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Hurler

Définitions de « hurler »

Trésor de la Langue Française informatisé

HURLER, verbe

I. − Emploi intrans.
A. − [Le suj. désigne un animal, notamment le loup, le chien] Pousser des cris aigus et prolongés. Hurler longuement, lugubrement. J'entends encore (...) hurler les chacals et les coups du vent qui secouait ma tente (Flaub., Corresp.,1857, p. 242).Comme ils passaient devant une maison bâtie au bord de la route, un chien se mit à hurler d'une façon lamentable (Zola, M. Férat,1868, p. 184) :
1. ... il [un chien] se remit à hurler vers quelque chose d'invisible, d'inconnu, d'affreux sans doute (...). Et les deux femmes égarées se mirent, toutes les deux, à hurler avec le chien (...). Alors, pendant une heure, le chien hurla sans bouger; il hurla comme dans l'angoisse d'un rêve... Maupass., Contes et nouv., t. 2, Peur, 1882, p. 802.
[En parlant du chien, du loup] Hurler à la lune, à la mort. Dès le coucher du soleil, plusieurs chiens hurlent à la mort... Informations prises, tout se clarifie. Ce serait tout simplement un honnête petit abattoir pour quelques boucheries humaines des grands quartiers (Bloy, Journal,1907, p. 356).
B. − P. anal. [Le suj. désigne une pers.]
1. Pousser un ou des cri(s) prolongé(s), aigu(s) et violent(s). Hurler comme un forcené, un possédé; un fou, la foule hurle. Cette assemblée en délire hurla, siffla, chanta, cria, rugit, gronda (Balzac, Peau chagr.,1831, p. 63).Le nourrisson qui sent la pointe d'une épingle hurle comme s'il était malade au plus profond; c'est qu'il n'a pas idée de la cause ni du remède (Alain, Propos,1923, p. 529) :
2. ... tous se mirent à hurler sans discontinuer, d'un long cri collectif et incolore, sans respiration apparente, sans modulations, comme si les corps se nouaient tout entiers, muscles et nerfs, en une seule émission épuisante qui donnait enfin la parole en chacun d'eux à un être jusque-là absolument silencieux. Et sans que le cri cessât, les femmes, une à une, se mirent à tomber. Camus, Exil et Roy.,1957, p. 1674.
[Constr. avec un compl. causal désignant un affect, introd. par de] Je le meurtris si outrageusement d'un coup de mes souliers ferrés, qu'il hurla de douleur et me laissa tomber à terre (About, Roi mont.,1857, p. 205).On entend hurler d'angoisse et d'épouvante la victime (Sully Prudh., Justice,1878, p. 67).
Loc. fig. Hurler avec les loups, avec (un groupe de personnes). Agir, parler comme ceux avec qui on se trouve. La critique, reconnaissons-le, comprend mieux ses devoirs qui sont, non de hurler avec les loups et de flatter les goûts du public, mais de le ramener, ce public hostile ou indifférent, au véritable critérium en fait d'art et de poésie (Verlaine, Œuvres posth., t. 2, Baudel., 1865, p. 8).Des chefs et des gouverneurs timides et obligés de hurler avec la populace, de peur de la voir se déchaîner (Sainte-Beuve, Nouv. lundis, t. 11, 1868, p. 259).V. braire ex. 1 :
3. Jamais on ne vit, chez tant de représentants du droit, un si beau concert de silence. Je ne dis rien de ceux qui trouvèrent plus prudent de hurler avec les loups. Une curieuse catégorie encore, celle des gens qui n'ont rien lu, ne savent rien, et n'ont pas trouvé le moyen de se faire une opinion. Clemenceau, Iniquité,1899, p. 260.
P. exagér. [Dans une tournure qualificative] C'est à hurler, à faire hurler. L'art me donne quelquefois des désespoirs à hurler, des fatigues à en mourir (Flaub., Corresp.,1860, p. 264).C'est à hurler de rage quand on songe que ce peintre qui, dans la hiérarchie du médiocre, est maître, est chef d'école (Huysmans, Art mod.,1883, p. 26).Hier soir, vu une pièce absurde sur la défaite française : Candle in the wind. Le ton en est faux à faire hurler (Green, Journal,1941, p. 152).
SYNT. Hurler de désespoir, de frayeur, de fureur, d'horreur, de joie, de peur, de terreur; hurler et gémir, gueuler, pleurer, vociférer; hurler et se débattre, gesticuler, trépigner.
2. P. ext.
a) Parler, crier, chanter de toutes ses forces. Synon. beugler (fam.), brailler (fam.), crier, gueuler (vulg.), vociférer.Hurler comme un sourd; hurler à se casser la voix. Avec une horrible voix du gosier, la fille soudain hurla en patois (Mauriac, Génitrix,1923, p. 394) :
4. Tous les officiers sont ici, d'une politesse exemplaire. Plus le grade est élevé, plus la voix est douce! Le sous-lieutenant est ou peut être rogue. Le sergent hurle, par habitude, par tradition. Je crois que dans l'armée américaine, je suis le seul sergent qui ne hurle pas. Green, Journal,1942, p. 281.
En partic. [Empl. pour qualifier de façon dépréc. l'émission vocale d'un acteur, d'un orateur, d'un chanteur] Dire, chanter en exagérant les effets de voix, d'une manière où on sent l'effort. Et les chanteurs [français] (...) et les cantatrices? (...) ils ne chantent pas, ils crient, ils hurlent du nez, du gosier (Melchissédec, Pour chanter,1913, p. 213).
b) P. exagér., péj. Parler avec véhémence (pour protester, réclamer). Tel qu'il est, ce mariage qu'on ne peut attaquer sans entendre hurler autour de soi les bégueules et les petits esprits, il peut devenir une source de bonheur et d'amour (Zola, Corresp. [avec Baille], 1860, p. 113).Plus que jamais les créanciers hurlaient. On voyait parfois errer des huissiers jusqu'aux portes de Bradenham. Quatre candidatures, une maîtresse dépensière, un dandysme coûteux, avaient triplé les dettes de Disraëli (Maurois, Disraëli,1927, p. 103).
[Constr. avec un compl. prép. introd. par après, contre] Ce même siècle [le dix-huitième] ne cessa de hurler (...) contre tous les philosophes qui ont commencé par les principes abstraits, au lieu de les chercher dans l'expérience (J. de Maistre, Pape,1819, p. 257).Quand te verra-t-on tonner contre l'immoralité de la littérature moderne et hurler après ces bons et pacifiques républicains? (Flaub., Corresp.,1844, p. 157).
Faire hurler (qqn).Provoquer chez (quelqu'un) une vive réaction d'indignation, de protestation. Je sais que je vais te faire hurler. Toi, tu es, malgré le désert, l'homme de la communauté (Duhamel, Maîtres,1937, p. 219) :
5. ... la marquise de Belbeuf, née Morny, et notre admirable Colette (Willy), se montrèrent sur la scène d'un music-hall, exactement le Moulin-Rouge, dans une tenue qui effaroucha et fit hurler les mauvais bourgeois. Fargue, Piéton Paris,1939, p. 180.
Hurler à (qqc.)
Hurler à la mort. Réclamer avec véhémence la mort, l'exécution de quelqu'un. Ses journaux [de la gauche] hurlent à la mort, réclamant à grands cris le sang des mauvais patriotes (Aymé, Confort,1949, p. 155).
Accuser avec véhémence de (quelque chose). Les autres hurlent à l'anarchie et veulent faire croire qu'ils m'ont pris en flagrant délit d'indiscipline révolutionnaire (Breton, Manif. Surréal., 2eManif., 1930, p. 94).
C. − P. anal. [Le suj. désigne un inanimé concr.] Produire un son, un bruit aigu et prolongé. La tempête hurle; une sirène hurle; les freins, le moteur d'une voiture hurle(nt). Il monta dans son auto qui commença à s'enfoncer dans la foule, à contre-courant cette fois. Le klaxon hurlait en vain (Malraux, Cond. hum.,1933, p. 241).Mais les pignons de la boîte de vitesse hurlent une fois de plus et les voitures entrent dans l'ouate à plein régime (H. Bazin, Huile sur feu,1954, p. 48) :
6. ... il n'y eut plus que le tonnerre grondant de la tempête : la pluie entêtée battait les ardoises, le vent ébranlait les fenêtres, hurlait sous les portes... Zola, Joie de vivre,1884, p. 833.
D. − Au fig.
1. [Le suj. est un plur. ou un équivalent] Produire un effet (violemment) discordant. Synon. jurer, gueuler (vulg.).Des couleurs qui hurlent ensemble. Il s'est trouvé de par le monde un baron de l'Empesé qui a publié l'Art de mettre sa cravate! Art et cravate, voilà de ces mots qui hurlent de se voir accouplés (Balzac, Œuvres div.,1830, p. 49) :
7. La vérité politique (si ces deux mots ne hurlent pas d'être assemblés!) est une synthèse vivante, jamais accomplie une fois pour toutes : l'histoire va vite et tout bouge sans cesse. Mauriac, Bloc-notes,1958, p. 378.
[Constr. avec un compl. prép. introd. par avec, à côté de, auprès] [Dans les toiles académiques] des toges rouges hurlent auprès de robes bleues, sur des fonds saumâtres (Mauclair, De Watteau à Whistler,1905, p. 69).
2. Littér. [Le suj. désigne l'obj. d'une représentation] Être exprimé avec violence. Ce sont tes passions qui hurlent sur tes toiles (Dierx, Poèmes,1864, p. 21).Tout ce qui relève chez lui de l'intoxication imaginative, de l'hallucination, du caprice, est débridé, et crie et hurle (L. Daudet, Idées esthét.,1939, p. 256).
II. − Emploi trans. [Le suj. désigne une pers.]
A. − [Le compl. d'obj. désigne un affect] Exprimer par des hurlements ou des paroles incohérentes, violentes. Hurler sa colère, son désespoir, sa douleur. La porte battue d'une poutre de charron céda devant l'émeute reconstituée qui hurla son plaisir fou d'entrer par la brèche (Hamp, Champagne,1909, p. 169).Je regarde innocemment Fouillard déchaîné qui hurle sa fureur impuissante. Tas de vaches!... Puis après tout, j'm'en colle (Dorgelès, Croix bois,1919, p. 64).
Au fig., littér. [Le suj. désigne un objet] Exprimer de façon très manifeste, tapageuse. Nous passons devant des affiches rouges (...) qui hurlent son nom, augmentant l'autorité de ses paroles : Londres 25 miles, Dentifrices Moss, dents éclatantes (Morand, Rococo,1933, p. 108).Le style « Pomone » éclatait, avec ses commodes et ses meubles d'appui en loupe de cèdre (...). Les sièges mêmes (...) hurlaient le goût de cette époque (Vialar, Tournez,1956, p. 47).
B. − [Le compl. d'obj. désigne (le contenu d')un message] Prononcer, proférer en criant de toutes ses forces et/ou avec véhémence. Synon. beugler (fam.), brailler (fam.), crier, gueuler (vulg.), vociférer.Hurler qqc. à tue-tête. Elle (...) se mit à rugir ce cri de rage folle Que hurle avec horreur la femme qu'on viole (Banville, Cariat.,1842, p. 57).Retté rentrait de la brasserie, saoul, et se mettait à hurler ses vers en se promenant furibondement d'un bout de la chambre à l'autre (Goncourt, Journal,1893, p. 488) :
8. ... le professeur de mathématiques dans la salle voisine, hurla quelque indication pédagogique, suivie d'un juron de sous-officier. Il était célèbre pour son débraillé, son sans-façons, ses coups de gueuloir, qu'aucune cloison n'arrêtait ni aucune circonstance. Malègue, Augustin, t. 1, 1933, p. 103.
[Constr. avec un compl. prép. désignant le destinataire, introd. par à] « Te lèveras-tu, charogne! » (...) son défunt les lui hurlait dans l'oreille, ces quatre mots qu'elle connaissait bien (Maupass., Contes et nouv., t. 2, Noyé, 1888, p. 1155).
[Introd. un discours rapporté ou en incise] − À mort! criait la foule (...). − À mort! répétait le cavalier (...). − À mort! hurlaient les moines qui, crucifix au poing, attisaient la populace. À mort! Mettons le feu! (Borel, Champavert,1833, p. 65).Je dis à mon matelot qui ramait doucement de s'arrêter devant la petite porte de mon ami Pol. Et je hurlai de tous mes poumons : « Pol, Pol, Pol! » (Maupass., Contes et nouv., Blanc et bleu, 1885, p. 1308).
[Introd. une complétive] Il a recommencé à hurler que je l'écorchais vif, et ma mère aussi, que j'étais tout son déshonneur (Céline, Mort à crédit,1936, p. 370).Sitôt qu'elle fut libre, (...) elle hurla qu'elle se confesserait quand même (Queffélec, Recteur,1944, p. 183).P. exagér., au fig. Tous les moujiks de la presse officieuse hurlaient que les bons patriotes ne devaient point s'inquiéter de choses dont s'accommodait la Russie (Clemenceau, Iniquité,1899, p. 182).
Hurler de + inf.Hurler à un couvreur de s'attacher (Caput 1969).
Prononc. et Orth. : [yʀle] init. asp., (il) hurle [yʀl]. Att. ds Ac. dep. 1694. Vx heurler encore ds Fér. 1768 comme variante. Étymol. et Hist. Ca 1385 (E. Deschamps, Miroir de Mariage, 10614 ds éd. G. Raynaud, IX, 342 : Il faut hurler avec les leux). Du b. lat. ūrulare (dissimilation du class. ŭlŭlare « hurler [chiens, loups; personnes], vociférer; appeler par des hurlements ») avec changement de tonique en peut-être pour maintenir le caractère onomat. du mot, v. Meyer-Lübke ds Z. rom. Philol. t. 22, p. 6; le h- expiratoire est également d'orig. expressive. De *ūlulare, l'a. fr. (h)ul(l)er (1178 [ms. de Cangé, fin xiiies.] Renart, éd. M. Roques, 3487, 3696); étant donné qu'une dissimilation l - l > s - l serait inhabituelle, la forme a.fr. usler (ca 1175 B. de Ste-Maure, Chron. Ducs Normandie, éd. C. Fahlin, 18342) se rattache prob. à uller, s étant purement graphique. Cf. FEW t. 14, p. 15a. Fréq. abs. littér. : 1 671. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 926, b) 2 540; xxes. : a) 3 717, b) 2 718.

Wiktionnaire

Verbe - français

hurler (h aspiré)\yʁ.le\ intransitif ou transitif 1er groupe (voir la conjugaison)

  1. Pousser des cris prolongés, en parlant des loups et des chiens.
    • On entend les loups hurler.
    • Ce chien a hurlé toute la nuit, a hurlé à la lune.
  2. (Par analogie) Pousser des cris humains, dans la douleur, dans la colère, l’exaltation, etc.
    • Plus loin, une mère frissonnant de fièvre sur sa couche, des bébés hurlant et des puanteurs cruelles, des échos excrémentitiels, imposant sur tout cela leur dictature. — (Ludovic Naudeau, La France se regarde : le Problème de la natalité, Librairie Hachette, Paris, 1931)
    • Et, tandis que la foule transportée hurlait ses acclamations, Ahmed Abdou entraîna Zariffa loin de cette bousculade. — (Out-el-Kouloub, « Zariffa », dans Trois Contes de l’Amour et de la Mort, 1940)
    • Des nuits entières, durant un mois, j’ai entendu hurler des hommes que l’on torturait, et leurs cris résonnent pour toujours dans ma mémoire. — (Henri Alleg, La Question, 1957)
    • Il répétait « raisonnable » en rigolant, bientôt en hurlant de rire, et j'avais franchement l'impression qu'il se foutait de ma gueule. — (Gilles Carpentier, Les bienveillantes, Stock, 2002)
  3. (Figuré) Parler, crier, chanter très fort, de toutes ses forces.
    • Des escouades de camelots ont parcouru les boulevards en hurlant le titre d'une nouvelle feuille : « Demandez Le Glaive ! » — (Victor Méric, Les Compagnons de l’Escopette, Éditions de l’Épi, Paris, 1930, page 207)
    • Il eût fallu hurler pour échanger la moindre phrase. — (Francis Carco, L’Homme de minuit, Éditions Albin Michel, Paris, 1938)
    • Et tu auras beau houpper, hurler à l’aide, hululer comme une hulotte, la fagne est une solitude, un désert funeste à qui la nargue ; personne ne t’entendra. — (Jean Rogissart, Passantes d’Octobre, Librairie Arthème Fayard, Paris, 1958)
  4. (Par hyperbole) Parler avec emportement, avec le ton de la fureur.
    • Une troupe fanatique hurlait sans cesse contre lui.
  5. (Figuré) Rendre un bruit semblable à un hurlement prolongé.
    • […] ; les bourrasques qui parcourent, sans que rien les puisse arrêter, la Beauce, hurlaient sans interruption, depuis des heures ; il avait plu et l’on clapotait dans des mares ; […]. — (Joris-Karl Huysmans, La Cathédrale, Plon-Nourrit, 1915)
    • Partout, au-dessus, au-dessous, autour de lui, béaient des gouffres monstrueux où le vent hurlait, et où tourbillonnaient des rafales de neige. — (H. G. Wells, La Guerre dans les airs, 1908, traduction d’Henry-D. Davray et B. Kozakiewicz, Mercure de France, Paris, 1910, page 251 de l’édition de 1921)
    • Un ancien petit ami doté d'une bite XXL lui avait fait mal et elle l’avait plaqué comme on lâche sa cuillère lorsque l’alarme d’incendie se met à hurler. — (Jim Harrison, Chien Brun, le retour, chap. 1, dans Les Jeux de la nuit, traduit de l'anglais par Brice Mathieussent, Paris : Éditions Flammarion, 2010)
    • Tout l'or des matins s'évapore
      arrive la saison des vents d'ombre
      où la nuit interminable hurle à la fenêtre
      — (Roland Giguère, « Pour tout effacer j'avance » (poème).)
  6. (Figuré) Alerter.
    • Nous le savions parce que chaque article que nous lisions et chaque reportage que nous regardions nous hurlaient que quelque chose ne tournait décidément pas rond du tout. — (Collectif, Grève pour le climat : « Ce mouvement devait naître, nous n’avions pas le choix », Le Monde. Mis en ligne le 15 mars 2019)
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

HURLER. (H est aspirée.) v. intr.
Pousser des cris prolongés, en parlant des Loups et des chiens. On entend les loups hurler. Ce chien a hurlé toute la nuit, a hurlé à la lune. Fig., Hurler avec les loups, S'accommoder aux manières, aux mœurs, aux opinions de ceux avec qui l'on vit, ou avec qui l'on se trouve, quoiqu'on ne les approuve pas entièrement. Il se dit, par analogie, des Cris prolongés que l'on pousse dans la douleur, dans la colère, etc. Il ne crie pas, il hurle. Hurler de rage. Il signifie, par exagération, Parler avec emportement, avec le ton de la fureur. Une tourbe fanatique hurlait sans cesse contre lui.

Littré (1872-1877)

HURLER (hur-lé) v. n.
  • 1Pousser des hurlements, en parlant du loup, du chien. Ils [les chiens mulets] hurlaient plus fort et plus souvent aux approches de la pluie et dans les temps humides, que dans les beaux temps ; les loups dans les bois ont ce même instinct, et on les entend hurler dans les mauvais temps et avant les orages, Buffon, Quadrup. t. XII, p. 266.
  • 2 Par analogie. Il se dit des cris aigus et prolongés que l'on pousse dans la colère, dans la douleur, etc. Laissons hurler là-bas tous ces damnés antiques, Boileau, Sat. XI. Eh ! quel objet enfin à présenter aux yeux Que le diable toujours hurlant contre les cieux ? Boileau, Art p. III. Je vois hurler en vain la chicane ennemie, Boileau, Lutr. VI. Il a prouvé qu'on pouvait être tragique sans hurler, La Harpe, Corresp. t. III, p. 193, dans POUGENS. Ces trois sœurs qui, d'Odin ranimant les soldats, Couraient, volaient, frappaient, hurlaient dans les combats, Ducis, Macbeth, I, 1. …Il faut au ministère Des gens qui parlent toujours, Et hurlent pour faire taire Ceux qui font de bons discours, Béranger, Ventru.

    Par personnification. Hurlez, sapins, parce que les cèdres sont tombés, Sacy, Bible, Zacharie, XI, 2. L'éclair croise l'éclair, l'air mugit, le ciel gronde, La tempête en hurlant creuse et soulève l'onde, Ducis, Oscar, III, 1.

    Fig. Lui [le publie], qui dix ans proscrivit Athalie, Qui, protecteur d'une scène avilie, Frappant des mains, bat à tort à travers Au mauvais sens qui hurle en mauvais vers, Voltaire, Ép. 64.

    Fig. Hurler, se dit de choses qu'on accouple malgré leur incompatibilité. Des mots qui hurlent de se voir accouplés.

  • 3 Fig. Parler avec emportement, avec le ton de la fureur. Une tourbe fanatique hurlait contre lui. Dis-moi donc, laissant là cette folle hurler…, Boileau, Sat. X. Si les jésuites crièrent à l'impiété, les jansénistes hurlèrent ; il se trouva un convulsionnaire nommé Abraham Chaumeix, qui présenta à des magistrats une accusation en forme intitulée Préjugés légitimes contre l'Encyclopédie, Voltaire, Mél. litt. Lett. à S. H. le prince de ***, Lett. 8.
  • 4 V. a. Prononcer avec un ton d'emportement ou de colère qu'on assimile au hurlement. Mme de Roquelaure dès la porte se met à hurler les reproches les plus amers, Saint-Simon, 199, 159. Un essaim frémissant… Hurle son chant barbare aux monts hyperborées, Delille, Énéide, X. Les prêtres de Pluton… Hurlent en chants de mort leurs funèbres cantiques, Legouvé, Trad. d'un morceau de la Pharsale. [Le peuple] Il s'enivre de vin dans l'or des saints calices, Hurle en dérision les chants des sacrifices, Lamartine, Joc. II, 71.

    PROVERBE

    Il faut hurler avec les loups, c'est-à-dire il faut s'accommoder aux manières, aux opinions des gens avec qui l'on vit. Pourquoi le voyez-vous ? - Qui donc voir ? il faut bien hurler avec les loups, Th. Corneille, Comt. d'Orgueil, IV, 6. Il faut hurler avec les loups, d'autres disent braire avec les ânes, Courier, Lett. II, 33.

    On dit de même : apprendre à hurler avec les loups, finir par s'accoutumer aux mœurs de ceux avec qui on vit. Tous ces Normands voulaient se divertir de nous : On apprend à hurler, dit l'autre, avec les loups, Racine, Plaid. I, 1. Comme on apprend à hurler avec les loups, malgré la terrible vie que ces bandits menaient, je ne laissai pas de m'accoutumer à vivre avec eux, Lesage, Guzm. d'Alf. IV, 9.

REMARQUE

Au commencement du XVIIe siècle, on disait souvent heurler : Il se leva heurlant comme un homme furieux, Scarron, Rom. com. I, 6.

HISTORIQUE

XIIIe s. Les lous [elle] oït uller, et li huans hua, Berte, XX. À bien petit qu'il ne se pasme ; Il ulle et brait come devez, Ren. 493. Paien uslent et braient, grans i fu la bondie, Ch. d'Ant. III, 181.

XVe s. Il faut heurler avec les leux, Deschamps, Poés. mss. f° 566.

XVIe s. Puis crient et ullent comme diables, Rabelais, Pant. III, 23. Toy Hecaté par les cantons hullée, Quand dessus nous la nuict est devallée, Du Bellay, J. IV, 24, recto. Ils hurlent comme chiens leurs barbares chansons, Du Bellay, J. VI, 35, verso. On les hurloit et mauldissoit [les gladiateurs], si on les voyoit estriver à recevoir la mort, Montaigne, III, 101. Les loups suivant la trace hurlent Ton ombre par les bois, Ronsard, 413. Tellement la douleur la ferut, Que par les champs hurlante elle courut, Ronsard, 635.

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Encyclopédie, 1re édition (1751)

HURLER, v. neut. (Gram.) il se dit proprement du cri du loup, d’où on l’a transporté à l’homme & aux autres animaux, lorsque, dans la colere, la douleur ou quelqu’autre passion, ils poussent des cris violens & effroyables, qu’on appelle alors des hurlemens.

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Étymologie de « hurler »

Picard, heuler ; wallon, hoûler ; norm. hûler, heuler ; Berry, ûler, hûler, ioûler ; provenç. ulular, ullular, udolar ; catal. udolar ; espagn. et portug. ulular ; ital. ululare, ulolare, urlar ; du latin ululare ; comparez ὀλολύζω, crier, sanscrit ululis, hurlement, ulûka, hibou ; le radical est ul, onomatopéique, redoublé pour renforcer l'onomatopée. La forme ancienne et correcte est uller, ou, avec prosthèse d'une h, huller ; l'r dans hurler est une corruption.

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Du bas latin ūrulare, dissimilation du latin classique ŭlŭlare (→ voir ululer), avec h initial aspiré expressif.
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Phonétique du mot « hurler »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
hurler yrle

Fréquence d'apparition du mot « hurler » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « hurler »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « hurler »

  • J’aime mieux faire hurler de plaisir une femme que la faire soupirer de bonheur.
    Georges Wolinski
  • Pour ne pas avoir d'emmerdes dans la vie, il faut : hurler avec les loups, baiser avec sa femme et ne pas contrarier son patron.
    Pierre Perret — Les Pensées
  • Le scénario était fantastique, mais je passais mon temps à m'enfuir, à hurler, à crier et à me battre.
    Cillian Murphy
  • Il faut hurler avec les loups, si l’on veut courir avec eux.
    Proverbe français
  • Quand on n’a rien à se reprocher dans la journée, on ne craint pas que les fantômes viennent hurler à la porte au milieu de la nuit.
    Proverbe chinois
  • Les Américains sont épouvantables en amour : ou ils sont tellement lents qu'on a envie de hurler, ou bien ils sont tellement rapides qu'on hurle.
    Jean-Charles
  • On apprend à hurler avec les loups.
    Jean Racine — Les plaideurs
  • Le vingtième siècle parle à l'oeil, et comme la vue est un des sens les plus volages, il lui faut hurler, crier avec des lumières violentes, des images désespérantes à force d'être gaies.
    Christian Bobin — Le Très-Bas
  • Les hommes en général ressemblent aux chiens qui hurlent quand ils entendent de loin d'autres chiens hurler.
    Voltaire — Fragments historiques
  • Tous les hommes sont perdus. S’il n’y avait pas les femmes, on serait dans les forêts à hurler comme des loups...
    Bertrand Blier — Les côtelettes
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Traductions du mot « hurler »

Langue Traduction
Anglais scream
Espagnol gritar
Italien urlare
Allemand schreien
Chinois 尖叫
Arabe يصرخ
Portugais gritar
Russe кричать
Japonais 叫ぶ
Basque garrasi egiteko
Corse gridà
Source : Google Translate API

Synonymes de « hurler »

Source : synonymes de hurler sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « hurler »

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Hurler

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