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Fille

Variantes Singulier Pluriel
Féminin fille filles

Définitions de « fille »

Trésor de la Langue Française informatisé

FILLE, subst. fém.

I.− Personne du sexe féminin, considérée du point de vue de son ascendance, de son origine (le subst. masc. correspondant est fils).
A.− [Rapport d'ascendance naturelle]
1. [Ascendance directe] Personne du sexe féminin considérée par rapport à son père et/ou à sa mère. Fille légitime, naturelle; doter, marier sa fille; avoir une/des fille(s). Lord Nelvil doit épouser, dimanche prochain, miss Lucile Edgermond, fille cadette de lord Edgermond, et fille unique de lady Edgermond, sa veuve (Staël, Corinne,t. 3, 1807, p. 259).Il avait déjà une fille de huit ans, Renée, lorsque sa femme expira en donnant le jour à une seconde fille (Zola, Curée,1872, p. 379).Oh!... Tu n'es pas la fille de ton père? Elle rit, point scandalisée d'une liberté de langage qu'elle encourageait : − Mon Dieu, si! moi comme les autres (Colette, Mais. Cl.,1922, p. 98).V. aussi aîné ex. 1.
a) Emplois partic. Fille adoptive*. Fille du logis, de la maison. Fille du maître de maison. Nous vous donnerons de la pierre et du bois, mais vous n'aurez pas la fille de la maison! (Claudel, Annonce,1948, prol., p. 140).
Expr. injurieuse. Fille de garce, de putain. Tiens, fille de putain!... Tiens, vois si ça va te le boucher! (Zola, Terre,1887, p. 225).
b) P. ext.
Personne que l'on considère comme sa fille. Il aurait eu pitié de ses propres mensonges s'il lui avait parlé de sa mère, heureuse de l'accueillir en fille chérie, en épouse de son fils (Gozlan, Notaire,1836, p. 76).
Spéc. Belle-fille*.
c) P. anal., rare. Petit (femelle) d'un animal. Au fond de la pièce, contre le radiateur, les deux chattes, mère et fille, dormaient dans les pattes l'une de l'autre (Montherl., Lépreuses,1939, p. 1464).Une chienne entrait sur ses talons, une petite bête sans race, fille de corniot (Genevoix, Raboliot,1949, p. 36).
2. [Ascendance éloignée, voire très lointaine]
a) Arrière-petite-fille*; petite-fille*.
b) Fille de + subst. Descendante de. Fille des Césars. C'était la fille des rois des vieilles souches, la fille des rois légitimes (Mussetds Revue des Deux-Mondes,1832, p. 240).La fille des nababs (Ponson du Terr., Rocambole, t. 2, 1859, p. 427).
Vx. Fille de France. Fille ou descendante légitime du roi de France. Merci, Marguerite, merci!... vous êtes une vraie fille de France (Dumas père, Reine Margot,1847, I, 4, p. 34).
Fam. Fille d'Ève*.
B.− P. anal.
1. [Rapport d'ascendance, de tutelle morale]
a) [Par rapport à une entité mythique ou symbolique] Aux filles de Baal (Balzac, Physiol. mar.,1826, p. 74).L'ardente fille de la terre noire (Leroux, Roul. tsar,1912, p. 97).
Poétique. Filles du ciel, de Mnémosyne. Les Muses. Autrefois j'eusse été plus entraîné par les Muses; ces filles du ciel jadis étaient mes belles maîtresses (Chateaubr., Mém.,t. 4, 1848, p. 461).
Loc. verb., pop. Jouer la fille de l'air. S'évader, déguerpir. « Dépêchez-vous et jouez-moi la Fille de l'air avec accompagnement de guibolles » (Larch.1861, p. 3).
b) [Par rapport à une institution religieuse ou à son fondateur] Religieuse. Filles du Carmel, de St Vincent de Paul. Cette attitude humiliée devant un supérieur, qui, après tout, n'était qu'un homme, choquait l'esprit plus libre des filles de Port-Royal (Sainte-Beuve, Port-Royal,t. 4, 1859, p. 110):
1. La mère Sainte-Cécile est une stratégiste remarquable d'âme, fit le prieur, mais... mais... cette œuvre qu'elle a rédigée pour les filles de son abbaye contient, je crois, quelques propositions téméraires qui n'ont pas été lues sans déplaisir à Rome. Huysmans, En route,t. 2, 1895, p. 283.
Fille en Jésus-Christ. Celle qui a un père ou une mère spirituel(le). Être la fille de qqn en Jésus-Christ. Très chère fille en Jésus-Christ, nous avons voulu mettre devant toi l'exemple de sainte Élisabeth (Montalembert, Ste Élisabeth,1836, p. 310).
c) [En parlant d'une collectivité par rapport à une institution religieuse ou profane]
Fille aînée* de l'Église. Fille des rois de France. Celle qui est placée sous leur protection. Encore qu'on appelle l'Université la fille du roi (...) (Barante, Hist. ducs Bourg.,t. 2, 1821-24, p. 386).
Fille aînée de + autre subst.Celle qui joue un rôle essentiel dans l'évolution d'un mouvement intellectuel, spirituel, etc. :
2. M. de Voltaire, passant par Soissons, reçut la visite des députés de l'académie de Soissons, qui disaient que cette académie était la fille aînée de l'Académie Française, « Oui, messieurs, répondit-il, la fille aînée, fille sage. fille honnête, qui n'a jamais fait parler d'elle ». Chamfort, Caract. et anecd.,1794, p. 179.
d) Au fig. Œuvre abstraite ou concrète par rapport à son créateur. La philosophie moderne, fille de Descartes et mère de Hume (Cousin, Hist. philos. mod.,1847, p. 8).Les différentes œuvres d'un artiste sont toutes parentes comme filles d'un même père, c'est-à-dire qu'elles ont entre elles des ressemblances marquées (Taine, Philos. art,t. 1, 1865, p. 2).
2. [Rapport d'origine, de provenance]
a) Personne issue, native de.
− Domaine sociol.Ses membres gros et courts en faisaient une fille des champs (Zola, M. Férat,1868, p. 168).À la blonde fille de l'aristocratie s'oppose, bonne ou méchante, la fille de la bourgeoisie riche (Lemaitre, Contemp.,1885, p. 346).Elles sont presque toutes jolies, madame. Je parle des filles du peuple (France, Lys rouge,1894, p. 75).
− Domaine géogr.Fille du Nord, du Midi.
b) P. anal. [En parlant d'une chose concr. par rapport à son lieu d'origine] Je ne pourrois nombrer ces races innombrables [des plantes] Filles des monts, des bois, de la terre et de l'onde (Delille, Trois règnes nature,1808, p. 61).Les anguilles ne se reproduisent pas en eau douce. L'antiquité, Aristote le premier, les croyait filles du limon (Pesquidoux, Chez nous,1923, p. 71).
c) Au fig. Chose qui résulte d'une autre, est engendrée par elle. Synon. conséquence, résultat.Cette religion, fille du Bas-Empire (About, Grèce,1854, p. 282).C'est une idée assez commune que révolution et guerre sont filles de pauvreté (Alain, Propos,1926, p. 675).La loi, cette fille intelligente de la mort, qui règle le caractère (Jouve, Scène capit.,1935, p. 96).
3. Appellatif, vieilli. Ma fille. Appellation affectueuse ou condescendante employée à l'égard d'une personne de sexe féminin (notamment dans les rapports de maître à domestique) (cf. Ac.).
II.− Être humain de sexe féminin (le subst. masc. correspondant est garçon). École de(s) filles; vêtements de filles :
3. Pendant les vacances, il racolait impérieusement les enfants des fermiers et leur faisait la classe : une photo le représente, dans la cour de Meyrignac, entouré d'une dizaine d'élèves, filles et garçons. Beauvoir, Mém. j. fille,1958, p. 35.
A.− [Du point de vue de son âge ou de son état-civil]
1. [Du point de vue de son âge, p. oppos. à la femme adulte]
a) Enfant de sexe féminin (synon. fillette); adolescente, jeune fille. Lycée de jeunes filles. C'est une jolie petite fille, dit le docteur, une jolie petite fille avec une framboise sous la mamelle gauche (France, Orme,1897, p. 135).Grande fille. Celle qui est nubile ou pubère.
b) [Avec une valeur caractérisante]
Subst. + de fille.Qui a les caractéristiques d'une fille. Cheveux, joues, manières de fille. Beau cavalier, Monmond, et qu'on s'arrache! Clerc de notaire, une figure de fille et des cheveux noirs bouclés, comment voulez-vous qu'on résiste? (Colette, Cl. école,1900, p. 307):
4. En effet, le jeune homme était d'un tempérament si nerveux qu'il avait, à la moindre imprudence, des indispositions de fille, des bobos qui le retenaient dans sa chambre pendant deux ou trois jours. Zola, Conquête Plassans,1874, p. 1037.
Emploi adj., rare. Et je vais offrir ma tasse de thé, suivie de Marcel, autrement câlin et fille que moi, qui porte les sandwiches (Colette, Cl. Paris,1901, p. 88).
2. [Du point de vue de son état-civil; p. oppos. à la femme mariée] Personne de sexe féminin jeune ou qui n'est pas mariée. Synon. demoiselle1.L'affection d'une fille à marier pour un mari probable (Constant, Journaux,1803, p. 34).V. aussi demoiselle1ex. 3.
a) Jeune fille. [P. oppos. à dame, jeune femme (mariée); le masc. correspondant est jeune homme] Elle avait commencé de parler comme elle eût fait avec une de ces femmes, avec, peut-être, une de mes jeunes filles en fleurs (Proust, Prisonn.,1922, p. 340).V. aussi demoiselle1A 2 a, citat. de Renard.
Nom de jeune fille. Patronyme d'une femme avant son mariage. La femme de Bellamy s'appelle Odette et son nom de jeune fille est Godreau (Simenon, Vac. Maigret,1948, p. 32).
b) Fille(-)mère. Femme ayant un enfant hors mariage. Elle ne sait pas que l'assistance est assez secourable aux filles-mères (Renard, Journal,1905, p. 1023).
Rem. L'expr., considérée comme péj., est actuellement remplacée par le synon. mère(-)célibataire.
c) Vieille fille. Femme célibataire d'un certain âge (le masc. correspondant est vieux garçon). Cette demeure (...) habitée par deux vieilles filles dévotes (Flaub., Champs et grèves,1848, p. 199).V. aussi célibataire ex. 2.
Rem. 1. On rencontre dans cette acception, vx, fille. Vous êtes fille, vous resterez fille, vous mourrez fille (Balzac, Splend. et mis., 1844, p. 80). 2. Demoiselle est souvent employé de nos jours afin d'éviter le terme désobligeant de vieille fille.
P. compar., péj. Elle ouvrit sa valise et entreprit de s'installer avec des soins méticuleux de vieille fille (Beauvoir, Mandarins,1954, p. 84).
B.− P. ext., emplois gén. fam. Femme (généralement jeune), célibataire ou non. Brave, chic, jolie fille; les filles du pays, du village. C'était, ma foi, un beau brin de fille : elle avait cinq pieds et quelques pouces, et une vraie moisson d'appas (Musset, Il ne faut jurer,1840, III, 3, p. 154).Ça l'a vexée. On dit ça comme ça; on dit : pauvre fille. C'est sans intention (Sartre, Nausée,1938, p. 89).C'est une fille épatante (Abellio, Pacifiques,1946, p. 393).
1. La fille + nom patronymique. Parfois péj. Mon nom, c'est Léonie Vincent, mais le commissaire de police, lui, il dit la fille Vincent. Nuance... (Aymé, Cléramb.,1950, p. 46).
2. Loc. verb. Courir* les filles.
a) Être (une) bonne fille. Avoir bon caractère, être généreuse. Elle est trop bonne fille pour m'en vouloir (Green, Journal,1946, p. 17).
b) Être fille à. Être une fille capable de. Elle était fille à se tirer d'affaire (Van der Meersch, Invas. 14,1935, p. 121).
C.− [Du point de vue de son état, de son mode de vie]
1. [Pour indiquer un état] Fille de + subst. indiquant un métier, une charge, un titre.
a) Vieilli. Fille de + subst. indiquant gén. le lieu de travail.Fille de cuisine, de ferme, de service. Synon. servante, employée.Elles sont honnêtes, car il n'y a pas de maîtresse lingère ou autre qui ne recommande à ses filles de boutique de parler au monde poliment (Musset, Mimi Pinson,1845, p. 218).Elle entra dans une autre ferme, y devint fille de basse-cour (Flaub., Cœur simple,1877, p. 7).
Spéc. Fille de salle. Employée chargée du ménage, de l'entretien dans les chambres et salles d'un hôpital. Une fille de salle soulevait une poussière qui retombait sur les malades, sous prétexte de balayer (Aragon, Beaux quart.,1936, p. 147).
Région. (Belgique), vieilli. Fille de quartier. Femme de ménage (Baet.1971).
b) Fille (d'honneur/de qualité). Personne qui accompagne une femme noble. (Quasi-)synon. dame, demoiselle d'honneur, suivante.Elle s'est amusée, en attendant de plus brillans succès, à mettre la discorde entre les filles d'honneur de la princesse (Genlis, Chev. cygne,t. 2, 1795, p. 298).P. ext. Fille d'honneur. Celle qui accompagne la mariée.
2. [Pour indiquer un mode de vie]
a) Péjoratif. Fille (de joie, des rues, publique, soumise, etc.). Femme aux mœurs libres, faisant commerce de son corps. Fréquenter les filles. Synon. prostituée, putain (pop.).J'étais très triste en sortant de chez Louason, à cinq heures. Je croyais avoir vu qu'elle était une fille (Stendhal, Journal,t. 1, 1801-18, p. 288).Je ferais mieux de rire de tout cela, et d'aller me soûler à la taverne ou bien de courir chez la fille de joie me vautrer dans quelque ignoble et vénale volupté (Flaub., Smarh,1839, p. 115).Lorette est un mot décent inventé pour exprimer l'état d'une fille ou la fille d'un état difficile à nommer (Balzac, Homme d'affaires,1845, p. 401).Cf. La fille Élisa (Goncourt).
Fille de Baal. V. baal ex. 4.
Emploi adj., rare. Qui caractérise une femme de mauvaise vie. Synon. provocant, vulgaire.Cette dégradation [des âmes avant la Révolution] se montrait jusque dans les habits (...) et la femme de haut parage disait à sa chiffonneuse : « Ce bonnet n'a pas l'air assez fille » (J. de Maistre, Œuvres compl.,t. 1, Frag. sur Fr., 1821, p. 200).Elle [Sidonie] avait justement la grâce frelatée, un peu fille, qui devait plaire à cette nature de gandin [Georges Fromont] (A. Daudet, Fromont jeune,1874, p. 66).
P. métaph. Les Anglais (...) payaient quarante millions par an à l'Europe monarchique et diplomatique, sorte de fille publique que le peuple anglais a toujours entretenue (Hugo, Homme qui rit,t. 2, 1869, p. 12).
b) Fille repentie. Femme qui renonce à la prostitution. Elle y choisit pour séjour un couvent de filles repenties (Montalembert, Ste Elisabeth,1836, p. 180).
REM.
Fifille, subst. fém.,fam. Terme affectueux, d'amitié vis-à-vis d'une fille. C'est une bonne affaire, fifille! Tu es ma fille, je te reconnais (Balzac, E. Grandet,1834, p. 214).
Prononc. et Orth. : [fij]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. a) fin xes. fillie « personne du sexe féminin considérée par rapport à son lieu d'origine » (Passion, éd. D'A. S. Avalle, 261 : fillies Jerusalem); b) ca 1050 filie « personne du sexe féminin considérée par rapport à ceux dont elle est née »(La Vie de Saint Alexis, éd. Chr. Storey, 40); 2. 2emoitié du xiiies. Filles-Dieu « nom donné à certaines religieuses » (Rutebeuf, Le Frère Denise ds Œuvres, éd. E. Faral, et J. Bastin, t. II, p. 291 vers 231); 3. 1389 « femme qui mène une vie de débauche » (Ordonnances des rois de France de la troisième race, t. 7, p. 309 : fille de joye); 4. a) 1606 « femme attachée à la reine » (Du Vair, Actions et traités oratoires, éd. R. Radouant, I, 679); b) 1655 fille d'honneur « suivante » (Molière, Étourdi, III, 3); 5. 1528 « jeune fille nubile ou femme non mariée », (Cl. Marot, Epithalame, I, 57 ds Œuvres lyriques, éd. C. A. Mayer, p. 312); 6. 1601 « chose qui naît d'une autre » (A. de Montchrestien, La Reine d'Escosse, éd. J. D. Crivelli, 618). Du lat. class. filia « enfant du sexe féminin, jeune personne ». Fréq. abs. littér. : 38 195. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 51 757, b) 67 548; xxes. : a) 63 442, b) 43 921. Bbg. Adams (G.C.S.). Words and descriptive terms for woman and girl in French and Provençal and border dialects. Chapell Hill, 1949, 99 p. − Chautard (É.). La Vie étrange de l'arg. Paris, 1931, p. 478. − Hasselrot 1957, p. 218 (s.v. fifille).Klein (J.-R.). Le Vocab. des mœurs de la Vie Parisienne sous le Second Empire. Louvain, 1976, pp. 94-95. − Mat. Louis-Philippe 1951, p. 70, 184. − Morin (Y.-C.). The Phonology of echo-words in French. Language. Baltimore. 1972, t. 48, p. 105 (s.v. fifille).Pauli (I.). Enfant, garçon, fille ds les lang. rom. Lund, 1919, 42 p. − Quem. DDL t. 14, 15; t. 1, 5 (s.v. fifille).Saint-Jacques (B.). Sex, dependency and language. Linguistique. Paris, 1973, t. 9, p. 95. − Ullmann (S.). Words and their meanings. Camberra, 1974, 23 p.

Wiktionnaire

Nom commun - français

fille \fij\ féminin (pour un homme, on peut dire : garçon, fils)

  1. Être humain du sexe féminin depuis sa naissance jusqu’à son mariage.
    • Nous autres jeunes filles françaises, nous sommes livrées par nos familles comme des marchandises, à trois mois, quelquefois fin courant. — (Honoré de Balzac, Modeste Mignon, 1844)
    • On ne pouvait voir de fille plus fraîche, plus riante ; elle était blonde, avec de beaux yeux bleus, des joues roses et des dents blanches comme du lait ; elle approchait de ses dix-huit ans ; […]. — (Erckmann-Chatrian, Histoire d’un conscrit de 1813, J. Hetzel, 1864)
    • Cette gentillesse qui abrégeait les formes et supprimait les fadaises ridicules que tout garçon se croit tenu de débiter à la belle fille dont il essaie de faire sa maîtresse, m’avait séduit. — (Francis Carco, Messieurs les vrais de vrai, Les Éditions de France, Paris, 1927)
    • François Cadet, un bel homme, un beau garçon dont les filles s’éprennent d’abord, pour qui elles se jalousent et se déchirent. — (Jean Rogissart, Hurtebise aux griottes, L’Amitié par le livre, Blainville-sur-Mer, 1954, p. 31)
  2. (Spécialement) Jeune fille encore vierge.
    • Que cherche Colombe ? Depuis qu’elle n’est plus fille, tient-elle à devenir la femme de tout le monde ? J'ai honte de mon amie. — (Éric-Emmanuel Schmitt, éditions Albin Michel, Paris, 2014, page 116)
  3. Enfant du sexe féminin considérée par rapport à ses parents.
    • […] il vint des Vieux Marais habiter à Manise comme brigadier, avec sa fille, une belle bachelle de dix-sept ans tout au plus. — (Jean Rogissart, Passantes d’Octobre, Librairie Arthème Fayard, Paris, 1958)
    • Il traita d’abord Joséphine de putain, chose affirma-t-il qui ne l’étonnait guère attendu qu’elle était la fille de sa mère, […]. — (Louis Pergaud, Joséphine est enceinte, dans Les Rustiques, nouvelles villageoises, 1921)
    • Quand il a des filles, un père de famille ne doit pas plus laisser introduire un jeune homme chez lui sans le connaître, que laisser traîner des livres ou des journaux sans les avoir lus. — (Honoré de Balzac, Modeste Mignon, 1844)
    • Dans chaque dechra on trouve une à deux familles maraboutiques. Les mrabtin font remonter leur généalogie au prophète Mohamed par l'intermédiaire de sa fille Fatima et de son gendre Ali. — (Aīssa Ouitis, Les contradictions sociales et leur expression symbolique dans le Sétifois, Société nationale d'édition et de diffusion, 1977, page 94)
  4. (Par extension) Femme célibataire.
    • Ce qui tourmentait et désolait et retournait le curé de Melotte, c’était le dévergondage des filles et des garçons du pays. — (Louis Pergaud, Le Sermon difficile, dans Les Rustiques, nouvelles villageoises, 1921)
    • Maman s’imaginait que toute la ville connaissait mon aventure. Personne ne voudrait plus m’épouser. Elle avait cette idée fixe que je resterais fille. — (François Mauriac, Le Nœud de vipères, Grasset, 1933, réédition Le Livre de Poche, page 46)
  5. (Vieilli) (Par ellipse) Fille d’honneur ; demoiselle d’honneur.
    • elle [Louise de Savoie] mena toutes ſes filles — (Mme de La Fayette, La Princesse de Clèves, 1678)
  6. (Vieilli) Servante ; employée.
    • En sabots, les manches relevées sur leurs bras blancs, les filles balayaient le devant des boutiques. — (Francis Carco, Brumes, Éditions Albin Michel, Paris, 1935, page 158)
  7. (Par ellipse) (Familier) Fille de joie ; prostituée.
    • La place Pigalle, passé deux heures du matin, est le refuge des noctambules professionnels. Des musiciens, des nègres, des filles, des invertis se donnent rendez-vous dans les bars et voient souvent l’aube se lever sans que la chance leur ait souri. — (Francis Carco, Images cachées, Éditions Albin Michel, Paris, 1928)
    • Le long des boutiques éclairées, des ombres se succédaient sans hâte. Il y avait des nègres, quelques Chinois, des blancs. Tous reluquaient les filles. — (Francis Carco, Brumes, Éditions Albin Michel, Paris, 1935, page 41)
    • Il arrive aussi, mais cet usage tend à disparaitre au début de la IIIe République, que les filles racolent en arpentant à tour de rôle le trottoir situé devant la maison. — (Alain Corbin, Les filles de noce, 1978)
  8. (Poétique) (Littéraire) (Soutenu) Descendante issue de telle ou telle lignée, ou native de tel ou tel pays.
    • La fille des césars.
    • Une fille du peuple.
  9. (Christianisme) Nom que l’on donne aux religieuses de certaines communautés.
    • Les filles de saint Vincent de Paul.
    • Les filles du Carmel, de la Charité.
  10. (Figuré) (Vieilli) Établissement qui est de la fondation et de la dépendance d’un autre.
    • Ces abbayes sont filles de Cîteaux.
    • C’est une fille, une des filles de Cluny.
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

FILLE. (Dans ce mot et les deux suivants, ill se prononce iye.) n. f.
Tout être humain du sexe féminin depuis sa naissance jusqu'à son mariage. Garçons et filles. Jeune fille. Jolie fille. Il n'a eu que des filles. Une fille de dix-huit ans. Les filles du village. Fille mère, Qui a eu un enfant hors mariage. Par rapport à la filiation, il signifie Personne du sexe féminin considérée par rapport à son père et à sa mère où à l'un des deux seulement. Fille légitime. Fille légitimée. Fille naturelle. Fille aînée. Fille cadette. Fille unique. Fille adoptive. La mère et la fille. C'est la fille d'un tel. C'est votre fille. Marier sa fille. Fig., La misère est souvent fille de la paresse. Petite-fille, La fille du fils ou de la fille, par rapport à l'aïeul ou à l'aïeule. Arrière-petite fille, La fille du petit fils ou de la petite-fille, par rapport au bisaïeul ou à la bisaïeule. Belle-fille. Voyez ce mot à son ordre alphabétique. Il se dit quelquefois de Celle qu'on regarde ou qu'on aime comme sa fille. Elle a trouvé dans sa nièce une fille tendre et soumise. Ma fille, Terme d'affection, de tendresse, dont les personnes d'un certain âge ou d'un caractère vénérable se servent quelquefois envers une personne du sexe féminin qui n'est point leur fille. Ma fille, écoutez-moi. La fille aînée des rois de France, Titre que prenait l'Université de Paris. La fille aînée de l'Église, Titre donné à la France par le Souverain Pontife. En termes de poésie et dans le style élevé, se prend pour Descendante, issue de telle ou telle race, native de tel ou tel pays. La fille des Césars. Il se dit, particulièrement, par opposition à Femme mariée. Elle est encore fille, elle n'est pas mariée. Fille à marier. Vieille fille. Mourir fille. Filles d'honneur, Filles de qualité qui sont auprès des reines, des grandes princesses. Les filles d'honneur de la reine, ou, simplement, Les filles de la reine. Fille de ferme, Servante occupée à la ferme. Fille de boutique, Celle qui est employée dans une boutique, soit pour vendre, soit pour travailler. On dit plutôt aujourd'hui Demoiselle de magasin. Fille de service, Fille ou femme employée à différents services dans une maison. Fille de joie, fille publique, ou simplement Fille, Noms que l'on donne aux prostituées. C'est un homme qui court les filles. Les filles repenties, ou simplement Les Repenties, se dit de Certaines maisons religieuses où les filles qui ont vécu dans le désordre se retirent ou sont enfermées pour faire pénitence.

FILLE est aussi le Nom que l'on donne aux religieuses de certaines communautés. Les filles de saint Vincent de Paul. Les filles du Carmel, de la Charité. Il s'est dit, au figuré, des Églises, abbayes et prieurés qui étaient de la fondation et de la dépendance d'une autre église. Ces abbayes sont filles de Cîteaux. C'est une fille, une des filles de Cluny.

Littré (1872-1877)

FILLE (fi-ll', ll mouillées, et non fi-ye) s. f.
  • 1Personne du sexe féminin, par rapport à son père et à sa mère, ou à l'un des deux seulement. Fille légitime. Fille naturelle. Le devoir d'une fille est dans l'obéissance, Corneille, Hor. I, 4. Jetez sur votre fille un regard paternel, Corneille, Poly. V, 3. Souffrez que votre fille embrasse vos genoux, Corneille, ib. III, 3. Un noble orgueil m'apprend qu'étant fille de roi, Tout autre qu'un monarque est indigne de moi, Corneille, Cid, I, 4. … Je lui veux faire aujourd'hui connaître Que ma fille est ma fille, et que j'en suis le maître Pour lui prendre un mari qui soit selon mes vœux, Molière, F. sav. II, 9. Fille d'Agamemnon, c'est moi qui la première, Seigneur, vous appelai de ce doux nom de père, Racine, Iph. IV, 4. Une fille est au mieux sous l'aile de sa mère, Delavigne, Éc. des vieill. II, 7.

    Fille adoptive, fille que l'on a adoptée, ou fille à laquelle on tient lieu des parents qu'elle a perdus.

    Belle-fille, voy. BELLE-FILLE.

    Petite-fille, voy. PETIT.

    Fille en Jésus-Christ, se dit d'une religieuse par rapport à la supérieure ou à la fondatrice de l'ordre. Thérèse dont vous vous faites gloire d'être les filles en Jésus-Christ, Bourdaloue, Exhort. sur Ste Thér. t. I, p. 320.

    Fille en Jésus-Christ, titre donné par le pape à la reine de France, en parlant d'elle.

    Fig. La foi, fille du ciel ; la superstition, fille de l'ignorance. Son admiration est fille de l'ignorance, Sévigné, 536.

    Poétiquement. Les filles de Mémoire, les Muses. Généreux favoris des filles de Mémoire, Deux sentiers différents devant vous vont s'ouvrir : L'un conduit au bonheur, l'autre mène à la gloire ; Mortels, il faut choisir, Lamartine, Médit. I, 14.

    Les filles d'enfer, les Furies. Filles de l'Achéron, pestes, larves, furies…, Corneille, Médit. I, 4. Eh bien, filles d'enfer, vos mains sont-elles prêtes ? Racine, Andr. V, 5.

  • 2Dans le style élevé, celle qui est issue, originaire de. La fille des Césars. Les filles de l'Égypte à Suse comparurent, Racine, Esth. I, 1. Cependant mon amour pour notre nation A rempli ce palais de filles de Sion, Jeunes et tendres fleurs par le sort agitées, Sous un ciel étranger comme moi transplantées, Racine, ib. Quoi ! fille de David, vous parlez à ce traître ! Racine, Athal. III, 5. Des filles de Scythie une troupe empressée, Voltaire, Scythes, III, 1.

    Filles de France, les filles du roi et de la reine de France. Un ambitieux croit acquérir des droits en obtenant des grâces, et le duc de Bourbon fut plus sensible au refus qu'on lui fit, qu'il ne l'avait été à l'honneur d'épouser une fille de France, Duclos, Hist. Louis XI, Œuv. t. II, p. 224, dans POUGENS.

    Fille d'ève, voy. ÈVE.

    Fig. Une fille de l'Église, une femme catholique. Une vraie fille de l'Église, non contente d'en embrasser la sainte doctrine, en aime les observances, où elle fait consister la principale partie des pratiques extérieures de la piété, Bossuet, Marie-Thér.

    Dans le langage biblique. Filles de Bélial, les femmes idolâtres, et aussi les femmes sans pudeur. Ne croyez pas que votre servante soit comme l'une des filles de Bélial, Sacy, Bible, Rois, I, I, 16.

  • 3Tout enfant du sexe féminin. Le ciel a comblé mes vœux en me donnant une fille. Après de si belles espérances, la signora met au monde une fille, Sévigné, 5. Les causes qui concourent à la plus nombreuse production des filles sont bien difficiles à deviner, Buffon, Probab. de la vie, Œuvres, t. x, p. 536, dans POUGENS. Les filles apprennent à sentir plus aisément que les hommes n'apprennent à penser, Voltaire, Ingénu, ch. 17. Quand des filles naissent chez vous Pour le plaisir de ce monde, Dites-moi, messieurs les époux, Pourquoi chacun de vous gronde, Béranger, les Filles.

    On dit souvent petite fille, quand on parle d'une fille née depuis peu. Elle vient d'accoucher d'une petite fille.

    Grande fille, fille qui a passé l'enfance. Rennes est de toutes les villes Celle où le dieu d'amour est le plus triomphant ; Toutes dès quatorze ans y font les grandes filles, Et vous seule après seize y vivez en enfant, Montreuil, Remontrance à une jeune demoiselle.

    Petite fille, se dit par opposition à grande fille. Parlons un peu de Pauline, cette petite grande fille, toute aimable, toute jolie, Sévigné, 524. J'en perdis mon étourderie, ma dissipation ordinaire et cet esprit de petite fille que j'avais encore, Marivaux, Marianne, 9e part.

    Grande fille, se dit aussi, par euphémisme, d'une jeune fille qui a pour la première fois ses règles. Est-elle déjà grande fille ?

  • 4Il se dit par opposition à femme mariée. Elle veut rester fille. Chaque moment d'attente ôte de notre prix, Et fille qui vieillit tombe dans le mépris ; C'est un nom glorieux qui se garde avec honte, Corneille, Menteur, II, 2. Fille se coiffe volontiers D'amoureux à longue crinière, La Fontaine, Fabl. IV, 1. Ascagne, je suis fille à secret, Dieu merci, Molière, Dép. am. II, 1. La garde de deux filles est un peu trop pesante pour un homme de mon âge, Molière, les Préc. 5. Et, pour vous en punir, vous mourrez vieille fille, Th. Corneille, D. Bertr. de Cigarral, V, 11. Crois-tu que, d'une fille humble, honnête, charmante, L'hymen n'ait jamais fait de femme extravagante ? Boileau, Sat. X. Il n'a point détourné ses regards d'une fille, Seul reste du débris d'une illustre famille, Racine, Brit. II, 3. Que l'esprit d'une fille est changeant et bizarre ! Regnard, le Joueur, II, 11. Ce n'est point par douceur qu'on rend sages les filles ; Je veux du haut en bas faire attacher des grilles, Et que de bons barreaux, larges comme la main, Puissent servir d'obstacle à tout effort humain, Regnard, Fol. am. I, 2. Il y a trop longtemps que je suis fille, et il me faut un mari pour m'ôter ce titre ennuyeux, Destouches, le Tambour nocturne, III, 1. Vous connaissez les différents états ; dites-moi, en est-il un plus triste et moins considéré que celui d'une fille âgée ? Diderot, Père de famille, II, 2. Hélas ! que j'en ai vu mourir de jeunes filles ! C'est le destin ; il faut une proie au trépas, Hugo, Orient. 23.

    Être fille à, être capable de. Oh ! je ne suis pas fille à t'en faire un mystère, Destouches, Irrésolu, II, 4. Je suis fille à tomber malade de vapeurs, si vous ne me vendez ce charmant taureau blanc, Voltaire, Taureau blanc, 2.

    La fille, terme très familier qui se dit en parlant à une fille dont on ne sait pas le nom. Passez votre chemin, la fille, et m'en croyez, La Fontaine, Fabl. III, 1.

  • 5Nom qu'on donne à certaines religieuses. Les filles du Calvaire. Savez-vous que les filles de Port-Royal sont en liberté ? Maintenon, Lett. à Mme de Caylus, 18 nov. 1716.

    Filles bleues ou annonciades célestes, religieuses de l'ordre de Saint-Augustin. Nous aurons une belle cour, un beau jardin, un beau quartier, et de bonnes petites filles bleues qui sont fort commodes, Sévigné, 365.

    Filles-Dieu, sœurs hospitalières.

    Filles de la Charité ou sœurs grises, ainsi dites à cause de leur habit de serge grise ; elles ont pour office le service des pauvres et des malades. La première confrérie des filles de la Charité fut instituée à Châtillon en Bresse, en 1677, par saint Vincent de Paul.

  • 6 Fig. Il se dit des églises, abbayes et prieurés qui sont de la fondation et de la dépendance d'une autre église et abbaye. L'abbaye de Trois-Fontaines est fille de Clairvaux.

    Il se dit pareillement des corps adoptés par un autre. L'Académie de Soissons se disait fille de l'Académie française.

  • 7Celle qu'on regarde, qu'on aime ou qu'on traite comme sa fille. Elle est une fille pour moi.

    Ma fille, terme d'affection, en s'adressant à une jeune fille ou à une femme. Ma fille, lui dit le bon vieillard, écoutez-moi. Venez, venez, mes filles, Compagnes autrefois de ma captivité, De l'antique Jacob jeune postérité, Racine, Esth. I, 1.

    Anciennement. La Fille aînée des rois de France, l'université de Paris. On met en cette locution une majuscule à Fille.

  • 8Fille d'honneur, fille de qualité attachée au service d'une princesse. Après qu'elle eut fait part de quelques pierreries à ses filles d'honneur qu'elle a le plus chéries, Tristan, Mariane, V, 2. Toutes filles d'honneur comme il plaisait à Dieu, Hamilton, Gramm. 9. À la cour, où le plus habile N'a pas toujours un grand bonheur, La charge la plus difficile Est celle de fille d'honneur, Richelet, Dict. Le roi [Louis XIV], instruit par sa propre expérience et corrigé par les années, n'oublia rien de ce qui pouvait mettre les filles d'honneur de Mme la Dauphine sur un bon pied, Mme de Caylus, Souvenirs, p. 142, dans POUGENS. Ce fut elle [Anne de Bretagne] qui établit les filles d'honneur, dont la jeunesse et les grâces firent l'ornement de la cour, Genlis, Jeanne de France, 2e part. t. II, p. 177, dans POUGENS.

    On nommait aussi les filles d'honneur de la reine, filles de la reine. Qui était plus affreuse encore que les filles de la reine, Hamilton, Gramm. 6.

    On dit dans un sens analogue fille de la suite. Je vous charge, Narsès, du soin de sa conduite Avec deux seulement des filles de sa suite, Rotrou, Bélis. III, 6.

    Par extension. Fille d'honneur, jeune fille qui assiste et accompagne la mariée pendant la journée des épousailles.

  • 9Fille de boutique, fille employée à la vente dans une boutique.

    Fille de chambre, se disait autrefois de la fille ou femme servant à la chambre auprès d'une dame. On dit aujourd'hui femme de chambre. Rosine, la fille de chambre, vient de m'informer de tout, Brueys, Grondeur, I, 12.

    Fille de service, fille d'auberge, fille employée aux différents services d'une maison, d'une auberge. De fille de guinguette à garçon de cabaret il n'y a que la main, Dancourt, Impr. de Surêne, sc. 11.

    Absolument. La fille, la servante. Donner quelque chose à la fille, en payant la dépense.

  • 10Fille d'opéra, chanteuse ou danseuse à l'opéra. J'aimerais mieux avoir affaire à des filles de chœur d'opéra qu'à des philosophes ; elles entendraient mieux raison, Voltaire, Lett. d'Argental, 14 juill. 1760. On ne songe à eux [les paysans] que quand la peste les dévaste ; mais, pourvu qu'il y ait de jolies filles d'opéra à Paris, tout va bien, Voltaire, Lett. Bourgelat, 18 mars 1775.
  • 11Fille de joie, fille publique, ou, simplement, fille, femme prostituée. Aller chez les filles. Fréquenter les filles. Cinq ou six jeunes seigneurs, après avoir parlé chevaux, chiens, chasse ou filles, Marivaux, Paysan parvenu, 6e part. Cette ville de Paris qui n'est bonne que pour messieurs du parlement, les filles de joie et l'Opéra-Comique, Voltaire, Lett. Mme de Fontaine, 19 avr. 1760. Taisez-vous, Vous sentez le vin et la fille, Béranger, Troisième mari.

    Dans le langage administratif. Filles soumises, femmes publiques qui sont inscrites à la police et soumises à une visite médicale.

    Les filles repenties, voy. REPENTI.

    Une fille des rues, une coureuse.

  • 12 Fig. Fille se dit de ce qui est produit par. La misère est fille du vice.

    PROVERBE

    C'est la fille au vilain ; qui en donnera le plus, l'aura, se dit d'une chose qui est mise à l'enchère.

HISTORIQUE

XIe s. Granz est li dols [deuil] ki sor mei est vertiz ; Nen est merveile, n'ai mais filie ne filz, St Alexis, XCIII. Si le pere truvet sa file en avulterie en sa maisoun, Lois de Guill. 37.

XIIIe s. Sire, je en sai une, fille au roi de Hongrie, Berte, III.

XVe s. Et voulentiers tient, par saint Pierre, Le chemin fille de sa mere, Deschamps, Poésies mss. p. 511, dans LACURNE. Autant se prise beau varlet que belle fille, Leroux de Lincy, Prov. t. I, p. 232. Fille de vilain se fait toujours prier, Leroux de Lincy, ib. p. 233. Fille qui trotte et geline [poule] qui vole, de legier sont adirées, Leroux de Lincy, ib.

XVIe s. Hymeneus, qui faict la fille femme, Marot, II, 289. Au train de la mere, la fille, Leroux de Lincy, Prov. t. I, p. 232. Belle fille et mechante robe trouve toujours qui les accroche, Leroux de Lincy, ib. Fille à se parer, jeune homme à jouer et banqueter, et vieillard à boire despendent leur avoir, Leroux de Lincy, ib. Fille fenestriere ou trottiere rarement bonne menagere, Leroux de Lincy, ib. Fille oisive à mal pensive ; fille trop en rue tost perdue, Leroux de Lincy, ib. Fille qui trop se mire peu file, Leroux de Lincy, ib. Fille telle comme elle est élevée ; et estoupe comme elle est filée, Leroux de Lincy, ib. Qui a des filles est toujours berger, Leroux de Lincy, ib. Un homme riche n'est jamais vieil pour une fille, Leroux de Lincy, ib. Ni les estoupes proches aux tisons, ni moins les filles près des barons [hommes], Leroux de Lincy, ib. t. II, p. 359. Faire de sa fille deux gendres [tirer double profit d'une même chose], Oudin, Curios. fr.

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Étymologie de « fille »

Du moyen français fille, de l’ancien français fille, fillie (c. 980), filie (c. 1050), du latin filia (« enfant de genre féminin, jeune personne »), féminin de fīlĭus (« fils »).
Le mot latin se prononçait d’abord \ˈfi.li.a\. Dès le Ier siècle, le \i\ placé entre le \l\ et le \a\ final est devenu un yod qui a modifié la prononciation en \ˈfi.lja\. Puis ce yod s’est combiné au \l\ pour donner consonne spirante latérale palatale voisée, ou « l palatal », résultant en la prononciation \ˈfi.ʎa\. Ce phonème \ʎ\ a été maintenu en français jusqu’à la fin du XIXe siècle. Dans son dictionnaire, Émile Littré fait de nombreuses mises en garde visant à maintenir ce phonème, ce qui prouve qu’il était en train de disparaitre et d’évoluer en yod [1][2].
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Wallon, fèie ; provenç. filha, filla ; espagn. hija ; portug. filha ; ital. figlia ; du lat. filia.

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Phonétique du mot « fille »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
fille fij

Fréquence d'apparition du mot « fille » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « fille »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « fille »

  • Ton sein est une coupe ronde, pleine d’un vin aromatisé ; ton corps est un monceau de froment entouré de lis. Tes deux seins sont comme les deux jumeaux d’une gazelle. Ton cou est comme une tour d’ivoire ; tes yeux sont les piscines d’Hésébon, situées près de la porte Fille de la foule ; ton nez est droit et fier comme la tour du Liban, qui surveille le côté de Damas.
    Bible — Cantique des Cantiques
  • Les mâles sont surtout hardis avec les filles pauvres.
    Marcel Aymé — La Jument verte, Gallimard
  • Les hommes sont avril quand ils font la cour et décembre une fois mariés. Les filles sont mai tant qu'elles sont vierges, mais le ciel change dès qu'elles sont femmes.
    William Shakespeare — Comme il vous plaira, IV, 1, Rosalinde As you like it, IV, 1, Rosalind
  • Une fille, brave fille, deux filles, assez de filles, trois filles, avec la mère, quel tourment pour un père.
    Proverbe occitan
  • Le fou vante son cheval, l’enragé sa belle-fille et l’ignorant sa fille.
    Proverbe scandinave
  • L'ingratitude est fille du bienfait.
    Henry Murger — Scènes de la vie de bohème
  • Quand il y a une vieille fille dans une maison, les chiens de garde sont inutiles.
    Honoré de Balzac
  • Les belles filles que vous avez vues à Nîmes ne vous auront, je m'assure, pas moins délecté l'esprit par la vue que les belles colonnes de la Maison Carrée, vu que celles-ci ne sont que de vieilles copies de celles-là.
    Nicolas Poussin — Correspondance
  • Je ne sais pas quelle conjuration de cagots et de vieilles filles a pu réussir, en deux siècles, à discréditer le mot plaisir.
    Jean Anouilh — La Répétition ou l'Amour puni, II, le comte , La Table Ronde
  • Puisque les évêques ont des courages de filles, les filles doivent avoir des courages d'évêques.
    Jacqueline Pascal en religion sœur Sainte-Euphémie — Lettre, 23 juin 1661
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Traductions du mot « fille »

Langue Traduction
Anglais girl
Espagnol niña
Italien ragazza
Allemand mädchen
Chinois 女孩
Arabe فتاة
Portugais menina
Russe девушка
Japonais 女の子
Basque neska
Corse picciotta
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Synonymes de « fille »

Source : synonymes de fille sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « fille »

Combien de points fait le mot fille au Scrabble ?

Nombre de points du mot fille au scrabble : 8 points

Fille

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