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Transporter

Définitions de « transporter »

Trésor de la Langue Française informatisé

TRANSPORTER, verbe trans.

I. − Transporter qqn/qqc.
A. − Faire changer de place, de lieu.
1. [Le suj. désigne une pers., un organisme ou un moyen de transp.; le compl. d'obj. désigne une pers. ou une chose concr.] Déplacer d'un lieu à un autre en portant, le plus souvent sur une certaine distance, par des moyens appropriés. Elle déposa du bœuf, des bananes, du lait sur une chaise près du malade, transporta des gâteaux secs et de la grenadine auprès du lit vide et s'y coucha (Cocteau, Enfants, 1929, p. 43).Dès les premiers mois de son exploitation, la ligne transportait chaque jour 1 500 voyageurs et 1 000 tonnes de marchandises (P. Rousseau, Hist. techn. et invent., 1967, p. 263).
SYNT. Transporter une armée, des bagages, un blessé, un cadavre, le courrier, un malade; transporter qqn dans sa chambre, dans/sur son lit, à l'hôpital; entreprise, société qui transporte qqn/qqc.; bâtiment, camion, navire, wagon qui transporte qqn/qqc.; transporter qqn/qqc. par avion, par mer, en auto(mobile), en chemin de fer.
Transporter ses (dieux) lares. V. lare.Transporter des montagnes. V. montagne.
Empl. pronom. [Le suj. désigne le plus souvent une autorité] Synon. se rendre.Commissaire, juge qui se transporte sur les lieux. J'invite donc tous les bons citoyens à s'assembler immédiatement, à se transporter au comité national des recherches (Marat, Pamphlets, C'en est fait de nous, 1790, p. 205).Un conseil de révision, tribunal administratif qui se transporte dans chaque chef-lieu de canton (Lubrano-Lavadera, Législ. et admin. milit., 1954, p. 48).
P. ext. Déplacer d'un lieu à un autre. Synon. transmettre.Transporter l'énergie, l'électricité, l'influx nerveux. L'invention de l'alternateur et du transformateur permit de transporter du courant à 11 000 volts (Lesourd, Gérard, Hist. écon., 1966, p. 349).
2. Vieilli. [Le compl. d'obj. désigne une pers.] Obliger quelqu'un à aller d'un lieu à un autre; en partic., faire subir la peine de la transportation. Synon. bannir, déplacer, déporter, exiler.Le frère d'Amélie fut condamné à être transporté en France, comme perturbateur du repos de la colonie (Chateaubr., Natchez, 1826, p. 367).On ôta Sparte aux Achéens, on leur ôta Messène. Après la ruine de Persée, on transporta mille des leurs à Rome (Michelet, Hist. romaine, t. 2, 1831, p. 98).
3. Au fig. [Le compl. d'obj. désigne une pers.] Conduire, mener par la pensée, par l'imagination (dans un autre lieu, dans une autre époque). C'est surtout à la musique qu'il demandait de le transporter dans un monde nouveau (Béguin, Âme romant., 1939, p. 183).Le chant de la grive dans le parc de Montboissier le transporte dans les bois de son enfance (Durry, Nerval, 1956, p. 75).
Empl. pronom. Le devoir de l'historien est de se transporter dans le passé, de s'identifier avec lui (Quinet, Napoléon, 1836, p. 150).
B. −
1. DR. [Le compl. d'obj. désigne un droit, un bien incorporel] Faire passer par un acte juridique d'une personne à une autre. Synon. céder, transférer.Transporter une créance, une dette; transporter la propriété d'un bien. L'estimation donnée au cheptel dans le bail n'en transporte pas la propriété au preneur (Code civil, 1804, art. 1805, p. 327).
P. ext. Faire passer d'un lieu à un autre. Une ferme ou deux, partie de l'héritage de mon oncle, m'y assuraient un cens suffisant pour y transporter mon droit électoral (Reybaud, J. Paturot, 1842, p. 304).
2. [Le compl. d'obj. désigne une instit., une juridiction, un événement] Faire passer d'un lieu à un autre. Synon. transférer.Transporter la capitale d'un pays, le siège d'une société d'une ville à une autre. Le duc de Bourgogne résolut (...) de transporter l'attaque de l'autre côté de la rivière, où la contrée avait été moins dévastée (Barante, Hist. ducs Bourg., t. 3, 1821-24, p. 277).L'exode de 1940 transporta Le Jour-Écho de Paris dans le Midi (Coston, A.B.C. journ., 1952, p. 48).
3. [Le compl. d'obj. désigne une chose abstr.] Placer ailleurs, dans un autre domaine, un autre contexte. Synon. transplanter.Transporter une idée dans une pièce de théâtre; transporter un mot dans une autre langue. L'artiste, pour transporter ses modèles dans le roman ou sur la scène, est forcé de choisir, de ne retenir de la réalité que les traits expressifs (Lemaitre, Contemp., 1885, p. 250).Les philosophes (...) se trompent quand ils transportent dans le domaine de la spéculation une méthode de penser qui est faite pour l'action (Bergson, Évol. créatr., 1907, p. 156).
Empl. pronom. Rimbaud (...), content de s'être transporté une fois aux limites de la littérature, n'a plus écrit (Thibaudet, Réflex. litt., 1936, p. 160).
II. − Transporter qqn (vieilli ou littér.)
A. − [Avec un compl. second. introd. par de désignant une émotion, un sentiment] Agiter d'un sentiment violent, émouvoir vivement, mettre hors de soi. Synon. emporter, saisir, soulever.Transporter d'admiration, d'amour, de bonheur, de colère, d'enthousiasme, de fureur, de haine, d'indignation, de joie. Autour de nous grandissent trois enfants dont la vue seule me transporte de plaisir (Toepffer, Nouv. genev., 1839, p. 432).Ce qui me transportait de mélancolie, c'était la conviction que ma jeunesse est derrière moi (Barrès, Cahiers, t. 2, 1899, p. 97).
B. − [Sans compl. second.] Faire éprouver une vive satisfaction, ravir de plaisir. Synon. émouvoir, enthousiasmer.Jaurès, le « tribun à l'odeur forte » dont l'éloquence transportait Anna de Noailles (Blanche, Modèles, 1928, p. 56).Le cœur apprend (...) que cette émotion qui nous transporte devant les visages du monde ne nous vient pas de sa profondeur mais de leur diversité (Camus, Sisyphe, 1942, p. 131).
REM.
Transportant, -ante, part. prés. en empl. adj.,littér. [Corresp. à supra II] Qui transporte. Au sein du roman le plus transportant, un ton de convention, de genre (Sainte-Beuve, Portr. femmes, 1844, p. 105).Je dois à l'honnêteté de signaler tout de suite son feuilleton sur Richelieu (de J.-F. Chiappe) (...) C'est enlevé, c'est transportant (Le Nouvel Observateur, 24 oct. 1977, p. 108, col. 3).
Prononc. et Orth.: [tʀ ɑ ̃spɔ ʀte], (il) transporte [-pɔ ʀt]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. a) 1280 pronom. « se diriger, se mouvoir » (Clef d'amour,123 ds T.-L.); 1302 id. se transporter devers qqn (Giry, Hist. de la ville de St Omer jusqu'au XIVes., p. 442); b) 1291 dr. trans. transporter [un droit] à qqn « transférer à quelqu'un le droit qu'on a sur quelque chose » (Aumonieres, H 20, A. H.-Saône ds Gdf. Compl.); 1292 transportons et translatons ... tout le droit (Août, Pontigny, Montigny, Arch. Yonne H 1405 ds Gdf., s.v. translater); c) fin xives. trans. « porter d'un lieu dans un autre » (Vie St Evroul, éd. F. Danne, 1622); 1729 avec un suj. désignant le moyen de transport la machine à transporter de gros arbres (Fonten., Truchet ds Littré); 1803 « (en parlant de la foi) déplacer » transporter les montagnes (Chateaubr., Génie, t. 1, p. 87); 2. 1532 trans. fig. et littér. « conduire, porter quelqu'un, en imagination, en esprit, dans un autre lieu, une autre époque » gens plus eslevez et transportez en pensée (Rabelais, Pantagruel, éd. V.-L. Saulnier, XIII, ligne 105, p. 106); 1538 pronom. se transporter dans, à « se porter par la pensée dans un temps, un lieu où l'on n'est pas » (Est.); 3. 1560 [éd.] trans. « faire passer à un autre endroit, dans un autre contexte » (Calvin, Institution chrétienne, éd. J. D. Benoît, IV, chap. I,6, t. 4, p. 17); 4. a) 1564 id. « transférer, établir ailleurs » (Indice et rec. univ. de tous les mots princ. des livres de la Bible, Paris, Ecclesiaste, 10, 8); b) 1564 « déplacer, déporter une population » (ibid., Esdras, 3, 5); en partic. 1757 [éd.] « envoyer dans les colonies d'outremer en tant que condamné aux travaux forcés » (Montesquieu, Esprit des lois, VI, 16, éd. J. Brethe de la Gressaye, t. 1, p. 169); d'où 1848 un transporté part. passé subst. « personne condamnée à la transportation » (L'Événement, 14 août ds Hugo, Actes et par., 1, 1875, p. 565); 5. 1749 trans. « être le moyen, l'agent par lequel s'effectue le déplacement de quelque chose » (Buffon, Hist. et théorie de la terre, p. 85: les nouveaux sédimens que les eaux y transportent). B. 1. Fin xiiies. trans. « mettre hors de soi par un sentiment violent » (Dits âme, A 33h ds T.-L.: O joie qui le coer transporte Et ravist); 2. 1574 pronom. « s'émouvoir, éprouver des sentiments violents » (Garnier, Cornélie, 433 ds Les Tragédies, éd. W. Foerster, t. 1, p. 99). Empr. au lat. class.transportare « transporter, déporter », comp. de trans- (v. élém. formant trans-) et de portare (v. porter). Fréq. abs. littér.: 2 056 (transportant: 86). Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 3 832, b) 2 826; xxes.: a) 1 887, b) 2 824. Bbg. Dub. Pol. 1962, p. 431.

Wiktionnaire

Verbe - français

transporter \tʁɑ̃s.pɔʁ.te\ transitif 1er groupe (voir la conjugaison)

  1. Porter d’un lieu dans un autre.
    • Le lendemain, à l'aube, nous nous mettons en marche — en marche est ici une façon de parler — car nous nous faisons tout bourgeoisement transporter en chemin de fer jusqu’à La Neuveville, où nous redeviendrons piétons. — (Gustave Fraipont; Les Vosges, 1895)
    • La malheureuse était grise et il allait falloir bientôt la transporter dans une salle du premier pour l’y laisser cuver son vin. — (Francis Carco, Messieurs les vrais de vrai, Les Éditions de France, Paris, 1927)
    • Ce sont d’abord les saints ayant foi en la révélation qui, prochainement et du jour au lendemain, disparaîtront tous de ce monde pour être transportés au ciel, sans laisser ici-bas aucune dépouille mortelle. — (Une station sur les côtes d’Amérique — II. New-York et la société américaine, dans La revue des deux mondes, 1862, page 197)
    • On écrivit au maire d’Allemant qui répondit qu'en effet le capitaine Bordes-Pagès avait été transporté le 9 Septembre à Allemant et que de là on l'avait dirigé sur Linthes. — (Joseph Ageorges, Une famille française au XIXe siècle (les Pagès et les Bordes-Pagès), J. Duvivier, 1920, page 442)
    • Il saisit Héloïse, l’enlève entre ses bras comme une balle de fougère, une sachée de linaigrettes floconneuses, et la transporte doucement, parmi les couvertures qu’il rabat sur elle. — (Jean Rogissart, Passantes d’Octobre, Librairie Arthème Fayard, Paris, 1958)
    • Le bureau d’Halifax de Atlas Shipping était chargé de noliser les bateaux par vingt ou quarante à la fois. La contrebande était transportée, sur ces navires, de Saint-Pierre au Canada et aux États-Unis. — (Jean-Pierre Andrieux, La Prohibition... Cap sur Saint-Pierre et Miquelon, traduit de l'anglais par Georges Poulet, Ottawa : Éditions Leméac, 1983, page 171)
  2. (Figuré) Implanter dans un endroit ce qui vient d’un autre lieu.
    • La véritable foi transporte les montagnes, mais, à cause de cela, elle ne saurait être transportée elle-même, par simple décret administratif, dans l’âme de l’incroyant... — (Ludovic Naudeau, La France se regarde : le Problème de la natalité, Librairie Hachette, Paris, 1931)
  3. (Figuré) Déplacer.
    • Et les deux hommes, s’étant enquis cordialement de leur santé respective, parlèrent de la pluie et du beau temps, puis transportèrent la conversation sur divers autres sujets d’un intérêt tout aussi palpitant ; […]. — (Louis Pergaud, Un renseignement précis, dans Les Rustiques, nouvelles villageoises, 1921)
    • Constantin transporta le siège de l’empire romain à Constantinople.
    • Transporter la guerre dans un autre pays.Transporter un événement, une action sur la scène.
  4. (Spécialement) (Histoire de France) Déporter hors du pays, en parlant de personnes.
    • L’assemblée avait décrété, avant la fin de la lutte, que tous ceux qui seraient pris les armes à la main seraient transportés sans jugement ; les autres, traduits devant les conseils de guerre. — (Alfred Barbou, Les Trois Républiques françaises, A. Duquesne, 1879)
    • Si quelques-uns de ces fils de famille sont, demain, massacrés ou transportés, c’est de la graine d’insurrection jetée dans le champ des bourgeois. — (Jules Vallès, L’Insurgé, G. Charpentier, 1908)
    • La réhabilitation mémorielle concerne en premier lieu les victimes d'une politique coloniale de peuplement, par laquelle des condamnés de droit commun ont été transportés en Nouvelle-Calédonie pour des faits parfois mineurs. — (Benoît Carteron, Identités culturelles et sentiment d'appartenance en Nouvelle-Calédonie, L'Harmattan, 2008, page 67)
  5. (Droit) Céder, transférer à quelqu’un le droit qu’on a sur quelque chose.
    • Il m’a transporté tous les droits qu’il avait sur cette terre, sur ce domaine.
    • Transporter une rente, une dette, une créance.
  6. Mettre hors de soi, agiter violemment.
    • La fureur le transporte à un tel point qu’il ne se connaît plus.
    • La joie l’a tout transporté.

se transporter transitif 1er groupe (voir la conjugaison)

  1. Se rendre en un lieu; spécialement en parlant de ceux qui vont en un endroit par autorité de justice.
    • Nous eûmes à nous transporter par équipes, jusqu’à des villages habitables où l’on nous apprit à tendre des fils sur des perches et à faire des épissures, ce que nous savions très bien. — (Alain, Souvenirs de guerre, page 94, Hartmann, 1937)
    • Les juges, les experts se sont transportés en tel endroit pour informer, pour faire leur procès-verbal de l’état des choses.
  2. (Figuré) Se porter par la pensée.
    • Pour bien juger certains faits éloignés, il faut se transporter chez le peuple, à l’époque, au milieu des circonstances où ils sont arrivés.
    • Transportez-vous par la pensée au milieu de ces peuples sauvages.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Littré (1872-1877)

TRANSPORTER (tran-spor-té) v. a.
  • 1Porter d'un lieu dans un autre. Transporter des meubles, des marchandises. Faut-il le transporter [Joas] aux plus affreux déserts ? Racine, Athal. III, 6. C'est lui [le P. Sébastien Truchet] qui a inventé la machine à transporter de gros arbres tout entiers sans les endommager, de sorte que du jour au lendemain Marly changeait de face, et était orné de longues allées arrivées de la veille, Fontenelle, Truchet. Enfin [après la petite vérole] je fus en état d'être transporté à Paris le 1er décembre, Voltaire, Lett. Breteuil, janvier 1724. L'armée [des Perses] s'assembla aussitôt dans une plaine de Cilicie : six cents vaisseaux la transportèrent dans l'île d'Eubée, Barthélemy, Anach. Introd. part. 2e, sect. 2.

    En termes de l'Écriture, la foi transporte les montagnes, elle produit les effets les plus puissants et les plus merveilleux.

  • 2Il se dit des actions de souverains qui déplaçaient des populations. D'autres [princes] introduisirent la coutume de transporter les peuples entiers avec toutes leurs familles dans de nouvelles contrées, où ils les établissaient et leur donnaient des terres à cultiver, Rollin, Hist. anc. Œuv. t. I, p. 7, dans POUGENS. Quand une nation connaît les arts, quand elle n'est point subjuguée et transportée par les étrangers, elle sort aisément de ses ruines et se rétablit toujours, Voltaire, Mœurs, 197.
  • 3Condamner à la peine de la transportation. En Angleterre on n'assassine point, parce que les voleurs espèrent d'être transportés dans les colonies, non pas les assassins, Montesquieu, Esp. VI, 16. Rarement les voleurs sont-ils punis de mort en Angleterre ; on les transporte dans les colonies, Voltaire, Pol. et lég. Délits et peines, Peine de mort.
  • 4 Fig. Il se dit de l'action de faire passer d'un lieu à un autre une juridiction, une puissance, etc. Constantin transporta le siége de l'empire romain à Constantinople. Transporter un événement sur la scène. Un bruit confus… Fait croire heureusement à ce peuple alarmé Qu'Amurat le dédaigne et veut, loin de Byzance, Transporter désormais son trône et sa présence, Racine, Baj. I, 2. Si Pygmalion ne change de conduite, notre gloire et notre puissance seront bientôt transportées à quelque autre peuple mieux gouverné que nous, Fénelon, Tél. III. Elle imagina de faire un roman, et de transporter les caractères et les mœurs du temps présent sous les noms de la cour d'Auguste, Mme de Caylus, Souvenirs, p. 236, dans POUGENS.
  • 5 Fig. Il se dit de passages, de choses littéraires qu'on introduit. Si d'ailleurs quelque endroit, plein chez eux [les anciens] d'excellence, Peut entrer dans mes vers sans nulle violence, Je l'y transporte…, La Fontaine, Poésies mêlées, LXX. Bientôt on sentit qu'il fallait transporter dans notre langue les beautés et non les mots des langues anciennes, D'Alembert, Œuv. t. I, p. 255.
  • 6 Fig. Changer le sens, la portée. Transporter un mot du propre au figuré. Enfin tous, parlant sans cesse de besoin, d'avidité, d'oppression, de désirs et d'orgueil, ont transporté à l'état de nature des idées qu'ils avaient prises dans la société, Rousseau, Inégal. préambule.
  • 7Déplacer. En transportant cent fois et le nom et le verbe, Dans mes vers recousus mettre en pièces Malherbe, Boileau, Sat. II.
  • 8 Terme de droit. Céder à quelqu'un un droit. Transporter une rente, une dette, une créance. À ce frère si cher transportez tous mes droits, Corneille, Nicom. IV, 3. L'acte par lequel le peuple de Dieu transporte à Simon toute la puissance publique et lui accorde les droits royaux, est remarquable, Bossuet, Hist. II, 5. Si vous ne répondez pas à ce dessein de Dieu sur vous… il se servira de quelque autre qui lui sera plus fidèle ; il lui transportera cette couronne qui vous était destinée, Massillon, Carême, Aumône.
  • 9 Fig. Causer des transports violents de passion. Parbleu ! si grande joie à l'heure me transporte…, Molière, Sgan. 18. Parbleu, tu jugeras toi-même si j'ai tort, Et si c'est sans raison que ce coup me transporte, Molière, Fâch. II, 2. Les grandes prospérités nous aveuglent, nous transportent, nous font oublier Dieu, Bossuet, Reine d'Anglet. Est-ce que de Baal le zèle vous transporte ? Racine, Ath. III, 3. L'affront que Philippe faisait à sa mère Olympias en la répudiant, le transporta [Alexandre] hors de lui-même, Rollin, Hist. anc. Œuv. t. VI, p. 602, dans POUGENS.

    Absolument. Exciter l'admiration. la satisfaction. Oh ! ce discours me transporte, me ravit, Pascal, Pens. x, 1, éd. HAVET. Le P. Bourdaloue fit un sermon le jour de Notre-Dame qui transporta tout le monde, Sévigné, 186. J'avoue que la découverte d'un fait nouveau dans la nature m'a toujours transporté, Buffon, Quadrup. t. VIII, p. 21.

  • 10Se transporter, v. réfl. Se rendre en un lieu. Se transporter chez quelqu'un.

    Il se dit ordinairement de ceux qui vont en quelque lieu par autorité de justice. Le juge s'est transporté sur le lieu du crime. Le lundi 16 janvier 1589, Jean Leclerc, dit Bussi… devenu gouverneur de la Bastille, se transporta à la Grand' Chambre, suivi de cinquante satellites couverts de cuirasses, et le pistolet à la main, Voltaire, Hist. part. 31.

    Aller se fixer en un lieu. Avant que de se transporter à Versailles, il fut quatre ou cinq mois à se rafraîchir la botanique avec M. Marchant, son ami et son confrère, Fontenelle, Bourdelin.

  • 11 Fig. Imaginer qu'on est dans un lieu, dans un temps autre que celui où l'on est. Transportez-vous dans le passé. Transportez-vous en imagination dans l'avenir. Transportez-vous par la pensée au milieu des peuples sauvages.
  • 12 Fig. Être saisi d'un mouvement de passion. Dieu a permis que Mme la Dauphine, ayant su que cette jolie personne [la future de Dangeau] avait signé partout Sophie de Bavière, s'est transportée d'une telle colère, que le roi fut trois fois chez elle pour l'apaiser, craignant pour sa grossesse, Sévigné, 3 avril 1686. Les Français auront beau applaudir aux traits héroïques que vous leur présentez [le siége de Calais], je doute qu'ils les imitent ; mais ils s'en transporteront dans vos pièces, et les aimeront dans les autres hommes, Rousseau, Lett. à Du Belloy, 12 mars 1770.

SYNONYME

TRANSPORTER, TRANSFÉRER. L'on dit transporter des meubles, des marchandises, de l'argent, des troupes d'un lieu à un autre. Mais on dit transférer un prisonnier du Chatelet à la Conciergerie, un corps mort d'un cimetière dans un autre. Quand on transfère un magasin de marchandises précieuses, il faut tâcher de les transporter sans les gâter.

HISTORIQUE

XIIIe s. Ele [une enfant dont une jambe était sèche] ne se pooit ester sur ses piez, ainçois se tresportoit ou trainoit de lieu à autre à ses naches [fesses] et à ses manetes [petites mains], Miracles St Loys, p. 133. Ô dame de grant poesté… Tresporte nous de cest orage… En cel mont, en ce biel esté, cité dans BAUDOIN DE CONDÉ, t. I, préface, XI.

XIVe s. Le souverain empire seroit des peres [sénateurs] au plebe tresporté, Bercheure, f° 75, verso. Tarquin mourit à Cumes, en quel lieu il s'estoit transportez, Bercheure, f° 35, recto.

XVe s. Perducet, je te transporte, en la presence de mes hommes, toute la terre de Chaumont, Froissart, II, II, 167. Mais quant justice y est perie [dans un royaume], Ou y default, meüs [déplacé] sera Ly regnes où elle faurra [manquera], Et sera ailleurs transportez, Deschamps, Mir. de mariage, p. 110. En la dicte nuit, nous, Robert de Tuillieres, lieutenant dessus nommé, nous transportasmes ou [au] dit hostel…, Bibl. des ch. 6e série, t. I, p. 219.

XVIe s. Si quelque sçavant homme les avoit transportées [les spéculations philosophiques] de grec et latin en nostre vulgaire…, Du Bellay, J. I, 14, recto. Ne pensez que jamais gens plus feussent eslevez et transpourtez en pensée, que feurent en ycelle nuyct tant Thaumaste que Pantagruel, Rabelais, Pant. II, 18. C'estoit tout pervertir, de transporter à l'homme mortel ce qui est propre au sainct esprit, Calvin, Instit. 817. Estans enflez d'orgueil, transportez d'indignation, Calvin, ib. 825. Corvées, tailles, ne peuvent estre vendues ni transportées à autrui…, Loysel, 918. Se laisser transporter à une violente cholere, Amyot, Thés. et Rom. comp. 3. Transporté de la cupidité de gloire, Amyot, Thém. 6. Bion accomparoit telles manieres de gens à des vases à deux anses, qui se transportent aisément par les oreilles là où on veult, Amyot, Mauv. honte, 24.

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Étymologie de « transporter »

(Siècle à préciser) Du latin transportare.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Provenç. et espagn. transportar, trasportar ; ital. trasportare ; du lat. transportare, de trans, au delà, et portare, porter.

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Phonétique du mot « transporter »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
transporter trɑ̃spɔrte

Fréquence d'apparition du mot « transporter » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « transporter »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « transporter »

  • J’emportais souvent, dans mes voyages, un de ces volumes de la « Pléiade » qui vous permettent de transporter toute une bibliothèque sur papier bible dans un format assez restreint. Et je choisissais Proust une fois sur deux ou trois
    Jean d'Ormesson — Le vagabond qui passe sous une ombrelle trouée (1990)
  • Amitié. Bateau suffisamment grand pour transporter deux personnes quand il fait beau, mais une seule en cas de mauvais temps.
    Ambrose Bierce — Le dictionnaire du Diable
  • Le seul mérite des bagnoles américaines, c’est qu’on peut transporter des cadavres dans leur coffre sans avoir à en replier les jambes.
    Frédéric Dard — Réflexions sur les gens de chez nous et d’ailleurs
  • Le tourisme est l'industrie qui consiste à transporter des gens qui seraient mieux chez eux, dans des endroits qui seraient mieux sans eux.
    Jean Mistler — Faubourg Antoine
  • Les parfums sont de puissants magiciens pouvant vous transporter au travers des années que vous avez vécues.
    Helen Keller
  • Grégory Barrier a crée un vélo solaire capable de transporter plusieurs personnes, et jusqu'à 300 kilos. Il espère que ce véhicule pourra remplacer la seconde voiture dans les foyers et permettre de se déplacer en réduisant la pollution.
    France 3 Centre-Val de Loire — Un orléanais crée un vélo solaire capable de transporter plusieurs personnes et jusqu'à 300 kilos !
  • Classer des milliers de livres et les transporter devrait constituer un exercice obligatoire pour tout postulant à l'écriture, ce qui l'inciterait sans doute à privilégier davantage la concision que la quantité.
    Noëlle Châtelet — Libération - 13 Mai 2000
  • On ne peut pas transporter partout avec soi le cadavre de son père.
    Guillaume Apollinaire — Les peintres cubistes
  • Pas loin de l'aire de grand passage située entre Branges et Louhans se trouve une station d’épuration. Le gosse va prélever du grillage sur la clôture. Il a alors 14 ans, on est mi-avril dernier, il demande à son grand frère de l'aider à transporter sa future clôture. Le grand a été jugé pour recel selon une procédure rapide, ce lundi 20 juillet à Chalon.
    Info Chalon — Chalon-sur-Saône | TRIBUNAL DE CHALON - Les poules n'avaient pas d'enclos, le gamin avait besoin de grillage. Info Chalon l'actualité de Info Chalon
  • La maison est un appareil à transporter avec soi, et la ville est une machine sur laquelle on vient se brancher.
    Peter Cook
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Traductions du mot « transporter »

Langue Traduction
Anglais carry
Espagnol llevar
Italien trasportare
Allemand tragen
Chinois 携带
Arabe احمل
Portugais levar
Russe нести
Japonais 運ぶ
Basque eraman
Corse portà
Source : Google Translate API

Synonymes de « transporter »

Source : synonymes de transporter sur lebonsynonyme.fr

Combien de points fait le mot transporter au Scrabble ?

Nombre de points du mot transporter au scrabble : 13 points

Transporter

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