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Histoire

Variantes Singulier Pluriel
Féminin histoire histoires

Définitions de « histoire »

Trésor de la Langue Française informatisé

HISTOIRE, subst. fém.

A. − [L'histoire d'un point de vue collectif]
1. [Le subst. est précédé d'un déterm. et accompagné d'un adj. ou d'un compl. déterminatif]
a) Recherche, connaissance, reconstruction du passé de l'humanité sous son aspect général ou sous des aspects particuliers, selon le lieu, l'époque, le point de vue choisi; ensemble des faits, déroulement de ce passé. Histoire universelle; histoire de l'art. Faria continuait d'instruire Dantès, (...) lui apprenant l'histoire des nations et des grands hommes (Dumas père, Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 213).Nous avons, dans notre histoire, subi des défaites plus graves (Bainville, Hist. Fr., t. 1, 1924, p. 299).
SYNT. Histoire ecclésiastique, événementielle, générale, intérieure, nationale, officielle, politique, profane, sacrée, secrète; histoire économique et sociale; histoire grecque, romaine; histoire de la Révolution; histoire de l'Église, de l'humanité, du monde, des peuples; histoire du droit, de la littérature, de la philosophie, des religions, des sciences; histoire de l'esprit humain, de la pensée humaine, des idées, des mœurs; la nouvelle histoire.
Histoire ancienne. Histoire couvrant les périodes les plus anciennes que nous connaissions depuis l'apparition de l'écriture et jusqu'à la chute de l'Empire romain (476) (cf. Encyclop. éduc., 1960, p. 229).
Histoire du Moyen Âge. Histoire qui commence en 476 et dont on fixe généralement le terme à la découverte de l'Amérique (1492) (cf. Encyclop. éduc., 1960, p. 229).
Histoire moderne. Histoire couvrant la période 1492-1789 (cf. Encyclop. éduc., 1960, p. 229).
Histoire contemporaine. Histoire qui commence en 1789 et s'étend jusqu'à nos jours (cf. Encyclop. éduc., 1960, p. 229).
Histoire Sainte. Ancien et Nouveau Testament; plus partic., Ancien Testament, relation de l'histoire du peuple hébreu. On m'enseignait l'Histoire Sainte, l'Évangile, le catéchisme sans me donner les moyens de croire (Sartre, Mots,1964, p. 207).
Histoire des civilisations. Histoire qui s'attache à la vie matérielle, morale, culturelle. Exploitation méthodique des sources non écrites de l'histoire des civilisations (Traité sociol.,1968, p. 292).
b) Expressions
C'est de l'histoire ancienne, c'est de la vieille histoire. C'est une chose dépassée, il n'en est plus question. Hé! c'est de l'histoire ancienne, mon cher ami, dit Mmede Rênal en riant (Stendhal, Rouge et Noir,1830, p. 130).L'histoire ancienne (p. plaisant., à propos d'une femme âgée). MmeLedoux : C'est bon, l'histoire ancienne, tournez-moi le feuillet (Dieulafoy, Francis, Désaugiers, Dupaty, Une Matinée du Pont-Neuf,1806, p. 36 ds Quem. DDL t. 19).
La petite histoire. Le côté anecdotique de l'histoire; l'ensemble des faits historiques secondaires. Anton. la grande histoire, l'Histoire (avec un grand H).Un homme qui a un goût de la petite histoire, de l'anecdote, des côtés vraiment amusants de l'humanité (Goncourt, Journal,1874, p. 1012).
Pour la petite histoire. Signalons, pour la petite histoire, que l'actuel président Kennedy a été employé de cette agence (Agences presse,1962, p. 13).
c) P. méton. Ouvrage relatant des faits du passé. Pauvre Marie! Il lui faut retravailler pour l'examen d'octobre (...); elle lit dans les atlas, dans des Histoires de France (Colette, Cl. école,1900, p. 249).
2. [Le subst. est empl. seul]
a) Évolution de l'humanité à travers son passé, son présent, son avenir. Un moment, un tournant de l'histoire; à travers, au cours de l'histoire. Il [Napoléon Ier] faisait l'histoire et il l'écrivait (Hugo, Misér., t. 1, 1862, p. 802).Paysages chargés d'histoire (Massis, Jugements,1923, p. 135).L'Histoire commence ou recommence par la rencontre d'un homme et d'un événement (F. Mitterrand, Ici et maintenant, Paris, Le livre de poche, 1981, p. 37).
SYNT. Mouvement, sens de l'histoire; époques, événements de l'histoire; pour la première fois dans l'histoire; tout au long de l'histoire; exemple tiré de l'histoire; unique dans l'histoire; appartenir à l'histoire; (être) sans exemple dans l'histoire; jouer un rôle dans l'histoire; géographie, philosophie de l'histoire.
En partic.
[L'histoire est personnifiée] Le tribunal de l'histoire; les enseignements, les leçons de l'histoire; l'histoire atteste, montre; (à ce que) dit l'histoire. L'histoire amnistie Henri quatre (Hugo, Chansons rues et bois,1865, p. 50).V. comparer ex. 8.
Partie du passé que l'on connaît par des documents écrits. Au cours des siècles de l'histoire et de la préhistoire (Gaultier, Bovarysme,1902, p. 188).
PEINT. Genre consistant à représenter des scènes (de caractère militaire, politique, etc.) passées ou mythologiques. Peintre, peinture d'histoire. Sa galerie était composée de tableaux d'histoire, de tableaux sur des sujets poétiques et religieux, et de paysages (Staël, Corinne, t. 2, 1807, p. 69).La plupart des prix de Rome renoncent vite à « l'histoire » pour peindre de riches bourgeois en redingote (Hourticq, Hist. art, Fr., 1914, p. 410).
[P. allus.]
[au proverbe Les peuples heureux n'ont pas d'histoire, les peuples heureux ne connaissent pas d'événements marquants, dignes de mémoire] :
1. ... je m'apprivoisai vite et me plus si bien par la suite, que véritablement comparable aux peuples heureux qui n'ont pas d'histoire, (...) c'est peut-être, oui, la période de toute ma vie dont je me souviens le moins. Verlaine, Œuvres compl., t. 5, Confess., 1895, p. 54.
[au vers de Voltaire, dans sa pièce Charlot ou la Comtesse de Givri, I, 7 Et voilà justement comme on écrit l'histoire, pour indiquer qu'on déforme la réalité historique] :
2. ... privation de la pipe, souffrance horrible à laquelle n'ont pas été condamnés les premiers chrétiens. Et on dira que les empereurs ont été cruels!!! Voilà comme on écrit l'histoire, Môssieu! Flaub., Corresp.,1844, p. 150.
b) Science qui étudie, relate de façon rigoureuse le passé de l'humanité; discipline scolaire, universitaire correspondante; leur contenu. Cours, leçon, livre d'histoire; apprendre, enseigner l'histoire; faire de l'histoire. En compagnie de M. Martin, le professeur d'histoire et de géographie (Druon, Gdes fam., t. 1, 1948, p. 90) :
3. ... l'histoire n'est pas seulement une monographie; elle ne s'intéresse pas seulement à un individu, quelque grand qu'il soit; elle cherche particulièrement l'ordre et le progrès des événemens... Cousin, Hist. philos., t. 1, 1829, p. 139.
3. P. anal.
a) Évolution, passage par différentes phases d'un objet quelconque de connaissance; étude, description correspondante. Données intéressantes sur l'histoire anatomique et physiologique de ce viscère (Cuvier, Anat. comp., t. 4, 1805, p. 65).L'histoire de la Terre est divisée, par les géologues, en plusieurs grandes ères (Boule, Conf. géol.,1907, p. 54).
b) En partic.
LINGUISTIQUE
Histoire d'un mot, d'un vocable. La simple histoire d'un vocable à travers les âges (Valéry, Variété III,1936, p. 168).
Histoire d'une langue. Je lis aujourd'hui, dans l'Histoire de la Langue française de Brunot :... (Gide, Journal,1907, p. 240).À une étape de l'histoire de la langue correspond une étape dans celle de la graphie (Saussure, Ling. gén.,1916, p. 49).
Histoire transformationnelle* d'une phrase.
Histoire naturelle. Connaissance, étude, description des êtres et des corps qui se trouvent dans la nature. Synon. mod. sciences naturelles.Cabinet, muséum d'histoire naturelle. Aujourd'hui, l'histoire littéraire se fait comme l'histoire naturelle, par des observations et par des collections (Sainte-Beuve, Pensées,1852, p. 50).
B. − [L'histoire d'un point de vue individuel]
1. Ensemble d'événements, évolution concernant une personne ou une chose. En 1798, se présente dans l'histoire de mon père une circonstance futile en apparence, importante en réalité (Sand, Hist. vie, t. 1, 1855, p. 187).V. épisode ex.
SYNT. Histoire intime, particulière, scandaleuse; histoire d'un homme, d'une famille; la propre histoire de qqn; (c'est) l'éternelle histoire de.
Expr. C'est mon histoire que vous contez là; voilà mon histoire (Ac. 1835-1935). Ce n'est pas le plus bel endroit de son histoire, le plus beau de son histoire (Ac. 1835-1935). Savoir l'histoire de quelqu'un (Ac. 1835-1935). C'est l'histoire de tous les (+ une catégorie de personnes).C'est l'histoire de tous les contemplatifs (Bremond, Hist. sent. relig., t. 3, 1921, p. 612).
2. Fam. Ce qui arrive à quelqu'un, ce qui le concerne en particulier; ce qui est fait par quelqu'un.
a) Affaire, aventure, problème particulier. Drôle d'histoire; quelle histoire! En dehors d'une petite histoire de braconnage (G. Leroux, Parfum,1908, p. 49) :
4. − Qu'est-ce que les gens ont à foutre de ce que je pense, moi, ou de ce que je sens? dit Henri. Mes petites histoires n'intéressent personne; et la grande histoire n'est pas un sujet de roman. Beauvoir, Mandarins,1954, p. 225.
SYNT. Curieuse, déplorable, fameuse, sale, vilaine histoire; le fin mot de l'histoire; histoire d'argent, de famille, de femmes.
Expr. C'est toute une histoire. Ce fut toute une histoire. Il s'était mis cela dans la tête (Léautaud, In memor.,1905, p. 207).C'est toujours la même histoire. Qu'est-ce que vous voulez, c'est toujours la même histoire, la même fatalité imbécile de la vie (Courteline, Femmes d'amis, Fils, 1885, p. 114).C'est une autre histoire. Mais ce fut une bien autre histoire, quand il fallut savoir lequel de nous deux mangerait cette pauvre petite fraise (Zola, Nouv. contes Ninon,1874, p. 39).Sans histoire. Sans incident. Oui, j'eusse désiré une vie sans histoire (Bernanos, Joie,1929, p. 669).
b) En partic.
Affaire compliquée, difficile. C'était une histoire qu'une figure debout. Il fallait des armatures de fer (Zola, Œuvre,1886, p. 185).
Aventure amoureuse. Vous avez été souvent aimé. Vous avez eu des histoires, des aventures (Flers, Caillavet, M. Brotonneau,1923, I, 13, p. 9).
Histoire de cul, de fesses. V. cul I C 1.
Au plur. Complications, ennuis, méchancetés faites par quelqu'un. Des histoires à n'en plus finir; un tas d'histoires; personne à histoires; pas d'histoires. Il ne veut pas s'attirer des histoires inutilement (Michaux, Plume,1930, p. 143).
Loc. Avoir des histoires avec qqn. Tiens! Avale ça, et puis décampe : je ne tiens pas à avoir des histoires avec ton père, moi! (Martin du G., Thib., Cah. gr., 1922, p. 642).Faire des histoires (de qqc.), (à qqn). Ils ne font pas tant d'histoires quand ils bombardent Rouen (Vailland, Drôle de jeu,1945, p. 69).
C. − Récit concernant un fait historique ou ordinaire; narration d'événements fictifs ou non. Histoire d'amour; conter, raconter une histoire. Les histoires de Tacite ne sont autre chose que des mémoires passionnés contre les tyrans (Michelet, Hist. romaine, t. 2, 1831, p. 69).Ces deux histoires sont nées jumelles. Qui lit César Birotteau, devra donc lire la Maison Nucingen (Balzac, C. Birotteau,1837, p. 421) :
5. ... Baudelaire (...) n'a pas inséré la traduction de cet essai dans les œuvres mêmes d'Edgar Poe; mais il en a introduit la partie la plus intéressante (...) dans la préface qu'il a placée en tête de sa traduction des Histoires [it. ds le texte] extraordinaires. Valéry, Variété II,1929, p. 147.
SYNT. Histoire fantastique, invraisemblable, touchante, vraie; admirable, belle, bonne, simple, tragique, triste histoire; héros, suite d'une histoire; écouter, inventer, lire une histoire; histoires merveilleuses; histoires de brigands, de fantômes, de fées, de sorcières; aimer les histoires; savoir des histoires.
Expressions
Histoire à dormir debout*.
Le plus (+ adj.) de l'histoire, (c'est que...).Il ajouta (...) : « Mais le plus drôle de mon histoire, c'est qu'elle est vraie. » (Maupass., Contes et nouv., t. 2, Voleur, 1882, p. 1229) :
6. le duc : Vous perdiez le plus beau de l'histoire (...). la marquise : Mais c'est une histoire des Mille et une Nuits que vous me racontez là! Dumas père, Mllede Belle-Isle,1839, IV, 7, p. 67.
En partic.
Récit, souvent tiré de l'Écriture Sainte, représenté par un dessin, une peinture. Les petites roses des fenêtres se simplifient pour laisser place aux histoires des vitraux (Michelet, Journal,1831, p. 81).
Histoire (drôle). Récit généralement court visant à faire rire. Histoire belge. V. gascon, Van der Meersch, Invas. 14, 1935, p. 238.
Histoire de fou(s)*.
Souvent au plur. Récit faux, mensonge; paroles mensongères, médisantes. Des histoires circulent, courent. Je ne suis déjà que trop victime de vos mauvais propos. Je sais (...) les jolies histoires que vous faites sur mon compte (Leclercq, Proverbes dram., MmeSorbet, 1835, 4, p. 137).On t'a raconté des histoires, camarade, ou tu les as rêvées (Bernanos, Nuit,1928, p. 32).
Loc. fam. Qu'est-ce que c'est que cette histoire? :
7. clotaire : Marceline s'en va. Marceline te quitte. Marceline part avec un autre. jef : Qu'est-ce que c'est que cette histoire? Je viens de la rencontrer. Elle riait. Achard, J. de la Lune,1929, III, 2, p. 26.
D. − Fam. et pop.
1. Chose, objet auquel on ne sait pas ou ne veut pas donner de nom. Synon. truc, affaire :
8. lhermite (...) : Monsieur m'a dit de m'adresser à vous, mademoiselle, pour savoir où je devais déposer (Il montre le paquet qu'il a sous le bras.) ses petites histoires. jeannette : Quelles petites histoires? lhermite : Mais ses brosses, son pinceau à barbe, ses objets de toilette, en un mot. Feuillet, Scènes et prov.,1851, p. 284.
En partic. Sexe. Cf. Larchey, Dict. hist. arg., Nouv. Suppl., 1889, p. 154.
2. Avoir ses histoires. Avoir ses règles. Cf. Rigaud, Dict. jargon paris., 1878, p. 188.
3. Loc. prép. Histoire de + inf.Pour, afin de. Histoire de rire. Je vous les cèderais pour un morceau de pain, histoire de vous rendre service (Courteline, Linottes, Pendule, 1890, p. 182).
Rem. On relève chez Mérimée 2 var. de cette loc. a) Histoire que + subj. Afin que. Histoire que vous sachiez que je suis homme de parole (Lettres Mmede La Rochejacquelein, 1870, p. 200). b) Histoire de + subst. À cause de, en raison de. J'ai remis chez vous, en allant au chemin de fer, vos deux volumes non enveloppés, histoire de la grande précipitation où j'étais (Lettres à une inconnue, t. 2, 1858, p. 30).
REM. 1.
Histoire-batailles, subst. fém.Histoire envisagée essentiellement sous l'angle des batailles. Les auteurs de manuels d'histoire au temps de l'histoire-batailles (Thibaudet, Réflex. litt.,1936, p. 60).
2.
Histoire-chronique, subst. fém.Histoire relatée à la manière d'une chronique. Barante (...) chef de l'histoire-chronique (Thibaudet, Hist. litt. fr.,1936, p. 266).
3.
Histoire-discours, subst. fém.Histoire relatée par des exposés oraux. Guizot (...) véritable chef de l'histoire-discours (Thibaudet, Hist. litt. fr.,1936, p. 266).
4.
Histoire-drame, subst. fém.Pièce de théâtre dont le sujet concerne un personnage, un fait historique. Le duc d'Enghien, histoire-drame, par M. Édouard d'Anglemont (Musset dsRevue des Deux Mondes,1833, p. 103).
5.
Historisant, -ante, adj.a) Historien historisant. Historien qui considère sa discipline comme obéissant à des lois propres et qui l'étudie dans cette perspective par la seule description des événements et des conditions de leur déroulement. Le véritable historien (...) non (...) l'aride historien historisant (Marrou, Connaiss. hist.,1954, p. 173).b) Histoire historisante. Histoire correspondant à cette conception. L'histoire historisante demande peu. Très peu (L. Febvre, Combats pour hist., Hist. historisante, 1947, p. 118).
6.
Historisation, subst. fém.Action de faire l'histoire; résultat de cette action. Cette philosophie [du révolutionnaire] naît d'une entreprise historique et doit représenter à celui qui la réclame un certain mode d'historisation qu'il a choisi (Sartre, Sit. III,1949, p. 181).
7.
Historisme, subst. masc.Doctrine selon laquelle tout fait, tout événement s'explique par les conditions historiques, résulte de l'évolution historique. Faute d'apercevoir la genèse du monde, la description des types idéaux reste déchirée entre l'historisme et le formalisme (J. Vuillemin, Être et trav.,1949, p. 37).
Prononc. et Orth. : [istwa:ʀ]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. [Début xiies. istorie « récit des événements de la vie de quelqu'un » (Alexis, Prologue, éd. Chr. Storey)]; ca 1105 storie (Benedeit, St Brendan, éd. E. G. R. Waters, 54); 1155 hystoire « chronique, récit des événements relatifs à un peuple ou à l'humanité en général » (Wace, Brut, éd. I. Arnold, 14809); 2. a) ca 1265 istore « ensemble des connaissances relatives à l'évolution de l'humanité; science » (Bruno Latin, Trésor, éd. Fr. J. Carmody, livre 3, chap. 41, §3); b) 1646 histoire « mémoire que la postérité garde du passé » (Rotr., St. Gen., I, 4 ds Littré). B. [Ca 1200 d'apr. FEW t. 4, p. 439b]; ca 1240 hystoire « représentation d'une scène à plusieurs personnages; illustrations » (Richard de Fournival, Bestiaire d'amour en vers, éd. A. Långfors, vers 66, fo90a ds Mémoires de la Société néo-philologique de Helsingfors, t. 7, p. 305). C. 1. a) Ca 1462 histoire « récits d'événements réels ou imaginaires » (Cent nouv. nouv., éd. Fr. P. Sweetser, p. 1); b) 1663 « propos mensongers destinés à tromper ou à mystifier » (Molière, L'Étourdi, 943); 2. 1670 « affaire, événements particuliers » (Id., Bourgeois gentilhomme, III, 3). D. 1551 histoire naturelle (P. Belon, Histoire naturelle des estranges poissons marins [titre]). Empr. au lat.historia « œuvre historique, récit », « objet de récit historique », « contes, sornettes », du gr. ι ̔ σ τ ο ρ ι ́ α « recherche, information », « résultat d'une information, connaissance », « récit » d'où « Histoire ». Fréq. abs. littér. : 23 447. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 30 353, b) 31 889; xxes. : a) 35 297, b) 35 502. Bbg. Launay (M.). Le Vocab. pol. de J.-J. Rousseau. Genève, Paris, 1977, p. 114.

Wiktionnaire

Nom commun - français

histoire \is.twaʁ\ féminin

  1. Récit d’actions, d’événements, de choses dignes de mémoire.
    • Abandonné petitement […], le général André se courba sous l’orage. Il disparut. L’histoire sera-t-elle juste à son endroit? Je la sais si souvent façonnée par les réacteurs que je suis en méfiance. — (Joseph Caillaux, Mes Mémoires, I, Ma jeunesse orgueilleuse, 1942)
  2. Suite des états par lesquels est passé un peuple ou un individu.
    • Tout se tient dans l’histoire, et l'on ne peut s’arrêter en chemin; il faut suivre le mouvement et le flot des âges, il faut aborder avec eux. — (Jean-Jacques Ampère, La Littérature française au moyen-âge, Revue des Deux Mondes, 1839, tome 19)
    • Toute l’histoire classique est dominée par la guerre conçue héroï­quement ; les institutions des républiques grecques eurent, à l'origine, pour base l'organisation d'armées de citoyens ; […]. — (Georges Sorel, Réflexions sur la violence, chapitre V, La grève générale politique, 1908, page 231)
    • Depuis sa conquête par César et jusqu’à la fin du Ve siècle, la Gaule n’a été qu’une terre romaine, entièrement latinisée et son histoire se confond avec celle de Rome. — (Léon Berman, Histoire des Juifs de France des origines à nos jours, 1937)
    • Viennent ensuite les historiens qui considèrent que leur premier devoir, c’est de détruire les légendes, et de rétablir la vérité. Il est certain que, sans eux, l’histoire des peuples ne serait qu’un vaste poème, où les faits agrandis et dramatisés par l’imagination des foules, grandement embellis ou inventés par les flatteurs des rois, brilleraient, couleur d’or et de sang, dans une lumineuse brume. — (Marcel Pagnol, Le Secret du Masque de Fer, 1968)
    • Ne craignons pas de répéter qu’il faut que les faits de l’histoire s’épurent dans la nuit des temps ; mis au jour à l’époque où ils se sont passés, ils ne seront jamais fidèles ; celui qui écrit l’histoire d’un siècle dans le siècle même où sont arrivés les événements qu’il raconte, a nécessairement, ou les vertus ou les vices de son siècle, et c’est alors la propre histoire de son cœur qu’il nous donne à la place de ses héros ; il a dépeint ceux-ci ou comme il voulait qu’ils fussent, ou comme il craint qu’ils ne soient, et voilà la partialité nécessairement établie. — (D.A.F. de Sade, Histoire secrète d’Isabelle de Bavière Reine de France)
    • En général, les intellectuels arabes musulmans, y compris ceux de gauche, ne sont pas parvenus à rappeler à leur public que la laïcité en politique était à l’ordre du jour dans l’histoire islamique après Mahomet ou après ses prophéties, contrairement aux mythes de l’historiographie islamique. — (Panayiotis Jerasimof Vatikiotis, L’Islam et l’État, 1987, traduction d’Odette Guitard, 1992, page 109)
  3. Science humaine qui étudie le passé de l’humanité, son évolution. Connaissance des faits que rapportent les historiens. On l’emploie souvent par une sorte de personnification, et s’écrit alors Histoire.
    • Quelqu’un aurait dit aux parents du gamin : « C’est bien fait pour vous ! Si vous l’aviez mis à l'école des Frères, on lui aurait fait apprendre son catéchisme, au lieu de lui faire perdre son temps à apprendre l’histoire et la géographie de la France ». — (Émile Thirion, La Politique au village, page 325, Fischbacher, 1896)
    • En 1808, Napoléon, […], voulu nous remettre à notre rang! […]. Au mépris de la géographie et de l’histoire, sans consulter les populations et même contre leur gré, contre leurs intérêts, contre leurs désirs, l’autocrate dessina ce département mosaïque. — (Ludovic Naudeau, La France se regarde : le Problème de la natalité, Librairie Hachette, Paris, 1931)
    • Avant le texte, il y a le contexte. Il nous apprend que notre docteur en « nanarologie » est docteur en histoire des mondes modernes et contemporains. Qu’un historien plutôt qu’un théoricien du cinéma s’intéresse au nanar n’est pas anodin. — (Antoine Katerji, Cinéma : le culte du nanar à l’heure d’Internet, le 06 avril 2015, sur le site de L'Obs & de Rue 89 (www.nouvelobs.com/rue89))
    • La philosophie de l’histoire.
    • Les leçons, les enseignements de l’histoire.
    • Peintre d’histoire, celui qui s’attache à représenter des sujets, ou historiques, ou fabuleux, ou imaginés, par opposition aux peintres de portraits ou de paysages, de fleurs, etc.
  4. Récit quelconque d’actions, d’événements, de circonstances qui offrent plus ou moins d’intérêt.
    • Il me conta toute son histoire, l’histoire de sa vie, l’histoire de ses amours.
    • Telle est l’histoire de ce malheureux procès.
    • Je connais bien son histoire, c’est un homme dont la vie et les actions me sont bien connues.
    • C’est mon histoire que vous contez là ; voilà mon histoire, se dit pour faire entendre qu’il y a une grande conformité entre ce qu’une personne raconte et ce qu’on a fait ou éprouvé soi-même.
  5. Étude chronologique d’une science ou d’un fait social particulier.
    • Les catholiques ne se sont jamais découragés au milieu des épreuves les plus dures, parce qu’ils se représentaient l’histoire de l’Église comme étant une suite de batailles engagées entre Satan et la hiérarchie soutenue par le Christ. — (Georges Sorel, Lettre à Daniel Halévy, 15 juillet 1907, dans Réflexions sur la violence, 1908)
    • Le travail de Nathalie Jas touche à l’histoire des empoisonnements en milieu professionnel et à domicile, ainsi qu’à l’histoire de la phytopharmacie et de la phytopathologie. — (Christophe Bonneuil, Gilles Denis et Jean-Luc Mayaud, Sciences, chercheurs et agriculture: Pour une histoire de la recherche agronomique, 2008, page 30)
  6. Description des choses naturelles, comme bêtes, plantes, minéraux, etc.
    • Nous avons montré combien complexes sont les aires des diverses espèces et comment on peut essayer d’expliquer chacune d’elles par des considérations de milieu actuel et par l’étude de l’histoire des lignées végétales. — (Henri Gaussen, Géographie des Plantes, Armand Colin, 1933, page 75)
    • L’histoire naturelle de Pline.
    • Histoire des animaux.
    • Histoire des plantes.
    • Histoire des minéraux.
  7. Récit, aventure, conte.
    • Je veux vous conter, vous faire une petite histoire.
    • Une histoire extraordinaire.
    • Une histoire scandaleuse.
    • Cette femme courait toutes les histoires du quartier.
    • Que d’histoires ne sait-il pas ?
    • Vous ne savez pas le plus beau de l’histoire ?
    • En plus, son papa, qui a parfois des idées saugrenues, lui raconte l’histoire de la cour des Miracles, le repaire au Moyen Age de tous les voleurs, tire-laine et autres bandits qui infestaient la ville de Paris. — (Alain Chennevière, La cour des Miracles, Magnard, 2002)
    • Certains enfants aiment bien qu’on leur raconte une histoire le soir avant de s’endormir.
    • J’adore quand c’est l’heure des histoires.
    • L'homme moderne est le fruit de millions d'années d'évolution ; s'il continue à raconter des histoires, il en tire forcément un bénéfice. — (Antoine Bello, Les Producteurs, 2015 ; édition Blanche, 2015, page 99)
  8. (En particulier) Mésaventure.
    • Les Lettres à l’Étrangère, […], ces lettres contiennent des aveux, voilés, il est vrai, des histoires obscures, sans doute, mais reconnaissables pour qui connaît un peu l’existence secrète de Balzac. — (Octave Mirbeau La Mort de Balzac, 1907)
    • Monsieur le sénateur, il vous arrive une histoire fâcheuse... Vous vous êtes permis quelques privautés sur la personne d’un petit marmiton qui stationnait dans une pissotière. — (Victor Méric, Les Compagnons de l’Escopette, Éditions de l’Épi, Paris, 1930, page 184)
  9. (Familier) Aventure amoureuse.
    • Des histoires, des aventures, des flirts, des romances et des liaisons. Des amourettes sans importance et sans lendemain qui, avec du recul, ne semblaient exister qu’au pluriel. — (Ida Junker, Les années fastes, chez l’auteur à Asnières, 2007, page 9)
  10. (Familier) Mensonge, fable, affabulation.
    • C’est une histoire, ce sont des histoires, c’est un mensonge, je ne crois point ce que vous dites, ce qu’il dit.
    • Histoire que tout cela !
    • On vous a fait une histoire.
    • Il me fit là-dessus je ne sais quelle histoire, etc.
    • – Ta ! ta ! ta ! Pas d’histoires ! Revenez me voir dans une huitaine de jours. — (Henri Troyat, Le mort saisit le vif, 1942, réédition Le Livre de Poche, page 94)
  11. (Figuré) Sujet.
    • C’est une autre histoire, c’est une autre chose, ce n’est pas de cela qu’il s’agit.
    • Voilà bien une autre histoire, voilà un nouvel embarras, une nouvelle difficulté, un nouvel incident qu’on n’avait pas prévu.
    • — En v’là une histoire ! Ce jeune garçon, ce jeune monsieur que tu vois, c’est celui de qui Barberin parlait, il arrive, et Barberin n’est plus là, en v’là… une histoire ! — (Hector Malot, Sans famille, 1878)
    • Penser contre soi est souvent fécond ; mais ma mère, c’est une autre histoire : elle a vécu contre elle-même. Riche d’appétits, elle a employé toute son énergie à les refouler et elle a subi ce reniement dans la colère. — (Simone de Beauvoir, Une mort très douce, Gallimard, 1964, Le Livre de Poche, page 61)
  12. (Figuré) Exagération.
    • Voilà bien des histoires, se dit à une personne qui forme des difficultés et des embarras sur quelque chose ou qui fait trop de cérémonies, trop de façons.
    • Que d’histoires !
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

HISTOIRE. n. f.
Récit d'actions, d'événements, de choses dignes de mémoire. Histoire universelle. Histoire générale. Histoire ancienne. Histoire moderne. Histoire profane. Histoire sacrée. Histoire sainte. Histoire ecclésiastique. Histoire romaine. Histoire grecque. L'histoire du moyen âge. L'histoire de France. Histoire des empereurs romains. Histoire du Parlement de Paris. Histoire de la guerre de Cent Ans. L'histoire des arts, des sciences, etc. Histoire de l'astronomie. Histoire de la philosophie, de la littérature. Des livres, des ouvrages d'histoire. Écrire l'histoire d'un pays. L'histoire littéraire d'une époque. L'histoire des dernières années. L'Histoire de Salluste, l'Histoire d'Hérodote, l'Histoire de Polybe, etc., L'Histoire écrite par Salluste, par Hérodote, etc. Les Histoires de Tacite. Il se dit aussi de la Suite des états par lesquels a passé un peuple ou même un individu. L'Histoire de ce peuple est glorieuse. L'histoire du peuple romain sous les Césars. L'histoire de Napoléon Ier. Il se dit absolument de la Connaissance des faits que rapportent les historiens. Lire l'histoire. Étudier l'histoire. S'adonner à l'histoire, à l'étude de l'histoire. Savoir l'histoire. Avoir de profondes connaissances en histoire. Leçons d'histoire. Cours d'histoire. Professeur d'histoire. La philosophie de l'histoire. On l'emploie souvent par une sorte de personnification. Interroger l'histoire. Invoquer le témoignage de l'histoire. L'inexorable histoire. L'histoire nous apprend que... Les leçons, les enseignements de l'histoire. Les conquérants que l'histoire a célébrés. Les fastes de l'histoire. Le burin de l'histoire. Le tribunal de l'histoire. Peintre d'histoire, Celui qui s'attache à représenter des sujets, ou historiques, ou fabuleux, ou imaginés, par opposition aux peintres de portraits ou de paysages, de fleurs, etc. On dit dans un sens analogue : Peindre l'histoire. Tableau, sujet d'histoire. Etc. Il se dit encore absolument par opposition à la Fable, aux fictions en général. La Fable et l'histoire. Ce poète n'a pas assez respecté l'histoire. Ce romancier a su embellir l'histoire de fictions ingénieuses. Il se dit aussi d'un Récit quelconque d'actions, d'événements, de circonstances qui offrent plus ou moins d'intérêt. Il me conta toute son histoire, l'histoire de sa vie, l'histoire de ses amours. Telle est l'histoire de ce malheureux procès. Il se dit même du Récit de quelque aventure particulière. Je veux vous conter, vous faire une petite histoire. Une plaisante histoire. Une histoire comique. Une histoire tragique. Une histoire extraordinaire. Une histoire scandaleuse. Cette femme courait toutes les histoires du quartier. Que d'histoires ne sait-il pas? Ce sens est ordinairement familier. Fam., À ce que dit l'histoire, À ce que l'on raconte. Il partit, à ce que dit l'histoire, ou, simplement, dit l'histoire, accompagné d'un brillant cortège. Fam., Je sais bien son histoire, C'est un homme dont la vie et les actions me sont bien connues. Fig. et fam., C'est mon histoire que vous contez là; voilà mon histoire se dit pour faire entendre qu'il y a une grande conformité entre ce qu'une personne raconte et ce qu'on a fait ou éprouvé soi-même. On dit, dans un sens analogue, Cet homme a fini misérablement : c'est l'histoire de tous les joueurs, de tous les débauchés, etc., C'est ce qui arrive à tous les joueurs, etc. Fig. et fam., Ce n'est pas le plus bel endroit de son histoire, le plus beau de son histoire, Ce fait, cette action n'est pas ce qu'il y a de plus honorable pour lui. Ce n'est pas le plus beau de son histoire signifie aussi, quelquefois, Ce n'est pas ce qu'il y a de plus avantageux, de plus agréable pour lui. Fam., Le plus beau de l'histoire, Le fait le plus remarquable, le plus bizarre, etc., d'une aventure, d'une affaire. Vous ne savez pas le plus beau de l'histoire. Fam., C'est une histoire, ce sont des histoires, C'est un mensonge, je ne crois point ce que vous dites, ce qu'il dit. Dans le même sens : Histoire que tout cela! On vous a fait une histoire. Il me fit là-dessus je ne sais quelle histoire, etc. Fig. et fam., C'est une autre histoire, C'est une autre chose, ce n'est pas de cela qu'il s'agit. Voilà bien une autre histoire, Voilà un nouvel embarras, une nouvelle difficulté, un nouvel incident qu'on n'avait pas prévu. Fig. et fam., Voilà bien des histoires, se dit à une personne qui forme des difficultés et des embarras sur quelque chose ou qui fait trop de cérémonies, trop de façons. On dit aussi Que d'histoires! Il se dit encore de Toutes sortes de descriptions des choses naturelles, comme bêtes, plantes, minéraux, etc. L'Histoire naturelle de Pline. Histoire des animaux. Histoire des plantes. Histoire des minéraux. Histoire naturelle signifie absolument la Science, la connaissance des divers êtres, des diverses productions de la nature, et particulièrement des animaux. Traité, leçons, cours d'histoire naturelle. Les diverses branches de l'histoire naturelle. Professeur d'histoire naturelle. Étudier l'histoire naturelle. Cabinet d'histoire naturelle.

Littré (1872-1877)

HISTOIRE (i-stoi-r') s. f.
  • 1Récit des faits, des événements relatifs aux peuples en particulier et à l'humanité en général. Il a fallu, avant toutes choses, vous faire lire dans l'Écriture l'histoire du peuple de Dieu, qui fait le fondement de la religion ; on ne vous a pas laissé ignorer l'histoire grecque ni la romaine ; et, ce qui vous était plus important, on vous a montré avec soin l'histoire de ce grand royaume que vous êtes obligé de rendre heureux, Bossuet, Hist. préface. Quand on considère de plus près l'histoire de ce grand royaume [l'Angleterre], Bossuet, Reine d'Anglet. Si l'histoire de l'Église garde chèrement la mémoire de cette reine, notre histoire [celle de la France] ne taira pas les avantages qu'elle a procurés à sa maison et à sa patrie, Bossuet, ib. Il avait fait toute l'histoire du siége, Bossuet, Hist. II, 8. Il [Moïse] meurt et laisse aux Israélites toute leur histoire qu'il avait soigneusement digérée dès l'origine du monde jusqu'au temps de sa mort, Bossuet, ib. I, 4. [Nul] Ne leur [aux Romains] a fait plus cher acheter la victoire, Ni de jours malheureux plus rempli leur histoire, Racine, Mithr. V, 5. Tous les peuples ont écrit leur histoire quand ils ont pu écrire, Voltaire, Dict. phil. Histoire, 5. La véritable histoire est celle des mœurs, des lois, des arts et des progrès de l'esprit humain, Voltaire, Lett. Tolt, 23 avr. 1767. Telles ont été dans toute la terre toutes les histoires des anciens temps ; c'est la preuve de ce que nous avons dit souvent que la Fable est la sœur aînée de l'histoire, Voltaire, Dict. phil. Zoroastre. Les premiers fondements de toute l'histoire sont les récits des pères aux enfants, transmis ensuite d'une génération à une autre, Voltaire, Dict. phil. Histoire, 1. J'entreprends de tracer l'histoire de la grande armée et de son chef pendant l'année 1812, Ségur, Hist. de Nap. dédicace. Puis, s'appesantissant, ils le voyaient [Napoléon à Moscou] passer ses longues heures à demi couché, comme engourdi, et attendant, un roman à la main, le dénoûment de sa terrible histoire, Ségur, Hist. de Nap. VIII, 11. C'est là [à la Moskowa] que nous avions tracé avec le fer et le sang l'une des plus grandes pages de notre histoire, Ségur, ib. IX, 7.

    Histoire sainte ou sacrée, l'ancien et le nouveau Testament.

    Histoire profane, celle des peuples païens.

    Histoire fabuleuse, les récits mythologiques.

    Histoire ecclésiastique, celle des événements qui appartiennent à la religion chrétienne.

    Histoire politique, histoire civile, celle des différents gouvernements politiques.

    Histoire universelle, histoire générale de l'espèce humaine. Cette manière d'histoire universelle est, à l'égard des histoires de chaque pays et de chaque peuple, ce qu'est une carte générale à l'égard des cartes particulières, Bossuet, Hist. préface.

    Dans les colléges et lycées, histoire ancienne, comprenant l'histoire sainte, l'histoire des anciennes monarchies d'Asie, l'histoire grecque et l'histoire romaine. Histoire ancienne proprement dite, comprenant l'histoire des anciennes monarchies d'Asie et l'histoire sainte. Histoire grecque. Histoire romaine. Histoire du moyen âge depuis 395 jusqu'à 1453. Histoire moderne.

    Histoire contemporaine, l'histoire du temps présent.

    Histoire interne, histoire externe, voy. INTERNE et EXTERNE.

    La philosophie de l'histoire, les lois générales qui, obtenues par induction de l'étude des événements historiques, servent à en apprécier la marche et à discerner ce qu'ils offrent de régulier d'avec ce qu'ils offrent d'accidentel.

  • 2 Absolument. L'histoire, les ouvrages historiques, les faits rapportés par les historiens. Ceux-là s'abusent qui divisent l'histoire en deux parties, l'utile et le délectable, et, pour cela, y comprennent les louanges, Perrot D'Ablancourt, Lucien, Comment écrire l'histoire. L'histoire ne s'accorde pas avec la poésie qui n'a pour bornes que la fantaisie du poëte, Perrot D'Ablancourt, ib. L'histoire, des grands cœurs la plus chère espérance, Rotrou, St-Gen. I, 4. Son fils prétendait pour cela Qu'on le dût mettre dans l'histoire, La Fontaine, Fabl. VI, 7. Si j'apprenais l'hébreu, les sciences, l'histoire, La Fontaine, ib. VIII, 25. Là [dans l'histoire] notre admirable princesse étudiait les devoirs de ceux dont la vie compose l'histoire ; elle y perdait insensiblement le goût des romans et de leurs fades héros, Bossuet, Duch. d'Orl. C'était le dessein d'avancer dans cette étude de sagesse qui la tenait si attachée à la lecture de l'histoire, qu'on appelle avec raison la sage conseillère des princes, Bossuet, ib. Quand l'histoire serait inutile aux autres hommes, il faudrait la faire lire aux princes… les histoires ne sont composées que des actions qui les occupent, et tout semble y être fait pour leur usage, Bossuet, Hist. préface. Mais un roi vraiment roi, qui, sage en ses projets, Sache en un calme heureux maintenir ses sujets, Qui du bonheur public ait cimenté sa gloire, Il faut pour le trouver courir toute l'histoire, Boileau, Épît. I. Boileau, qui, dans ses vers pleins de sincérité, Jadis à tout son siècle a dit la vérité, Qui mit à tout blâmer son étude et sa gloire, A pourtant de ce roi parlé comme l'histoire, Boileau, ib. II. Oui, sans doute, une ardeur si haute et si constante Vous promet dans l'histoire une place éclatante, Racine, Alex. I, 2. Ces gens lisent toutes les histoires et ignorent l'histoire, La Bruyère, XIII. L'histoire doit avouer les fautes des grands hommes ; ils en ont eux-mêmes donné l'exemple, Fontenelle, Czar Pierre. La partie la plus essentielle de l'histoire, et qui doit le plus intéresser les lecteurs, est celle qui fait connaître le caractère et les mœurs tant des peuples en général, que des grands hommes en particulier dont il y est parlé, et l'on peut dire que c'est là en quelque sorte l'âme de l'histoire, au lieu que les faits n'en sont que le corps, Rollin, Hist. anc. Œuv. t. IV, p. 457, dans POUGENS. Ce n'est pas sans raison que l'histoire a toujours été regardée comme la lumière des temps, la dépositaire des événements, le témoin fidèle de la vérité, la source des bons conseils et de la prudence, la règle de la conduite et des mœurs, Rollin, Traité des Ét. liv. V, av. prop. J'ai toujours pensé que l'histoire demande le même art que la tragédie, une exposition, un nœud, un dénoûment, et qu'il est nécessaire de présenter tellement toutes les figures du tableau, qu'elles fassent valoir le principal personnage, sans affecter jamais l'envie de le faire valoir, Voltaire, Lett. Schouvalof, 17 juill. 1758. Pour bien écrire l'histoire, il faut être dans un pays libre, Voltaire, Lett. Prusse, 22 (27 mai 1737). Quand l'histoire n'est qu'un amas de faits qui n'ont laissé aucune trace, quand elle n'est qu'un tableau confus d'ambitieux en armes tués les uns par les autres, autant vaudrait tenir des registres des combats des bêtes, Voltaire, Polit. et législ. Fragm. hist. sur l'Inde, art. 33. Dans l'histoire, comme dans l'optique, l'éloignement rapproche les objets entre eux, Duclos, Œuvres, t. I, p. 321, dans POUGENS. De la crédule histoire il montre les erreurs, Il peint de tous les temps les esprits et les mœurs, Saint-Lambert, Saisons, hiver. J'ai pour la mission de l'histoire un tel respect, que la crainte d'alléguer un fait inexact me remplit d'une sorte de confusion, Thiers, Avertissement dé l'Histoire du Consulat et de l'Empire.

    Les histoires, les livres d'histoire. Si quelque marque, Alvare, est due à mes victoires, Laissons faire le peuple et parler les histoires, Rotrou, Bélis. I, 1. Quelque haut qu'on puisse remonter pour rechercher dans les histoires les exemples des grandes mutations, Bossuet, Reine d'Angl. Les chrétiens qui s'enfuirent [à l'approche de la ruine de Jérusalem], comme marquent les histoires, Bossuet, Méd. sur l'Évang. Dern. semaine du Sauveur, 85e jour.

    L'histoire de Thucydide, l'histoire composée par Thucydide. Les Histoires, titre d'une portion de l'ouvrage historique de Tacite, l'autre étant intitulée Annales.

    On l'emploie souvent par une sorte de personnification. Interroger l'histoire. Le témoignage de l'histoire. Les fastes de l'histoire. Le burin de l'histoire.

    Il se dit absolument par opposition à la Fable, aux fictions. La Fable et l'histoire. L'histoire est le récit des faits donnés pour vrais, au contraire de la Fable qui est le récit des faits donnés pour faux, Voltaire, Dict. phil. Histoire, 1.

    Familièrement. À ce que dit l'histoire, ou, simplement, dit l'histoire, à ce que l'on raconte. Rossinante, la fleur des coursiers d'Ibérie, Qui, trottant nuit et jour et par monts et par vaux, Galopa, dit l'histoire, une fois en sa vie, Boileau, Poés. div. XX.

    Le tribunal de l'histoire, le jugement que l'histoire porte sur les hommes et leurs actions.

    Tribunal d'histoire ou des historiens, tribunal institué chez les Chinois et chargé de recueillir les actions et les discours des empereurs, des princes et des grands.

  • 3Peintre d'histoire, celui qui représente quelque action mémorable, fournie soit par l'histoire, soit par la Fable, la poésie ou les romans, soit par l'imagination même du peintre.

    On dit dans le même sens : peindre l'histoire ; un tableau d'histoire ; un sujet d'histoire.

  • 4Récit d'actions, d'événements que l'on compare aux actions, aux événements de l'histoire. Et de cette victoire Apprends-moi plus au long la véritable histoire, Corneille, Cid, IV, 3. Ignorez-vous encor la moitié de l'histoire [du combat des Horaces et des Curiaces] ? Corneille, Hor. IV, 2. Au lieu de l'histoire d'une belle vie, nous sommes réduits à faire l'histoire d'une admirable mais triste mort, Bossuet, Duch. d'Orl. Je m'arrête à considérer les vertus de Philippe, et ne songe pas que je vous dois l'histoire des malheurs d'Henriette, Bossuet, Reine d'Anglet. Viens-je faire ici l'histoire sanglante des combats de M. de Montausier ? Fléchier, Duc de Mont. …Cousin des quatre fils Aimon Dont tu lis quelquefois la merveilleuse histoire, Boileau, Épît. X. Servons tous trois d'exemple à l'univers De l'amour la plus tendre et la plus malheureuse Dont il puisse garder l'histoire douloureuse, Racine, Bérén. V, 7. Mais vous savez trop bien l'histoire de ma vie, Racine, Mithr. III, 1. Peut-on de nos malheurs leur dérober l'histoire ? Racine, Ath. II, 7. Télémaque lui fit l'histoire de son départ de Tyr, Fénelon, Tél. VIII. Ils nous racontent l'histoire de leur vie ; mais ils ignorent celle de leur cœur, Massillon, Carême, Confess.

    Fig. Ne proposant cet écrit [Discours de la Méthode] que comme une histoire ou, si vous l'aimez mieux, comme une fable, en laquelle, parmi quelques exemples qu'on peut imiter, on en trouvera peut-être aussi plusieurs autres qu'on aura raison de ne pas suivre, j'espère qu'il sera utile à quelques-uns sans être nuisible à personne, et que tous me sauront gré de ma franchise, Descartes, Méth. I, 5.

    Ce n'est pas le plus bel endroit de son histoire, le plus beau de son histoire, c'est-à-dire ce fait, cette action n'est pas ce qu'il y a de plus honorable pour lui.

    Ce n'est pas le plus beau de son histoire, signifie aussi : ce n'est pas ce qu'il y a de plus avantageux, de plus agréable pour lui.

    Le plus beau de l'histoire, le fait le plus remarquable, le plus singulier d'un récit, d'une aventure.

    Familièrement. Je sais bien son histoire, c'est-à-dire c'est un homme dont je connais toute la vie.

    C'est mon histoire que vous contez là, voilà mon histoire, il m'en est arrivé tout autant.

    Cet homme a fini misérablement, c'est l'histoire de tous les joueurs, c'est-à-dire il en arrive autant à tous les joueurs.

    C'est toute une histoire, se dit d'un récit qui sera long.

    Familièrement. C'est une autre histoire, ou, elliptiquement, autre histoire, c'est-à-dire il ne s'agit pas de cela.

    Voilà bien une autre histoire, c'est-à-dire voilà un nouvel embarras, un nouvel incident. Secondement, voici bien une autre histoire : la pièce de l'avocat du Roncel a été lue aux comédiens, qui en ont été émerveillés et qui l'ont reçue avec acclamation, Voltaire, Lett. Vesselier, 28 mars 1772.

  • 5Récit de quelque aventure particulière. Une plaisante histoire. Une histoire mémorable. Les histoires du quartier. Et je ne vous les apprendrai [les maximes des casuistes] qu'à la charge que vous ne me ferez plus d'histoires, Pascal, Prov. 6. Un souvenir fâcheux apporte en mon esprit Ces histoires de morts lamentables, tragiques, Dont Paris tous les ans peut grossir ses chroniques, Boileau, Sat. X. Il tombe ensuite en des parenthèses, qui peuvent passer pour épisodes, mais qui font oublier le gros de l'histoire et à lui qui vous parle, et à vous qui le supportez, La Bruyère, V. Nous venons de faire un empereur, et, pour ma part, je n'y ai pas nui : voici l'histoire, Courier, Lett. I, 60.

    L'histoire du jour, le récit des événements de chaque jour, et, particulièrement, des petits événements qui se passent dans le beau monde. Il n'y a certainement d'agréable et d'utile que l'histoire du jour ; toutes les histoires anciennes, comme le disait un de nos beaux esprits, ne sont que des fables convenues, Voltaire, Jeannot et Colin.

  • 6Il se dit des ouvrages dans lesquels on raconte le développement des lettres, des sciences, des arts, etc. L'histoire des mathématiques, de la médecine, de la peinture. L'histoire des arts [mécaniques] peut être la plus utile de toutes, quand elle joint à la connaissance de l'invention et du progrès des arts la description de leur mécanisme, Voltaire, Dict. phil. Histoire, 1.

    Histoire littéraire, tableau ou annales de la littérature.

  • 7Récit mensonger. C'est une histoire. Ce sont des histoires. Oui ! oui ! vous nous contez une plaisante histoire ! Molière, Tart. II, 2. Une histoire à plaisir, un conte dont Lélie A voulu détourner notre achat de Célie, Molière, Ét. III, 2. On vous a fait une histoire, Genlis, Théât. d'éduc. Ennemis génér. I, 5.

    Elliptiquement. Histoire que tout cela, c'est-à-dire tout cela est controuvé.

  • 8 Fig. et familièrement. Affaire, chose dont on s'occupe. Ne parlez point, vous gâteriez l'histoire, La Fontaine, Rich.

    Voilà bien des histoires, c'est-à-dire voilà bien des façons, des difficultés.

    On dit dans le même sens : Que d'histoires !

    Familièrement. Cela a fait une belle histoire, c'est-à-dire a excité beaucoup de rumeur, de colère, de scandale, etc. Cette chanson qui fit une si belle histoire, Gresset, Méchant, I, 1.

  • 9 Fig. Analyse, étude. L'histoire de l'esprit humain. De ces particularités [sur le monde] elle [l'âme] compose l'histoire de la nature, dont les faits sont toutes les choses qui frappent nos sens, Bossuet, Conn. III, 8. Oui, mes frères, outre l'histoire extérieure de nos mœurs qui sera toute rappelée [lors du jugement dernier], ce qui nous surprendra le plus, ce sera l'histoire secrète de notre cœur qui se déploiera alors tout entière à nos yeux, Massillon, Avent, Jugem. univ. Ce que nous prenons pour l'histoire de la nature, n'est que l'histoire très incomplète d'un instant, Diderot, Interprét. de la nat. 1re question.
  • 10 Fig. Description des choses naturelles. L'histoire des plantes, des minéraux, des animaux. La perdrix blanche, dont nous avons donné l'histoire sous le nom de lagopède, Buffon, Ois. t. IV, p. 171.

    Absolument. Histoire naturelle, science d'application qui étudie les diverses parties de chacun des corps existants à la surface et dans l'intérieur de la terre, organisés ou non organisés. Cours, cabinet d'histoire naturelle. L'histoire naturelle est la meilleure logique, parce qu'elle est la science qui perfectionne le plus l'esprit et lui enseigne le mieux à suspendre ses jugements, Bonnet, 1re lett. Hist. nat.

  • 11Dans le langage le plus familier, il se dit pour un objet quelconque qu'on ne peut ou ne veut pas nommer. Montrez-moi cette histoire. Elle est tombée si malheureusement qu'on a vu toute son histoire.

HISTORIQUE

XIIe s. Cil qui volent [veulent] savoir l'estoire, Machab. II, 2. Là troverez en istoire lisant…, Ronc. p. 68. Por remembrer des ancessours [ancêtres] Li fez e li diz e li mours [mœurs], Deit l'en li livres e li gestes E li estoires lire as festes, Wace, Rou, V. 1.

XIIIe s. Les armes e chivalerie Del tut despit il e ublie, Des hestoires n'enquert, ne n'ot [n'ouït], Ne d'ancienne geste un mot, Édouard le confesseur, V. 4495. Estoire est raconter les anciennes choses qui ont esté veraiement, mais eles furent devant nostre tens loing de nostre memoire, Latini, Trésor, p. 518. Cil qui ceste estoire traita ne sait se ce fut à tort ou a droit ; mais il en oï blasmer un chevalier qui Ansiaus de Remi avait nom, Villehardouin, CLXXIV. Que le livre as ystoires [il] me montra, où je vi…, Berte, I. Si ot portraites à orfrois [broderies] Estoires de dus [ducs] et de rois, la Rose, 1067.

XIVe s. Les hystoires dient que Milon mongoit un beuf en un jour, Oresme, Eth. 44.

XVIe s. Près de la porte y avoit une histoire [tableau], Où y avoit maincts riches personnages, Qui demostroit de Genes la victoire, Marot, J. V, 35. Non seulement esdites enseignes, mais aux esguieres, salieres, et toutes autres especes de vaisseaux, et autres histoires, lesquelles ils se sont advisez de faire [les émailleurs]. - On donnoit pour deux liards chacune desdites histoires [images imprimées de N. D.] , combien que la pourtraiture fut d'une belle invention, Palissy, 308. Jean de Gourmont tailleur d'histoires [sculpteur], Paré, XVIII, 94.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

HISTOIRE. Ajoutez :
12 Populairement, histoire de, se dit dans le sens de : afin de, pour. Jouons aux dominos, histoire de passer le temps. Je lui ai fait une farce, histoire de rire.
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Encyclopédie, 1re édition (1751)

HISTOIRE, s. f. c’est le récit des faits donnés pour vrais ; au contraire de la fable, qui est le récit des faits donnés pour faux.

Il y a l’histoire des opinions, qui n’est guère que le recueil des erreurs humaines ; l’histoire des Arts, peut-être la plus utile de toutes, quand elle joint à la connoissance de l’invention & du progrès des Arts, la description de leur méchanisme ; l’Histoire naturelle, improprement dite histoire, & qui est une partie essentielle de la Physique.

L’histoire des événemens se divise en sacrée & profane. L’histoire sacrée est une suite des opérations divines & miraculeuses, par lesquelles il a plû à Dieu de conduire autrefois la nation juive, & d’exercer aujourd’hui notre foi. Je ne toucherai point à cette matiere respectable.

Les premiers fondemens de toute Histoire sont les récits des peres aux enfans, transmis ensuite d’une génération à une autre ; ils ne sont que probables dans leur origine, & perdent un degré de probabilité à chaque génération. Avec le tems, la fable se grossit, & la vérité se perd : de-là vient que toutes les origines des peuples sont absurdes. Ainsi les Egyptiens avoient été gouvernés par les dieux pendant beaucoup de siecles ; ils l’avoient été ensuite par des demi-dieux ; enfin ils avoient eu des rois pendant onze mille trois cens quarante ans : & le soleil, dans cet espace de tems, avoit changé quatre fois d’orient & de couchant.

Les Phéniciens prétendoient être établis dans leur pays depuis trente mille ans ; & ces trente mille ans étoient remplis d’autant de prodiges que la chronologie égyptienne. On sait quel merveilleux ridicule regne dans l’ancienne histoire des Grecs. Les Romains, tout sérieux qu’ils étoient, n’ont pas moins enveloppé de fables l’histoire de leurs premiers siecles. Ce peuple si récent, en comparaison des nations asiatiques, a été cinq cens années sans historiens. Ainsi il n’est pas surprenant que Romulus ait été le fils de Mars ; qu’une louve ait été sa nourrice ; qu’il ait marché avec vingt mille hommes de son village de Rome, contre vingt-cinq mille combattans du village des Sabins ; qu’ensuite il soit devenu dieu : que Tarquin l’ancien ait coupé une pierre avec un rasoir ; & qu’une vestale ait tiré à terre un vaisseau avec sa ceinture, &c.

Les premieres annales de toutes nos nations modernes ne sont pas moins fabuleuses : les choses prodigieuses & improbables doivent être rapportées, mais comme des preuves de la crédulité humaine ; elles entrent dans l’histoire des opinions.

Pour connoître avec certitude quelque chose de l’histoire ancienne, il n’y a qu’un seul moyen, c’est de voir s’il reste quelques monumens incontestables ; nous n’en avons que trois par écrit : le premier est le recueil des observations astronomiques faites pendant dix-neuf cens ans de suite à Babylone, envoyées par Alexandre en Grece, & employées dans l’almageste de Ptolomée. Cette suite d’observations, qui remonte à deux mille deux cens trente-quatre ans avant notre ere vulgaire, prouve invinciblement que les Babyloniens existoient en corps de peuple plusieurs siecles auparavant : car les Arts ne sont que l’ouvrage du tems ; & la paresse naturelle aux hommes les laisse des milliers d’années sans autres connoissances & sans autres talens que ceux de se nourrir, de se défendre des injures de l’air, & de s’égorger. Qu’on en juge par les Germains & par les Anglois du tems de César, par les Tartares d’aujourd’hui, par la moitié de l’Afrique, & par tous les peuples que nous avons trouvés dans l’Amérique, en exceptant à quelques égards les royaumes du Pérou & du Mexique, & la république de Tlascala.

Le second monument est l’éclipse centrale du soleil, calculée à la Chine deux mille cent cinquante-cinq ans, avant notre ere vulgaire, & reconnue véritable par tous nos Astronomes. Il faut dire la même chose des Chinois que des peuples de Babylone ; ils composoient déjà sans doute un vaste empire policé. Mais ce qui met les Chinois au-dessus de tous les peuples de la terre, c’est que ni leurs loix, ni leurs mœurs, ni la langue que parlent chez eux les lettrés, n’ont pas changé depuis environ quatre mille ans. Cependant cette nation, la plus ancienne de tous les peuples qui subsistent aujourd’hui, celle qui a possédé le plus vaste & le plus beau pays, celle qui a inventé presque tous les Arts avant que nous en eussions appris quelques-uns, a toûjours été omise, jusqu’à nos jours, dans nos prétendues histoires universelles : & quand un espagnol & un françois faisoient le dénombrement des nations, ni l’un ni l’autre ne manquoit d’appeller son pays la premiere monarchie du monde.

Le troisieme monument, fort inférieur aux deux autres, subsiste dans les marbres d’Arondel : la chronique d’Athenes y est gravée deux cens soixante-trois ans avant notre ere ; mais elle ne remonte que jusqu’à Cécrops, treize cens dix-neuf ans au-delà du tems où elle fut gravée. Voilà dans l’histoire de toute l’antiquité, les seules connoissances incontestables que nous ayons.

Il n’est pas étonnant qu’on n’ait point d’histoire ancienne profane au-delà d’environ trois mille années. Les révolutions de ce globe, la longue & universelle ignorance de cet art qui transmet les faits par l’écriture, en sont cause : il y a encore plusieurs peuples qui n’en ont aucun usage. Cet art ne fut commun que chez un très-petit nombre de nations policées, & encore étoit-il en très-peu de mains. Rien de plus rare chez les François & chez les Germains, que de savoir écrire jusqu’aux treizieme & quatorzieme siecles : presque tous les actes n’étoient attestés que par témoins. Ce ne fut en France que sous Charles VII. en 1454 qu’on rédigea par écrit les coûtumes de France. L’art d’écrire étoit encore plus rare chez les Espagnols, & delà vient que leur histoire est si seche & si incertaine, jusqu’au tems de Ferdinand & d’Isabelle. On voit par-là combien le très-petit nombre d’hommes qui savoient écrire pouvoient en imposer.

Il y a des nations qui ont subjugué une partie de la terre sans avoir l’usage des caracteres. Nous savons que Gengis-Kan conquit une partie de l’Asie au commencement du treizieme siecle ; mais ce n’est ni par lui, ni par les Tartares que nous le savons. Leur histoire écrite par les Chinois, & traduite par le pere Gaubil, dit que ces Tartares n’avoient point l’art d’écrire.

Il ne dut pas être moins inconnu au scythe Ogus-Kan, nommé Madies par les Persans & par les Grecs, qui conquit une partie de l’Europe & de l’Asie, si long-tems avant le regne de Cyrus.

Il est presque sûr qu’alors sur cent nations il y en avoit à peine deux qui usassent de caracteres.

Il reste des monumens d’une autre espece, qui servent à constater seulement l’antiquité reculée de certains peuples qui précedent toutes les époques connues & tous les livres ; ce sont les prodiges d’Architecture, comme les pyramides & les palais d’Egypte, qui ont résisté au tems. Hérodote qui vivoit il y a deux mille deux cens ans, & qui les avoit vûs, n’avoit pû apprendre des prêtres égyptiens dans quel tems on les avoit élevés.

Il est difficile de donner à la plus ancienne des pyramides moins de quatre mille ans d’antiquité ; mais il faut considérer que ces efforts de l’ostentation des rois n’ont pû être commencés que long-tems après l’établissement des villes. Mais pour bâtir des villes dans un pays inondé tous les ans, il avoit fallu d’abord relever le terrein, fonder les villes sur des pilotis dans ce terrein de vase, & les rendre inaccessibles à l’inondation : il avoit fallu, avant de prendre ce parti nécessaire, & avant d’être en état de tenter ces grands travaux, que les peuples se fussent pratiqués des retraites pendant la crue du Nil, au milieu des rochers qui forment deux chaînes à droite & à gauche de ce fleuve. Il avoit fallu que ces peuples rassemblés eussent les instrumens du labourage, ceux de l’Architecture, une grande connoissance de l’Arpentage, avec des lois & une police : tout cela demande nécessairement un espace de tems prodigieux. Nous voyons par les longs détails qui retardent tous les jours nos entreprises les plus nécessaires & les plus petites, combien il est difficile de faire de grandes choses, & qu’il faut non seulement une opiniâtreté infatigable, mais plusieurs générations animées de cette opiniâtreté.

Cependant que ce soit Ménès ou Thot, ou Chéops, ou Ramessès, qui aient élevé une ou deux de ces prodigieuses masses, nous n’en serons pas instruits de l’histoire de l’ancienne Egypte : la langue de ce peuple est perdue. Nous ne savons donc autre chose sinon qu’avant les plus anciens historiens, il y avoit de quoi faire une histoire ancienne.

Celle que nous nommons ancienne, & qui est en effet récente, ne remonte guere qu’à trois mille ans : nous n’avons avant ce tems que quelques probabilités : deux seuls livres profanes ont conservé ces probabilités ; la chronique chinoise, & l’histoire d’Hérodote. Les anciennes chroniques chinoises ne regardent que cet empire séparé du reste du monde. Hérodote, plus intéressant pour nous, parle de la terre alors connue ; il enchanta les Grecs en leur récitant les neuf livres de son histoire, par la nouveauté de cette entreprise & par le charme de sa diction, & sur-tout par les fables. Presque tout ce qu’il raconte sur la foi des étrangers est fabuleux : mais tout ce qu’il a vû est vrai. On apprend de lui, par exemple, quelle extrême opulence & quelle splendeur régnoit dans l’Asie mineure, aujourd’hui pauvre & dépeuplée. Il a vû à Delphes les présens d’or prodigieux que les rois de Lydie avoient envoyés à Delphes, & il parle à des auditeurs qui connoissoient Delphes comme lui. Or quel espace de tems a dû s’écouler avant que des rois de Lydie eussent pû amasser assez de trésors superflus pour faire des présens si considérables à un temple étranger !

Mais quand Hérodote rapporte les contes qu’il a entendus, son livre n’est plus qu’un roman qui ressemble aux fables millésiennes. C’est un Candaule qui montre sa femme toute nue à son ami Gigès ; c’est cette femme, qui par modestie, ne laisse à Gigès que le choix de tuer son mari, d’épouser la veuve, ou de périr. C’est un oracle de Delphes qui dévine que dans le même tems qu’il parle, Crésus à cent lieues de là, fait cuire une tortue dans un plat d’airain. Rollin qui répete tous les contes de cette espece, admire la science de l’oracle, & la véracité d’Apollon, ainsi que la pudeur de la femme du roi Candaule ; & à ce sujet, il propose à la police d’empêcher les jeunes gens de se baigner dans la riviere. Le tems est si cher, & l’histoire si immense, qu’il faut épargner aux lecteurs de telles fables & de telles moralités.

L’histoire de Cyrus est toute défigurée par des traditions fabuleuses. Il y a grande apparence que ce Kiro, qu’on nomme Cyrus, à la tête des peuples guerriers d’Elam, conquit en effet Babylone amollie par les délices. Mais on ne sait pas seulement quel roi régnoit alors à Babilone ; les uns disent Baltazar, les autres Anabot. Hérodote fait tuer Cyrus dans une expédition contre les Massagettes. Xénophon dans son roman moral & politique, le fait mourir dans son lit.

On ne sait autre chose dans ces ténebres de l’histoire, sinon qu’il y avoit depuis très-longtems de vastes empires, & des tyrans dont la puissance étoit fondée sur la misere publique ; que la tyrannie étoit parvenue jusqu’à dépouiller les hommes de leur virilité, pour s’en servir à d’infames plaisirs au sortir de l’enfance, & pour les employer dans leur vieillesse à la garde des femmes ; que la superstition gouvernoit les hommes ; qu’un songe étoit regardé comme un avis du ciel, & qu’il décidoit de la paix & de la guerre, &c.

A mesure qu’Hérodote dans son histoire se rapproche de son tems, il est mieux instruit & plus vrai. Il faut avouer que l’histoire ne commence pour nous qu’aux entreprises des Perses contre les Grecs. On ne trouve avant ces grands événemens que quelques récits vagues, enveloppés de contes puériles. Hérodote devient le modele des historiens, quand il décrit ces prodigieux préparatifs de Xerxès pour aller subjuguer la Grece, & ensuite l’Europe. Il le mene, suivi de près de deux millions de soldats, depuis Suze jusqu’à Athènes. Il nous apprend comment étoient armés tant de peuples différens que ce monarque traînoit après lui : aucun n’est oublié, du fond de l’Arabie & de l’Egypte, jusqu’au delà de la Bactriane & de l’extrémité septentrionale de la mer Caspienne, pays alors habité par des peuples puissans, & aujourd’hui par des Tartares vagabonds. Toutes les nations, depuis le Bosphore de Thrace jusqu’au Gange, sont sous ses étendards. On voit avec étonnement que ce prince possédoit autant de terrein qu’en eut l’empire romain ; il avoit tout ce qui appartient aujourd’hui au grand mogol en-deçà du Gange ; toute la Perse, tout le pays des Usbecs, tout l’empire des Turcs, si vous en exceptez la Romanie ; mais en récompense il possédoit l’Arabie. On voit par l’étendue de ses états quel est le tort des déclamateurs en vers & en prose, de traiter de fou Alexandre, vengeur de la Grece, pour avoir subjugué l’empire de l’ennemi des Grecs. Il n’alla en Egypte, à Tyr & dans l’Inde, que parce qu’il le devoit, & que Tyr, l’Egypte & l’Inde appartenoient à la domination qui avoit dévasté la Grece.

Hérodote eut le même mérite qu’Homere ; il fut le premier historien comme Homere le premier poëte épique ; & tous deux saisirent les beautés propres d’un art inconnu avant eux. C’est un spectacle admirable dans Hérodote que cet empereur de l’Asie & de l’Afrique, qui fait passer son armée immense sur un pont de bateau d’Asie en Europe, qui prend la Thrace, la Macédoine, la Thessalie, l’Achaie supérieure, & qui entre dans Athènes abandonnée & deserte. On ne s’attend point que les Athéniens sans ville, sans territoire, refugiés sur leurs vaisseaux avec quelques autres Grecs, mettront en fuite la nombreuse flote du grand roi, qu’ils rentreront chez eux en vainqueurs, qu’ils forceront Xerxès à ramener ignominieusement les débris de son armée, & qu’ensuite ils lui défendront par un traité, de naviger sur leurs mers. Cette supériorité d’un petit peuple généreux & libre, sur toute l’Asie esclave, est peut-être ce qu’il y a de plus glorieux chez les hommes. On apprend aussi par cet événement, que les peuples de l’Occident ont toujours été meilleurs marins que les peuples asiatiques. Quand on lit l’histoire moderne, la victoire de Lépante fait souvenir de celle de Salamine, & on compare dom Juan d’Autriche & Colone, à Thémistocle & à Euribiades. Voilà peut-être le seul fruit qu’on peut tirer de la connoissance de ces tems reculés.

Thucydide, successeur d’Hérodote, se borne à nous détailler l’histoire de la guerre du Péloponnèse, pays qui n’est pas plus grand qu’une province de France ou d’Allemagne, mais qui a produit des hommes en tout genre dignes d’une réputation immortelle : & comme si la guerre civile, le plus horrible des fléaux, ajoutoit un nouveau feu & de nouveaux ressorts à l’esprit humain, c’est dans ce tems que tous les arts florissoient en Grece. C’est ainsi qu’ils commencent à se perfectionner ensuite à Rome dans d’autres guerres civiles du tems de César, & qu’ils renaissent encore dans notre xv. & xvj. siecle de l’ere vulgaire, parmi les troubles de l’Italie.

Après cette guerre du Péloponnèse, décrite par Thucydide, vient le tems célebre d’Alexandre, prince digne d’être élevé par Aristote, qui fonde beaucoup plus de villes que les autres n’en ont détruit, & qui change le commerce de l’Univers. De son tems, & de celui de ses successeurs, florissoit Carthage ; & la république romaine commençoit à fixer sur elle les regards des nations. Tout le reste est enseveli dans la Barbarie : les Celtes, les Germains, tous les peuples du Nord sont inconnus.

L’histoire de l’empire romain est ce qui mérite le plus notre attention, parce que les Romains ont été nos maîtres & nos législateurs. Leurs loix sont encore en vigueur dans la plûpart de nos provinces : leur langue se parle encore, & longtems après leur chûte, elle a été la seule langue dans laquelle on rédigeât les actes publics en Italie, en Allemagne, en Espagne, en France, en Angleterre, en Pologne.

Au démembrement de l’empire romain en Occident, commence un nouvel ordre de choses, & c’est ce qu’on appelle l’histoire du moyen âge ; histoire barbare de peuples barbares, qui devenus chrétiens, n’en deviennent pas meilleurs.

Pendant que l’Europe est ainsi boulversée, on voit paroître au vij. siecle les Arabes, jusques-là renfermés dans leurs deserts. Ils étendent leur puissance & leur domination dans la haute Asie, dans l’Afrique, & envahissent l’Espagne ; les Turcs leur succedent, & établissent le siége de leur empire à Constantinople, au milieu du xv. siecle.

C’est sur la fin de ce siecle qu’un nouveau monde est découvert ; & bientôt après la politique de l’Europe & les arts prennent une forme nouvelle. L’art de l’Imprimerie, & la restauration des sciences, font qu’enfin on a des histoires assez fideles, au lieu des chroniques ridicules renfermées dans les cloîtres depuis Grégoire de Tours. Chaque nation dans l’Europe a bientôt ses historiens. L’ancienne indigence se tourne en superflu : il n’est point de ville qui ne veuille avoir son histoire particuliere. On est accablé sous le poids des minuties. Un homme qui veut s’instruire est obligé de s’en tenir au fil des grands événemens, & d’écarter tous les petits faits particuliers qui viennent à la traverse ; il saisit dans la multitude des révolutions, l’esprit des tems & les mœurs des peuples. Il faut sur-tout s’attacher à l’histoire de sa patrie, l’étudier, la posséder, réserver pour elle les détails, & jetter une vue plus générale sur les autres nations. Leur histoire n’est intéressante que par les rapports qu’elles ont avec nous, ou par les grandes choses qu’elles ont faites ; les premiers âges depuis la chûte de l’empire romain, ne sont, comme on l’a remarqué ailleurs, que des avantures barbares, sous des noms barbares, excepté le tems de Charlemagne. L’Angleterre reste presque isolée jusqu’au regne d’Edouard III. le Nord est sauvage jusqu’au xvj. siecle ; l’Allemagne est longtems une anarchie. Les querelles des empereurs & des papes desolent 600 ans l’Italie, & il est difficile d’appercevoir la vérité à-travers les passions des écrivains peu instruits, qui ont donné les chroniques informes de ces tems malheureux. La monarchie d’Espagne n’a qu’un événement sous les rois Visigoths ; & cet événement est celui de sa destruction. Tout est confusion jusqu’au regne d’Isabelle & de Ferdinand. La France jusqu’à Louis XI. est en proie à des malheurs obscurs sous un gouvernement sans regle. Daniel a beau prétendre que les premiers tems de la France sont plus intéressans que ceux de Rome : il ne s’apperçoit pas que les commencemens d’un si vaste empire sont d’autant plus intéressans qu’ils sont plus foibles, & qu’on aime à voir la petite source d’un torrent qui a inondé la moitié de la terre.

Pour pénétrer dans le labyrinthe ténébreux du moyen âge, il faut le secours des archives, & on n’en a presque point. Quelques anciens couvens ont conservé des chartres, des diplomes, qui contiennent des donations, dont l’autorité est quelquefois contestée ; ce n’est pas là un recueil où l’on puisse s’éclairer sur l’histoire politique, & sur le droit public de l’Europe. L’Angleterre est, de tous les pays, celui qui a sans contredit, les archives les plus anciennes & les plus suivies. Ces actes recueillis par Rimer, sous les auspices de la reine Anne, commencent avec le xij. siecle, & sont continués sans interruption jusqu’à nos jours. Ils répandent une grande lumiere sur l’histoire de France. Ils font voir par exemple, que la Guienne appartenoit aux Anglois en souveraineté absolue, quand le roi de France Charles V. la confisqua par un arrêt, & s’en empara par les armes. On y apprend quelles sommes considérables, & quelle espece de tribut paya Louis XI. au roi Edouard IV. qu’il pouvoit combattre ; & combien d’argent la reine Elisabeth prêta à Henri le Grand, pour l’aider à monter sur son thrône, &c.

De l’utilité de l’Histoire. Cet avantage consiste dans la comparaison qu’un homme d’état, un citoyen peut faire des loix & des mœurs étrangeres avec celles de son pays : c’est ce qui excite les nations modernes à enchérir les unes sur les autres dans les arts, dans le commerce, dans l’Agriculture. Les grandes fautes passées servent beaucoup en tout genre. On ne sauroit trop remettre devant les yeux les crimes & les malheurs causés par des querelles absurdes. Il est certain qu’à force de renouveller la mémoire de ces querelles, on les empêche de renaître.

C’est pour avoir lû les détails des batailles de Creci, de Poitiers, d’Azincourt, de Saint-Quentin, de Gravelines, &c. que le célebre maréchal de Saxe se déterminoit à chercher, autant qu’il pouvoit, ce qu’il appelloit des affaires de poste.

Les exemples font un grand effet sur l’esprit d’un prince qui lit avec attention. Il verra qu’Henri IV. n’entreprenoit sa grande guerre, qui devoit changer le système de l’Europe, qu’après s’être assez assuré du nerf de la guerre, pour la pouvoir soutenir plusieurs années sans aucun secours de finances.

Il verra que la reine Elisabeth, par les seules ressources du commerce & d’une sage économie, résista au puissant Philippe II. & que de cent vaisseaux qu’elle mit en mer contre la flotte invincible, les trois quarts étoient fournis par les villes commerçantes d’Angleterre.

La France non entamée sous Louis XIV. après neuf ans de la guerre la plus malheureuse, montrera évidemment l’utilité des places frontieres qu’il construisit. En vain l’auteur des causes de la chûte de l’empire romain blâme-t-il Justinien, d’avoir eu la même politique que Louis XIV. Il ne devoit blâmer que les empereurs qui négligerent ces places frontieres, & qui ouvrirent les portes de l’empire aux Barbares.

Enfin la grande utilité de l’histoire moderne, & l’avantage qu’elle a sur l’ancienne, est d’apprendre à tous les potentats, que depuis le xv. siecle on s’est toujours réuni contre une puissance trop prépondérante. Ce système d’équilibre a toujours été inconnu des anciens, & c’est la raison des succès du peuple romain, qui ayant formé une milice supérieure à celle des autres peuples, les subjugua l’un après l’autre, du Tibre jusqu’à l’Euphrate.

De la certitude de l’Histoire. Toute certitude qui n’est pas démonstration mathématique, n’est qu’une extrème probabilité. Il n’y a pas d’autre certitude historique.

Quand Marc Paul parla le premier, mais le seul, de la grandeur & de la population de la Chine, il ne fut pas crû, & il ne put exiger de croyance. Les Portugais qui entrerent dans ce vaste empire plusieurs siecles après, commencerent à rendre la chose probable. Elle est aujourd’hui certaine, de cette certitude qui naît de la disposition unanime de mille témoins oculaires de différentes nations, sans que personne ait réclamé contre leur témoignage.

Si deux ou trois historiens seulement avoient écrit l’avanture du roi Charles XII. qui s’obstinant à rester dans les états du sultan son bienfaiteur, malgré lui, se battit avec ses domestiques contre une armée de janissaires & de Tartares, j’aurois suspendu mon jugement ; mais ayant parlé à plusieurs témoins oculaires, & n’ayant jamais entendu révoquer cette action en doute, il a bien fallu la croire, parce qu’après tout, si elle n’est ni sage, ni ordinaire, elle n’est contraire ni aux loix de la nature, ni au caractere du héros.

L’histoire de l’homme au masque de fer auroit passé dans mon esprit pour un roman, si je ne la tenois que du gendre du chirurgien, qui eut soin de cet homme dans sa derniere maladie. Mais l’officier qui le gardoit alors, m’ayant aussi attesté le fait, & tous ceux qui devoient en être instruits me l’ayant confirmé, & les enfans des ministres d’état, dépositaires de ce secret, qui vivent encore, en étant instruits comme moi, j’ai donné à cette histoire un grand dégré de probabilité, dégré pourtant au-dessous de celui qui fait croire l’affaire de Bender, parce que l’avanture de Bender a eu plus de témoins que celle de l’homme au masque de fer.

Ce qui répugne au cours ordinaire de la nature ne doit point être cru, à moins qu’il ne soit attesté par des hommes animés de l’esprit divin. Voilà pourquoi à l’article Certitude de ce Dictionnaire, c’est un grand paradoxe de dire qu’on devroit croire aussi bien tout Paris qui affirmeroit avoir vû résusciter un mort, qu’on croit tout Paris quand il dit qu’on a gagné la bataille de Fontenoy. Il paroît évident que le témoignage de tout Paris sur une chose improbable, ne sauroit être égal au témoignage de tout Paris sur une chose probable. Ce sont là les premieres notions de la saine Métaphysique. Ce Dictionnaire est consacré à la vérité ; un article doit corriger l’autre ; & s’il se trouve ici quelque erreur, elle doit être relevée par un homme plus éclairé.

Incertitude de l’Histoire. On a distingué les tems en fabuleux & historiques. Mais les tems historiques auroient dû être distingués eux-mêmes en vérités & en fables. Je ne parle pas ici des fables reconnues aujourd’hui pour telles ; il n’est pas question, par exemple, des prodiges dont Tite-Live a embelli ou gâté son histoire. Mais dans les faits les plus reçus que de raisons de douter ? Qu’on fasse attention que la république romaine a été cinq cens ans sans historiens, & que Tite-Live lui-même déplore la perte des annales des pontifes & des autres monumens qui périrent presque tous dans l’incendie de Rome, pleraque interiere ; qu’on songe que dans les trois cens premieres années, l’art d’écrire étoit très-rare, raræ per eadem tempora litteræ. Il sera permis alors de douter de tous les événemens qui ne sont pas dans l’ordre ordinaire des choses humaines. Sera-t-il bien probable que Romulus, le petit-fils du roi des Sabins, aura été forcé d’enlever des Sabines pour avoir des femmes. L’histoire de Lucrece sera-t-elle bien vraissemblable ? croira-t-on aisément sur la foi de Tite-Live, que le roi Porsenna s’enfuit plein d’admiration pour les Romains, parce qu’un fanatique avoit voulu l’assassiner ? Ne sera-t-on pas porté au contraire, à croire Polybe, antérieur à Tite-Live de deux cens années, qui dit que Porsenna subjugua les Romains. L’avanture de Regulus, enfermé par les Carthaginois dans un tonneau garni de pointes de fer, merite-t-elle qu’on la croie ? Polybe contemporain n’en auroit-il pas parlé, si elle avoit été vraie ? il n’en dit pas un mot. N’est-ce pas une grande présomption que ce conte ne fut inventé que long-tems après pour rendre les Carthaginois odieux ? Ouvrez le dictionnaire de Moréri à l’article Régulus, il vous assure que le supplice de ce Romain est rapporté dans Tite-Live. Cependant la Décade où Tite-Live auroit pû en parler est perdue ; on n’a que le supplément de Freinsemius, & il se trouve que ce dictionnaire n’a cité qu’un allemand du xvij. siecle, croyant citer un romain du tems d’Auguste. On feroit des volumes immenses de tous les faits célebres & reçus, dont il faut douter. Mais les bornes de cet article ne permettent pas de s’étendre.

Les monumens, les cérémonies annuelles, les médailles mêmes, sont-elles des preuves historiques ? On est naturellement porté à croire qu’un monument érigé par une nation pour célébrer un évenement, en atteste la certitude. Cependant, si ces monumens n’ont pas été élevés par des contemporains ; s’ils célebrent quelques faits peu vraissemblables, prouvent-ils autre chose, sinon qu’on a voulu consacrer une opinion populaire ?

La colonne rostrale érigée dans Rome par les contemporains de Duillius, est sans doute une preuve de la victoire navale de Duillius. Mais la statue de l’augure Navius, qui coupoit un caillou avec un rasoir, prouvoit-elle que Navius avoit opéré ce prodige ? Les statues de Cérès & de Triptolème, dans Athènes, étoient-elles des témoignages incontestables que Cérès eût enseigné l’Agriculture aux Athéniens ? Le fameux Laocoon, qui subsiste aujourd’hui si entier, atteste-t-il bien la vérité de l’histoire du cheval de Troie ?

Les cérémonies, les fêtes annuelles établies par toute une nation, ne constatent pas mieux l’origine à laquelle on les attribue. La fête d’Arion porté sur un dauphin, se célébroit chez les Romains comme chez les Grecs. Celle de Faune rappelloit son aventure avec Hercule & Omphale, quand ce dieu amoureux d’Omphale prit le lit d’Hercule pour celui de sa maîtresse.

La fameuse fête des Lupercales étoit établie en l’honneur de la louve qui allaita Romulus & Remus.

Sur quoi étoit fondée la fête d’Orion, célébrée le 5 des ides de Mai ? Le voici. Hirée reçut chez lui Jupiter, Neptune & Mercure ; & quand ses hôtes prirent congé, ce bon homme, qui n’avoit point de femme, & qui vouloit avoir un enfant, témoigna sa douleur aux trois dieux. On n’ose exprimer ce qu’ils firent sur la peau du bœuf qu’Hirée leur avoit servi à manger ; ils couvrirent ensuite cette peau d’un peu de terre, & de-là naquit Orion au bout de neuf mois.

Presque toutes les fêtes romaines, syriennes, greques, égyptiennes, étoient fondées sur de pareils contes, ainsi que les temples & les statues des anciens héros. C’étoient des monumens que la crédulité consacroit à l’erreur.

Une médaille, même contemporaine, n’est pas quelquefois une preuve. Combien la flatterie n’a-t-elle pas frappé de médailles sur des batailles très indécises, qualifiées de victoires, & sur des entreprises manquées, qui n’ont été achevées que dans la légende. N’a-t-on pas, en dernier lieu, pendant la guerre de 1740 des Anglois contre le roi d’Espagne, frappé une médaille qui attestoit la prise de Carthagene par l’amiral Vernon, tandis que cet amiral levoit le siége ?

Les médailles ne sont des témoignages irréprochables que lorsque l’événement est attesté par des auteurs contemporains ; alors ces preuves se soutenant l’une par l’autre, constatent la vérité.

Doit-on dans l’histoire insérer des harangues, & faire des portraits ? Si, dans une occasion importante, un général d’armée, un homme d’état a parlé d’une maniere singuliere & forte qui caractérise son génie & celui de son siecle, il faut sans doute rapporter son discours mot pour mot ; de telles harangues sont peut-être la partie de l’histoire la plus utile. Mais pourquoi faire dire à un homme ce qu’il n’a pas dit ? Il vaudroit presque autant lui attribuer ce qu’il n’a pas fait ; c’est une fiction imitée d’Homere. Mais ce qui est fiction dans un poëme, devient à la rigueur mensonge dans un historien. Plusieurs anciens ont eu cette méthode ; cela ne prouve autre chose, sinon que plusieurs anciens ont voulu faire parade de leur éloquence aux dépens de la vérité.

Les portraits montrent encore bien souvent plus d’envie de briller que d’instruire : des contemporains sont en droit de faire le portrait des hommes d’état avec lesquels ils ont négocié, des généraux sous qui ils ont fait la guerre. Mais qu’il est à craindre que le pinceau ne soit guidé par la passion ! Il paroît que les portraits qu’on trouve dans Clarendon sont faits avec plus d’impartialité, de gravité & de sagesse, que ceux qu’on lit avec plaisir dans le cardinal de Retz.

Mais vouloir peindre les anciens, s’efforcer de développer leurs ames, regarder les évenemens comme des caracteres avec lesquels on peut lire sûrement dans le fond des cœurs ; c’est une entreprise bien délicate ; c’est dans plusieurs une puérilité.

De la maxime de Ciceron concernant l’histoire ; que l’historien n’ose dire une fausseté, ni cacher une vérité. La premiere partie de ce précepte est incontestable ; il faut examiner l’autre. Si une vérité peut être de quelque utilité à l’état, votre silence est condamnable. Mais je suppose que vous écriviez l’histoire d’un prince qui vous aura confié un secret, devez-vous le révéler ? Devez-vous dire à la postérité ce que vous seriez coupable de dire en secret à un seul homme ? le devoir d’un historien l’emportera-t-il sur un devoir plus grand ?

Je suppose encore que vous ayez été témoin d’une foiblesse qui n’a point influé sur les affaires publiques, devez-vous révéler cette foiblesse ? En ce cas, l’histoire seroit une satyre.

Il faut avouer que la plûpart des écrivains d’anecdotes sont plus indiscrets qu’utiles. Mais que dire de ces compilateurs insolens, qui se faisant un mérite de médire, impriment & vendent des scandales, comme Lecauste vendoit des poisons.

De l’histoire satyrique. Si Plutarque a repris Hérodote de n’avoir pas assez relevé la gloire de quelques villes greques ; & l’avoir omis plusieurs faits connus dignes de mémoire, combien sont plus répréhensibles aujourd’hui ceux qui, sans avoir aucun des mérites d’Hérodote, imputent aux princes, aux nations, des actions odieuses ; sans la plus légere apparence de preuve. La guerre de 1741 a été écrite en Angleterre. On trouve, dans cette histoire, qu’à la bataille de Fontenoy les François tirerent sur les Anglois avec des balles empoisonnées & des morceaux de verre venimeux, & que le duc de Cumberland envoya au roi de France une boëte pleine de ces prétendus poisons trouvés dans les corps des Anglois blessés. Le même auteur ajoûte que les François ayant perdu quarante mille hommes à cette bataille, le parlement de Paris rendit un arrêt par lequel il étoit défendu d’en parler sous des peines corporelles.

Des mémoires frauduleux, imprimés depuis peu, sont remplis de pareilles absurdités insolentes. On y trouve qu’au siége de Lille les alliés jettoient des billets dans la ville conçus en ces termes : François, consolez-vous, la Maintenon ne sera pas votre reine.

Presque chaque page est remplie d’impostures & de termes offensans contre la famille royale & contre les familles principales du royaume, sans alléguer la plus légere vraissemblance qui puisse donner la moindre couleur à ces mensonges. Ce n’est point écrire l’histoire, c’est écrire au hazard des calomnies.

On a imprimé en Hollande, sous le nom d’histoire, une foule de libelles, dont le style est aussi grossier que les injures, & les faits aussi faux qu’ils sont mal écrits. C’est, dit-on, un mauvais fruit de l’excellent arbre de la liberté. Mais si les malheureux auteurs de ces inepties ont eu la liberté de tromper les lecteurs, il faut user ici de la liberté de les détromper.

De la méthode, de la maniere d’écrire l’histoire, & du style. On en a tant dit sur cette matiere, qu’il faut ici en dire très-peu. On sait assez que la méthode & le style de Tite-Live, sa gravité, son éloquence sage, conviennent à la majesté de la république romaine ; que Tacite est plus fait pour peindre des tyrans, Polybe pour donner des leçons de la guerre, Denys d’Halycarnasse pour développer les antiquités.

Mais en se modélant en général sur ces grands maîtres, on a aujourd’hui un fardeau plus pesant que le leur à soutenir. On exige des historiens modernes plus de détails, des faits plus constatés, des dates précises, des autorités, plus d’attention aux usages, aux lois, aux mœurs, au commerce, à la finance, à l’agriculture, à la population. Il en est de l’histoire comme des Mathématiques & de la Physique. La carriere s’est prodigieusement accrue. Autant il est aisé de faire un recueil de gazettes, autant il est difficile aujourd’hui d’écrire l’histoire.

On exige que l’histoire d’un pays étranger ne soit point jettée dans le même moule que celle de votre patrie.

Si vous faites l’histoire de France, vous n’êtes pas obligé de décrire le cours de la Seine & de la Loire ; mais si vous donnez au public les conquêtes des Portugais en Asie, on exige une topographie des pays découverts. On veut que vous meniez votre lecteur par la main le long de l’Afrique, & des côtes de la Perse & de l’Inde ; on attend de vous des instructions sur les mœurs, les lois, les usages de ces nations nouvelles pour l’Europe.

Nous avons vingt histoires de l’établissement des Portugais dans les Indes ; mais aucune ne nous a fait connoître les divers gouvernemens de ce pays, ses religions, ses antiquités, les Brames, les disciples de Jean, les Guebres, les Banians. Cette réflexion peut s’appliquer à presque toutes les histoires des pays étrangers.

Si vous n’avez autre chose à nous dire, sinon qu’un Barbare a succédé à un autre Barbare sur les bords de l’Oxus & de l’Iaxarte, en quoi êtes-vous utile au public ?

La méthode convenable à l’histoire de votre pays n’est pas propre à écrire les découvertes du nouveau monde. Vous n’écrirez point sur une ville comme sur un grand empire ; vous ne ferez point la vie d’un particulier comme vous écrirez l’histoire d’Espagne ou d’Angleterre.

Ces regles sont assez connues. Mais l’art de bien écrire l’Histoire sera toujours très-rare. On sait assez qu’il faut un style grave, pur, varié, agréable. Il en est des lois pour écrire l’Histoire comme de celles de tous les arts de l’esprit ; beaucoup de préceptes, & peu de grands artistes. Cet article est de M. de Voltaire.

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Étymologie de « histoire »

Du latin historia, lui-même du grec ἱστορία, historía (« enquête, compte-rendu, histoire »). Le nom a pour origine le titre du livre d’Hérodote, Les Enquêtes (Historíai).
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Lat. historia, du grec ἱστορία, dont le sens propre est information, recherche intelligente de la vérité. ἵστωρ veut dire le savant, le témoin, et se rattache à εἴδω, ἴδω, thème inusité de οἴδα, signifiant savoir, voir, le même que le latin videre, et le sanscrit vid.

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Phonétique du mot « histoire »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
histoire istwar

Fréquence d'apparition du mot « histoire » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « histoire »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « histoire »

  • Ce que raconte l'histoire n'est en fait que le long rêve, le songe lourd et confus de l'humanité.
    Arthur Schopenhauer — Le Monde comme volonté et représentation Die Welt als Wille und Vorstellung
  • L'histoire est un perpétuel recommencement.
    Thucydide
  • La philosophie n'est pas une illusion : elle est l'algèbre de l'histoire.
    Maurice Merleau-Ponty — Éloge de la philosophie, Gallimard
  • L'histoire, la révolution, l'amour ne vont à leurs hauts paroxysmes que par la folie de la poésie.
    André Pieyre de Mandiargues — Le Troisième Belvédère, Gallimard
  • L'histoire de l'humanité devient de plus en plus une course entre l'éducation et la catastrophe.
    Herbert George Wells — The Outline of History, 15
  • Une bonne définition de l'histoire pourrait être : la catégorie de phénomènes humains qui est à tendance catastrophique ; ou si l'on préfère, le niveau de la vie collective où s'entretiennent les catastrophes.
    Jules Romains pseudonyme littéraire devenu ensuite le nom légal de Louis Farigoule — Les Hommes de bonne volonté, le Tapis magique , Flammarion
  • L’Histoire n’est qu’une histoire à dormir debout.
    Jules Renard
  • L'histoire, ce riche trésor des déshonneurs de l'homme.
    Henri Lacordaire — Pensées
  • L'histoire du monde est le jugement du monde.
    Johann Friedrich von Schiller — Cours d'histoire
  • Je vous fais voir l'envers des événements, que l'histoire ne montre pas.
    François René, vicomte de Chateaubriand — Mémoires d'outre-tombe
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Images d'illustration du mot « histoire »

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Traductions du mot « histoire »

Langue Traduction
Anglais history
Espagnol historia
Italien storia
Allemand geschichte
Chinois 历史
Arabe التاريخ
Portugais história
Russe история
Japonais 歴史
Basque historia
Corse a storia
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Synonymes de « histoire »

Source : synonymes de histoire sur lebonsynonyme.fr

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Nombre de points du mot histoire au scrabble : 11 points

Histoire

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