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Crier

Définitions de « crier »

Trésor de la Langue Française informatisé

CRIER, verbe.

A.− Pousser des cris.
1. [Le suj. désigne un être humain] Pousser spontanément des cris sous l'effet d'une émotion, d'un état physique ou moral ressenti intensément. Crier brusquement, gaiement, crier d'angoisse, de joie :
1. Un enfant cria dans une maison voisine; sa mère chanta pour le consoler. Et bientôt s'élevèrent un babil et des rires puérils. Arland, L'Ordre,1929, p. 473.
Loc. Crier comme un aveugle, un damné, un enragé, un fou, un perdu, un putois, un sourd, un veau.
P. ext. [Le suj. désigne une sensation, un sentiment, etc.] Le chagrin de sa solitude criait dans sa voix grêle (Zola, Argent,1891, p. 133).
2. [Le suj. désigne un animal] Les oies qui crient dans les étaules (Renard, Journal,1889, p. 28):
2. C'est ce qu'exprimait Jules Payot disant : « On ne sait pas ce que c'est que barrir, si l'on n'a jamais entendu crier un éléphant ». L. Couffignal, Les Machines à penser,1964, p. 88.
3. P. anal.
a) [Le suj. désigne un instrument de musique au timbre aigu] On entendait crier les trompettes (Giono, Bonheur fou,1957, p. 160).
b) [Le suj. désigne une chose, notamment un objet métallique, frottant contre une autre chose] Avec une valeur légèrement péj. Émettre un bruit aigre, désagréable. (Quasi-)synon. bruisser, crisser, grincer.On put entendre crier la robe de soie de madame Marion (Balzac, Député d'Arcis,1847, p. 299).Les portes des maisons (...) faisant crier leurs gonds mangés de rouille (Ramuz, Gde peur mont.,1926, p. 37).Un pas rapide fit crier le gravier (Daniel-Rops, Mort,1934, p. 192).
B.− Prononcer des paroles d'une voix très forte, pour exprimer quelque chose.
1. Forcer sa voix pour donner implicitement plus d'importance à ce que l'on peut exprimer. Crier fort, haut.
a) [Le suj. désigne une pers. sous l'emprise de la colère] Crier après, contre; crier sans cesse. (Quasi-) synon. disputer, gronder.Quand vous me parlez, je suis calme. Je ne me souviens plus d'avoir crié après vous dans un moment de démence (Sand, Elle et lui,1859, p. 53).
b) Gén. péj. [Le suj. désigne un acteur, un chanteur, etc., qui exagère ses effets de voix] Zuchelli a chanté avec une grande pureté; il ne crie jamais; c'est un rare mérite aujourd'hui (Stendhal, Notes dilett.,1823, p. 397).
2. Parler fort de manière à être entendu nettement et de loin, quand on exprime explicitement une chose d'importance. Crier du/en bas, à tue-tête, de toutes ses forces.
a) Lancer un appel, un avertissement, un encouragement à voix haute. Crier au cocher (qqc.), au secours, des ordres. Ma mère (...) vint (...) jusqu'à la porte de ma chambre, et me cria bonjour (Sand, Hist. vie,t. 2, 1855, p. 305).− « Allô, Léon! » cria gaiement Antoine (Martin du G., Thib.,Consult., 1928, p. 1054).On criait des injures aux sentinelles allemandes (Van der Meersch, Invas. 14,1935, p. 232).
Loc. et expr. Sans crier gare. Sans prévenir, brusquement. Le gars est mort sans crier gare (Martin du G., Vieille Fr.,1933, p. 1069).Crier haro sur qqn. Demander l'aide publique pour arrêter un voleur pris en flagrant délit. P. métaph. Désigner quelqu'un ou quelque chose à l'attention générale, à la condamnation publique. Il y a un consentement de l'hypocrisie générale pour crier haro sur le livre (Goncourt, Journal,1866, p. 297).Crier vengeance. P. méton. ou p. métaph. Ce corps innocent qui crie vengeance sous les œillets rouges de son sang (Camus, Dévotion croix,1953, p. 546).
En partic. Lancer avec insistance un appel, une prière, implorer. Crier un/son nom; crier à/après/vers (Dieu). Mon Dieu (...) je crierai vers toi, du fond de mes douleurs, Et ma bouche louera ta sagesse infinie (A. France, Noces corinth.,1876, p. 228).Mais si nous ne crions au ciel, ni pour la peine, ni pour le travail, quelle est donc la prière légitime? (J. Simon, Relig. natur.,1856, p. 398).P. métaph. Le sol s'est hérissé d'une moisson d'églises qui criaient leur foi vers le ciel (L. Daudet, A. Daudet,1898, p. 255).
b) Annoncer publiquement à voix haute; répandre une nouvelle. Crier sur tous les toits :
3. Delhomme repartit, s'arrêta plus loin pour crier de nouveau la nouvelle, la cria plus loin une troisième fois; et la menace de la guerre prochaine vola par la Beauce, dans la grande tristesse du ciel de cendre. Zola, La Terre,1887, p. 438.
Emploi pronom. :
4. Quand le bateau que l'on croise porte pavillon tricolore, on se salue de quatre coups de fusil, on se crie les nouvelles politiques, et quelquefois on se met en panne pour se faire une visite. Flaubert, Correspondance,1850, p. 165.
En partic. Annoncer les marchandises à vendre. Les marchands ambulants criaient les pêches, les poires et les raisins (A. France, Île ping.,1908, p. 237).J'entends crier les journaux du soir (Alain-Fournier, Meaulnes,1913, p. 337).
Spéc. Annoncer, dans une vente aux enchères, les pièces saisies, les prix :
5. Records, chez les retardataires, Saisissez jusqu'au moindre effet, Et des mobiliers prolétaires Criez la vente au Châtelet. Peuple à jamais digne d'estime, Payer fut toujours ton régime. L'Histoire de France par les chansons,t. 6, 1837-38, p. 185.
Loc. et expr. Crier à ban, à son de trompe. Citer les criminels à comparaître devant le juge. Proclamer une décision émanant de l'autorité. P. ext. Faire connaître à grand renfort de bruit. On vient crier à son de trompe que César est à Bologne (Musset, Lorenzaccio,1834, I, 5, p. 112).On prend des cors de chasse et on crie à son de trompe : cent mille francs pour cinq sous! (Balzac, C. Birotteau,1837, p. 316).
c) [Le suj. désigne gén. une foule] Exprimer à voix haute et avec force un avis, une opinion, le plus souvent sous forme de protestation. Crier bravo, grâce, merci. Les Parisiens crièrent à la trahison; ils dirent que le duc de Berri était d'intelligence avec ceux qui voulaient ruiner la ville (Barante, Hist. ducs Bourg.,t. 3, 1821-24, p. 212):
6. Jusqu'au soir, le kommando ne fut qu'une flambée de fièvre. Cent vingt bouches criaient leur confiance et saluaient l'aurore de la victoire. Ambrière, Les Grandes vacances,1946, p. 121.
Loc. et expr. Crier la faim, crier famine (sur un tas de blé). Se plaindre d'avoir faim. Le peuple crie la faim, et la soif (Renard, Journal,1907, p. 1117).P. méton. et p. métaph. J'étais à jeun depuis vingt-quatre heures, et mon estomac criait famine. L'ennemi, pour nous braver, passa la nuit à boire et à manger sur nos têtes (About, Roi mont.,1857, p. 269).Mon esprit criait famine (Beauvoir, Mém. j. fille,1958, p. 70).Crier merveille, (au) miracle. Le Roi des Lépreux (cette année-là, c'était un moine belge), à qui l'on mène toutes les vierges captées en chemin et qu'il viole sur un tapis rouge pour guérir, au vu de tous ses suiveurs fanatisés qui crient au miracle (Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 153).Au fig. s'extasier. Nous avons de nos maîtres (...) une idée telle que dès qu'ils ne commettent pas une félonie nous crions au miracle, et à l'éminence (Péguy, Argent,1913, p. 1271).Crier misère (cf. Flaub., Corresp., 1865, p. 24).Crier Noël; p. ext. se réjouir (cf. L. Febvre, Combats pour hist., 1933, p. 95).On a tant crié Noël qu'à la fin il est venu. Crier au scandale. Certains journaux crièrent au scandale (Lamennais, Religion,1826, p. 19).Crier au vinaigre (fam.). Protester contre un mauvais vin; p. ext. protester vivement, appeler à l'aide (cf. Huysmans, Sœurs Vatard, 1879, p. 203).
P. métaph. [Le suj. désigne un artiste ayant recours à une forme d'expression écrite ou figurative] Ambition qui devrait être celle de tous les écrivains : témoigner et crier, chaque fois qu'il est possible, dans la mesure de notre talent, pour ceux qui sont asservis comme nous (Camus, Actuelles I,1944-48, p. 250).Celui-ci [Goya] pressent l'art moderne, mais la peinture n'est pas à ses yeux la valeur suprême : elle crie l'angoisse de l'homme abandonné de Dieu (Malraux, Voix sil.,1951, p. 97).
P. anal. [Le suj. désigne gén. une chose concr.] S'exprimer puissamment, attirer vivement l'attention. C'est sur les joues [de Buffon] des sinuosités qui crient la bonhomie, l'amour du propos salé et du bien-être (Estaunié, Rom. et prov.,1942, p. 98).Ostensiblement découvertes, les deux paillasses d'Hulot et de Magnin criaient l'absence (Ambrière, Gdes vac.,1946, p. 234).
En partic., avec une valeur légèrement péj. Briser une harmonie, produire un effet criard. Comme si ce mot de brutal ne criait pas et ne jurait pas avec tout ce qui est sorti de la bouche et de la plume de ce sage discret (Sainte-Beuve, Caus. du lundi,t. 10, 1851-62, p. 14).Le rouge de la moquette criait dans mes yeux (Beauvoir, Mém. j. fille,1958, p. 9).
Au fig. [Le suj. désigne une chose abstr., un sentiment, un élan de l'âme] (Se) manifester avec force être criant. Y a-t-il un autre amour que celui des ténèbres, un amour qui crierait en plein jour? (Camus, Exil et Roy.,1957, p. 35):
7. ... ils se refusaient à entendre la voix intérieure qui leur criait la vérité, en étalant devant eux l'histoire de leur vie. Zola, Thérèse Raquin,1867, p. 190.
Prononc. et Orth. : [kʀije], (je) crie [kʀi]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 2emoitié xes. « dire (quelque chose) d'une voix retentissante » (Passion de Clermont, éd. d'A. S. Avalle, 182); 2. ca 1050 intrans. « (d'une personne) pousser des cris perçants » (Alexis, éd. Ch. Storey, 424); 1120-35 « (d'un animal) id. » (Ph. de Thaon, Bestiaire, éd. E. Walberg, 788); 3. fin xiies. [ms. xiiies.] intrans. « faire entendre une plainte, une protestation » (Chevalier au cygne, éd. C. Hippeau, 5709); part. prés. adj. 1677 criant « qui provoque la plainte » (Miège); 4. ca 1180 « annoncer, clamer (quelque chose) publiquement » criez vostre enseigne (Roland, éd. J. Bédier, 1793); ca 1268 « annoncer une vente sur la voie publique » (E. Boileau, Métiers, éd. R. de Lespinasse et Fr. Bonnardot, 1repartie, titre V, XII). Du lat. class. quiritare « appeler; crier au secours; protester à grands cris » réduit en *critare. Fréq. abs. littér. Crier : 13 722. Crié : 870. Fréq. rel. littér. Crier : xixes. : a) 11 880, b) 26 784; xxes. : a) 27 028, b) 17 612. Crié : xixes. : a) 752, b) 1 190; xxes. : a) 1 738, b) 1 374.
DÉR.
Criage, subst. masc.Action de faire une annonce en criant; office du crieur public annonçant les denrées à vendre. La distribution, le colportage, la vente et le criage sur la voie publique (Civilis. écr.,1939, p. 4408).Attesté aussi ds Ac. Compl. 1842, Besch. 1845, Lar. 19e-20e, Littré, Guérin 1892, DG, Quillet 1965. [kʀija:ʒ]. 1resattest. fin xiies. « action de crier » (Chevalier au cygne, éd. C. Hippeau, 5247), av. 1266 « (du crieur public) action de crier » (Le Livre de Jean d'Ibelin ds Assises de Jérusalem, éd. A. Beugnot, I, CXXII, p. 198), rare; de crier; suff. -age*.
BBG. − Arickx (I.). Les Orthoépistes sur la sellette. Trav. Ling. Gand. 1972, no3, p. 124. − Gottsch. Redens. 1930, passim.Goug. Mots t. 3 1975, p. 261. − Gougenheim (G.). Une Catégorie lexicogrammaticale : les loc. verbales. In : [Mél. Michéa (R.)]. Ét. Ling. appl. 1971, no2, p. 59. − Rog. 1965, p. 179.

Wiktionnaire

Verbe - français

crier \kʁi.je\ transitif 1er groupe (voir la conjugaison)

  1. Jeter un ou plusieurs cris.
    • Ne faites pas crier cet enfant. Si, laissez-le crier.
    • Il crie de toute sa force. — Un chien qui crie parce qu’on le bat.
    • On entendait crier les hiboux.
  2. Élever très haut la voix dans la conversation, dans une discussion, dans un blâme, dans une gronderie, etc.
    • L’épouse devient rouge et le poète devient pâle. Ils crient très fort. Le visage rouge devient pâle, la face pâle passe au rouge. Avec les mots, on en voit de toutes les couleurs. — (Amand Vereecke, La tête qui tourne, éd. André de Rache, 1969)
    • Il est tellement sourd qu’il faut crier pour se faire entendre de lui. — Il crie comme un sourd. — Il ne saurait discuter sans crier.
  3. (Péjoratif) Forcer trop sa voix en chantant.
    • Cette femme ne chante pas, elle crie.
  4. (Par analogie) Grincer ; produire un bruit aigre, en se frottant rudement contre d’autres ou en se cassant, en parlant des choses.
    • Les sables sont les matières que l’on mélange le plus habituellement à la chaux pour former les mortiers ; ils doivent être rudes au toucher et crier quand on les serre dans la main. — (Edmond Nivoit, Notions élémentaires sur l’industrie dans le département des Ardennes, E. Jolly, Charleville, 1869, page 21)
  5. Proclamer, annoncer une chose au nom de l’autorité.
    • On a crié à son de trompe que chacun eût à rendre ses armes.
  6. Avertir souvent quelqu’un d’une chose, la lui conseiller fortement.
    • Il y a longtemps que je lui crie d’être sage, de prendre garde à lui.
    • La conscience, une voix intérieure nous crie qu’une telle action ne saurait être juste.
  7. Prononcer, à propos d’une personne ou d’une chose, un ou plusieurs mots d’un ton de voix très élevé avec le même effort que si l’on poussait un cri.
    • Le bon Piqueur doit sçauoir bien parler en cris, & langages plaisans aux chiens, crier, hucher, & houpper ses compagnons, forhuer en mots longs, & sonner de la trompe. — (René François, Essay des merveilles de nature et des plus nobles artifices, 1632, page 18)
    • « J’ai eu la cholérine comme tout le monde, dit l’homme. On pose culotte deux ou trois fois au lieu d’une : un point c’est tout. De celle-ci on en meurt un peu, paraît-il. C’est simplement le temps qui met les bouchées doubles. Il n’y a pas de quoi crier au voleur. » — (Jean Giono, Le hussard sur le toit, 1951, réédition Folio Plus, page 359)
    • J’ai beau lui crier de se détourner, il ne m’entend pas.
    • Crier aux armes.— Crier à l’aide, au secours, à la garde. — Crier au meurtre, au voleur, au feu.
    • Crier gare. — Crier miséricorde. — Crier merci.
  8. Exprimer fortement, même sous forme écrite, un avis, une opinion, souvent sous forme de protestation. Note : Le verbe est souvent construit avec la préposition à.
    • Bien sûr, le « Vatican » égyptien (la mosquée et université Al-Azhar) a dit non, crié à l’atteinte aux valeurs, à l’insulte faite à Dieu, à la mécréance qui autorise qu’on vous tue. — (Kamel Daoud, « Fin de l’esclavage confessionnel », Le Point, no 2350, 21 septembre 2017)
    • Sur son compte Instagram, l’ancien Niçois a crié à l’injustice concernant cette mise à l’écart, en reprenant une célèbre citation de Martin Luther King. — (Nicolas Laurent, « Écarté de la tournée du PSG, Ben Arfa crie à « l'injustice » », sport24.lefigaro.fr, 14 juillet 2017)
    • Crier au génie.
  9. Mettre à l’enchère des biens, inviter à les enchérir.
    • Crier des meubles, etc.
  10. (Vieilli) (Commerce) Attirer le chaland par ses cris ; vendre à la criée.
    • Bellegarde tirait de la poche veston un étui en argent, dont il allait extirper une savoureuse abdullah, lorsqu’il se vit tout à coup environné par une bande de camelots qui criaient la troisième édition d’un journal du soir. — (Arthur Bernède, Belphégor, 1927)
    • On criait les journaux étrangers. […] un homme qui, disait-on, avait crié les journaux dans les rues — (Georges Simenon, La Fuite de Monsieur Monde, La Jeune Parque, 1945, chapitres 7, 8)
  11. (Figuré) Dire une chose hautement ou la répéter avec importunité.
    • Il ira crier cela partout. — Il ne cesse de crier que tout est perdu.
    • Il crie aux oreilles de tout le monde qu’on lui a fait une injustice. — Ils m’ont trompé, je le crierai sur les toits.

Verbe 2 - ancien français

crier \Prononciation ?\

  1. Variante de creer.
    • Coment le mond fu criez — (Robert Grosseteste, Le Chasteau d’amour. BL Harley 1121, fol. 156v.)

Nom commun - ancien français

crier \Prononciation ?\ masculin

  1. Cri.
    • Mais ses criers rien ne li vaut — (Lancelot, ou le Chevalier de la charrette, manuscrit 794 français de la BnF, circa 1177.)

Verbe 1 - ancien français

crier \Prononciation ?\

  1. Crier, faire des cris.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

CRIER. v. intr.
Jeter un ou plusieurs cris. Ne faites pas crier cet enfant. Laissez-le crier. Il crie de toute sa force. Un chien qui crie parce qu'on le bat. On entendait crier les hiboux. Fam., Crier comme un perdu, comme un fou, comme un enragé, comme un beau diable ; crier à pleine tête, à tue-tête, Jeter de grands cris, crier de toute sa force. On dit dans le même sens Il crie comme si on l'écorchait ; et Crier comme un aveugle qui a perdu son bâton. Fig. et fam., Plumer la poule sans la faire crier, Faire des exactions si adroitement qu'il n'y ait point de plaintes. Prov. et fig., Il ressemble aux anguilles de Melun, il crie avant qu'on l'écorche. Voyez ANGUILLE. Il signifie encore Élever très haut la voix dans la conversation, dans une discussion, dans un blâme, dans une gronderie, etc. Il est tellement sourd qu'il faut crier pour se faire entendre de lui. Il crie comme un sourd. Il ne saurait discuter sans crier. Les prédicateurs crient contre le vice. C'est à qui criera le plus fort. Fig., Crier au Seigneur, Crier vers Dieu, Faire appel à Dieu, l'implorer. Fig., Crier à l'injustice, à l'oppression, Se plaindre hautement d'une injustice, d'un acte d'oppression, etc. On dit aussi Crier au scandale, à l'exagération. Accuser hautement quelqu'un de scandale, d'exagération, etc. Il se dit quelquefois par dénigrement d'une Personne qui force trop sa voix en chantant. Cette femme ne chante pas, elle crie. Il signifie, par analogie, Produire un bruit aigre, en se frottant rudement contre d'autres ou en se cassant, en parlant des Choses. Cette porte crie. L'essieu de cette charrette crie. Les roues crient. On dit plus souvent GRINCER. Il s'emploie aussi transitivement et signifie Prononcer, à propos d'une personne ou d'une chose, un ou plusieurs mots d'un ton de voix très élevé avec le même effort que si l'on poussait un cri. J'ai beau lui crier de se détourner, il ne m'entend pas. Crier aux armes. Crier à l'aide, au secours, à la garde. Crier au meurtre, au voleur, au feu. Crier gare. Crier miséricorde. Crier merci. On criait par toutes les rues : " Vive le Roi! " Il signifie en outre Proclamer, annoncer une chose au nom de l'autorité. On a crié à son de trompe que chacun eût à rendre ses armes. Faire crier un objet perdu, Faire publier qu'on a perdu un objet, afin que la personne qui l'aurait trouvé sache à qui il appartient. Crier des meubles, etc., Les mettre à l'enchère, inviter à les enchérir. Il se dit aussi de Ceux qui courent habituellement les rues pour vendre ou acheter certaines choses. Crier de vieux chapeaux, de vieux habits. On dit aussi Crier un journal. Il signifie aussi figurément Dire une chose hautement ou la Répéter avec importunité. Il ira crier cela partout. Il ne cesse de crier que tout est perdu. Il crie aux oreilles de tout le monde qu'on lui a fait une injustice. Ils m'ont trompé, je le crierai sur les toits. Il signifie encore Avertir souvent quelqu'un d'une chose, la lui conseiller fortement. Il y a longtemps que je lui crie d'être sage, de prendre garde à lui. La conscience, une voix intérieure nous crie qu'une telle action ne saurait être juste. Fig. et fam., Crier famine, Se plaindre hautement de la disette où l'on se trouve ou que l'on craint. On dit de même Crier misère. Il est toujours à crier misère. Fig. et fam., Crier famine sur un tas de blé, Se plaindre comme si l'on manquait de tout, quoiqu'on soit dans l'abondance. Fig., Crier vengeance, se dit à propos de Choses qui excitent à se venger ou dont on doit tirer vengeance. Cette injustice crie vengeance. Le sang du juste crie vengeance, ou simplement crie.

Littré (1872-1877)

CRIER (kri é), je criais, nous criions, vous criiez ; que je crie, que nous criions, que vous criiez ; je crierai ; je crierais ; on écrit aussi quelquefois crîrai, crîrais v. n.
  • 1Faire un ou plusieurs cris. Écoutez, l'enfant crie. Le chien battu criait. Les canards s'ébattent dans cette mare et crient. La mort a des rigueurs à nulle autre pareilles ; On a beau la prier ; La cruelle qu'elle est se bouche les oreilles Et nous laisse crier, Malherbe, VI, 18. S'il savait son affaire, Il crierait comme moi, La Fontaine, Fabl. VIII, 12. Dans les rues les petits enfants crient sur lui, Sévigné, 145. Aussitôt on accourt ; tout le peuple empressé Crie, pousse, se bat pour être bien placé, Fénelon, XXI, 305. D'autres veulent crier, et leurs voix défaillantes Expirent de frayeur sur leurs lèvres béantes, Delille, Énéide, VI.

    Fig. Plumer ou tuer la poule sans la faire crier, exiger sans bruit et sans éclat des choses qui ne sont pas dues, rapiner tacitement.

    Familièrement. Il crie comme si on l'écorchait, ou comme un aveugle qui a perdu son bâton, il pousse de grands cris.

    Crier comme un perdu, comme un fou, comme un enragé, comme un beau diable, expressions familières qui signifient crier très fort.

    Crier à pleine tête, à tue-tête, du haut de sa tête, crier de toute sa force.

    Terme de chasse. Quand les chiens chassent, on ne dit pas les chiens aboient, mais les chiens crient.

  • 2Parler fort haut ou trop haut. Il est tellement sourd qu'il faut crier pour se faire entendre. Il ne saurait discuter sans crier. Cette femme-là ne chante pas, elle crie.

    Discuter avec aigreur. C'était à qui crierait le plus haut, le plus fort.

  • 3Dire en criant. Se tournant de leur côté il leur cria : Ils ont vécu, Vertot, Révol. rom. liv. XII, p. 211. Elle crie au second qu'il secoure son frère, Corneille, Hor.IV,2. Et je pense avoir même entendu quelque voix Nous crier qu'on apprît à dédaigner les rois, Corneille, Suréna, V, 5.

    Fig. On rapporte qu'il [Alexandre blessé] dit : Tous jurent que je suis fils de Jupiter ; mais ma blessure me crie et me fait sentir que je suis homme, Rollin, Hist. anc. Œuvres, t. VI, p. 491.

    Avertir avec instance. Il y a longtemps que je lui crie d'être sage, de prendre garde à lui. Et que sert à Cotin la raison qui lui crie : N'écris plus, guéris-toi d'une vaine manie ? Boileau, Sat. VIII.

  • 4Prononcer un ou plusieurs mots en criant. Les sœurs crient miracle, et chacune ravie Conçoit pour son vieux père une pareille envie, Corneille, Médée, I, 1. J'entends crier au voleur, au feu, Sévigné, 20. M. de Cambrai et ses amis crient ici victoire, Bossuet, Lett. quiét. 176. Rendons grâce à lui seul [Dieu] du rayon qui nous luit, Sans nous enfler d'orgueil et sans crier ténèbres Aux enfants de la nuit, Lamartine, Harm. I, 6.

    Crier famine, crier misère, se plaindre hautement de la gêne où l'on se trouve. Elle alla crier famine Chez la fourmi sa voisine, La Fontaine, Fabl. I, 1. Nous avons eu beau crier misère, Sévigné, 288.

    Crier famine sur un tas de blé, se plaindre de manquer des choses dont on est amplement pourvu.

    Crier vengeance, faire appel à la vengeance. Il leur criait vengeance et changeait de pensée, Voltaire, Orphel. V, 1.

    En parlant des choses. Son sang criera vengeance et je ne l'orrai pas ! Corneille, Cid, III, 3. Voilà qui crie vengeance au ciel, Molière, l'Av. I, 5.

    Anciennement. Crier haro (voy. HARO), arrêter un homme pour le conduire sur-le-champ devant le juge. À ces mots on cria haro sur le baudet, La Fontaine, Fabl. VII, 1.

    Fig. Crier haro sur quelqu'un, appeler sur lui la haine, la colère des autres.

  • 5Intercéder. Tous les trésors du ciel vont se répandre sur la terre ; la voix du sang de Jésus-Christ crie pour vous, Massillon, Car. Motif de conv.

    Faire appel aux sentiments. Le sang de nos rois crie et n'est point écouté, Racine, Athal. I, 1. Que je découvre ce corps pâle et sanglant auprès duquel fume encore la foudre qui l'a frappé ; que je fasse crier son sang comme celui d'Abel, et que j'expose à vos yeux les tristes images de la religion et de la patrie éplorée, Fléchier, Turenne.

    Être criant. Malgré les cris de cette noblesse, malgré l'abus qui criait de lui-même, Montesquieu, Esp. XXVIII, 18. Je ne vous ferai sur cela aucun commentaire, la chose crie ; vous en serez révolté, Courier, I, 109.

  • 6Répéter de tous côtés. On criait de tous côtés que la république était rétablie, Vertot, Révol. rom. liv. XIV, p. 316.
  • 7Réprimander d'une manière aigre et bruyante. Il ne fait que crier. Elle a bien crié après lui.
  • 8Faire entendre hautement le blâme, la plainte. Tout le monde crie de cela, crie contre ce ministre. Mais entendez crier Rome à votre côté, Corneille, Cinna, III, 2. Ô temps ! ô mœurs ! j'ai beau crier ; Tout le monde se fait payer, La Fontaine, Fabl. XII, 6. Hélas ! j'ai beau crier et me rendre incommode, L'ingratitude et les abus N'en seront pas moins à la mode, La Fontaine, ib. XII, 16. Je vous crois ; mais pourtant on crie, on vous menace, Boileau, Sat. IX. De zélés indiscrets qui crieront en public contre eux, qui les accableront d'injures, Molière, D. Juan, V, 2. Qui criaient après les vices de leur siècle, Molière, Préf. de Tart. Il voulut les faire crier contre l'injustice du ciel, Hamilton, Gramm. 10. D'où vient que Tertullien crie si souvent contre les philosophes et les nomme tantôt les patriarches des hérétiques, tantôt les cuisiniers de toutes les hérésies ? Pellisson, Mém. pour les gens de lettres, p. 84. Ceux qui criaient contre les abus, Bossuet, Var. VI. Il est le premier à crier contre les dépenses excessives, Fénelon, Tél. XII. Cet impôt fait beaucoup crier le peuple en France, Rousseau, Pol. 11. La nation française qui crie si aisément et qui plus aisément encore se lasse de crier, D'Alembert, Destruct. les jés. Œuvres, t. V, p. 71, dans POUGENS.
  • 9Crier vers Dieu, élever la voix vers Dieu, l'implorer. À qui crierai-je, Seigneur, si ce n'est à vous ? Pascal, Prière. Grand Dieu, vous refuserez-vous à la brebis qui revient ? Le sang de l'agneau qui crie vers vous et qui coule sur l'autel, ne se fera-t-il pas entendre ? Massillon, Or. fun. Conti.

    Dans le même sens, crier à quelqu'un. Et ce peuple, en tout temps chargé de vos bienfaits, Crie encore à son père et demande la paix, Voltaire, Fanat. I, 1.

  • 10Crier à, crier contre. Crier à l'injustice, à l'oppression. S'il défend avec courage la souveraine puissance dont il est revêtu, on crie au tyran, Vertot, Révol. rom. liv. III, p. 252. Sans s'exposer à nous faire crier au blasphème, Rousseau, Ém. IV. Jusqu'à ce qu'on en ait la preuve, ses confrères de l'Académie et du clergé ne sont-ils pas en droit de crier au mensonge ? D'Alembert, Apolog. de Clermont Tonn. Les bigots, par rancune, Au sorcier criaient tous, Béranger, Ménétr. de Meudon.

    Appeler à. Mon amour et ma haine et la cause commune Crieront à la vengeance…, Corneille, Attila, II, 6. Le clergé d'un côté, les pasteurs de l'autre criaient à la religion, Voltaire, Mœurs, 171.

    Se récrier à cause de quelque chose. La santé dans ces murs tout d'un coup répandue Fait crier au miracle, Corneille, Œdipe, V, 11. Vous allez, monsieur, peut-être crier au paradoxe, Diderot, Lett. s. les sourds.

  • 11Proférer un cri de ralliement, une acclamation. Les Français criaient autrefois Montjoie ! On cria vivat ! Du haut de nos remparts j'ai vu descendre en larmes Le peuple qui courait et qui criait aux armes, Racine, Théb. V, 2.
  • 12Produire un bruit strident. Cette porte crie. L'essieu crie et se rompt ; l'intrépide Hippolyte Voit voler en éclats son char tout fracassé, Racine, Phèd. V, 6. C'est le vent, me dites-vous, Qui fait crier la serrure, Béranger, Mère av.

    Ses boyaux lui crient, se dit du bruit que font les entrailles.

  • 13Publier à cri, annoncer au nom de l'autorité. On a crié à son de trompe que chacun balayât le devant de sa porte.

    Impersonnellement et au passif. Il fut crié de par le maire que…

  • 14 V. a. Crier les hauts cris, jeter de grands cris. Je le trouvai criant les hauts cris, Sévigné, 32. Mme de Brissac de crier les hauts cris, Sévigné, 117.

    Crier un air, le chanter d'une manière criarde.

    Prononcer en criant. Debout sur le rivage, il lui cria ses adieux.

    Demander en criant. Et ne point écouter le sang de mes parents Qui ne crie en mon cœur que la mort des tyrans, Corneille, Héracl. III, 2.

  • 15Dire une chose hautement, proclamer. Il ira crier cela partout. Qu'est-ce donc que nous crie cette avidité et cette impuissance ? Pascal, dans COUSIN.
  • 16Crier un objet perdu, annoncer qu'un objet a été perdu, afin qu'il soit rapporté. Crier une marchandise, annoncer le prix auquel elle se vend. On a crié du vin à quinze sous Crier des meubles, les mettre à l'enchère. Crier des pommes, de la salade, les vendre dans les rues en les annonçant par le cri Crier un bulletin, une ordonnance, la vendre dans les rues, en l'annonçant par un cri. Je me contentais d'entendre ici, toutes les semaines, crier votre nom et vos victoires et de pouvoir apprendre de vos nouvelles en les achetant, Voiture, Lett. 82.

    Autrefois, crier à son de trompe, crier à ban, crier à trois briefs jours, citer un criminel à comparaître dans un temps donné. Il fut crié à son de trompe.

  • 17Crier quelqu'un, le gronder. Tu ne me diras plus, toi qui toujours me cries, Que je gâte, en brouillon, toutes tes fourberies, Molière, l'Étour. II, 14. Pourquoi me criez-vous ? Molière, Éc. des f. V, 4.

    Cette locution a vieilli ; mais elle reste en usage dans plusieurs provinces, particulièrement en Normandie.

  • 18Se crier, v. réfl. Être crié. Les marchandises qui se crient sur la voie publique.

PROVERBES

On a tant crié Noël qu'à la fin il est venu, se dit d'une chose très désirée et qui s'accomplit à la fin.

Il est comme les anguilles de Melun, il crie avant qu'on l'écorche, il se plaint d'avance par peur et sans cause (voy. ANGUILLE).

HISTORIQUE

XIe s. Cel nen i a qui ne crie : Marsile ! Ch. de Rol. CXXIV. Adoubez vous, si criez vostre enseigne, ib. CXXXIII. Li chrestien te reclaiment et crient, ib. CCXCIII.

XIIe s. Plorent et crient chascuns de ses casez [vassaux], Ronc. p. 18. Au roi de gloire merci [il] prist à crier, ib. p. 109. Baligans crie trois mos à un tenant [d'une seule teneur], ib. p. 136. Devant lui vient, si lui crie à haut cri, ib. p. 142. En sa grant ost [il] fait banir et crier, ib. p. 177. Et quant je plus merci vous doi crier, Lors vous truis je [je vous trouve] cruel si durement, Couci, X. Diex ! quant crieront outrée, Sire, aidez à pelerin, Pour qui [je] sui espouvantée ; Car feion sont Sarazin, Dame de faiel, dans Couci. Empris [j'] ai greignor folie Que li faus enfes [enfant] qui crie Pour la bele estoile avoir, ib. III. Merci [je] lui cri, qu'onc [je] ne fis vilenie ; Car vilain fait bone amour desevrer [séparer], ib. XXII. Quant vit que il n'aura l'amur al rei Henri, Az piez lui est chaü [tombé] ; si li cria merci, Th. le mart. 33. Quant fui fait arcevesque e Deus m'i aleva, Tu diz que li regnez encontre ço cria, Et la mere le rei le desamonesta, ib. 88.

XIIIe s. Leur cries merci que il aient de toi pitié et de ton pere, Villehardouin, XLII. Li bien d'amours si doivent estre emblé, Que nus [nul] ne sache ; et quant il sont crié [devenus publics], Dame enquert [encourt] blasme, et joie en amenrie [diminue], Et sius amis i pert sa seignourie, Anc. poésies fr. Vatican, dans LACURNE. Lors crierez haro, qu'ele vous veut meurdrir, Berte, XII. Quant il venoit en sa meson [de la dame], Li sejors n'i ert pas criez ; Mais si comme il estoit montez, Aloit coiement à s'amie, Lai du conseil. Cil qui crient par la vile la cote et la chape ont achaté le mestier de freperie en la maniere desus devisée, Liv. des mét 200. Li rois a fait son ban crier, Par tot plevir et afier, Que qui porra Renart tenir…, Ren. 11959. Nos avons plusors fois commandé en assises, que cascuns ait pooir de penre toz tex qui s'enfuient, sor qui on crie hareu ! tant qu'on sace por quoi li hareus fu criés, Beaumanoir, LII, 16. Le legat me crut et fist crier les trois processions en l'ost par trois samedis, Joinville, 218. Pluseurs des marcheans de Babiloinne [le Caire] crioient après le soudanc, que il leur feist droit du conte Gautier, Joinville, 271. Le sire du Chastel estoit criez [accusé par le cri public] de desrober les pelerins et les marchans, Joinville, 210. Conscience ne lesse cuer pecheour durer ; Ja pechié si très pou n'i venra pasturer, Qu'elle ne crie hareu sanz soi asseürer, J. de Meung, Test. 1567.

XIVe s. Atant se partit le parlement ; et ung autre fut crié à Compiengne ou mois de septembre, Chron. de St-Denis, t. I, f° 165, dans LACURNE.

XVe s. Pour estre à Condé sur Escaut, à un tournoi qui là estoit crié, Froissart, I, I, 27. Et avoit fait crier [Mgr de Charolois] que chascun portast crochetz pour attacher ses chevaulx, Commines, I, 6. Supplyerent au roy qu'elle ne fust point encores cryée [la trêve], Commines, IV, 11.

XVIe s. Les paroles mesmes crient qu'on leur fait violence, en sorte qu'il n'est ja mestier de refuter cette belle subtilité, Calvin, 43. Le sang d'Abel crioit à Dieu… L'effusion du sang crie vengeance, Calvin, 60. Elle commença à crier au larron, tant que sa teste le pou voit porter, Marguerite de Navarre, Nouv. LVIII. Ce n'a pas esté vous qui m'avez decelé, mais celui qui a la voix plus criante que le chien, et le cœur plusingrat que nulle beste, Marguerite de Navarre, Nouv. LXX. La reserve de ce peu de solde ne suffiroit pas pour faire seulement un jour bonne chere et crier ripaille, Lanoue, 279. C'estoit pour contenter les estrangers, qui crioient incessamment à l'argent, Lanoue, 678. Romulus vouloit retourner au combat, criant tant qu'il pouvoit à ses gens, qu'ilz monstrassent visage à l'ennemi ; mais ilz ne laissoient point pour son hault crier, de fouir tousjours aval de roupte, Amyot, Rom. 28. Le roy de Perse avoit fait crier à son de trompe qu'il donneroit deux cents talents à celuy qui le luy ameneroit, Amyot, Thém. 48. L'un de ses tuteurs fut d'advis de le faire crier par la ville, Amyot, Alc. 5. Si lancea son cheval droit à luy, en luy criant un cri de desfiance, Amyot, Marcel. 8. Crier à pleine teste, Amyot, Nicias, 14. Crier aux voleurs, D'Aubigné, Faen. II, 14. La terre trembla à St-Maixent en 1512 tellement que les soleaux et autres bois des maisons crioient en leurs mortaises, Not. du roman d'Alexandre en prose, Ms. de St-Germain, dans LACURNE. Crier le loup plus grand qu'il n'est, Cotgrave Tandis que le chien crie, le loup s'enfuit, Cotgrave, ib.

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Encyclopédie, 1re édition (1751)

CRIER, (Jurispr.) voyez Publier, Enquant, Colporteurs.

Crier haro, voyez Clameur de haro.

Crier à l’enquant, voyez Enquant. (A)

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Étymologie de « crier »

Berry, querier ; provenç. et anc. espagn. cridar ; espagn. mod. et portug. gritar ; ital. gridare ; angl. to cry. On a indiqué l'allemand kryten, crier ; goth. grêtan, pleurer (sens que to cry a en anglais) ; et le celtique : cornw. ys-gre, du simple cre, cri. Mais Diez le rattache à l'ancienne étymologie latine quĭrītare, appeler les quirites, les citoyens à son secours ; l'i bref a facilement disparu, comme dans St Cricq de Quiricus, dans triacle de theriaca ; il est resté kritare, qui a donné sans peine crier, cridar, gritare. Les formes parallèles dans les autres langues empêchent de rapporter cri ou crier à une onomatopée.

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(Date à préciser) Du latin quiritare (« crier, hurler ») réduit en *critare en latin populaire.
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Phonétique du mot « crier »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
crier krije

Évolution historique de l’usage du mot « crier »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « crier »

  • Ne te lasse pas de crier ta joie d’être en vie et tu n’entendras plus d’autres cris.
    Proverbe touareg
  • Il faut traduire, commenter, publier, imprimer, réimprimer, clicher, stéréotyper, distribuer, crier, expliquer, réciter, répandre, donner à tous, donner à bon marché, donner au prix de revient, donner pour rien, tous les poëtes, tous les philosophes […]
    Victor Hugo — William Shakespeare
  • Il n'y a jamais eu qu'un moyen de se hisser au pouvoir, c'est de crier : Peuple, on te trompe !
    Louis Latzarus — Eloge de la bêtise
  • Le théâtre, c'est la superbe exaltation de la vie, la concentration des émotions, la possibilité de crier devant un public les secrets les plus intimes du coeur humain.
    Jean-François Somain — La Vraie Couleur du caméléon
  • Se venger d'un tort qu'on vous a fait, c'est se priver du réconfort de crier à l'injustice.
    Cesare Pavese — Le Métier de vivre
  • Le début de la sagesse : être, savoir, sans besoin de le crier.
    Michèle Mailhot — Le passé composé
  • On crie pour taire ce qui crie.
    Henri Michaux — Tranches de savoir, Cercle des Arts
  • La vie est pleine d’échardes Elle est pourtant la vie Et cela fait du bien la nuit parfois crier.
    Louis Aragon — Les Adieux
  • Le scénario était fantastique, mais je passais mon temps à m'enfuir, à hurler, à crier et à me battre.
    Cillian Murphy
  • La langue est un instrument dont il ne faut pas faire crier les ressorts.
    Antoine de Rivarol — Rivaroliana
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Images d'illustration du mot « crier »

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Traductions du mot « crier »

Langue Traduction
Anglais shout
Espagnol gritar
Italien urlo
Allemand schrei
Chinois 叫喊
Arabe قال بصوت عال
Portugais grito
Russe yell
Japonais エール
Basque garrasi
Corse grida
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Synonymes de « crier »

Source : synonymes de crier sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « crier »

Combien de points fait le mot crier au Scrabble ?

Nombre de points du mot crier au scrabble : 7 points

Crier

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