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Bramer

Définitions de « bramer »

Trésor de la Langue Française informatisé

BRAMER, verbe intrans.

A.− [En parlant de certains animaux, en partic. du cerf au temps des amours] Pousser des cris :
1. Au fond des bois, les rossignols jetaient des rires perlés de volupté, les cerfs bramaient, ivres d'une telle concupiscence, qu'ils expiraient de lassitude à côté des femelles presque éventrées. Zola, La Faute de l'Abbé Mouret,1875, p. 1408.
Bramer vers :
2. Comme le cerf, selon le psalmiste, brame vers les sources des eaux vives, ainsi la conscience assoiffée soupire vers l'absent incognito dont nul ne sait le nom. Jankélévitch, Le Je-ne-sais-quoi et le presque-rien,1957, p. 66.
P. compar. Bramer comme un cerf, comme un taureau.
P. anal. La mer, le vent qui brame.
B.− P. métaph., péj. [En parlant de pers.] Crier, brailler. Mais, soudain, il brame à nouveau : − encore, un qui fume! Sacré bordel! (Barbusse, Le Feu,1916, p. 336).
Rem. Attesté dans Ac. Compl. 1842 et Lar. 19equi le donnent comme ,,vieilli`` et utilisé encore en Provence.
Au fig. Désirer. Bramer pour, vers qqn :
3. ... je n'ai jamais (pour autant qu'il m'en souvienne) bramé pour personne. Ceci a besoin d'explication : j'ai vu, durant ma longue vie, quantité d'êtres épris pour telle personne de l'un ou de l'autre sexe, qu'il suffisait de voir un instant pour être forcé de penser : voici qui ne peut donner que du drame : rien à attendre, rien à espérer : aucune réciprocité n'est possible. Gide, Ainsi soit-il,1951, p. 1241.
Bramer vers la santé, la solitude :
4. − Adieu! Avec rien de ce qui est vivant, je ne veux plus de communauté. Pas plus qu'une licorne vierge, je ne supporterai le poids de la main. Mais je brame vers la tranquillité! Même je crierais, s'il convenait à la gravité virile de se relâcher jusqu'à une expansion indécente. Claudel, La Ville,1reversion, 1893, p. 379.
PRONONC. ET ORTH. : [bʀame] ou [bʀ ɑ-]. Passy 1914, Dub. (cf. aussi Land. 1834, Gattel 1841, Fél. 1851 et DG) transcrivent la 1resyll. par [a] ant.; Pt Rob., Pt Lar. 1968 (cf. aussi Littré) la transcrivent avec [ɑ] post. Warn. 1968 admet [ɑ] ou [a]. On trouve la graph. brâmer (cf. dans G. d'Esparbès, La Folie de l'épée, 1927, p. 198 : ,,Les femmes brâmaient d'amour vers l'émir, de haine contre le caïd``; dans G. Collinet, Recueil des régionalismes de haute-montagne, 1925 : ,,Une vache brâme lorsqu'elle beugle fortement``). Pour la forme braimer, cf. J. Richepin, Mes paradis, 1894, p. 93 : ,,Ne pleure pas en cerf qui braime``. Et pour la forme brêmer, cf. A. Bruant, Dict. fr.-arg., 1905, p. 283, et France 1907.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1528 [d'apr. FEW t. 15, 1, p. 241a] « pousser le cri propre à son espèce (du cerf) » (Marot dans Lar. 19e) ,,Il n'est pas même si usité, quand il se dit du cerf, que Rêre`` note Trév. 1704; 1534 « id. (d'une vache) » (Rabelais, Gargantua, éd. Marty-Laveaux, t. 1, p. 72); 1534 « id. (d'une pers.) » (Ibid., p. 29) − 1660, Oudin Esp.-Fr. s.v. bramar; repris en 1808, Boiste. Terme bien vivant seulement en occitan, en franco-prov. et dans le domaine bourg.; parvenu dans le fr. du Nord seulement au xvies., prob. grâce à des aut. tels que Cl. Marot, Rabelais, d'Aubigné, largement influencés par la lang. occitane. Empr. à l'a. prov. bramar « chanter (en parlant d'un homme) » (xiies. dans Carl Appel, Provenzalische Chrestomathie, Leipzig, 1895, p. 52, no12, 5estrophe), « braire (de l'âne) », « chanter (du rossignol) » (id. dans Rayn.), « crier » (1432 dans Pansier t. 3), « désirer ardemment » (Pt Levy), lui-même issu du got. *bra(m)mon (EWFS2; Gam. Rom.1t. 1, pp. 366-367) corresp. au germ. *brammôn à rapprocher du m. b. all. brammen, formations apophoniques p. rapp. au m. h. all. brummen [all. mod. brummen « gronder »]. Étant donnée l'aire géogr. du mot dans la Romania, il semble préférable de faire dériver ses représentants du got. que du germ. (hyp. de Brüch, p. 63; REW3, no1270; FEW t. 15, 1, p. 240; Dauzat 1968).
STAT. − Fréq. abs. littér. : 81.
BBG. − Brüch 1913, p. 64. − Goldschmidt (M.). Allerlei Beiträge zu einem germanoromanischen Wörterbuch. In : [Mél. Tobler (A.)]. Halle, 1895, p. 164. − Sain. Sources t. 2 1972 [1925], p. 66, 68, 284, 294; t. 3 1972 [1930], p. 444.

Wiktionnaire

Verbe - français

bramer \bʁa.me\ ou \bʁɑ.me\ intransitif 1er groupe (voir la conjugaison)

  1. Crier en parlant du cerf, du chevreuil, du daim, etc.
    • Le cerf brame.
    • La biche brame au clair de lune Et pleure à se fondre les yeux — (Maurice Rollinat)
  2. (Familier) Crier ; hurler.
    • À l'autre bout de la ligne, le boulanger de Bazoches-les-Gallerandes en rajoute… Il se nomme Capdebosc ! il brame. Depuis sa cagna sous les balles, il hue l'autorité. Il brandit le drapeau noir ! En même temps, il nargue la sifflante. — (Jean Vautrin, Adieu la vie, adieu l'amour, tome 1 : Quatre soldats français, Éditions Robert Laffont, 2004)
    • Emploi transitif ː Il tournait sa grosse tête rougeaude vers un Puutz survolté qui bramait des ordres confus, — (Jean-Marc Martinez, Pas drôle et musique, page 272, 2015)
  3. (Péjoratif) (Désuet) Chanter fort et mal.
    • Le chanteur des rues qui brame :
      « À vot’ bon cœur, messieurs-dames »
      Paris sera toujours Paname
      Et tout ça ne vaut pas l’amour.
      — (Jean-Roger Caussimon, Paris jadis, 1977)
    • Un opéra, ça finit toujours par un mec qui brame pendant une plombe qu’il est clamsé. — (San Antonio, Réflexions définitives sur l’au-delà, S-A 9, Fleuve noir, 2000)
    • Ils bramèrent longtemps autour d’une sombre lampe. — (Genjirō Yoshida, La Femme de Seisaku, traduit par Hiroto Kano et Ana Lazarée, édition Stalker, 2007, page 33)
  4. (Occitanie) Pleurer.
    • Je lui ai dit ses quatre vérités et elle s’est mise à bramer.
    • Arrête de bramer !
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

BRAMER. v. intr.
Il se dit du Cerf qui pousse le cri particulier à son espèce.

Littré (1872-1877)

BRAMER (brâ-mé) v. n.
  • Crier, en parlant du cerf. Dans ce val solitaire et sombre, Ce cerf qui brame au bruit de l'eau, Théophile, Œuvres, 1re partie, p. 149, dans LACURNE SAINTE-PALAYE.

    Il se conjugue avec l'auxiliaire avoir.

HISTORIQUE

XVIe s. Le plus grand des elephans estoit cheut de travers tout au beau milieu de la porte, où il bramoit et empeschoit de sortir ceulx qui vouloient reculer en arriere, Amyot, Pyrrhus, 75. Nous voyons le cerf estant en rut bramer et crier après les biches, Paré, XVIII, 3. Begayans de voix, et bramans comme asnes, puis hennissans ainsi que chevaux, Paré, XXIII, 44. Ils brament comme les cerfs, ils brayent comme les asnes, Paré, Animaux, 25.

Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

Encyclopédie, 1re édition (1751)

BRAMER, v. n. (Chasse.) Ce mot n’a point d’autre usage que de désigner le cri du cerf.

Wikisource - licence Creative Commons attribution partage dans les mêmes conditions 3.0

Étymologie de « bramer »

(Date à préciser) De l’ancien occitan bramar (« chanter », « désirer ardemment »), lui-même dérivé du gotique *brammōn.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Berry, bermer, bremer, crier très fort ; génev. bramer, crier, hurler ; bourguig. braimai, crier ; provenç. et espagn. bramar, crier ; ital. bramare ; pays de Coire, brammar ; du germanique : ancien haut allem. breman ; hollandais, bremmen, mugir. Marot a dit bramer en parlant des bœufs, I, 318, et d'autres écrivains en parlant d'autres animaux.

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Phonétique du mot « bramer »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
bramer brame

Fréquence d'apparition du mot « bramer » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « bramer »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « bramer »

  • Les amateurs sont de plus en plus nombreux à se déplacer en forêt afin d’écouter les cerfs bramer. Le problème, c’est que tous ne respectent pas les consignes de sécurité visant notamment à perturber le moins possible la saison des amours de ce cervidé.
    www.lamontagne.fr — Quelques règles indispensables pour que l'écoute du brame se déroule bien dans l'Allier - Montluçon (03100)
  • Pour écouter le cerf bramer, il faut respecter certaines consignes. Si vous voulez profiter des derniers jours de la saison des amours des cervidés, il est conseillé de suivre ces conseils de bon sens de la Fédération des chasseurs de la Nièvre.
    www.lejdc.fr — Brame du cerf : quelques conseils pour l'écouter dans la Nièvre - Nevers (58000)

Traductions du mot « bramer »

Langue Traduction
Anglais troat
Espagnol bramer
Italien bramer
Allemand röhren
Portugais bramer
Source : Google Translate API

Synonymes de « bramer »

Source : synonymes de bramer sur lebonsynonyme.fr

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