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Attifer

Définitions de « attifer »

Trésor de la Langue Française informatisé

ATTIFER, verbe trans.

I.− Emploi trans., rare.
A.− Vx. Parer, habiller. Elle aime à attifer sa petite fille (Littré) :
1. Si je me trouve occupée à attifer les enfants, je ne me dérange pas... Frapié, La Maternelle,1904, p. 237.
2. Donc, on vient annoncer à Lamartine, certain matin, un cortège de jouvencelles. Lamartine n'était pas prêt à les recevoir. En hâte, on le sangle dans son corset; on l'attife; il descend l'escalier, se dirige vers le perron où les compliments et les gerbes de fleurs l'attendent. Gide, Ainsi soit-il,1951, p. 1178.
[En parlant de la coiffure des femmes] Coiffer, arranger.
B.− Fam., péj. Habiller, parer avec mauvais goût, d'une manière affectée, bizarre.
Rem. La nuance fam. et péj. est unanimement relevée par les dict. (Ac. 1798 cependant ne la mentionne pas encore). Elle est plus ou moins prononcée selon les ex., mais on peut se demander si, au xixeet au xxes., elle n'est pas liée à ce mot dans tous les emplois :
3. Ouvre un peu ce fichu, à l'arlésienne, là... Qu'il n'ait pas l'air de tenir sur l'épaule. (Elle l'attife tout en parlant). A. Daudet, L'Arlésienne,1872, II, 2, p. 389.
P. ext. [L'obj. désigne une chose] :
4. Ce coquet jardin, jadis fort compromis, était rentré dans la virginité et la pudeur. Un président assisté d'un jardinier, un bonhomme qui croyait continuer Lamoignon et un autre bonhomme qui croyait continuer Le Nôtre, l'avaient contourné, taillé, chiffonné, attifé, façonné pour la galanterie... Hugo, Les Misérables,t. 2, 1862, p. 82.
C.− Au fig. Enjoliver, orner avec un goût plus ou moins sûr :
5. Un frisson m'a secouée; j'ai attrapé mes paperasses, je me suis mise à les feuilleter, à faire un brin de toilette à mes notes; j'ai attifé des phrases, comme si elles devaient un jour se produire en public. Frapié, La Maternelle,1904, p. 68.
Attifer qqc. de qqc. :
6. ... ces ingénieux Parisiens ne s'étaient-ils pas avisés de maquiller le terrible vieux! Ils le paraient, ils l'enrubannaient, ils ouataient ses rythmes, ils attifaient sa musique de teintes impressionnistes, de perversités lascives... Pauvre Gluck! R. Rolland, Jean-Christophe,Dans la maison, 1909, p. 1031.
II.− Emploi pronom.
A.− Vx. Se parer, s'habiller :
7. ... de son côté, Mittarelli, dans ses Annales de Camaldule, pense que les oblates de cette branche de l'Ordre Bénédictin, s'attifaient d'une tunique et d'un scapulaire blancs et d'un voile noir... Huysmans, L'Oblat,t. 1, 1903, p. 193.
B.− Fam., péj. S'habiller, se parer d'une manière affectée, avec un goût douteux :
8. Tout maquillage m'était défendu. Dans la famille, seule ma cousine Madeleine enfreignait cet interdit. Vers seize ans, elle avait commencé à s'attifer avec coquetterie. Papa, maman, tante Marguerite la montraient du doigt : « Tu t'es poudrée, Madeleine! − Mais non, ma tante, je vous assure » répondait-elle en zozotant un peu. S. de Beauvoir, Mémoires d'une jeune fille rangée,1958, p. 162.
P. métaph. :
9. Mais il est d'autres façons de bien écrire. Je n'aime pas la pensée qui s'attife, mais bien celle qui se concentre et raidit; manière de Montesquieu, de Tacite. Gide, Journal,1942, p. 108.
P. méton, et avec un sens passif du verbe pronom. [En parlant du vêtement, de l'accoutrement] :
10. Le chapeau de MlleAline s'attifa d'un chou de tulle coquet. G. d'Esparbès, Printemps,1906, p. 5.
P. ext. S'habiller :
11. Mais la bonne examinait la petite, en disant que mademoiselle s'était drôlement attifée. Jeanne, en effet, dans sa hâte, n'avait pas même mis ses souliers. Elle était en jupon, un court jupon de flanelle, dont la fente laissait passer un coin de la chemise. Zola, Une Page d'amour,1878, p. 991.
Rem. Besch. 1845 écrit : ,,attifer ou tifer comme on le trouve chez les vieux auteurs``.
PRONONC. : (s')attifer [atife], j(e m)'attife [ʒatif].
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. Ca 1220 atifer « orner, parer (en parlant de la coiffure des femmes notamment) » (G. de Coincy, Mir. Vierge, éd. Poquet, 471, 451 ds T.-L. : Tele est hideuse comme estrie ... Qui plus est gent [e] c'une fee, Quant [ele] est painte et atifee); mil. xiiies. s'atiffer (Robert de Gretham, Miroir, 156 ds Romania, t. 15, p. 300); qualifié de ,,vx`` d'apr. Fur. 1690, ,,ne se dit plus guere qu'en raillerie`` dep. Ac. 1694; 2. 1613 fig. péj. « agencer, ordonner avec mauvais goût (des mots) » (Régnier, Satyres, IX ds Littré : Ils attifent leurs mots, enjolivent leurs phrases), rare. Dér., avec préf. a-1*, de l'a. fr. tifer « parer, orner » 1174-76 (Est. de Fougieres, Liv. des manieres, 1237, Kremer ds Gdf.) − 1655 typher « être fier, superbe » (Borel, Dict. des termes du vieux françois [d'apr. éd. 1750]), encore dans les dial. de l'Ouest (tifé, adj. « attifé », Moisy). Tifer est à rattacher à la racine germ. tip- « pointe » (m. angl. tip, m. h. all. zipf « extrémité pointue », mots que IEW t. 1, p. 227 rattache à la racine i.-e. dumb- « pénis, queue »). La voie par laquelle le mot germ. a pu être empr. est difficile à déterminer. FEW t. 17, p. 332 émet l'hyp. d'un empr. à l'a. aléman. *tipfon « orner », corresp. à l'a. nord. *tippa « pointe » (dan. norv. tip « id. » Falk-Torp); en effet Brüch ds R. Ling. rom., t. 2, p. 80 a démontré qu'en a. aléman. la 2emutation consonantique de p a précédé celle de t : l'empr. aurait donc été fait à l'époque intermédiaire où la mutation p > pf était en cours et où celle de t n'avait pas encore eu lieu, c'est-à-dire aux viie-viiies.; l'hyp. d'un empr. à l'a. aléman. est de même formulée par FEW t. 17, p. 347a pour le mot touffe (< a. aléman. *topf). À l'encontre de cette opinion − d'une part la localisation géographique de tifer, fortement implanté dans les dial. de l'Ouest, supra − d'autre part l'hyp. même d'une antériorité de la mutation consonantique affectant le p qui va à l'encontre des théories des germanistes (FEW t. 17, p. 639). L'hyp. de Frings (consignée ds FEW t. 17, p. 333a) qui suppose une variante expressive *tiffon, issue de l'a. nord. *tippa sur le modèle des deux types suivants : m. b. all. snove, m. h. all. snūben, b. all. snubbe « rhume de cerveau » /vieil angl. snoffa « nausée », snofl « rhume de cerveau » (formes fournies par Holthausen, Altenglisches Wörterbuch, 1934, p. 305), pour être plus convaincante, demanderait à être appuyée par un plus grand nombre d'exemples. L'étymon ags. tyffen (EWFS2) qui conviendrait du point de vue géogr. n'est pas acceptable, étant postérieur au fr. (anno 1225 ds NED s.v. tiff verbe 1) et empr. lui-même au fr. (FEW loc. cit.; NED loc. cit.).
STAT. − Fréq. abs. littér. : 26.
BBG. − Duch. Beauté 1960, p. 94. − Éd. 1967. − Le Roux 1752.

Wiktionnaire

Verbe - français

attifer \a.ti.fe\ transitif 1er groupe (voir la conjugaison) (Pronominal : s’attifer)

  1. (Vieilli) Orner, parer, enjoliver.
    • (Pronominal) Aussitôt les jeunes gens se réunissent sur la place ; aussitôt les jeunes filles sentent un frisson dans leurs veines, et vite, vite, de s’attifer, de se faire belles, avec le bonnet à rubans et la robe des dimanches ! — (Lucien Duc, En Provence: Études de mœurs & souvenirs de jeunesse, Librairie de la Province, Paris, 1893)
    • Un frisson m’a secouée ; j’ai attrapé mes paperasses, je me suis mise à les feuilleter, à faire un brin de toilette à mes notes ; j’ai attifé des phrases, comme si elles devaient un jour se produire en public. — (Léon Frapié, La maternelle, Librairie Universelle, 1908)
    • (Pronominal) Et, plein les trottoirs, des filles levantines, qui visent à s’attifer comme celles de Paris, mais qui, par erreur, sans doute, ont fait leurs commandes chez quelque habilleuse pour chiens savants. — (Pierre Loti, Voyages au Moyen-Orient: Le Désert, Jérusalem, La Galilée, Vers Ispahan, La Mort de Philaé (1895-1907), Arthaud, 2012)
    • (Transitif) Il déclara que ces meubles, ainsi attifés, valaient au moins cinq fois le prix qu’il les avait payés, et nous fit admirer, une fois de plus, les prodigieuses « affaires » qu’il savait découvrir chez les brocanteurs. — (Marcel Pagnol, La gloire de mon père, 1957, collection Le Livre de Poche, page 117)
  2. (Péjoratif) Orner, parer avec mauvais goût.
    • (Transitif) Ils le paraient, ils l’enrubannaient, ils ouataient ses rythmes, ils attifaient sa musique de teintes impressionnistes, de perversités lascives... Pauvre Gluck ! — (Romain Rolland, Jean-Christophe, Paul Ollendorff, 1904-1912)
  3. (Péjoratif) Vêtir de façon bizarre, plus ou moins ridicule.
    • (Pronominal) Mais la bonne examinait la petite, en disant que mademoiselle s'était drôlement attifée. — (Émile Zola, Une page d'amour, G. Charpentier, Paris, 1879)
    • (Pronominal) Ce n’est pas parce que je suis une vieille fille que je dois m’attifer n'importe comment. — (Lisa Kleypas, Nulle autre que vous, traduction d’Anne Busnel, J’ai lu, 2014)
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

ATTIFER. v. tr.
Orner, parer. Il ne s'emploie guère que familièrement et en mauvaise part et surtout pronominalement. Elle attife ses enfants d'une manière ridicule. Elle a tort de s'attifer ainsi.

Littré (1872-1877)

ATTIFER (a-ti-fé) v. a.
  • 1Parer Elle aime à attifer sa petite fille.
  • 2 Fig. Ils attifent leurs mots, enjolivent leurs phrases, Régnier, Sat. IX.
  • 3S'attifer, v. réfl. Cette femme aime à s'attifer.

REMARQUE

Ce verbe est familier, et a quelquefois une teinte d'ironie. Il s'est dit principalement autrefois de la parure de la tête.

HISTORIQUE

XVe s. Nonobstant que les dames y soyent bien parées et bien attiffées, et que moult de belles en y ait, Bouciq. IV, ch. 7.

XVIe s. Qu'elle se pare et attiffe de mes despouilles, Yver, p. 539. Tu ne viendras es mains d'une mignonne oisive, Qui ne fait qu'atifer sa perruque lascive, Ronsard, 186.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

ATTIFER. - ÉTYM. Ajoutez : Voici un exemple du simple tifer : XIVe s. Et li a paroles nuncées Et decevables et tiffées, Macé, Bible en vers, f° 90, verso, 1re col.

Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

Étymologie de « attifer »

À et l'ancien français tiffer ; piémontais, tiflè ; anc. angl. tife, parer la tête ; du flamand tippen, couper le bout des cheveux.

Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

(XVIIe siècle) De l’ancien français atifer. La nuance péjorative, à tout le moins critique, apparaît dès le XVIIe siècle : « Ce mot vieillit & ne se dit plus guere qu'en raillerie. »[1] Elle est donc peut-être implicite dans des énoncés qui paraissent neutres, comme ci-dessous 1.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Phonétique du mot « attifer »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
attifer atife

Fréquence d'apparition du mot « attifer » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « attifer »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « attifer »

  • Notamment vulgarisé par l’univers de la mode, le terme d’androgyne renvoie souvent à ce style qui consiste à s’attifer de vêtements masculins et féminins. Le terme a pourtant une portée scientifique avant tout. Le petit Robert définit d’ailleurs la femme androgyne comme celle «dont la morphologie ressemble à celle d’un homme». Et l’hyperandrogénie dans tout ça?
    Le Temps — Les hyperandrogènes, ces femmes «trop masculines» - Le Temps
  • Roi pour roi, celui-ci, enfant de Malaga et de Barcelone avant que d’être de Paris et de Mougins, s’est, jeune déjà, paré de couronnes qui lui seyaient en toute saison. Amuseur public, il aimait s’attifer de couvre-chefs qui le couvraient de masques et de facéties. Rigolo entre amis, Picasso devenait sérieux comme pape au travail. Travailleur forcené, il aura d’ailleurs tout inventé, ou réinventé, car il aimait aussi donner vie nouvelle aux exploits de ses devanciers, artisans ibères aussi bien que Velasquez. Peintre, sculpteur, dessinateur, graveur, Picasso toucha à tout avec la flamme du créateur sans filet.
    Quand Picasso réinvente la céramique - La Libre
  • C'est dur de vieillir et ne pas le vouloir. Pas savoir comment s'attifer pour paraître et faire la une.
    ladepeche.fr — Céline Dion manque de se faire attaquer par un militant vegan à cause de sa tenue - ladepeche.fr
  • *On ne peut pas dire « être mal attifé » puisque le verbe attifer veut déjà dire « habillé d’une manière ridicule ».
    Le Journal de Montréal — La chienne à Jacques | Le Journal de Montréal

Traductions du mot « attifer »

Langue Traduction
Anglais attifer
Espagnol attifer
Italien attifer
Allemand attifer
Chinois t
Arabe أتيفر
Portugais attifer
Russe attifer
Japonais 態度
Basque attifer
Corse attiferu
Source : Google Translate API

Synonymes de « attifer »

Source : synonymes de attifer sur lebonsynonyme.fr

Combien de points fait le mot attifer au Scrabble ?

Nombre de points du mot attifer au scrabble : 10 points

Attifer

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