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Habiller

Définitions de « habiller »

Trésor de la Langue Française informatisé

HABILLER, verbe trans.

I. − Habiller qqn
A. − Emploi trans.
1. [Le suj. désigne une pers.]
a) Mettre des habits, couvrir de vêtements.
Habiller + compl. d'obj. dir.Habiller un enfant, un malade, une poupée, un vieillard. Nous habillâmes notre pauvre mère et la portâmes dans une voiture de remise (Sand, Hist. vie, t. 4, 1855, p. 415) :
1. Mais elle me fit comprendre qu'elle n'était pas enseignée et qu'elle n'enseignait pas, qu'elle était chargée d'habiller les enfants de la petite classe... A. France, Bonnard,1881, p. 413.
B.-A. Draper une figure nue. Les pourpoints dont Rubens habillait ses princes, debout dans la grandeur des ciels (Faure, Hist. art,1921, p. 27).
Habiller + compl. d'obj. dir. + adv. ou compl. adv.Habiller qqn légèrement, à la hâte, avec soin. Je vous dis, Madame, elle me démonte, cette enfant-là, pour ses treize ans. Oh! elle ne les porte pas, et puis on l'habille en plus jeune pour la scène (Colette, Music-hall,1913, p. 185).Le café bu, l'époux servi, les enfants à l'essor, maman m'habilla chaudement (Duhamel, Notaire Havre,1933, p. 151).
Habiller de + subst. compl. de moyen.Voyant qu'ils étaient nus, je les habillai de soie et d'or (A. France, St Pierre,1918, p. 79).[Le chasseur de serpents :] des millions de petits pieds de femmes que j'habille de mes peaux lisses et glissantes (Cendrars, Homme foudr.,1945, p. 305).
Habiller en + subst. (désignant une pers.) compl. de manière.Déguiser. Enfants qu'on habille en Pierrot, en Sioux pour le Mardi Gras (Pt Rob.).
b) Faire, confectionner un vêtement pour quelqu'un, être le couturier, la couturière de quelqu'un. Qui vous habille donc, milady? Cette robe vous fait une taille affreuse! (Dumas père, Kean,1836, V, p. 108) :
2. Mademoiselle Burguy, la petite ouvrière qui habillait mes cousines De Gonneville et moi, s'était vraiment surpassée. Jamais elle n'avait fait aussi laid. Gyp, Souv. pte fille,1928, p. 311.
c) Pourvoir à l'habillement de quelqu'un. C'était le mois de septembre, il fallait habiller les enfants pour la rentrée (Camus, Exil et Roy.,1957, p. 1646).Ma mère m'habillait mal et mon père me reprochait d'être mal habillée (Beauvoir, Mém. j. fille,1958, p. 181).
2. [Le suj. désigne un vêtement, un ensemble de vêtements] Convenir, être plus ou moins seyant. C'est vraiment riche, cette mousseline avec rien dessus. Ça habille bien (Colette, Music-hall,1913, p. 164).
3. P. anal.
a) Couvrir quelque chose comme avec un vêtement. La locomotive est habillée de drapeaux tricolores (Larbaud, Enfantines,1918, p. 93).J'habille les maisons de panneaux, de moulures (Rolland, C. Breugnon,1919, p. 23) :
3. Les sièges se présentent comme des carcasses sans âme, qu'on habille de tentures au même titre que le lit ou la fenêtre; ils sont destinés à être vus de face, alignés à un mur. Viaux, Meuble Fr.,1962, p. 132.
b) Au fig., vx
Orner, arranger une chose pour la présenter sous un jour plus attrayant ou pour la dissimuler. Shakespeare renonce à habiller d'un langage affecté les grands sentiments simples (Colette, Jumelle,1938, p. 209) :
4. ... il invente péniblement un conte à dormir debout, mêle la thèse religieuse à ce conte avec une inhabileté remarquable et habille le tout de sa prose. Zola, Mes haines,1866, p. 16.
Habiller la vérité. La gauchir, la masquer. Habiller d'oripeaux. Les amoureux et les amoureuses ne se font pas faute non plus d'habiller la vérité (A. Daudet, Crit. dram.,1897, p. 160).
Habiller qqn; habiller qqn de toutes pièces. Le calomnier, l'injurier. Les gentilshommes du Grand-Club (...) qu'elle habillait de main d'ouvrier (A. Daudet, Rois en exil,1879, p. 128) :
5. ... il avait au fond tant d'aversion pour les coupe-jarrets, que, sans son respect pour ma parenté, il les eût de bon cœur habillés, en ma présence, comme ils méritaient de l'être. Sand, Mauprat,1837, p. 252.
B. − Emploi pronom.
1. Mettre des habits, se couvrir de ses vêtements.
a) S'habiller.Elle descendit doucement du lit et s'habilla en contemplant Guillaume qui sommeillait encore (Zola, M. Férat,1868, p. 23) :
6. ... dans la mansarde du cabaret, une jolie paysanne assise en chemise sur son lit s'habillait près de sa fenêtre toute grande ouverte, laquelle laissait entrer à la fois les rayons du soleil levant et les regards des voyageurs quelconques juchés sur les impériales des diligences. Hugo, Rhin,1842, p. 51.
b) S'habiller + adv. ou compl. adv.Se vêtir de telle ou telle manière. S'habiller convenablement, simplement, avec soin; s'habiller court, long. Il s'habillait avec recherche sinon avec préciosité (Simenon, Vac. Maigret,1948, p. 24).Je m'habille en noir (Beauvoir, Mandarins,1954, p. 37).
c) S'habiller de + subst. compl. de moyen.Ces hommes, ou ces femmes, qui sont derrière ces quatre murs, ils s'habillent de bure, ils sont égaux, ils s'appellent frères (Hugo, Misér., t. 1, 1862, p. 617).
d) S'habiller en + subst. (désignant une pers.) compl. de manière.Se déguiser. Vous vous habillerez en hindou, dit le fakir (Queneau, Pierrot,1942, p. 61).
2. Absol. Mettre des habits de soirée, une tenue de cérémonie. Le peintre s'habillait pour aller à une soirée ou à un bal (Huysmans, Sœurs Vatard,1879, p. 256).Mon Dieu, que c'est ennuyeux de s'habiller, de sortir quand on aimerait tant rester chez soi! (Proust, Guermantes 2,1921, p. 583).
3. Acheter des vêtements, se faire confectionner des vêtements. S'habiller sur mesure; s'habiller chez un couturier. S'habiller dans une maison de confection (Ac.).
II. − Habiller qqc.
A. − Apprêter une chose pour un usage déterminé.
1. AGRON. Couper, juste après l'arrachage, l'extrémité des racines, des rameaux des plantes que l'on désire transplanter. Cf. Carrière, Encyclop. hortic., 1862, p. 267.
2. ALIM. Préparer des pièces de viande ou de gibier, du poisson, en les dépouillant, les éviscérant, les parant avant de les vendre ou de les cuire. Après avoir limoné et habillé six lottes un peu grosses, levez-en les filets (Gdes heures cuis. fr., Carême, 1833, p. 136).Cf. Audot, Cuisin. campagne et ville, 1896, p. 114.
3. HORLOG. Habiller une montre. ,,Disposer convenablement les diverses parties du mécanisme`` (DG).
4. PEAUSS. Habiller une peau. ,,Lui faire subir les préparations nécessaires pour qu'elle puisse être employée`` (Havard 1888).
5. POTERIE. ,,Mettre des anses et des pieds à un vase de terre`` (Havard 1888)
B. − Recouvrir quelque chose pour l'embellir ou le protéger.
1. IMPR. Revêtir le cylindre ou la platine qui agit sur le papier à imprimer d'une garniture, pour assurer la netteté de l'impression. Tous les imprimeurs lithographes n'habillent pas le cylindre des presses mécaniques de la même façon (...) certains (...) emploient le blanchet recouvert de moleskine (Chelet, Lithogr.,1933, p. 182).
TYPOGR. Habiller une gravure. ,,Disposer un texte autour d'une gravure`` (Comte-Pern. 1963).
2. TECHNOL. Habiller des bouteilles. Les revêtir d'étiquettes, de coiffes, de papier d'étain. V. chemiser ex. de Hamp.
REM.
Habillable, adj.Qu'on peut habiller. Rien ne lui va : il n'est pas habillable (Rob.Suppl.1970).
Prononc. et Orth. : [abije], (il) habille [abij]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. I. 1. Ca 1200 verbe pronom. « se préparer, s'apprêter », s'abille (Escoufle, 1722 ds T.-L.); 2. ca 1340 « équiper (ici pour la guerre) » (Bâtard de Bouillon, 6258, ibid.); 3. techn. a) ca 1450 terme de cuisine « apprêter (une viande) » (Le Mistere du Viel Testament, éd. de Rothschild, XIX, 12357); b) 1456 terme de méd. « soigner » abillier (A. de La Sale, Jehan de Saintré, éd. J. Misrahi et Ch. A. Knudson, p. 133); c) 1559 terme de tanneur (Journal de Gouberville, I, 69 ds IGLF); d) 1680 terme de potier (Rich.); e) 1701 habiller un arbre (L. Ligier, Nouvelle Maison Rustique, I, 759); f) 1752 habiller la morue (Trév.). II. 1. Début xves. verbe pronom. « se vêtir » (Chr. de Pisan, Enseignemens moraux, éd. M. Roy, III, XXVI, p. 31 : Tiens toy a table honnestement Et t'abilles de vestement En tel atour qu'on ne s'en moque); 1456 verbe actif (A. de La Sale, op. cit., p. 236); 2. 1478-80 en parlant de la manière de se vêtir (G. Coquillart, Œuvres, éd. M. J. Freeman, Nouveaulx Droitz, 1451 : Puis ilz s'abillent de satin, en gensdarmes, et advocatz, En Escossois, en Biscain, A la mode de Carpentras); spéc. 1548 mal habillee (N. du Fail, Baliverneries, éd. J. Assézat, p. 190). III. Fig. 1463 « garnir » (Comptes du Roi René, éd. A. Lecoy De La Marche, p. 15 : il est necessaire faire réparer et abiller la galerie de plomb près nostre chambre); 1665 (Boileau, Sat. VII, v. 61 : Souvent j'habille en vers une maligne prose). Dér. de bille*, dés. -er, préf. a-* proprement « préparer une bille »; l'orthographe avec h (xves., Ph. de Commynes, Mémoires, éd. J. Calmette I, VII, p. 133) résulte prob. du rapprochement qui s'est établi avec la famille de habit*, qui se traduit aussi par le déplacement du noyau sémique dans III. Fréq. abs. littér. : 2 202. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 2 271, b) 4 675; xxes. : a) 3 455, b) 2 841. Bbg. Spitzer (L.). Fr. habiller - prov. avol - fr. billet. Z. fr. Spr. Lit. 1919, t. 45, pp. 366-374.

Wiktionnaire

Verbe - français

habiller \a.bi.je\ transitif 1er groupe (voir la conjugaison) (pronominal : s’habiller)

  1. Mettre des habits à quelqu’un, le vêtir.
    • Le père habille sa fille avant de l’emmener à l’école.
  2. Donner, fournir des habits.
    • Habiller les pauvres est l’un des sept devoirs de la charité.
    • […]; aussi les dandies de l'endroit se font-ils habiller par les tailleurs et coiffer par les chapeliers de Copenhague. — (Jules Leclercq, La Terre de glace, Féroë, Islande, les geysers, le mont Hékla, Paris : E. Plon & Cie, 1883, p.50)
    • Ce tailleur m’habille depuis longtemps.
  3. Seoir, aller bien, en parlant des habits, des étoffes.
    • Cette robe vous habille parfaitement.
    • Cette étoffe habille bien : elle est souple et maniable, et elle prend bien les formes.
    • Costume habillé, toilette habillée : costume, toilette de cérémonie, de fête, de circonstance, mise pour paraître à son avantage.
  4. (Par extension) Couvrir, envelopper.
    • Habiller d’épines un jeune arbre pour que les passants ou les animaux ne l’endommagent pas.
  5. Voiler ce qui est inconvenant, inavouable.
    • (Vieilli) (Figuré) Habiller un conte, une faute, une mauvaise action.
  6. (Art) Draper, vêtir une figure, une sculpture.
    • La salle des fêtes était habillée pour une grande cérémonie, de somptueux rideaux blancs et pourpres qui tombaient du haut plafond jusqu'au bas des portes et des fenêtres. — (Maboa Bebe, Ewande Amours, peurs, espoir, L'Harmattan Cameroun, 2014, p.7)
    • Habiller une figure.
  7. Se farder, se masquer.
    • Elle trouva bien plus honnête d’habiller son visage ; et, parce que vous montrez celui que Dieu vous a donné, vous lui paraissez toute déshabillée. — (Madame de Sévigné)
    • Souvent
      Quelques couleurs arc-en-ciel
      Habillent leurs visages
      — (Grégory Creston, Au cœur d’un phare solitaire, Le sourire d’une femme est une grâce, page 33, 2014, Edilivre)
  8. (Littéraire) (Figuré) Donner un certain caractère à un personnage. Note : Souvent péjoratif.
    • Ce poète habille à la française les héros de l’antiquité.
    • Le voilà bien habillé ! : Le voilà méchamment décrit.
  9. (Technique) Faire l’habillage d’un produit, l’empaqueter.
  10. (Informatique) Changer l’habillage d’un logiciel, changer l’apparence de son interface.
  11. (Cuisine, Technique) Préparer en vue de tel ou tel usage.
    • Habiller un veau : le dépecer en vue de la vente.
    • Habiller du poisson, de la volaille : les préparer en vue de la cuisson.
    • Deux jours durant, les fourneaux de la cuisine ne dérougirent pas. La ménagère et son assistante, Suzon, firent cuire, rôtir, bouillir, griller, farcir; elles lardèrent, dégorgèrent, braisèrent; on glaça, pana, habilla; bref, qui l’eût cru? le presbytère de Saint-Ildefonse semblait converti en une auberge où l’on allait donner à manger à tout un régiment. — (Rodolphe Girard, Marie Calumet, Montréal, 1904, chapitre XX)
    • Soupe aux fayots, j’en prends pas, envoie la suite et dès le premier virage, n’oublie pas d’habiller du poisson pour le repas de minuit. — (Jean Recher, Le grand métier, Plon, 1977, chapitre IX)
  12. En parlant d'une pièce de poterie, la munir de tous ses accessoires, anses, pied, oreilles, etc.
  13. (Figuré) (Familier) Dire des vilenies ou casser du sucre sur le dos, en parlant d'une personne.
  14. (Figuré) Accompagner, entourer, donner un contexte à.
    • Pour eux, la religion n'a d'autre usage que d'habiller l'adieu aux morts. — (Philippe Delaroche, Caïn et Abel avaient un frère, Éditions de l'Olivier / Le Seuil, 2000, p. 293)
  15. (Pronominal) Mettre des habits ; se vêtir soi-même.
    • Elle a achevé de s’habiller. Elle a mis une jaquette de la couleur de sa jupe, laissant voir largement son corsage de lingerie dont le haut est transparent et rosé […]. — (Henri Barbusse, L’Enfer, Éditions Albin Michel, Paris, 1908)
    • Bakounine nous tendit les deux mains et, respirant difficilement, à cause de son asthme, se leva et se mit à s’habiller. — (Debagori-Mokrievitch, Souvenirs sur Bakounine, traduits par Marie Stromberg, La Revue blanche, 1895)
  16. (Pronominal) (En particulier) Se vêtir, en parlant de la manière dont une personne porte ses vêtements, du goût qu’elle met dans le choix et l’arrangement de ses habits.
    • Elle était une de ces femmes auxquelles leur forte taille et leur prestance masculine donneraient le droit de s’habiller, sans qu’on les remarquât, en homme. — (Joris-Karl Huysmans, La Cathédrale, Plon-Nourrit, 1915)
    • Si tu savais combien sont jolies ces Alexandrines, et avec quelle hardiesse elles s’habillent et se parent. — (Out-el-Kouloub, Zaheira, dans Trois contes de l’Amour et de la Mort, 1940)
    • Lorsque sa vie sexuelle et sa vie mondaine se furent dégradées, sauf dans les grandes circonstances où il était obligatoire de « s’habiller », maman cessa de se soigner. — (Simone de Beauvoir, Une mort très douce, Gallimard, 1964, Le Livre de Poche, page 52)
    • Ce n'est pas parce qu'on s’habille en L.A. Gear et qu'on s’injecte de la silicone qu'on est plus porté sur le crime que le reste de la population. — (Kyra Davis, Sexe, meurtres et cappuccino, Harlequin, 2007)
  17. (Pronominal) Se pourvoir en habits, compléter sa garde-robe.
    • Il s’est habillé tout de neuf.
  18. (Pronominal) Revêtir un costume qui n’est pas le sien habituellement.
    • Elle s’habille en reine.
  19. (Pronominal) (Par extension) (Figuré) Se couvrir, se déguiser, se dissimuler.
    • Les fous qui s’habillent du nom de sage. — (Jean-Jacques Rousseau)
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

HABILLER. v. tr.
Revêtir quelqu'un de ses habits. Habiller un enfant. Un valet de chambre qui habille son maître. Il n'est pas encore achevé d'habiller. En termes de Beaux-Arts, Habiller une figure se dit de la Manière dont un peintre ou un sculpteur drape et revêt les figures. Fig. et fam., Habiller quelqu'un, En dire beaucoup de mal. Le voilà bien habillé! Il signifie aussi Donner, faire des habits à quelqu'un. Habiller les pauvres. Habiller des troupes. Il signifie également Faire des habits à quelqu'un. C'est tel tailleur qui l'habille. Absolument, Ce tailleur habille bien. Il signifie au figuré Donner un certain caractère à un personnage; et, dans cette acception, il se dit ordinairement en mauvaise part. Ce poète habille à la française les héros de l'antiquité. On dit, dans un sens analogue, Ce traducteur a habillé Démosthène à la française, à la moderne. Il se dit encore de l'Effet que font les habits lorsqu'ils sont revêtus. Cette redingote vous habille bien. Cette robe l'habille à ravir. Absolument, Cette étoffe habille bien, Elle est souple et maniable, et elle prend bien les formes. Il signifie aussi, par extension, Couvrir, envelopper, entourer. Les gravures de ce livre ont été très adroitement habillées. Dans la langue technique, il signifie Soumettre à une préparation spéciale en vue de tel ou tel usage. Habiller un veau, Le dépecer en vue de la vente. Habiller du poisson, de la volaille, Les préparer en vue de la cuisson. Habiller de la morue, En ôter les ouïes et l'arête en vue de la salaison. Habiller une montre, En organiser le mécanisme. Habiller une pièce de poterie, La munir de tous ses accessoires, anses, pied, oreilles, etc.

S'HABILLER signifie Mettre des habits, se vêtir. Je le trouvai qui s'habillait. On ne lui donna pas le temps de s'habiller. Le prêtre s'habille pour aller à l'autel. Il signifie quelquefois Se pourvoir d'habits. Il s'est habillé tout de neuf. S'habiller dans une maison de confection. Il se dit aussi en parlant de la Manière dont une personne s'habille, du goût qu'elle met dans le choix et l'arrangement de ses habits. Cet homme ne sait pas s'habiller. S'habiller de blanc, de bleu, etc. Elle s'habille toujours avec goût. Un homme habillé de noir. Costume habillé, Toilette habillée, Costume, toilette que l'on met pour une visite de cérémonie, pour une fête, pour une circonstance où l'on veut paraître à son avantage.

Littré (1872-1877)

HABILLER (a-bi-llé, ll mouillées, et non a-biyé) v. a.
  • 1Rendre propre à, disposer (sens primitif, conservé seulement dans certains métiers).

    Terme de cuisine. Dépouiller, vider du gibier, du poisson pour l'accommoder. Habiller un lapin, de la volaille. Habillez-moi ces poissons, et, pour ce grand brochet, laissez-le un peu jouer dans l'eau, Port-Royal, Térence, Adelphes, III, 4, dans RICHELET.

    Terme de boucherie. Faire l'habillage d'une bête tuée.

    Terme de pêche. Fendre la morue que l'on veut saler et en ôter l'arête.

    Terme de jardinage. Habiller un arbre, en écourter les branches, en visiter les racines avant de le planter, les rafraîchir en les taillant et retrancher les racines endommagées.

    Enluminer les cartes à jouer.

    Préparer une peau de manière qu'elle puisse être employée.

    Préparer un cuir pour le mettre au tan.

    Monter et terminer une carde.

    Passer le lin et le chanvre par le séran ou peigne.

    Ajouter une anse, un pied, une oreille au corps d'une pièce de poterie.

  • 2En un sens particulier. Mettre sur quelqu'un les diverses pièces d'étoffe dont on couvre le corps. Habiller un enfant. Un valet de chambre qui habille son maître. On voit assez à l'air dont il est habillé, Que c'est l'original dont on nous a parlé, Regnard, Démocrite, IV, 5.

    Il n'est pas achevé d'habiller, signifie également, on n'a pas achevé de l'habiller, ou il n'a pas achevé de s'habiller.

  • 3Donner, fournir des habits à quelqu'un. Tous les ans il habille une famille pauvre. Il [un prince qui fait la guerre] trouve incontinent un grand nombre d'hommes qui n'ont rien à perdre, il les habille d'un gros drap bleu à cent dix sous l'aune, borde leurs chapeaux avec du gros fil blanc, et marche à la gloire, Voltaire, Dict. phil. Guerre.

    Fig. Jésus, mon Sauveur, qui dites que l'on vous habille, quand on couvre la nudité de vos pauvres, Bossuet, Panég St Franç. d'Ass I.

  • 4Faire des habits à quelqu'un. C'est depuis vingt ans le même tailleur qui m'habille. Un philosophe se laisse habiller par son tailleur, et il y a autant de ridicule à fuir la mode qu'à l'affecter, La Bruyère, XIII.

    Absolument. Ce tailleur habille très bien.

    Fig. Habiller quelqu'un de toutes pièces, en dire beaucoup de mal.

    On dit dans le même sens, simplement, habiller. Voilà comme ils vous habillent, D'Alembert, Lett. à Voltaire, 23 janv. 1757.

  • 5Faire prendre tel ou tel costume. Il y en a eu [des empereurs] qui ont habillé des Romains en Perses, afin de montrer des captifs des provinces qu'ils n'avaient pas conquises, Guez de Balzac, le Prince, 5.

    Fig. Habiller une pensée en vers, la mettre en vers. L'un en style pompeux habillant une églogue, Boileau, Disc. au roi. Souvent j'habille en vers une maligne prose, Boileau, Sat. VII. Le temps n'est plus, mes vers, où ma muse en sa force, Du Parnasse français formant les nourrissons, De si riches couleurs habillait ses leçons, Boileau, Épît. X.

    Fig. Donner à un personnage un caractère qui lui est étranger. En vain certains rêveurs nous l'habillent en reine [la raison], Veulent sur tous nos sens la rendre souveraine, Boileau, Sat. IV.

    En mauvaise part, habiller à la française les héros de l'antiquité.

    On dit dans un sens analogue : Ce traducteur a habillé Démosthène à la française.

  • 6Il se dit de l'effet que font les habits qu'on porte. Ce costume vous habille très bien.

    Absolument. Cette étoffe habille bien, elle est souple, maniable, s'adapte aux formes du corps.

  • 7 Par extension, couvrir, envelopper. Habiller de ronces le tronc d'un arbre pour le préserver de la dent des animaux. Il est fâcheux, grand roi, de se voir sans lecteur, Et d'aller du récit de ta gloire immortelle Habiller chez Francoeur le sucre et la cannelle, Boileau, Épît. I. Eschyle dans le chœur jeta les personnages, D'un masque plus honnête habilla les visages, Boileau, Art p. III.

    Fig. Habiller un conte, le raconter de manière que ce qu'il peut renfermer de graveleux ou de trop libre soit caché.

  • 8 Terme d'arts. Draper les figures. Ce peintre, ce sculpteur ne sait pas habiller ses figures.
  • 9S'habiller, v. réfl. Mettre des habits. Je m'habille et je pars. Il s'habille en berger, endosse un hoqueton, Fait sa houlette d'un bâton, La Fontaine, Fabl. III, 3.

    Se pourvoir d'habits. Il s'habille chez les premiers faiseurs.

    Il se dit de la manière de s'habiller. Il s'habille très bien. Il s'habille à l'antique. Cette femme ne sait pas s'habiller.

    Absolument, s'habiller, se mettre en toilette. Je vais dîner volontiers chez eux, parce que je n'ai pas besoin de m'habiller.

    Fig. Se couvrir. Quant Saint-Marc s'habilla des enseignes de Thrace, Régnier, Sat. X. Le monde aujourd'hui n'est plein… que de ces imposteurs qui… s'habillent insolemment du premier nom illustre qu'ils s'avisent de prendre, Molière, l'Av. V, 5.

  • 10 S. m. L'action d'habiller. Tant à son habiller qu'à sa promenade j'observai soigneusement son maintien [du roi], Saint-Simon, 268, 128. Si on lui faisait attendre au roi quelque chose à son habiller, c'était toujours avec patience, Saint-Simon, 410, 144.

HISTORIQUE

XVe s. Et après s'assemblerent la plus grand partie des plus nobles et mieux habillés [armés], Monstrelet, II, 96. Le roy entra le lendemain en la cité de Florence ; et lui avoit ledit Pierre fait habiller [tendre] sa maison, Commines, VII, 9. Vindrent aucuns messagers qui avoient ainsi veu habiller ces chanoynes [il est dit plus haut qu'on en tua cinq ou six et mit un autre en pièces], Commines, II, 7. Lors fit ainsi habiller les perdrix, et, quand elles furent prestes et rosties… le vin apporté, œufs en diverses façons habillés et mis à point, Louis XI, Nouv. XCIX. La suppliante se print à habiller le disner d'elle et des gens de son hostel, Du Cange, habilitare. Comme le suppliant est prest et habillé de faire plaisir et service à autruy, Du Cange, ib. Il fut habillé et pensé [pansé] ainsi qu'on le peut faire, Saligny, Hist. de Charles VIII, p. 24, dans LACURNE. Lors n'eut povoir d'aller plus avant, comme celluy qui tellement estoit habillé [maltraité] que il avoit perdu le povoir du corps, Lancelot du lac, t. III, f° 112, dans LACURNE. Si trouva son cheval tout sellé que Brisanne luy avoit faict habiller, ib. t. II, f° 86. Incontinent fit mondit seigneur habiller un bateau, qu'il fit bien equiper de mariniers, Hist. d'Artus III, connest. de France, p. 776, dans LACURNE.

XVIe s. Le mestier d'habiller à soupper et de faire la cuisine, Amyot, Lyc. et Numa comp. 4. Ne saichants par quel bout y commencer, ils habillerent bien fort à rire aux viels guerriers, Carloix, II, 18. Le chirurgien, chacune fois qu'il habillera le patient, comprimera la dure mere avec un tel instrument, Paré, VIII, 16.

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Encyclopédie, 1re édition (1751)

* HABILLER, v. act. & pas. (Gramm.) on dit habiller quelqu’un, habiller un régiment, & s’habiller. Le velours habille bien. Ce peintre sait habiller élégamment sa figure. Habiller un auteur étranger à la françoise. Habiller a dans les Arts des acceptions fort différentes. Habiller un animal en Cuisine, c’est le dépouiller de sa peau, si c’est un quadrupede ; le plumer, évuider, piquer, si c’est un oiseau ; le laver, le vuider, le préparer à être cuit, si c’est un poisson. Chez les Cardeurs, habiller une carde, c’est la monter ou la faire : pour cet effet, on a un instrument appellé le panteur, sur lequel est accroché la peau à des pointes renversées & placées de distance en distance. Voyez l’article Panteur. Les deux bouts de la peau sont tirés chacun par une corde qui va s’entortiller à la branche du maître-brin du panteur. Cette peau ainsi disposée est percée de trous. C’est dans cette derniere opération que consiste tout l’art du faiseur de cardes. Voyez l’article Carde. On ne se sert ni de regle ni de compas ; l’œil seul dirige la main qui pique d’une vîtesse incroyable, laissant entre les trous des intervalles toujours égaux, & faisant les rangées de trous exactement droites & paralleles. L’instrument à percer s’appelle la fourchette ; il fait deux trous à-la-fois : ensuite on fiche les pointes ; on les habille tantôt en passant la pierre sur les pointes & la tirant de gauche à droite & de droite à gauche, afin de les renverser toutes également & du même côté, tantôt en poussant la pierre droit devant soi, & la retirant dans la même direction, pour abattre le tranchant des pointes, tantôt en les redressant avec l’instrument appellé le dresseur, les refendant, &c. ces manœuvres se réiterent jusqu’à ce que la carde soit distribuée en allées bien compassées, les pointes également renversées, & le tranchant parfaitement usé. Pour en venir à l’habillage, tout étant préparé, c’est-à-dire la matiere des pointes coupée & pliée au premier doublet, mise en petits paquets ou tas contigus sur le plateau, & pliée au second doublet arrêté sur le milieu du plateau par un support de bois élevé d’environ un pouce ; le plateau est fixé sur un bloc ; l’habilleur est devant un autre bloc couvert d’un patron de la longueur du feuillet qui sert de contrepoids, quand on passe la pierre. On finit par monter le feuillet sur un bois ou fust à manche & à rebord du même côté. C’est la derniere main de la carde.

Habiller, en Jardinage, c’est avant que de planter les jeunes arbres, les couper de huit ou neuf piés de haut, & visiter leurs racines pour les raccourcir modérément ; il faut ôter toutes celles qui sont brisées, & couper les autres en pié de biche par-dessous, eû égard à la situation où doit être planté l’arbre. N’habillez pas si court, ou n’étronçonnez point, & n’ôtez point le chevelu à-moins qu’il ne soit rompu. C’est une erreur de croire qu’il soit inutile ; il sert beaucoup à la reprise des jeunes plants.

On laissera aux arbres sauvages une tige de six à sept pieds hors de terre. Les arbres fruitiers de haute tige seront rafraîchis dans leur tête, à laquelle on laissera trois ou quatre branches chacune de la longueur de dix à douze pouces ; ce qui forme sa rondeur dès la premiere année.

Les buissons ou nains seront coupés à sept à huit pouces au-dessus de la greffe qu’il faut laisser découverte, c’est-à-dire sans y mettre de terre, mais qu’on enduira de cire ou de mastic.

On prétend qu’il ne faut laisser qu’un seul étage de racines à un arbre, & choisir toujours les plus jeunes & les plus rougeâtres ; les autres étant inutiles. Voyez Racines.

Les arbres levés en motte sont exemts d’être ravalés ; ils conservent leur tête & une partie de leur ramage. Voyez Lever.

Habiller une peau, terme de Marchand Pelletier, c’est la préparer à être employée aux différens ouvrages de Pelleterie. Voyez Pelletier.

Habiller un cuir. terme de Tannerie, c’est lui donner la premiere préparation pour le mettre au tan. Voyez Tanner.

Celui qui habille les peaux s’appelle l’habilleur. Ce terme est fort en usage chez les Pelletiers ; en général il signifie dans les atteliers la personne qui prépare les différentes matieres, denrées, ou marchandises où le terme habiller peut avoir lieu.

Habiller, en terme de Potier, c’est l’action d’ajoûter une oreille, un manche, un pié, au corps d’une piece ; ce qui se fait en déchiquetant la piece de plusieurs coups, pour y insérer l’une des parties que nous venons de nommer.

On habille encore du chanvre, en le passant par le seran. Voyez l’article Chanvre.

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Étymologie de « habiller »

Bourg. habillé, de habile dans le sens de commode, qui est à point, qui va. Habiller est proprement rendre dispos, mettre à point, d'où vêtir.

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(XVe siècle), avec le sens de « (se) vêtir » sous l’influence de habit, du moyen français abiller (vers XIIIe siècle) « (se) préparer, apprêter », de l’ancien français abillier « préparer une bille de bois », de biller, de bille, → voir bille.
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Phonétique du mot « habiller »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
habiller abije

Fréquence d'apparition du mot « habiller » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Citations contenant le mot « habiller »

  • S'habiller à sa taille, et se chausser à son pied : voilà la sagesse.
    Horace
  • La caractéristique vestimentaire du con consiste en un besoin irrésistible de s'habiller comme tout le monde.
    Pierre Desproges — Manuel du savoir-vivre
  • S’habiller est un mode de vie.
    Yves Saint Laurent
  • Les robes des femmes, de tout âge et de tout pays, sont une simple variante de l’éternel lutte entre le désir reconnu de s’habiller et le désir caché de se déshabiller.
    Lin Yutang
  • Il n'y a que les femmes qui ne savent pas s'habiller qui craignent la couleur. On peut être éclatante sans vulgarité et douce sans fadeur.
    Marcel Proust — Sodome et Gomorrhe
  • Une femme met plus de temps qu’un homme pour s’habiller parce qu’elle doit ralentir dans les courbes.
    Anonyme
  • Il revient à l’homme d’habiller la femme qu’il déshabille et de parfumer celle qu’il enlace. Comme il lui revient de défendre au péril de sa vie le pas fragile qui s’est attaché au sien.
    Amin Maalouf — Le Périple de Baldassare
  • Avec le traitement de texte, vous allez vous apercevoir que, pour chaque minute passée à écrire des mots, vous passerez au moins dix minutes à choisir dans quelle police de caractères les habiller.
    Dave Barry — Chroniques déjantées d’internet
  • La vie est trop courte pour s’habiller triste.
    Anonyme — Newman
  • La vérité sort nue du puit, c’est pourquoi il y a tant de monde pour l’habiller.
    Grégoire Lacroix — Les euphorismes de Grégoire - 2
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Images d'illustration du mot « habiller »

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Traductions du mot « habiller »

Langue Traduction
Anglais dress
Espagnol vestirse
Italien vestito
Allemand kleid
Chinois 连衣裙
Arabe فستان
Portugais vestir
Russe платье
Japonais ドレス
Basque soineko
Corse vestitu
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Synonymes de « habiller »

Source : synonymes de habiller sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « habiller »

Combien de points fait le mot habiller au Scrabble ?

Nombre de points du mot habiller au scrabble : 13 points

Habiller

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