture, on juge mieux de loin.
    Georges de Porto-Riche
  • Le juge sans reproche est la postérité.
    Mathurin Régnier
  • Un juge populaire est un juge sans avenir.
    Olivier de Tissot — Sans âme ni conscience
  • Sage est le juge qui écoute et qui tard juge.
    Proverbe français
  • Le jugement implique aussi la condamnation du juge.
    Louis Scutenaire — Mes inscriptions II
  • On juge un homme aux factures qu’il reçoit.
    Groucho Marx
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Traductions du mot « juge »

Langue Traduction
Anglais judge
Espagnol juez
Italien giudice
Allemand richter
Chinois 法官
Arabe القاضي
Portugais juiz
Russe судить
Japonais 裁判官
Basque epaile
Corse ghjudice
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Synonymes de « juge »

Source : synonymes de juge sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « juge »

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Nombre de points du mot juge au scrabble : 12 points

Juge

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