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Conduire

Définitions de « conduire »

Trésor de la Langue Française informatisé

CONDUIRE, verbe trans.

I.− Emploi trans.
A.− [Le suj. désigne une pers.]
1. [Le compl. désigne un être animé; il peut être suivi d'une constr. prép. (chez, à, dans, en, vers)]
a) Emmener vers un lieu déterminé. Conduire un cheval à l'abattoir; conduire qqn en prison :
1. l'exempt. − Au nom du roi, messieurs, je vous arrête (...). dubouloy. − Où nous conduisez-vous? l'exempt. − À la Bastille! A. Dumas Père, Les Demoiselles de Saint-Cyr,1843, I, p. 119.
2. Monsieur Maurice! Mais il ne se pressait pas, conduisait à l'écurie les chevaux fumants, donnait surtout au sien un coup d'œil paternel. Zola, La Débâcle,1893, p. 68.
b) Mener, amener, entraîner. Conduire ses hommes au combat. Bon voyage, petite créature, que Dieu te conduise où tu veux aller! (E. de Guérin, Journal,1836, p. 116).
[Constr. passive] Être conduit à + inf.Je serais conduit à inférer que chaque objet est en lui-même un monde complet (E. Delacroix, Journal,1856, p. 227).
Expr., fig. Conduire qqn en bateau. Se jouer de quelqu'un avec de fausses promesses.
c) Accompagner quelqu'un pour lui rendre honneur, en signe de politesse ou pour lui prêter assistance. Conduire ses invités à la porte de la maison :
3. Béatrix chargea Isambard d'aller sur-le-champ chercher Olivier et les autres chevaliers françois, afin de les conduire au-devant du général de l'empereur. Mmede Genlis, Les Chevaliers du Cygne,1795, t. 3, p. 192.
Expressions
Conduire une femme à l'autel. L'épouser. Je doute que son fils [de Tourterot] te conduise jamais à l'autel (E. Labiche, Deux papas très bien,1845, I, 10, p. 404).
Conduire le deuil (p. méton.). Marcher en tête du convoi funèbre. Monsieur de Lautréamont conduisit le deuil (J. Lorrain, Contes pour lire à la chandelle,La bonne Gudule, 1897, p. 79).
d) Transporter une personne d'un lieu dans un autre. Conduire un ami à la gare :
4. Le procureur doit se rendre, pour régler un différend, à Saint-Landry. Il vous conduira à la gare dans notre voiture. Huysmans, En route,t. 1, 1895, p. 237.
e) Guider, diriger :
5. − Dieu nous conduit, mon enfant. Dieu nous conduit par la main. Nous sommes dans la main de Dieu... C. Péguy, Le Mystère de la charité de Jeanne d'Arc,1910, p. 52.
P. méton. Conduire un orchestre :
6. Il se sentait si honteux si honteux de la niaiserie, du pathos prétentieux, de la fausseté criante des mots, des gestes, des attitudes, que par moments, tandis qu'il conduisait l'orchestre, il n'avait plus la force de lever son bâton : ... R. Rolland, Jean-Christophe,La Révolte, 1907, p. 487.
Emploi abs. Se laisser conduire. Se laisser conduire au spectacle. Accepter une invitation. Se laisser conduire comme un enfant. Faire preuve d'une grande docilité :
7. Il s'apaisa pourtant, et, d'un air stoïque, se laissa conduire vers le poste de la rue Descartes. Flaubert, L'Éducation sentimentale,t. 1, 1869, p. 39.
Terme de manège. Conduire un cheval étroit ou large. Lui faire parcourir un cercle plus ou moins grand.
f) Lang. littér. Diriger la conduite, l'éducation de quelqu'un.
2. [Le compl. désigne une chose]
a) Diriger, manœuvrer un véhicule. Conduire un avion, une automobile :
8. Il fallait pour conduire avec moi la voiture qui devait les ramener, il fallait quelqu'un de sérieux qui ne nous versât pas dans un fossé et d'assez débonnaire aussi, car le grand-père Charpentier jurait facilement et la grand'mère était un peu bavarde. Alain-Fournier, Le Grand Meaulnes,1913, p. 18.
Absol. Savoir conduire, permis de conduire. Donc, en voiture, mon cher confrère, en voiture. C'est moi qui vais conduire (Romains, Knock,1923, I, p. 7).
Fig. Conduire sa barque. Savoir mener ses affaires :
9. Avec cela que les femmes entendent quelque chose à la politique! va, ma pauvre vieille, si tu conduisais la barque, nous ferions vite naufrage. Zola, La Fortune des Rougon,1871, p. 232.
b) Assurer l'exécution, la direction d'une affaire :
10. Sur ces plaintes, le comte de Saint-Pol, fils du duc de Brabant et le neveu du duc Jean, fut nommé lieutenant du roi à Paris, et chargé de conduire toutes les affaires de la guerre... Barante, Hist. des ducs de Bourgogne,t. 4, 1821-24, p. 217.
11. Emma (...) savait conduire sa maison. Elle envoyait aux malades le compte des visites, dans des lettres bien tournées qui ne sentaient pas la facture. Flaubert, Madame Bovary,t. 1, 1857, p. 46.
COMM. Conduire l'étoffe bois à bois. Mesurer l'étoffe sans l'étirer.
MATH. Conduire une ligne. La faire passer par différents points :
12. L'évêque d'Hippone (...) supposait en conséquence que, si du zénith au nadir de différents lieux on conduisait autant de lignes droites, ces lignes seraient parallèles entre elles; ... Proudhon, Qu'est-ce que la propriété?1840, p. 137.
TECHNOL. Conduire la pierre. La mener sur des rouleaux jusqu'à la sortie de la carrière.
c) Veiller à l'évolution de. Conduire une futaie, une forêt. L'aménager. Conduire un arbre. Diriger par la taille son développement.
d) Domaine de l'esthétique.Développer l'intrigue d'une œuvre, la mener à bonne fin. Conduire l'action d'une comédie; conduire un tableau :
13. Il faut une force singulière pour pouvoir en même temps embrasser l'ensemble de l'ouvrage et le conduire avec l'abondance ou la sobriété nécessaires... E. Delacroix, Journal,1852, p. 393.
B.− [Le suj. désigne une chose]
1. [Le compl. d'obj. dir. désigne un être animé]
a) Mener. Cette route nous conduit à la ville :
14. Quand par hasard le sentier nous conduisait à la porte de ces maisons enfoncées, comme des nids humains, dans ces vagues de verdure nous ne voyions, sur la physionomie de ses heureux et bons habitants, ni surprise, ni humeur, ni colère. Lamartine, Voyage en Orient,t. 2, 1835, p. 76.
15. Or, si l'on essaie de pousser jusqu'au bout, comme je le tente dans cet essai, la logique et la cohérence des faits, n'est-ce pas à la perspective exactement contraire que nous conduisent légitimement les notions d'espace-temps et d'évolution? ... Teilhard de Chardin, Le Phénomène humain,1955, p. 287.
b) Animer, pousser, inspirer la façon d'agir. La sagesse conduit le philosophe :
16. Trois mobiles principaux conduisent d'ordinaire les hommes au combat, l'amour de la patrie et de la liberté, l'amour de la gloire, et le fanatisme de la religion. Mmede Staël, De l'Allemagne,t. 1, 1810, p. 56.
[Constr. prép.] Conduire à + subst. ou + inf.La misère conduit l'homme au désespoir ou à voler. L'océan devrait conduire aux mêmes pensées (Alain, Propos,1924, p. 634):
17. Il est infiniment probable qu'une observation impartiale des sociétés de fourmis et d'abeilles nous conduirait à reviser bon nombre d'opinions touchant la perfection de leurs instincts sociaux. J. Rostand, La Vie et ses problèmes,1939, p. 98.
2. [Le compl. d'obj. direct désigne une chose] PHYS. Propager, faire passer. Corps qui conduisent la chaleur, l'électricité.
II.− Emploi pronom.
A.− À sens réfléchi
1. Vx. Se diriger.
2. Se comporter. Se conduire bien, mal; façon de se conduire :
18. C'était un complot, un piège qu'on lui avait tendu. Il se conduisait mal? Il se conduirait plus mal encore. Il brûlait de les insulter, lui cet hypocrite, elle, cette femme toujours décevante. Arland, L'Ordre,1929, p. 251.
Absol. Se comporter suivant les règles du savoir-vivre :
19. « Pas possible ce soir, mon chéri, je suis prise » et, paisiblement, habitué à la phrase sans doute, il avait disparu. Au moins en voilà un qui savait se conduire! ... Zola, Nana,1880, p. 1220.
B.− À sens passif. Se manœuvrer. Cet engin se conduit aisément.
Prononc. et Orth. : [kɔ ̃dɥi:ʀ], (je) conduis [kɔ ̃dɥi]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Fin xes. conducent 3epers. plur. ind. prés. « (d'une personne) emmener, faire aller avec soi dans un lieu » (Passion de Clermont, éd. d'Arco Silvio Avalle, 244); ca 1100 « accompagner » (Roland, éd. J. Bédier, 685); en partic. a) 1172-75 « pour mettre en sûreté » (Chr. de Troyes, Chevalier Charrette, éd. M. Roques, 4135); b) 1828 conduire le deuil (Delècluze, Journal, p. 49); c) 1829 conduire à l'église « épouser quelqu'un » (Béranger, Chansons, t. 1, p. 35); 2. ca 1100 « pousser quelqu'un à certains actes » (Roland, éd. J. Bédier, 46); ca 1175 « (le suj. désigne une chose) mener » par amors conduit (Chr. de Troyes, Cligès, éd. A. Micha, 2760); 3. « faire agir, mener en étant à la tête » a) 1372 jur. conduire le cas « poursuivre en justice » (Ord. V, 520 ds Gdf.); 1479 conduire un procès (ds Bartzsch, p. 66); b) 1474 « administrer » (Ordonnances des rois de France, XVIII, 11, 20, ibid., p. 32); c) 1845 conduire un chœur (Leconte de Lisle, Poèmes antiques, Hélène, p. 52); 4. a) 1690 « assurer la direction d'un véhicule » conduire un attelage (Fur.); 1846 absol. conduire (A. Dumas Père, Le Comte de Monte-Cristo, t. 2, p. 82); d'où fig. 1836 (Stendhal, Lucien Leuwen, t. 3, p. 57 : J'ai mal conduit toute ma vie, répéta-t-il plusieurs fois; je suis dans un bourbier); b) 1677 « conduire un récit, narrer » (Mmede Sévigné, Lettres, éd. M. Monmerqué, t. 5, p. 206); 1690 (Fur. : Ce Poëte a bien conduit l'intrigue de sa comédie); 5. 1851 phys. (Nerval, Voyage en Orient, t. 3, p. 186 : la fonte est poreuse et conduit moins bien la chaleur que ne le ferait l'acier); 6. mil. xiiies. pronom. « agir de telle façon » (Huon Le Roi, Descrissions des religions, éd. A. Långfors, 146). Du lat. class. conducere proprement « mener ensemble » qui dep. le lat. vulg. assuma les sens du mot simple ducere; lat. médiév. [uxorem] conducere « prendre pour femme » ca 1194 ds Latham. Fréq. abs. littér. Conduire : 10 036. Conduisant : 348. Fréq. rel. littér. Conduire : xixes. : a) 19 146, b) 15 114; xxes. : a) 11 188, b) 11 512. Conduisant : xixes. : a) 533, b) 666; xxes. : a) 537 b) 344. Bbg. Darm. Vie 1932, p. 131, 133, 146, 194.

Wiktionnaire

Verbe - français

conduire \kɔ̃.dɥiʁ\ transitif 3e groupe (voir la conjugaison) (pronominal : se conduire)

  1. Mener, guider, diriger vers un lieu déterminé.
    • Désormais donc, les prévenus seront, au moment de leur arrestation, conduits directement à la Roquette, où, séparés les uns des autres, comme le sont les enfants jugés, ils n'auront pas à souffrir du contact de leurs co-détenus. — (Société pour le patronage des jeunes détenus et des jeunes libérés du département de la Seine : Assemblée générale du 14 juillet 1844, Paris : Imprimerie de A. Henry, 1844, pages 58-59)
    • Les troupeaux transhumants appartiennent tantôt à de riches propriétaires ou capitalistes, tantôt à de petits cultivateurs de Provence, qui les confient à un bayle ou berger chef qui, à ses risques et périls, conduit les troupeaux, loue les pâturages, etc., en un mot se charge de l'estivage moyennant une redevance. — (Marchand (Garde général des forêts), « Le pâturage dans les Alpes », dans la Revue des eaux et forêts: annales forestières, tome 11, Paris, 1872, page 14)
    • Hervé Ricou, le sacriste, […], après nous avoir fait visiter l'église, nous conduisit à une ferme voisine qui, à l’occasion, se transforme en auberge. — (Anatole Le Braz, Les Saints bretons d'après la tradition populaire en Cornouaille, Les Annales de Bretagne, 1893-1894, Paris : Calmann-Lévy, 1937, page 75)
    • Il retrace les méandres, les scoumounes qui ont conduit ces grands enfants du malaise collectif à ces cellules réglementaires de 3 x 3 mètres. Dire les maux avec mots, ceux de Djamel, David, Laurent, Séfia, Frédéric, Damien, etc. — (Patrice Delbourg, Le bateau livre: 99 portraits d'écrivains, éd. Le Castor Astral, 2000, page 64)
    • Il me conduisit à travers d'innombrables et immenses salles, dans lesquelles il me présenta à des hordes de gens, dont j'oubliais les noms au fur et à mesure qu'il les énonçait. — (Amélie Nothomb, Stupeur et tremblements, Éditions Albin Michel S.A., 1999, page 8)
    • Si s'avencerent les Pelopônesiens de combattre et affaiblir les premiers, afin d'enclore de leur pointe fenêtre, la droite des Athéniens s'ils pouvaient, en manière qu'ils n'eussent pouvoir d'eux élargir en la mer, et que les autres navires qui tenaient le milieu / fussent contraints eux retirer en la terre qui n’était guère lointaine / donc eux étant les Athéniens apperceur du côté que les ennemis le voulaient venir enclore, les viendraient assaillir vivement, et ayant pris leur charge de la mer nageaient et conduisaient leurs navires plus gaillardement que les autres. — (L'histoire de Thucydide Athenien, de la guerre qui fut entre les Peloponnesiens et Atheniens, translatée en langue française par feu messire Claude de Seyssel, lors evesque de Marseille et depuis lors archevesque de Turin, Paris, 10 aout 1527)
  2. Piloter un véhicule.
    • Conduire une charrette, une voiture, une automobile, etc.
    • (Absolument) Ce chauffeur conduit bien. — Vous ne savez pas conduire.
  3. (En particulier) Faire aller.
    • Conduire l’eau d’un endroit à un autre par des rigoles, par des canaux.
  4. (En particulier) Faire passer par différents points.
    • Conduire une ligne.
  5. (Forêts) Aménager dans un but de production en parlant d’un bois ; tailler dans un but de production pour un arbre.
    • Conduire une futaie, une forêt, un arbre.
  6. Accompagner quelqu’un par civilité, par honneur, etc.
    • Il conduisait sa fille à l’autel.
  7. (Figuré) Mener, guider ou diriger vers un but déterminé. — Note : Se dit tant au sens physique qu’au sens moral.
    • À la fin du Tertiaire s’est produit le refroidissement qui a conduit aux glaciations quaternaires ; il a peut-être quelque rapport avec la formation de l’Atlantique Nord. — (Henri Gaussen, Géographie des Plantes, Armand Colin, 1933, page 56)
    • Il n'a point songé à rimer quand le hasard d'une vadrouille au Quartier le conduisit à popiner au café Vachette avec des symbolos soiffards. — (Robert Randau, Le professeur Martin: petit bourgeois d'Alger, Éditions Baconnier frères, 1930, page 69)
    • C'est le cas par exemple de la réaction d'un diacide sur un dialcool qui donne naissance à un polyester et à de l'eau qui doit être éliminée si on souhaite que la réaction conduise effectivement à des grandes molécules. — (Claude Duval, Matières plastiques et environnement, Dunod, 2e éd, 2009, page 11)
    • L’embastillement sanitaire et épidémiologique peut pour autant nuire davantage que l’emmurement volontaire de l’abstraction créative ? Peut-il conduire à un esseulement frisant la déréliction ? — (Cornéliu Tocan, Aux confins de l'invisible. Haïkus d'intérieur illustrés, Créatique, Québec, 2020, pages 7-8)
    • Ce chemin conduit à la ville.
    • « Pardon… Voudriez-vous me dire si cette route conduit bien au Hohneck ?… »
      Il ne sourcilla pas. Il se leva, jeta la cigarette qu’il avait entre les doigts et qui était à peine entamée.
      « Elle y conduit ! » répliqua-t-il dans la même langue.
      — (Georges Simenon, Le Relais d’Alsace, Fayard, 1933, réédition Le Livre de Poche, page 43)
    • La fureur conduisait son bras.
    • L’ouvrage fut conduit jusqu’au dixième volume et en resta là.
    • Conduire un ouvrage à sa perfection.
    • Et comme Félicité prenait l’attitude d’une femme piquée, il ajouta à son oreille, en l’embrassant de nouveau :
      — Je tiens de toi, bien que tu m’aies renié. Trop d’intelligence nuirait en ce moment. Lorsque la crise arrivera, c’est toi qui devras conduire l’affaire.
      — (Émile Zola, La Fortune des Rougon, G. Charpentier, Paris, 1871, ch. III ; réédition 1879, p. 101)
  8. (Figuré) Amener à faire.
    • La supposition d'un virus morbilleux et de la contagion de la rougeole conduisit un Anglais célèbre , le docteur Home, à tenter l’inoculation de cette maladie. — (Dictionaire des Sciences médicales, Paris : C.-L.-F. Panckoucke, 1820, vol. 49, page 162)
    • […] de grands embarras financiers avaient conduit le gouvernement à signer avec des compagnies de chemin de fer des conventions que les radicaux avaient dénoncées comme étant des actes de brigandage […] — (Georges Sorel, Réflexions sur la violence, Chap. VI, La Moralité de la violence, 1908, page 281)
  9. Construire, inspecter, avoir la direction, en parlant des ouvrages matériels, de l’esprit et des choses morales.
    • Le « Pourquoi pas », succéda au « Français » qui conduisit dans l’Antarctique en 1903-1905 la première expédition polaire française de longue haleine. — (Jean-Baptiste Charcot, Dans la mer du Groenland, 1928)
    • Conduire une construction.
    • Conduire un travail.
    • Conduire une tranchée.
    • Conduire un dessein, une entreprise, une intrigue.
    • Il a bien conduit, mal conduit cette affaire.
    • C’est lui qui a tout conduit.
    • Une pièce de théâtre, une intrigue bien conduite, dont les incidents sont bien amenés.
  10. Commander, régir, gouverner.
    • En 508, les Francs, conduits par Clovis, vinrent assiéger Arles. L’évêque Césaire (devenu par la suite Saint-Césaire) n’aurait pas demandé mieux que de livrer la ville au roi chrétien. — (Léon Berman, Histoire des Juifs de France des origines à nos jours, 1937)
    • L'essentiel pour les jésuites, c'était d'affaiblir, d'amoindrir, de rendre les âmes faibles et fausses, de faire des petits très-petits, et les simples idiots ; une âme nourrie de minuties, amusées de brimborions, devait être facile à conduire. — (Jules Michelet, Le prêtre, la femme, la famille, Paris : Chamerot, 1862 (8e éd.), page 65)
    • Il ne s'agit plus de mener une grande guerre terrestre en Europe, mais de conduire des opérations impromptues (contingency) dans un ensemble interarmées et interallié, par tous les temps, en frappant simultanément dans toute la profondeur du champ de bataille, en utilisant touts les moyens pour écraser l'ennemi rapidement et avec le minimum de pertes. — (Défense nationale, n° 5-9, Paris, 1964, page 162)
  11. (Musique) Diriger un orchestre.
    • S’il retournait à Serge Panine, s’il recherchait les occasions d’aller voir conduire Olivier Métra, c’était pour la douceur d’être initié dans toutes les conceptions d’Odette, de se sentir de moitié dans tous ses goûts. — (Marcel Proust, Un amour de Swann, 1913, réédition Le Livre de Poche, page 79)
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

CONDUIRE. (Je conduis ; nous conduisons. Je conduisis. Je conduirai. Conduis ; conduisons. Que je conduise. Conduisant, Conduit.) v. tr.
Mener, guider, diriger vers un but un être ou une chose. Conduire un aveugle. Conduire des voyageurs. Il prit des guides qui le conduisirent. Conduisez monsieur à sa chambre. Je vais vous conduire auprès d'elle. Il se laissa conduire en prison. Conduire une armée par des défilés. Conduire les pas de quelqu'un. Cet homme n'y voit pas assez pour se conduire. Conduire des chevaux, un troupeau. Conduire une charrette, une voiture, une automobile, etc. Absolument, Ce chauffeur conduit bien. Vous ne savez pas conduire. Il signifie spécialement Accompagner quelqu'un par civilité, par honneur, etc. Il conduisait sa fille à l'autel. Conduire l'eau, La faire aller d'un endroit à un autre par des rigoles, par des canaux. Conduire une ligne, La faire passer par différents points. Conduire une futaie, une forêt, L'aménager. Conduire un arbre, Le tailler suivant ce qu'on veut en faire. Conduire la main de quelqu'un, à quelqu'un, Lui tenir la main pour lui faire mieux tracer des caractères, un dessin, etc. Conduire la main d'une personne qui écrit, d'un écolier qui apprend à écrire. Son maître d'écriture est encore obligé de lui conduire la main. Il s'emploie aussi figurément, tant au sens physique qu'au sens moral. Ses traces nous conduisirent jusqu'au lieu où il s'était caché. Ce chemin conduit à la ville. La fureur conduisait son bras. L'ouvrage fut conduit jusqu'au dixième volume et en resta là. Conduire un ouvrage à sa perfection. Une semblable doctrine doit conduire à l'athéisme. Cela me conduit à vous parler de telle chose. Conduire un État à sa ruine. Il signifie encore Avoir inspection sur un ouvrage, en avoir la direction, en parlant des Ouvrages matériels. Conduire une construction. Conduire un travail. Conduire une tranchée. Il se dit également en parlant des Ouvrages de l'esprit et des choses morales. Conduire un dessein, une entreprise, une intrigue. Il a bien conduit, mal conduit cette affaire. C'est lui qui a tout conduit. Une pièce de théâtre, une intrigue bien conduite, Dont les incidents sont bien amenés. Il signifie aussi Commander et servir de chef, régir, gouverner. Conduire une armée, une flotte, un vaisseau, une barque. Conduire des troupes. Conduire des ouvriers. Ce père conduit bien sa famille. Conduire une maison. Conduire un orchestre. Conduire une excursion. Il a bien conduit sa fortune. Conduire la conscience de quelqu'un. Conduire quelqu'un dans ses affaires. Se laisser conduire par quelqu'un. Ce peuple-là est difficile à conduire. Il se dit également dans ce sens de la Raison et des passions personnifiées. La raison le conduit. Ses passions le conduisent. Il se laisse conduire par son intérêt. Fig., Conduire la barque, Conduire quelque entreprise, quelque affaire ; et Conduire bien sa barque, Conduire bien ses affaires.

SE CONDUIRE signifie figurément Se comporter, avoir telle ou telle conduite. Il se conduit bien ; il se conduit mal. Il s'est conduit vaillamment. Il sait bien se conduire. Cette femme s'est toujours bien conduite. Conduisez-vous bien.

Littré (1872-1877)

CONDUIRE (kon-dui-r'), je conduis, nous conduisons ; je conduisais ; je conduisis ; je conduirai ; je conduirais : conduis, conduisons ; que je conduise, que nous conduisions ; que je conduisisse ; conduisant ; conduit v. a.
  • 1Faire aller en allant soi-même. Il prit des guides qui le conduisirent. Conduire un aveugle. Conduire un enfant à l'école. Il est temps qu'en son ciel cet astre aille reluire ; De grâce, accordez-moi l'honneur de l'y conduire, Corneille, Nicom. II, 2. C'est vous qui sur ces bords conduisîtes ses pas, Racine, Phèd. III, 5. Les dieux vous conduisent comme par la main, Fénelon, Tél. III.

    Absolument. On va d'un pas plus ferme à suivre qu'à conduire, L'avis est plus facile à prendre qu'à donner, Corneille, Imitation, I, 9.

    Terme de manége. Conduire un cheval étroit ou large, lui faire parcourir, dans le manége, un cercle plus ou moins grand. Conduire un cheval de la main, le changer de main.

    Donner une certaine direction. Le chirurgien conduisait d'une main ferme le bistouri. Le maître d'écriture a conduit la main de son élève. Ce peintre conduit bien son pinceau.

  • 2Transporter d'un lieu à un autre. Conduire du vin, des vivres.
  • 3Faire aller une chose où elle doit aller. Conduire une voiture.

    Absolument, conduire se dit pour conduire une voiture. Ce cocher conduit bien. On voit que vous ne savez pas conduire.

    Conduire une barque, la faire aller où elle doit aller.

    Fig. et familièrement. Conduire la barque, avoir le gouvernement d'une affaire.

    Bien conduire sa barque, diriger ses affaires avec habileté.

    Terme de carrier. Conduire la pierre, la mener sur les rouleaux jusqu'au point de l'orifice.

  • 4Faire aller devant soi. Conduire les troupeaux aux champs. Et qui gouverne Rome a conduit des troupeaux, Rotrou, St-Gen. I, 4.

    Par extension. La fête de Diane approchait, et l'on se préparait à conduire la pompe accoutumée, Chateaubriand, Mart. 13.

  • 5Accompagner par honneur, par civilité. Mes domestiques vous conduiront. Conduisez madame.

    Conduire une femme à l'autel, l'épouser.

  • 6Emmener. Il se laissa conduire en prison. Et pour mieux l'y conduire [à Rome] il [l'otage] vous sera donné Sitôt qu'il aura vu son frère couronné, Corneille, Nicom. IV, 4.
  • 7 Fig. La colère a mal conduit sa main. Voilà où l'ont conduit ses folies ! Cela me conduit à vous confier un secret. Qu'un juste respect conduisant ses regards…, Corneille, Pomp. IV, 3. Que ma crédule main conduise le couteau…, Racine, Iph. III, 6. Souvent la peur d'un mal nous conduit dans un pire, Boileau, Art poét. I. Madame, vous voyez où l'amour m'a conduit, Corneille, Perthar. IV, 5. N'eût-il pas jusqu'au bout conduit son artifice ? Racine, Baj. III, 7. Reconnaissez les coups que vous aurez conduits, Racine, Iph. V, 2. Remonter jusqu'au principe et vous conduire pas à pas par tous les excès où le mépris de la religion ancienne a été capable de pousser les hommes, Bossuet, Reine d'Anglet.

    Conduire une chose à sa fin, à son terme. Conduire un ouvrage à sa perfection.

    Commander, gouverner. Conduire une armée, une flotte. L'art de conduire les peuples. Ai-je mis dans sa main le timon de l'État Pour le conduire au gré du peuple et du sénat ? Racine, Brit. I, 1.

    Diriger la conduite. Se laisser conduire par une personne expérimentée. Un directeur conduit la conscience de son pénitent. Burrhus conduit son cœur, Sénèque son esprit, Racine, Brit. IV, 4.

    Conduire une administration, une affaire, une négociation, en avoir la direction. Je conduis de l'œil toutes choses, et tout cela ne va pas mal, Molière, Pourc. II, 11.

    Bien conduire, mal conduire l'intrigue d'une pièce, un drame, une comédie, enchaîner bien ou mal les scènes.

    Bien conduire, mal conduire un raisonnement, en enchaîner bien ou mal les parties.

    Conduire une construction, des travaux, les diriger, présider aux ouvriers qui les exécutent.

    Conduire un orchestre, une danse, en diriger les mouvements.

  • 8Faire aller jusqu'à un certain point une opération, un travail quelconque. Cet ingénieur a conduit une mine jusque sous le bastion.

    Terme d'hydraulique. Conduire de l'eau, l'amener et la distribuer par des conduits.

    Conduire un mur, le prolonger depuis un endroit jusqu'à un autre.

    Terme de géométrie. Conduire une ligne, la faire passer par un certain point.

    Conduire l'étoffe bois à bois, c'est en fait de métrage l'étendre doucement le long du mètre, sans la tirer pour l'allonger.

    Mener jusqu'à, en parlant d'un chemin. Prenez cette rue, elle vous conduira au boulevard.

    Fig. Ses grandes actions l'ont conduit à la gloire. Il a été conduit à la ruine par une folle passion.

  • 9 Terme d'eaux et forêts. Conduire une futaie, une forêt, l'aménager.

    Terme d'horticulture. Conduire un arbre, le tailler suivant ce qu'on en veut faire.

    Terme de fauconnerie. Conduire un faucon, l'élever comme il convient.

  • 10 V. n. S'étendre jusqu'à, en parlant d'une route. Ce chemin conduit à la ville. Et cette autre [porte] conduit dans celui de la reine, Racine, Bérén. I, 1.

    Fig. Aucun chemin de fleurs ne conduit à la gloire, La Fontaine, Fabl. X, 14.

  • 11Se conduire, v. réfl. Se diriger. Cet homme ne voit pas à se conduire, il est presque aveugle, ou il est dans une obscurité complète.

    Être conduit. Ce dessein s'est conduit avec plus de mystère, Racine, Brit. V, 5. L'opération du baume irrita Vénus, à l'insu de qui la chose se conduisait, La Fontaine, Psyché, II, p. 176.

    Fig. Se comporter d'une certaine manière. Nous sommes encor loin de mettre en évidence Si nous nous conduirons avec plus de prudence, Corneille, Cinna, II, 2. De quelle manière l'Église se conduit à l'égard des prêtres, Pascal, Prov. 16. Vous êtes-vous mis dans la tête que Léonard de Pourceaugnac soit un homme à acheter chat en poche, et qu'il n'ait pas là dedans quelque morceau de judiciaire pour se conduire ? Molière, Pourc. II, 7. La plupart des femmes se conduisent par le cœur, La Bruyère, III.

SYNONYME

CONDUIRE, MENER, GUIDER. Celui qui conduit peut ne pas savoir le chemin ; celui qui guide sait le chemin. Celui qui mène peut ne pas conduire, c'est-à-dire faire cheminer, et peut ne pas guider, c'est-à-dire connaître les chemins à prendre. Un chien conduit un aveugle ou le guide, suivant que ce chien ne sait pas encore le chemin ou qu'il le sait déjà ; mais c'est l'aveugle qui mène le chien.

HISTORIQUE

Xe s. Poscite que cest fructum que mostret nos habemus, que el nos conservet, et ad maturi… ure [maturitatem condure] lo posciomes [puissions], Fragm. de Valenc. p. 469.

XIe s. Que nous seions conduit à mendier, Ch. de Rol. III. [que] Par artimal l'i [en enfer] condoist [conduise] Jupiter, ib. CVI.

XIIe s. À Saragoze ert conduz, Ronc. p. 16. En Roncisvals condurai mes amis, ib. p. 42. Conduis ma gent à force et à vertu, ib. p. 124. Qu'il les conduie as angles spiritaus, ib. p. 150. Ces [ceux-là] conduit Murgalez du regne d'Afanie, Sax. VII. Tous jours te conduira ta creance et tes drois [ton droit], ib. XVIII.

XIIIe s. Et là o [où] il en mer esteit, Si com fortune le voleit, Molt près de peril e de mort, Sans nul conduit e sanz confort, Fors sol l'onde qui'l conduseit, Grégoire le Grand, p. 33. Il parmena el desert les filz Israel, et les conduist en la terre de promissiun, Psautier, f° 95. Et Johannis leur fist jurer qu'il les condiroit tout sauvement, Villehardouin, CLII. Dame Dieu la conduie et la prenne en sa part, Berte, XXII. Ainsi se doit dame deduire, Qui d'amors vuet son cors conduire, Lai du conseil. Se Jehans eust dit au vendre : je voz vent dix muis de blé conduis à Clermont, Beaumanoir, XXVI, 3.

XVe s. Pour gaigner et conduyre le duc de Bourgogne à mettre sus une armée en son pays, Commines, I, 2. Sagement il [Louis XI] conduysoit l'adversité, Commines, I, 10. À riens ne voulut le dit duc entendre, et ja conduysit son malheur, Commines, V, 1.

XVIe s. Ce monde est comparé à ung feu bien allumé, dont ung petit est bon pour soy esclairer à soy conduyre ; mais qui trop en prent, il se art, Rozier histor. I, 2. Aux guerres par lui conduictes contre eulx, Montaigne, I, 16. Les Atheniens estoient à choisir de deux architectes à conduire une grande fabrique [édifice], Montaigne, I, 189. Tel se conduict bien, qui ne conduict pas bien les aultres, Montaigne, IV, 133. Il en demoura plus de quatre mille sur la place, pour ce qu'ilz n'avoient personne qui les conduisist, Amyot, Philop. 16. Le chemin est uny et plain qui conduit l'homme à croire ce qu'il veult, Amyot, Artax. 42. Ce fut toy qui de nuict abandonnant sa ville Conduis le vieil Priam en la tente d'Achille, Ronsard, 919.

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Encyclopédie, 1re édition (1751)

CONDUIRE, v. act. (Gram.) c’est indiquer le chemin en accompagnant sur la route ; mais cette acception a été détournée d’une infinité de manieres différentes : on a dit, conduire une voiture, conduire dans les bonnes voies, conduire des eaux, conduire des troupes, &c. Voyez-en quelques-uns ci-après.

Conduire, (DrapierMarchand d’étoffes.) est synonyme à auner. Mener doucement l’étoffe le long de l’aune, sans la tirer, pour la faire courir davantage, c’est la conduire bois à bois.

Conduire les eaux. (Hydrauliq.) La maniere de conduire l’eau dans une ville, n’est pas la même que dans la campagne & dans un jardin.

Dans une ville on n’a d’autre sujétion que de se servir de tuyaux de plomb, assez gros pour fournir les fontaines publiques & la quantité d’eau concédée aux particuliers, en la faisant tomber dans les cuvettes de distribution. Si dans la pente des rues, l’eau est obligée de remonter ou de se mettre de niveau après la pente, ou enfin si on soude une branche sur le gros tuyau, on fait dans cet endroit un regard avec un robinet, pour arrêter cette charge & conserver les tuyaux : cela sert encore à les vuider dans les fortes gelées.

Dans la campagne on n’a ordinairement à conduire que des eaux roulantes ; après l’avoir amassée par des écharpes, des rameaux, des rigoles, dans des pierrées, & l’avoir amenée dans un regard de prise, on la fait entrer dans des tuyaux de grès ou de bois, selon la nature du lieu ; s’il y a des contrefoulemens où l’eau soit obligée de remonter, on la fait couler dans des aqueducs, ou au moins dans des tuyaux assez forts pour y résister. On sent bien qu’il seroit ridicule d’y employer des tuyaux de plomb, qui seroient trop exposés à être volés ; ceux de fer sont à préférer. On les enfoncera de quatre à cinq piés, pour éviter le vol & la malice des paysans.

Le plus difficile à ménager en conduisant les eaux pendant un long chemin, ce sont les fonds & les vallées appellées ventres ou gorges ; ils se trouvent dans l’irrégularité du terrein de la campagne, & interrompent le niveau d’une conduite : alors on est obligé de faire remonter l’eau sur la montagne vis-à-vis pour en continuer la route ; c’est dans cette remontée que l’eau contrefoulée a tant de peine à s’élever, que les tuyaux y crevent en peu de tems.

Soit la montagne A (Fig. 1. Hydraul.) d’où descend l’eau qu’on suppose amenée depuis la prise par un terrein plat, dans des tuyaux de grès ou des pierrées. B est la seconde montagne où se trouve la contrepente opposée à la pente de la premiere montagne A, d’où vient la source C conduite dans des tuyaux de grès. DD est le ventre ou gorge, où l’eau se trouve forcée par-tout. EE est la ligne de mire ou nivellement, pour connoître la hauteur du contrefoulement B. La conduite qu’on posera dans cette gorge ou fondriere DD, sera de fer, ainsi que dans la contrepente où l’eau force le plus, jusqu’à ce qu’elle se soit remise de niveau sur la montagne B ; on reprendra alors des tuyaux de grès ou des pierrées pour éviter la dépense, jusqu’au réservoir, parce que l’eau n’y fait que rouler, & ne force que dans le ventre & la remontée.

Si dans un long chemin il se rencontroit deux ou trois contrepentes, ce qui peut encore arriver en ramassant des eaux de plusieurs endroits, on les conduiroit de la même maniere. Quand la gorge n’est pas longue, comme seroit celle FF de la figure 2. un bout d’aqueduc ou un massif de blocailles est le meilleur parti qu’on puisse prendre, & l’eau y roulera de la même maniere que depuis le regard de prise dans des tuyaux de grès, ou des pierrées continuées sur des massifs de blocailles. Lorsque cette gorge est longue, & que le contrefoulement est élevé de vingt à trente piés, les tuyaux de fer coûteront moins, & dureront plus long-tems.

Si le contrefoulement étoit plus haut que cent piés, il faudroit y bâtir un aqueduc, parce que les tuyaux de fer auroient de la peine à résister ; alors le niveau étant continué par l’élévation de l’aqueduc, l’eau y rouleroit & y regagneroit l’autre montagne, d’où elle rentreroit dans des auges ou tuyaux jusqu’au réservoir.

On peut encore éviter un contrefoulement, en faisant suivre une conduite le long d’un côteau, & regagnant petit-à-petit le niveau de la contrepente : mais il faut qu’il n’y ait pas un grand circuit à faire dans cette situation appellée poesle ou bassin ; parce que la longueur d’une conduite ainsi circulaire, quoiqu’en grès ou en pierrée, coûte plus que d’amener l’eau en droite ligne par des tuyaux capables de résister au contrefoulement.

Dans les jardins, en supposant l’eau amassée dans le réservoir au-haut d’un parc, il ne se rencontre pas tant de difficultés : le terrein y est dressé, & les conduites descendent plutôt en pente douce qu’elles ne remontent. On se servira dans les eaux forcées de tuyaux de fer, de plomb ou de bois, suivant le pays, & même de grès bien conditionnés, pourvû que la chûte ne passe pas quinze à vingt piés. Ces conduites étant parvenues jusqu’aux bassins, on y fera un regard pour loger un robinet de cuivre d’une grosseur convenable au diametre de la conduite ; on soudera ensuite debout une rondelle ou collet de plomb un peu large autour du tuyau, & dans le milieu de l’endroit du corroi ou massif du bassin où il passe ; afin que l’eau ainsi arrêtée par cette plaque, ne cherche point à se perdre le long du tuyau. Quand ce sont des tuyaux de fer, on les pose de maniere qu’une de leurs brides soit dans le milieu du corroi, ce qui sert de rondelle : cette regle est générale pour tous les tuyaux qui traversent les corrois & massifs d’un bassin ; comme aussi de ne jamais engager les tuyaux, & de les faire passer à decouvert sur le plafond d’un bassin.

Dans le centre du bassin, à l’endroit même où doit être le jet, on soudera sur la conduite un tuyau montant appellé souche, au bout duquel on soudera encore un écrou de cuivre sur lequel se visse l’ajutage : il faut que cette souche soit de même diametre que la conduite ; si elle étoit retrécie, elle augmenteroit le frottement, & retarderoit la vîtesse & la hauteur du jet. A deux piés environ par-delà la souche, on coupera la conduite, & on la bouchera par un tampon de bois de chêne, avec une rondelle de fer chassée à force au bout du tuyau, ou par un tampon de cuivre à vis que l’on y soudera. Ces tampons facilitent le moyen de dégorger une conduite.

Evitez les coudes, les jarrets, & les angles droits qui diminuent la force des eaux ; prenez les d’un peu loin pour en diminuer la roideur ; & même il ne sera pas mal d’employer des tuyaux plus gros dans les coudes pour éviter les frottemens.

Dans les conduites un peu longues & fort chargées, on place des ventouses d’espace en espace pour la sortie des vents : on les fait ordinairement de plomb ; on les branche sur la tige de quelque grand arbre, en observant qu’elles soient de deux ou trois piés plus hautes que le niveau du réservoir, afin qu’elles ne dépensent pas tant d’eau : de cette maniere il n’y a que les vents qui sortent. Quand après une pente roide les conduites se remettent de niveau, il faut placer dans cet endroit des robinets pour arrêter cette charge ; ce qui sert encore à trouver les fautes, & à tenir les conduites en décharge pendant l’hyver.

Faites toûjours passer les tuyaux dans les allées, pour en mieux connoître les fautes, & y remédier sans rien déplanter ; & les conduites sous des terrasses ou sous des chemins publics, passeront sous des voûtes afin de les visiter de tems en tems. Les eaux de décharge rouleront dans des pierrées faites en chatieres, ou dans des tuyaux de grès sans chemise, quand ces eaux vont se perdre dans quelque puisart ou cloaque ; mais quand elles servent à faire joüer des bassins plus bas, on les entourera d’une bonne chemise de ciment, ou l’on y employera des tuyaux ordinaires comme étant des eaux forcées. Tenez toujours les tuyaux de décharge, tant de la superficie que du fond d’un bassin, plus gros que le reste de la conduite, afin que l’eau se perde plus vîte qu’elle ne vient, que le tuyau ne s’engorge point, & de peur que l’eau passant par-dessus les bords, ne détrempe toutes les terres qui soûtiennent le bassin, & n’en affaisse le niveau. (K)

Conduire, (Jard.) voyez Elever.

Conduire son cheval étroit ou large, terme de Manege : étroit signifie le mener en s’approchant du centre du manege ; & large, en s’approchant des murailles du manege. L’écuyer d’académie dit quelquefois à l’écolier, conduisez votre cheval, lorsque l’écolier laisse aller son cheval à sa fantaisie. (V)

Conduire, en Peinture, diriger, distribuer. On dit une belle conduite dans la distribution des objets, une lumiere bien conduite, &c. pour marquer que ces choses sont menagées avec un discernement éclairé. (R)

Wikisource - licence Creative Commons attribution partage dans les mêmes conditions 3.0

Étymologie de « conduire »

Wallon, kidûre ; provenç. conduire, condurre ; catal. conduir ; espagn. conducir ; portug. conduzir ; ital. condurre ; du latin conducere, de cum, avec, et ducere, mener (voy. DUIRE).

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Du latin conducere (« mener ensemble ») composé du préfixe con- (« ensemble ») et du verbe ducere (« conduire », « mener »).
(Vers 980) conducent (« conduisent »).
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Phonétique du mot « conduire »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
conduire kɔ̃dµir

Fréquence d'apparition du mot « conduire » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « conduire »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « conduire »

  • Demain, apprendre l’espace en ville sera aussi utile que d’apprendre à conduire.
    Wernher von Braun
  • On peut conduire un cheval à l'abreuvoir, mais non le forcer à boire.
    Proverbe anglais
  • Le malheur est ainsi que tout peut y conduire.
    Jean Filiatrault — Le refuge impossible
  • Les passions peuvent me conduire, mais elles ne sauraient m'aveugler.
    Marie-Madeleine Pioche de La Vergne, comtesse de La Fayette — La Princesse de Clèves
  • L'infini ne peut guère conduire qu'à zéro et réciproquement.
    Pierre Dac
  • La sincérité absolue ne peut conduire qu'à l'immobilité ou à la folie.
    Marcel Jouhandeau — Algèbre des valeurs morales
  • Clochers d'église - des entonnoirs renversés pour conduire les prières au ciel.
    Georg Christoph Lichtenberg
  • Vivre avec sa conscience, c’est comme conduire avec le frein à main.
    Budd Schulberg
  • S’il est important de bien conduire un mouvement revendicatif, il faut aussi savoir le terminer.
    Maurice Thorez — Fils du peuple
  • Il est plus laborieux de conduire les hommes par la persuasion que par le fer.
    Paul Claudel — La Ville (2e version), I, Lambert , Mercure de France
Voir toutes les citations du mot « conduire » →

Images d'illustration du mot « conduire »

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Traductions du mot « conduire »

Langue Traduction
Anglais drive
Espagnol conducir
Italien guidare
Allemand fahrt
Chinois 驾驶
Arabe قيادة
Portugais dirigir
Russe водить машину
Japonais ドライブ
Basque drive
Corse cunduce
Source : Google Translate API

Synonymes de « conduire »

Source : synonymes de conduire sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « conduire »

Combien de points fait le mot conduire au Scrabble ?

Nombre de points du mot conduire au scrabble : 11 points

Conduire

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