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Effort

Variantes Singulier Pluriel
Masculin effort efforts

Définitions de « effort »

Trésor de la Langue Française informatisé

EFFORT, subst. masc.

I.− [L'effort est celui d'un être vivant] Mise en œuvre de toutes les capacités d'un être vivant pour vaincre une résistance ou surmonter une difficulté. Selon M. de Biran, le type du sentiment de la volonté est dans le sentiment de l'effort (Cousin, Hist. philos. XVIIIes., 1829, p. 178).
A.− [En parlant de capacités physiques] Effort musculaire; entraînement à l'effort. Un grand cheval peut exercer un effort moyen d'une centaine de kilogrammes (Haton de La Goupillière, Exploitation mines,1905, p. 750).Elle est cassée à angle droit, et souffre longtemps avant de pouvoir se redresser. Se reposant entre chaque effort, elle enfile ses bas, son jupon (Martin du G.Vieille France,1933, p. 1053).
Fam. Synon. de hernie.Attraper, se donner un effort.
Au fig. :
1. ... cet homme [Duclos] qui dîna en ville jusqu'à la fin, et qui pérorait du matin au soir, avait enroué sa voix et donné comme un effort à son esprit, il lui fallait à tout prix du montant naturel ou factice. Sainte-Beuve, Causeries du lundi,t. 9, 1851-62, p. 214.
ART. VÉTÉR. L'effort de boulet. Entorse de l'articulation du boulet. Il [le colonel] apprenait aussi que Jupiter [un cheval] avait un effort de boulet (Gyp, Mariage civil,1892, p. 103).Effort de tendon. Tuméfaction du tendon ou de la bride carpienne. Effort de genou, de couronne, d'épaule, de hanche.
B.− [En parlant de capacités intellectuelles] Un effort de compréhension, d'imagination, d'intelligence, de mémoire, de réflexion :
2. Et moi, de plus en plus, à peu près une demi-douzaine de fois par jour, je suis plongé par tel événement de la vie dans tout un monde de réflexions que j'aperçois prêt à s'ouvrir à l'effort d'attention le plus léger, et que je n'ai jamais le temps de suivre. Du Bos, Journal,1927, p. 290.
Rem. Effort peut prendre une nuance péj. dans des ex. du type : un travail qui sent ou trahit l'effort. Ces premières pages de M. Thiers sont d'un heureux augure... elles n'ont pas d'efforts, et elles ont de la portée (Sainte-Beuve, Portr. contemp., t. 4, 1846-69, p. 66). Je ne veux plus que l'effort se fasse sentir (Verlaine, Corresp., t. 1, 1873, p. 103).
C.− [En parlant de capacités morales] Glorifier l'effort :
3. La Prusse, j'en conviens, avait besoin d'un effort de vertu pour oublier ce qu'elle avait souffert, elle, son roi et sa reine. Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe,t. 2, 1848, p. 527.
Rem. 1. L'examen des syntagmes où effort est associé à un adj. fait apparaître en premier lieu l'amplitude de l'effort (grand, immense, suprême, moindre, petit) ensuite sa situation dans le temps de l'action ou sa durée (premier, dernier, long), son efficacité ou son impuissance (vain) et enfin justifie les classements des divers domaines que nous avons retenus dans la présentation de notre article à savoir que l'effort est a) humain, b) musculaire ou physique, c) intellectuel, d) moral. 2. L'effort peut être celui d'un groupe, d'une communauté, d'un peuple, d'une nation, etc. L'effort militaire d'un pays. Quelle que soit la suite réservée à ces nouvelles négociations, l'heure est venue pour la France d'orienter elle-même son effort militaire (De Gaulle, Mém. guerre, 1959, p. 333).
D.− Expr. Faire + effort
1. [Effort sans déterminant]
Faire effort sur soi-même. S'obliger à faire une chose bien qu'on éprouve à cela une forte répugnance (cf. prendre sur soi) :
4. ... si quelques gens ne se plaisent pas à Versailles, qu'ils fassent effort sur eux-mêmes qu'ils se détachent du colifichet pour se hausser à l'idée de l'ordre et de la raison. Barrès, Mes cahiers,t. 10, 1913, p. 128.
Faire effort pour. S'efforcer de. En entendant ces paroles, M. Bergeret fit effort pour contenir sa joie (France, Mannequin,1897, p. 350).
2. [Effort + déterminant]
Faire un petit effort. Faire plus qu'il n'était prévu. Fam. (en matière d'argent, de dépenses) :
5. Deuxième créancier. − C'est dur! c'est dur! encore de l'argent! encore de l'argent! encore de l'argent! mais il vaut mieux faire un petit effort que de perdre tout. Claudel, Le Livre de Christophe Colomb,1929, p. 1153.
Faire un dernier effort. Faire une ultime tentative en vue du but recherché :
6. Le sergent fit un dernier effort pour rentrer dans ses songes heureux, pour refuser notre univers de dynamite, d'épuisement et de nuit glacée; mais trop tard. Quelque chose s'imposait qui venait du dehors. Saint-Exupéry, Terre des hommes,1939, p. 248.
Loc. adv. Sans effort. Facilement. Écrire sans effort. Avec effort. Difficilement.
II.− P. anal. [L'effort est produit par une chose] Manifestation d'une force. Efforts du vent, de la tempête, des eaux. Ce massif boisé marque sur ce point de la presqu'île [la Hague] le dernier effort de la végétation normande (Feuillet, de Trécœur,1872, p. 84):
7. ... un bruit singulier, comme le claquement de toile d'une voile en pleine mer, l'effort d'un cordage qui crie en se tendant, a passé dans l'air au-dessus de moi. C'était un ballon... A. Daudet, Robert Helmont,1874, p. 146.
PHYS. et MÉCAN. Effort de traction, de compression*, de flexion*, de torsion*, de cisaillement*.
Spéc. [En parlant d'une locomotive] Effort de traction. Charge que peut tirer une locomotive dans un plan horizontal :
8. Le travail produit par une locomotive est égal à l'effort de traction multiplié par la vitesse. Bricka, Cours de ch. de fer,t. 2, 1894, p. 520.
Rem. On rencontre ds la docum. le région. efforce, subst. fém. Le toit n'était guère bien couvert, et le four était moitié égrôlé par l'efforce de la gelée (Sand, Le Champi, 1850, p. 120).
Prononc. et Orth. : [efɔ ̃:ʀ]. Transcrit avec [ε] ouvert à l'initiale, sous l'influence des lettres redoublées ds Littré, Barbeau-Rodhe 1930 et, à titre de var. ds Warn. 1968. Enq. : /efoʀ/. Le mot est admis ds Ac. 1694-1932. Homon. éphore. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1100 « activité d'un être qui emploie ses forces dans un but » (Roland, éd. J. Bédier, 1197 [ici, loc. a esforz « à toute force »]); b) 1547 p. ext. « action, force produite par quelque chose » (Melin de Sainct-Gelays, Œuvres, éd. P. Blanchemain, t. 1, p. 64 : le temps et ses efforts); 2. a) 1559 « effet, résultat d'un effort » (O. de Magny, Odes, II, 171 : Il sentoit pour vous les effortz De l'amour et de sa puyssance); b) 1678 « douleur, lésion due à un effort musculaire excessif » (G. Guillet, Les Arts de l'homme d'épée, 1repartie). Déverbal de (s')efforcer*. Fréq. abs. littér. : 13 502. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 14 840, b) 13 130; xxes. : a) 20 059, b) 25 662. Bbg. Couture (B.). Vocab. de l'industr. du bât. Banque Mots. 1974, no8, p. 191. − Darm. Vie 1932, p. 49.

Wiktionnaire

Nom commun - français

effort \e.fɔʁ\ ou \ɛ.fɔʁ\ masculin

  1. Action de s’efforcer.
    • Il pâlit un peu, puis, tentant un effort désespéré, réussit à dégager un pied, tandis que l’autre restait prisonnier de la glu mouvante et fétide des profondeurs. — (Louis Pergaud, Un sauvetage, dans Les Rustiques, nouvelles villageoises, 1921)
    • Cet ouvrage vous demandera beaucoup d’efforts. Les ennemis ont fait un grand effort pour emporter la place. Arriver à un résultat sans effort.
  2. (En particulier) Action énergique d’une force physique ou intellectuelle.
    • La Girafe, excitée à fuir, se presse, s’emporte, et est bientôt hors de vue ; mais elle ne soutient point longtemps cet effort, qu’elle ressent comme une fatigue […] — (Étienne Geoffroy Saint-Hilaire, Quelques Considérations sur la Girafe, 1827)
    • Il avait saisi l’arbre à pleins bras […] À chaque effort, il se haussait d’une demi-coudée. — (Alphonse de Châteaubriant, Monsieur des Lourdines, chapitre 1, 1910)
    • En les apercevant, Bert s’aplatit sur le sol, rampa jusqu’à un creux propice et demeura étendu là à contempler leurs efforts. — (H. G. Wells, La Guerre dans les airs, 1908, traduction d’Henry-D. Davray et B. Kozakiewicz, Mercure de France, Paris, 1910, page 357 de l’édition de 1921)
    • Nous volions depuis vingt-six heures et demie. Malgré les soucis et les préoccupations et les efforts successifs, nous étions l’un et l’autre d’attaque. — (Dieudonné Costes et Maurice Bellonte, Paris-New-York, 1930)
    • En pleine mer, des bâtiments sombrèrent, ou, désemparés par la tempête, n’échappèrent au naufrage que par des efforts inouïs. — (Frédéric Zurcher et Élie-Philippe Margollé, Les Naufrages célèbres, chapitre 19, Hachette, Paris, 1873, 3e édition, 1877, page 185)
  3. (Par extension) Résultat produit par cet effort.
    • Cette œuvre est un bel effort.
  4. (En particulier) Pression exercée par un corps, en parlant des choses.
    • Lorsque le tenon joue dans la mortaise, l'assemblage se trouve promptement détruit par les efforts auxquels il est nécessairement soumis. — (De la charpente: comprenant les assemblages, les poutres armées, […], et la manière d'exécuter ces ouvrages, Bruxelles : au bureau de la Bibliothèque rurale, 1852, page 8)
    • […] dans la nuit, les pauvres arbres, sous l’effort du vent plus colère, gémissent et craquent. — (Octave Mirbeau, Lettres de ma chaumière : La Tête coupée, A. Laurent, 1886)
    • Le gréement dormant en fil d’acier galvanisé, peut supporter un effort de dix tonnes sans se rompre. — (Alain Gerbault, À la poursuite du soleil ; tome 1 : De New-York à Tahiti, 1929)
    • (Figuré) Supporter tout l’effort de la guerre.
  5. (Par extension) Hernie ou contraction douloureuse de quelque muscle.
    • Se donner un effort en soulevant un fardeau. Ce cheval a un effort.
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

EFFORT. n. m.
Action de s'efforcer. Cet ouvrage vous demandera beaucoup d'efforts. Les ennemis ont fait un grand effort pour emporter la place. Arriver à un résultat sans effort. Faire effort, faire tout son effort. Un effort stérile, impuissant. Il fut découragé par l'inutilité de ses efforts. Fig., Effort d'imagination. Effort de mémoire. Effort de vertu. Cette maison de commerce a fait un grand effort de publicité. Je ferai un effort pour vous venir en aide. Cette banque, malgré un puissant effort financier, a dû fermer ses bureaux. Il se dit, par extension, du Résultat produit par cet effort. Cette œuvre est un bel effort. Faire un effort sur soi-même, Se déterminer à faire quelque chose, malgré l'extrême répugnance qu'on éprouve. En parlant des Choses, il signifie particulièrement Pression exercée par un corps. Cet arbre n'a pu résister à l'effort du vent. L'effort de l'eau a rompu la digue. Tout corps est soumis à un effort de traction, de compression, de tension. L'effort des arches d'un pont sur les culées. Fig., Supporter tout l'effort de la guerre. Il se dit, par extension, d'une Hernie ou d'une Contraction douloureuse de quelque muscle. Se donner un effort en soulevant un fardeau. Ce cheval a un effort.

Littré (1872-1877)

EFFORT (è-for ; le t ne se lie pas : un è-for inattendu ; au plur. l's ne se lie pas : des è-for inattendus ; cependant quelques-uns la lient : des è-for-z inattendus) s. m.
  • 1Contraction musculaire qui a pour objet, soit de résister à une puissance, soit de vaincre une résistance. Faire effort pour soulever un fardeau. Sur l'ais qui le soutient auprès d'un Avicenne, Deux des plus forts mortels l'ébranleraient à peine ; Le chanoine pourtant l'enlève sans effort, Boileau, Lutrin, V.

    Les efforts de l'accouchement, les efforts que fait la femme pour aider à la contraction de la matrice.

  • 2Action de force physique. On te croirait toujours abattu sans effort, Corneille, Cid, II, 2. Et quand son assassin tombe sous notre effort, Corneille, Cinna, I, 1. Tourne ailleurs les efforts de tes bras triomphants, Corneille, Hor. I, 1. Le ciel mène à Lesbos l'impitoyable Achille ; Tout cède, tout ressent ses funestes efforts, Racine, Iphig. II, 1. Hélas ! je me consume en impuissants efforts, Racine, ib. V, 4. Il faut faire tous ses efforts pour repousser la mort, Fénelon, Tél. VI.
  • 3 Fig. Action énergique des forces morales. Faire tous ses efforts pour arriver à ses fins. Effort de mémoire, d'esprit, de vertu. Faire ses efforts pour mériter une récompense. C'est une œuvre où nature a fait tous ses efforts, Malherbe, V, 12. L'effort fait plus que le mérite, Régnier, Contre un amoureux. Mais plus l'effort est grand, plus la gloire en est grande, Corneille, Polyeucte, IV, 5. Mais Grimoald puni vous coûterait des larmes ; à cet objet sanglant l'effort de la pitié Reprendrait tous les droits d'une vieille amitié, Corneille, Perth. II, 1. Je verrai par l'effort de votre obéissance Où doit aller celui de ma reconnaissance, Corneille, ib. Tu vis comme il y fit des efforts superflus, Corneille, Rodog. II, 2. J'ai fait pour le fléchir un inutile effort, Corneille, Héracl. II, 2. Depuis cinquante ans que le Cid tient sa place sur nos théâtres, l'histoire ni l'effort de l'imagination n'y ont rien fait voir qui en ait effacé l'éclat, Corneille, Ex. du Cid. Cette tragédie a encore plus d'effort d'invention que celle de Rodogune, Corneille, Ex. d'Héracl. La plupart des hommes, pour arriver à leurs fins, sont plus capables d'un grand effort que d'une longue persévérance, La Bruyère, XI. Tous les premiers forfaits coûtent quelques efforts, Racine, Théb. III, 6. Votre âme… croit qu'en moi la haine est un effort d'amour, Racine, Andr. II, 2. Tu sais par quels efforts il tenta sa vertu, Racine, Mithr. I, 1. Au premier bruit de ce funeste accident, toutes les villes de Judée furent émues, des ruisseaux de larmes coulèrent des yeux de tous leurs habitants ; ils furent quelque temps saisis, muets, immobiles ; un effort de douleur rompant enfin ce long et morne silence, d'une voix entrecoupée de sanglots, ils s'écrièrent…, Fléchier, Turenne. Quoi donc ? un cœur si fier, si plein de fermeté, Par l'effort de l'amour peut être surmonté ! Quinault, Astrate, II, 3. Télémaque fit ses derniers efforts pour les en empêcher, Fénelon, Tél. XX. Ce n'est point par effort qu'on aime ; L'amour est jaloux de ses droits, Tout reconnaît sa loi suprême, Lui seul ne connaît point de lois, Rousseau J.-B. Cant. VII, Circé. Quel effort douloureux s'est-il donc imposé ? Delavigne, Paria, II, 2. Les soldats y attachaient encore plus de prix [à la propreté de leur uniforme] à cause de la difficulté, pour étonner, et parce que l'homme s'enorgueillit de tout ce qui est effort, Ségur, Hist. de Nap. VIII, 11.

    Faire effort sur soi-même, se déterminer à une chose malgré une vive répugnance. Pour moi, pour toi, pour lui, fais-toi ce peu d'effort, Corneille, Héracl. V, 3. Je ne vous blâme point d'avoir eu mes faiblesses ; Mais faites même effort sur ces lâches tendresses, Corneille, Attila, III, 4. Quels efforts à moi-même il a fallu me faire ! Corneille, Polyeuc. V, 3. Faites-vous un effort pour lui servir d'appui, Corneille, ib. IV, 5. Fais-toi quelque effort, Molière, Am. magnif. 3e interm. Past. 2. Malgré tous les efforts que je pourrais me faire, Racine, Mithr. II, 1. Faisons cet effort sur notre douleur, Bossuet, Louis de Bourbon.

    Familièrement. Il a fait un effort, il a consenti à donner une forte dot pour marier sa fille. Mais, Frosine, as-tu entretenu la mère touchant le bien qu'elle peut donner à sa fille ? lui as-tu dit qu'il fallait qu'elle s'aidât un peu, qu'elle fît quelque effort ? Molière, l'Av. II, 6.

    En général, faire un effort, se résigner à quelque chose qui coûte, qui répugne.

    Faire l'effort de, prendre la peine de. Elle a fait l'effort de venir voir ce joli appartement, Sévigné, 392.

    Ironiquement. Il a fait l'effort de me rendre ma visite

    Coup d'effort, coup d'audace, entreprise hardie. Mes vaisseaux à la rade, assez proches du port, N'ont que trop de soldats pour faire un coup d'effort, Corneille, Médée, II, 5. Sans moi ton insolence allait être punie ; à ma seule prière on ne t'a que bannie ; C'est rendre la pareille à tes grands coups d'effort : Tu m'as sauvé la vie, et j'empêche ta mort, Corneille, ib. III, 3.

    Un heureux effort de la plume, production à laquelle on consacre avec succès toutes ses forces et tout son talent. Si je souhaite quelque durée pour cet heureux effort de ma plume, ce n'est point pour apprendre mon nom à la postérité, mais seulement pour laisser des marques éternelles de ce que je vous dois, Corneille, le Cid à Mme de Combalet.

    Il se dit aussi, en ce sens des autres beaux-arts. Le renard en louant l'effort de la sculpture, La Fontaine, Fabl. IV, 14.

    En mauvaise part. C'est un effort de démence dans un gouvernement d'avilir la plus grande partie de la nation, Voltaire, Mœurs, 98.

  • 4Il se dit aussi des choses qui exercent une action comparée à un effort musculaire. L'effort de l'eau rompit la digue… Mon front, au Caucase pareil,… Brave l'effort de la tempête, La Fontaine, Fabl. I, 22. Et des vains ornements l'effort ambitieux, La Fontaine, ib. V, 1.

    L'effort de la guerre, ce que la guerre a de plus puissant et de plus effectif. Vous trouverez étrange que ces gens que vous tenez si sages et qui ont particulièrement cet avantage sur nous de bien garder ce qu'ils ont gagné, aient laissé reprendre une place sur laquelle on pouvait juger que tomberait tout l'effort de cette guerre, Voiture, Lett. 74.

  • 5Dans le langage didactique, toute action en vue d'un résultat.
  • 6Effet. Soit que son or pour lui fît un si prompt effort, Corneille, Théodore, IV, 4. Le fer ne produit point de si puissants efforts, Racine, Brit. V, 5.
  • 7Il se dit des actions armées des peuples ou des partis entre eux. Les Gaulois font un dernier effort pour leur liberté, Bossuet, Hist. I, 8. L'effort qu'il venait de faire pour atteindre Moscou avait usé tous ses moyens de guerre, Ségur, Hist. de Nap. VIII, 7.
  • 8Dans le langage vulgaire, nom donné à une douleur vive survenue dans un muscle à l'occasion d'une violente contraction de ses fibres.

    Tiraillement douloureux éprouvé dans la région lombaire en soulevant un fardeau trop pesant.

    Hernie. Il s'est donné un effort.

HISTORIQUE

XIe s. N'assemblereit Charles si granz esforz [troupes], Ch. de Rol. XLIV. Dist Oliviers : Paien ont grant esforz, ib. LXXXI. Son cheval [il] broche, laisse courre à esforz, ib. XCI.

XIIe s. De ses beaus ieuz [elle] me vint sans desfiance [sans défi] Ferir au cuer, que n'i ot autre esfort, Couci, XVI. Li plusieur ont d'amors chanté Par esfort et desloiaument ; Mais de ce [ma dame] m'en doit savoir gré Qu'onques [je] n'en chantai faintement, ib. p. 120. Joram li reis de Israel od tut sun esforz out assegied Ramoth Galaath sur Asael le rei de Syrie, Rois, 376.

XIIIe s. Et cil vienent à grant esfort, Qui le poisson vendre menoient, Ren. 3960.

XIVe s. Premierement il convient de partir soy et traire loing et resister à plus grant effort au vice qui est plus contraire à la vertu que l'en quert, Oresme, Eth. 54. Car il [un roi] estoit de si grant iestre [être], Et si redoutés et si fors, Et si grans estoit ses esforz [son armée], Jean de Condé, p. 149.

XVe s. Après cette ordonnance, le roi Philippe, qui fortement desiroit à trouver les Anglois et eux combattre, se partit d'Amiens à tout [avec] son effort, et chevaucha vers Airaines, Froissart, I, I, 278. Elle veut faire son effort De tout son povoir de m'aidier, Et pour ce lui plaist m'envoyer Cette nef plaine de plaisance, Orléans, Ball. 28. Tout homme armé doit estre, par effort, Crueulx avant, piteux après victoire, Deschamps, Poésies mss. f° 109, dans LACURNE. Le roy avoit mis tout son effort en son avant garde, où pouvoit avoir trois cens cinquante hommes d'armes et trois mille Suisses, qui estoit l'esperance de l'ost, Commines, VIII, 6.

XVIe s. Faisant quelque effort en saultant, Montaigne, I, 92. Les efforts de nostre conception sont loing au dessoubs de leur merite, Montaigne, I, 265. Tout l'effort de ces hommes d'armes consiste en leur lance, Amyot, Lucull. 53. Foible suis pour te conquester Un chasteau de si grand effort, Marot, II, 240. Fossez profonds et murs de grans efforts N'environnoient encor villes ne forts, Marot, IV, 16. … Et se tenir coy sans rien entreprendre, ny faire effort [violence] à aucun des habitans, Sat. Mén. p. 134.

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Étymologie de « effort »

Voy. EFFORCER ; provenç. esfort ; catal. esfors ; espagn. esfuerzo ; port. esforço ; ital. sforzo.

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(c. 1100) En ancien français esfort. Déverbal de efforcer[1].
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Phonétique du mot « effort »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
effort efɔr

Fréquence d'apparition du mot « effort » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « effort »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « effort »

  • Hugo puissant et fort, Vigny soigneux et fin,D’un destin inégal, mais aucun d’eux en vain,Tentaient le grand succès et disputaient l’empire.Lamartine régna ; chantre ailé qui soupire,Il planait sans effort. Hugo, dur partisan(Comme chez Dante on voit, Florentin ou Pisan,Un baron féodal), combattit sous l’armure,Et tint haut sa bannière au milieu du murmure :Il la maintient encore ; et Vigny, plus secret,Comme en sa tour d’ivoire, avant midi, rentrait.
    Charles-Augustin Sainte-Beuve — Pensée d’Août
  • Proportionner la jouissance à l'effort et l'assouvissement au besoin.
    Victor Hugo — Les Misérables
  • La seule grandeur authentique, celle de l'effort.
    Gilbert Choquette — La Flamme et la forge
  • La gloire est un effort constant.
    Jules Renard — Journal 1887-1892
  • Il n'y a pas d'efforts inutiles, Sisyphe se faisait les muscles.
    Roger Caillois — Circonstancielles, Gallimard
  • La victoire aime l'effort.
    Catulle
  • La poésie, c'est comme le radium ; pour en obtenir un gramme, il faut des années d'effort.
    Vladimir Vladimirovitch Maïakovski — Entretien sur la poésie avec un inspecteur des finances
  • Gagner n’est pas tout, mais l’effort qu’il faut fournir l’est.
    Zig Ziglar
  • Le plus grand effort de la passion est de l'emporter sur l'intérêt.
    Jean de La Bruyère
  • Le mot infini, comme les mots Dieu, esprit et quelques autres expressions, dont les équivalents existent dans toutes les langues, est non pas l'expression d'une idée, mais l'expression d'un effort vers cette idée.
    Edgar Allan Poe — Eureka
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Traductions du mot « effort »

Langue Traduction
Anglais effort
Espagnol esfuerzo
Italien sforzo
Allemand anstrengung
Chinois 努力
Arabe مجهود
Portugais esforço
Russe усилие
Japonais 努力
Basque esfortzua
Corse sforzu
Source : Google Translate API

Synonymes de « effort »

Source : synonymes de effort sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « effort »

Combien de points fait le mot effort au Scrabble ?

Nombre de points du mot effort au scrabble : 12 points

Effort

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