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Rose

Variantes Singulier Pluriel
Masculin et féminin rose roses

Définitions de « rose »

Trésor de la Langue Française informatisé

ROSE1, subst. fém.

I. − BOTANIQUE
A. − Fleur du rosier, de la famille des Rosacées, généralement odoriférante, dont l'espèce type comporte un calice ovale ou arrondi, une corolle de cinq pétales d'un rouge très pâle à l'origine, de nombreuses étamines, et dont on a tiré d'innombrables variétés quant aux formes et aux coloris. Rose en bouton, fanée, flétrie; rose cultivée, sauvage; rose simple, double; roses grimpantes, en buisson; épine(s), feuille(s), pétale(s) de rose; bouquet, couronne, guirlande de roses; odeur, parfum de roses; porter une rose à la boutonnière, à la main. Il pétrit la fleur dans ses puissantes petites mains, lui arracha des pétales, rebordés et sanguins (...) [ma mère] applaudissait, des yeux et de la voix, au massacre de la rose (Colette, Sido, 1929, p. 46):
1. C'est fini des belles grosses roses bourgeoises, bien portantes, à la façon de la baronne Prévost. Aujourd'hui, l'horticulture cherche la rose alanguie, aux feuilles floches et tombantes. Dans ce genre est exposée une merveille: la rose appelée Madame Cornelissen, une rose à l'enroulement lâche, au tuyautage desserré, au contournement mourant, une rose où il y a dans le dessin comme l'évanouissement d'une syncope, une rose névrosée, la rose décadente des vieux siècles. Goncourt, Journal, 1887, p. 679.
[Variétés de roses] Rose blanche, jaune, rouge; rose de(s) chien(s) (synon. églantine); rose à cent feuilles; rose de Damas, de Provins, de Syrie. Il y avait deux espèces de roses fourmillantes et odorantes; les roses rouges débordant le mur de la terrasse (...); les autres blanches minuscules poussaient sur un petit arbre (Jouve, Paulina, 1925, p. 214).Ses mains étaient encombrées de roses de Bengale, que nous lui avions offertes une par une, selon l'usage de la famille (H. Bazin, Vipère, 1948, p. 177).
En compos. Rose-mousse. Synon. de rose mousseuse (v. mousseux1A en partic.).Elle voudrait voir partir son mari sous les fleurs (...)! Vous qui avez de si belles roses-mousse, Madame Colette... − Mes roses-mousse! Quelle horreur! Sur un mort! (Colette, Sido, 1929, p. 45).Rose-thé. Rose d'un ocre pâle. Les lierres, les clématites et les roses-thé qui s'enchevêtraient sur les murs (Villiers de L'I.-A., Contes cruels, 1883, p. 289).
Rose pompon*.
P. métaph. À chaque battement de ton cœur, le mien te verse ses trésors, j'effeuille sur toi toutes les roses de mon âme comme les enfants les sèment devant l'autel au jour de la fête de Dieu (Balzac, Contrat mar., 1835, p. 330).Les roses heureuses de l'adolescence (Lautréam., Chants Maldoror, 1869, p. 182).
B. − [Utilisations de la rose]
1. ALIM. Confiture, conserves de roses, ratafia de roses. Les confitures, qui étaient du sorbet à la rose, n'obtinrent qu'un succès d'estime (About, Roi mont., 1857, p. 86).
2. PARFUMERIE, PHARM. Distillation de pétales de roses; pommade à la rose; huile de rose(s); sirop de roses pâles. Bien des cavaliers vendent leur manteau pour en jouer le prix, moi, je troquerais le mien contre un flacon d'essence de roses (Borel, Champavert, 1833, p. 238).
Eau* de rose. Loc. fig. À l'eau* de rose.
Pot aux roses. Récipient contenant de l'essence de roses. (Ds Littré). Loc. fig. Découvrir* le pot aux roses.
C. − [Représentations de la rose]
1. DÉCOR., PEINT. Roses en papier, en satin, en soie. Des roses peintes par Elstir, Proust disait déjà qu'elles étaient une « variété nouvelle dont ce peintre, comme un ingénieux horticulteur, avait enrichi la famille des roses » (Bachelard, Poét. espace, 1957, pp. 15-16).
2. RELIG. Rose d'or. Bijou en or représentant une rose, béni par le pape le 4edimanche de carême et envoyée, en certaines circonstances, à un souverain ou une souveraine catholique. Vous lui avez donné la rose d'or, suprême honneur que le Saint-Siège n'accorde qu'à ses enfants insignes (Montherl., Malatesta, 1946, ii, 4, p. 471).
D. − [Symbolisme de la rose] ,,Remarquable par sa beauté, sa forme et son parfum, la rose est la fleur symbolique la plus employée en Occident (...). Elle désigne une perfection achevée, un accomplissement sans défaut (...). Elle symbolise la coupe de vie, l'âme, le cœur, l'amour (...) la renaissance mystique`` (Symboles 1969). L'éternelle aventure de l'Adonis universel, de cette rose du monde qui se flétrit et refleurit sans cesse (A. France, Livre ami, 1885, p. 312):
2. La rose est comme le plaisir, son charme est le délire d'un moment (...). La rose commande le plaisir, elle convient à la joie, elle peut fleurir dans nos jardins. (...). La rose est connue des voluptueux... Senancour, Rêveries, 1799, p. 101.
1. Spécialement
a) HISTOIRE
α) La guerre des Deux-Roses, la guerre de la Rose rouge et de la Rose blanche. Au xves., guerre civile entre la maison de Lancastre (symbolisée par une rose rouge) et la maison d'York (symbolisée par une rose blanche), qui se disputaient la possession de la couronne d'Angleterre. J'ai analysé (...), sur le tableau de l'Angleterre, la fameuse guerre de la Rose rouge et de la Rose blanche (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 371). « ... Qu'est-ce que c'était que la guerre des Deux-Roses! » Pan! collée du premier coup! Je ne sais pas quinze mots sur la guerre des Deux-Roses (Colette, Cl. école, 1900, p. 221).
β) HIST. CONTEMP., POL. La rose (au poing). Emblème, symbole du parti socialiste français. Le bonheur et l'orgueil naturels qui éclatent, depuis dimanche, dans le parti de la rose ne masqueront pas longtemps que cette élection fut, si l'on peut dire, plus perdue par les uns que gagnée par les autres (Le Point, 11 mai 1981, p. 59, col. 1-2).
b) LITT. MÉDIÉV. Le Roman de la Rose. Poème allégorique du xiiies., en deux parties, dont la première fut composée par Guillaume de Lorris, et la seconde par Jean de Meung. [Le] roman philosophique, satirique ou allégorique comme le Roman de la Rose ou le Roman de Renart (Civilis. écr., 1939, p. 30-3).
c) MUS. Le Chevalier à la Rose. Œuvre lyrique, en trois actes de Richard Strauss. Le succès du Chevalier à la Rose (der Rosenkavalier) créé à Dresde le 26 janvier 1911 devait dépasser encore celui des deux ouvrages précédents (Dumesnil, Hist. théâtre lyr., 1953, p. 170).
2. [P. réf. à certaines qualités propres à la rose]
a) [P. réf. à la couleur de la rose, traditionnellement d'un rouge pâle et délicat] Les roses du teint; lèvres, visage de rose; bois* de rose (ébénist.). Luce, légère comme un angora blanc, gentille avec ses boucles molles et mobiles, son teint de rose fraîche (Colette, Cl. école, 1900, p. 286).
Loc. métaph.
L'aurore aux doigts de rose(s). V. doigt I A 1.
Teint de lis et de roses. V. lis A 2 en fonction de déterm.
Être frais comme une rose. Avoir une mine reposée, resplendissante. Le jeune seigneur est aussi vivant (...) que vous et moi. Il est frais comme une rose (A. France, Balth., Abeille, 1889, p. 269).
Voir (la vie, les choses...) couleur de rose(s). Voir tout sous un aspect agréable, gai. Vous ne connaissez pas ces pénibles incertitudes, Monsieur. La vie est couleur de rose pour vous (Stendhal, L. Leuwen, t. 3, 1836, p. 72).
b) [P. réf. à l'odeur suave de la rose] Ne pas sentir la rose. Sentir (très) mauvais. Ah! triste chose que l'humanité. Incarcérée, elle ne sent pas la rose. Dehors, libérée, elle emboucane, elle fouette à vomir (Arnoux, Algorithme, 1948, p. 221).
c) [P. réf. à l'agrément, au plaisir que procure la rose] Avec la chère certitude que me donne votre lettre, tous les malheurs de ma vie me semblent des roses, et je puis sourire à bien des martyres (Balzac, Lettres Étr., t. 2, 1842, p. 30).
Loc. métaph. Être (couché) sur des roses, sur un lit* de roses. Être dans une situation confortable, agréable. [Les contemporains de Schiller] ne manquent pas de lui dire à leurs manières, sous toutes les formes: Et moi donc, suis-je sur des roses? (Quinet, All. et Ital., 1836, p. 33).
P. antiphr. Vieilli. Être sur les roses. Être dans une situation inconfortable, déplaisante. (Ds Rey-Chantr. Expr. 1979). Fam. Envoyer (qqn) sur les roses. Envoyer promener, se débarrasser de (quelqu'un). Mon excuse est de n'avoir pas fait de philo, alors ces choses m'amusent, mais je n'ai personne avec qui en parler, on m'envoie vite fait sur les roses (Cavanna, Les Yeux plus grands que le ventre, Paris, P. Belfond, 1983, p. 228).
Jeter des roses sur (qqc.); joncher, semer (qqc.) de roses. Rendre (quelque chose) plus facile, plus supportable. Tous deux ils s'endormirent dans le même rêve, et Charles commença dès lors à jeter quelques roses sur son deuil (Balzac, E. Grandet, 1834, p. 163).L'existence des musiciens d'orchestre est donc semée d'à peu près autant de roses que celle des artistes des chœurs (Berlioz, Grotesques mus., 1869, p. 12).
Tout n'est pas roses (vieilli). Tout n'est pas plaisant, séduisant. Nous régnerons, va, mon mignon! Mais tout ne sera pas roses pour nous jusqu'au moment où nous ferons nos volontés! il n'y a rien de si difficile pour un roi que de régner! (Balzac, Martyr calv., 1841, p. 131).
Loc. proverbiales
C'est la plus belle rose de son chapeau (vieilli). V. chapeau B 3 a.
Il n'est point de (si belle) rose qui ne devienne gratte-cul* (vieilli).
Il n'y a pas de roses sans épines. V. épine C 1 b.
Le chardon gagne à fréquenter la rose. Un caractère désagréable s'améliore au contact d'une personne aimable. Nous causerons, nous rirons, et ensuite nous irons goûter la bière de mars; cela te convient-il? − Soit, fit David, j'y consens, le chardon gagne toujours à fréquenter la rose (Erckm.-Chatr., Ami Fritz, 1864, p. 141).
d) [P. réf. à la floraison, à l'épanouissement, puis à la flétrissure de la rose]
α) [P. allus. au poème de Ronsard: « Cueillez dès aujourd'hui les roses de la vie »] Dans un cont. métaph.Agréments, plaisirs (éphémères) qu'offre la vie. Le temps fane en vain les roses sur nos têtes; Le temps éteint toutes les fêtes (Desb.-Valm., Élégies, 1833, p. 164).
β) [P. allus. au poème de Malherbe: « Et rose elle a vécu ce que vivent les roses... »] La femme dans l'éclat de sa jeunesse, de sa beauté. Couché entre ces jeunes filles, la plénitude de ce que j'éprouvais (...) débordait de mon immobilité et de mon silence, en flots de bonheur dont le clapotis venait mourir aux pieds de ces jeunes roses (Proust, J. filles en fleurs, 1918, p. 910).
e) [La rose (partic. la rose blanche), symbole de pureté]
α) Fam. Virginité. Cueillir la rose d'une jeune fille; perdre sa rose. On avait surpris dans son pupitre, entre les feuilles de l'atlas, Julie ou comment j'ai sauvé ma rose, le livre licencieux prêté par Édouard (Adam, Enf. Aust., 1902, p. 200).Voir France 1907.
β) RELIG. CATH. Rose mystique. ,,Un des titres donnés à la Vierge Marie par ses Litanies`` (Foi t. 1 1968). [Raphaël] l'a revêtue [la Madone] de toutes les délicieuses perfections que lui prêtent les litanies: Étoile du matin, Rose mystique, Porte d'ivoire (Gautier, Guide Louvre, 1872, p. 33).
II. − P. anal. (d'aspect)
A. − BOT. [Sert à désigner diverses fleurs évoquant plus ou moins la rose] Laurier-rose*. Passe-rose*. Rose trémière* ou primerose*.
1. [Rose + subst. indiquant l'aspect, la couleur]Rose rubis. Variété de renonculacée. (Ds Littré). Rose pivoine. Pivoine. (Ds Quillet 1965).
2. [Rose + de + subst. indiquant un lieu]
Rose des Alpes. Variété de rhododendron. (Ds Littré).
Rose de Cayenne. Variété d'hibiscus. Synon. ketmie changeante. (Ds Quillet 1965).
Rose de Chine. Variété d'hibiscus. Pécuchet se procura le lilas des Indes, la rose de Chine et l'eucalyptus (Flaub., Bouvard, t. 1, 1880, p. 33).
Rose de Gueldre. Viorne ou boule de neige. (Ds Baillon t. 3 1891, Littré, Quillet 1965).
Rose d'Inde. Tagète ou œillet d'Inde (d'apr. Gressent, Créat. parcs et jardins, 1891, p. 949).
Rose du Japon. Camélia. Nous avons vu, en simple couronne fixée au bas de la forme d'un chapeau de paille à bords entiers, une mosaïque de roses. On y avait mêlé la rose du Japon, la rose mousse, la rose à cent feuilles (Obs. modes, t. 9, 15sept. 1823, p. 408).
Rose de Jéricho (ou des sables). Genre de Cruciféracée. Synon. anastatique1.C'est là que des moines (...) apportent − pour le commerce des reliques − les morceaux de la vraie croix (...) les roses de Jéricho, arides et ligneuses (A. Daudet, Rois en exil, 1879, p. 71).
Rose de Sibérie. Variété de rhododendron. (Ds Baillon t. 3 1891, Quillet 1965).
3. [Rose + de + subst. indiquant une période de l'année]Rose de Noël, rose d'hiver. Ellébore noir. Avançons lentement dans ce sombre mois de décembre. Il pleut. J'attends les roses de Noël (J. Bousquet, Trad. du sil., 1935, p. 19).
B. − Spéc. [Sert à désigner divers objets, produits de la nature ou réalisations humaines, dont l'aspect rappelle plus ou moins celui de la rose]
1. ARTS et INDUSTR.
a) ARCHIT., DÉCOR.
α) Petit ornement circulaire placé sous les plafonds des corniches ou sur le tailloir des chapiteaux corinthiens (d'apr. Jossier 1881, Havard 1890).
β) Grand vitrail, ensemble de vitraux de forme circulaire décorant le portail ou le transept d'une église. Synon. usuel rosace.Ces belles roses (fenêtres rondes garnies de brillants vitraux cramoisis, verts, bleus) (...) n'étaient encore, lorsqu'on bâtit Saint-Étienne de Nevers, qu'un petit œil-de-bœuf fort étroit (Stendhal, Mém. touriste, t. 1, 1838, p. 38).C'est dans les provinces de l'Île-de-France et de la Champagne que les roses ont le plus d'étendue et sont composées avec le plus de savoir et de goût. Cependant on ne saurait passer sous silence les belles roses de la cathédrale de Chartres, qui datent de la première moitié du XIIIesiècle, et qui sont si remarquables par leur style et leur exécution (Viollet1875).
γ) Rose de compartiment. ,,Ornement formé au milieu d'un pavé de marbre ou d'un parquet de menuiserie, et entouré d'une figure circulaire`` (Ac. 1835-1935).
b) INDUSTR. TEXT.
α) Grande rose. Linge damassé fabriqué en Flandre et en Basse-Normandie (d'apr. Mots rares 1965; ds Lar. 19eet dict. xxes.).
β) Marque ronde qui était laissée par le teinturier à l'extrémité de l'étoffe, pour indiquer les couleurs ayant servi de fond. (Dict. xixeet xxes.).
c) JOAILL. En rose. Dont la taille présente une partie supérieure facettée et une partie inférieure plate. P. méton. Le diamant ainsi taillé. Voir Catal. jouets (Louvre), 1936.
d) MARINE
Rose du gouvernail. Partie des ferrures du gouvernail. (Ds Lar. 19e-Lar. Lang. fr.).
Rose des vents. Étoile placée sur le compas, sur le cadran d'une boussole, sur une carte marine, et représentant les trente-deux divisions de la circonférence correspondant aux trente-deux aires de vent. La boussole devenait pratiquement utilisable et, équipée d'une rose des vents divisée en 32 rumbs, était transformée en un compas qui allait changer du tout au tout les conditions de la navigation (P. Rousseau, Hist. transp., 1961, p. 139).
e) MUS. Ouverture circulaire située au centre de la table d'harmonie de certains instruments à cordes (guitare, luth, mandoline, etc.). Une de ses particularités [d'une viole] était la perce d'une rose dans la table, au centre, entre les deux ouïes (BrenetMus.1926, p. 475).Voir Schaeffner, Orig. instrum. mus., 1936, p. 7.
2. SCIENCES
a) ASTRON., GÉOGR. Rose des vents. ,,À une station et pour une période données, diagramme étoilé indiquant les fréquences relatives des diverses directions du vent, en tenant compte, éventuellement, de groupes de vitesses du vent`` (Hydrol. 1978).
b) HÉRALD. Fleur stylisée de l'écu, comportant cinq pétales arrondis et un bouton central, et dont l'émail est généralement de gueules. Dès que Morel eut ouvert le cachet: Atavis et armis, chargé d'un léopard accompagné de deux roses de gueules, il se mit à lire (Proust, Sodome, 1922, p. 1066).
c) MINÉRALOGIE
Rose de pierres. ,,Concentration superficielle de pierres de quelques décimètres de diamètre, formées de fragments aplatis redressés et disposés concentriquement autour d'un caillou (...) ou d'un petit bloc`` (Géomorphol. 1979).
Rose des sables, du désert. ,,Association de cristaux de gypse lenticulaires disposés comme les pétales d'une rose [qui] se forment par remontée et évaporation d'eaux minéralisées, surtout en Afrique du Nord`` (De Mich. 1972). Le gypse se présente aussi en masses fibreuses, saccharoïdes et concrétionnées (roses des sables) (J. Aubouin, R. Brousse, J.-P. Lehman, Précis de géol., 1 Pétrol., 1975, p. 105).
Prononc. et Orth.: [ʀo:z]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. Ca 1140 « fleur du rosier » (Pélerinage Charlemagne, éd. G. Favati, 266); 2. 1360 rose d'outremer (Invent. d'Anjou, n o515 ds Gay t. 2); xives. roses sauvages « églantines » (Moamin, éd. H. Tjerneld, IV, 33, 4); 1562 rose de Jericho (A. Du Pinet, Hist. du monde, t. 2, p. 334); 1660 rose d'Inde (Oudin Fr.-Esp.); 1803 rose de Noël (Boiste); 1823 rose du Japon « camélia » (ibid.); 1842 rose d'hiver (Ac. Compl.); 3. 1552 fig. un front de rose (Ronsard, Amours, éd. P. Laumonier, t. 4, p. 21); 1557 teint de rose (O. de Magny, Souspirs, éd. Courbet, p. 24); 1685 l'Aurore aux doigts de rose, cf. le gr. homérique η ̃ μ ο ς δ'η ̓ ρ ι γ ε ́ ν ε ι α φ α ́ ν η ρ ̔ ο δ ο δ α ́ κ τ υ λ ο ς (La Fontaine, Le Remède ds Contes, éd. G. Couton, p. 368); 4. 1228 eve rose (Jean Renart, Guillaume de Dole, éd. F. Lecoy, 4265); ca 1393 eaue rose (Ménagier, II, 252 ds T.-L.); ca 1480 eau de rose (Mist. Viel Testament, éd. J. de Rothschild, 40012); 1739 fig. (Voltaire, Lettre au pr. roy. de Pr., 1erjuin ds Littré: c'est une pièce toute d'amour, toute distillée à l'eau rose des dames françaises); 5. 1694 bois de rose (Corneille); 1909 id. adj. « couleur » (La Mode illustrée, 28 nov., p. 576a ds Quem. DDL t. 16). B. 1. 1461 se baigner en roses « éprouver un vif plaisir » (Georges Chastellain, Chroniques ducs de Bourgogne, éd. Kervyn de Lettenhove, t. 3, p. 154); 2. 1578 les roses de la vie « ses plaisirs, ses charmes » (Ronsard, Second livre des Sonnets pour Hélène, éd. M. Smith, p. 148); 3. 1626 cueillir la rose « prendre la virginité d'une fille » (Sorel, Francion, éd. E. Roy, t. 3, p. 179); 4. 1611 nulle rose sans épine (Cotgr.); 1651 il n'est point roze sans epine (Scarron, Virgile travesty, l. VI, p. 122); 5. 1640 c'est la plus belle rose de son chapeau « le plus grand honneur, le plus grand avantage » (Oudin Curiositez); 6. 1666 être sur un lit de roses (La Fontaine, Oraison de St Julien ds Contes, p. 82); 1844 être sur des roses (Balzac, Paysans, p. 98); 1961 envoyer qqn sur les roses « éconduire » (J. Cau, Pitié de Dieu, Paris, Gallimard, p. 28); 7. 1801 voir tout couleur de rose « tout considérer avec optimisme » (E. Despréaux, in Les Dîners du Vaudeville, n o47, thermidor an 9, p. 24 ds Quem. DDL t. 19). C. 1. 1380 « ornement en forme de la fleur » (Invent. de Charles V ds Havard 1890); id. rose d'or (ibid. ds Laborde); 2. 1634 rose « étoile à 32 divisions représentée sur une boussole, des cartes marines » (E. Cleirac, Explic. des termes de marine ds Jal); 1678 rose des vents (Guillet, 3epart.); 3. 1689 « marque ronde que le teinturier laisse au bout de l'étoffe » (Règlem. sur les manuf., Teinturiers en laine, art. 34 ds Littré); 4. 1690 « baie circulaire garnie de vitraux dans une église » (Fur.); 5. 1723 grande rose « linge damassé fabriqué en Flandre et en Normandie » (Savary t. 1, p. 546); 6. id. diamant en rose (ibid., p. 1694); 1740 diamant rose (Ac.); 1752 « diamant taillé par dessus en facettes et plat en dessous » (Trév. Suppl.); 7. 1736 rose du gouvernail « femelot des ferrures du gouvernail » (Aubin); 8. 1923 rose des sables (Lar. univ.). Empr. au lat.rosa « rose (fleur), rosier ». Bbg. Archit. 1972, p. 78. − Lommatzsch (E.). Blumen und Früchte im altfranzösischen Wörterbuch. In: [Mél. Wilhelm (J.)]. Z. fr. Spr. Lit. 1966, t. 76, pp. 314-320. − Quem. DDL t. 19. − Spitzer (L.). Fleur et rose, synon. par position hiérarchique. In: [Mél. Menendez Pidal]. Madrid, 1950, pp. 135-155.

ROSE2, adj. et subst. masc.

I. − Adjectif
A. − Qui présente une teinte d'un rouge très pâle (comme la rose commune). Étoffe, mousseline, satin, soie rose; papier, peinture rose; chemisier, jupe, robe, ruban rose; chaussons (de danse) roses; brume, ciel, nuage rose; couleur, reflet rose. Tout le ciel fut une grande voûte rose. Un nuage de flamants passa, tirant vers les étangs impériaux (Montherl., Bestiaires, 1926, p. 568).Elle lui a prêté un couvre-lit brodé qu'elle avait autrefois dans sa chambre, deux coussins, des rideaux roses assortis à la couleur du papier dont Adrien vient de tapisser les murs (Dabit, Hôtel Nord, 1929, p. 219).
Eau rose. Synon. vieilli de eau* de rose.[Les femmes] firent grand usage des épices que les Vénitiens commencèrent à tirer de l'Orient, ainsi que des eaux parfumées qui étaient fournies par les Arabes, de sorte que le poisson fut quelquefois cuit à l'eau rose (Brillat-Sav., Physiol. goût, 1825, p. 273).Loc. fig. À l'eau rose. Sans énergie, mièvre. Synon. à l'eau* de rose.Morbleu! nous sommes des conspirateurs à l'eau rose (...). Nous perdons le temps en fadaises politiques (Dumas père, Henri III, 1829, i, 7, p. 137).
1. [P. méton.], [pour indiquer la prédominance de cette teinte dans la décor., l'habill.] Ce qui redoubla ma peur, ce fut de voir la dame rose faire signe à Pierrette, qui devint toute rouge et n'osa pas bouger (Vigny, Serv. et grand. milit., 1835, p. 92).Elle aura la chambre rose, je dirai à Marthe de lui donner la chambre rose (Triolet, Prem. accroc, 1945, p. 93).
2. En partic.
a) [Pour qualifier la couleur de l'épiderme d'une pers., gén. avec une connotation de jeunesse, de bonne santé] Bras, mains, ongles roses; bouche, joues, lèvres roses; peau, teint rose. Elle était très jolie, rose et blonde, avec de magnifiques yeux bleus (Gyp, Souv. pte fille, 1928, p. 74):
1. ... Césarine, fraîche et rose comme une jeune fille est rose et fraîche à dix-huit ans, blonde et mince, les yeux bleus, offrait au regard de l'artiste cette élasticité, si rare à Paris, qui fait rebondir les chairs les plus délicates, et nuance d'une couleur adorée par les peintres le bleu des veines dont le réseau palpite dans les clairs du teint. Balzac, C. Birotteau, 1837, p. 102.
b) [Pour qualifier une espèce, une variété partic. d'animaux, de plantes, d'objets, etc., désignée par le subst.] Bruyère rose; flamant rose; granit, quartz rose. Du persil, du cerfeuil, de la petite chicorée, des petits radis roses (Karr, Sous tilleuls, 1832, p. 231).Les crevettes roses, les crevettes grises, dans des bourriches, mettaient, au milieu de la douceur effacée de leurs tas, les imperceptibles boutons de jais de leurs milliers d'yeux (Zola, Ventre Paris, 1873, p. 698).
Loc. prép. et méton.
α) [Qualifie une chose ou un ensemble de choses]
Bibliothèque rose. V. bibliothèque B spéc.
Pages roses [P. allus. au Petit Larousse] Pages (centrales ou finales) de couleur rose, renfermant les locutions latines et étrangères les plus usuelles. Consulter les pages roses. Le fameux « rien » reçoit une consécration internationale. Les académies et les faiseurs de dictionnaires lui feront place dans les dictons des pages roses (J. Vuillemin, Essai signif. mort, 1949, p. 133).
Période, époque rose (d'un peintre). Période où la couleur dominante de ses toiles est le rose. Aux murs, des Picasso de la période rose, et une esquisse érotique de Fragonard (Malraux, Cond. hum., 1933, p. 257).L'œuvre sculpté de Picasso est un équivalent de son œuvre peint. On y trouve des répliques de ses tableaux des époques rose, nègre, etc. (Arts et litt., 1936, p. 18-5).
β) [Qualifie un ensemble de pers.] Ballets roses. V. ballet.
B. − Au fig.
1. [Gén. opposé à noir (v. ce mot I B)] Agréable, gai; qui considère ou évoque certains événements avec un parti-pris d'optimisme. Tout n'est pas rose; conte, roman rose. Chaque fois qu'il se donnait quelque part une pièce bien noire avec un dénouement tout rose (Halévy, Mariage amour, 1881, p. 75):
2. Le hasard est aussi (...) le maître de l'humour et par conséquent, dans une époque qui n'est pas rose, dans l'époque où nous vivons, où une belle action consiste à se faire enlever les deux bras dans un combat, le maître de l'humour-qui-n'est-pas-rose, de l'humour noir... Éluard, Donner, 1939, p. 137.
2. HIST. CONTEMP., POL. [P. anal. avec la couleur rouge, symb. du communisme, et p. allus. à une atténuation de cette doctrine, symbolisée par la couleur rose] Qui a trait au socialisme, au parti socialiste. Sur les 266 élus du P. S. de la marée rose du 21 juin, seuls un peu plus d'un tiers ont déjà une expérience parlementaire (Le Nouvel Observateur, 22 juin 1981, p. 25, col. 2).
II. − Subst. masc. La couleur rose. Le rose d'une étoffe, d'une robe, du teint. Sa tête pure, mais froide, semblait une copie en cire de la tête du Méléagre ou de l'Antinoüs. Le rose de ses lèvres et de ses joues avait l'air d'être produit par du carmin et du fard (Gautier, Rom. momie, 1858, p. 152).Trois teintes du ciel: gris, rose, bleu. (...) Le rose s'éteint, se confond avec le gris. Le bleu étend son empire (Renard, Journal, 1901, p. 680).
A. − P. méton. Étoffe rose. Porter du rose, s'habiller de/en rose. Deux jours après, Musette se réveillait dans un boudoir tendu de rose (Murger, Scènes vie boh., 1851, p. 175).Au sommet d'une échelle double, se posait (...) une svelte femme vêtue de rose vif (Adam, Enf. Aust., 1902, p. 160).
B. − [Rose est accompagné d'un adj. ou d'un subst. qui en précise la nuance] Rose clair, cru, éteint, fané, pâle, passé, tendre, vif; rose bleuté, orangé; vieux rose; rose indien; rose bonbon, cerise, fuchsia, saumon; rose-thé (v. rose1). La tenture de soie rose pâle, un rose turc fané, broché de fils d'or (Zola, Nana, 1880, p. 1348).Des reflets dansaient sur les murs laqués, rose brique, nus jusqu'à la frise de liserons chocolat (Martin du G., Thib., Épil., 1940, p. 770).
CHIM. Rose Bengale. Colorant, utilisé notamment en peinture, en pharmacie (d'apr. Méd. Biol. t. 3 1972, Méd. Flamm. 1975). Pour obtenir une laque rose, on emploie un mélange d'éosine bleuâtre et de rose bengale (Coffignier, Manuel peintre, 1925, p. 38).
C. − Au fig. Voir l'avenir, l'existence, la vie... (tout) en rose. Considérer l'avenir, l'existence, la vie... d'une manière (excessivement) optimiste. N'imagine pas que ce soit là un tableau de fantaisie que j'invoque exprès pour t'épouvanter. Je ne vois pas systématiquement l'avenir en noir, mais je ne le vois pas en rose non plus; je vois juste (Murger, Scènes vie boh., 1851, p. 287).Une femme très-bonne et parfaitement dévouée, qui me remercie chaque jour de l'avoir épousée, qui voit, grâce à moi, l'avenir tout en rose (Fromentin, Dominique, 1863, p. 216).
REM. 1.
Roselle, subst. fém.Grive rouge. Les roselles d'Asie aux plumages de saphir (Villiers de L'I.-A., Contes cruels, 1883, p. 375).
2.
Rosement, adv.,hapax. (En) tirant légèrement sur le rose. La jolie face si mignonne, si rosement blanche (Verlaine, Œuvres compl., t. 5, Confess., 1895, p. 143).
3.
Rosin, -ine, adj.,hapax. Synon. de rosé.Il lui faudrait Ismène dont la joue Passe la neige et la couleur rosine Que le matin laisse sur la colline (Moréas, Pèlerin pass., 1891, p. 128).
Prononc. et Orth.: [ʀo:z]. Att. ds Ac. dep. 1835. Étymol. et Hist. 1. Ca 1165 « qui a la couleur rouge clair » (Benoît de Ste-Maure, Troie, éd. L. Constans, 5531); 1852 rose thé (Gautier, Émaux, p. 53); 1909 rose saumon (La Mode illustrée, 3 oct., p. 457 ds Quem. DDL t. 16); 2. 1809 tout n'est pas rose (Les Méditations d'un hussard, xj-xij, ibid., t. 19); id. voir tout en rose (Brazier, in Le Chansonnier du vaudeville, V, p. 8, ibid.). Empl. adj. de rose1*.
STAT.Rose1 et 2. Fréq. abs. littér.: 9 415. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 8 317, b) 18 520; xxes.: a) 17 719, b) 12 363.
BBG.Gall. 1955, p. 95, 437 (s.v. rose rose). − Quem. DDL t. 5 (s.v. voir la vie en rose), 15 (s.v. rose-lèpre; rose-vineux), 19, 20 (s.v. rose shocking), 21 (s.v. rose-fané), 30 (s.v. rose mauve).

Wiktionnaire

Nom commun 1 - français

rose \ʁoz\ ou \ʁɔz\ féminin

  1. (Botanique) Fleur du rosier.
    • […] ; Joseph offre un bouquet de roses à son amoureuse, qui étend la main pour le prendre. — (Erckmann-Chatrian, Histoire d’un conscrit de 1813, J. Hetzel, 1864)
    • Simple et rustique, elle est située, ma chaumière, […], à l’orée d’un joli bois de hêtres, […]. Une vigne l’encadre joyeusement ; des jasmins, parmi lesquels se mêlent quelques roses grimpantes, tapissent sa façade de briques sombres. — (Octave Mirbeau, Ma chaumière, dans Lettres de ma chaumière, 1885)
    • Un ravissant cimetière, tout gai, tout ensoleillé, tout fleuri de clématites et de roses entoure l’église. — (Gustave Fraipont; Les Vosges, 1895, éd.1923)
    • Dans la région de Paris notamment la rose est cultivée avec succès, en particulier du côté de Fontenay-aux-Roses et de l’Haÿ. — (Marcel Hégelbacher; La Parfumerie et la Savonnerie, 1924, p. 42)
    • Rouges sont les roses,
      Bleues les violettes,
      C’est grâce a tes dents qu’on identifiera ta tête.
      — (Mortelle Saint-Valentin, 2001)
  2. (Botanique) Fleur ressemblant à celle du rosier : odoriférante qui croît sur un arbuste épineux et dont la sorte la plus courante est d’un rouge très pâle.
    • Une rose d’Inde est une tagète.
    • Rose simple, sauvage, d’églantier, double, des quatre saisons, du Bengale, panachée, veloutée, blanche, jaune, thé, rouge, mousseuse, pompon, épanouie, lande.
    • Bouton, essence, confiture, sachet de roses.
  3. (Par analogie) Objet, rappelant par sa forme ou sa couleur, la fleur du rosier.
    1. (En particulier) (Architecture) Grande baie circulaire, ornée de vitraux, des églises et des cathédrales gothiques. Souvent appelé rosace. Ordinairement placé, dans les églises gothiques, aux extrémités de la grande nef ou du transept.
    2. (En particulier) (Architecture) Petit ornement circulaire et à feuilles, qu’on place dans les plafonds des corniches ou dans le milieu de l’abaque du chapiteau corinthien.
  4. (En particulier) (Par ellipse) Rose de compartiment.
  5. (Bijouterie) Assemblage et monture de pierres précieuses en forme de rose.
    • Rose de diamants, de rubis, etc.
  6. (Bijouterie) Diamant taillé par-dessus en facettes pointue, et plat en dessous : à culasse plane.
    • Ce n’est pas un brillant, c’est une rose.
  7. (Lutherie) Ouverture ronde qui est au milieu de la table d’un luth ou d’une guitare.
    • Rose de luth, rose de guitare.
  8. (Héraldique) Représentation de la fleur, normalement avec cinq pétales, les pointes des sépales, et un bouton au centre.
  9. (Cartes à jouer) Une des quatre enseignes d’un jeu de cartes suisse, ainsi nommée parce que les cartes de cette couleur sont marquées de roses stylisées.
  10. (Cartographie) Graphique de déclinaison, sur la plupart des cartes marines, constitué d’un cercle gradué en azimuts géographiques, éventuellement d’un second cercle concentrique gradué en azimuts magnétiques, et comportant l’indication de la déclinaison avec sa date et sa variation annuelle[1].

Nom commun - ancien français

rose \Prononciation ?\ féminin

  1. Rose (fleur).
    • Flors de rose et de lis — (Li ABC Nostre Dame, ms. 837 de la BnF, f. 170v.)

Adjectif - français

rose \ʁoz\ ou \ʁɔz\ masculin et féminin identiques

  1. De la couleur du même nom. — Note : Voir la note sur les accords grammaticaux des noms de couleurs employés comme noms ou adjectifs.
    • On ne pouvait voir de fille plus fraîche, plus riante ; elle était blonde, avec de beaux yeux bleus, des joues roses et des dents blanches comme du lait ; elle approchait de ses dix-huit ans ; […]. — (Erckmann-Chatrian, Histoire d’un conscrit de 1813, J. Hetzel, 1864)
    • Quand le globe de flamme parut à l’horizon, toutes les cimes devinrent roses comme des jeunes filles à l’aspect d’un amant, et semblèrent témoigner un embarras pudique d’être vues dans leur déshabillé du matin. — (Théophile Gautier, Voyage en Espagne, Charpentier, 1859)
    • […] et, allongé sur un lit d’ordures humides, un cochon tout rose, assoupi, grognait en rêvant. — (Octave Mirbeau, La Bonne, dans Lettres de ma chaumière, 1885)
    • Une seule boutique restait fermée. On avait enlevé simplement le volet de la porte et écarté à l'intérieur le rideau de satinette rose. — (Francis Carco, Brumes, Éditions Albin Michel, Paris, 1935, page 158)
    • Des feux tantôt roses, tantôt d’un bleu acide qui tournait au vert pomme, scintillaient à l’extérieur des Folies. — (Francis Carco, L’Homme de minuit, Éditions Albin Michel, Paris, 1938)
    • Nous vîmes la Caravelle, crachant deux filets gris, se cabrer sur la piste et monter vivement dans un ciel rose jambon bordé à l'horizon d'une épaisse couenne de nuages. — (Hervé Bazin, Cri de la chouette, Grasset, 1972, réédition Le Livre de Poche, page 134)
    • Des bégonias rose thé étaient massés sous la fenêtre de la façade et des pensées formaient un tapis circulaire au pied d’un acacia. — (Raymond Chandler, L’homme qui aimait les chiens, traduction de Michel Philip et Andrew Poirier, dans Les Ennuis, c’est mon problème, 2009)
  2. Joyeux ; optimiste.
    • Il y a un an, nous exposions une face sombre des champs magnétiques en biologie. A présent, nous présentons une face plus rose. — (David Larousserie, Le champ magnétique stimule la repousse neuronale, Le Monde. Mis en ligne le 12 novembre 2019)
  3. (Politique) (Familier) Socialiste.
    • Que voulez-vous ? la Bourse allait mal ; on craignait
      La république rouge, et même un peu la rose ; […].

      — (Victor Hugo, Un bon bourgeois dans sa maison, novembre 1852, dans Les Châtiments, 1953)
  4. Empreint de douceur, gentil, parfaitement inoffensif.
    • Il faut pourtant constater que la langue n'est pas rose. Toute langue possède un bassin de mots parmi lesquels certains sont connotés négativement d'un point de vue social. — (Argument, vol. xxiv, n° 1, automne-hiver 2021-2022, p. 85)
  5. Qui se rapporte à la sexualité, souvent à son commerce vénal.
    • Messagerie rose, téléphone, minitel rose.

Nom commun 2 - français

rose \ʁoz\ ou \ʁɔz\ masculin[2]

  1. Couleur entre rouge et blanc. #FEC3AC #FEBFD2 #FF7FCF #FD3F92 #C4698F
    • À Venta de Trigueros, l’on attela à notre galère un cheval rose d’une singulière beauté (l’on avait renoncé aux mules), qui justifiait pleinement le cheval tant critiqué du Triomphe de Trajan, d’Eugène Delacroix. Le génie a toujours raison ; ce qu’il invente existe, et la nature l’imite presque dans ses plus excentriques fantaisies. — (Théophile Gautier, Voyage en Espagne, Charpentier, 1859)
    • Tout y était : […], des Marie peintes avec le vert glacé des angéliques et les roses acidulés des bonbons anglais ; […]. — (Joris-Karl Huysmans, La Cathédrale, Plon-Nourrit, 1915)
    • Au même moment le soleil se couchait derrière les hautes montagnes pour se lever presque aussitôt, il incendia la côte Nord du Sund et colora d’un rose tendre et féerique la splendide ligne des glaciers de la rive Sud. — (Jean-Baptiste Charcot, Dans la mer du Groenland, 1928)
    • […] rayon de lune, pluie d’étoiles, brume, brise légère, le tout dans les roses bonbon. — (Barthélemy Amengual, Dossiers du cinéma, 1971)
    • J’adore le rose, je trouve que c’est une couleur injustement traitée, on en fait un truc de bébé ou de femme trop maquillée alors que le rose est une couleur très subtile et délicate, qu’on trouve beaucoup dans la poésie japonaise. — (Muriel Barbery, L’élégance du hérisson, 2006, collection Folio, page 191)
    • Elle a une assiette à la main, couverte de petits choux à la crème roses et violets, avec des billes de sucre en argent pour les décorer. — (Silène Edgar, Adèle et les noces de la reine Margot, Castelmore, 2016, chapitre 15)
  2. (Cosmétologie) Poudre de couleur rose.
    • Le rose à joues.
  3. (France) Carburant détaxé, coloré en rose car d’utilisation légalement restreinte.
    • La hausse du pétrole, je ne la sens pas beaucoup, vu que je roule au rose. Mais motus, hein ! Je ne tiens pas à me faire toper.

Adjectif - ancien français

rose \Prononciation ?\ féminin

  1. Rose (de la couleur dite rose).
    • Plus est vermaille que n’est rose — (Robert Grosseteste, Le Chasteau d’amour. BL Harley 1121.)
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

ROSE. n. f.
Fleur odoriférante qui croît sur un arbuste épineux et dont la sorte la plus courante est d'un rouge très pâle. Rose simple, ou Rose sauvage, ou Rose d'églantier. Rose double. Rose des quatre saisons. Rose du Bengale. Rose panachée. Rose veloutée. Rose blanche. Rose jaune. Rose thé. Rose rouge. Rose mousseuse. Rose pompon. Bouton de rose. Rose épanouie. Rose lande. Essence de roses. Confiture de roses. Un sachet de roses. Eau de rose, Liquide que l'on obtient par la distillation des roses. Fig. et fam., À l'eau de rose, Sans accent, sans énergie. Un discours, une réprimande à l'eau de rose. Fig. et fam., Être sur des roses, être couché sur des roses, sur un lit de roses, Jouir d'un état de mollesse, de plaisir, de félicité; et, négativement, N'être pas sur un lit de roses, Être dans une situation pénible, douloureuse, angoissante. Fig., Tout n'est pas rose dans la vie, Il y a beaucoup de peines dans la vie. Fig. et fam., Voir tout couleur de rose, Voir tout en beau. On dit dans le même sens : Tout lui paraît couleur de rose. Il n'a que des pensées couleur de rose. On dit encore : Voir tout en rose. Fig. et fam., Découvrir le pot aux roses. Voyez POT. Fig., Un teint de lis et de rose, Un teint frais et vermeil, mêlé de blanc et d'incarnat. Fig., Des lèvres de rose, Des lèvres vermeilles. Elle a des lèvres de rose. On dit poétiquement, dans un sens analogue : L'Aurore aux doigts de rose. La rose d'or, Rose artificielle à feuilles d'or, que le pape bénit et qu'il envoie en certaines occasions à des princes, à des princesses, à de grands personnages. Fig., La Rose blanche et La Rose rouge. Noms des anciennes factions d'York et de Lancastre, en Angleterre. La Guerre des Deux Roses. Prov. et fig., Il n'est point de roses sans épines, Il n'y a point de plaisir sans peine, point de joie sans quelque mélange de chagrin.

ROSE se dit aussi de Diverses fleurs qui ressemblent plus ou moins à la rose. La rose d'Inde. La rose de Jéricho. La rose des Alpes. La rose de Noël. La rose trémière. Bois de rose, Bois odorant et de teinte rougeâtre que les ébénistes emploient surtout comme bois de placage.

ROSE se dit encore de Diverses choses dont la forme a quelque ressemblance avec cette d'une rose. Il désigne, en termes d'Architecture particulièrement, un Petit ornement circulaire et à feuilles, qu'on place dans les plafonds des corniches ou dans le milieu de l'abaque du chapiteau corinthien. Il se dit aussi de Grands vitraux circulaires et à compartiments, ordinairement placés, dans les églises gothiques, aux extrémités de la grande nef ou du transept. Rose de compartiment, Ornement formé au milieu d'un pavé de marbre ou d'un parquet de menuiserie, et entouré d'une figure circulaire. En termes de Joaillerie, Rose de diamants, de rubis, etc., Diamants, rubis, etc., montés, assemblés en forme de rose. Diamant en rose ou simplement Rose, Diamant taillé par-dessus en facettes pointue, et plat en dessous. Ce n'est pas un brillant, c'est une rose. En termes de Luthier, Rose de luth, rose de guitare, Ouverture ronde qui est au milieu de la table d'un luth ou d'une guitare. En termes de Marine, Rose des vents, Figure portée sur le cadran de la boussole, et où sont marquées trente-deux divisions destinées à indiquer l'aire de vent.

Littré (1872-1877)

ROSE (rô-z') s. f.
  • 1Fleur odoriférante, ordinairement d'un rouge un peu pâle, et qui croît sur un arbuste épineux. Rose simple ou rose sauvage. Rose du Bengale. Rose des quatre saisons ou de Damas. Mais elle était du monde où les plus belles choses Ont le pire destin, Et rose elle a vécu ce que vivent les roses, L'espace d'un matin [la première leçon était : Et ne pouvait Rosette être mieux que les roses Qui ne vivent qu'un jour, édit. LALANNE, t. I, p. 39], Malherbe, VI, 18. La rose de Fontenelle, qui disait que, de mémoire de rose, on n'avait vu mourir un jardinier, Diderot, Mém. Rêve d'Alembert. Si l'on veut rendre d'un beau vert, sans la flétrir, une rose qu'on vient de cueillir, on la couvrira entièrement de tabac bien naturel, qui ne soit pas trop sec, Genlis, Maison rust. t. II, p. 398, dans POUGENS.

    Fig. Si… tu t'allais engager à polir un écrit Qui dît, sans s'avilir, les plus petites choses, Fît des plus secs chardons des œillets et des roses, Boileau, Ép. X. Je meurs : Avant le soir j'ai fini ma journée ; à peine ouverte au jour ma rose [vie] s'est fanée, Chénier, Élég. VII. J'avais bien des amis ici-bas, quand j'y vins, Bluet éclos parmi les roses de Provins, Hégésippe Moreau, la Voulzie.

    Rose pompon, voy. POMPON.

    Rose mousseuse, voy. MOUSSEUX.

    Rose de chien ou cochonnière, rosier sauvage.

    Fig. C'est la plus belle rose de son chapeau, c'est le plus grand honneur, le plus grand avantage qu'il ait obtenu. Pour M. de Lavardin… c'était une fort jolie contenance que de tenir les états [de Bretagne] ; mais c'était ôter la plus belle rose du chapeau du maréchal [d'Estrées], Sévigné, 21 sept. 1689.

    Le pot aux roses, le pot dans lequel on met les roses, l'essence de rose.

    Fig. Découvrir le pot aux roses, découvrir le fin, le mystère de quelque affaire secrète. Pontchartrain n'avait rien à opposer aux faits et aux preuves qu'il venait d'essuyer en face, et le pot aux roses était pleinement découvert, Saint-Simon, 425, 136.

    Roman de la Rose, poëme allégorique du XIIIe siècle.

    La rose, ayant sur les autres fleurs une supériorité marquée pour la forme, la couleur, l'odeur, est dite la reine des fleurs. De là l'expression : mériter la rose, en parlant de celui qui, entre plusieurs rivaux, l'emporte sur les autres.

    Parmi les roses on distingue : la rose jaune, rosa lutea, Mill. ; la rose capucine, rosa punicea, Mill. ; la rose muscate, rosa muscata, Ait. ; la rose noisette, rosa noisettiana, Ser. ; la rose du Bengale, rosa bengalensis, Pers. ; la rose de Provins, rosa gallica, L. dont les pétales astringents servent à faire la conserve de rose et le miel rosat ; rose à cent feuilles, rosa centifolia, L. dont les pétales distillés donnent l'essence et l'eau de roses ; la rose mousseuse et la rose pompon en sont des variétés ; la rose pimprenelle, pimpinellaefolia, Ser. ; la rose des Alpes, rosa alpina, L. qu'il ne faut pas confondre avec le rhododendron ferrugineux ; rose de cannelle, rosa cinnamomea, L. ; rose de chien, églantine, rosa canina, L. ; rose des quatre saisons, rosa damascena, Mill. dite aussi à Paris rose de Puteaux parce qu'on la cultive en grand près de ce village.

  • 2Eau de rose ou, plus communément, eau rose, eau qu'on tire des roses par la distillation. Saladin fit laver avec de l'eau rose la mosquée changée en église, Voltaire, Mœurs, 56.

    Fig. Que dira de moi Votre Altesse Royale ? on va jouer une tragédie nouvelle de ma façon [Zulime]… c'est une pièce toute d'amour, toute distillée à l'eau rose des dames françaises, Voltaire, Lett. au pr. roy. de Pr. 1er juin 1739. Après avoir combattu avec succès contre toute l'Europe, il serait bien honteux de perdre par un trait de plume ce que j'ai maintenu par l'épée ; voilà ma façon de penser ; vous ne me trouverez pas à l'eau rose, Lett. du roi de Pr. à Voltaire, 22 sept. 1759.

    Lit de roses, couches de feuilles de roses qu'on étend pour en tirer de l'essence.

  • 3Roses pâles, nom donné en pharmacie aux feuilles de diverses espèces qu'on emploie, particulièrement celles de la rose des quatre saisons, mais quelquefois aussi celles de la rose à cent feuilles et de la rose de chien.

    Sirop de roses pâles, sorte de sirop fait avec les feuilles de ces roses ; il est légèrement laxatif.

  • 4 Fig. Il se dit de ce qui est aussi agréable que l'est la rose. Tu ne devrais jamais marcher que sur des roses, Tristan, Marianne, V, 3. Les plus cruels tourments n'auront été que roses, Rotrou, St Gen. III, 2. J'entrerais dans les feux comme en un lit de roses, Rotrou, Antig. V, 8. Tout chemin qui conduit à un précipice est effroyable, fût-il couvert de roses, Fénelon, t. II, p. 181. Des roses de la tendresse Venez semer mes jours, Béranger, Rêverie. Cueillons, cueillons la rose au matin de la vie, Lamartine, 2es médit. X.

    Être sur des roses, être couché sur des roses, sur un lit de roses, vivre dans la mollesse, jouir d'une félicité parfaite. Gens que l'on pend sont sur des lits de roses [à côté de certaines souffrances], La Fontaine, Or. Et moi, lui dit l'empereur [du Mexique, brûlé par les Espagnols], suis-je sur des roses ? mot comparable à tous ceux que l'histoire a transmis à l'admiration des hommes, Raynal, Hist. phil. VI, 11.

  • 5 Fig. Il se dit d'un mélange de blanc et d'incarnat que présente le teint du visage. Voyez si de son teint les roses et les lis Dans l'hiver de la mort sont bien ensevelis, Mairet, Sophon. V, 8. Il ne demeure, ô cieux ! Ni roses à son teint, ni lumière à ses yeux, Rotrou, Bélis. IV, 6. Le temps aux plus belles choses Se plaît à faire un affront, Et saura faner vos roses Comme il a ridé mon front, Corneille, Stances à une marquise. Je trouvai Mlle de Scepaux très belle, le teint du plus grand éclat du monde, des lis et des roses en abondance, Retz, I, 6. [Une dame] Dans quatre mouchoirs de sa beauté salis Envoie au blanchisseur ses roses et ses lis, Boileau, Sat. X. Les femmes ont coloré leur visage, lorsque les roses de leur teint se sont flétries, Buffon, Morc. choisis, p. 89.

    Des lèvres de rose, des lèvres vermeilles. Ne livre plus les roses de ta bouche Aux baisers morts d'un fantôme impuissant, Béranger, Octavie.

    Poétiquement. L'Aurore aux doigts de rose. Incontinent l'Aurore aux doigts de rose Ayant ouvert les portes d'orient, La Fontaine, Remède.

  • 6Nom de diverses fleurs ressemblant plus ou moins à la rose. Rose des Alpes, un des noms donnés au rhododendron ferruginé.

    Rose du ciel, agrostemma coeli rosa, L. caryophyllées.

    Rose de Gueldre, boule de neige.

    Rose d'Inde, œillet d'Inde.

    Rose du Japon, camélia.

    Rose de Jéricho, anastatica hierochuntina, plante hygrométrique qui semble revivre et écarter ses rameaux quand elle trempe dans l'eau.

    Rose de Noël ou d'hiver, ellébore noir.

    Rose de Notre-Dame, pivoine officinale.

    Rose pivoine, voy. PIVOINE.

    Rose rubis, espèce d'adonide, l'adonide estivale, renonculacées.

    Rose de Sérane, paeonia peregrina, pivoine voyageuse.

    Rose trémière, voy. TRÉMIÈRE.

    Pomme de rose, jambosier, plante dont le fruit a une saveur de rose.

  • 7Bois de rose, bois à odeur de rose et d'une couleur rouge, dont on se sert pour faire des meubles ; il provient, à ce qu'on croit, du physocalymnia floribunda.
  • 8Rose d'or, figure de rose en or que le pape a coutume de bénir à la messe du quatrième dimanche de carême, qu'il porte à la procession, et qu'il envoie après à quelque prince souverain.
  • 9La Rose blanche, symbole de la maison d'York ; la Rose rouge, symbole de la maison de Lancastre (avec des majuscules). Guerres des deux Roses, guerres longues et sanglantes par lesquelles ces deux maisons se disputèrent le trône d'Angleterre. Et comme mon aïeul, Richemond, autrefois, Des deux Roses en lui réunissant les droits, Termin pour jamais vos discordes royales, J'espérais réuni, deux couronnes rivales, P. Lebrun, Marie St. I, 7.
  • 10 Terme de joaillerie. Rose de diamants, de rubis, rubis, diamants montés en forme de rose.

    Diamant en rose, ou, simplement, une rose, diamant taillé par-dessus en facettes, et plat en dessous. Ce n'est pas un brillant, c'est une rose.

  • 11 Dans la bijouterie du moyen âge, sorte de médaillon, De Laborde, Émaux, p. 486.
  • 12 Terme d'architecture. Petit ornement à feuilles et circulaire qu'on place dans les plafonds des corniches ou dans le milieu de l'abaque du chapiteau corinthien.

    Grands vitraux circulaires et à compartiments, placés dans les églises gothiques, dits aussi roses de moderne.

    Rose de compartiment, ornement formé au milieu d'un pavé de marbre ou d'un parquet de menuiserie, et entouré d'une figure circulaire.

    Rose de serrurerie, ornement à jour qui se trouve dans les panneaux des grilles, etc.

  • 13Rose de luth, rose de guitare, l'ouverture qui est au milieu de la table d'un luth ou d'une guitare.

    Il y a aussi des roses sur la table des clavecins, des téorbes.

  • 14 Terme de marine. Rose de compas, rose des vents, plaque qui porte une circonférence partagée en trente-deux divisions égales, avec des lignes ou rayons qui vont du centre à chacune de ces divisions.
  • 15Il s'est dit d'un ornement en forme de rose que les femmes portaient à leurs souliers. En vérité, monseigneur, ce n'est pas une bataille qui est aujourd'hui la plus belle chose du monde à gagner ; et vous m'avouerez vous-même qu'il y a telle rose de soulier [telle dame] qui vaut mieux que neuf cornettes impériales, Voiture, Lett. 66.
  • 16Disposition en forme de rose. Taches dont les anneaux ou roses sont plus marqués et plus terminés dans les unes que dans les autres [peaux de léopards], Buffon, Quadr. t. III, p. 285.
  • 17Tache jaune, orangée ou bleue que l'acier présente quelquefois au milieu de sa cassure.
  • 18Marque ronde que le teinturier laisse au bout de l'étoffe pour distinguer les couleurs qui ont servi de fond. Tous teinturiers laisseront au bout de chaque pièce une rose de la grandeur d'un écu d'argent, des couleurs qui auront servi de pieds et de fonds, Règlem. sur les manuf. août 1689, Teinturiers en laine, art. 34.
  • 19Ornement de vélin qui entre dans la composition d'une frange.
  • 20Cheville tournée qu'on met à un râtelier.
  • 21Grande rose, espèce de linge damassé que l'on fabrique en Flandre et en basse Normandie.
  • 22 Terme d'alchimie. Rose minérale, poudre rouge qui se produit pendant la sublimation de l'or et du mercure.

PROVERBES

Il n'est point de roses sans épines, de plaisir sans peine. Mais on voit rarement des roses sans épines, Tristan, Marianne, I, 3.

Il n'y a point de si belle rose qui ne devienne gratte-cul.

REMARQUE

M. Legoarant veut qu'on écrive le pot au rose, disant que découvrir le pot au rose, c'est découvrir le pot où une dame met le rose qui lui sert à se colorer le teint. La conjecture est ingénieuse ; mais dès le XVe siècle on écrit pot aux roses, et une conjecture ne peut prévaloir contre une tradition.

HISTORIQUE

XIIe s. Dame, mar [à malheur] [je] vi le clair vis et la face Où rose et lis florissent chascun jour, Couci, X.

XIIIe s. Entour la saint Jehan que la rose est fleurie, Berte, II. Elle est plus gracieuse que n'est la rose en mai, ib. LVII. Mais li François, s'on dire l'ose, Sont de tous cevaliers la rose, Ph. Mouskes, ms. p. 591 dans LACURNE.

XIVe s. Au plus aventureus c'onques chainsist [ceignît] espée, Fleur de chevalerie et vertu esprouvée, Roze de hardement, car plus qu'achier [acier] trempée, Baud. de Seb. VIII, 406. Une rose d'or, où est esmaillié le roy à genoux devant monseigneur saint Denis et l'evangiliste saint Jean, De Laborde, Émaux, p. 486. Pour certaine maladie dont il estoit entachiez, c'est assavoir du mal des roses nostre dame, Du Cange, morbus.

XVe s. De tes levres les portes closes Penses de saigement garder ; Que dehors n'eschappe parler Qui descouvre le pot aux roses, Orléans, Rond. Et se baignoit le roy Loys en roses, ce luy sambloit, d'oyr ceste bonne aventure, Chastelain, Chr. des d. de Bourg. III, 189. Ce ne sont certes que roses de vostre accident, si vous l'approchez et en faites comparaison avec ma fortune, l'Amant ressuscité, p. 504, dans LACURNE. …Meung docteur très sage Nous a decrit, que, pour cueillir la rose, Riche amoureux a toujours l'avantage, Villehardouin, Ball.

XVIe s. Enay : vous avez des roses [rosettes] en hyver ? - Faeneste : Sur les deux pieds trainantes à terre, aux deux jarrets pendantes à mi jambes, D'Aubigné, Faen. I, 2. Vivez, si m'en croyez, n'attendez à demain ; Cueillez dès aujourd'hui les roses de la vie, Ronsard, 281. Outre ces roses-ci, y en a de jaunes et rouges… aucuns pour avoir des roses vertes entent des roziers blancs sur des lauriers, De Serres, 552. Eau de plantain, de roses, Paré, V, 9. Fleurs de roses de Provins, Paré, XXI, 2. Rose ne naist sans piquerons, Leroux de Lincy, Prov. t. I, p. 84. Truye aime mieux bran [son] que roses, Cotgrave Une rose d'automne est plus qu'une autre exquise, Vous avez esjouy l'automne de l'Eglise, D'Aubigné, Tragiques, les Feux, édit. LALANNE, p 201.

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Encyclopédie, 1re édition (1751)

ROSE, s. f. (Botan.) on peut rapporter toutes les roses à deux classes ; celle des roses cultivées, & celles des roses sauvages : ces deux classes réunies forment cinquante-trois especes de roses, dans le système de Tournefort ; mais il nous suffira de décrire la rose cultivée commune, qu’on appelle la rose pâle ou incarnate, rosa rubra, sativa, pallidior, I. R. H. 637.

Sa racine est longue, dure, ligneuse. Elle pousse plusieurs tiges en arbrisseaux qui se divisent en branches fermes, longues, revêtues d’une écorce verte obscure, garnies de quelques épines fortes & piquantes. Ses feuilles naissent par paires ordinairement au nombre de sept, sur une côte terminée par une seule feuille, d’un verd foncé, arrondies, dentelées en leurs bords, rudes au toucher.

Sa fleur est tantôt simple, composée seulement de cinq larges pétales, avec plusieurs sommets jaunes dans le milieu ; tantôt double, & alors les feuilles extérieures sont un peu plus grandes que les intérieures, d’une couleur rouge ou incarnate réjouissante, d’une odeur très-suave, quoique foible. Lorsque la fleur est passée, le calice dont elle étoit soutenue, devient un fruit ovale, ou de la figure d’une petite olive, à écorce un peu charnue, qui n’a qu’une seule loge remplie de plusieurs semences anguleuses, velues, blanchâtres. L’arbrisseau fleurit en Mai & Juin.

On sait que la rose sauvage, rosa sylvestris, vulgaris, flore odorato, incarnato, Inst. rei herb. 638. est la fleur de l’églantier, voyez Eglantier.

Les roses, comme d’autres plantes, présentent quelquefois des jeux monstrueux de la nature. On en lit un exemple dans le journal des Savans, année 1679. M. Marchand en rapporte un autre dans les mém. de l’acad. des Sciences, année 1700. La monstruosité de cette derniere rose consistoit 1°. en ce qu’au lieu de bouton, il y avoit cinq feuilles en côtes qui soutenoient la fleur ; 2°. du milieu de cette rose s’élevoit un bourgeon qui commençoit à former une branche ligneuse. (D. J.)

Roses, essence de, (Art distillatoire.) après avoir considéré que les Parfumeurs ne tiroient guere qu’une once d’huile essentielle de rose sur cent livres de cette fleur, M. Homberg a trouvé l’art d’augmenter de près d’un tiers cette essence précieuse dans la distillation, si l’on a soin, avant que de distiller les roses, de les faire macérer pendant quinze jours dans l’eau aigrie par l’esprit de vitriol. Outre ce moyen, que les Parfumeurs ont adopté, ils ont encore une adresse particuliere dans cette opération : ils se servent d’une vessie distillatoire, qui contient environ un muid ; elle est ouverte par un tuyau en haut, à cause de la grande quantité d’eau qu’il faut souvent remettre dans la vessie sur les roses qui distillent ; car l’huile ne monte qu’à force d’eau, qui en éleve très peu à la fois.

Cette vessie est aussi ouverte par un robinet en bas, pour changer aisément les roses épuisées ; mais la plus grande adresse consiste dans la figure du vaisseau qui reçoit cette huile ; il est fait comme un matras à l’ordinaire, de la panse duquel sort un tuyau, comme étoient faits dans le dernier siecle les vinaigriers & les huiliers qu’on servoit à table ; ce tuyau monte depuis la partie basse de la panse, jusqu’au bas du col du récipient, où il est recourbé en dehors ; l’effet de ce récipient, qui ne contient ordinairement que deux ou trois pintes, est de recevoir commodément plusieurs centaines de pintes d’eau rose sans le changer, ce qui perdroit la petite quantité d’huile qui s’y amasse ; cette eau se décharge par ce tuyau dans un second récipient ; & comme l’huile est plus légere, elle surnage cette eau, & s’amasse dans le col du récipient à la hauteur de l’ouverture, pendant que l’eau du fond du premier récipient s’écoule dans le second, à mesure qu’elle distille. Ce récipient, dont les Parfumeurs ont autrefois fait mystere, peut servir commodément aux distillations de toutes les huiles essentielles un peu précieuses. Mém. de l’acad. des Sciences, ann. 1700. (D. J.)

Rose, (Mat. médic.) la rose étoit déja regardée par les anciens comme la panacée d’une infinité de maladies ; c’est l’éloge que Pline en fait. Les modernes en tirent aussi un grand nombre de préparations ; les principales sont l’eau simple de roses, la conserve de roses, les tablettes de suc rosat, le syrop de suc de roses, le suc de roses solutif, l’électuaire du suc de roses, le miel rosat, l’huile de roses, l’onguent rosat, le vinaigre rosat, & la teinture de roses rouges. On trouve dans toutes les pharmacopées la maniere & les usages de ces diverses préparations ; il seroit seulement à souhaiter qu’elles fussent plus simples & mieux dirigées qu’on ne le voit dans plusieurs dispensaires. L’eau qu’on retire des roses par la distillation, est utile pour bassiner les yeux dans leurs inflammations. Le syrop de roses solutif, est fort propre pour purger les enfans. La conserve de roses, possede une légere vertu cordiale & astringente, salutaire aux phthisiques. Le vinaigre rosat, mêlé avec de l’eau de roses, un peu de nitre & de camphre, compose un épithème propre dans les fievres aiguës & les hémorrhagies du nez. (D. J.)

Rose, (Jardin. Fleuriste.) fleur qui croît sur l’arbrisseau qu’on appelle rosier. Voyez Rosier.

Pline appelle la rose la reine des fleurs & l’ornement des jardins ; elle l’est par sa beauté, par ses variétés, & par son odeur délicieuse. Ses diverses parties ont été décorées de noms particuliers. On appelle l’ongle de la rose la partie blanche de sa feuille qui est la plus proche de la queue. On appelle hymen la petite peau qui enveloppe son bouton, & qui s’ouvre quand elle s’épanouit. Enfin le bouton même qui reste après que les feuilles sont tombées, se nomme grate-cul. (D. J.)

Rose de Jéricho, (Botan.) c’est le myagrum ex Sumatriâ & Syriâ, semine spinoso, simili capiti aviculæ de Zanoni 142, & c’est dans le système de Tournefort, une espece de thlapsi, ou une petite plante haute d’environ quatre doigts, ligneuse, rameuse, ayant la figure d’une tête d’oiseau, de couleur cendrée ; ses feuilles sont petites, longuettes, découpées, velues ; ses fleurs sont quatre petites feuilles disposées en croix dans des épis, blanches, ou de couleur de chair. Sa semence est arrondie, rougeâtre, âcre au goût. Sa racine est simple, assez grosse, ligneuse ; pendant que cette plante est en vigueur sur la terre, elle paroît un bouquet ; mais à mesure qu’elle se seche, les extrémités de ses branches se courbant en dedans, se réunissent à un centre commun, & composent une espece de petit globe.

Cette plante croît dans l’Arabie déserte ; & quoiqu’on l’ait nommée rose de Jéricho, elle n’est point rose, & l’on n’en trouve point autour de Jéricho. On a dit autrefois, par l’amour du merveilleux, qu’elle ne s’ouvroit qu’au jour de Noël ; mais on sait à présent qu’elle s’ouvre en tous tems de sa vie, pourvu qu’on la plonge & qu’on la laisse tremper quelques momens dans l’eau ; on voit alors ses rameaux s’écarter peu-à-peu, s’épanouir, & ses fleurs paroître. (D. J.)

Rose d’Inde, (Jardinage.) rosa indica. La tige de cette fleur est rameuse, haute de trois piés, & garnie tout-au-long de petites feuilles étroites & dentelées. Ses fleurs sont aurores, très-doubles, en forme de rose, avec un calice écailleux qui contient des graines de couleur noire.

On met la rose d’Inde dans des pots, & dans les parterres, parmi les plantes de la grande espece. Elle fleurit toujours en automne, & demande une culture générale. On la seme sur couche, & on a soin de la mouiller.

Rose d’outremer, (Botan.) par les botanistes, malva rosea, espece de mauve, connue sous le nom de trémier, voyez Mauve & Trémier. (D. J.)

Rose treniere, (Botan.) autrement dite la rose d’outremer, qui est une espece de mauve, voyez-en l’article au mot Treniere rose, (Botan.) (D. J.)

Rose, (Poésie, Mythol. Littér.) cette fleur étoit consacrée à Venus. Tous nos poëtes la célebrent à l’imitation des Grecs & des Latins, si nous les en croyons.

C’est la reine des fleurs dans le printems éclose ;
Elle est le plus doux soin de Flore & des zéphirs :
C’est l’ouvrage de leurs soupirs.

Anacréon s’étoit contenté de dire avec plus de simplicité, qu’elle est tout le soin du printems, ῥόδον ἐάρος μελίσμα. Nos vieux poëtes employent toujours la rose dans leurs vers. Aujourd’hui les comparaisons tirées de cette fleur ont été si souvent répetées, qu’on n’en sauroit user trop sobrement.

Aphtonius & Tzetzes nous assurent que c’est du sang de Vénus que les roses ont pris leur couleur vermeille. Bion prétend au contraire que la rose doit sa naissance au sang d’Adonis, & ce poëte a pour lui non-seulement Ovide, mais l’auteur du pervigilium Veneris, dans l’hymne charmante qu’il a faite sur ce sujet.

« Avec quelle grace, dit-il, le zéphir amoureux vient-il voltiger autour de la robe verte de cette reine des fleurs, & chercher à lui plaire par ses plus douces caresses ? Déja la divine rosée fait sortir ce bouton vermeil du fourreau qui l’enveloppe. »

Humor ille quem serenis astra rorant noctibus,
Jam nunc virginis papillas solvit humenti peplo.

« Je le vois, continue-il, ce bouton qui commence à s’épanouir ; je le vois glorieux d’étaler ce rouge incarnat dont la teinture est dûe au sang d’Adonis, dont l’éclat est augmenté par les baisers de l’amour, & qui semble composé de tout ce que la jeune Aurore offre de plus brillant, quand elle monte dans son char pour annoncer de beaux jours à la terre. »

En un mot, les poëtes ne se sont plaints que du peu de durée de cette aimable fleur, & nimium brevis rosæ flores amænos, « & ces roses, ces charmantes fleurs qui passent hélas, trop tôt pour nos plaisirs. » Tout le monde connoît cette épigramme latine :

Quam longa una dies, ætas tam longa rosarum,
      Quas pubescentes juncta senecta premit.
Quam modo nascentem rutilus conspexit Eous,
      Hanc veniens sero vespere vidit anum.

« La durée d’un jour est la mesure de l’âge de la rose ; la même étoile qui la voit naître le matin, la voit mourir le soir de vieillesse. » Malherbe a bien su tirer parti de cette idée ; il dit, en parlant de la mort de la fille de M. Duperrier.

Mais elle étoit du monde, où les plus belles choses
                Ont le pire destin,
Et rose elle a vêcu ce que vivent les roses,
                L’espace d’un matin.

Ainsi a vêcu madame la princesse de Condé.

Les Romains aimoient passionnément les roses, & faisoient beaucoup de dépense pour en avoir en hiver. Les plus délicats les recherchoient encore, lorsque la saison en étoit passée. Dans le tems même de la république, ils n’étoient point contens, dit Pacatus, si au milieu de l’hiver, les roses ne nageoient sur le vin de Falerne qu’on leur présentoit. Delicati illi ac fluentes parùm se lautos putabant, nisi luxuria vertisset annum, nisi hibernæ poculis rosæ innatassent. Ils appelloient leurs maîtresses du nom de rose, mea rosa, ma belle amie.

Enfin les couronnes de roses étoient chez les anciens la marque du plaisir & de la galanterie. Horace ne les oublie jamais dans ses descriptions des repas agréables. Aussi roseus, rosea, signifioit beau, belle, éclatant, éclatante, comme le ῥόδεον des Grecs. C’est pourquoi Virgile dit, en parlant de Vénus :

Et avertens roseâ cervice refulsit.

« En se détournant, elle fit voir la beauté de son col. » Dans notre langue un teint de lis & de roses désigne aussi le plus beau teint du monde, tel qu’il se trouve seulement dans la florissante jeunesse. (Le chevalier de Jaucourt.

Rose posterol, noms que l’on a donnés à une ortie de mer de couleur rouge, de l’espece de celles que l’on nomme cul de cheval. Voyez Ortie de mer.

Rose blanche, Rose rouge, (Hist. d’Anglet.) on a donné le nom de rose blanche & de rose rouge, aux deux maisons d’Yorck & de Lancastre. Ces noms sont fameux par les guerres entre ces deux maisons, la quantité de sang anglois qu’elles ont fait répandre, & qui aboutit à la ruine entiere de la maison de Lancastre.

Il faut donc se rappeller que sous le regne d’Henri VI. en 1453, il y avoit en Angleterre un descendant d’Edouard III. de qui même la branche étoit plus près d’un degré de la souche connue que la branche régnante. Ce prince étoit un duc d’Yorc. Il portoit sur un son écu une rose blanche, & le roi Henri VI. de la maison des Lancastre, portoit une rose rouge. C’est de-là que vinrent ces noms célebres consacrés à la guerre civile. La bataille de Bolsworth donnée en 1485, & dans laquelle périt Richard III. mit fin aux désolations dont la rose rouge & la rose blanche avoient rempli l’Angleterre. Le trône toujours ensanglanté & renversé, fut enfin ferme & tranquille ; les malheurs qui avoient persécuté la famille d’Edouard III. cesserent ; Henri VII. en épousant une fille d’Edouard VI. réunit les droits des Lancastres & des Yorchs en sa personne. Ayant su vaincre, il sut gouverner. Son regne, qui fut de 24 ans, & presque toujours paisible, humanisa un peu les mœurs de la nation. Les parlemens qu’il assembla & qu’il ménagea, firent de sages lois. La justice distributive rentra dans tous ses droits ; le commerce qui avoit commencé à fleurir sous le grand Edouard, & qui avoit été ruiné pendant les guerres civiles, se rétablit, & se ranima pour prospérer encore davantage sous Henri VIII. & sous la reine Elisabeth. (D. J.)

Rose de vent, (Marine.) c’est un morceau de carton ou de corne, coupé circulairement, qui représente l’horison, & qui est divisé en trente-deux parties, pour représenter les trente-deux airs de vent. On suspend sur ce cercle une aiguille aimantée, ou l’on attache une aiguille aimantée à ce cercle, qu’on suspend dans une boîte, & l’on écrit à chaque division, en commençant par le nord, les noms des vents dans l’ordre suivant.

Noms des rumbs de vent. 1. N. c’est-à-dire, nord. 2. N. N. E. nord quart nord-est. 3. N. N. E. nord-nord-est. 4. N. E. N. nord-est quart-nord. 5. N. E. nord-est. 6. N. E. E. nord-est quart d’est. 7. E. N. E. est-nord-est. 8. E. N. E. est quart nord-est. 9. E. est. 10. E. S. E. est quart sud-est. 11. E. S. E. est sud-est. 12. S. E. L. sud-est quart-d’est. 13. S. E. sud-est. 14. S. E. S. sud-est quart de sud. 15. S. S. E. sud-sud-est. 16. S. S. E. sud quart sud-est. 17. S. sud. 18. S. S. O. sud quart sud-ouest. 19. S. S. O. sud-sud-ouest. 20. S. O. S. sud ouest quart-sud. 21. S. O. sud-ouest. 22. S. O. O. sud-ouest quart d’ouest. 23. O. S. O. ouest-sud-ouest. 24. O. S. O. ouest quart-sud-ouest. 25. O. ouest. 26. O. N. O. ouest-quart-nord-ouest. 27. O. N. O. ouest-nord-ouest. 28. N. O. O. nord-ouest quart-ouest. 29. N. O. nord-ouest. 30. N. O. N. nord-ouest quart-nord. 31. N. N. O. nord-nord-ouest. 32. N. N. O. nord-quart nord-ouest.

On donne sur la Méditerranée d’autres noms à ces rumbs de vent. Voyez dans les Planches de Marine, où l’on a dessiné deux roses des vents où sont marqués leurs noms sur l’Océan, & leurs noms sur la mer Méditerranée.

Rose, (Archit.) ornement taillé dans les caisses qui sont entre les modillons, sous les plafonds des corniches, & dans le milieu de chaque face de l’abaque des chapiteaux corinthien & composite.

Rose de compartiment. On appelle ainsi tout compartiment formé en rayons par des plate-bandes, guillochis, entrelas, étoiles, &c. & renfermé dans une figure circulaire. Il sert à décorer un cul-de-four, un plafond, un pavé de marbre, rond ou ovale, &c.

On nomme aussi rose de compartiment, certains fleurons ou bouquets ronds, triangulaires ou losanges, qui remplissent les renfoncemens de sofite, de voûte, &c.

Rose de moderne. C’est dans une église à la gothique, un grand vitrail rond, avec croisillons & nervures de pierre, qui forment un compartiment en maniere de rose. Les plus beaux vitraux de cette espece sont à S. Denis en France.

Rose de pavé. Compartiment rond de plusieurs rangées de pavés de grès, de pierre noire de Caën, & de pierre à fusil, mélées alternativement, dont on orne les cours, grottes, fontaines, &c. On en fait aussi de pierre & de marbre de diverses sortes. Daviler. (D. J.)

Rose, en terme de Boutonnier ; c’est un ornement dont le fond est de cartisane, divisé en plusieurs branches formant autant de rayons, composés d’un seul brin plié en deux, qui s’éloignent les uns des autres, à mesure qu’ils s’éloignent de leur centre commun : les angles en sont arrondis à-peu-près comme ceux des feuilles d’une rose. La rose entre comme les pompons dans les différens ornemens que le boutonnier imagine.

Rose, en terme de Diamantaire, est un diamant plat, qui n’est taillé que sur la table. Voyez Table.

Roses, (Haute-lisserie.) petites étoffes de soie, de laine & de fil, dont les façons représentent des especes de roses. Elles ont 20 aunes un quart à 20 aunes & demi de longueur, sur un pié & demi & un pouce de roi de largeur. Savary. (D. J.)

Rose, terme de Luthier ; ce sont plusieurs trous qui représentent en quelque sorte la figure d’une rose, & qui sont au milieu de la table d’un instrument de de musique, comme d’un luth, d’un clavecin, d’une épinette, &c. (D. J.)

Rose-noble, (Monnoie.) monnoie d’or qui se fabrique en Hollande, & qui y a cours pour onze florins.

Rose, (Serrur.) ornement rond, ovale ou à pans, qui se fait ou de tole relevé par feuilles, ou de fer contourné par compartiment à jour. Il sert dans les dormans des portes cintrées, & dans les panneaux de serrurerie. (D. J.)

Rose ou Rosette, (Teinturier.) c’est ainsi que les Teinturiers nomment une certaine marque ronde de la grandeur d’un écu blanc, bleue, jaune ou d’autre couleur, que les Teinturiers sont obligés de laisser au bout de chaque piece d’étoffe qu’ils teignent, pour faire connoître les couleurs qui leur ont servi de pié ou de fond, & faire voir que l’on y a employé les drogues & ingrédiens nécessaires pour les rendre de bon teint. Dict. de comm. (D. J.)

Rose ou Rosette, terme de Tourneur ; c’est une sorte de cheville tournée, qui est grosse par un bout, & que l’on met à un ratelier avec plusieurs autres pour servir à pendre des habits. (D. J.)

Rose, (Blason.) la rose s’appelle soutenue, quand elle est figurée avec sa queue, elle est quelquefois d’un même, & quelquefois d’un différent émail, mais toujours épanouie, & tantôt avec les pointes de la châsse d’un émail différent des feuilles. Menestrier. (D. J.)

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Étymologie de « rose »

Bourg. reuse ; wallon, rôz ; provenç. espagn. et ital. rosa ; du lat. rosa ; anc. persan, vrada, sanscr. vrad, se courber, être flexible.

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Du latin rosa (« rose »).
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Phonétique du mot « rose »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
rose roz

Fréquence d'apparition du mot « rose » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « rose »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « rose »

  • Cherchez les effets et les causes, Nous disent les rêveurs moroses. Des mots ! des mots ! cueillons les roses !
    Théodore de Banville — Les Cariatides
  • La rose est un jardin où se cachent des arbres.
    Djalal-Eddine Roumi
  • Un idéaliste est quelqu'un qui, remarquant qu'une rose sent meilleur qu'un chou, conclut qu'elle fera une meilleure soupe.
    Henry Louis Mencken — Chrestomathy, 617
  • Ils ne voient pas la rose, mais ils scrutent attentivement les épines de la tige.
    Lucien de Samosate — Comment il faut écrire l’histoire
  • Si les roses, qui ne durent qu'un jour, faisaient des histoires* […], elles diraient : Nous avons toujours vu le même jardinier ; de mémoire de rose on n'a vu que lui […], assurément il ne meurt point comme nous, il ne change seulement pas.
    Bernard Le Bovier de Fontenelle — Entretiens sur la pluralité des mondes
  • De l’épine pousse la rose et de la rose pousse de nouveau l’épine.
    Proverbe grec
  • Le temps aux plus belles choses Se plaît à faire un affront, Et saura faner vos roses Comme il a ridé mon front.
    Pierre Corneille — Poésies diverses, LVIII, Stances à Marquise Du Parc
  • Ah, quand refleuriront les roses de septembre !
    Paul Verlaine — Sagesse, III, 3 , Messein
  • La rose est belle, et le temps la flétrit.
    Théocrite — Idylles, XXIII, 28 (traduction Legrand)
  • La jeune fille est une rose que les années effeuillent.
    Xavier Forneret
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Images d'illustration du mot « rose »

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Traductions du mot « rose »

Langue Traduction
Anglais pink
Espagnol rosado
Italien rosa
Allemand rosa
Chinois
Arabe زهري
Portugais rosa
Russe розовый
Japonais ピンク
Basque arrosa
Corse rosa
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Synonymes de « rose »

Source : synonymes de rose sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « rose »

Combien de points fait le mot rose au Scrabble ?

Nombre de points du mot rose au scrabble : 4 points

Rose

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