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Nature
Sommaire
Variantes | Singulier | Pluriel |
---|---|---|
Féminin | nature | natures |
Définitions de « nature »
Trésor de la Langue Française informatisé
NATURE, subst. fém.
Wiktionnaire
Nom commun - ancien français
nature \Prononciation ?\ féminin
- La nature (le monde naturel en général)
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Nature (essence, caractéristiques)
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UNCORE dit Escripture leuns ad tele nature — (Ph. de Thaon, Bestiaire, p. 77, édition de Thomas Wright)
- Encore dit le Scripture que le lion a une telle nature
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UNCORE dit Escripture leuns ad tele nature — (Ph. de Thaon, Bestiaire, p. 77, édition de Thomas Wright)
Adjectif - français
nature \na.tyʁ\ masculin et féminin identiques
- Qui est spontané, sans fard, direct, dans son comportement.
- Élevée sans mère depuis l’âge de douze ans, j’étais très simple, très saine, très « nature » — (Léon Frapié, La maternelle (1904), Librairie Universelle, 1908, page 1)
- Mais elle reste nature. Ses nichons débordent. Ses fesses sont comme la houle. On ne voit qu’elle. On n’entend qu’Elle. Nine. — (Victor Méric, Les Compagnons de l’Escopette, Éditions de l’Épi, Paris, 1930, page 189)
- Les gens nature qui suivent leur nature je n’aime pas ça, les gens sincères, les gens : merci pour votre sincérité Mathilde Seigner. Je ne peux même pas en parler. — (Christine Angot, La peur du lendemain, nouvelle, supplément au magazine « Elle », 2000, page 28.)
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(Cuisine) Non assaisonné. — Note d’usage : Il est dans ce sens invariable en genre et en nombre.
- Bœuf nature : Bœuf simplement bouilli.
- Riz nature : Riz sans sauce.
Nom commun - français
nature \na.tyʁ\ féminin
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Ensemble des êtres et des choses, monde, univers. Ensemble en tant qu’ordonné et régi par des lois.
- Nous sommes si éloignés de connaître tous les agens [sic] de la nature, et leurs divers modes d’action ; qu’il ne serait pas philosophique de nier les phénomènes, uniquement parce qu’ils sont inexplicables dans l’état actuel de nos connaissances. — (Pierre-Simon de Laplace, Essai philosophique sur les probabilités, Mme Ve Courcier, Paris, 1814 (2e édition))
- Vue de loin, la nature semble harmonieuse. Vue de près, on y observe que les plantes cherchent à s’étouffer les unes les autres et que les animaux utilisent la prédation et le parasitisme. — (« L’Insoutenable Légèreté du darwinisme », dans Le Québec sceptique, no 60, été 2006, pp. 40–47)
- Rainie adorait ces montagnes. […]. Elle pensait que la nature se devait d'être grandiose, une présence suffisamment majestueuse pour faire trembler dans leurs bottes les simples mortels. — (Lisa Gardner, Disparue, traduit de l'américain par Cécile Deniard, Éditions Albin Michel, 2008, chap. 10)
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(Par personnification) Puissance, force active et créatrice.
- Ces malfaiteurs littéraires voudraient persuader de tels hommes qu’ils n’ont pas besoin d’excuse et que leur conduite se conforme au dictamen de la nature. — (Abbé Paul Buysse, Vers la Foi catholique : L’Église de Jésus, 1926, pp. 188-189)
- La nature ne fait rien en vain.
- La nature agit, opère par les voies les plus simples et les plus courtes.
- La nature est admirable jusque dans ses moindres ouvrages.
- Les jeux, les caprices de la nature.
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Campagne avec ses aspects divers, mer, montagnes, bois, prés, rivières.
- Les spectacles de la nature, le sentiment de la nature.
- La nature étale ici toute sa magnificence.
- Les harmonies de la nature.
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(En particulier) Productions qui ne sont pas de la main de l’homme.
- L’art perfectionne la nature, ajoute à la nature.
- Dans ce magnifique jardin, l’art l’emporte sur la nature.
- Ma solution est grossière mais elle est à la mesure de l’urgence : arrêtons un moment de parler d’écologie, de nature, de salut de la planète, de protection de la biosphère. Pourquoi ? Parce que cela renvoie toujours à quelque chose d’extérieur, quelque chose que l’on considère comme à travers une vitre, qui nous concerne peut-être, mais à la marge. Vous aurez remarqué qu’il en est tout autrement dès qu’on parle de territoire.— (Bruno Latour, propos recueillis par « Il faut faire coïncider la notion de territoire avec celle de subsistance », Le Monde, 23 juillet 2018)
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Essence d’un être ou d’une chose avec les attributs physiques ou moraux qui lui sont propres.
- Aussi à Lima, tous les étrangers vont-ils à l’église, non pour entendre chanter aux moines l’office divin, mais pour admirer, sous leur costume national, ces femmes d’une nature à part. — (Flora Tristan, Les Femmes de Lima, dans Revue de Paris, tome 32, 1836)
- « Nous ne connaissons rien, dit le baron de Bielfeld, nous ne connaissons rien de la nature ou de l’essence de Dieu ; — pour savoir ce qu’il est, il faut être Dieu même. » — (Edgar Poe, Eureka, 1848, traduction de Charles Baudelaire, 1864)
-
Mon Dieu ! des mœurs du temps mettons-nous moins en peine,
Et faisons un peu grâce à la nature humaine :
Ne l’examinons point dans la grande rigueur,
Et voyons ses défauts avec quelque douceur. — (Molière, Le Misanthrope, I, scène 1, 1666) - La nature humaine n’est point stationnaire et, chaque jour, elle apporte un contingent nouveau de découvertes plus ou moins sensationnelles. — (Chanoine Kir, Le Problème religieux à la portée de tout le monde, imprimerie des Orphelins d’Auteuil, Paris, 1923, réédition de 1950, p. 19)
- La nature de l’aimant est d’attirer le fer.
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Complexion, tempérament, disposition, tendance de chaque individu. Par extension, il peut se dire, dans la même acception, des animaux.
- J’avais pour invité, dans un bar de Montmartre, le chasseur d’une boîte de nuit qui, sous son beau costume, abritait une nature inquiète. — (Francis Carco, Images cachées, Éditions Albin Michel, Paris, 1928 ; Préface de la 3e édition de 1929)
- Lui non plus n’aurait pas voulu choquer Jim par son manque de délicatesse, mais sa nature brutale subitement l’emportait. — (Francis Carco, L’Homme de minuit, Éditions Albin Michel, Paris, 1938)
- Comment peut-on accorder de l’importance au discours surréaliste du mouvement woke qui est complètement déconnecté de la nature humaine intrinsèque? La peur de passer au tribunal d’inquisition de cette religion le ferait-il trembler? — (Guy Perkins, Plumes de cheval, Le Journal de Québec, 11 février 2021)
- Il est de nature bilieuse, lymphatique.
- Une nature heureuse, indolente, perverse, dépravée.
- C’est une belle nature. — Il est triste, il est gai de nature.
- Le singe est malin et imitateur de sa nature.
- De par sa nature, le chien est ami de l’homme.
- Un mot de nature : Un mot qui révèle le caractère d’un individu.
- Le « sans dot » d’Harpagon est un mot de nature.
-
(Figuré) Faculté innée qui rend l’homme capable de discerner le bien et le mal.
- Aussi l’injustice est-elle le défaut capital des natures féminines. Cela vient du peu de bon sens et de réflexion que nous avons signalé […] — (Arthur Schopenhauer, Essai sur les femmes, dans Pensées & Fragments, traduction par J. Bourdeau, Félix Alcan, éditeur, 1900 (16e éd.))
- Il faut se secourir les uns les autres, c’est la loi de la nature.
- Cette action, ce sentiment est conforme, est contraire à la nature.
-
Éléments constitutifs, propriété d’un objet matériel.
- Le carbone imbrûlé dépend de la nature du combustible et de la mise en œuvre de la combustion. — (François Audibert, Les Huiles usagées : reraffinage et valorisation énergétique, TECHNIP, 2003, page 194)
- La nature d’un terrain, du sol, d’une plante.
-
Instinct de chaque être animé ; mouvement qui le porte vers les choses nécessaires à sa conservation.
- Fulk Ephrinell s’entretient avec miss Horatia Bluett, et je comprends qu’il y ait eu rapprochement entre ces deux natures si parfaitement anglo-saxonnes. — (Jules Verne, Claudius Bombarnac, chapitre IV, J. Hetzel et Cie, Paris, 1892)
- Chaque animal a sa nature particulière.
- Chaque animal obéit à sa nature, suit l’instinct de sa nature.
- On peut améliorer, corriger sa nature.
-
(En particulier) Principe de vie qui anime et soutient le corps.
- Ce médecin a pour système de laisser agir la nature.
- Il y a des maladies où il faut abandonner la nature à elle-même.
- Les forces de la nature ont un terme.
-
(Philosophie, Théologie) État originel de l’homme, par opposition à l’état de grâce ou l’état de l’homme tel qu’on le suppose antérieurement à toute civilisation.
- La nature corrompue.
- La nature déchue et rétablie par Jésus-Christ.
- La nature fragile.
- De l’état de nature, le baptême nous fait passer à l’état de grâce. Dans ce sens, la théologie catholique oppose aussi nature à miracle.
- La loi de nature : Par opposition à l’ancienne loi et à la Loi de grâce.
- Jean-Jacques Rousseau imagine un chimérique état de nature où l’homme aurait été parfaitement heureux et bon.
-
Modèle, soit physique, soit moral, des arts d’imitation.
- Observer la nature.
- Prendre la nature pour guide.
- Cet auteur, ce peintre, ce comédien s’éloigne, s’écarte de la nature.
- Étudier la nature.
-
(Art) Ce que l’artiste a sous les yeux pour l’imiter.
- Dessiner, peindre, modeler d’après nature.
- Un paysage fait d’après nature.
- Un tableau de nature morte.
- Figures plus grandes, plus petites que nature : Figures qui ont des proportions plus grandes, plus petites que les proportions naturelles.
- Figures de demi-nature : Figures qui n’ont que la moitié des proportions naturelles.
-
Sorte ; espèce.
- On n’a jamais vu d’affaires de cette nature.
- La nature d’un événement.
- On ne sait que répondre à une demande de cette nature.
- On ne peut tolérer une réponse de cette nature.
- Une nouvelle de nature inquiétante.
- Des affaires de nature suspecte.
- (Vieilli) Organes sexuels chez les femelles des animaux.
- (Grammaire) Classe lexicale d’un mot, tel que les noms, les verbes, les adjectifs, etc.
Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)
L'ensemble des êtres et des choses. Dieu est l'auteur, le maître de la nature. Toute la nature annonce, révèle, publie qu'il y a un Dieu. Il désigne aussi cet Ensemble en tant qu'ordonné et régi par des lois. Pénétrer dans les secrets de la nature. Les lois de la nature. Les mystères de la nature. Les merveilles de la nature. L'étude de la nature. Lire dans le grand livre de la nature. Il signifie encore, par une sorte de personnification, la Puissance, la force active qui a établi cet ordre. La nature ne fait rien en vain. La nature agit, opère par les voies les plus simples et les plus courtes. La nature est admirable jusque dans ses moindres ouvrages. Les jeux, les caprices de la nature. Il se dit aussi du Monde physique avec ses aspects divers, mer, montagnes, bois, champs, rivières. Les spectacles de la nature, le sentiment de la nature. La nature étale ici toute sa magnificence. Les harmonies de la nature. Il se dit en outre de Ce qui constitue tout être en général. La nature divine. La nature humaine. La nature humaine désigne par extension le Genre humain. Il veut du mal à toute la nature humaine.
NATURE désigne encore l'Essence d'un être ou d'une chose avec les attributs qui lui sont propres. La nature de Dieu est d'être bon. La nature de l'âme est de penser. La nature de la matière consiste dans l'étendue. Il est dans la nature du feu de s'élever. La nature de l'aimant est d'attirer le fer. Il se dit aussi, en parlant des Êtres animés, pour désigner l'Organisation particulière de chacun d'eux, le mouvement qui le porte vers les choses nécessaires à sa conservation. Chaque animal a sa nature particulière. Chaque animal obéit à sa nature, suit l'instinct de sa nature. On peut améliorer, corriger sa nature. Contenter la nature. Forcer la nature. Payer le tribut à la nature, Mourir. Prov., L'habitude est une seconde nature.
NATURE se dit aussi de la Constitution du corps humain, du principe de vie qui l'anime et le soutient. Ce médecin a pour système de laisser agir la nature. Il y a des maladies où il faut abandonner la nature à elle-même. Les forces de la nature ont un terme. Il se dit encore de la Complexion, du tempérament de chaque individu. Il est de nature bilieuse, lymphatique. Il désigne également une Disposition, une tendance que l'être apporte en naissant. Une nature heureuse. Une nature indolente, perverse, dépravée. C'est une belle nature. Il est triste, il est gai de sa nature. Par extension, il peut se dire, dans la même acception, des Animaux. Le singe est malin et imitateur de sa nature. De sa nature, de nature, le chien est ami de l'homme. Un mot de nature, Un mot qui révèle le caractère d'un individu. Le " sans dot " d'Harpagon est un mot de nature.
NATURE se dit, figurément, de la Faculté innée qui rend l'homme capable de discerner le bien et le mal. La nature nous ordonne de ne pas faire à autrui ce que nous ne voudrions pas qui nous fût fait à nous-mêmes. La nature nous donne les premières notions du juste et de l'injuste. Il faut se secourir les uns les autres, c'est la loi de la nature. Cette action, ce sentiment est conforme, est contraire à la nature. La nature se révolte à ce spectacle. Contre nature, Contraire à l'ordre naturel. Un sentiment contre nature. Un vice contre nature. Il se dit particulièrement des Affections naturelles de l'homme, de celles qui ont pour objet les personnes auxquelles on est uni par les liens du sang. Le cri, la voix, les sentiments de la nature. Brutus, en condamnant ses fils sacrifia la nature à l'amour de la patrie. En termes de Théologie, il désigne l'État naturel de l'homme, par opposition à l'État de grâce. La nature corrompue. La nature déchue et rétablie par JÉSUS-CHRIST. La nature fragile. De l'état de nature, le baptême nous fait passer à l'état de grâce. Dans ce sens, la Théologie oppose aussi Nature à Miracle. La loi de nature, par opposition à l'Ancienne loi et à la Loi de grâce. L'état de nature, L'état de l'homme tel qu'on le suppose antérieurement à toute civilisation. Jean-Jacques Rousseau imagine un chimérique état de nature où l'homme aurait été parfaitement heureux et bon.
NATURE se dit souvent des Opérations, des productions de la nature, par opposition à Celles de l'art. L'art perfectionne la nature, ajoute à la nature. Dans ce magnifique jardin, l'art l'emporte sur la nature. Il se dit aussi de la Nature, soit physique, soit morale, considérée comme modèle des arts d'imitation. Observer la nature. Prendre la nature pour guide. Cet auteur, ce peintre, ce comédien s'éloigne, s'écarte de la nature. Étudier la nature. Il se dit particulièrement, dans les arts plastiques, de l'Être ou de la chose que l'artiste a sous les yeux pour l'imiter. Dessiner, peindre, modeler d'après nature. Un paysage fait d'après nature. Un tableau de nature morte ou, par ellipse, Une nature morte. Fig., C'est plus beau que nature se dit familièrement d'un Événement, d'un acte, d'une parole qui dépasse ce qu'on voit, ce qu'on entend ordinairement. Figures plus grandes, plus petites que nature, Figures qui ont des proportions plus grandes, plus petites que les proportions naturelles. Figures de demi-nature, Figures qui n'ont que la moitié des proportions naturelles. En termes de Cuisine, on dit elliptiquement Buf nature pour désigner du Buf simplement bouilli.
NATURE se dit encore de Certaines choses considérées telles qu'elles sont matériellement, par opposition à l'argent qu'elles peuvent valoir. On lui a laissé le choix de recevoir sa nourriture en argent ou en nature On lui a ordonné de me restituer mes meubles en nature, ou de m'en payer le prix. Payer en nature, Payer avec les productions naturelles du sol. Il y a des rentes, des fermages qui sont payables en nature.
NATURE se dit aussi des Éléments constitutifs d'un objet matériel. La nature d'un terrain, du sol. La nature d'une plante. Il signifie aussi quelquefois Sorte, espèce. On n'a jamais vu d'affaires de cette nature. La nature d'un événement. On ne sait que répondre à une demande de cette nature. On ne peut tolérer une réponse de cette nature. Une nouvelle de nature inquiétante. Des affaires de nature suspecte.
NATURE se dit quelquefois des Parties qui servent à la génération, surtout dans les femelles des animaux.
Littré (1872-1877)
Résumé
- 1° Ensemble de tous les êtres qui composent l'univers.
- 2° Ordre établi dans l'univers, ou système des lois qui président à l'existence des choses et à la succession des êtres.
- 3° Sorte de personnification de l'ensemble des lois naturelles, puissance des choses naturelles, force active qui établit et conserve l'ordre naturel.
- 4° Dans un sens très lâche, l'ensemble des choses qui sont sous les yeux, sous la main de l'homme.
- 5° Ce qui constitue tout être en général, soit incréé, soit créé.
- 6° L'essence, les attributs, la condition propre d'un être ou d'une chose.
- 7° La nature des choses, en général, la nécessité qui résulte de la constitution des choses.
- 8° Ensemble des propriétés qu'un être vivant tient de sa naissance, de son organisation, de sa conformation primitive, par opposition à celles qu'il peut devoir à l'art.
- 9° Il se dit, par extension, de ce qui est comparé à une espèce d'être vivant.
- 10° Nature humaine.
- 11° La condition de l'homme telle qu'on la suppose antérieurement à toute civilisation.
- 12° Ce qui appartient d'origine à l'être humain, par opposition à coutume.
- 13° En théologie, l'état naturel de l'homme, par opposition à l'état de grâce.
- 14° La constitution du corps vivant, le principe qui le soutient.
- 15° La complexion, le tempérament de chaque individu.
- 16° L'ensemble des sentiments innés.
- 17° Une certaine disposition ou inclination de l'âme.
- 18° L'ensemble des affections du sang, de la famille.
- 19° Sorte, espèce.
- 20° Nature se dit des opérations, des productions de la nature, par opposition à celles de l'art.
- 21° La nature soit physique, soit morale, considérée comme modèle des arts d'imitation.
- 22° Particulièrement, en peinture et en sculpture, l'objet réel qu'on se propose de représenter.
- 23° Les parties qui servent à la génération.
- 24° État matériel de certaines choses par opposition à l'argent qu'elles peuvent valoir
- 25° En métallurgie, prendre nature.
- 26° En musique, chanter par nature.
- 27° Bœufs de nature.
- 28° En cuisine, bœuf, côtelette nature.
- 29° Contre nature.
-
1Ensemble de tous les êtres qui composent l'univers.
Au lieu de cette philosophie spéculative qu'on enseigne dans les écoles, on en peut trouver une pratique, par laquelle, connaissant la force et les actions du feu, de l'eau, de l'air, des astres, des cieux et de tous les autres corps qui nous environnent aussi distinctement que nous connaissons les divers métiers de nos artisans, nous les pourrions employer en même façon à tous les usages auxquels ils sont propres, et ainsi nous rendre comme maîtres et possesseurs de la nature
, Descartes, Méth. VI, 2.Que l'homme contemple la nature entière dans sa haute et pleine majesté… que la terre lui apparaisse comme un point… si notre vue s'arrête là, que l'imagination passe outre : elle se lassera plutôt de concevoir que la nature de fournir ; tout ce monde visible n'est qu'un trait imperceptible dans l'ample sein de la nature
, Pascal, Pens. I, 1, éd. HAVET.Qu'est-ce que l'homme dans la nature ? un néant à l'égard de l'infini, un tout à l'égard du néant ; un milieu entre rien et tout
, Pascal, ib. I, 1.Je regarde de toutes parts, et ne vois partout qu'obscurité ; la nature ne m'offre rien qui ne soit matière de doute et d'inquiétude
, Pascal, ib. XIV, 2.Non-seulement parce que je ne me sentirais pas assez fort pour trouver dans la nature de quoi convaincre des athées endurcis, mais encore parce que cette connaissance, sans Jésus-Christ, est inutile et stérile
, Pascal, ib. X, 5.C'est une chose étrange qu'ils [les hommes] aient voulu comprendre les principes des choses, et de là arriver jusqu'à connaître tout par une présomption aussi infinie que leur objet ; car il est sans doute qu'on ne peut former ce dessein sans une présomption ou sans une capacité infinie comme la nature
, Pascal, ib. I, 1.Il savait parler à chacun selon ses talents… aux voyageurs curieux de ce qu'ils avaient découvert ou dans la nature, ou dans le gouvernement, ou dans le commerce
, Bossuet, Louis de Bourbon.Multipliez vos jours, comme les cerfs et les corbeaux, que la fable ou l'histoire de la nature fait vivre durant tant de siècles
, Bossuet, Sermons, Mort, 1.L'homme de la nature est le chef et le roi
, Boileau, Sat. VIII.Votre nature n'est qu'un mot inventé pour signifier l'universalité des choses
, Voltaire, Dialog. XXIX, 2.La nature est le trône extérieur de la magnificence divine
, Buffon, Quadrup. t. IV, p. 12.Virgile en de riants vallons A célébré l'agriculture ; Vous, l'abbé, c'est dans les salons Que vous observez la nature
, Chénier M. J. Épître à Delille.On ne rencontre point le nom de ses ancêtres [de l'homme sauvage d'Amérique] dans les fastes des empires ; les contemporains de ses aïeux sont de vieux chênes encore debout ; monuments de la nature et non de l'histoire, les tombeaux de ses pères s'élèvent inconnus dans des forêts ignorées
, Chateaubriand, Itin. 3e part.Ah ! c'est là qu'entouré d'un rempart de verdure, D'un horizon borné qui suffit à mes vœux, J'aime à fixer mes pas, et, seul dans la nature, à n'entendre que l'onde, à ne voir que les cieux
, Lamartine, Méd. I, 6.Mais la nature est là qui t'invite et qui t'aime ; Plonge-toi dans son sein qu'elle t'ouvre toujours ; Quand tout change pour toi, la nature est la même, Et le même soleil se lève sur tes jours
, Lamartine, ib. I, 6.Dieu, pour le concevoir, a fait l'intelligence ; Sous la nature enfin découvre son auteur
, Lamartine, ib. I, 6.L'impassible nature a déjà tout repris
, Hugo, Rayons et ombres, XXXIV.Il n'y a rien de meilleur, de plus mauvais, de plus beau, de plus laid dans la nature, dans toute la nature, se dit d'une personne très bonne, très mauvaise, etc.
La nature inorganique, l'ensemble des substances qui n'ont ni organisation ni vie.
La nature végétale, l'ensemble des végétaux.
Tout ce que vous voyez, c'est la nature végétale et inanimée ; et, quoi qu'on puisse faire, elle laisse toujours une idée de solitude qui attriste
, Rousseau, Hél. IV, 11.La nature animale, l'ensemble des animaux.
Système de la nature, titre du grand ouvrage de Linné, où tous les objets de la nature, minéraux, végétaux et animaux, sont classés suivant leurs affinités.
Le système de la nature de d'Holbach, système d'athéisme et de matérialisme.
Il y avait là [dans le système de Spinosa] de la philosophie ; mais je suis forcé de dire que je n'en trouve aucune dans le Système de la nature
, Voltaire, Dict. philos. Dieu, 4. -
2Ordre établi dans l'univers, ou système des lois qui président à l'existence des choses et à la succession des êtres. Les merveilles de la nature. Les lois de la nature.
Il ne faut pas juger la nature selon nous, mais selon elle
, Pascal, Pens. XXV, 19.La nature a des perfections pour montrer qu'elle est l'image de Dieu, et des défauts pour montrer qu'elle n'en est que l'image
, Pascal, ib. XXIV, 70.Notre âme est jetée dans le corps, où elle trouve nombre, temps, dimension ; elle raisonne là-dessus, et appelle cela nature, nécessité, et ne peut croire autre chose
, Pascal, ib. X, 1.Réaumur, dont la main si savante et si sûre A percé tant de fois la nuit de la nature
, Voltaire, 4e disc.La nature est le système des lois établies par le créateur pour l'existence des choses et pour la succession des êtres ; la nature n'est point une chose, car cette chose serait tout ; la nature n'est point un être, car cet être serait Dieu ; mais on peut la considérer comme une puissance vive, immense, qui embrasse tout, qui anime tout, et qui, subordonnée à celle du premier être, n'a commencé d'agir que par son ordre
, Buffon, Quadrup. t. IV, p. 1.Il faut traduire la nature, comme elle s'offre aux sens ; et son interprète ne doit jamais être son commentateur
, J. Sennebier, Ess. sur l'art d'observer, t. II, p. 35, dans POUGENS. -
3Sorte de personnification de l'ensemble des lois naturelles, puissance des choses naturelles, force active qui établit et conserve l'ordre naturel.
C'est une œuvre où nature a fait tous ses efforts
, Malherbe, V, 2.Je dois définir ce que j'entends proprement, lorsque je dis que la nature m'enseigne quelque chose ; car je prends ici la nature en une signification plus resserrée que lorsque je l'appelle un assemblage ou une complexion de toutes les choses que Dieu m'a données
, Descartes, Médit. VI, 14.Souvent la nature nous dément, et ne s'assujettit pas à ses propres règles
, Pascal, Pens. III, 16.La nature recommence toujours les mêmes choses, les ans, les jours, les heures… ainsi se fait une espèce d'infini et d'éternel
, Pascal, ib. XXV, 9.Pourquoi ma durée à cent ans plutôt qu'à mille ? quelle raison a eue la nature de me la donner telle, et de choisir ce nombre plutôt qu'un autre dans l'infinité ?
Pascal, ib. XXV, 16 bis.La nature s'imite : une graine jetée en bonne terre produit
, Pascal, ib. XXV, 65.Sous le nom de nature, nous entendons une sagesse profonde qui développe avec ordre et selon de justes règles tous les mouvements que nous voyons
, Bossuet, Conn. IV, 1.Quoique Dieu et la nature aient fait tous les hommes égaux, en les formant d'une même boue
, Bossuet, Gornay.La simplicité d'une vie particulière qui goûte doucement et innocemment ce peu de biens que la nature nous donne
, Bossuet, Duch. d'Orl.La nature, cruelle usurière, nous ôte tantôt un sens et tantôt un autre
, Bossuet, Bourgoing.Toute la nature s'épuise pour la parer [une femme]
, Bossuet, la Vallière.Tel en un secret vallon… Croît à l'abri de l'aquilon Un jeune lis, l'amour de la nature
, Racine, Ath. II, 9.Il n'est pas surprenant que les effets de la nature donnent bien de la peine aux philosophes
, Fontenelle, Oracles, 1, Avant-propos.Non que la nature ait été aussi soigneuse qu'on le dit quelquefois de mettre dans chaque pays les plantes qui devaient convenir aux maladies des habitants…
, Fontenelle, Tournefort.Ce sont [les goûts et dégoûts] des avis secrets de la nature, si cependant la nature a un soin de nous si exact et auquel on puisse tant se fier
, Fontenelle, Tschirnhaus.J'ai pris la nature sur le fait
, mot de Fonten. dans VOLT. Micromégas, 6.La nature agit toujours avec lenteur et, pour ainsi dire, avec épargne
, Montesquieu, Lett. pers. 114.Et si je vous disais qu'il n'y a point de nature, que tout est art dans l'univers, et que l'art annonce un ouvrier
, Voltaire, Dial. XXIX, 2.La nature, à un philosophe : Mon pauvre enfant, veux-tu que je te dise la vérité ? c'est qu'on m'a donné un nom qui ne me convient pas ; on m'appelle nature, et je suis tout art
, Voltaire, Dict. phil. Nature.Tant la nature même en toute nation Grava l'être suprême et la religion
, Voltaire, Orphel. I, 1.La nature est comme ces grands princes qui comptent pour rien la perte de quatre cent mille hommes, pourvu qu'ils viennent à bout de leurs augustes desseins
, Voltaire, l'Homme aux 40 écus, Entretien avec un géomètre.La nature, libre au milieu des limites que nous pensons lui prescrire, est plus riche que nos idées et plus vaste que nos systèmes
, Buffon, Ois. t. XIV, p. 30.Lorsqu'on nomme la nature purement et simplement, on en fait une espèce d'être idéal, auquel on a coutume de rapporter, comme cause, tous les effets constants, tous les phénomènes de l'univers
, Buffon, ib. t. I, p. 3.Tout doit finir sans doute ; mais les grands ouvrages de la nature ont une vie si longue que nous vieillissons, nous mourons sans voir leurs progrès vers la décrépitude
, Bailly, Hist. de l'astr. mod. t. III, p. 226, dans POUGENS.Le mot de nature est un de ces mots dont on se sert d'autant plus souvent que ceux qui les entendent ou qui les prononcent y attachent plus rarement une idée précise
, Condorcet, Tronchin.La nature n'est point avare, la nature n'est point prodigue, la nature ne s'épuise point : ce sont des mots vides de sens
, Marmontel, Élém. litt. Œuv. t. IX, p. 298, dans POUGENS.Telle sur un rameau durant la nuit obscure Philomèle plaintive attendrit la nature
, Delille, Géorg. IV.Combien la nature est féconde En plaisirs ainsi qu'en douleurs !
Béranger, la Nature. Payer le tribut ou tribut à la nature, mourir.Tous deux [les médecins] s'étant trouvés différents pour la cure, Leur malade paya le tribut à nature
, La Fontaine, Fabl. V, 12.Philosophie de la nature, sorte de panthéisme de quelques philosophes allemands.
Terme de physique. Jeux de la nature, phénomènes qui, présentant quelque singularité, sont considérés comme des caprices de la nature.
-
4Dans un sens très lâche, l'ensemble des choses qui sont sous les yeux, sous la main de l'homme.
Rien n'est plus commun que les bonnes choses, il n'est question que de le discerner… la nature, qui seule est bonne, est toute familière et commune
, Pascal, Géométr. II.La nature se perpétue par des reproductions ; elle se détruit par les jouissances
, Mirabeau, Collection, t. V, p. 410. -
5Ce qui constitue tout être en général, soit incréé, soit créé. La nature de Dieu. La nature angélique. La nature humaine.
Comme l'homme n'est pas une nature purement intelligente, et qu'il est, ainsi qu'il a été dit, une nature intelligente unie à un corps
, Bossuet, Connaiss. IV, 1.Il faudrait être de la nature des anges, pour se maintenir dans le monde et pour se sauver de la contagion
, Bourdaloue, 14e dim. après la Pentec. Dominic. t. III, p. 414.Terme de théologie. Les deux natures de Jésus-Christ, la nature divine et la nature humaine.
La foi embrasse plusieurs vérités qui semblent se contredire… la source en est dans l'union des deux natures en Jésus-Christ
, Pascal, Pens. XXIV, 12.Le mystère du Rédempteur, qui, unissant en lui les deux natures, humaine et divine, a retiré les hommes de la corruption du péché pour les réconcilier à Dieu, en la personne divine
, Pascal, ib. XI, 10 bis.L'hérésie des monothélites, qui, par une bizarrerie presque inconcevable, en reconnaissant deux natures en Notre-Seigneur, n'y voulaient reconnaître qu'une seule volonté
, Bossuet, Hist. I, 11. -
6L'essence, les attributs, la condition propre d'un être ou d'une chose. La nature du feu est de brûler.
Ô vraiment divine aventure, Que ton respect fasse marcher Les astres contre leur nature
, Malherbe, VI, 2.S'ils [les philosophes] vous ont donné Dieu pour objet, ce n'a été que pour exercer votre superbe : ils vous ont fait penser que vous lui étiez semblables et conformes par votre nature ; et ceux qui ont vu la vanité de cette prétention vous ont jetés dans l'autre précipice, en vous faisant entendre que votre nature était pareille à celle des bêtes
, Pascal, Pens. XII, 2.La vraie nature de l'homme, son vrai bien, et la vraie vertu, et la vraie religion, sont choses dont la connaissance est inséparable
, Pascal, ib. XI, 2.Notre nature est dans le mouvement ; le repos entier est la mort
, Pascal, ib. XXV, 7.La nature de l'amour-propre et de ce moi humain est de n'aimer que soi
, Pascal, ib. II, 8.Nous connaissons l'existence et la nature du fini, parce que nous sommes finis et étendus comme lui ; nous connaissons l'existence de l'infini, parce qu'il a étendue comme nous, mais non des bornes comme nous
, Pascal, ib. X, 1.Le temps, dont la nature est de n'être jamais que dans un moment qui s'enfuit d'une course précipitée et irrévocable
, Bossuet, Yol. de Monterby.Encore que notre esprit soit de nature à vivre toujours
, Bossuet, Duch. d'Orl.Voulez-vous savoir en un mot ce que c'est que l'homme ? tout son devoir, tout son objet, toute sa nature, c'est de craindre Dieu
, Bossuet, ib.La mort ne nous laisse pas assez de corps pour occuper quelque place… notre chair change bientôt de nature, notre corps prend un autre nom…
, Bossuet, ib.Il est impossible que nous ne rencontrions des objets qui ont des natures ou des qualités contraires aux nôtres
, Fléchier, Sermons, I, 136.Ne nous emportons point contre les hommes, en voyant leur dureté, leur ingratitude, leur injustice… ils sont ainsi faits, c'est leur nature
, La Bruyère, XI.Fig.
C'est une grande querelle que celle de l'Angleterre avec ses colonies : savez-vous, mon ami, par où nature veut qu'elle finisse ? Par une rupture
, Diderot, Sur les lettres d'un fermier. -
7La nature des choses, en général, la nécessité qui résulte de la constitution des choses.
Les lois, dans la signification la plus étendue, sont les rapports nécessaires qui dérivent de la nature des choses
, Montesquieu, Espr. I, 1.De la nature des choses, titre d'un poëme latin de Lucrèce, qui est une exposition du système d'Épicure.
Il est dans la nature des choses, il arrive naturellement, inévitablement. Il est dans la nature des choses que la faveur l'emporte souvent sur le mérite.
-
8Ensemble des propriétés qu'un être vivant tient de sa naissance, de son organisation, de sa conformation primitive, par opposition à celles qu'il peut devoir à l'art. Chaque animal obéit à sa nature.
Mais on ne voit qu'à Rome une vertu si pure ; Le reste de la terre est d'une autre nature
, Corneille, Nic. II, 3.Bocchoris comptait pour rien les hommes, croyant qu'ils n'étaient faits que pour lui, et qu'il était d'une autre nature qu'eux
, Fénelon, Tél. II.Sa nation farouche est d'une autre nature Que les tristes humains qu'enferment nos remparts
, Voltaire, Orphel. I, 3.Passer en nature, devenir le propre de.
Le parfait parmi les parfaits … celui à qui la vertu a passé en nature
, Bossuet, États d'orais. VI, 10.La contagion du premier péché par lequel la source des hommes étant infectée, la corruption nous est passée en nature
, Bossuet, 1er sermon, Pentec. 1. -
9Il se dit, par extension, de ce qui est comparé à une espèce d'être vivant, tel qu'un peuple, un gouvernement, etc.
Chaque peuple a le sien [gouvernement] conforme à sa nature
, Corneille, Cinna, II, 1.Polybe a très bien conclu que Carthage devait à la fin obéir à Rome par la seule nature des deux républiques
, Bossuet, Hist. III, 6.Il y a cette différence entre la nature d'un gouvernement et son principe, que sa nature est ce qui le fait être tel ; et son principe, ce qui le fait agir
, Montesquieu, Espr. III, 1.Les circonstances et la nature du gouvernement font les vices et les vertus des nations
, D'Alembert, Éloges, Montesquieu. -
10Nature humaine, ou, simplement, nature, la totalité des conditions physiques et morales de l'être humain. La nature pâtit à la vue d'un grand péril. Les besoins de la nature.
Ceux qui sont dans le déréglement disent à ceux qui sont dans l'ordre que ce sont eux qui s'éloignent de la nature, et ils la croient suivre
, Pascal, Pens. VI, 4, éd. HAVET.Il pourrait sembler au premier abord que la voix commune de la nature, qui désire toujours ardemment la vie, devrait décider cette question [si une longue vie est désirable]
, Bossuet, Yol. de Monterby.Que la fortune ne tente donc pas de nous tirer du néant, ni de forcer la bassesse de notre nature
, Bossuet, Duch. d'Orl.Mais je crois bien en vérité Qu'en lui, tout comme en moi, souffrit dame nature
, Dancourt, Céphale et Procris, I, 2.Nature, tu frémis… terreur d'un autre monde, Abîme de l'éternité
, Saurin, Beverlei, V, 5.Alphabet de nature, alphabet considéré et distribué d'après les mouvements des organes de la parole, glotte, voile du palais, langue, dents, lèvres.
Fig. Les cinq sens de nature, toutes les forces dont on dispose.
M. le duc d'Orléans lui avait dit franchement [à Mme de Saint-Simon] qu'il y faisait [à sa nomination de dame d'honneur] tous ses cinq sens de nature
, Saint-Simon, 273, 188. (On dit d'ordinaire mettre et non faire les cinq sens de nature.)On dit qu'un homme est ennemi de nature, quand il se plaît à faire du mal à soi et à autrui, ou quand il condamne toute sorte de divertissements.
Forcer nature, vouloir faire plus qu'on ne peut.
La nature humaine, signifie aussi le genre humain.
Vous voulez un grand mal à la nature humaine ? - Oui, j'ai conçu pour elle une effroyable haine
, Molière, Mis. I, 1.La nature raisonnable, l'espèce humaine considérée en tant que douée de raison.
C'était la véritable grandeur de la nature raisonnable, lorsque, sans avoir besoin des choses extérieures… elle faisait sa félicité par la seule innocence de ses désirs
, Bossuet, Sermons, l'Honneur, 1. -
11La condition de l'homme telle qu'on la suppose antérieurement à toute civilisation. L'homme dans l'état de nature.
Ah ! que dirait maître Pangloss, s'il voyait comme la pure nature est faite ? Tout est bien, soit ; mais j'avoue qu'il est bien cruel d'être mis à la broche par des Oreillons
, Voltaire, Candide, 16.Enfant de la nature, il est libre, bon et rude comme elle
, Al. Duval, Menuis. de Livonie, II, 5.Le frère d'Amélie s'était endormi l'homme de la société, il se réveillait l'homme de la nature
, Chateaubriand, Natch. livre II.Dans l'état de nature… l'homme exempt de tout vice et de la corruption des temps où nous vivons, ne parlait point, mais criait, murmurait ou grognait, selon ses affections du moment
, Courier, 9e lettre au censeur.Familièrement. Être dans l'état de pure nature, être tout nu.
-
12Ce qui appartient d'origine à l'être humain, par opposition à coutume.
Elle [la coutume] contraint la nature, et quelquefois la nature la surmonte, et retient l'homme dans son instinct, malgré toute coutume, bonne ou mauvaise
, Pascal, Pens. III, 4.J'ai bien peur que cette nature ne soit elle-même qu'une première coutume, comme la coutume est une seconde nature
, Pascal, ib. III, 13. -
13 Terme de théologie. Nature, l'état naturel de l'homme par opposition à l'état de grâce. Le baptême fait passer l'homme de l'état de nature à l'état de grâce.
La foi chrétienne ne va principalement qu'à établir ces deux choses : la corruption de la nature et la rédemption de Jésus-Christ
, Pascal, Pens. IX, 1.Qui ne confesserait pas devant Dieu, dans l'humiliation de son âme, que vraiment notre maladie est extrême, et que les plaies de notre nature sont bien profondes ?
Bossuet, 1er sermon, Pentec. 1.La nature, quoique impuissante, n'a jamais été sans flatteurs, qui l'ont enflée par de vains éloges, parce qu'en effet ils ont vu en elle quelque chose de fort excellent ; mais ils ne se sont point aperçus qu'il en était comme des restes d'un édifice autrefois très régulier et très magnifique
, Bossuet, ib.Dompter par la pénitence la délicatesse des sens et de la nature
, Bossuet, Bourgoing.Si, depuis la chute de la nature, tout ce qui est en nous ou autour de nous est pour nous un nouveau péril
, Massillon, Carême, prière 1. La loi de nature, se dit par opposition à l'ancienne loi et à la loi de grâce. -
14La constitution du corps vivant, le principe qui le soutient. La nature commence à s'affaiblir en lui. Une nature défaillante. La médecine tantôt aide la nature, tantôt la laisse agir.
Des douleurs vives et longues tout ensemble… les forces de la nature usées par le soin même qu'on prend de la soutenir
, Fléchier, Dauphine.Il [Hercule] conserva, par l'ordre de Jupiter, cette nature subtile et immortelle, cette flamme céleste qui est le vrai principe de vie et qu'il avait reçue du père des dieux
, Fénelon, Tél. X.Ceux qui parlent de médecine font souvent de la nature une espèce d'être moral qui a des volontés, qui supporte impatiemment la contradiction, qui a quelquefois assez de sagacité pour sauver le malade et bien diriger ses efforts, mais qui, malgré les bonnes intentions qu'on lui suppose, est sujet à se tromper presque aussi souvent que les médecins
, Condorcet, Tronchin.Nature médicatrice, ensemble des actions dérivant des propriétés inhérentes aux tissus et aux humeurs, qui font qu'un organe lésé dans de certaines limites revient peu à peu à son état naturel.
- 15La complexion, le tempérament de chaque individu. Il est de nature bilieuse, sanguine. Sa nature est sèche, robuste.
-
16L'ensemble des sentiments innés.
Avant que la raison, s'expliquant par la voix, Eût instruit les humains, eût enseigné des lois, Tous les hommes suivaient la grossière nature
, Boileau, Art p. IV.Pour moi, loin des cités, sur les bords du Permesse, Je suivais la nature, et cherchais la sagesse
, Voltaire, 6e disc.Jamais la nature ne nous trompe ; c'est toujours nous qui nous trompons
, Rousseau, Ém. III.Sorte de constitution morale qui nous fait discerner plus par sentiment que par raison le bien et le mal. La nature nous donne les premières notions du juste et de l'injuste. Crime qui fait frémir la nature.
Il se faut entr'aider ; c'est la loi de nature
, La Fontaine, Fabl. VIII, 17.Rois, vous foulez aux pieds les droits de la nature !
Gilbert, Au prince de Salm.Nous avons oublié la nature et ses lois ; Les cris des préjugés ont fait taire sa voix
, Chénier M. J. Fén. III, 2. -
17Une certaine disposition ou inclination de l'âme. Une nature heureuse. Il est enclin de sa nature à tel vice.
Il y a des coups de miséricorde et de grâce qui renversent la nature la plus fière
, Fléchier, Serm. t. I, p. 291.Vos inégalités ne viennent que d'une légèreté de nature
, Massillon, Carême, Inconst.Malgré les frémissements secrets de votre nature, accoutumez votre délicatesse à ces œuvres de religion
, Massillon, Panégyr. Ste Magdeleine.La partie morale chez les animaux. La nature fidèle du chien.
De nature, par une condition essentielle à l'être. Le singe est malicieux de nature. Il est bien âne de nature, qui ne sait lire son écriture.
Par nature, même sens.
Envieux par nature, et brigands par métier, Ils vendent l'infamie à qui la veut payer
, Chénier M. J. la Calomnie. -
18L'ensemble des affections du sang, de la famille. Pour aimer un mari l'on ne hait pas ses frères.
La nature en tout temps garde ses premiers droits
, Corneille, Hor. III, 4.La nature est trop forte, et ses aimables traits, Imprimés dans le sang, ne s'effacent jamais
, Corneille, Poly. V, 3.La nature et l'amour ont leurs droits séparés ; L'un n'ôte point à l'autre une âme qu'il possède
, Corneille, Rodog. IV, 3.Qu'un père vous ait aimé, c'est un sentiment que la nature inspire
, Bossuet, Louis de Bourbon.La nature pour lui n'est plus qu'une chimère
, Racine, Théb. II, 3.La nature à mes yeux n'est rien que l'habitude
, Voltaire, Fanat. IV, 1.Ce n'est pas aux tyrans à sentir la nature
, Voltaire, Mérope, IV, 2.La nature en mon cœur est toujours entendue
, Voltaire, Oreste, I, 3. -
19Sorte, espèce. Considérer, quand on plante, la nature du terrain.
…Une grande offense est de cette nature Que toujours l'offenseur impute à l'offensé Un vif ressentiment dont il le croit blessé
, Corneille, Rodog. I, 7.Car enfin cet effet est de telle nature Que sa source en doit être à nos yeux toute pure
, Corneille, Perthar. II, 5.Un prêtre de Tyane alla demander à ce faux prophète Alexandre si les oracles qui se rendaient alors à Claros, à Delphes, étaient véritablement des réponses d'Apollon ; Alexandre eut des égards pour ces oracles qui étaient de la nature du sien
, Fontenelle, Oracl. II, 3.La chaîne du couchant appartient aux montagnes de Judée ; moins élevée et plus inégale que la chaîne de l'est, elle en diffère encore par sa nature
, Chateaubriand, Itin. 3e part.Terme d'alchimie. Nature fuyante au feu, le mercure.
-
20Nature se dit des opérations, des productions de la nature, par opposition à celles de l'art. L'art perfectionne la nature.
Ô maison d'Aristippe, ô jardins d'Épicure, Vous qui me présentez, dans vos enclos divers, Ce qui souvent manque à mes vers, Le mérite de l'art soumis à la nature
, Voltaire, Ép. 76.J'avais vu les grands fleuves de l'Amérique avec ce plaisir qu'inspirent la solitude et la nature
, Chateaubriand, Itin. 3e part. -
21La nature soit physique soit morale considérée comme modèle des arts d'imitation.
Que la nature donc soit votre étude unique
, Boileau, Art p. III.La nature, féconde en bizarres portraits, Dans chaque âme est marquée à de différents traits
, Boileau, ib.Racine est presque toujours dans la nature, et Corneille n'y est presque jamais
, Voltaire, Lett. Laharpe, 22 janv. 1773.Démontrez-leur qu'il est faux, ainsi qu'ils le prétendent, que toute nature soit belle, et qu'il n'y ait de laide nature que celle qui n'est pas à sa place
, Diderot, Lett. sur les sourds et muets. -
22Particulièrement, en peinture et en sculpture, l'objet réel qu'on se propose de représenter.
Quelqu'un n'a-t-il point vu Comme on dessine sur nature ?
La Fontaine, Cas.Que dirait-on d'un peintre qui ne représenterait les hommes que comme ils sont faits communément, petits, mal tournés, mal proportionnés, de mauvais air ? Ce serait là pourtant la nature
, Fontenelle, Réfl. poét. Œuv. t. V, p. 144, dans POUGENS.Si vous prenez des natures énormes, que votre scène soit presque immobile ; si vous prenez des natures petites, que votre scène soit tumultueuse et troublée
, Diderot, Salon de 1767, Œuv. t. XIV, p. 63, dans POUGENS.Peindre d'après nature, peindre d'après les objets mêmes qu'on veut représenter.
D'un côté du tableau c'est Madame Royale peinte en miniature… vis-à-vis de la princesse est le jeune prince, beau comme un ange, d'après nature aussi
, Sévigné, 372.Fig. D'après nature, conformément à la réalité.
Mais lorsque vous peignez les hommes, il faut peindre d'après nature
, Molière, Critique, 7.Voilà ce qui s'appelle un ris d'après nature
, Regnard, le Distr. I, 4.Belle nature, en termes d'art et de poésie, la nature imitée seulement dans les objets agréables à l'œil, à l'imagination, à l'oreille.
Nature idéale, celle dont le modèle absolument parfait n'existe que dans l'imagination de l'artiste.
Figures plus grandes, plus petites que nature, figures qui sont au-dessus, au-dessous des proportions naturelles.
Les dieux d'Homère sont des hommes plus grands et plus forts que nature, soit au physique, soit au moral
, Marmontel, Élém. litt. Œuv. t. VIII, p. 371, dans POUGENS.Figures de demi-nature, ou figures demi-nature, figures qui n'ont que la moitié des proportions naturelles.
Nature morte, se dit des animaux tués et, particulièrement, du gibier, dont l'imitation exclusive forme un genre particulier de peinture. Ce sont des natures mortes. Peintre de nature morte.
Nature s'emploie quelquefois adjectivement dans le langage familier. Comme cela est nature ! c'est-à-dire comme cela est naturel !
-
23Les parties qui servent à la génération, surtout dans les femelles des animaux. La nature d'une jument.
Nature de baleine, nom donné quelquefois au sperma ceti.
-
24État matériel de certaines choses, par opposition à l'argent qu'elles peuvent valoir.
Une dîme qui se lèverait en nature sur la récolte
, Rousseau, Pologne, 11.Payer en nature, payer avec les productions naturelles du sol.
-
25 Terme de métallurgie.
Prendre nature, se dit de l'acier qui, dans les fours à puddler, est rouge, poreux et à l'état naissant
, Comptes rendus, Acad. des sc. t. LII, p. 632. - 26 Terme de musique. Chanter par nature, se disait pour passer de bémol en bécarre, parce que l'on quitte le bémol pour la note naturelle.
-
27Bœufs de nature, expression impropre dont on se sert pour caractériser les animaux de l'espèce bovine plus aptes à être soumis à l'engraissement qu'au travail.
Diamant de nature, voy. DIAMANT.
- 28En cuisine, bœuf nature, côtelettes nature, c'est-à-dire sans sauce, sans apprêt.
-
29Contre nature, loc. adv. D'une manière contraire à l'ordre moral, aux sentiments. Il est contre nature qu'un père persécute ses enfants.
Vice contre nature, la pédérastie.
PROVERBES
L'habitude est une seconde nature.
L'accoutumance est une autre nature.
Nature passe nourriture, ou, inversement, nourriture passe nature, c'est-à-dire que tantôt la nature prévaut sur l'éducation, tantôt l'éducation sur la nature.
HISTORIQUE
XIIe s. N'i [en une belle femme] perdi pas nature ses uevres [œuvres] ne son tans
, Sax. V.
XIIIe s. Aristotes dit que nature est cele par cui totes choses se muevent ou se reposent par eles meismes
, Latini, Trés. p. 148. Il vont tousjours touz nuz ; mais il cueuvrent leur nature d'un pou de drap
, Marc Pol, p. 608. Et ma dame truis [je trouve] de merci si dure, Qu'a peu je di qu'en son cuer faut nature
, Eust. Lepeintre, dans Couci. Quant la saison du douz temps s'asseüre, Que toute riens à sa douce nature Vient et retrait, se trop n'est de malaire
, ib. p. 125. Mais ele par estoit de si fine nature…
, Berte, XLII.
XIVe s. Regardez ces banieres en ce champ venteler ; Veez la fleur de lis qui vous vient visiter ; à vo droite nature pensez de retourner
, Guesclin. 21104. Toutes choses ont en elles par nature une chose divine
, Oresme, Eth. 223. À les considerer [les vices] en tant comme il ont nature de mal, et vertu en tant comme elle a nature et raison de bien
, Oresme, ib. 52. Et pour ce que telz habiz [habitudes] sont vers choses singulieres et sensibles, il semble que l'en les ait de nature
, Oresme, ib. 181. Dieu et nature ne font riens pour nient
, H. de Mondeville, f° 12.
XVe s. Et tu me veux maintenant murdrir : il te vient de mauvaise nature
, Froissart, II, III, 13. Un grand tyran, et meneur de compaignies de gens d'armes, ennemy de Dieu et de nature humaine
, Boucic. III, 22. Et parleray premierement des bestes doulces qui viandent, pour ce que elles sont plus gentilz et plus nobles, et premierement du cerf et de toute sa nature
, Gaston Phoebus, Livre de chasse, prol.
XVIe s. Mais c'est l'erreur des œuvres de nature : Longtemps le beau sur la terre ne dure
, Desportes, Épitaphes, Diane, Complainte. On luy fera boire une drachme de nature de baleine dissoute en eau de buglosse
, Paré, X, 2. Ce sont natures belles et fortes qui se maintiennent au travers d'une mauvaise institution
, Montaigne, I, 147. Nostre mere nature
, Montaigne, I, 200. Si tout le papier que j'ay autrefois barbouillé pour les dames estoit en nature
, Montaigne, I, 293. Homme de bonne et doulce nature
, Amyot, Lyc. 8. Voilà comment les grandes natures ambitieuses, ne pouvant tenir moyen et se garder d'exceder en trop ès gouvernemens des choses publiques, sont souventefois plus cause de mal que de bien
, Amyot, Agés. 11. À chascun plaist le sort de sa nature
, Leroux de Lincy, Prov. t. II, p. 226. Nature a produit à toute beste son ennemi
, Leroux de Lincy, ib. p. 352. Nature fait chien chasser
, Leroux de Lincy, ib. Nature ne puet mentir
, Leroux de Lincy, ib.
Encyclopédie, 1re édition (1751)
NATURE, s. f. (Philos.) est un terme dont on fait différens usages. Il y a dans Aristote un chapitre entier sur les différens sens que les Grecs donnoient au mot φύσις, nature ; & parmi les Latins, ses différens sens sont en si grand nombre, qu’un auteur en compte jusqu’à 14 ou 15. M. Boyle, dans un traité exprès qu’il a fait sur les sens vulgairement attribués au mot nature, en compte huit principaux.
Nature signifie quelquefois le système du monde, la machine de l’univers, ou l’assemblage de toutes les choses créées. Voyez Système.
C’est dans ce sens que nous disons l’auteur de la nature, que nous appellons le soleil l’œil de la nature, à cause qu’il éclaire l’univers, & le pere de la nature, parce qu’il rend la terre fertile en l’échauffant : de même nous disons du phénix ou de la chimere, qu’il n’y en a point dans la nature.
M. Boyle veut qu’au lieu d’employer le mot de nature en ce sens, on se serve, pour éviter l’ambiguité ou l’abus qu’on peut faire de ce terme, du mot de monde ou d’univers.
Nature s’applique dans un sens moins étendu à chacune des différentes choses créées ou non créées, spirituelles & corporelles. Voyez Etre.
C’est dans ce sens que nous disons la nature humaine, entendant par-là généralement tous les hommes qui ont une ame spirituelle & raisonnable. Nous disons aussi nature des anges, nature divine. C’est dans ce même sens que les Théologiens disent natura naturans, & natura naturata ; ils appellent Dieu natura naturans, comme ayant donné l’être & la nature à toutes choses, pour le distinguer des créatures, qu’ils appellent natura naturata, parce qu’elles ont reçu leur nature des mains d’un autre.
Nature, dans un sens encore plus limité, se dit de l’essence d’une chose, ou de ce que les philosophes de l’école appellent sa quiddité, c’est-à-dire l’attribut qui fait qu’une chose est telle ou telle. Voyez Essence.
C’est dans ce sens que les Cartésiens disent que la nature de l’ame est de penser, & que la nature de la matiere consiste dans l’étendue. Voyez Ame, Matiere, Étendue. M. Boyle veut qu’on se serve du mot essence au lieu de nature. Voyez Essence.
Nature est plus particulierement en usage pour signifier l’ordre & le cours naturel des choses, la suite des causes secondes, ou les lois du mouvement que Dieu a établies. Voyez Causes & Mouvement.
C’est dans ce sens qu’on dit que les Physiciens étudient la nature.
Saint Thomas définit la nature une sorte d’art divin communiqué aux êtres créés, pour les porter à la fin à laquelle ils sont destinés. La nature prise dans ce sens n’est autre chose que l’enchaînement des causes & des effets, ou l’ordre que Dieu a établi dans toutes les parties du monde créé.
C’est aussi dans ce sens qu’on dit que les miracles sont au-dessus du pouvoir de la nature ; que l’art force ou surpasse la nature par le moyen des machines, lorsqu’il produit par ce moyen des effets qui surpassent ceux que nous voyons dans le cours ordinaire des choses. Voyez Art, Miracle.
Nature se dit aussi de la réunion des puissances ou facultés d’un corps, sur-tout d’un corps vivant.
C’est dans ce sens que les Medecins disent que la nature est forte, foible ou usée, ou que dans certaines maladies la nature abandonnée à elle-même en opere la guérison.
Nature se prend encore en un sens moins étendu, pour signifier l’action de la providence, le principe de toutes choses, c’est-à-dire cette puissance ou être spirituel qui agit & opere sur tous les corps pour leur donner certaines propriétés ou y produire certains effets. Voyez Providence.
La nature prise dans ce sens, qui est celui que M. Boyle adopte par préférence, n’est autre chose que Dieu même, agissant suivant certaines lois qu’il a établies. Voyez Dieu.
Ce qui paroît s’accorder assez avec l’opinion où étoient plusieurs anciens, que la nature étoit le dieu de l’univers, le τὸ πᾶν qui présidoit à tout & gouvernoit tout, quoique d’autres regardassent cet être prétendu comme imaginaire, n’entendant autre chose par le mot de nature que les qualités ou vertus que Dieu a données à ses créatures, & que les Poëtes & les Orateurs personnifient.
Le P. Mallebranche prétend que tout ce qu’on dit dans les écoles sur la nature, est capable de nous conduire à l’idolâtrie, attendu que par ces mots les anciens payens entendoient quelque chose qui sans être Dieu agissoit continuellement dans l’univers. Ainsi l’idole nature devoit être selon eux un principe actuel qui étoit en concurrence avec Dieu, la cause seconde & immédiate de tous les changemens qui arrivent à la matiere. Ce qui paroît rentrer dans le sentiment de ceux qui admettoient l’anima mundi, regardant la nature comme un substitut de la divinité, une cause collatérale, une espece d’être moyen entre Dieu & les créatures.
Aristote définit la nature, principium & causa motus & ejus in quo est primo per se & non per accidens ; définition si obscure, que malgré toutes les gloses de ses commentateurs, aucun d’eux n’a pu parvenir à la rendre intelligible.
Ce principe, que les Péripatéticiens appelloient nature, agissoit, selon eux, nécessairement, & étoit par conséquent destitué de connoissance ou de liberté. Voyez Fatalité.
Les Stoïciens concevoient aussi la nature comme un certain esprit ou vertu répandue dans l’univers, qui donnoit à chaque chose son mouvement ; de sorte que tout étoit forcé par l’ordre invariable d’une nature aveugle & par une nécessité inévitable.
Quand on parle de l’action de la nature, on n’entend plus autre chose que l’action des corps les uns sur les autres, conforme aux lois du mouvement établies par le Créateur.
C’est en cela que consiste tout le sens de ce mot, qui n’est qu’une façon abrégée d’exprimer l’action des corps, & qu’on exprimeroit peut-être mieux par le mot de méchanisme des corps.
Il y en a, selon l’observation de M. Boyle, qui n’entendent par le mot de nature que la loi que chaque chose a reçue du Créateur, & suivant laquelle elle agit dans toutes les occasions ; mais ce sens attaché au mot nature, est impropre & figuré.
Le même auteur propose une définition du mot de nature plus juste & plus exacte, selon lui, que toutes les autres, & en vertu de laquelle on peut entendre facilement tous les axiomes & expressions qui ont rapport à ce mot. Pour cela il distingue entre nature particuliere & nature générale.
Il définit la nature générale l’assemblage des corps qui constituent l’état présent du monde, considéré comme un principe par la vertu duquel ils agissent & reçoivent l’action selon les lois du mouvement établies par l’auteur de toutes choses.
La nature particuliere d’un être subordonné ou individuel, n’est que la nature générale appliquée à quelque portion distincte de l’univers : c’est un assemblage des propriétés méchaniques (comme grandeur, figure, ordre, situation & mouvement local) convenables & suffisantes pour constituer l’espece & la dénomination d’une chose ou d’un corps particulier, le concours de tous les êtres étant consideré comme le principe du mouvement, du repos, &c.
Nature, lois de la, sont des axiomes ou regles générales de mouvement & de repos qu’observent les corps naturels dans l’action qu’ils exercent les uns sur les autres, & dans tous les changemens qui arrivent à leur état naturel.
Quoique les lois de la nature soient proprement les mêmes que celles du mouvement, on y a cependant mis quelques différences. En effet, on trouve des auteurs qui donnent le nom de lois du mouvement aux lois particulieres du mouvement, & qui appellent lois de la nature les lois plus générales & plus étendues, qui sont comme les axiomes d’où les autres sont déduites.
De ces dernieres lois M. Newton en établit trois.
1°. Chaque corps persevere de lui-même dans son état de repos ou de mouvement rectiligne uniforme, à moins qu’il ne soit forcé de le changer par l’action de quelque cause étrangere.
Ainsi les projectiles persévetent dans leur mouvement jusqu’à ce qu’il soit éteint par la résistance de l’air & par la gravité ; de même une toupie dont les parties sont continuellement détournées de leur mouvement rectiligne par leur adhérence mutuelle, ne cesse de tourner autour d’elle-même qu’à cause de la résistance de l’air & du frottement du plan sur lequel elle se meut. De même encore les masses énormes des planetes & des cometes qui se meuvent dans un milieu non résistant, conservent long-tems leur mouvement sans altération. Voyez Force d’inertie, Résistance & Milieu.
2°. Le changement qui arrive dans le mouvement est toujours proportionnel à la force qui le produit, & se fait dans la direction suivant laquelle cette force agit.
Si une certaine force produit un certain mouvement, une force double produira un mouvement double ; une force triple un mouvement triple, soit que ce mouvement soit imprimé tout à-la-fois, ou successivement & par degrés ; & comme la direction de ce mouvement doit toujours être celle de la force motrice, il s’ensuit que si avant l’action de cette force le corps avoit un mouvement, il faut y ajouter le nouveau mouvement s’il le fait du même côté, ou l’en retrancher s’il le fait vers le côté opposé, ou l’y ajouter obliquement s’il lui est oblique, & chercher le mouvement composé de ces deux mouvemens, eu égard à la direction de chacun. Voyez Composition du mouvement.
3°. La réaction est toujours contraire & égale à l’action, c’est-à-dire que les actions de deux corps l’un sur l’autre sont mutuellement égales & de directions contraires.
Tout corps qui en presse ou en tire un autre, en est réciproquement pressé ou tiré. Si je presse une pierre avec mon doigt, mon doigt est également pressé par la pierre. Si un cheval tire un poids par le moyen d’une corde, le cheval est aussi tiré vers le poids ; car la corde étant également tendue partout, & faisant un effort égal des deux côtés pour se relâcher, tire également le cheval vers la pierre, & la pierre vers le cheval, & empêchera l’un d’avancer, autant qu’elle fait avancer l’autre.
De même si un corps qui en choque un autre en change le mouvement, il doit recevoir par le moyen de l’autre corps un changement égal dans son mouvement, à cause de l’égalité de pression.
Dans toutes ces actions des corps les changemens sont égaux de part & d’autre, non pas dans la vitesse, mais dans le mouvement, tant que les corps sont supposés libres de tout empêchement. A l’égard des changemens dans la vîtesse, ils doivent être en raison inverse des masses, lorsque les changemens dans les mouvemens sont égaux. Voyez Action & Réaction.
Cette même loi a aussi lieu dans les attractions. Voyez Attraction. Chambers. (O)
Nature de baleine, voyez Blanc de baleine.
Nature, (Mythol.) chez les Poëtes la nature est tantôt mere, tantôt fille, & tantôt compagne de Jupiter. La nature étoit désignée par les symboles de la Diane d’Ephete.
Nature, la, (Poésie.) La nature en Poésie est, 1°. tout ce qui est actuellement existant dans l’univers, 2°. c’est tout ce qui a existé avant nous, & que nous pouvons connoître par l’histoire des tems, des lieux & des hommes ; 3°. c’est tout ce qui peut exister, mais qui peut-être n’a jamais existé ni n’existera jamais. Nous comprenons dans l’Histoire la fable & toutes les inventions poétiques, auxquelles on accorde une existence de supposition qui vaut pour les Arts autant que la réalité historique. Ainsi il y a trois mondes où le génie poétique peut aller choisir & prendre ce qui lui convient pour former ses compositions : le monde réel, le monde historique, qui comprend le fabuleux, & le monde possible ; & ces trois mondes sont ce qu’on appelle la nature. (D. J.)
Nature, (Critique sacrée.) Les mots de nature & naturellement se trouvent souvent employés dans l’Ecriture, ainsi que dans les auteurs grecs & latins, par opposition à la voie de l’instruction, qui nous fait connoître certaines choses. C’est ainsi que saint Paul parlant d’une coutume établie de son tems, dit : « La nature elle-même ne nous enseigne-t-elle pas que si un homme porte des cheveux longs cela lui est honteux, au lieu qu’une longue chevelure est honorable à une femme, &c ». C’est qu’il suffit de voir des choses qui se pratiquent tous les jours, pour les regarder enfin comme des choses naturelles. A plus forte raison peut-on dire que les gentils, qui étoient privés de la révélation, connoissoient d’eux-mêmes sans ce secours les préceptes de morale que les lumieres naturelles de la raison leur faisoient découvrir, & qui étoient les mêmes que ceux que la loi de Moïse enseignoit aux Juifs ; de sorte que quand un payen agissoit selon ces préceptes, il faisoit naturellement ce que la loi de Moïse prescrivoit : il montroit par-là que l’œuvre de la loi (terme qui signifie les commandemens moraux de la loi) étoit écrite dans son cœur & dans son esprit, c’est-à-dire qu’il pouvoit aisément s’en former des idées. (D. J.)
Nature belle, la, (beaux Arts.) la belle nature est la nature embellie, perfectionnée par les beaux arts pour l’usage & pour l’agrément. Développons cette vérité avec le secours de l’auteur des Principes de littérature.
Les hommes ennuyés d’une jouissance trop uniforme des objets que leur offroit la nature toute simple, & se trouvant d’ailleurs dans une situation propre à recevoir le plaisir, ils eurent recours à leur génie pour se procurer un nouvel ordre d’idées & de sentimens, qui réveillât leur esprit, & ranimât leur goût. Mais que pouvoit faire ce génie borné dans sa fécondité & dans ses vues, qu’il ne pouvoit porter plus loin que la nature, & ayant d’un autre côté à travailler pour des hommes, dont les facultée étoient resserrées dans les mêmes bornes ? Tous ses efforts dûrent nécessairement se réduire à faire un choix des plus belles parties de la nature, pour en former un tout exquis, qui fût plus parfait que la nature elle-même, sans cependant cesser d’être naturel. Voilà le principe sur lequel a dû nécessairement se dresser le plan des arts, & que les grands artistes ont suivi dans tous les siecles. Choisissant les objets & les traits, ils nous les ont présentés avec toute la perfection dont ils sont susceptibles. Ils n’ont point imité la nature telle qu’elle est en elle-même ; mais telle qu’elle peut être, & qu’on peut la concevoir par l’esprit. Ainsi puisque l’objet de l’imitation des arts est la belle nature, représentée avec toutes ses perfections, voyons donc comment se fait cette imitation.
On peut diviser la nature par rapport aux arts en deux parties : l’une dont on jouit par les yeux, & l’autre par la voie des oreilles ; car les autres sens sont absolument stériles pour les beaux arts. La premiere partie est l’objet de la peinture qui représente en relief, & enfin celui de l’art du geste, qui est une branche des deux autres arts que je viens de nommer, & qui n’en differe, dans ce qu’il embrasse, que parce que le sujet auquel on attache les gestes dans la danse est naturel & vivant, au lieu que la toile du peintre & le marbre du sculpteur ne le sont point.
La seconde partie est l’objet de la musique, considérée seule & comme un chant ; en second lieu, de la poésie qui emploie la parole, mais la parole mesurée & calculée dans tous les tons.
Ainsi la peinture imite la belle nature par les couleurs ; la sculpture, par les reliefs ; la danse, par les mouvemens & par les attitudes du corps. La musique l’imite par les sons inarticulés, & la poésie enfin par la parole mesurée. Voilà les caracteres distinctifs des arts principaux : & s’il arrive quelquefois que ces arts se mêlent & se confondent, comme par exemple dans la poésie ; si la danse fournit des gestes aux acteurs sur le théâtre ; si la musique donne le ton de la voix dans la déclamation, si le pinceau décore le lieu de la scene, ce sont des services qu’ils se rendent mutuellement, en vertu de leur fin commune, & de leur alliance réciproque ; mais c’est sans préjudice à leurs droits particuliers & naturels. Une tragédie sans gestes, sans musique, sans décoration est toujours un poëme. C’est une imitation exprimée par le discours mesuré. Une musique sans paroles est toujours musique : elle exprime la plainte & la joie indépendamment des mots qui l’aident, à la vérité, mais qui ne lui apportent ni ne lui ôtent rien de sa nature ni de son essence. Son expression essentielle est le son, de même que celle de la peinture est la couleur, & celle de la danse le mouvement du corps.
Mais il faut remarquer ici que comme les arts doivent choisir les desseins de la nature, & les perfectionner, ils doivent choisir aussi à perfectionner les expressions qu’ils empruntent de la nature. Ils ne doivent point employer toutes sortes de couleurs, ni toutes sortes de sons : il faut en faire un juste choix, & un mélange exquis ; il faut les allier, les proportionner, les nuancer, les mettre en harmonie. Les couleurs & les sons ont entr’eux des sympathies & des répugnances. La nature a droit de les unir, suivant ses volontés ; mais l’art doit le faire selon les regles. Il faut non-seulement qu’il ne blesse point le goût, mais qu’il le flatte, & le flatte autant qu’il peut être flatté. De cette maniere on peut définir la peinture, la sculpture, la danse une imitation de la belle nature, exprimée par les couleurs, par le relief, par les attitudes ; & la musique & la poésie, l’imitation de la belle nature, exprimée par les sons ou par le discours mesuré.
Les arts dont nous venons de parler ont eu leur commencement, leur progrès & leurs révolutions dans le monde. Il y eut un tems où les hommes occupés du seul soin de soutenir ou de défendre leur vie, n’étoient que laboureurs ou soldats : sans lois, sans paix, sans mœurs, leurs sociétés n’étoient que des conjurations. Ce ne fut point dans ces tems de trouble & de ténebres qu’on vit éclore les beaux arts ; on sent bien par leur catactere qu’ils sont les enfans de l’abondance & de la paix.
Quand on fut las de s’entre-nuire, & qu’ayant appris par une funeste expérience, qu’il n’y avoit que la vertu & la justice qui pussent rendre heureux le genre humain, on eut commencé à jouir de la protection des lois, le premier mouvement du cœur fut pour la joie On se livra aux plaisirs qui vont à la suite de l’innocence. Le chant & la danse furent les premieres expressions du sentiment ; & ensuite le loisir, le besoin, l’occasion, le hasard donnerent l’idée des autres arts, & en ouvrirent le chemin.
Lorsque les hommes furent un peu dégrossis par la société, & qu’ils eurent commencé à sentir qu’ils valoient mieux par l’esprit que par le corps, il se trouva sans doute quelque homme merveilleux, qui, inspiré par un génie extraordinaire, jetta les yeux sur la nature.
Après l’avoir bien contemplée, il se considéra lui-même. Il reconnut qu’il avoit un goût né pour les rapports qu’il avoit observés ; qu’il en étoit touché agréablement. Il comprit que l’ordre, la variété, la proportion tracée avec tant d’éclat dans les ouvrages de la nature, ne devoient pas seulement nous élever à la connoissance d’une intelligence suprème, mais qu’elles pouvoient encore être regardées comme des leçons de conduite, & tournées au profit de la société humaine.
Ce fut alors, à proprement parler, que les arts sortirent de la nature. Jusques-là tous leurs élémens y avoient été confondus & dispersés, comme dans une sorte de cahos. On ne les avoit guere connus que par soupçon, ou même par une sorte d’instinct. On commença alors à démêler quelques principes : on fit quelques tentatives, qui aboutirent à des ébauches. C’étoit beaucoup : il n’étoit pas aisé de trouver ce dont on n’avoit pas une idée certaine, même en le cherchant. Qui auroit cru que l’ombre d’un corps, environné d’un simple trait, pût devenir un tableau d’Apelle ; que quelques accens inarticulés pussent donner naissance à la musique, telle que nous la connoissons aujourd’hui ? Le trajet est immense. Combien nos peres ne firent-ils point de courses inutiles, ou même opposées à leur terme ! Combien d’effets malheureux, de recherches vaines, d’épreuves sans succès ! Nous jouissons de leurs travaux ; & pour toute reconnoissance, ils ont nos mépris.
Les arts en naissant, étoient comme sont les hommes : ils avoient besoin d’être formés de nouveau par une sorte d’éducation ; ils sortoient de la Barbarie. C’étoit une imitation, il est vrai ; mais une imitation grossiere, & de la nature grossiere elle-même. Tout l’art consistoit à peindre ce qu’on voyoit, & ce qu’on sentoit ; on ne savoit pas choisir. La confusion régnoit dans le dessein, la disproportion & l’uniformité dans les parties, l’excès, la bisarrerie, la grossiereté dans les ornemens. C’étoit des matériaux plutôt qu’un édifice :cependant on imitoit.
Les Grecs, doués d’un génie heureux, saisirent enfin avec netteté les traits essentiels & capitaux de la belle nature, & comprirent clairement qu’il ne suffisoit pas d’imiter les choses, qu’il falloit encore les choisir. Jusqu’à eux les ouvrages de l’art n’avoient guere été remarquables, que par l’énormité de la masse ou de l’entreprise. C’étoient les ouvrages des Titans. Mais les Grecs plus éclairés, sentirent qu’il étoit plus beau de charmer l’esprit, que d’étonner ou d’éblouir les yeux. Ils jugerent que l’unité, la variété, la proportion, devoient être le fondement de tous les arts ; & sur ce fond si beau, si juste, si conforme aux lois du goût & du sentiment, on vit chez eux la toile prendre le relief & les couleurs de la nature ; l’ivoire & le marbre s’animer sous le ciseau. La musique, la poésie, l’éloquence, l’architecture enfanterent aussitôt des miracles ; & comme l’idée de la perfection, commune à tous les arts, se fixa dans ce beau siecle, on eut presqu’à la fois dans tous les genres des chefs-d’œuvre, qui depuis servirent de modeles à toutes les nations polies. Ce fut le premier triomphe des arts. Arrêtons-nous à cette époque, puisqu’il faut nécessairement puiser dans les monumens antiques de la Grece, le goût épuré & les modeles admirables de la belle nature, qu’on ne rencontre point dans les objets qui s’offrent à nos yeux.
La prééminence des Grecs, en fait de beauté & de perfection, n’étant pas douteuse, on sent avec quelle facilité leurs maîtres de l’art purent parvenir à l’expression vraie de la belle nature. C’étoit chez eux qu’elle se prêtoit sans cesse à l’examen curieux de l’artiste dans les jeux publics, dans les gymnases, & même sur le théâtre. Tant d’occasions fréquentes d’observer firent naître aux artistes grecs l’idée d’aller plus loin. Ils commencerent à se former certaines notions générales de la beauté, nonseulement des parties du corps, mais encore des proportions entre les parties du corps. Ces beautés devoient s’élever au-dessus de celles que produit la nature. Leurs originaux se trouvoient dans une nature idéale, c’est-à-dire, dans leur propre conception.
Il n’est pas besoin de grands efforts pour comprendre que les Grecs durent naturellement s’élever de l’expression du beau naturel, à l’expression du beau idéal, qui va au-delà du premier, & dont les traits, suivant un ancien interprete de Platon, sont rendus d’après les tableaux qui n’existent que dans l’esprit. C’est ainsi que Raphaël a peint sa Galatée. Comme les beautés parfaites, dit-il dans une lettre au Comte Balthasar Castiglione, sont si rares parmi les femmes, j’exécute une certaine idée conçue dans mon imagination.
Ces formes idéales, supérieures aux matérielles, fournirent aux Grecs les principes selon lesquels ils représentoient les dieux & les hommes. Quand ils vouloient rendre la ressemblance des personnes, ils s’attachoient toujours à les embellir en même tems ; ce qui suppose nécessairement en eux l’intention de représenter une nature plus parfaite qu’elle ne l’est ordinairement. Tel a été constamment le faire de Polygnote.
Lorsque les auteurs nous disent donc que quelques anciens artistes ont suivi la méthode de Praxitele, qui prit Cratine, sa maîtresse, pour modele de la Vénus de Gnide, ou que Laïs a été pour plus d’un peintre l’original des Graces, il ne faut pas croire que ces mêmes artistes se soient écartés pour cela des principes généraux, qu’ils respectoient comme leurs lois supremes. La beauté qui frappoit les sens, présentoit à l’artiste la belle nature ; mais c’étoit la beauté idéale qui lui fournissoit les traits grands & nobles : il prenoit dans la premiere la partie humaine, & dans la derniere la partie divine, qui devoit entrer dans son ouvrage.
Je n’ignore pas que les artistes sont partagés sur la préférence que l’on doit donner à l’étude des monumens de l’antiquité, ou à celle de la nature. Le cavalier Bernin a été du nombre de ceux qui disputent aux Grecs l’avantage d’une plus belle nature, ainsi que celui de la beauté idéale de leurs figures. Il pensoit de plus, que la nature savoit donner à toutes ses parties la beauté convenable, & que l’art ne consistoit qu’à la saisir. Il s’est même vanté de s’être enfin affranchi du préjugé qu’il avoit d’abord sucé à l’égard des beautés de la Vénus de Médicis. Après une application longue & pénible, il avoit, disoit-il, trouvé en différentes occasions les mêmes beautés dans la simple nature. Que la chose soit ou non, toujours s’ensuit-il, de son propre aveu, que c’est cette même Vénus qui lui apprit à découvrir dans la nature des beautés, que jusqu’alors il n’avoit apperçues que dans cette fameuse statue.
On peut croire aussi avec quelque fondement, que sans elle il n’auroit peut-être jamais cherché ces beautés dans la nature. Concluons de-là que la beauté des statues greques est plus facile à saisir que celle de la nature même, en ce que la premiere beauté est moins commune, & plus frappante que la derniere.
Une seconde vérité découle de celle qu’on vient d’établir ; c’est que, pour parvenir à la connoissance de la beauté parfaite, l’étude de la nature est au moins une route plus longue & plus pénible que l’étude des antiques. Le Bernini, qui de préférence recommandoit aux jeunes artistes d’imiter toujours ce que la nature avoit de plus beau, ne leur indiquoit donc pas la voie la plus abrégée pour arriver à la perfection.
Ou l’imitation de la nature se borne à un seul objet, ou elle rassemble dans un seul ouvrage ce que l’artiste a observé en plusieurs individus. La premiere façon d’imiter produit des copies ressemblantes des portraits. La derniere éleve l’esprit de l’artiste jusqu’au beau général, & aux notions idéales de la beauté. C’est cette derniere route qu’ont choisi les Grecs qui avoient sur nous l’avantage de pouvoir se procurer ces notions, & par la contemplation des plus beaux corps, & par les fréquentes occasions d’observer les beautés de la nature. Ces beautés, comme on l’a dit ailleurs, se montroient à eux tous les jours, animées de l’expression la plus vraie, tandis qu’elles s’offrent rarement à nous, & plus rarement encore de la maniere dont l’artiste desireroient qu’elles se présentassent.
La nature ne produira pas facilement parmi nous un corps aussi parfait que celui d’Antinoüs. Jamais, de même, quand il s’agira d’une belle divinité, l’esprit humain ne pourra concevoir rien au-dessus des proportions plus qu’humaines de l’Apollon du vatican. Tout ce que la nature, l’art & le génie ont été capables de produire, s’y trouvent réunis. N’est-il pas naturel de croire que l’imitation de tels morceaux doit abréger l’étude de l’art. Dans l’un, on trouve le précis de ce qui est dispersé dans toute la nature ; dans l’autre, on voit jusqu’où une sage hardiesse peut élever la plus belle nature au-dessus d’elle-même. Lorsque ces morceaux offrent le plus grand point de perfection auquel on puisse atteindre, en représentant des beautés divines & humaines, comment croire qu’un artiste qui imitera ces morceaux, n’apprendra point à penser & à dessiner avec noblesse & fermeté, sans crainte de tomber dans l’erreur ?
Un artiste qui laissera guider son esprit & sa main par la regle que les Grecs ont adoptée pour la beauté, se trouvera sur le chemin qui le conduira directement à l’imitation de la nature. Les notions de l’ensemble & de la perfection, rassemblées dans la nature des anciens, épureront en lui & lui rendront plus sensibles les perfections éparses de la nature que nous voyons devant nous. En découvrant les beautés de cette derniere, il saura les combiner avec le beau parfait ; & par le moyen des formes sublimes, toujours présentées à son esprit, il deviendra pour lui-même une regle sûre.
Que les artistes sur-tout se rappellent sans cesse que l’expression la plus vraie de la belle nature n’est pas la seule chose que les connoisseurs & les imitateurs des ouvrages des Grecs admirent dans ces divins originaux ; mais que ce qui en fait le caractere distinctif, est l’expression d’un mieux possible, d’un beau idéal, en-deçà duquel reste toujours la plus belle nature.
Ce principe lumineux peut s’étendre à tous les arts, sur-tout à la poésie, à la musique, à l’architecture, &c. mais en même tems il faut bien se mettre dans l’esprit, que le beau physique est le fondement, la base & la source du beau intellectuel, & que ce n’est que d’après la belle nature que nous voyons, que nous pouvons créer, comme les Grecs, une seconde nature, plus belle sans doute, mais analogue à la premiere ; en un mot, le beau idéal ne doit être que le beau réel perfectionné.
Rome devint disciple d’Athenes. Elle admira les merveilles de la Grece : elle tâcha de les imiter : bientôt elle se fit autant estimer par ses ouvrages de goût, qu’elle s’étoit fait craindre par ses armes. Tous les peuples lui applaudirent ; & cette approbation prouva que les Grecs qui avoient été imités par les Romains, étoient en effet les plus excellens modeles.
On sait les révolutions qui suivirent. L’Europe fut inondée de barbares ; & par une conséquence nécessaire, les sciences & les arts furent enveloppés dans le malheur des tems, jusqu’à ce qu’exilés de Constantinople, ils vinrent encore se réfugier en Italie. On y réveilla les manes d’Horace, de Virgile & de Ciceron : on alla fouiller jusque dans les tombeaux qui avoient servi à la sculpture & à la peinture. On vit reparoître l’antiquité avec les graces de la jeunesse. Les artistes s’empresserent à l’imiter ; l’admiration publique multiplia les talens ; l’émulation les anima, & les beaux arts reparurent avec splendeur. Ils vont se corrompre & se perdre. On charge déjà la belle nature, on l’ajuste, on la farde ; on la pare de colifichets, qui la font méconnoître. Ces rafinemens opposés à la grossiereté, font plus difficiles à détruire que la grossiereté même. C’est par eux que le goût s’émousse, & que commence la décadence. (Le Chevalier de Jaucourt.)
Étymologie de « nature »
Provenç. espagn. et ital. natura ; du lat. natura, qui vient du radical na, pour gna, sanscr. jan, lat. gignere, du suffixe turus, tri, tor, qui fait des noms d'agent ; natura signifie donc l'engendrante, la force qui engendre.
- (1119) Du latin natura (« le fait de la naissance, état naturel et constitutif des choses, caractère, cours des choses, ensemble des êtres et des choses »), venant lui même de nascor (« naître, provenir »).
Phonétique du mot « nature »
Mot | Phonétique (Alphabet Phonétique International) | Prononciation |
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nature | natyr |
Citations contenant le mot « nature »
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La femme la plus compliquée est plus près de la nature que l'homme le plus simple. Remy de Gourmont, Promenades littéraires, Mercure de France
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C'est une triste chose de penser que la nature parle et que le genre humain n'écoute pas. Victor Hugo, Carnets, albums, journaux
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La nature et l'art semblent se fuir et, avant qu'on y songe, ils se sont retrouvés. Johann Wolfgang von Goethe, Nature et art Natur und Kunst
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La Nature est un temple où de vivants piliers Laissent parfois sortir de confuses paroles ; L'homme y passe à travers des forêts de symboles Qui l'observent avec des regards familiers. Charles Baudelaire, Les Fleurs du Mal, Correspondances
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Que la nature donc soit votre étude unique. Nicolas Boileau dit Boileau-Despréaux, L'Art poétique
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Une mouche ne doit pas tenir, dans la tête d'un naturaliste, plus de place qu'elle n'en tient dans la nature. Georges Louis Leclerc, comte de Buffon, Histoire naturelle, Des animaux
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L'art est inutile où suffit la nature. Baltasar Gracián y Morales, El héroe, primor 19
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Tous les hommes ont un secret attrait pour les ruines […] Les ruines jettent une grande moralité au milieu des scènes de la nature. François René, vicomte de Chateaubriand, Génie du christianisme
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L'Art, c'est la nature accélérée et Dieu au ralenti. Malcolm de Chazal, Sens plastique, Gallimard
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La nature n'est qu'une immense ruine. Paul Claudel, Journal, Gallimard
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Dans la nature, toutes les espèces se dévorent : toutes les conditions se dévorent dans la société. Denis Diderot, Le Neveu de Rameau
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La Nature devient la stylisation d'une vérité propre à son auteur. Raoul Dufy, Carnet, Éditions de la Galerie Carré
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[Dans l'éducation], il faut se contenter de suivre et d'aider la nature. François de Salignac de La Mothe-Fénelon, De l'éducation des filles
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Tous ces caprices philosophiques appelés des devoirs n'ont aucun rapport avec la nature. Charles Fourier, Théorie de l'unité universelle
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On ne donne la valeur aux troupes comme la saveur aux fruits qu'en contrariant la nature. Charles de Gaulle, Vers l'armée de métier, Plon
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L'impossibilité d'outrager la nature est, selon moi, le plus grand supplice de l'homme. Donatien Alphonse François, comte de Sade, dit le marquis de Sade, La Nouvelle Justine
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La Nature sourit, mais elle est insensible : Que lui font vos bonheurs ? Louise Ackermann, Poésies philosophiques, Caisson
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La nature de l'homme, dont l'étude est si nécessaire, est un mystère impénétrable à l'homme même, quand il n'est éclairé que par la raison seule. Jean Le Rond d'Alembert, Discours préliminaire à l' Encyclopédie
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Le vrai littéraire ne saurait être le vrai de la nature. Honoré de Balzac, Le Cabinet des antiques, Préface
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La mission de l'art n'est pas de copier la nature, mais de l'exprimer ! Honoré de Balzac, Le Chef-d'œuvre inconnu
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Quand on observe la nature, on y découvre les plaisanteries d'une ironie supérieure : elle a, par exemple, placé les crapauds près des fleurs Honoré de Balzac, Massimilla Doni
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J'imiterai [la nature], mais en la détestant ; je la copierai, elle le veut, mais ce ne sera qu'en la maudissant. Donatien Alphonse François, comte de Sade, dit le marquis de Sade, La Nouvelle Justine
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Un de vos philosophes modernes se disait l'amant de la nature : eh bien, moi, mon ami, je m'en déclare le bourreau. Donatien Alphonse François, comte de Sade, dit le marquis de Sade, La Nouvelle Justine
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Il est un point élevé où l'art, la nature et la morale ne font qu'un et se confondent. Charles Augustin Sainte-Beuve, Causeries du lundi
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L'art est une démonstration dont la nature est la preuve. Aurore Dupin, baronne Dudevant, dite George Sand, François le Champi
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La raison nous trompe plus souvent que la nature. Luc de Clapiers, marquis de Vauvenargues, Réflexions et Maximes
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Ce que l'homme a uni, la nature est impuissante à le séparer. Aldous Huxley, Brave New World, 2
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Que peu de temps suffit pour changer toutes choses ! Nature au front serein, comme vous oubliez ! Victor Hugo, Les Rayons et les Ombres, Tristesse d'Olympio
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Nature n'a rien fait qu'on doive mépriser. Jean de La Ceppède, Théorèmes spirituels
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Ne vous souvient-il plus que l'amour est, comme la médecine, seulement l'art d'aider la nature. Pierre Choderlos de Laclos, Les Liaisons dangereuses
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Nous avons changé de méthode, Jodelet n'est plus à la mode, Et maintenant il ne faut pas Quitter la nature d'un pas. Jean de La Fontaine, Lettre à M. de Maucroix, 1661
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Dans tout ce que la nature opère, elle ne fait rien brusquement. Jean-Baptiste de Monet, chevalier de Lamarck, Philosophie zoologique
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J'espère prouver que la nature possède les moyens et les facultés qui lui sont nécessaires pour produire elle-même ce que nous admirons en elle. Jean-Baptiste de Monet, chevalier de Lamarck, Philosophie zoologique
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Que chacun reste dans sa nature. Isidore Ducasse, dit le comte de Lautréamont, Chants de Maldoror
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La nature nous est nécessaire comme le mensonge. François Mauriac, Journal, Grasset
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Nature est un doux guide, mais non pas plus doux que prudent et juste. Michel Eyquem de Montaigne, Essais, III, 13
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Un roi n'est pas dans la nature ; il n'est que dans la civilisation. Il n'en est point de nu ; il n'en saurait être que d'habillé. Napoléon Ier, Cité par Las Cases dans le Mémorial de Sainte-Hélène
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La voix du sentiment ne peut nous égarer, Et l'on n'est point coupable en suivant la nature. Évariste Désiré de Forges, chevalier puis vicomte de Parny, Élégies
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Qu'est-ce que l'homme dans la nature ? Un néant à l'égard de l'infini, un tout à l'égard du néant, un milieu entre rien et tout. Blaise Pascal, Pensées, 72 Pensées
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La nature du monde change-t-elle, ou bien est-ce la véritable nature qui triomphe de l'apparence ? André Pieyre de Mandiargues, Dans les années sordides, Gallimard
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L'habitude est une seconde nature, elle nous empêche de connaître la première dont elle n'a ni les cruautés, ni les enchantements. Marcel Proust, À la recherche du temps perdu, Sodome et Gomorrhe , Gallimard
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Nature n'endure mutations soudaines sans grande violence. François Rabelais, Gargantua, 23
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La nature a fait l'homme heureux et bon, mais […] la société le déprave et le rend misérable. Jean-Jacques Rousseau, Rousseau juge de Jean-Jacques
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Qui sait s'il ne faut pas dépasser beaucoup [la nature] pour entendre ce qu'elle veut nous dire. Donatien Alphonse François, comte de Sade, dit le marquis de Sade, Aline et Valcour
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Elle* me dit : Je suis l'impassible théâtre Que ne peut remuer le pied de ses acteurs […] Je sens passer sur moi la comédie humaine Qui cherche en vain au ciel ses muets spectateurs. Alfred, comte de Vigny, Les Destinées, la Maison du berger
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La nature ne fait pas de sauts. Gottfried Wilhelm Leibniz, Nouveaux Essais, IV, 16
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La nature ne fait rien en vain. Aristote, Politique, I, 1, 10 (traduction Thurot)
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La nature fait toujours, selon les conditions dont elle dispose et autant que possible, les choses les plus belles et les meilleures. Aristote, Problèmes, XVI, 2 (traduction J. Barthélemy Saint-Hilaire)
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La vertu n'est pas un don de nature. Platon, Ménon, 89a (traduction Croiset et Bodin)
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La nature […] apprend à l'homme à nager lorsqu'elle fait couler son bateau. Sait Faik Abasiyanik, Un point sur la carte
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Ce que la nature ne donna que pour être donné. Luís Vaz de Camões, Les Lusiades, IX, 76
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Nous ne pouvons attendre de bienfaits de la nature ; notre devoir est de les lui arracher. Ivan Vladimirovitch Mitchourine, Résultats de soixante ans de travaux pour la création de nouvelles espèces de plantes à fruits
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Le génie et la nature ont conclu une alliance éternelle : ce que le premier promet, la seconde l'accomplit certainement. Friedrich von Schiller, Christophe Colomb Columbus
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L'art fait qu'une copie offre souvent plus de charme que la nature elle-même. Johann Joachim Winckelmann, Pensées sur l'imitation des Grecs dans la peinture et la sculpture Gedanken über die Nachahmung der griechischen Werke in der Malerei und Bildhauerkunst
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La nature se suffit. De Friedrich Hegel ,
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Coutume dure Vaut nature. De Proverbe français ,
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La nature hait la normalité. De Chris Carter / X Files ,
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La nature est une baguette magique pétrifiée. De Novalis ,
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La nature agit, l'homme fait. De Emmanuel Kant / Opus postumum ,
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La nature est une théologie populaire. De N.A. Pluche / Le Spectacle de la nature ,
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La nature fait bien les choses. De Proverbe français ,
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La nature a horreur du vide. De Adage cartésien ,
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La nature aime à se cacher. De Héraclite d'Ephèse ,
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Le pouvoir est par nature, criminel. De Marquis de Sade ,
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La nature donne toujours la mort. De Anonyme ,
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Les pelleteuses, qui s’activent au pied des tas de sable, ne sont pourtant pas loin. Mais cette carrière de 200 hectares, comme les autres sites français du groupe HeidelbergCement, travaille selon un plan de gestion qui fait la part belle à la biodiversité locale. Pour y parvenir, GSM a signé dès 2007 un partenariat avec le comité français de l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature). La Croix, Dans les carrières, la nature devient un atout business
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Exactement. Sauf que là, l'objectif est d'arrêter de détruire la nature. En 2007, le groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (Giec) avait obtenu le prix Nobel de la paix pour son travail. Or, il existe un groupe d'experts similaire qui se consacre aux atteintes à la biodiversité. Cela s'appelle l'IPBES (Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques). C'est un peu l'équivalent du Giec de la nature. Or, les protecteurs de la nature méritent le prix Nobel de la paix. C'est pourquoi, avec la ministre allemande de l'Ecologie, nous souhaiterions que ce prix leur soit accordé. J'ai déjà rempli le formulaire pour que leur candidature soit étudiée et je vais animer cette campagne. leparisien.fr, Pascal Canfin : «Les protecteurs de la nature méritent le prix Nobel de la paix» - Le Parisien
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Pratique ancestrale, la chasse apparaît de plus en plus critiquée dans une opinion publique attentive aux questions de protection de la biodiversité, de bien-être animal. L’Hérault n’échappe ni au débat ni aux tensions qui entourent le partage des espaces naturels. midilibre.fr, Hérault : le choc des cultures entre chasseurs et usagers de la nature - midilibre.fr
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"Si nous n'agissons pas d'urgence pour protéger notre nature, il se peut que nous soyons déjà au début d'une ère de pandémies", a mis en garde lundi la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, à l'ouverture d'un sommet mondial pour la biodiversité. Site-LeVif-FR, Sans action urgente de protection de la nature, "il se peut que nous soyons au début d'une ère de pandémies" - Environnement - LeVif
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Faut-il donner un prix à la nature pour la protéger ? La question sous-tendra les tables rondes et annonces qui doivent ponctuer le One Planet Summit, un événement organisé lundi 11 janvier par l’Élysée autour de la protection de la biodiversité. États, institutions internationales (Banque mondiale, Banque centrale européenne) et secteur privé y sont invités, en partie à distance du fait de l’épidémie de Covid-19. Mediapart, Biodiversité: rentabiliser la nature pour la protéger | Mediapart
Traductions du mot « nature »
Langue | Traduction |
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Anglais | nature |
Espagnol | naturaleza |
Italien | natura |
Allemand | natur |
Chinois | 性质 |
Arabe | طبيعة |
Portugais | natureza |
Russe | природа |
Japonais | 自然 |
Basque | natura |
Corse | natura |
Synonymes de « nature »
- trait de caractère
- naturel
- vrai
- exact
- franc
- naïf
- spontané
- cuisine
- non assaisonné
- préparé simplement
- sans adjonction
- apprêté
- brut
- brute
- contraint
- grège
- originelle
- pur
- pure
- vierge
- VRAI
- qualité
- constitution
- complexion
- tempérament
- personnalité
- humeur
- instinct
- fait
- monde
- univers
- création
- réalité
- de...nature
- espèce
- entité
- sorte
- genre
- catégorie
- classe
- comportement
- don
- inclination
- individualité
- intuition
- macrocosme
- ordre
- race
- santé
- sens
- sentiment
- tout
- type
- variété
Combien de points fait le mot nature au Scrabble ?
Nombre de points du mot nature au scrabble : 6 points