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Cela

Définitions de « cela »

Trésor de la Langue Française informatisé

CELA, ÇA, pron. dém. neutre.

La chose, l'idée, les paroles que voilà. Abrév. fam. ça.
I.− GRAMMAIRE
A.− [En corrélation et en oppos. avec ceci]
1. [Désigne ce qui est plus éloigné du locuteur]
a) [Dans l'espace environnant] Cf. ceci ex. 1.
b) [Dans l'espace d'un texte ou d'une énonciation orale] :
1. ... quand il parle de son équipage de chasse, et dans la pantomime intraduisible dont il accompagne ses récits, il n'est jamais question que de ceci et de cela, comme il dit, en montrant sa jambe valide et son bon œil. Fromentin, Un Été dans le Sahara,1857, p. 171.
[Notamment pour distinguer deux choses, sans idée de proximité ni d'éloignement] Cf. ceci, Lacretelle, Silbermann, 1922, p. 37.
[Renvoie à ce qui est plus éloigné en remontant dans le discours alors que ceci renvoie à ce qui vient d'être nommé en dernier lieu] Cf. ceci ex. 3.
2. Fam. [Valeur d'indéterminé] Telle et/ou telle chose, telle qualité, telle autre, non précisée ou non précisable. Ce triste adieu, il faut le dire à tout : d'abord à sa poupée, puis à ses dix-huit ans, puis à ceci, puis à cela (E. de Guérin, Lettres,1831, p. 2).
Abrév. ci, ... ça :
2. Ah! tu sais, Charles commence à m'embêter. C'est toujours Charles par-ci, Charles par-là, Charles aimait ci, Charles aimait ça. Maupassant, Bel Ami,1885, p. 238.
B.− [Seul, sans oppos. à ceci]
1. [Désigne une chose, un objet proche du locuteur, souvent avec accompagnement du geste et valeur insistante]
a) [Dans l'espace] Un objet présent, que l'on tient, que par exemple l'on tend à quelqu'un. Il me répond, en me tendant une extrémité de la nappe : − « Voulez-vous m'aider à plier ça, cher? » (R. Martin du Gard, Notes sur André Gide,1951, p. 1394).
b) [Dans le temps] Un fait actuel, ce dont on parle. Cela vaut mieux; cela va de soi, va sans dire; qu'à cela ne tienne; ça ne fait rien, ça m'est égal; tout mais pas ça. Pendant cela, Poil de Carotte n'a servi à rien (Renard, Poil de Carotte,1894, p. 245).
Rem. 1. Dans ces emplois, cela est synon. de ceci et le remplace de plus en plus dans la lang. parlée, très souvent sous la forme abrégée ça. 2. Parfois dans la lang. écrite, cela est, cela sont deviennent c'est là, ce sont là : Que des floraisons courent en girandoles et en espaliers : c'est là un luxe ordinaire et presque facile (Mallarmé, La Dernière mode, 1874, p. 799).
2. [Rappelle ce qui précède, une pers., une chose, une idée, un fait] Exprimé par un mot, une proposition ou une phrase. Vous êtes un bon garçon, vous, je vois ça (R. Rolland, Jean-Christophe, Les Amies,1910, p. 1162).
Et cela. Je désirerais causer avec lui, et cela le plus tôt possible... (Meilhac, Halévy, La Boule,1875, II, 12, p. 69).Plus rare. Cela. Ils sont là, ils regardent, ils regardent! Cela sans un geste, sans échanger une parole (T'Serstevens, L'Itinéraire espagnol,1933, p. 25).
En partic. [Rappelle des paroles qui viennent d'être prononcées] Cela (étant) dit, cela (étant) fait, cela étant; cela veut dire que. − Marguerite désire avoir des nouvelles de notre petit verger et surtout de ses fleurs; notez cela (Erckmann-Chatrian, Histoire d'un paysan, t. 1, 1870, p. 212).
Rem. Ceci dit est plus cour. que cela dit (cf. ceci).
Cela, tout cela. [Résume une énumération, une succession]
[de personnes, d'animaux] Les rossignols, les bouvreuils, les merles, les grives, les loriots, les pinsons, les roitelets, tout cela chante et se réjouit (M. de Guérin, Journal intime,1833, p. 167).
[d'inanimés concr. ou abstr.] Les griefs, les ressentiments, les rancunes, les haines, jetons ça au vent (Hugo, Actes et paroles,3, 1876, p. 69).
[d'actions exprimées souvent dans la ou les phrases précédentes (couramment en phrase ell. du verbe)] Tout cela avec une bonne humeur, une modestie, une simplicité délicieuses (Coppée, La Bonne souffrance,1898, p. 139).
3. [Remplace ce, pron. dém., chaque fois que l'emploi de ce dernier est impossible, p. ex. devant un verbe autre que être] :
3. − Qu'est-ce que c'est que cette chose-là? Ce n'est pas une chose. Ça vole. C'est un avion. C'est mon avion. Saint-Exupéry, Le Petit Prince,1943, p. 417.
Pop. [Remplace il, suj. d'un verbe impers.] Ça pleut (Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 252).
4. [Pour souligner avec force ce que l'on affirme]
a) En fin de phrase. [Reprend un mot, une idée déjà exprimée]
..., cela. Ça ne m'a pas l'air de cris d'obéissance, ni de cris d'enthousiasme, cela!... (Crémieux, Orphée aux enfers,1858, I, 4, p. 40).
..., que cela. − Nous enverrons un costume grec. C'est quelque chose que cela! (About, La Grèce contemporaine,1854, p. 162).
b) En début de phrase. [Annonce un mot, une idée] Tiens, ça a l'air bon ce que vous mangez là (Proust, À l'ombre des jeunes filles en fleurs,1918, p. 507).Ça s'est bien passé, la rentrée? (Gide, Les Faux-monnayeurs,1925, p. 1139).
[Renforce une affirmation] Ça, c'est vrai, ça j'y tiens, ça je veux bien. M. Brun, (il tire sa montre). − Tenez, César. Il est exactement huit heures quatre à l'horloge des docks. César. − Merci, Monsieur Brun. Ça, c'est un renseignement (Pagnol, Fanny,1932, I, 1ertabl., 1, p. 11).
c) [Avec une valeur déterminative, annonce ce qui va suivre] Synon. ceci.
[Parfois par un double point] Catholiques et révolutionnaires, vous avez au moins cela en commun : l'acte de foi (Mauriac, Journal 1,1934, p. 52).
[Souvent avec un compl. déterminatif à l'inf.] Ça me fait plaisir de vous voir (F. Sagan, Bonjour tristesse,1954, p. 26).
[Avec une complétive déterminative] À cela près que, en cela que, par cela seul, cela même que. Mon Dieu, ça me fait une peine infinie qu'il soit malade (Proust, Sodome et Gomorrhe,1922, p. 680).
[Avec un adj. en constr. partitive] Il a cela de bon que :
4. ... mon projet a cela d'excellent que, s'il ne produit pas tout l'effet que j'en attends, s'il échoue même, notre situation ne sera pas empirée. Mais il doit réussir, il réussira. Verne, Les Enfants du capitaine Grant,t. 3, 1868, p. 169.
Il a cela pour lui que. Il a cet avantage que :
5. J'aime surtout les vers, cette langue immortelle. C'est peut-être un blasphème, et je le dis tout bas. Mais je l'aime à la rage. Elle a cela pour elle Que les sots d'aucun temps n'en ont pu faire cas, Qu'elle nous vient de Dieu, − qu'elle est limpide et belle, Que le monde l'entend, et ne la parle pas. Musset, Namouna,1832, p. 418.
d) [Comme particule renforçative des pron. et adv. interr.] Qui ça?, quand ça?, où cela?, comment cela?, pourquoi ça? (cf. çà1adv.).Siècle de vitesse! qu'ils disent. Où ça? Grands changements! qu'ils racontent. Comment ça? (Céline, Voyage au bout de la nuit,1932, p. 11).
[Comme particule renforçative des adv. oui et non] Ça oui, ça non. Pour cela oui, pour cela non. Il allait (...) faire un tour à l'exposition de l'Academy. « Ah! cela non, m'écriai-je. Allons au Park » (Blanche, Mes modèles,1928, p. 83).
[Comme particule renforçative d'un adj.] Il m'est dévoué. Ça, pour être dévoué, il l'est (G. Duhamel, Chronique des Pasquier,La Passion de Joseph Pasquier, 1945, p. 19).
[Comme interj., avec les mêmes valeurs] Cf. çà2interj. uniquement sous la forme abrégée ça.
Ah ça!, oh ça!, ça alors!, etc. « Ah ça! Il faut que je vous remercie » (Delécluze, Journal,1824, p. 64).
Or ça, ça (vx). Or ça, il ne vous est pas libre de ne point prendre de parti (Montherlant, Port-Royal,1954, p. 990).
e) [Dans un gallicisme] C'est ça qui, c'est ça que. − C'est ça qui vous remet d'aplomb, un temps pareil (Moselly, Terres lorraines,1907, p. 22).
5. Fam. [Désigne une pers., avec une valeur affective]
Péj. ou iron. [De mépris, de dédain] :
6. − Je déclare que ce marquis ne m'a pas charmé du tout, s'écria M. Levrault avec un dédain suprême. Qu'est-ce que c'est que ça, les La Rochelandier? D'où ça vient-il? Où ça perche-t-il? C'est la première fois que j'entends parler de ces gens-là. Sandeau, Sacs et parchemins,1851, p. 18.
[De tendresse, d'affection, surtout en parlant d'enfants] Les petites filles, (...) si elles veulent grandir et avoir de bonnes joues, il faut que ça soit couché de bonne heure (Coppée, Les Vrais riches,1891, p. 195):
7. Ils sont heureux dans cette famille [de cordonniers]! − C'est cordial, bavard, bon enfant : tout ça travaille, mais en jacassant; tout ça se dispute, mais en s'aimant. J. Vallès, Jacques Vingtras,L'Enfant, 1879, p. 97.
[D'admiration] :
8. Sa femme [de Maurice] aussi est charmante (...) c'est une nature et un type : ça chante à ravir, c'est colère et tendre, ça fait des friandises succulentes... G. Sand, Correspondance,t. 5, 1812-76, p. 239.
[De pitié ou d'indulgence] :
9. − As-tu vu celle-là, la mouche qui l'a piquée? − Dame, vous savez, c'est de la campagne; ça porte encore la coiffe de Bannalec, ça n'a pas d'usage. Loti, Mon frère Yves,1883, p. 361.
C.− Loc. fam. cour. de la lang. parlée. [Cela est très souvent sous la forme ça]
1. Avec cela
a) En plus (de cela), en outre. Un beau teint, peu de barbe, des yeux faits pour sourire; avec cela, l'air d'être toujours en bonne fortune (Fromentin, Un Été dans le Sahara,1857, p. 178).
b) Malgré cela :
10. À la fin de chaque phrase ma voix tombait; impossible de la soutenir. Avec cela ma voix était claire et ma prononciation distincte, et je n'étais que mieux entendu de tous ceux qui se moquaient de moi. Michelet, Mémorial,1820-22, p. 202.
Avec tout cela. Cependant, en attendant. Avec tout ça, le docteur avait des soucis (Aragon, Les Beaux quartiers,1936, p. 210).
[Dans un magasin, pour demander au client s'il désire acheter autre chose] Et avec cela, monsieur (madame)? :
11. Combien de ces châtelaines qui ont passé trente ans derrière un comptoir entre la commande et la facture et dont le lyrisme s'épuisa en des formules telles que ceci : « Et avec cela, monsieur? » Bloy, Journal,1900, p. 24.
c) Pop., iron. [Pour marquer le doute, pour introduire une vive protestation]
Avec ça! Je vous crois! − Avec ça!... Faites celle qui ne sait rien... Farceuse va... : sacrée farceuse! (Mirbeau, Le Journal d'une femme de chambre,1900, p. 16).
Avec ça que...! Comme si...! Si vous croyez que! Yse. − Avec ça que l'on ne sait point ce que vous pensez! (Claudel, Partage de midi,1reversion, 1906, I, p. 1001).
2. De cela. [Avec l'expr. d'une durée introd. par il y a ou voilà] Depuis lors :
12. ... Pauline est d'une jalousie redoutable et vous n'imaginez pas combien j'ai dû ruser. « − Il y a longtemps de cela? demandai-je. − Oh! ça dure depuis cinq ans environ; ... » Gide, Les Faux-monnayeurs,1925, p. 1116.
3. Pour cela
a) À cet égard, en ce qui concerne cela. Oh! pour ça oui. Enfin elle est une bonne mère, pour ça elle est parfaite (Drieu La Rochelle, Rêveuse bourgeoisie,1939, p. 118).
b) [Après une négation] Malgré cela, pour autant. Moi aussi j'ai été mariée au lit de mort de ma mère, et n'ai certes point été malheureuse pour cela (A. Dumas Père, Le Comte de Monte-Cristo,t. 2, 1846, p. 168).
4. Sans cela. Sinon. Ils [nos organes] doivent exercer une certaine somme d'action. Sans cela, le système ne conserverait point son équilibre (Cabanis, Rapports du physique et du moral de l'homme,t. 1, 1808, p. 364).
5. Comme cela
a) Ainsi, de cette manière :
13. − Allons, voilà que tu vas te remettre à divaguer, dit Andrea, à parler et à reparler du passé toujours! Mais à quoi bon rabâcher comme cela, je te le demande? A. Dumas Père, Le Comte de Monte-Cristo,t. 2, 1846, p. 327.
[Pour indiquer une mesure, hauteur, grandeur, largeur..., avec un geste de la main] (Haut, grand, etc.) comme cela :
14. ... j'ai laissé tomber mon outil et je me suis coupé l'artère du pied. Le sang a giclé haut comme ça (il montrait à une hauteur d'un mètre). Barrès, Mes cahiers,t. 7, 1908, p. 79.
[Pour indiquer en partic. une très petite taille, en parlant d'une pers., d'un enfant] Haut, grand comme cela, pas plus haut que cela. Tout petit, de tout jeune, enfant. Synon. haut comme trois pommes.Je l'appelle Maria, parce que je l'ai connue haute comme ça... (Farrère, L'Homme qui assassina,1907, p. 175).
[Pour indiquer une grosse quantité] Haut comme cela. Beaucoup. Elle en achète, des billets! Haut comme ça! (Montherlant, Fils de personne,1943, II, 1, p. 291).
Il (elle) est comme cela. C'est son caractère, son comportement habituel. Voilà, nous sommes comme ça, personne ne peut rien y faire (Sartre, L'Existentialisme est un humanisme,1946, p. 59).
C'est comme ça. C'est ainsi fait, on ne peut rien y changer.
[En fonction adj.] Synon. tel.Mais c'est charmant, un domestique comme cela (Balzac, Correspondance,1819, p. 30).
Pop. [Pour indiquer un superl. : très bien! extraordinaire!, avec un geste du pouce vers le haut] Un léger signe de lady Helena à son mari lui apprit que c'était « comme cela! » (Verne, Les Enfants du capitaine Grant,t. 2, 1868, p. 8).
b) [Le sens de comme ça est plus atténué]
[Le sens est précisé après coup par un ou plusieurs compl.] Où va-t-elle comme ça si vite, en robe du dimanche, un jour de semaine? (Loti, Pêcheur d'Islande,1886, p. 165).
[Pour introduire une interr.] Comme ça...?, alors comme ça...? Ainsi donc...? Comme ça, vous ne vous plaisez pas au pays! (Moselly, Terres lorraines,1907, p. 45).
Pop. Il me dit, me fait comme ça. − Y a le chef qui a dit comme ça que vous alliez lui parler sitôt que vous seriez ici (Courteline, Messieurs-les-Ronds-de-cuir,1893, 1ertabl., 2, p. 31).
[Pour donner une réponse vague, approximative] À peu près :
15. Un peu après, il m'a demandé : « C'est votre mère qui est là? » J'ai encore dit : « Oui. » « Elle était vieille? » J'ai répondu : « Comme ça », parce que je ne savais pas le chiffre exact. Camus, L'Étranger,1942, p. 1134.
Spéc. Pour répondre à une question sur sa santé (comment ça va?)
Comme ça. À peu près, pas trop bien. Bien dormi? dit mon père. − Comme ça, répondis-je. J'ai trop bu de whisky hier soir (F. Sagan, Bonjour tristesse,1954, p. 65).
Comme ci, comme ça (cf. couci-couça). Plutôt mal que bien. Jimmy (...) (à Manuel). − Angelica va bien? Manuel. − Comme ci, comme ça. Enfin, elle va aussi bien que possible dans son état (Bourdet, Le Sexe faible,1931, I, p. 248).
6. Péj. Comme de ça! (Je m'en soucie, m'en moque..., avec un geste de l'ongle, ou du pouce et du bout de l'index, exprimant le mépris). Pas du tout :
16. ... ce marquis! Crois-tu donc que son titre me jette de la poudre aux yeux? (...) Je me moque de la noblesse comme de ça! E. Augier, Le Gendre de M. Poirier,1854, p. 230.
7. C'est (bien) cela, c'est (bien) ça. C'est juste, c'est exact, c'est comme il faut :
17. − N'y avait-il pas deux tourterelles sur le couvercle? dit Eugène. − C'est bien cela. Balzac, Le Père Goriot,1835, p. 60.
C'est entendu, nous sommes d'accord. Adieu, chère madame, je compte sur vous, mercredi. − Oui, c'est cela, à mercredi (Zola, Une Page d'amour,1878, p. 818):
18. Allons! à l'œuvre! soufflez la forge, broyez le diamant, fondez l'or, remuez le creuset; bien! c'est cela. Quinet, Ahasvérus,1833, 3ejournée, la mort, p. 224.
P. iron. C'est ça. Ne vous gênez pas :
19. Quand ils eurent fini, Gilbert tendit deux billets de cent sous pour offrir à boire. − C'est ça, plein la vue... grogna Fouillard jaloux. Dorgelès, Les Croix de bois,1919, p. 11.
8. C'est toujours ça, c'est déjà ça. C'est déjà quelque chose, en attendant mieux. Contentons-nous d'avoir échappé à la moitié de la comédie. C'est toujours cela de gagné (Hugo, Notre-Dame de Paris,1832, p. 53).
9. Ça n'est plus ça. Ce n'est plus la même chose, cela a changé en moins bien. Lorsqu'il arriva au bagne de Toulon, il était gai comme un pinson. Au bout de quelques jours, ça n'était plus ça (F. Vidocq, Les Vrais mystères de Paris,t. 3, 1844, p. 347).
10. Ce n'est pas tout ça! (comme transition, pour passer d'une action à une autre). Il y a plus. Ce n'est pas tout ça, dit un garçon; amène donc des chaises et des verres (Arland, L'Ordre,1929, p. 97).
11. Ce n'est que cela! N'est-ce que cela? C'est moins important que prévu :
20. ... je me demandai soudain avec angoisse : « Qu'arrive-t-il? Est-ce cela ma vie? N'était-ce que cela? Est-ce que cela continuera ainsi, toujours? » S. de Beauvoir, Mémoires d'une jeune fille rangée,1958, p. 94.
12. Rien que ça! (pour marquer un étonnement quelque peu sceptique). Ah! dites-donc! soixante francs, rien que ça... (Aymé, Clérambard,1950, I, 7, p. 51):
21. ... il apprit que les Mourazof et Natacha Trébassof devaient avoir pris le train pour aller déjeuner à Pergalowo, une des premières stations de Finlande. − Rien que ça! fit-il, et il ajouta à part lui : Et ce n'est peut-être pas vrai! G. Leroux, Rouletabille chez le tsar,1912, p. 81.
13. Iron. Il ne manquait plus que cela! C'est un comble! Synon. pop. c'est complet! :
22. − Il faut vous marier, madame, avoir des enfants. − Des enfants! Il ne me manquerait plus que cela pour m'achever! s'écria-t-elle. Balzac, La Peau de chagrin,1831, p. 161.
14. Ell. Pas de ça! (pour marquer une désapprobation et un refus très net). Je ne veux pas de ça! Il n'en est pas question. Si j'écoutais ma gouvernante, je serais M. Argan tout bonnement (...) Pas de cela! J'entends sortir seul (A. France, Le Crime de Sylvestre Bonnard,1881, p. 467).
15. Ell. Pas ça!
a) [Avec un geste du pouce] Rien du tout! Pas la moindre quantité! Pas seulement fait un ch'ti bout de testament, mon bon monsieur, pas ça, rien de rien! À son âge! (R. Martin du Gard, Le Testament du Père Leleu,1920, I, p. 1139).
b) [Avec claquement de l'ongle du pouce contre une dent] Pas un sou. Si je ne peux pas m'embarquer, je ne recueillerai pas ça! Pas ça! répétait-il en faisant claquer son ongle contre ses dents... (Pourrat, Gaspard des Montagnes,À la belle bergère, 1925, p. 32).
16. P. plaisant. Avoir de ça (avec un geste explicatif).
a) [Geste de compter les billets ou la main sur la poche] Avoir de l'argent.
b) [La main au front] Avoir de l'intelligence, de l'esprit, du talent... :
23. « Il ne faut pas seulement de ça (ce qu'il entendait de son bras, instrument de travail), il faut aussi de ça (ce qu'il entendait de son front, siège de l'intelligence). » A. France, L'Étui de nacre,Mémoires d'un volontaire, 1892, p. 234.
[La main sur le cœur] Avoir du cœur. Vois-tu, mon cher, entre nous, il faut de ça. Et il se frappa le cœur (Balzac, Les Petits bourgeois,1850, p. 166).
[En parlant d'une femme] Avoir une belle poitrine.
17. Il y a de ça! Il y a du vrai dans ce qui vient d'être dit. Ils le trouvaient drôle, ce boui-boui, et, en somme, il y avait de ça (Courteline, Messieurs-les-Ronds-de-cuir,1893, 6etabl., III, p. 252).
18. Ça y est! (cf. y).
19. Spéc. Faire ça. Faire l'amour; se prostituer. Puisque c'est son métier, à cette gueuse, de faire ça avec tous les hommes (Maupassant, Contes et nouvelles,t. 2, Boule de suif, 1880, p. 142).
20. Fam. et très cour. [Pour s'informer de l'état de santé de qqn, en lui disant bonjour] Comment cela va-t-il? Comment ça va? Comment allez-vous? Comment vous portez-vous? « − Comment ça va? − Ça va toujours bien quand je te vois » (S. de Beauvoir, Mémoires d'une jeune fille rangée,1958, p. 200).[Réponse] Ça va bien, très bien, pas mal, doucement; comme ci, comme ça (cf. supra). « Bonjour, Monsieur Courbet! Comment vous portez-vous? » (...) « Merci! Bien le bonjour, cela ne va pas mal » (Banville, Odes funambulesques,Occidentales, 1859, p. 176).
Ell. Ça va? − Ça va, Madame Sennevilliers? − Doucement... (Van der Meersch, Invasion 14,1935, p. 114).
21. Le ça ira. Chanson de l'époque révolutionnaire française. Fredonner le ça ira :
24. Agitation. Bruit qui se rapproche. Le ça ira. Les passants commencent à se disperser çà et là. Irruption d'une troupe de sans-culottes, armés de piques et de sabres, derrière un homme portant une tête à la pointe de la pique. Bernanos, Dialogues des Carmélites,1948, 5etabl., 9, p. 1703.
Plur. Des ça ira (O. Feuillet, Bellah,1850, p. 20).
II.− PSYCHANAL., uniquement emploi subst. Ça, subst. masc. (chez Freud). Ensemble des pulsions inconscientes formées par les instincts primaires (héréditaires) et les pulsions refoulées (acquises), et constituant l'une des trois instances de la personnalité. Anton. le moi et le surmoi :
25. ... le « ça », au neutre (es); il comporte non seulement les produits du refoulement, mais l'ensemble des instincts élémentaires, le primitif en nous, sous la domination souveraine du principe de plaisir. Il reste la grande force anarchisante. Mounier, Traité du caractère,1946, p. 580.
Prononc. et Orth. : [s(ə)la]. Avec amuïssement du l, réduction à [sa], ça (Nyrop Phonét. 1951, p. 35). Cela : ds Ac. 1694-1932; ça ds Ac. 1878 et 1932. Étymol. et Hist. I. Gramm. A. Sans relation avec ceci 1. compl. d'obj. xiiies. çoula « ce, cette chose » désigne souvent ce qui a été dit (Liv. de la trés. d'Origny-Ste-Ben., ms. S. Quentin ds Gdf. Compl.), forme attestée jusqu'au xives., Jehan de La Mote, Li regret Guillaume, 141 ds Quem.; 1389 cela (Jehan Le Petit, Livre du champ d'or, 427, ibid.); 1649 ça pop. (Cinquiesme partie et conclusion de l'Agréable Conférence de deux païsans de Saint-Ouen ds Nisard, Ét. sur le lang. pop., Paris, 1872, p. 341); − compl. d'obj., fréquemment avec le verbe avoir . précisé par une prop. subordonnée introd. par que 1586 (Le Loyer, Hist. des Spectres, II, 3 ds Hug.); . précisé par un inf. introd. par de 1586 (Id., op. cit., II, 3, ibid.); − compl. d'obj. devant une prop. commençant par le relatif que [fonction d'antécédent du relatif] (ca 1450 Mist. Viel Testament, éd. J. de Rothschild, VII, 3915, I, 149); − employé avec diverses particules invariables : 1670 avec tout cela « néanmoins, cependant » (Mol., Bourg. III, 12 ds Littré); 1936 avec tout ça (Aragon, Les Beaux quartiers, p. 210); 1649 pop. coume ça (Suitte et quatriesme partie de l'Agréable Conférence de Piarot et de Janin ds Nisard, op. cit., p. 333); av. 1696 comme cela « de cette façon » (Mmede Sév. ds Lar. 19e); 1782 comme ça (Laclos, Liaisons, XVI ds Brunot, t. 6, p. 1436); 1835 comment cela? (Ac.); 1855 comment ça? (G. Sand, Histoire de ma vie, t. 3, p. 404); 1835 à cela près (Ac.); 2. sujet ca 1450 cella (Mist. Viel Testament, 31479); 1649 ça (Suitte et quatriesme partie de l'Agréable Conférence ds Nisard, op. cit., p. 333); 1661 (La Fontaine, Lettre à Mr de Maucroix cité par A. Henry ds R. Ling. rom., t. 19, 1955, p. 5); ça n'est employé devant les formes simples du verbe être que dans le fr. pop. et le fr. des Flamands (Grev. § 534, 2 note 1; v. aussi A. Henry, loc. cit., p. 12); av. 1650 cela désigne une personne (Vaug. ds Trév. 1704); 1814 ca (Jouy, L'Hermite de la Chaussée d'Antin, t. 5, p. 72); − le suj. est précisé . par une prop. subordonnée introd. par que : 1668 cela ... que (Molière, L'Avare, I, 4); . ou par un inf. introd. par de : 1671 cela ... de (Id., La Comtesse d'Escarbagnas, 8); 1730 pop. ca ... de (1ère Harangue des habitants de la paroisse de Sarcelles ds Nisard, op. cit., p. 364); − dans une comparaison, accompagné d'un geste : 1670 cela (Molière, Bourgeois gentilhomme, IV, 3 : pas plus grand que cela); 1852 ça (Hugo, Correspondance, p. 71); − en relation avec . le pronom c(e) : mil. xves. cela (Farce de Maistre Pathelin, éd. Holbrook, 1539); 1731 pop. ça (Les Habitans de Sarcelles désabusés au sujet de la Constitution Unigenitus ds Nisard, op. cit., p. 369); . ou bien il : 1830 il ... ça (Stendhal, Le Rouge et le Noir, p. 170); 1831 il ... cela (Balzac, supra ex. 22); − sert à mettre en valeur, renforcer un membre de phrase av. 1693 fam. cela (Bussy ds Guérin); . un interrogatif (sauf combien et lequel d'apr. R. Porquier ds Fr. mod., sept. 1972, no9, 1, p. 10a), les adv. oui et non : 1837 qui ça? (Soulié, Les Mémoires du diable, t. 1, p. 76), v. aussi Henry, loc. cit., p. 9; B. cela en relation avec ceci* a) xves. distingue deux choses plus ou moins déterminées, v. ceci; b) 1740 désigne la chose la plus éloignée (Ac.). II. Psychanal. 1946 ça (Mounier, supra ex. 25); 1965 Le Moi et le Ça (S. Freud, Essais de psychanal., trad. A. Hesnard, p. 186; [éd. 1948, p. 172 : Le Moi et le Soi]). I, cela, composé de ce*, pron. dém., et de là, adv.; ça forme contractée de cela; l'hyp. d'une confusion avec l'adv. çà* (Dauzat 1973; v. aussi J. Orr ds Mél. Bruneau, 1954, pp. 29-34) ne semble pas à retenir, ça pron. apparaissant au xviies., à l'époque où çà, adv., est en train de sortir de l'usage (A. Henry, loc. cit., p. 4 et 5). II calque de l'all. Es, pron. neutre substantivé, terme choisi par Sigmund Freud ds son ouvrage Das Ich und das Es, 1923 pour désigner la partie du psychisme d'où viennent les impulsions instinctives correspondant aux besoins primitifs.
STAT. − Fréq. abs. littér. Cela : 78 861. Ça : 48 744. Fréq. rel. littér. Cela : xixes. : a) 93 144, b) 139 011; xxes. : a) 112 515, b) 113 760. Ça : xixes. : a) 9 144, b) 56 943; xxes. : a) 103 242, b) 106 907.
BBG. − Baarslag (A. F.) Le Suj. neutre il, ce, cela. R. des lang. vivantes. 1964, t. 30, no1, pp. 3-14. − Brinkmann (F.). Grammatische Untersuchungen. Arch. St. n. Spr. 1876, t. 55, pp. 189-200. − Cohen 1946, p. 54. − Georgin (R.). Ceci dit. Déf. Lang. fr. 1971, no58, p. 11. − Mauch (U.). Geschehen « an sich » und Vorgang ohne Urheberbezug im modernen Französisch. Bern, 1969, pp. 53-64. − Piscolla (V.). L'Evoluzione del dimostratívo neutro ce dalle origini della lingua. Campobasso, 1965, pp. 7-29.

Wiktionnaire

Pronom démonstratif - français

cela \sə.la\

  1. Cette chose-là, par opposition à cette chose-ci. — Note d’usage : Pronom permettant de remplacer un objet distant (ou un être vivant dont on ignore la nature). En revanche (à l’inverse du pronom ceci), il ne remplace jamais une personne.
  2. (Littéraire) Cette chose, cette situation. — Note d’usage : Sans opposition à ceci. On utilise ce devant le verbe être, et plus souvent ça dans les autres cas à l’oral.
    • – Ça n’est pas ce que tu crois.
      A vrai dire Amédée ne songeait pas bien particulièrement à
      cela, mais l’effort de Carola pour le rassurer l’inquiéta au contraire. Car enfin, du moment qu’elle affirmait que ce n’était pas cela, c’était donc que ç’aurait pu l’être. Après tout, était-elle bien sûre que ça ne l’était pas ? Et que ce fût cela, lui le trouvait tout naturel ; car enfin il avait péché ; il méritait que ça le fût. Ça devait l’être. — (André Gide, Les Caves du Vatican, 1914)
    • Il offre des sacrifices, aux autres dieux selon le rite albain, à Hercule selon le rite grec, suivant en cela la règle établie par Évandre. — (Tite-Live, Histoire romaine, éd. Les belles Lettres, 1940, texte établi par J. Bayet et traduit par G. Baillet, tome 1, livre 1, § VII, page 13)
    • Pour lui, faire des achats représentait toujours une corvée, et même plus que cela, mais Emma et Lucy, elles, semblaient heureuses comme des poissons dans l’eau. — (Carol Arens, Pour l'amour d'un hors-la-loi, traduit de l'anglais par Jacques Cezanne, éditions Harlequin, 2012, 2013, chapitre 4)
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

CELA. pron. dém.
Voyez CE.

Littré (1872-1877)

CELA (se-la), nom général de chose, ou, ce qui revient au même, l'adjectif ce (cela est pour ce-là) pris substantivement au masculin singulier.
  • 1Indiquant, par opposition à ceci, la chose la plus éloignée. Reprenez ceci et donnez-moi cela. Cela est bon, mais ceci vaut encore mieux.
  • 2Indiquant, sans opposition à ceci, un objet présent, un fait actuel, la chose dont on parle ou dont on va parler. Cela fait, cela dit, je m'éloignai. À cela près. Cela ne fait rien. Et moi qui m'étais défendu toute ma vie des tristesses, des langueurs et des inquiétudes de l'amour, je trouve à cette heure tout cela dans l'amitié, Voiture, Lettr. 53. Et quand je vous aurais payé au double tout ce que je vous dois, après cela je ne serais pas encore quitte, Voiture, ib. L'objection à cela, c'est que les sauvages ont une religion, Pascal, Mir. 30. Nous rendrons-nous à cela ? Molière, Bourg. III, 10.

    Point de cela ou pas de cela, phrase abrégée signifiant : je ne veux point ou pas de cela. Ne plus nous voir, oh ! point de cela. Dans le discours ordinaire, on contracte souvent et l'on dit : point de ça.

    Il ne manque plus que cela, signifie c'est le dernier coup, le dernier trait, la dernière souffrance. Fâchez-vous à présent contre moi, il ne manque plus que cela. Dans le discours familier on contracte le plus souvent : il ne manque plus que ça.

    Cela, sorte d'affirmation qui se met à la fin d'un membre de phrase, et qui y donne plus d'expression. Voilà parler, cela, et voilà ce que c'est que montrer de la fermeté. Voilà des événements, cela !

  • 3Haut, grand comme cela, et souvent, dans la conversation, comme ça, se dit pour indiquer une certaine hauteur ou grandeur, que l'on est supposé marquer par un geste de la main. Je vous ai vu que vous n'étiez pas plus grand que cela, Molière, Bourg. IV, 5. Mes lettres vous pleuvront une page pour une ligne, et bientôt vous en aurez haut comme cela, Courier, Lett. I, 25.

    Cela, avec un geste de mépris qui explique la pensée. Pour moi je m'en soucie autant que de cela, Molière, l'Étour. II, 7.

    N'est-ce que cela ? indique le peu d'importance qu'on attache à quelque chose.

  • 4 Familièrement. C'est cela, c'est bien cela, se dit à une personne qui cherche à imiter quelque chose, ou qui montre qu'elle a bien compris ce qu'on lui a dit.

    C'est bien, cela ! se dit quelquefois pour approuver et encourager une personne.

  • 5Comment allez-vous ? - Comme cela, et, dans la conversation, comme ça, c'est-à-dire pas trop bien.
  • 6Il est comme cela, c'est sa manière d'être, son caractère.

    C'est comme cela, la chose est ainsi, il faut en prendre son parti.

    Comment cela ? quoi ! est-ce possible ? comment, de quelle manière ?

  • 7Cela… que, locution où cela annonce ce qui va être dit. Cela est faux, mes pères, que, la défense étant permise, le meurtre soit aussi permis, Pascal, Prov. 14. Cela même est assez plaisant, que ce système fut alors une occasion de péché, Fontenelle, Les mondes, 1er soir. Ils ont cela de bon qu'ils ne laissent pas de dire…, Pascal, Prov. 1.
  • 8Cela avec le pronom il qui le représente. Cela viendra peut-être ; mais il n'est pas venu, Sévigné, 15. Je vous dis cela comme il m'a été dit, Sévigné, 300. Si cela est vrai pour les hommes, à plus forte raison l'est-il pour les jeun es gens, Rousseau, Ém. IV. Cela peut être véritable, quoiqu'il ne soit pas certain, Pascal, Prov. 13.
  • 9En parlant des personnes. J'ai vu cela tout jeune. Comme cela dort, ces jeunes gens ! Cette petite fille m'a frappé en passant ; je lui ai demandé qui étaient ses parents : cela meurt de faim, cela a quatorze ou quinze ans, Saint-Simon, 355, 180.
  • 10Avec cela, néanmoins. Je suis convaincu que vous ne viendrez pas ; avec cela, je vous attends toujours.

    Avec tout cela, néanmoins. Je me suis acquis dans les armes l'honneur de six ans de service ; mais, avec tout cela, je ne veux pas me donner un nom où d'autres en ma place croiraient pouvoir prétendre, Molière, Bourg. III, 12.

    Pour cela, en vérité, effectivement. Il a reçu une charmante lettre de son ami, oh ! pour cela, vraiment charmante. N'est-il pas fier de sa noblesse ? - Oh ! pour cela, non.

    Par contraction, ça (voy. ce mot).

REMARQUE

Des grammairiens ont demandé que l'Académie mît un accent grave, celà, puisqu'elle en met un sur là et sur voilà ; ç'aurait l'avantage d'effacer une inconséquence d'orthographe. Mais, l'accent grave sur là n'ayant d'autre objet que de le distinguer, pour l'œil, de la article, du moment que dans un mot, comme cela, il n'y a plus de confusion possible, il est inutile de surcharger l'écriture ; c'est ainsi que dû se distingue de du, au lieu qu'au pluriel on écrit dus sans accent parce qu'il n'y a plus rien à distinguer.

HISTORIQUE

XVIe s. L'amour a cela qu'il s'attache et se lie à tout ce qu'il trouve comme fait le lierre, Amyot, Comm. il faut ouïr, 19.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

CELA. - REM. Ajoutez :

2. Cela avec le verbe être et un nom au pluriel se construit avec le pluriel du verbe. Les auteurs, les décrets, les livres, cette âcre fumée de gloire qui fait pleurer, tout cela sont des folies de l'autre monde, auxquelles je ne prends plus de part, Rousseau, Lett. à Coindet, 29 mars 1766. Mais enfin tout cela ne sont pas des preuves, Rousseau, Lett. au comte de Tonnerre, 18 sept. 1768. On pourra mettre aussi le singulier : Tout cela n'est pas des preuves.

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Étymologie de « cela »

Composé du pronom ce et du clitique -là.
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Ce et là ; picard, chelo ; wall. soula.

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Phonétique du mot « cela »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
cela sœla

Fréquence d'apparition du mot « cela » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « cela »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « cela »

  • C’est un peu cela que vous allez faire tout à l’heure, quand elle voudra bien vous recevoir, non ? Les argents, c’est pas tout ! Ceux qui les ont, ils ne les lâchent pas ainsi. Faut, qu’en plus, on paie en nature ! C’est la loi.
    Jean Anouilh — Colombe
  • Comme il n’y avait pas de trace de règlement en argent, il y avait forcément paiement en nature. Si cela ne s’était pas passé avant le crime, cela s’était passé après.
    Paule Constant — La bête à chagrin
  • Dada a son origine dans le dictionnaire. C’est terriblement simple. En français cela signifie « cheval de bois ». En allemand « va te faire, au revoir, à la prochaine ». En roumain « oui en effet, vous avez raison, c’est ça, d’accord, vraiment, on s’en occupe », etc. C’est un mot international. Seulement un mot et ce mot comme mouvement.
    Hugo Ball — Manifeste littéraire
  • Comment obtenir la béatitude ? En disant Dada. Comment devenir célèbre ? En disant Dada. D’un geste noble et avec des manières raffinées. Jusqu’à la folie. Jusqu’à l’évanouissement. Comment en finir avec tout ce qui est journalisticaille, anguille, tout ce qui est gentil et propret, borné, vermoulu de morale, européanisé, énervé ? En disant Dada. Dada c’est l’âme du monde, Dada c’est le grand truc. Dada c’est le meilleur savon au lait de lys du monde. Dada Monsieur Rubiner, Dada Monsieur Korrodi, Dada Monsieur Anastasius Lilienstein. Cela veut dire en allemand : l’hospitalité de la Suisse est infiniment appréciable. Et en esthétique, ce qui compte, c’est la qualité. Je lis des vers qui n’ont d’autre but que de renoncer au langage conventionnel, de s’en défaire. Dada Johann Fuchsgang Goethe. Dada Stendhal, Dada Dalaï-lama, Bouddha, Bible et Nietzsche. Dada m’Dada. Dada mhm Dada da. Ce qui importe, c’est la liaison et que, tout d’abord, elle soit quelque peu interrompue.Je ne veux pas de mots inventés par quelqu’un d’autre. Tous les mots ont été inventés par les autres. Je revendique mes propres bêtises, mon propre rythme et des voyelles et des consonnes qui vont avec, qui y correspondent, qui soient les miens. Si une vibration mesure sept aunes, je veux, bien entendu, des mots qui mesurent sept aunes. Les mots de Monsieur Dupont ne mesurent que deux centimètres et demi. On voit alors parfaitement bien comment se produit le langage articulé. Je laisse galipetter les voyelles, je laisse tout simplement tomber les sons, à peu près comme miaule un chat… Des mots surgissent, des épaules de mots, des jambes, des bras, des mains de mots. AU. OI. U. Il ne faut pas laisser venir trop de mots. Un vers c’est l’occasion de se défaire de toute la saleté. Je voulais laisser tomber le langage lui-même, ce sacré langage, tout souillé, comme les pièces de monnaie usées par des marchands. Je veux le mot là où il s’arrête et là où il commence. Dada, c’est le coeur des mots. Toute chose a son mot, mais le mot est devenu une chose en soi. Pourquoi ne le trouverais-je pas, moi ? Pourquoi l’arbre ne pourrait-il pas s’appeler Plouplouche et Plouploubache quand il a plu ? Le mot, le mot, le mot à l’extérieur de votre sphère, de votre air méphitique, de cette ridicule impuissance, de votre sidérante satisfaction de vous-mêmes. Loin de tout ce radotage répétitif, de votre évidente stupidité.Le mot, messieurs, le mot est une affaire publique de tout premier ordre.
    Hugo Ball —  Manifeste littéraire
  • Oh, elle avait beaucoup parlé (pour noyer le poisson ?) de Bruno, de leur séparation, de l’échec que cela représentait pour elle. Marine avait joué à fond la carte du désespoir amoureux…
    Marie Nimier — Sirène
  • Et voici elles burent le vin, les éhontées, et bien- tôt elles s’égayèrent, comme si elles n’avaient fait que cela dans leur vie.
    Alexis Tolstoï — Pierre Le Grand
  • Cela ne donnait pas grand-chose. À la fin j’ai tout plaqué et j’ai trouvé mon chemin de Damas un beau soir. Je me suis mis à écrire simplement, directement, comme une de mes lettres, par petits paragraphes serrés et voluptueux, une histoire simple qui pourrait être la mienne. Depuis, ça marche tout seul.
    Alain-Fournier — Miracles
  • Voilà. Ces personnages vont vous jouer l’histoire d’Antigone. Antigone, c’est la petite maigre qui est assise là-bas, et qui ne dit rien. Elle regarde droit devant elle. Elle pense. Elle pense qu’elle va être Antigone tout à l’heure, qu’elle va surgir soudain de la maigre jeune fille noiraude et renfermée que personne ne prenait au sérieux dans la famille et se dresser seule en face du monde, seule en face de Créon, son oncle, qui est le roi. Elle pense qu’elle va mourir, qu’elle est jeune et qu’elle aussi, elle aurait bien aimé vivre. Mais il n’y a rien à faire. Elle s’appelle Antigone et il va falloir qu’elle joue son rôle jusqu’au bout… Et, depuis que ce rideau s’est levé, elle sent qu’elle s’éloigne à une vitesse vertigineuse de sa sœur Ismène, qui bavarde et rit avec un jeune homme, de nous tous, qui sommes là bien tranquilles à la regarder, de nous qui n’avons pas à mourir ce soir.Le jeune homme avec qui parle la blonde, la belle, l’heureuse Ismène, c’est Hémon, le fils de Créon. Il est le fiancé d’Antigone. Tout le portait vers Ismène : son goût de la danse et des jeux, son goût du bonheur et de la réussite, sa sensualité aussi, car Ismène est bien plus belle qu’Antigone ; et puis un soir, un soir de bal où il n’avait dansé qu’avec Ismène, un soir où Ismène avait été éblouissante dans sa nouvelle robe, il a été trouver Antigone qui rêvait dans un coin, comme en ce moment, ses bras entourant ses genoux, et il lui a demandé d’être sa femme. Personne n’a jamais compris pourquoi. Antigone a levé sans étonnement ses yeux graves sur lui et elle lui a dit « oui » avec un petit sourire triste… L’orchestre attaquait une nouvelle danse, Ismène riait aux éclats, là-bas, au milieu des autres garçons, et voilà, maintenant, lui, il allait être le mari d’Antigone. Il ne savait pas qu’il ne devait jamais exister de mari d’Antigone sur cette terre et que ce titre princier lui donnait seulement le droit de mourir.Cet homme robuste, aux cheveux blancs, qui médite là, près de son page, c’est Créon. C’est le roi. Il a des rides, il est fatigué. Il joue au jeu difficile de conduire les hommes. Avant, du temps d’Œdipe, quand il n’était que le premier personnage de la cour, il aimait la musique, les belles reliures, les longues flâneries chez les petits antiquaires de Thèbes. Mais Œdipe et ses fils sont morts. Il a laissé ses livres, ses objets, il a retroussé ses manches, et il a pris leur place.Quelquefois, le soir, il est fatigué, et il se demande s’il n’est pas vain de conduire les hommes. Si cela n’est pas un office sordide qu’on doit laisser à d’autres, plus frustes… Et puis, au matin, des problèmes précis se posent, qu’il faut résoudre, et il se lève, tranquille, comme un ouvrier au seuil de sa journée.La vieille dame qui tricote, à côté de la nourrice qui a élevé les deux petites, c’est Eurydice, la femme de Créon. Elle tricotera pendant toute la tragédie jusqu’à ce que son tour vienne de se lever et de mourir. Elle est bonne, digne, aimante. Elle ne lui est d’aucun secours. Créon est seul. Seul avec son petit page qui est trop petit et qui ne peut rien non plus pour lui.Ce garçon pâle, là-bas, au fond, qui rêve adossé au mur, solitaire, c’est le Messager. C’est lui qui viendra annoncer la mort d’Hémon tout à l’heure. C’est pour cela qu’il n’a pas envie de bavarder ni de se mêler aux autres. Il sait déjà…Enfin les trois hommes rougeauds qui jouent aux cartes, leurs chapeaux sur la nuque, ce sont les gardes. Ce ne sont pas de mauvais bougres, ils ont des femmes, des enfants, et des petits ennuis comme tout le monde, mais ils vous empoigneront les accusés le plus tranquillement du monde tout à l’heure. Ils sentent l’ail, le cuir et le vin rouge et ils sont dépourvus de toute imagination. Ce sont les auxiliaires toujours innocents et toujours satisfaits d’eux-mêmes, de la justice. Pour le moment, jusqu’à ce qu’un nouveau chef de Thèbes dûment mandaté leur ordonne de l’arrêter à son tour, ce sont les auxiliaires de la justice de Créon.Et maintenant que vous les connaissez tous, ils vont pouvoir vous jouer leur histoire. Elle commence au moment où les deux fils d’Œdipe, Étéocle et Polynice, qui devaient régner sur Thèbes un an chacun à tour de rôle, se sont battus et entre-tués sous les murs de la ville, Étéocle l’aîné, au terme de la première année de pouvoir, ayant refusé de céder la place à son frère. Sept grands princes étrangers que Polynice avait gagnés à sa cause ont été défaits devant les sept portes de Thèbes. Maintenant la ville est sauvée, les deux frères ennemis sont morts et Créon, le roi, a ordonné qu’à Étéocle, le bon frère, il serait fait d’imposantes funérailles, mais que Polynice, le vaurien, le révolté, le voyou, serait laissé sans pleurs et sans sépulture, la proie des corbeaux et des chacals… Quiconque osera lui rendre les devoirs funèbres sera impitoyablement puni de mort.Pendant que le Prologue parlait, les personnages sont sortis un à un. Le Prologue disparaît aussi. L’éclairage s’est modifié sur la scène. C’est maintenant une aube grise et livide dans une maison qui dort. Antigone entr’ouvre la porte et rentre de l’extérieur sur la pointe de ses pieds nus, ses souliers à la main. Elle reste un instant immobile à écouter. La nourrice surgit.
    Jean Anouilh —  Antigone
  • Je suis communiste parce que cela me dispense de réfléchir.
    Frédéric Joliot-Curie
  • « Oh ! ne parlez pas de ma peine, » dit la Duchesse ; « je vous fais cadeau de tout ce que j’ai dit jusqu’à présent. » « Voilà un cadeau qui n’est pas cher ! » pensa Alice. « Je suis bien contente qu’on ne fasse pas de cadeau d’anniversaire comme cela ! » Mais elle ne se hasarda pas à le dire tout haut.
    Lewis Carroll — Alice au pays des merveilles
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Traductions du mot « cela »

Langue Traduction
Anglais this
Espagnol esta
Italien questo
Allemand diese
Chinois 这个
Arabe هذه
Portugais esta
Russe это
Japonais この
Basque hau
Corse questu
Source : Google Translate API

Antonymes de « cela »

Combien de points fait le mot cela au Scrabble ?

Nombre de points du mot cela au scrabble : 6 points

Cela

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