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Mère

Variantes Singulier Pluriel
Féminin mère mères

Définitions de « mère »

Trésor de la Langue Française informatisé

MÈRE1, subst. fém. et adj.

I. − Emploi subst. fém.
A. − Femme qui a mis au monde, élève ou a élevé un ou plusieurs enfants. Elle vient d'accoucher de son treizième; la mère et l'enfant se portent bien (Dumas père, Kean, 1836, ii, 2, p.125):
1. La femme est faite pour être mère: c'est sa fonction dans la nature et dans la société; tout ce qui ne sert pas à cette fonction est un hors-d'oeuvre. Ménard,Rêv. païen, 1876, p.112.
1. [Rapport de filiation naturelle]
a) [La mère, considérée dans ses rapports maternels et affectifs avec ses enfants] Être mère, (être) bonne, excellente mère; mère indigne; les bras, le coeur, les genoux, le giron d'une mère; la tendresse d'une mère, les larmes d'une mère. Ô l'amour d'une mère! Amour que nul n'oublie! Pain merveilleux qu'un Dieu partage et multiplie! (Hugo,Feuilles automne, 1831, p.717).Sans ordre, sans soins, mauvaise maîtresse de maison, mauvaise mère, et mauvaise épouse (Maupass.,Contes et nouv., t.2, M. Parent, 1886, p.597).
En partic. Celle qui a porté, qui nourrit son enfant. Mère qui allaite son enfant; enfant qui tète sa mère. L'enfant participe plus sûrement de l'hypocrisie générale et des mensonges et des conventions de ses parents qu'il ne se nourrit de la mamelle de sa mère (Cendrars,Bourlinguer, 1948, p.190).
Le sein de la mère, le ventre de la mère. L'utérus. Les faibles mouvemens du foetus dans le ventre de sa mère doivent sans doute être regardés comme un simple prélude aux actes de la véritable vie animale (Cabanis,Rapp. phys. et mor., t.1, 1808, p.6).Cette femme, déterminée comme telle à trois mois dans le sein de la mère, le sexe la forme, la sculpte (Michelet,Journal, 1856, 302).
Être mère. Être enceinte. Suzanne m'envoya sa ceinture, le jour où elle sentit qu'elle était mère (Janin,Âne mort, 1829, p.214).
Future mère. Le plaisir, la grâce d'orgie, l'élégance, le désordre, la mangeuse de fortune. Et voici l'opposé: le mariage, la dot, le ménage, l'économie, la future mère, l'épouse et le mariage (Goncourt,Journal, 1865, p.153).
Rendre mère. Rendre une femme enceinte. C'est Fanette, au visage clair, Qu'un goujat rendit mère (Moréas,Pèlerin pass., 1891, p.18).
b) [L'enfant considéré par rapport à sa mère] Aimer, adorer sa mère. − Ô mère bien-aimée, à qui je dois le jour, je te promets (...) de ne jamais imiter cet homme. − C'est parfait, mon fils: il faut obéir à sa mère, en quoi que ce soit (Lautréam.,Chants Maldoror, 1869, p.147).
Rester, vivre dans les jupes de sa mère. V. jupe A 2.
Jurer sur la tête de sa mère. Faire une promesse sur ce que l'on a de plus cher. Jurez-moi sur la tête de votre mère que vous ne parlerez à personne du mal qu'on vous a fait (About,Roi mont., 1857, p.258).
PSYCHOL. Faire une fixation à la mère (v. aussi complexe* oedipien). Une des [erreurs les] plus courantes, et qui vient renforcer dangereusement la fixation à la mère, est l'idéalisation déréglée de la femme (Mounier,Traité caract., 1946, p.152).
c) [La mère, considérée par rapport au père, à la famille et à la société] La fête des mères. L'enfant ayant besoin d'une mère pour l'allaiter et l'élever, d'un père pour le protéger et le guider dans la vie, la famille est la raison d'être et la finalité de l'amour (Ménard,Rêv. paien, 1876, p.113):
2. La Française est un être de maison; elle veut garder les enfants chez elle et les élever (...) elle a un goût tenace de la famille, elle veut que la famille soit réunie dans les mêmes murs; avant tout, elle est une mère. Chardonne,Ciel, 1959, p.16.
Emploi adj. Dont l'instinct maternel est (plus ou moins) développé. [La mère] agit et prévoit, elle aime plus ou moins; elle est plus ou moins mère (Michelet,Oiseau, 1856, p.3).
Être plus mère qu'épouse, plus épouse que mère. Être plus soucieuse de ses devoirs de mère que d'épouse (ou inversement). Elle était, aux yeux de Daniel, devenue autre, à la fois moins grisante et plus humaine, − plus épouse et plus mère (Van der Meersch,Invas. 14, 1935, p.143).
Mère abusive. V. abusif.
Père et mère. [Emploi coll. pour parents] N'avoir ni père ni mère. Synon. être orphelin*.[P. exagér. pour désigner des pers. auxquelles on est très attaché] Quand elle rit, c'est ben simple, le meilleur des hommes renierait père et mère (Guèvremont,Survenant, 1945, p.238).
[P. allus. biblique Tes père et mère honoreras] Ce mystère le troubla, lui rappelant la parole de Dieu: Tes père et mère honoreras, Afin de vivre longuement (Adam,Enf. Aust., 1902, p.122).
Mère de famille. Femme mariée s'occupant de la maison et des enfants. Elle est encore jolie, bonne, douce; c'est une excellente mère de famille, fidèle à tous ses devoirs, pieuse et non dévote (Stendhal,Rouge et Noir, 1830, p.292).
Mère gigogne (fam.). Mère de famille nombreuse. Neveux et nièces, petits-neveux et petites-nièces de madame Danquin qui, sans enfants, était néanmoins une mère Gigogne (A. France,Vie fleur, 1922, p.502).
DR. Mère au foyer. Mère se consacrant aux charges de son foyer et bénéficiant à ce titre d'une allocation spéciale. Le montant mensuel de l'allocation de salaire unique et celui de l'allocation de la mère au foyer sont fixés par décret en fonction, le cas échéant, du nombre d'enfants à charge et de leur âge (Réforme Séc. Soc., 1968, p.49).
Mère célibataire*, fille(-)mère. V. fille II A 2 b.
RELIG. La mère de Dieu, la vierge mère. Marie, mère de Jésus et p. ext. mère de tous les chrétiens. Douce Vierge d'un Voeu, Toi notre bonne Mère, Appuie auprès de Dieu Les paroles de feu De toute humble prière, En ce lieu de Porrière (Nouveau,Valentines, 1886, p.244).
d) P. anal. [Chez les animaux] Femelle ayant eu ou élevant des petits. Les animaux nouveau-nés n'ont besoin de leur mère que pendant quelques mois (Laclos,Éduc. femmes, 1803, p.451).La mère lièvre (Colette,Sido, 1929, 95):
3. Il y a des Poil de Carotte parmi les petits poulets. J'en vois un que sa mère chasse de dessous ses ailes, qu'elle crible de coups de bec, simplement peut-être parce qu'il a une tache noire mal placée au goût de sa maman. Renard,Journal, 1901, p.670.
Mère poule. Des pouillards déjà gros trottaient autour d'une mère poule (Genevoix,Raboliot, 1925, p.319).P. anal. Femme qui fait preuve d'une vigilance inquiète à l'égard de ses enfants. Quelle admirable mère poule vous faites, ma chérie (Aymé,Tête autres, 1952, p.105).
Loc. fig. (allus. littér.). Faire des contes de ma mère l'oie. Raconter des histoires peu crédibles. Qu'importent ces balivernes à un enfant de son âge. Il s'amuse de cela comme de contes de la mère l'oye (Adam,Enf. Aust., 1902, p.119).
e) Appellatif
Madame mère. [Titre donné à la mère d'une personnalité importante ou employé ironiquement] Je me dirigeai vers la bibliothèque. Madame mère faisait de la chaise longue (H.Bazin, Vipère, 1948, p.93).
Madame + nom de famille + mère. [Appellation permettant de distinguer la mère de l'épouse portant un nom identique] Madame Bovary mère pensait à son mari. Les pires jours d'autrefois lui réapparaissaient enviables (Flaub.,MmeBovary, t.2, 1857, p.99).
Reine(-)mère. Mère d'un roi régnant. C'est la reine-mère, Marie-Julie; reine douairière, à son âge, c'est de bonne heure, c'est terrible (Scribe,Bertrand, 1833, i, 1, p.122).
Rem. En ce qui concerne les rapports de filiation au second, troisième degré, voir: (arrière)-grand-mère*, mère-grand, archaïsme ou emploi plaisant pour grand-mère (plur. mères-grand). Vous y dansiez petite fille Y danserez-vous mère-grand C'est la maclotte qui sautille Toutes les cloches sonneront (Apoll., Alcools, 1913, p.81). Rapport de filiation indirecte: belle-mère*.
2. P. ext. [Sans rapport de filiation naturelle]
a) Mère adoptive, d'adoption. Femme ayant obtenu le statut de mère par un acte légal lui ouvrant des droits identiques à ceux d'une mère naturelle; p. ext. personne que l'on considère un peu comme sa propre mère. Un mariage lui acquérait le droit de vivre avec sa tante, la duchesse de Verneuil, soeur du prince de Blamont-Chauvry, qui pour elle était une mère d'adoption (Balzac,Lys, 1836, p.60).
b) Mère nourrice, nourricière. Femme ayant élevé au sein un ou plusieurs enfants autres que les siens:
4. Toute science ne s'acquiert que par l'expérience. Enseigner aux enfants la vertu par la théorie de la morale, c'est leur enseigner à parler par la grammaire, et à marcher par les lois de l'équilibre: sur tous ces points, leurs mères nourrices leur feraient faire plus de progrès que tous les professeurs des académies. Bern. de St-P.,Harm. nat., 1814, p.283.
Au fig. L'agriculture est sainte; elle est la mère nourrice de l'homme, et celui qui sème un grain de blé fait une action agréable aux dieux (Gautier,Rom. momie, 1858, p.268).
c) Toute femme ou jeune fille remplissant un rôle maternel. Agir, se comporter en mère, être une vraie mère pour qqn. Elle est digne de l'aimer en mère; mais elle est trop aimable pour n'être pas aimée d'une autre manière (Senancour,Obermann, t.2, 1840, p.42).
THÉÂTRE. Type de rôle d'acteur. Jouer les mères nobles. Étant la seule femme de la troupe, elle jouait les mères, les épouses, les amantes (A. France,Pt Pierre, 1918, p.76).
P. anal. Mère (aux chats). Femme reportant toute son affection sur un animal:
5. Je me méfie, dit le Duc, des gens qui ont tant d'amour pour les bêtes: c'est souvent qu'ils reportent sur elles l'amour qu'ils n'ont pas pour les hommes. La mère aux chats est presque toujours une femme méchante. Montherl.,Bestiaires, 1926, p.445.
d) Arg., vieilli. Mère d'occase. Entremetteuse; ,,pseudo-mère d'actrice. Mère de fille galante qui fait la cuisine, cire les bottes et débat les prix`` (Rigaud, Dict. du jargon paris., 1878 ds quem. DDL t.23).
3. Expr. proverbiales vieillies
a) [P. réf. à Florian, La Mère, l'enfant et les Sarrigues, 1792, iii, 1] : L'asile le plus sûr est le sein d'une mère.
b) C'est le ventre de ma mère, je n'y retourne plus. L'expérience ne vaut pas la peine qu'on la renouvelle. (Dict. xixes.).
c) Il veut apprendre à sa mère à faire des enfants. Vouloir donner des leçons à une personne plus expérimentée que soi (Dict. xixes.).
B. − P. anal.
1. Femme qui par sa position sociale dirige d'autres personnes ou exerce des responsabilités auprès d'elles.
a) Supérieure d'un couvent. Mère-abbesse. Rien n'existe à ses yeux, ni l'ordre, ni la mère supérieure devant qui chacun tremble, ni les pensées du saint fondateur (Jouve,Paulina, 1925, p.181).
Religieuse professe. Mère Marie de Sainte-Anne-d'Auray, mère Marie de la Visitation, mère Marie de je ne sais plus quel saint (H. Bazin,Vipère, 1948, p.76).
b) Vieilli. [Dans les sociétés de compagnonnage] Hôte ou hôtesse d'une auberge fournissant gîte et couvert à des compagnons (v. ce mot II B); p. méton. l'auberge elle-même:
6. Par Mère, on entend l'hôtellerie où une société de compagnons loge, mange et tient ses assemblées. L'hôtesse de cette auberge s'appelle aussi la Mère; l'hôte, fût-il célibataire, s'appelle la Mère. Il n'est pas rare qu'on joue sur ces mots et qu'on appelle un bon vieux hôtelier le père la Mère Sand, Compagn. Tour de Fr., 1840, p.92.
2.
a) [Comme appellation fam.]
Mère + nom propre.Titre donné à une personne âgée par familiarité ou ironie. La Mère Michel. Cette pauvre mère Chantemesse, elle a au moins soixante-douze ans. J'étais gamine, qu'elle achetait déjà ses navets à mon père (Zola,Ventre Paris, 1873, p.613).
Grosse mère. Femme d'un certain âge arrondie par l'obésité. Une grosse mère, échouée sur une banquette au milieu d'une tribu de mioches mal mouchés (Zola, Œuvre, 1886, p.310).
Rem. S'applique de manière hypocoristique à une petite fille bien potelée (v. gros père). Synon. grosse mémère.
b) Appellatif fam. ou jurons
Petite mère. [Terme d'affection pour appeler, désigner sa mère ou toute pers. qui en tient lieu] :
7. Mais l'enfant, égayé justement par cette aubaine, gigotait, riait à s'étouffer. − Non, non... Reste, petite mère... Joue, petite mère... Elle patientait, elle se montrait très douce, répétant avec des caresses: − Fais dodo, mon chéri... Fais dodo, pour me faire plaisir. Zola,Débâcle, 1892, p.532.
Appellatif pop. − Ma fille, vous savez que cette lampe coûte très cher, et qu'on ne peut la réparer qu'en Angleterre. (...) − Hé! dis donc, la petite mère, et ton pot de chambre... Est-ce qu'il coûte très cher?... (Mirbeau,Journal femme ch., 1900, p.24).
Bonne mère. [Région., p. réf. à Notre-Dame de la Garde de Marseille, appelée «bonne mère»] Juron marseillais. Bonne mère, que les diables de la mer lui mangent son bateau [à Marius] sous les pieds! (Pagnol,Fanny, 1932, i, 2etabl., 6, p.96).
C. − Celle, ce qui est à l'origine des êtres ou des choses
1. [Désignant des pers. ou des personnages mythol.]
a) Ève, mère du genre humain. − I dit qu'alle a eu un éfant. − Elle n'est pas la première à qui ça arrive, depuis notre mère Ève (Maupass.,Contes et nouv., t.1, Père Amable, 1886, p.216).
b) MYTH. Mère, déesse(-)mère. Nom donné à plusieurs déesses de la fécondité (Astarté, Cybèle, Isis). Toi [Astarté], déesse, toi la mère des dieux et des hommes, la joie et la douleur du monde! (Louys,Aphrodite, 1896, p.41).
2. P. métaph. [Désignant, par personnification des entités communes au genre humain ou à une partie de l'humanité]
a) Mère, mère universelle. La nature. Nature! abri de toute créature! Ô mère universelle! indulgente nature! (Hugo,Voix intér., 1837, p.290).
b) Mère, mère commune, terre(-)mère. La terre, celle qui engendre, produit et nourrit. Les entrailles de la terre, notre seconde mère, nous enfanteront à l'éternité dont nous n'avons pas aujourd'hui la plus légère notion (Chateaubr.,Mém., t.1, 1848, p.623).
Emploi adj. Ces rapports réciproques entre la terre mère ou nourrice et la vie organisée qu'elle supporte et alimente, ne sont pas également apparents (Valéry,Regards sur monde act., 1931, p.117).
c) RELIG. L'église, qui rassemble tous les fidèles chrétiens. Révérendissime père, notre Mère la Sainte Église vous demande d'élever ce sous-diacre à la charge de diacre (Billy,Introïbo, 1939, p.138).
3. [Désignant un lieu] Ville, pays d'origine de. Synon. berceau.La Grèce est la mère des ergoteurs, des rhéteurs et des sophistes (Taine,Philos. art, t.2, 1865, p.102).
La mère(-)patrie. Patrie d'origine. J'ai reçu bien des lettres de nos religieux accourant pour défendre la mère patrie (Barrès,Cahiers, t.11, 1914, p.117).
4. Au fig.
a) Source, cause de. La haine est la mère de la guerre; la mère est infâme, la fille est affreuse (Hugo,Actes et par., 4 1885, p.96).
b) Proverbes et maximes
La prudence est mère de la sûreté (v. Pailleron, Monde où l'on s'ennuie, 1869, iii, 2, p.131).La chasteté est la mère des vertus (v. Joubert, Pensées, 1824, p.200)L'ignorance est la mère de tous les crimes (v. Balzac, Cous. Bette, 1846, p.404).L'oisiveté est la mère de tous les vices (v. Reybaud, J. Paturot, 1842, p.344).
D. − Emplois techn. Élément donnant naissance à un (ou plusieurs) autre(s) semblable(s) à lui.
1. BOT., HORTIC. [En compos.] Branche, pied, plante destiné(e) à la multiplication. La vulgarisation des méthodes de sélection clonale en France est récente et la surface plantée en pieds-mères de clones est encore réduite (Levadoux,Vigne, 1961, p.124):
8. ... s'obstinant à vouloir coucher d'équerre les duchesses qui devaient former les cordons unilatéraux, il les cassait ou les arrachait invariablement. Quant aux pêchers, il s'embrouilla dans les sur-mères, les sous-mères et les deuxièmes sous-mères. Flaub.,Bouvard, t.1, 1880, p.41.
2. POTERIE. Moule en plâtre destiné à reproduire de nouveaux modèles. On peut couler sur [un] modèle-type cinquante modèles qu'on appelle des mères (Al. Brongniart, Arts céram., t.1, 1844, p.129).
3. Mère du vinaigre. Membrane gélatineuse se formant à la surface du vinaigre et étant à l'origine d'une nouvelle production. N'oublions pas la bonbonne de vinaigre, où nage une mère vineuse et plantureuse comme un poumon (H. Bazin,Mort pt cheval, 1949, p.256).
II. − Emploi adj. ou en appos. Qui est à l'origine, qui est la source, la cause principale (de).
A. − Lang. cour. Shakespeare est au nombre des cinq ou six écrivains qui ont suffi aux besoins et à l'aliment de la pensée: ces génies-mères semblent avoir enfanté et allaité tous les autres (Chateaubr.,Litt. angl., t.1, 1836, p.276).Tout à coup on se trouve dans la principale rue, dans la rue mère d'où s'engendre tout le village, lequel est situé sur la croupe de la falaise (Hugo,Fr. et Belg., 1885, p.152).
Idée(-)mère. Idée principale (d'une théorie, d'un ouvrage), dont découlent toutes les autres. Synon. idée maîtresse*.La distinction de l'acte et de la puissance, une des idées mères de sa philosophie (Renouvier,Essais crit. gén., 3eessai, 1864, p.21).
Maison mère. Établissement religieux principal dont relèvent un certain nombre de communautés. Le moine faisait en Illyrie de fréquents voyages, chargé de missions entre la maison mère de la rue des Fourneaux et les couvents franciscains de Zara et de Raguse (A. Daudet,Rois en exil, 1879, p.131).
P. ext. Établissement principal dont dépendent un certain nombre de succursales. Société mère. Commerce entre maisons mères et filiales (Perroux,Écon. XXes., 1964, p.187).
B. − Emplois techn.
1. BEAUX-ARTS. Couleur mère. Couleur primitive permettant d'en composer de nouvelles. Les couleurs peuvent être profondes ou légères, riches de teinture ou neutres, c'est-à-dire plus sourdes, franches, c'est-à-dire plus près de la couleur mère (Fromentin,Maîtres autrefois, 1876, p.318).
2. BIOL. Cellule* mère.
3. BOT. Branche* mère. Il y a une combinaison harmonique visible de la vibration affolée de la feuille avec celles de la tigelle, du rameau, puis de la branche mère et de la grosse branche aïeule (Valéry,Tel quel II, 1943, p.123).
4. CHIM. Liqueur, solution mère. Eau(-)mère. Eau saline saturée après cristallisation. L'eau mère qui a fourni ces cristaux est elle-même complétement inactive (Pasteurds Ann. chim. et phys., t.24, 1848, p.458).
5. DOCUM., MICROGRAPHIE. Microfiche-mère. V. microfiche.
6. GÉOL. Roche(-)mère. Roche servant de base principale à certains terrains. La roche mère des Cévennes, un moment abolie sous les avalanches d'humus (...) reparaît ici dans toute sa force (Fabre,Oncle Célestin, 1881, p.162).
7. LING. Langue(-)mère. Langue d'où sont normalement issues un certain nombre d'autres langues. La plupart des langues que nous appelons mères, ne sont elles-mêmes que des dérivés (Boucher de Perthes,Création, t.3, 1864, p.345).Le latin est la langue-mère du français (Mar.Lex.1951):
9. Le premier comparatiste qui proposa des reconstitutions précises, Schleicher, figura la genèse des langues indo-européennes sous la forme d'un arbre généalogique: de la langue-mère se seraient détachés comme d'un tronc commun des rameaux qui (...) aboutiraient aux différentes langues par une série de ramifications successives. Lang. Monde, 1952, p.XXX.
8. MUS. Note(-)mère. V. médian I.
Rem. V. les comp. dure-mère, pie-mère.
Prononc. et Orth.: [mε:ʀ]. Ac. 1694, 1718: mere; 1740: mére; dep. 1762: mère. Étymol. et Hist. 1. a) 2emoitié du xes. medre «femme qui a mis un enfant au monde» (St léger, 137 ds T.-L.); 1510 mère de famille (Nouveau coutumier général, éd. Ch. A. Bourdot de Richebourg, t.4, p.1168); 1848 fille-mère (H. Tampucci, Poésies anciennes et nouv., 309 ds Quem. DDL t.15); b) fin xes. madre «la vierge Marie» (Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 353); ca 1200 la mere Deu (J.Bodel, Saxons, éd. F. Menzel et E. Stengel, t.1, 714); 1324 mère «nourrice» (doc. ds La Curne); 1552 mère nourrice (Est.); c) 1874 mère noble (Lar. 19e); d) 1721 ma bonne mère (Trév. avec citat. de MlleL'Héritier [1664-1734]); 1756 ma petite mère (Théâtre des boulevards, Léandre grosse, III, 188 ds Quem. DDL t.18); 2. a) ca 1130 mere iglise de parosse «église métropolitaine» (Lois G. Le Conquérant, éd. J. E. Matzke, § 1, 1); fin xiies. nostre meire Sainte Eglise (Sermons St Bernard, éd. W.Foerster, p.33, 15); b) 1580 mère «hôtesse mariée» (d'apr. Esn.); 1790 aubergiste mère (Proc.-Verb. Com. Agr. et Comm. du 27 oct. ds Brunot t.9, p.1186); c) 1612 mère (une telle) «religieuse professe» (D'Aubigné d'apr. FEW t.6, 1, p.469a); 1664 la mère supérieure (Mmede Sévigné, Lettre à M. de Pompone du 24 nov. ds Lettres, éd. Monmerqué, t.1, p.446); 3. a) ca 1200 mère «femelle d'un animal qui a des petits» (Aiol, 2712 ds T.-L.); b) 1546 oysiveté est mère de luxure (Rabelais, Tiers Livre, éd. M. A. Screech, XXXI, p.219); c) 1558 mère (des arts, des lois, etc.) «lieu d'origine» (Du Bellay, Regrets IX, éd. Droz, p.43); 1616 nostre mère hardie (la France) (A. D'Aubigné, Tragiques, éd. E. Réaume et De Caussade, t.4, p.73); 1774 mère patrie «pays qui a fondé une colonie» (Gazette des Deux-Ponts, no14, 17 févr., 110 ds Quem. DDL t.21); d) 1605 mère-souche «souche d'un arbre coupé à ras, dont on tire des marcottes ou des greffes» (Ol. de Serres, Théâtre d'agriculture, 163); 1721 mère branche (Trév.); 1690 langue mère (Fur.); 1745 idée mère (Charp, Hist. nat. de l'âme, p.112); 4. 1868 mère de vinaigre (Littré). Du lat. mater «mère (d'un homme ou d'un animal); métropole, patrie; cause, origine». Fréq. abs. littér.: 37022. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 47267, b) 72605; xxes.: a) 50402, b) 47903. Bbg. Baldinger (K.). «Mutter (seelen) allein, mutternackt», «mère-seul, mère-nu»... Z. rom. Philol. 1956, t.72, pp.88-107. _ Gak (V.G.). On the problem of general semantic laws. Linguistics. La Haye. 1976, no182, p.50. _ Kuznecon (A.M.). On the typology of the semantic field of kinship terms. Linguistics. La Haye. 1974, no125, p.8. _ Quem. DDL t.2, 14, 18, 19, 21.

Wiktionnaire

Adjectif - français

mère \mɛʁ\ masculin et féminin identiques

  1. Qualifie ce qui est à la source d'une autre chose.
    • Quand la cristallisation est achevée on sépare les cristaux de la liqueur mère qui se compose principalement d’acide oléique, on les fait recristalliser dans l’alcool à plusieurs reprises. — (J. Fritsch, Fabrication et raffinage des huiles végétales, manuel à l'usage des fabricants, raffineurs, courtiers et négociants en huiles, Paris : chez H. Desforges, 1905, page 5)
    • Dans de nombreux pays, une pratique judicieuse consiste à glisser une pierre entre le rejet et la base du stipe afin de l'obliger à se développer en s'éloignant du pied mère. — (Gilles Peyron, Cultiver le palmier-dattier, CIRAD/GRIDAO, 2000, page 66)

Nom commun - français

mère \mɛʁ\ féminin (pour un homme, on dit : père)

  1. Femme qui a donné naissance à au moins un enfant.
    • Mais comment, cependant, ne pas consacrer au moins un mot à cette admirable pouponnière, à cette garderie, à ces parcs à bébés où les jeunes mères déposent leurs petits, qu’elles viennent, à intervalles réguliers, allaiter avec des précautions de propreté, une incessante éducation d’hygiène dont je m’émerveille ? — (Ludovic Naudeau, La France se regarde : le Problème de la natalité, Librairie Hachette, Paris, 1931)
    • Quelque mois après les élections, suivant l’un de ses fils, précédant l’autre, s’éteignait notre mère, ma mère vénérée, ma mère dont le portrait emplit la pièce où je travaille, ma mère dont le regard, vivant sur la toile, enveloppe encore son enfant préféré. — (Joseph Caillaux, Mes Mémoires, I, Ma jeunesse orgueilleuse, 1942)
    • Premiers matins où les jeunes mères aiment leur fils, mais pas encore par amour maternel ; elles le plaignent, elles l’admirent : il sera un grand artiste : il se mariera. — (Jean Giraudoux, Retour d’Alsace - Août 1914, 1916)
    • Dès que leurs enfants pourraient s’y aventurer, […], les mères les sermonnent à grosse voix : « Ne va jamais là tout seul, sais-tu : la bête à crochets te mangerait ». — (Jean Rogissart, Passantes d’Octobre, Librairie Arthème Fayard, Paris, 1958)
    • Il n'y a pas encore très longtemps, les mères donnaient le jour à leurs enfants à leur domicile, et l'on décédait chez soi ou chez ses enfants. — (Gérard-François Dumont, avec la collaboration de Pierre Chaunu, Jean Legrand & Alfred Sauvy, La France ridée : les conditions du renouveau, nouvelle édition, Hachette, 1986)
    • Il traita d’abord Joséphine de putain, chose affirma-t-il qui ne l’étonnait guère attendu qu’elle était la fille de sa mère, […]. — (Louis Pergaud, Joséphine est enceinte, dans Les Rustiques, nouvelles villageoises, 1921)
  2. Femme qui a pris le rôle et la responsabilité maternelle dans la vie d’un enfant.
    • Une mère adoptive.
  3. Femelle d'un animal, lorsqu’elle a un ou plusieurs petits.
    • La mère de ce poulain a gagné de nombreux concours.
    • Un faon qui suit sa mère.
  4. Hôtesse d’une auberge qui recevait des compagnons, dans la tradition du compagnonnage.
    • Il est compagnon du devoir, il a une grande canne avec de longs rubans, et il m’emmène quelquefois chez la Mère des menuisiers. — (Jules Vallès, L’Enfant, G. Charpentier, 1889)
    • Nine, c’est un peu comme la mère de ce compagnonnage, où les loups sourient aux dévorants. — (Victor Méric, Les Compagnons de l’Escopette, Éditions de l’Épi, Paris, 1930, page 191)
    • Comme il était alors d’usage, c’est une mère des compagnons qui gouvernait toute la maison.
      Celle-là était la jeune veuve d’un ferronnier, qui était tombé d’un clocher dont il venait de poser la croix.
      — (Marcel Pagnol, Le temps des secrets, 1960, collection Le Livre de Poche, page 39)
  5. (Figuré) Environnement ou lieu où une chose a commencé, ou bien source, origine.
    • Verser le sang pour la mère patrie (c’est-à-dire le pays où l’on est né)
    • Ignorance est mère de tous les maux. — (Rabelais, Cinquième livre,)
  6. (Religion) Religieuse qui dirige un couvent.
    • La mère abbesse sera absente pour la semaine.
    • La mère supérieure charitable que fut Mère Teresa a été canonisée.
    • Vous deviez, ma mère, surveiller plus étroitement les novices.
  7. Restauratrice, cheffe cuisinière.
    • Des célèbres mères lyonnaises, nulle ne fut plus connue que la Mère Brazier, première femme qui a obtenu trois étoiles au Guide Michelin en 1933.
  8. (Familier) Femme âgée. — Note : se dit parfois de façon ironique, et souvent précède le nom de cette femme.
    • La mère Malard, branlant son bonnet noir, en a avalé les « Ave Maria » qu’elle bavotte à mi-voix, au long des heures, pour la conversion des pécheurs. — (Jean Rogissart, Mervale, Éditions Denoël, Paris, 1937, page 20)
  9. (Familier) Interpellation familière adressée notamment par l'époux à son épouse.
    • — Allons, la mère, allons voir s’il y a encore de la soupe ; moi j’en mangerai bien une potée. — (Guy de Maupassant , Histoire d’une fille de ferme, dans La maison Tellier, 1891, réédition Le Livre de Poche, page 122)
  10. Levure de première fermentation, levure d’origine.
    • Une mère de kéfir, un levain mère.
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

MÈRE. n. f.
Femme qui a mis un enfant au monde. Mère tendre. Mère dénaturée. Elle est la mère d'un tel. Elle est mère d'une famille nombreuse. Un cœur de mère. Les devoirs d'une mère. Il est parent du côté de la mère. Ils sont frères de père et de mère. Il se dit aussi des Femelles des animaux, lorsqu'elles ont des petits. La mère de ce poulain. La mère de ces chiens. La mère et les poussins. Un faon qui suit sa mère. Mère de famille, Femme mariée qui a des enfants. Notre première mère, Ève, la femme d'Adam. Grand-mère, Aïeule. Grand-mère du côté paternel, du côté maternel. Grand-mère paternelle, maternelle. Populairement, on dit quelquefois Mère-grand. Belle-mère, Terme relatif. C'est, à l'égard des enfants, la Femme que leur père a épousée, après la mort de leur mère; à l'égard d'un gendre, la Mère de sa femme; et, à l'égard d'une bru, la Mère de son mari. Fig., Notre mère commune, La terre. Fig., L'Église est la mère des fidèles. Notre mère la sainte Église. Notre sainte mère l'Église. Fig., Cette femme est la mère des pauvres, Elle fait de grandes charités; elle donne des soins aux pauvres. Fig. et fam., Contes de ma Mère l'Oie. Voyez CONTE. Fig. et fam., La mère une telle, se dit d'une Femme du peuple un peu âgée. La mère Michel. Venez, la mère, la bonne mère, qu'on vous parle.

MÈRE est aussi la qualification qu'on donne à certaines Religieuses. La mère prieure. La mère abbesse. La mère Angélique. Ma mère.

MÈRE se prend figurément pour Cause. L'oisiveté est la mère de tous les vices. La nécessité est la mère des inventions. Il se dit aussi des Lieux, des établissements où une chose a commencé et s'est perfectionnée. La France, mère des arts.

MÈRE s'emploie quelquefois adjectivement, comme dans les locutions suivantes : La reine mère, La reine douairière. La mère patrie, L'État, le pays qui a fondé une colonie et qui la gouverne. Langue mère, Langue qui ne paraît dérivée d'aucune autre et dont quelques-unes sont dérivées. L'hébreu est une langue mère. L'idée mère d'un ouvrage, La principale idée d'un ouvrage, l'idée dont il est le développement. Maison-mère, Établissement religieux qui est à la tête d'un certain nombre de couvents. Mère branche, Grosse branche d'où sortent plusieurs autres branches. Mère perle, Grosse coquille qui renferme quelquefois un grand nombre de perles. En termes de Chimie, Eau mère, Eau de cristallisation après que les cristaux se sont déposés. Mère de vinaigre, Couche qui se forme à la surface du vinaigre et qui permet d'en fabriquer à nouveau. En termes d'Anatomie, Dure-mère et Pie-mère, Deux des membranes qui enveloppent le cerveau.

Littré (1872-1877)

MÈRE (mè-r' ; Chiflet, Gramm. p. 190, au XVIIe siècle, dit qu'on prononce mére) s. f.
  • 1Femme qui a mis un enfant au monde. Que ne peut point un fils sur le cœur d'une mère ! Corneille, Rodog. IV, 4. Comme un enfant que sa mère arrache d'entre les bras des voleurs, doit aimer, dans la peine qu'il souffre, la violence amoureuse et légitime de celle qui procure sa liberté, Pascal, Pens. XXIV, 61 ter. Vous avez perdu ces heureux moments où vous jouissiez des tendresses d'une mère qui n'eut jamais d'égale ; mais il vous reste ce qu'il y a de plus précieux, l'espérance de la rejoindre dans le séjour de l'éternité, Bossuet, Mar.-Thér. Nous vîmes alors [en une maladie dangereuse du Dauphin] dans cette princesse, au milieu des alarmes d'une mère, la foi d'une chrétienne, Bossuet, ib. Elle pouvait dire avec le prophète : mon père et ma mère m'ont abandonnée ; mais le Seigneur m'a reçue en sa protection, Bossuet, Duch. d'Orl. Femme et mère très chérie et très honorée, elle a réconcilié avec la France le roi son mari et le roi son fils, Bossuet, Reine d'Anglet. Ô mère, ô femme, ô reine admirable ! Bossuet, ib. Il demeura sous la conduite d'une mère que les pauvres avaient toujours regardée comme la leur, Fléchier, Lamoignon. Souvenez-vous de ces années stériles où, selon le langage du prophète, le ciel fut d'airain et la terre de feu : les mères mouraient sans secours sous les yeux de leurs enfants, les enfants entre les bras de leurs mères, faute de pain, Fléchier, Aiguillon. Des droits de ses enfants une mère jalouse Pardonne rarement aux fils d'une autre épouse, Racine, Phèd. 11, 5. Mais enfin j'étais mère et pleine de faiblesse, Voltaire, Œdipe, IV, 1. C'est une mère ravie à ses enfants dispersés, Qui leur tend de l'autre vie Ces bras qui les ont bercés, Lamartine, Harm. II, 1. Ô l'amour d'une mère, amour que nul n'oublie ! Pain merveilleux qu'un Dieu partage et multiplie, Table toujours servie au paternel foyer ! Chacun en a sa part, et tous l'ont tout entier ! Hugo, Feuilles d'automne, I.

    Fils de bonne mère, voy. FILS, n° 1.

    Fig. Cette femme est la mère des pauvres, elle fait de grandes charités, elle donne des soins aux pauvres. [Sa mort] moment fatal pour tant de pauvres dont elle était la mère et la protectrice, Fléchier, Aiguillon.

  • 2Il se dit des femelles des animaux. Une chienne mère de trois petits.
  • 3Mère de famille, femme mariée qui a des enfants. La véritable mère de famille, loin d'être une femme du monde, n'est guère moins recluse dans sa maison que la religieuse dans son cloître, Rousseau, Ém. V. Y a-t-il au monde un spectacle aussi touchant, aussi respectable, que celui d'une mère de famille entourée de ses enfants, réglant les travaux de ses domestiques, procurant à son mari une vie heureuse, et gouvernant sagement la maison ? Rousseau, Lett. à d'Alemb.
  • 4La mère de Dieu, Marie, la sainte Vierge.

    Mère de Dieu, nom d'un ordre de chevalerie, institué en 1233, et confirmé en 1262, par Urbain VI, sous la règle de Saint-Dominique, pour soutenir les intérêts des veuves et des orphelins ; la marque était une croix pattée de rouge, avec deux étoiles en chef, de même couleur, sur une soutane blanche.

  • 5Notre première mère, ève, la femme d'Adam.
  • 6Dans le paganisme, la mère des dieux, Cybèle.
  • 7Mère nourrice, la femme qui donne à teter à un enfant au lieu de la véritable mère.

    Demi-mère, nom qui a été donné quelquefois aux nourrices.

  • 8Grand'mère, mère-grand, voy. GRAND'MÈRE.

    Fig. Contes de ma mère l'oie, contes dont on amuse les enfants. Et ne m'émeus non plus, quand leur discours fourvoie, Que d'un conte d'Urgande et de ma mère l'oie, Régnier, Sat. X.

    Faire des contes de ma mère l'oie, dire des choses où il n'y a nulle apparence de raison et de vérité.

  • 9Belle-mère, voy. BELLE-MÈRE.
  • 10Mal de mère, affection de matrice, et, particulièrement, l'hystérie. Mlle de Clisson a de grands maux de mère, Sévigné, 91.
  • 11 Fig. Notre mère commune, la terre.

    La terre notre mère, la terre qui nous nourrit. Vous rougirez de la charrue, vous renierez la terre votre mère, et l'abandonnerez, Courier, Simple discours.

    Mère se dit des contrées considérées comme origine. Albe est ton origine ; arrête et considère Que tu portes le fer dans le sein de ta mère, Corneille, Hor. I, 1. Patrie aux flancs féconds, sainte mère des hommes, Ce que furent jadis nos pères, nous le sommes ! Th. Gautier, Prologue d'ouverture, 1845.

    Fig. Quand, par les rois chrétiens aux bourreaux turcs livrée, La Grèce, notre mère, agonise éventrée, Hugo, Feuilles d'automne, XL.

  • 12 Fig. La mère des fidèles, l'Église. Notre mère sainte Église. L'Église ne fait que gémir… mère affligée, elle a souvent à se plaindre de ses enfants qui l'oppriment ; on ne cesse d'entreprendre sur ses droits sacrés, Bossuet, le Tellier. Que dirai-je des saintes prières des agonisants, où, dans les efforts que fait l'Église, on entend ses vœux les plus empressés et comme les derniers cris par où cette sainte mère achève de nous enfanter à la vie céleste ? Bossuet, Louis de Bourbon.

    Se dit des églises qui en ont fondé d'autres, ou qui ont établi des congrégations.

    Il se dit aussi des religions qui en ont enfanté d'autres. Les religions chrétienne et musulmane reconnaissent la juive pour leur mère ; et, par une contradiction singulière, elles ont à la fois pour cette mère du respect et de l'horreur, Voltaire, Dict. phil. Juifs.

  • 13 Fig. et familièrement. La mère une telle, se dit d'une femme du peuple un peu âgée. Ce n'est pas votre faute, la mère, Al. Duval, Menuis. de Livonie, I, 12. Je les entends rire en buvant Chez la mère Simonne, Béranger, Mon Curé.

    Confrérie de la mère folle, société bouffonne établie à Dijon en 1454.

    Fig. Mère des compagnons, auberge où descendent les compagnons du tour de France, de chaque métier, en chaque ville.

  • 14Titre qu'on donne à la supérieure d'une maison religieuse. La mère abbesse. La mère prieure. La mère supérieure m'a priée de ne pas faire courir cette petite histoire, Sévigné, 24 nov. 1664.

    Qualification qu'on donne à une religieuse professe. On demande au parloir la mère une telle.

    Mère de l'Église, s'est dit d'une femme qui est un honneur pour l'Église, par analogie avec père de l'Église. Pour madame de Miramion, cette mère de l'Église, ce sera une perte publique, Sévigné, 29 mars 1696.

  • 15Mère artificielle, abri préparé pour les jeunes poulets, dans les couveuses artificielles.
  • 16 Fig. Cause, origine, lieu qui produit. L'ambition est la mère de beaucoup de désordres. La Grèce a été la mère des beaux-arts. Quoi qu'en ait dit l'ignorance appuyée de la malignité, la philosophie fut dans tous les temps la mère de la religion pure et des lois sages, Voltaire, Philos. Disc. de Belleguier.
  • 17Nom donné par les pépiniéristes aux sujets sur lesquels on doit greffer, ou dont on doit tirer des marcottes.
  • 18Moule qui n'est destiné qu'à donner de nouveaux modèles, sur lesquels on peut faire d'autres moules.
  • 19Mère ou matrice d'émeraude, plusieurs pierres vertes qui n'ont rien de commun avec l'émeraude.
  • 20Mères de girofle, nom donné aux fruits mûrs du giroflier, dits aussi anthofles.
  • 21Mère caille ou mère des cailles, le râle de genêt.

    Mère des harengs, nom que les pêcheurs donnent à l'alose.

  • 22Mère des mines ou mine à maréchal, se dit, dans le Bourbonnais, d'une veine particulière de houille qui colle bien au feu.
  • 23 Terme de chasse. Se dit de l'entrée de la tanière d'une bête fauve. La renardière n'a jamais qu'une mère.
  • 24Mère de vinaigre, membrane gélatineuse (mycoderma aceti) qui se forme à la surface des vases contenant du vinaigre et qui joue un rôle dans la fermentation acide.

    On dit dans le même sens les mères.

    Mères de vinaigre, tonneaux qui ont déjà servi à la fabrication du vinaigre.

  • 25Mère s'emploie quelquefois adjectivement.

    La reine mère, la reine douairière.

    La mère patrie, l'État, le pays qui a fondé une colonie et qui la gouverne.

    Langue mère, voy. LANGUE, n° 5.

    L'idée mère d'un ouvrage, l'idée dont il est le développement. Une idée mère et neuve s'y développe avec grâce dans toute son étendue, Buffon, Rép. à Chatelux, Œuv. t. X, p : 46.

    Mère branche, grosse branche d'où sortent plusieurs autres branches.

    Mère perle, grosse coquille qui renferme quelquefois un grand nombre de perles.

    Mère montagne, grande montagne qui en a de petites autour d'elle. Toutes ces collines enfantées par l'Etna, qui a douze mille pieds de hauteur, ne paraissent être que de petites éminences faites pour accompagner la majesté de la mère montagne, Buffon, Add. théor. terr. Œuv. t. XIII, p. 65.

    En chimie, eau mère, eau saline et épaisse, qui ne donne plus de cristaux.

  • 26Dure-mère, voy. DURE-MÈRE ; pie-mère, voy. PIE-MÈRE.

PROVERBES

On ne la trouve plus, la mère en est morte, se dit d'une chose qui est devenue fort rare.

Il veut apprendre à sa mère à faire des enfants, se dit quand quelqu'un se mêle d'enseigner à un autre une chose que cet autre sait mieux que lui.

C'est le ventre de ma mère, je n'y retourne plus, se dit quand on a été mal satisfait d'un lieu où l'on ne veut plus retourner, d'une affaire qu'on ne veut pas recommencer.

REMARQUE

1. Mme de Maintenon a dit : Après tous ces discours de mère, croyez que j'en ai toute la tendresse, Lett. à M. d'Aubigné, 26 sept. t. I, p. 147, dans POUGENS. à la rigueur, le pronom en ne peut pas représenter un substantif pris partitivement ; mais ici le sens est si clair, qu'il n'y a pas lieu de faire prévaloir la règle.

2. On dit : ses père et mère, dans le langage familier et dans le langage d'affaire, pour son père et sa mère.

HISTORIQUE

XIe s. Ço dist li pedres [le père] : cher filz, cum t'ai perdu ! Respont la medre : lasse ! qu'est devenus ! St-Alexis, XXII. Celui qui la mere yglise requireit [requérait], Lois de Guill. 1. [Ils] Ne reverront lur meres, ne lur femes, Ch. de Rol. CVII.

XIIe s. Mar douterez home de mere né, Roncisv. 36. [Notre terre] Que la mere Deu tient à son lige doaire, Sax. XXX.

XIIIe s. Et sa mere en commence de la joie à pleurer, Berte, III. Mere, ce dist Aliste, Diex oie vo priere, ib. XI.

XVe s. Et aussi sa dame de mere [au comte de Flandre]… le blasmoit trop fort, Froissart, II, II, 58. Sachez que l'en dist que amour de mere est plus grande que amour de nourrice, Perceforest, t. III, f° 130.

XVIe s. Là sera bastie la mere de la fontaine, pour recevoir l'eau venante de plusieurs costez, et de là la rendre dans les tuiaux, De Serres, 759. Ces pieces sont mises saler sur un grand saloir, appellé mere, composé de plusieurs aix joints ensemble, contenans trois ou quatre pas en quadrature, aiant des bords ès environs pour garder de verser la saumure ; aucuns font leur mere ou saloir d'une peau de beuf crue, un peu salée, De Serres, 839. Nostre mere nature, Montaigne, I, 200. Chanson qu'on chantoit dix ans, comme je croy, avant, que ma mere grand fut mariée, H. Estienne, Apol. pour Hérod. p. 626, dans LACURNE. Mere piteuse fait sa fille roigneuse, Cotgrave La mere du timide ne sçait que c'est de pleurer, Cotgrave Bon temps et bonne vie pere et mere oublie, Leroux de Lincy, Prov. t. II, p. 252. La povre dame de mere estoit en une tour du chasteau, qui tendrement ploroit ; car combien qu'elle fust joyeuse dont son fils estoit en voye de parvenir, amour de mere l'admonestoit de larmoyer, Chronique de Bayart, ch. 2.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

1. MÈRE.
25Ajoutez :

Maison mère, maison principale de religieux ou religieuses.

REMARQUE

Ajoutez :

3. On dit eau mère, branche mère, etc. Ces substantifs sont féminins ; peut-on user de mère avec un substantif masculin ? comme dans cet exemple-ci : Le mot de bitume s'applique de préférence au principe mère des matières bitumineuses, De Parville, Journ. offic. 11 mars 1872, p. 1735, 3e col. On ne pourrait dire principe père. Dans le langage scientifique, principe mère peut se tolérer ; mais il ne paraît pas que la même tolérance doive être accordée dans le langage soutenu, et l'accouplement de travail avec mère n'est pas heureux : Je veux que le travail, cette mère féconde, Élève ses enfants pour un meilleur destin, P. Dupont, Chanson.

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France Terme

Personne qui, dans l’intention de devenir mère ou père d’un enfant à sa naissance, conclut un accord avec une femme qui s’engage à porter cet enfant, généralement conçu par insémination artificielle.

Notes : 1. On parle également de « parents d’intention ».2. On trouve parfois les termes « mère, père commanditaire » ou « parents commanditaires ».

FranceTerme, Délégation générale à la langue française et aux langues de France

Étymologie de « mère »

Provenç. maire ; catal. mod. mare ; espagn. et ital. madre ; du lat. mater ; grec, μητήρ ; allem. Mutter ; angl. mother ; sanscrit, mātri, de la racine , dans le sens de construire, faire.

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De l’ancien français mere, du latin mater, de l’indo-européen commun *méh₂tēr.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Phonétique du mot « mère »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
mère mɛr

Fréquence d'apparition du mot « mère » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « mère »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « mère »

  • La religion juive, mère du christianisme, grand-mère du mahométisme, battue par son fils et par son petit-fils.
    Voltaire — Le sottisier
  • Oh ! l'amour d'une mère ! amour que nul n'oublie ! Pain merveilleux qu'un dieu partage et multiplie ! Table toujours servie au paternel foyer ! Chacun en a sa part, et tous l'ont tout entier !
    Victor Hugo — Les Feuilles d'automne, Ce siècle avait deux ans
  • Pas de mer qui ne soit salée, ni de belle-mère qui soit douce.
    Jacques Sidvé
  • Le cœur d'une mère est un abîme au fond duquel se trouve toujours un pardon.
    Honoré de Balzac — La Femme de trente ans
  • C'est qu'on se croit toujours plus sage que sa mère.
    Jean-Pierre Claris de Florian — Fables, la Carpe et les Carpillons
  • Une mère nourrit plus facilement sept enfants que sept enfants une mère.
    Proverbe alsacien
  • De sa mère on sèvre l'enfant par du riz ; de sa mère on sèvre la jeune fille par un mari.
    Proverbe indien
  • Si l’erreur a une mère, cette mère est la routine.
    Zamakhschari
  • Dans le théâtre, il y a beaucoup de filles qui deviennent mères, mais il y a encore plus de mères qui deviennent des filles.
    Alfred Capus — Les Pensées
  • Si son fils Igor Divetain-Vadim est désormais connu, Hortense Divetain est plus discrète. Nos confrères du magazine Ici Paris ont révélé qui était la mère du petit-fils de Catherine Deneuve.  
    Closermag.fr — Catherine Deneuve : qui est Hortense Divetain, la mère de son petit-fils Igor, arrêté par la police ? - Closer
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Images d'illustration du mot « mère »

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Traductions du mot « mère »

Langue Traduction
Anglais mother
Espagnol madre
Italien madre
Allemand mutter
Chinois 母亲
Arabe أم
Portugais mãe
Russe мама
Japonais
Basque ama
Corse mamma
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Antonymes de « mère »

Combien de points fait le mot mère au Scrabble ?

Nombre de points du mot mère au scrabble : 5 points

Mère

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