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Chauffer

Définitions de « chauffer »

Trésor de la Langue Française informatisé

CHAUFFER, verbe.

I.− Emploi trans.
A.− Donner une certaine chaleur.
1. [Le suj. désigne une source de chaleur ou une pers. qui est l'agent de cet acte] Procurer de la chaleur, rendre chaud par différents moyens. Chauffer le four, la maison; (faire) chauffer de l'eau. Tandis que l'actif soleil (...) chauffe la pêche tardive sous sa peluche de coton (Colette, Paysages et portraits,1954, p. 71).
SYNT. Chauffer fortement, légèrement qqc.; se chauffer les mains, les pieds; mettre qqc. chauffer, à chauffer (fam.); chauffer à blanc (cf. blanc I A 1 d). Chauffer (du métal) au rouge. Élever la température de telle sorte que le métal devienne rouge (cf. J.-J. Chartrou, Pétroles naturel et artificiels, 1931, p. 103).
P. métaph. :
1. L'envoyé de l'Électeur de Bavière à Versailles, M. de Monasterol, chauffait ces discours qui nous sont revenus tout vifs et bouillants par Saint-Simon... Sainte-Beuve, Causeries du lundi,t. 13, 1851-62, p. 77.
MÉCAN. Chauffer une locomotive, un vapeur. En allumer les chaudières, mettre en service. Pour que cela valût la peine de faire chauffer des locomotives (Proust, Du côté de chez Swann,1913, p. 293).
En partic., région. (Canada). Conduire une automobile, un camion.
Péj. Chauffer qqn ou les pieds de qqn. Le torturer en lui brûlant la plante des pieds, généralement pour lui faire avouer où se cache son trésor. L'âtre du feu où souvent ils [les Chouans] chauffaient les pieds de leurs dénonciateurs (Balzac, Les Chouans,1829, p. 88).
2. [Le suj. désigne un aliment, une pers., un de ses attributs, un sentiment] Procurer une certaine chaleur ou une impression de chaleur à une partie du corps. Chauffer le cœur de qqn. Chauffer ses tons, les enflammer, les brillanter (E. et J. de Goncourt, Manette Salomon,1867, p. 429).L'indignation chauffait mon front (Gide, Isabelle,1911, p. 646).
Spéc. Chauffer (un muscle). Faire des exercices qui lui procurent une certaine chaleur en vue d'un bon fonctionnement. Il [Momolo] avait peine à chauffer ses cordes vocales (A. Arnoux, Le Rossignol napolitain,1937, p. 205).
Péj., ART MILIT. Chauffer (un endroit, en partic. un poste, une ville). Le canonner fortement (cf. boulet, ex. 3).
B.− Au fig., le plus souvent avec une nuance fam.
1. [Le compl. désigne une pers.] Entourer de près, exciter, encourager dans un sens favorable ou défavorable pour obtenir quelque chose. Ce qui chauffe les autres me glace, ce qui les anime me paralyse (Flaubert, Correspondance,1867, p. 290).
Spécialement
a) Chauffer (de près) une femme. Lui faire la cour avec ardeur. Ce godelureau d'Hubert qui essaye de la chauffer de près [Angèle] (P. Vialar, La Chasse aux hommes,Le Rendez-vous, 1952, p. 170).
b) Chauffer un élève, un candidat. Le préparer ardemment à un examen, aux dépens de son développement général.
2. [Le compl. désigne une affaire, un événement] Favoriser, préparer, mener activement et efficacement. Ratinois. − (...) ça traîne. Robert. − Il faut chauffer ça! (E. Labiche, La Poudre aux yeux,1861, II, 2, p. 354).
P. iron. Bravo! il est venu!... Je vais lui chauffer vertement son entrée (O. Feuillet, Scènes et proverbes,1851, p. 138).
3. Expr., gén. péj.
a) Fam. Chauffer les oreilles à qqn. L'agacer, l'exaspérer. Maman, quoi! ça nous chauffait les oreilles (H. Bazin, Vipère au poing,1948, p. 31).
b) Se chauffer le job. Se monter le bourrichon (cf. Huysmans, En ménage, 1881, p. 303).
C.− Lang. pop. et arg.
Surprendre, prendre quelqu'un sur le fait. L'idée qu'on te chaufferait par là, que ce serait peut-être un autre qui t'arrêterait (Genevoix, Raboliot,1925, p. 346).
Prendre quelque chose, voler. On m'a encore chauffé mon quart (Courteline, Les Gaîtés de l'escadron,1886, III, 1, p. 36).
II.− Emploi intrans.
A.− [Le suj. désigne une chose]
1. Devenir chaud. Tandis que le potage chauffe (Gide, Journal,1914, p. 467).
2. Dégager de la chaleur. Le feu ne chauffe que si on le nourrit (Alain, Propos,1931, p. 1048).
3. Spéc., Mécan.
a) [Le suj. désigne un navire, une locomotive] Avoir ses machines qui fonctionnent, en particulier pour le départ. Les steamers en train de chauffer (A. Daudet, Jack,t. 1, 1876, p. 79).
b) [Le suj. désigne un élément d'une machine, une machine] Devenir trop chaud en raison d'un mauvais fonctionnement. Le moyeu chauffe (Ch. Chapelain, Cours mod. de techn. automob.,1956, p. 355).
4. Expr. fig.
a) C'est un bain qui chauffe, le bain chauffe (cf. bain I B; également J. de La Varende, Man d'Arc, 1939, p. 292).
b) Le four chauffe. Une affaire, souvent fâcheuse, se prépare. Il paraît que le four chauffe par là-bas (O. Feuillet, Bellah,1850, p. 155).
Ce n'est pas pour vous que le four chauffe. Ce qui se prépare ne vous concerne pas.
Rem. Balzac (La Vieille fille, 1836, p. 326) emploie cette expr. dans une tournure affirmative : Bah! c'est pour monsieur du Bousquier que le four chauffe!
B.− Au fig., fam.
1. [Le suj. désigne un événement, une affaire]
a) Prendre une tournure favorable, vive, animée, bien marcher. Tout va bien!... Ça chauffe! (Sardou, Rabagas,1872, II, 5, p. 58).
b) Plus gén. Prendre une tournure défavorable, grave, violente, mal tourner. Intervenir lorsque la scène chaufferait trop (T. Gautier, Le Capitaine Fracasse,1863, p. 340):
2. La veille de la bataille, un grand pendard de carabinier vient me trouver. (...). Il me crie : « Demain ça va chauffer. Je risque d'y laisser ma peau. Confessez-moi, monsieur le curé, ... » A. France, L'Orme du mail,1897, p. 57.
2. [Le suj. désigne une pers. ou une collectivité] Susciter, manifester de l'enthousiasme. La salle va chauffer terrible (ds Gilb. 1971) :
3. Mon vieux, je vois que non content de reculer les limites de l'art, tu recules ta date. On tâchera ce soir-là de chauffer. Je t'assure que j'ai le sentiment du succès. Valéry, Correspondance[avec Gide], 1901, p. 381.
III.− Emploi pronom.
A.− Emplois réfl. [Le suj. désigne un animé, une collectivité, un inanimé personnifié] Se mettre sous l'action d'une source de chaleur, en recevoir les effets. Se chauffer à un feu, au soleil. De petites gens (...) se chauffaient aux rayons du soir (Estaunié, L'Ascension de M. Baslèvre,1919, p. 134).
P. méton. Chauffer l'endroit où l'on se tient (pièce, habitation). Je me chauffais avec du charbon de terre (Balzac, La Peau de chagrin,1831, p. 98).
P. métaph. Se donner du courage, se procurer de la chaleur humaine au contact d'une personne, recevoir d'elle ces qualités :
4. Sa tendresse, son charme, sa poésie font autour d'elle une sorte de rayonnement où je me chauffe, où se fond mon humeur chagrine. Gide, Journal,1906, p. 220.
Expr. fig. et fam.
1. Montrer, savoir, (faire) voir de quel bois qqn se chauffe. Montrer, savoir, (faire) voir les qualités (énergie, sentiments, habitudes) selon lesquelles il vit, agit. Je voudrais montrer à ce preux de quel bois nous nous chauffons (Sandeau, Sacs et parchemins,1851, p. 8).
Ne pas se chauffer de tel bois. Ne pas vivre avec tel sentiment, telle opinion, selon telle habitude :
5. ... s'il plaît à Votre Seigneurie de se faire traiter en morisque, moi, je ne me chauffe pas de ce bois-là. Toulet, Le Mariage de Don Quichotte,1902, p. 99.
2. Par antiphrase. [En guise d'avertissement] Allez lui dire cela et vous chauffer au coin de son feu. Il serait déplacé que vous teniez un tel langage à cet homme.
B.− Emplois avec valeur de passif. [Le suj. désigne une chose] Les fourneaux « cloche » (...) se chauffent au coke (Lar. mén.1926, p. 1043).
En partic. [Le suj. désigne une couleur, un parfum] Prendre une certaine intensité, une impression de vie. Rochers, dont la blancheur se chauffe de jaune et de brun (Zola, Naïs Micoulin,1884, p. 27).
Prononc. et Orth. : [ʃofe], (je) chauffe [ʃo:f]. Ds Ac. 1694-1932. Fér. Crit. t. 1 1787 propose la graph. chaufer. Étymol. et Hist. A. Intrans. mil. xiies. « devenir chaud » (Wace, St Nicholas, 174 ds T.-L.); 1690 fig. (Fur. : On le dit aussi dans les grandes ardeurs de l'été, quand on voit un temps qui menace de quelque orage, qui c'est un bain qui chauffe); 1690 fam. (ibid. : On dit proverbialement, ce n'est pas pour vous que le four chauffe, à ceux qui pretendent avoir part en quelque affaire, à quelque feste, et qu'on en veut exclure); 1842-43 arg. (Sue, Les Mystères de Paris, t. 1, p. 333 : Bon, ça va chauffer!). B. Trans. 1176 « rendre chaud au contact d'une source de chaleur » fig. (Chr. de Troyes, Cligès, éd. W. Foerster, 470); 1174-84 au propre (Id., Perceval, éd. W. Roach, 9172); 2emoitié xiiies. (Fabliaux, I, 161, 74 ds T.-L. : li fevres... chauffe son fer bien et bel); 1421 « donner la question par le moyen du feu » (Lit. remiss. ex Reg. 171, ch. 452 ds Du Cange, s.v. attidere); 1798 (Ac. : On dit figurement, chauffer quelqu'un, pour dire l'attaquer vivement par des raisonnements ou des plaisanteries); 1820-40 arg. « détourner, voler » (ms. Jacquinot ds Larch. Suppl. 1889, p. 53 : Il s'est senti chauffer). C. pronom. xiiies. « recevoir l'action de la chaleur » (Berte LI ds Littré); d'où 1585 proverbe (N. du Fail, Contes et Disc. d'Eutrapel, éd. Jouaust, II, 272 cité par Ch.-L. Livet, Lexique de la lang. de Molière, Paris, Imprimerie Nationale, t. 1, 1895, s.v. bois : Quant aux courts des Princes, il les faut, pour parler et apprendre de tout, avoir veues, et sçavoir de quel bois on s'y chauffe, mais s'en retirer au plus tot qu'on peut). Du lat. vulg. *calefare, altération de calefacere (composé de calere « être chaud » et facere « faire »); « rendre chaud (de l'eau) », Plaute ds TLL s.v., 145, 44; fig. « exciter » dep. Cicéron, ibid., 146, 29. Fréq. abs. littér. : 1 161. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 956, b) 2 437; xxes. : a) 2 233, b) 1 476. Bbg. Gottsch. Redens. 1930, p. 10, 110, 144, 222, 386, 407. − La Landelle (G. de). Le Lang. des marins. Paris, 1859, p. 323, 401. − Mat. Louis-Philippe 1951, p. 148. − Quem. 2es. t. 4 1972.

Wiktionnaire

Verbe - français

chauffer \ʃo.fe\ transitif 1er groupe (voir la conjugaison) (pronominal : se chauffer)

  1. Rendre chaud.
    • Chauffer le four. Chauffer un poêle. — Chauffer des draps, de l’eau. — Se chauffer les pieds, les mains. — Venez vous chauffer.
  2. (Par extension) Brûler.
    • Celui-ci enflammait des torches de papier toutes préparées et me chauffait la plante des pieds. Je ne bougeai pas et n'articulai plus un cri : j'étais devenu tout à fait insensible, et tandis qu'Ir.... me brûlait, je pouvais le regarder sans ciller. — (Henri Alleg, La Question, 1957)
  3. Donner de la chaleur [2].
    • Le calorifère chauffe toute la maison,
    • (Absolument)Le calorifère chauffe bien.
  4. (Mécanique) (Vieilli) Avoir ses machines en état de chauffe pour un départ immédiat.
    • Depuis son installation, assez récente, à Paris, où il habitait un magnifique hôtel, avenue de Friedland, il avait fait venir au Havre son beau yacht, le dernier raffinement du suprême confort, qui autrefois chauffait dans le port de New-York, toujours prêt à lever l'ancre. — (Félicien Champsaur, La Toison d’Or, chapitre 2 de La Glaneuse, Paris : chez Simonis Empis, 1897, page 16)
  5. (Marine) Faire dessus un vaisseau, un feu clair pour le caréner[2].
  6. (Militaire) (Vieilli) Canonner vivement. [2]
  7. (Figuré) (Familier) Faire une chose avec promptitude ou avec action.
    • Il faut chauffer un peu cette affaire, si l’on veut qu’elle réussisse.
  8. (Populaire) Courtiser ; séduire ; exciter.
    • Puis il y a eu le duel des équipes de pom-poms girls pour chauffer la salle, et pour la première fois depuis le lycée, je n'ai pas bandé en les regardant dandiner leurs jolis fessiers au rythme de la musique. Pourtant, nos nanas sont toutes chaudes comme la braise. — (Amheliie & ‎Maryrhage, Addicted to You, chez l'auteur, 2016, page 147)
  9. (Populaire) Capturer ; prendre ; surprendre.
    • — Les vaches ! s’exclama Tétas. Elles se cavalent dans l’eau, pas moyen d’en chauffer une ! — (Louis Pergaud, Un sauvetage, dans Les Rustiques, nouvelles villageoises, 1921)
  10. (Québec) Conduire, en parlant d'une automobile, d’un véhicule.
    • T'es ben trop paqueté pour chauffer ta minoune. — (Les cowboys fringants, Mon chum Rémi)
    • L’Haïtien qui chauffait le char, comme aurait dit Céline Dion, [...] n'avait cessé de les reluquer dans le rétro avec un petit sourire en coin. — (Luc Baranger, Maria chape de haine, chapitre 3, Baleine, 2010)
  11. (Figuré) (Vieilli) Attaquer vivement quelqu’un par des raisons ou des plaisanteries[2].
  12. (Intransitif) Devenir chaud.
    • Le four chauffe. Le bain chauffe.
  13. (Intransitif) Atteindre une quantité de chaleur anormale, en parlant d’une pièce de mécanisme.
    • Les roues de ce wagon commencent à chauffer.
  14. (Pronominal) Être près du feu, du radiateur, ou exposé au soleil, pour en recevoir la chaleur[2].
    • Aussitôt l’intrus recula, baissa les yeux et, relevant les pans de sa pèlerine, affecta de se chauffer. — (Francis Carco, Brumes, Éditions Albin Michel, Paris, 1935, page 87)
  15. (Familier) Voler, dérober.
    • Bon sang de sort ! faisait-il ; ces saligauds-là m’ont chauffé ma bagnole. — (Pierre Souvestre et Marcel Allain, Fantômas, L’Agent secret, 1911, Éditions Robert Laffont, Bouquins, tome 1, page 1123)
  16. (Familier) Barder, y aller fort, se dérouler de façon terrible.
    • — Et M. José ? toujours content au Maroc ? Votre oncle se fait bien du souci, il paraît que ça chauffe là-bas, et les journaux ne disent pas tout. — (François Mauriac, Le Mystère Frontenac, 1933, réédition Le Livre de Poche, page 204)
  17. (Familier) Préparer intensivement.
    • C’était donc pour l’École polytechnique qu’il avait été chauffé, ne travaillant que les matières exigées pour les examens de l’École, et cela en proportion de leur coefficient : 58 les mathématiques, 10 la physique, 5 la chimie, 6 le français. — (Hector Malot, En famille, 1893)
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

CHAUFFER. v. tr.
Rendre chaud. Chauffer le four. Chauffer un poêle. Chauffer des draps. Chauffer de l'eau. Se chauffer les pieds, les mains. Venez vous chauffer. Se chauffer au bois, au charbon, au gaz, etc., Employer le bois, le charbon, le gaz, etc., pour répandre la chaleur dans sa maison. Fig. et fam., On saura, on verra de quel bois je me chauffe. Voyez BOIS. Fig. et fam., Nous ne nous chauffons pas du même bois. Voyez BOIS. Le calorifère chauffe toute la maison, et absolument : Le calorifère chauffe bien. En termes d'Arts, Chauffer à blanc se dit d'un Métal porté à une température qui le fait passer du rouge au blanc. On dit, figurément et familièrement, Chauffer à blanc ou simplement Chauffer quelqu'un, Exciter son zèle pour la réussite de quelque affaire. Il signifie figurément et familièrement Faire une chose avec promptitude ou avec action. Il faut chauffer un peu cette affaire, si l'on veut qu'elle réussisse. Il est aussi intransitif et signifie Devenir chaud. Le four chauffe. Le bain chauffe. Le bateau à vapeur chauffe, Il allume ses feux, il s'apprête à partir. On dit de même La locomotive chauffe. Fig. et fam., C'est un bain qui chauffe. Voyez BAIN. Prov. et fig., Ce n'est pas pour vous que le four chauffe, Ce n'est pas pour vous que telle chose est préparée. Il se dit encore d'une Pièce de mécanisme qui atteint une quantité de chaleur anormale. Les roues de ce wagon commencent à chauffer. Fam., Ça chauffe, L'action, la dispute, etc., devient vive.

Littré (1872-1877)

CHAUFFER (chô-fé) v. a.
  • 1Rendre chaud. Chauffer de l'eau. Chauffer le four. Chauffer au rouge, pousser la chaleur au point que l'objet que l'on y expose devienne rouge ; chauffer à blanc, chauffer au point que l'objet devienne blanc, ce qui exige une température bien plus élevée.

    Terme de marine. Chauffer un bâtiment, brûler de la paille sous la carène.

    Chauffer les soutes, les sécher.

    Tirer le soufflet dans une forge quand le fer est au feu.

    Chauffer les pieds, donner la question par le moyen du feu appliqué aux pieds.

  • 2 Terme de guerre. Chauffer un poste, le canonner vivement.

    Fig. Chauffer quelqu'un, l'attaquer, le presser vivement par des raisonnements ou par des plaisanteries.

    Chauffer une affaire, la mener vivement.

    Très familièrement. Chauffer une femme, lui faire vivement la cour.

  • 3 V. n. Produire plus ou moins de calorique. Ce bois chauffe plus que tel autre.

    Être chauffé. Le bain chauffe.

    Fig. Ce n'est pas pour vous que le four chauffe, votre espérance et vos prétentions sont vaines.

    C'est un bain qui chauffe, se dit lorsque, par un temps d'ondées successives, le ciel devient très pur et que le soleil a toute sa force, parce que ce moment d'éclaircie est fort souvent suivi d'une forte pluie.

    En parlant d'un bateau à vapeur, d'une locomotive, allumer son feu, s'apprêter à partir. Dépêchez-vous, le paquebot chauffe.

    Fig. Cela chauffe, l'affaire chauffe, c'est-à-dire l'affaire est pressante, il faut se hâter.

  • 4Se chauffer, v. réfl. Recevoir l'action de la chaleur. Venez vous chauffer.

    Fig. et familièrement. Allez lui dire cela et vous chauffer au coin de son feu, c'est-à-dire vous ne seriez pas bien venu à lui tenir ce langage en un lieu où il serait le maître.

    Fig. S'il m'attaque, je lui ferai voir de quel bois je me chauffe, c'est-à-dire je lui ferai voir à quel homme il aura affaire. Vous verrez de quel bois nous nous chauffons quand on s'attaque à ceux qui nous peuvent appartenir, Molière, G. Dand. I, 4. (voyez à l'historique un exemple qui fait comprendre cette locution).

    Nous ne nous chauffons pas du même bois, c'est-à-dire nous ne nous ressemblons pas, nous n'avons rien de commun.

HISTORIQUE

XIIIe s. Cel jor s'est bien chaufée Berte delez le feu, Berte, LI. L'en puet bien à festes où fours cuisent et estuves chaufent communement, s'uevre apareillier sanz tistre [tisser] et sanz ourdir, Liv. des mét. 390.

XVe s. Pour ce que le suppliant ne se pouvoit mettre à si grant et grosse rançon, lui chaufferent si fort et appreignirent les plantes des piés que les soles d'iceulx lui en sont cheutes, Du Cange, attidere. Faites de l'eaue chaufer bien tost, la Nativité de N. S. J. C.

XVIe s. Trop chauffer cuit, trop parler nuit, Jean D'Auton, Annales de Louis XII, ms. f° 119, dans LACURNE. Que faictesvous ? que dites-vous ? brief de quel bois vous chauffez-vous ? Pasquier, Lettres, t. I, p. 18, dans LACURNE. Une partie des femmes s'amusent à chauffer leur bruvage, qui est leur principal office, Montaigne, I, 237.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

CHAUFFER. Ajoutez :
5Chauffer des plantes, en hâter la végétation par la chaleur artificielle.

Fig. Chauffer des élèves, leur appliquer des moyens d'instruction qui hâtent leurs acquisitions aux dépens du développement total. Dans une classe composée en moyenne de 50 élèves, le professeur en soigne attentivement, en chauffe sept ou huit qui ont chance de réussir dans les compositions solennelles, Maxime du Camp, Rev. des Deux-Mondes, 15 fév. 1873, p. 809.

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Encyclopédie, 1re édition (1751)

* CHAUFFER, en général c’est exposer à la chaleur du feu ; mais en terme d’ouvrier de forge, c’est l’action de tirer le soufflet, tandis que le fer est au feu.

Il est à propos que le fer soit placé à environ un pouce au-dessus du vent ou de la tuyere : car s’il étoit vis-à-vis, l’air poussé en droite ligne par le soufflet, le refroidiroit ; mais l’air passant par-dessus, le charbon s’allume autour du fer, & le tient toûjours entouré ; au lieu qu’en soufflant vis-à-vis, le fer se refroidiroit dans le milieu, & s’échaufferoit au contraire aux deux côtés, où le charbon s’enflamme.

Chauffer un vaisseau, lui donner le feu, c’est chauffer le fond d’un vaisseau, lorsqu’il est hors de l’eau, afin d’en découvrir les défectuosités, s’il en a quelqu’une, & de le bien nettoyer : il y a des lieux propres pour chauffer les bâtimens.

Chauffer un bordage, c’est le chauffer avec quelques menus bois afin de lui donner la courbure nécessaire, ou lui faire prendre la forme qu’on veut lui donner en le construisant.

Les planches & bordages qu’on veut chauffer, doivent être tenus plus longs que la proportion requise, c’est-à-dire plus longs qu’il ne faudroit qu’ils fussent, s’ils devoient être posés tout de leur long, & en leur état naturel ; parce que le feu les accourcit en-dedans, sur-tout en les faisant courber : c’est le côté qui se met en-dedans qu’on présente au feu, parce que c’est le côté sur lequel le feu agit, qui se courbe.

Chauffer les soutes, c’est les secher, afin que le biscuit se conserve mieux. (Z)

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Étymologie de « chauffer »

Du latin populaire *calefāre, en latin classique calefacĕre, composé de calēre, « être chaud » et de facĕre, « faire ».
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Picard, caufer ; provenç. calfar ; du latin calefacere, de cal, radical de calor, chaleur (voy. CHALEUR), et facere (voy. FAIRE), par une formation irrégulière qui a transformé facere en far ou fer, de la 1re conjugaison ; autrement, le verbe serait chauffaire.

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Phonétique du mot « chauffer »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
chauffer ʃofe

Évolution historique de l’usage du mot « chauffer »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « chauffer »

  • Un vieux four est plus aisé à chauffer qu'un neuf. De Proverbe français , 
  • Rien ne sert de courir après l'inspiration, elle vient à point qui sait la chauffer. De André Brochu / Adéodat I , 
  • Les eaux bretonnes ne sont pas les plus chaudes, mais de là à vouloir les chauffer au fuel régulièrement ! De Laurent Ruquier / Je ne vais pas me gêner , 
  • Notre corps est une demeure dont, avec l'âge, il faut condamner des pièces, faute de pouvoir les chauffer toutes. De Jacques Deval , 
  • Le comble de l’économie : Coucher sur la paille qu’on voit dans l’oeil de son voisin et se chauffer avec la poutre qu’on a dans le sien. De Alphonse Allais / Le tintamarre - 20 Juillet 1879 , 
  • Celui qui veut unir dans un accord mystique L’ombre avec la chaleur, la nuit avec le jour, Ne chauffera jamais son corps paralytique A ce rouge soleil que l’on nomme l’amour ! De Charles Baudelaire / Les Fleurs du mal , 
  • La limitation de vitesse est un sujet casse-gueule en France. Surtout lorsque le débat est lancé à quelques jours d’une élection municipale. Échaudé par la fronde contre les 80 km/h sur le réseau secondaire, le gouvernement sait que le passage de 130 à 110 km/h sur autoroute est une "bonne mauvaise" idée qui peut le propulser dans le mur. À écouter la ministre des Transports on sent d’ailleurs que la proposition de la Convention citoyenne pour le climat destinée à réduire l’émission de gaz à effet de serre est aussi dangereuse qu’un aquaplaning sur une route de montagne. Pour flatter les électeurs écologistes, Élisabeth Borne se dit favorable à la baisse tout en ouvrant grand la porte du référendum. Une façon de ménager la chèvre et le chou qui laisse peu d’espoir sur l’application de cette mesure. Au pays de la bagnole, une telle polémique ferait chauffer la gomme au moins jusqu’en 2022. midilibre.fr, Chauffer la gomme - midilibre.fr
  • Un vieux four est plus aisé à chauffer qu'un neuf. De Proverbe français , 
  • Rien ne sert de courir après l'inspiration, elle vient à point qui sait la chauffer. De André Brochu / Adéodat I , 
  • Les eaux bretonnes ne sont pas les plus chaudes, mais de là à vouloir les chauffer au fuel régulièrement ! De Laurent Ruquier / Je ne vais pas me gêner , 
  • Notre corps est une demeure dont, avec l'âge, il faut condamner des pièces, faute de pouvoir les chauffer toutes. De Jacques Deval , 
  • Le comble de l’économie : Coucher sur la paille qu’on voit dans l’oeil de son voisin et se chauffer avec la poutre qu’on a dans le sien. De Alphonse Allais / Le tintamarre - 20 Juillet 1879 , 

Images d'illustration du mot « chauffer »

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Traductions du mot « chauffer »

Langue Traduction
Anglais heat
Espagnol calentar
Italien riscaldare
Allemand erwärmen
Portugais aquecer
Source : Google Translate API

Synonymes de « chauffer »

Source : synonymes de chauffer sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « chauffer »

Combien de points fait le mot chauffer au Scrabble ?

Nombre de points du mot chauffer au scrabble : 19 points

Chauffer

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