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Crasse

[kras]
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Définitions de « crasse »

Crasse - Adjectif

  • D'une épaisseur notable.

    Dans le creuset de la politique, la crasse de la corruption se révèle souvent d'une épaisseur notable.
    (Citation fictive)
  • (Figuré, Droit) Manifestement disproportionné, soulignant un déséquilibre flagrant entre les intérêts des parties.

    Le seul fait que la résiliation entraîne des conséquences pénibles pour le locataire n'est pas suffisant; il faut une disproportion crasse entre l'intérêt du preneur au maintien du contrat et l'intérêt du bailleur à y mettre fin
  • (Figuré, Familier) Très grossier et absolument inexcusable.

    Hannibal Lecter : Vous savez à quoi vous ressemblez, avec votre sac à main et vos chaussures bon marché ? À une fille de ferme… Une fille de ferme endimanchée, sans le moindre bon goût. Une alimentation correcte a fait de vous une fille solide, mais vous n’êtes pas à plus d’une génération de la pauvreté crasse.
    — Ted Tally, traduit par l’Européenne du doublage

Crasse - Nom commun

  • Substance impure et souvent visqueuse accumulée sur la peau, dans les poils ou sur les vêtements par manque d'hygiène.

    des reprises de toutes couleurs, des taches de toutes formes, de la toile en lambeaux, du cuir gras, de la crotte séchée, de la poussière nouvelle, des cordes qui pendaient, des guenilles qui brillaient, de la crasse sur l'homme, de la gale sur la bête, [...] tout cela ne faisait qu’une même chose [...], dont l’ensemble s’appelle la poste d’Auray.
    — Gustave Flaubert et Maxime Du Camp, Par les champs et les grèves (Voyage en Bretagne)
  • Résidu solide produit lors du traitement thermique ou mécanique des métaux.

    Dans les entrailles des usines, le travail des métaux vomit sa crasse, dépôt solide au visage sordide, trace griseâtre de l’effort industriel.
    (Citation fictive)
  • Impuretés terreuses présentes dans le charbon ou autres combustibles fossiles.

    Une petite rivière y coulait, la Vernette, affluent de la Ryse : elle sentait le charbon parce qu'elle venait de Saint-Ponayre où il y avait des mines et des usines à schiste dont elle charriait les crasses.
    — Émile Guillaumin, Près du sol
  • (Figuré) Morale corrompue ou acte répréhensible marqué par une bassesse extrême.

    Dans le marasme politico-financier de notre époque, la crasse morale est à l'ordre du jour, suintant des entrailles d'un système gangrené par la corruption.
    (Citation fictive)

Expressions liées

  • Crasse repoussante
  • Crasser ses vêtements
  • Crasses non parasitaires (Dermite en forme de calotte, du cuir chevelu due à des sécrétions sébacées anormales)
  • Crasses parasitaires (Lésions épidermiques causées par des champignons microscopiques, tels le pityriasis versicolore, l'érythrasma, les épidermicoses, les teignes)
  • Cuve à crasses
  • Faire une, des crasses à quelqu'un (jouer un mauvais tour à quelqu'un.)
  • L'odeur de la crasse
  • La crasse de
    Des écoliers assez intelligents, mais qu'il serait forcé de tirer par ses leçons de la crasse de l'ignorance
    — George Sand, Consuelo
  • Petite crasse!
  • Poudre crassant l'intérieur des armes
  • Puer la crasse
  • Sentir la crasse
  • Sortir de la crasse (Parvenir à s'élever au-dessus de sa condition première soit par un labeur acharné soit à la suite d'un héritage ou d'un coup de chance)
    Je l'avais indigné [Moreau] en lui disant que la guerre était le seul moyen de sortir de la crasse où nous vivons
    — Beauvoir, L'invitée
  • Tomber dans la crasse (déchoir de rang, de fortune.)
  • Une couche de crasse, noir de crasse
  • Une humeur crasse
  • Vivre dans la crasse (Se complaire dans une extrême malpropreté)
  • Être né dans la crasse (être issu d'un milieu très pauvre.)

Étymologie de « crasse »

Du latin crassus, signifiant « épais », « gras », « grossier ». L'ancien français utilisait le terme cras pour désigner ce que nous appelons aujourd'hui « gras ». Cette ancienne forme n'a été conservée qu'au féminin et dans un sens particulier.

Usage du mot « crasse »

Évolution historique de l’usage du mot « crasse » depuis 1800

Fréquence d'apparition du mot « crasse » dans le journal Le Monde depuis 1945

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Synonymes de « crasse »

Antonymes de « crasse »

Citations contenant le mot « crasse »

  • Le rappeur Wearing My Rolex insiste sur le fait que lui et Stormzy sont «au-dessus de lui maintenant» et qu’il aime le hitmaker de Heavy Is The Head, après s’être affronté lorsque Wiley a prétendu qu’Ed Sheeran essayait de coopter la crasse avec sa collaboration avec Stormzy sur son Single 2019 «  Take Me Back To London  ».
    Breakingnews.fr — Wiley vs Stormzy beef - qui a vraiment gagné la guerre contre la crasse?
  • Il faut dire : La crasse du tympan et non Le sacre du printemps.
    Marcel Duchamp
  • Le coeur le plus endurci et l'ignorance la plus crasse doivent disparaître devant le soleil levant de la souffrance patiente et sans méchanceté.
    Gandhi — Le jeune Inde
  • On a porté partout des verres à la ronde, Où les doigts des laquais dans la crasse tracés Témoignaient par écrit qu'on les avait rincés.
    Nicolas Boileau dit Boileau-Despréaux — Satires
  • Le sérieux n’est que la crasse accumulée dans les têtes vides.
    Roland Topor — Journal in Time
  • Si la façade côté rue fait illusion, tout le reste n’est que crasse, plafonds défoncés et moisissure. Surprenant pour une telle annonce où les agents immobiliers tentent généralement de montrer le meilleur côté des biens à vendre. Mais le site TwistedSifter apporte une explication à cette publication : ce type d’affaire pourrait intéresser un promoteur ou un investisseur qui récupérera au passage un terrain de près de 500 m² une fois la maison rasée. Dans ce cas, mieux vaut dissuader les potentiels acheteurs qui espèrent pouvoir rénover une maison à moindre frais.
    Capital.fr — 700.000 euros pour un taudis : l'incroyable annonce immobilière publiée à New York - Capital.fr
  • Au bout de la rue Guénégaud, lorsqu’on vient des quais, on trouve le passage du Pont-Neuf, une sorte de corridor étroit et sombre qui va de la rue Mazarine à la rue de Seine. Ce passage a trente pas de long et deux de large, au plus ; il est pavé de dalles jaunâtres, usées, descellées, suant toujours une humidité âcre ; le vitrage qui le couvre, coupé à angle droit, est noir de crasse. Par les beaux jours d’été, quand un lourd soleil brûle les rues, une clarté blanchâtre tombe des vitres sales et traîne misérablement dans le passage. Par les vilains jours d’hiver, par les matinées de brouillard, les vitres ne jettent que de la nuit sur les dalles gluantes, de la nuit salie et ignoble. À gauche, se creusent des boutiques obscures, basses, écrasées, laissant échapper des souffles froids de caveau. Il y a là des bouquinistes, des marchands de jouets d’enfant, des cartonniers, dont les étalages gris de poussière dorment vaguement dans l’ombre ; les vitrines, faites de petits carreaux, moirent étrangement les marchandises de reflets verdâtres ; au-delà, derrière les étalages, les boutiques pleines de ténèbres sont autant de trous lugubres dans lesquels s’agitent des formes bizarres. À droite, sur toute la longueur du passage, s’étend une muraille contre laquelle les boutiquiers d’en face ont plaqué d’étroites armoires ; des objets sans nom, des marchandises oubliées là depuis vingt ans s’y étalent le long de minces planches peintes d’une horrible couleur brune. Une marchande de bijoux faux s’est établie dans une des armoires ; elle y vend des bagues de quinze sous, délicatement posées sur un lit de velours bleu, au fond d’une boîte en acajou. Au-dessus du vitrage, la muraille monte, noire, grossièrement crépie, comme couverte d’une lèpre et toute couturée de cicatrices.
    Thérèse Raquin — Émile Zola
  • Cette première pièce exhale une odeur sans nom dans la langue, et qu’il faudrait appeler l’odeur de pension. Elle sent le renfermé, le moisi, le rance ; elle donne froid, elle est humide au nez, elle pénètre les vêtements ; elle a le goût d’une salle où l’on a dîné ; elle pue le service, l’office, l’hospice. Peut-être pourrait-elle se décrire si l’on inventait un procédé pour évaluer les quantités élémentaires et nauséabondes qu’y jettent les atmosphères catarrhales et sui generis de chaque pensionnaire, jeune ou vieux. Eh bien, malgré ces plates horreurs, si vous le compariez à la salle à manger, qui lui est contiguë, vous trouveriez ce salon élégant et parfumé comme doit l’être un boudoir. Cette salle, entièrement boisée, fut jadis peinte en une couleur indistincte aujourd’hui, qui forme un fond sur lequel la crasse a imprimé ses couches de manière à y dessiner des figures bizarres. Elle est plaquée de buffets gluants sur lesquels sont des carafes échancrées, ternies, des ronds de moiré métallique, des piles d’assiettes en porcelaine épaisse, à bord bleus, fabriquées à Tournai. Dans un angle est placée une boîte à cases numérotées qui sert à garder les serviettes, ou tachées ou vineuses de chaque pensionnaires. Il s’y rencontre de ces meubles indestructibles, proscrits partout, mais placés là comme le sont les débris de la civilisation aux Incurables. Vous y verriez un baromètre à capucin qui sort quand il pleut, des gravures exécrables qui ôtent l’appétit, toutes encadrées en bois noir verni à filets dorés ; un cartel en écaille incrustée de cuivre ; un poêle vert, des quinquets d’Argand où la poussière se combine avec l’huile, une longue table couverte en toile cirée assez grasse pour qu’un facétieux externe y écrive son nom en se servant de son doigt comme de style, des chaises estropiées, de petits paillassons piteux en sparterie qui se déroule toujours sans se perdre jamais, puis des chaufferettes misérables à trous cassés, à charnières défaites, dont le bois se carbonise. Pour expliquer combien ce mobilier est vieux, crevassé, pourri, tremblant, rongé, manchot, borgne, invalide, expirant, il faudrait en faire une description qui retarderait trop l’intérêt de cette histoire, et que les gens pressés ne pardonneraient pas. Le carreau rouge est plein de vallées produites par le frottement ou par les mises en couleur. Enfin, là règne la misère sans poésie ; une misère économe, concentrée, râpée. Si elle n’a pas de fange encore, elle a des taches ; si elle n’a ni trous ni haillons, elle va tomber en pourriture.
    Balzac — Le Père Goriot

Traductions du mot « crasse »

Langue Traduction
Anglais dirt
Espagnol suciedad
Italien sporco
Allemand schmutz
Chinois 污垢
Arabe التراب
Portugais sujeira
Russe грязь
Japonais
Basque zikinkeria
Corse terra
Source : Google Translate API


Sources et ressources complémentaires

SOMMAIRE

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.