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Compagnon

Variantes Singulier Pluriel
Masculin compagnon compagnons
Féminin compagnonne compagnonnes

Définitions de « compagnon »

Trésor de la Langue Française informatisé

COMPAGNON, subst. masc.

I.− Usuel
A.−
1. Celui qui partage les occupations, les aventures, le sort d'une autre personne. Les compagnons d'Ulysse. Un vieux domestique, son compagnon d'émigration et de malheur (Lamartine, Nouvelles confidences,1851, p. 96).Il se recordait des aventures de ce franciscain que ses compagnons laissèrent, un jour, seul, dans le couvent (Huysmans, En route,t. 2, 1895, p. 162).Je retrouvais mes compagnons des jours anciens, taciturnes témoins d'une vie aventureuse (Milosz, L'Amoureuse initiation,1910, p. 179):
1. Derrière la masse des promeneurs dominicaux qu'il dominait pourtant de sa haute taille, (...) il n'apercevait même plus ses compagnons de peine, ni les chômeurs que la mi-août n'épargnait pas. Peyré, Matterhorn,1939, p. 175.
SYNT. Compagnon d'exil, de captivité, d'infortune; compagnons de jeux, de table, de travail; ancien, vieux compagnon.
Rare [En parlant d'une femme] Elisa, tu es ma femme!... tu me suivras, tu seras mon compagnon, tu partageras toutes mes fortunes (Mérimée, Théâtre de Clara Gazul,1825, p. 112).
a) Spécialement
Compagnons d'armes. Ceux qui ont fait la guerre ensemble. C'est dans le cours de cette controverse et de cette guerre contre les ennemis communs que se formèrent de vrais liens de compagnons d'armes entre Bossuet et les principaux chefs jansénistes (Sainte-Beuve, Port-Royal, t. 4, 1859, p. 348).
Compagnons de la Résistance, compagnons de la Libération.
b) Celui qui accompagne quelqu'un. Un compagnon de route; des compagnons de traversée. Elle se plongea dans sa lecture ou, du moins, fit semblant, car, à la dérobée, elle examinait son compagnon de voyage (Daniel-Rops, Mort, où est ta victoire?1934, p. 148).
2. P. ext.
a) Fam. [avec un affaiblissement de sens] Un bon, un joyeux compagnon. Un joyeux compère, un brave gars. Prendre une chose en bon compagnon.
Péj. Un petit compagnon. Un homme de basse origine :
2. Les intendants étaient à ses yeux [le plus pauvre gentilhomme] les représentants d'un pouvoir intrus, des hommes nouveaux, préposés au gouvernement des bourgeois et des paysans, et, au demeurant, de fort petits compagnons. Tocqueville, L'Ancien Régime et la Révolution,1856, p. 103.
b) Vieilli. Égal, camarade :
3. Le trisaïeul de son trisaïeul était l'égal, le compagnon, le pair du roi; à ce titre, il [le courtisan] est lui-même d'une classe privilégiée, celle des gentilshommes... Taine, Philos. de l'art,t. 1, 1865, p. 86.
Locutions
Il ne peut souffrir ni compagnon ni maître (Ac.).
(Vivre) en compagnon. ,,Sans cérémonie et comme il convient entre camarades`` (Littré).
Vivre de pair à compagnon (cf. Taine, Philos. de l'art, t. 2, 1865, p. 61). Traiter, parler de pair à compagnon. D'égal à égal :
4. ... pourquoi, ayant remarqué que l'amabilité, le côté plain-pied, « pair à compagnon » de l'aristocratie était une comédie, m'étonnais-je d'en être excepté? Proust, La Fugitive,1922, p. 662.
3. Au fig. [Désigne une entité abstr. du genre masc.] Ce qui va (de pair) avec. Un esprit tortu, mais compagnon d'un cœur droit et indigné (P.-A. de Beaumarchais, Mémoires,t. 1, 1774-89, p. 365).
B.−
1. Celui qui se tient auprès d'une autre personne et lui porte aide ou consolation. Un compagnon fidèle. Ce n'était pas seulement un instituteur pour mon fils, c'était un compagnon, un frère aîné, presque une mère (G. Sand, Histoire de ma vie,t. 4, 1855, p. 50):
5. Mais Christophe ignorait la naïve affection, qui de loin veillait sur lui, et qui devait plus tard tenir tant de place dans sa vie. Et il ignorait aussi qu'à ce même concert, où il avait été insulté, assistait celui qui allait être l'ami, le cher compagnon, qui devait marcher auprès de lui, côte à côte, et la main dans la main. R. Rolland, Jean-Christophe,La Foire sur la place, 1908, p. 789.
P. métaph. [Désigne une chose du genre masc., le plus souvent un obj. concr.] Mes livres, les compagnons de ma vie (Michelet, L'Oiseau,1856, p. XXXV).Le poste récepteur de T.S.F. si modeste soit-il est devenu le compagnon coutumier d'un très grand nombre de foyers (Vocabulaire radiophonique [1933-52]).
2. Spéc. Celui qui passe sa vie auprès d'une femme. Le compagnon de sa vie :
6. Mère se retourna, toute raide, et considéra longuement ce compagnon extraordinaire, l'homme de sa vie, l'homme dont elle était devenue, pour toujours, l'ombre fidèle. G. Duhamel, Chronique des Pasquier,Le Notaire du Havre, 1933, p. 233.
3.− P. anal. [Désigne un animal qui tient compagnie à l'homme] :
7. Mon troisième chien s'attacha à moi avec une vraie passion, et fut mon compagnon fidèle dans les pérégrinations que j'entrepris bientôt après. Constant, Le Cahier rouge,1830, p. 57.
II.− Spécialement
A.− Vx. Ouvrier qui a fini son apprentissage mais n'est pas encore maître, et travaille encore pour le compte d'un maître. Il était compagnon chez monsieur Frappier, le premier menuisier de Provins (Balzac, Pierrette,1840, p. 88).Ils [la plupart des révolutionnaires] ressemblent au compagnon qui va d'auberge en auberge, d'atelier en atelier... se perfectionnant dans son état (Proudhon, La Révolution soc. démontrée par le coup d'État du 2 déc.,1852, p. 30):
8. Là, s'il vous plaît, le cri qui retentit dans la forge quand le fer est chaud et qu'on appelle les compagnons pour le battre. A. Daudet, Jack,t. 2, 1876, p. 38.
Société de compagnons :
9. ... ces architectes des cathédrales étaient des nomades. Ils allaient bâtir de ville en ville... Ces ouvriers et leurs chefs ou contremaîtres se formaient en sociétés de compagnons, qui se transmettaient leurs procédés de coupe de pierre et d'appareillage, de charpente ou de serrurerie. Mais nul document écrit ne nous est parvenu sur ces techniques. Valéry, Regards sur le monde actuel,1931, p. 238.
Expr. fam. Travailler à dépêche compagnon. Travailler vite et mal. Se battre à dépêche compagnon. Se battre à l'aveuglette, ou ,,se battre à outrance sans dessein de s'épargner`` (Ac. 1878).
B.− Vx. Ouvrier, artisan, qui fait partie d'une société de gens de métier. Vous êtes, dit Pierre Huguenin [à Jean Sauvage] tailleur de pierres, compagnon passant (G. Sand, Le Compagnon du Tour de France,1840, p. 64):
10. Mon oncle Joseph, ... est un paysan qui s'est fait ouvrier... Il est compagnon du devoir, il a une grande canne avec de longs rubans, et il m'emmène quelquefois chez la Mère des menuisiers. J. Vallès, Jacques Vingtras,L'Enfant, 1879, p. 18.
La mère des compagnons. ,,Femme chargée d'héberger, aux frais d'une société de compagnons, les membres de cette société qui se trouvent momentanément sans ouvrage`` (Ac. 1835, 1878).
C.− Franc-maçon d'un grade immédiatement supérieur à celui d'apprenti.
Prononc. et Orth. : [kɔ ̃paɳ ɔ ̃]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Ca 1100 cas suj. cumpainz « celui qui vit habituellement avec quelqu'un » (Roland, éd. J. Bédier, vers 324); cas régime cumpaignun (ibid., vers 1020); 2. 1549 p. ext. compaignon « celui qui accompagne quelqu'un » (Est.); 3. 1455 spéc. « ouvrier qui a terminé son apprentissage » (Archives du Nord, B 1686, fol. 51 vods IGLF); 4. 1866 « grade dans la franc-maçonnerie » (Lar. 19e). Du b. lat. companio (d'où compain, cas suj.), companione(m) (d'où compagnon, cas régime), formé du lat. cum « avec » (préf. con-*) et de panis (pain*), attesté dans la Loi Salique (éd. Eckhart, I, 99), calque d'un mot germ. du type du got. gahlaiba « compagnon » litt. : « celui qui partage le pain avec » (W. Krause, Handbuch des Gotischen, Munich, 1963, §§ 50, 2 et 137, 1; Feist, s.v. ga-hlaiba; Velten ds Journ. engl. germ. phil., t. 29, p. 345), formé du got. ga-, particule inséparable « avec » et hlaifs subst. masc. « pain » (cf. a. h. all. ga-leipo « sodalis » attesté aux viiie-ixes. ds Graff t. 4, s.v. hlaib), terme milit. apporté par les Germains des armées du Bas Empire; a prob. coexisté à l'origine avec contubernalis « camarade de tente » qui a peut-être favorisé le procédé du calque avec com-initial. Fréq. abs. littér. : 4 690. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 6 762, b) 10 407; xxes. : a) 5 626, b) 5 215.
DÉR.
Compagnonner, verbe intrans.Avoir (quelqu'un) pour compagnon, vivre en compagnons (avec quelqu'un). Le plus souvent, il [Anatole] était nourri par un camarade de l'atelier, avec lequel il compagnonnait (E. et J. de Goncourt, Manette Salomon,1867, p. 69).Au temps où il compagnonnait avec les hobereaux, il avait participé à ces spacieux soupers (Huysmans, À rebours,1884, p. 9). [kɔ ̃paɳ ɔne]. 1resattest. 1611 (Cotgr.), attest. isolée; à nouv. en 1867 (E. et J. de Goncourt, loc. cit.); de compagnon, dés. -er. Fréq. abs. littér. : 1.
BBG. − Goug. Mots t. 1 1962, p. 25.

Wiktionnaire

Nom commun - français

compagnon \kɔ̃.pa.ɲɔ̃\ masculin (pour une femme, on peut dire : compagne, compagnonne)

  1. Celui qui est habituellement avec un autre ou qui fait avec lui la même chose.
    • […] l’homme seul risque de tomber dans le désespoir, Dieu lui a ordonné de s’adjoindre des compagnons. — (Gustave Aimard, Les Trappeurs de l’Arkansas, Éditions Amyot, Paris, 1858)
    • Le trisaïeul de son trisaïeul était l'égal, le compagnon, le pair du roi; à ce titre il est lui-même d'une classe privilégiée, celle des gentilshommes; […]. — (Hippolyte Taine, Philosophie de l’art, Germer Baillière, Paris, 1865, page 134)
    • Ceux de mes compagnons de voyage qui se disposent à traverser la Caspienne, se hâtent de courir vers le port. — (Jules Verne, Claudius Bombarnac, chapitre III, J. Hetzel et Cie, Paris, 1892)
    • Elle se disait féministe, suivait des cours de droit, parlait méprisamment de ces plaisirs faciles que recherchaient, dans des amours vénales, ses compagnons d'études. — (Out-el-Kouloub, Zaheira, dans "Trois contes de l'Amour et de la Mort", 1940)
    • Le 24, le vent tourna au Sud nous permettant d'établir la voilure, et, le lendemain la plupart de mes compagnons franchissaient pour la première fois le cercle polaire. — (Jean-Baptiste Charcot, Dans la mer du Groenland, 1928)
    • C'est bon ! c'est bon ! se décida soudain à balbutier le second pochard en entraînant son compagnon. — (Francis Carco, L’Homme de minuit, Éditions Albin Michel, Paris, 1938)
  2. (Par extension) Animal qui accompagne.
    • Le cheval qui est le compagnon fidèle de l’homme est aussi capable de le suivre dans toutes ses pérégrinations. […]. Comme son maître, il est cosmopolite ; […] — (Jean Déhès, Essai sur l’amélioration des races chevalines de la France, École impériale vétérinaire de Toulouse, Thèse de médecine vétérinaire, 1868)
  3. (Histoire) Membre d’un corps de métier organisé en jurande.
    • Entre eux, les tondeurs sedanais font des assemblées. Après avoir bien réfléchi et discuté avec les maîtres depuis avril, le 1er août 1750 ils décident d'engager la « cloque », c’est à dire la grève générale des sept cents compagnons, et de « muleter » les jaunes de cinquante livres d’amende selon la tradition du compagnonnage auquel ils semblent appartenir. — (Henri Manceau, Des luttes ardennaises, 1969)
  4. Ouvrier ou artisan qui fait partie d’une société de gens aux mêmes intérêts (compagnonnage).
    • Les Compagnons du Tour de France.
  5. (Par extension) Ouvrier qualifié d’une entreprise, dans le bâtiment notamment.
    • Parmi les tailleurs de pierre qui sculptaient les images des cathédrales, il y avait des hommes d’un talent supérieur, qui semblent être demeurés toujours confondus dans la masse des compagnons ; ils ne produisaient pas moins des chefs-d’œuvre. — (Georges Sorel, Réflexions sur la violence, Chap.VII, La morale des producteurs, 1908, p.360)
    • Le compagnon est l’ouvrier qualifié travaillant dans une entreprise artisanale et possédant une qualification professionnelle attestée soit par le certificat de compagnon, soit par un apprentissage préalable ou un exercice prolongé du métier. — (Article 4 bis, Code de l’artisanat, France, version 2008)
  6. Membre d'un groupe ou d'une organisation anarchiste.
    • Les anarchistes se donnent le titre de « compagnons », terme que nous avons employé souvent pour les désigner. — (Jean Maitron, Le mouvement anarchiste en France - Des origines à 1914, Maspero, 1975, page 130)
  7. (Par extension) Concubin, celui qui vit avec un partenaire en état de concubinage.
    • Elle a vu Briant qui ira voir son « compagnon », comme elle dit, lequel, d'après elle, serait un Peintre pareil à Léonard de Vinci (pas moins !) — (Jehan Rictus, Journal quotidien, cahier 151, page 101, 20 février 1933)
    • Lendemain du jour de l’An, en compagnie de la fille de ma compagne, de son mari et de Victor, leur fils de deux ans et demi, nous décidons d’aller sur l’avenue du Mont-Royal, dans l’un des très rares endroits ouverts en ce jour… pour nous donner congé de vaisselle. — (Le Devoir, 5-6 janvier 2008)
    • On recommanda bien à cette femme, une fois de plus, de quitter son compagnon, qui en dehors de son alcoolisme et de sa brutalité, n’était de toutes façons qu’un bon à rien, incapable de garder un travail fixe bien longtemps. — (Sonia de Braco, Ces foutues bonnes femmes, lulu.com, 2008, page 46)
  8. (Franc-maçonnerie) Second grade entre l’apprenti et le maître.
  9. (Figuré) Chose qui se trouve habituellement en un même lieu qu’une autre.
    • Déjà au Mont Ventoux, par exemple, la flore subalpine compagne du Pin à crochets n'a guère d’équivalent dans les pays du Nord. — (Henri Gaussen, Géographie des Plantes, Armand Colin, 1933, page 143)
  10. (Figuré) Sentiment, émotion qui nous accompagnent durablement.
    • La dépression, l'angoisse, l'anxiété, la peur, la colère, le désespoir deviendront vos compagnons et risquent de vous anéantir. — (Maria Mourani, Machine Jihad, Montréal, éditions de l'Homme, 2021, p. 237)

Adjectif - français

compagnon \kɔ̃.pa.ɲɔ̃\

  1. Qui est propre aux compagnonnes et aux compagnons.
    • Historiquement, Vallès a bien projeté dans L’Enfant une société compagnonne de petite ville avant 1848 et même avant 1840 ; bientôt, à partir de 1848, on voit des réunions de Compagnons de tous les devoirs, certains Compagnonnages vont animer des grèves ; […] — (Roger Bellet, Dans le creuset littéraire du xixe siècle, Du Lérot, 1995, page 324)
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

COMPAGNON. n. m.
Celui qui est habituellement avec un autre, qui fait avec lui la même chose. Compagnon d'école, d'étude, de fortune, de gloire. Compagnon de voyage. C'est un agréable compagnon, un fâcheux compagnon. Il a deux compagnons préférés. Il se dit figurément des Choses qui en accompagnent d'autres, qui s'y trouvent ordinairement jointes. L'esprit n'est pas toujours compagnon du bon sens. Prov. et fig., Qui a compagnon a maître, On est souvent obligé de céder aux volontés de ses associés, des personnes avec qui l'on vit. Compagnons d'armes se disait anciennement des Chevaliers qui avaient fait ensemble amitié particulière, avec protestation de ne se quitter jamais. Il se dit encore de Ceux qui ont fait la guerre ensemble. Il signifie quelquefois Égal. C'est un homme qui ne peut souffrir ni compagnon ni maître. Traiter, vivre de pair à compagnon, Traiter d'égal avec familiarité. Un bon compagnon se dit encore d'un Homme qui est gaillard, drôle, éveillé. Il fait le bon compagnon. Fam., C'est un hardi compagnon, Il est homme d'exécution et déterminé. Fam., C'est un petit compagnon, se dit d'un Homme qui fait pauvre figure. Il désigne aussi un Apprenti qui travaille auprès d'un ouvrier plus expérimenté. Il se dit plus particulièrement des Artisans qui font partie d'une société de gens de métier. Compagnons du Tour de France.

Littré (1872-1877)

COMPAGNON (kon-pa-gnon) s. m.
  • 1Celui qui accompagne une autre personne, qui est associé à elle. Mais de qui savez-vous un désastre si grand ? - Des compagnons d'Araspe et d'Araspe mourant, Corneille, Nicom. V, 3. Gouvernez, si vous pouvez, tout seul les affaires, administrez la justice sans compagnons, Guez de Balzac, liv. IV, lett. 18. … Oui, mon fils, c'est vous sur qui je me repose, Vous seul qu'aux grands desseins que mon cœur se propose, J'ai choisi dès longtemps pour digne compagnon, Racine, Mithr. II, 5. L'inexpérience indocile Du compagnon de Paul-Émile Fit tout le succès d'Annibal, Rousseau J.-B. Ode à la Fortune. Venez, dignes soutiens de la grandeur romaine, Compagnons de César…, Voltaire, Mort de César, I, 3.

    Se dit des religieux qui habitent ou qui marchent ensemble. Un moine ne doit point sortir de son couvent sans que son supérieur lui donne un compagnon.

    Fig. Le bon cœur est chez vous compagnon du bon sens, La Fontaine, Fabl. XII, 23.

    Compagnon de la mate, s'est dit pour filou, voleur. Alors le drille voulut parler à son tour des compagnons de la mate, Recueil de pièces com. dans LEROUX, Dict. comique.

  • 2Camarade. Il pouvait, sans sortir, contenter son envie, Avec ses compagnons tout le jour badiner, Sauter, courir, se promener, La Fontaine, Fabl. VIII, 16.
  • 3Collègue, confrère. Le notaire : Moi ! si j'allais, madame, accorder vos demandes, Je me ferais siffler de tous mes compagnons, Molière, Femmes sav. V, 3.

    Compagnons d'armes, gens qui font la guerre ensemble. Il appelle ses compagnons de guerre, La Bruyère, Théophraste, 25.

  • 4Un égal. Il ne peut souffrir ni compagnon ni maître.

    En compagnons, sans cérémonie et comme il convient entre camarades. Je vous supplie, dit-il, vivons en compagnons, Régnier, Sat. VIII.

    Familièrement. Traiter quelqu'un de pair à compagnon, d'égal à égal. C'était un gros homme frais, rustre, très volontiers brutal, pair et compagnon avec tout le monde, Saint-Simon, 52, 123. Comment, disait-il en son âme, Ce chien, parce qu'il est mignon, Vivra de pair à compagnon Avec monsieur, avec madame, Et j'aurai des coups de bâton ! La Fontaine, Fabl. IV, 5.

  • 5Autrefois, garçon qui, ayant fait son apprentissage en quelque métier et n'ayant pas le moyen de se faire passer maître, allait servir et travailler chez les autres.

    Aujourd'hui, ouvrier qui a fini son apprentissage mais qui travaille pour un entrepreneur ou un autre ouvrier jouant le rôle d'entrepreneur. De simple compagnon, il est devenu chef d'atelier. Il a des compagnons qui travaillent sous lui, La Bruyère, V.

    Parmi les maçons, compagnon se dit, entre deux ouvriers, de celui qui aide à l'autre.

    Dans la typographie, nom que se donnent ceux qui travaillent à une même presse.

    Compagnons de rivière, ceux qui travaillent sur les ports à décharger et à serrer les marchandises.

    Ouvrier membre d'une société de compagnonnage. Les compagnons du Devoir. La mère des compagnons, femme qui héberge, aux frais d'une société de compagnons, ceux des membres qui sont en voyage.

    Travailler à dépêche compagnon, travailler vite et négligemment. C'est un ouvrage fait à dépêche compagnon.

    Se battre à dépêche compagnon, se battre à outrance, sans dessein de s'épargner.

  • 6Homme gaillard, vif, résolu, galant. C'est un compagnon. En son temps aux souris le compagnon chassa, La Fontaine, Fabl. XI, 8.

    Être bon compagnon, aimer le vin, la bonne chère, les plaisirs, ne pas reculer devant les dangers. Henri IV était bon compagnon, J'ai ouï dire que vous avez été autrefois un bon compagnon, Molière, Fourb. I, 6.

    Faire le compagnon, faire l'entendu.

    C'est un hardi compagnon, c'est un homme déterminé. On a dit de même : il est gentil compagnon ; c'est un gentil compagnon. C'est un dangereux compagnon, c'est un homme capable de faire de mauvais coups.

    C'est un petit compagnon, c'est un homme sans importance. Mme de Guise passait les autres six mois à Alençon, où elle régentait l'intendant comme un petit compagnon, Saint-Simon, 35, 147. L'abbé Fleury était trop petit compagnon pour quitter sa charge par dépit, Saint-Simon, 63, 50. Jules Mazzarini, arrivant de son pays avec peu d'équipage et petit compagnon, estime les Français, Courier, I, 202.

    PROVERBE

    Qui a compagnon a maître, c'est-à-dire on ne fait rien sans le communiquer, quand on est lié de quelque manière avec une personne ; on est souvent obligé de céder aux volontés des personnes avec qui on est associé.

HISTORIQUE

XIe s. Ne Oliver, por ce qu'est sis cumpainz, Ch. de Rol. XXIV. L'arere-garde des douze cumpaignons, ib. LXVI.

XIIe s. Joste lui fu ses compaing Olivers, Ronc. p. 36. Li conpaignon après lui vont siguant [suivant], ib. p. 38. Si 'n apela [ainsi en apela] Rolant son conpagnon, ib. p. 44. S'il ne vient ci o cent mil compeignons, ib. p. 117. Dorenavant serons nous conpeignon, ib. p. 140. Onques teurtre qui pert son compaignon Ne fut un jour de [que] moi plus esbahie, Couci, XXIV. La fu morz Oliviers et ses compainz Rolanz, Sax. V. Laienz entra Thomas od mult poi conpaignuns, Th. le mart. 38. Compagnon d'armes avons esté set ans, Du Cange, compagus.

XIIIe s. Il et si compaignon la laisserent fuïr, Berte, CIII. Quant cil de Melans virent morir leur compaignon, Chr. de Rains, 118. Ainsinc, compains, esploiterés, Quant as portiers venus serés, la Rose, 7697. Compains est à toutes les choses, Qui sunt en tout le monde encloses, ib. 19243. Li compainz à mon compaignon n'est pas mon compainz, Digeste, f° 194. S'on pot savoir qu'il soient compaignon d'un malice, il doivent estre compaignon de rendre le domache, Beaumanoir, L, 9. Li quens ou li vesques li doivent baillier un compaignon, Beaumanoir, XII, 28. Quant ses compains sot que les detes…, Beaumanoir, XXI, 29. Et metent entr'ax [eux] peine ou manaces sor les compaignons qui lor aliance ne tenront, Beaumanoir, XXX, 62.

XVe s. Et si fit-on aucuns compagnons monter sur coursiers pour escarmoucher à eux, Froissart, I, I, 41. Par l'ennort et conseil [de] messire Hervey de Lion, avec qui il avoit esté grand compain en Grenade et en Prusse, Froissart, I, I, 151. François Acreman, qui estoit compaing en toutes choses à Philippe, Froissart, II, II, 205. Lesdits pays, que on appeloit compagnons ou alliés, Froissart, I, I, 125. Et sachez que chacun de ces soudoyés avoit chacun jour quatre compagnons ou gros de Flandre pour ses frais et pour ses gages, Froissart, I, I, 65. Quand notre bourgeois eut gagné la grace du compagnon [artisan], Louis XI, Nouv. I. Sire, dist-elle, j'ay amy que je ne quiers faulser ; puis s'en revint à ses compagnons [compagnes] et elle leur conta toute son aventure, Perceforest, t. IV, f° 149. Et luy qui desirant estoit d'honneur conquerre, empoigne son glaive, et s'en vient vers son compaignon [adversaire] qui venoit sur luy roidement et fort, ib. t. I, f° 108.

XVIe s. Mais de la tienne, Dieu mercy, Compaignon, tu ne m'en dis rien, Marot, I, 210. … Ou pour jetter des fruits jà meurs et beaux, à mes compaings, qui tendoient leurs chappeaux ! Marot, I, 217. Les rois sont compaignons, sinon maistres, des loix, Montaigne, I, 12. Gentil compaignon par tout ailleurs, Montaigne, I, 96. Quoy que die ce bon compaignon [Catulle], Montaigne, I, 270. Caesar, estant creé consul pour la tierce fois, ne prit pas Antonius, ains choisit Lepidus pour son compagnon, Amyot, Anton. 13. Chiens pour le fauve, chiens pour le noir, levriers de compagnon et d'attache, D'Aubigné, Faen. I, 5. Les compagnons de la Matte [les filous], D'Aubigné, ib. III, 1. Vous vivez trop en bon compagnon pour que nous vous supçonnions de faire tout par conscience, D'Aubigné, Hist. III, 291. Compagnon bien parlant vaut en chemin chariot branlant, Leroux de Lincy, Prov. t. II, p. 276. Le petit et inferieur fait du compagnon avec le grand, Charron, Sagesse, p. 464, dans LACURNE.

Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

Encyclopédie, 1re édition (1751)

* COMPAGNON, s. m. se dit de celui qui en accompagne un autre, soit en voyage, soit dans un travail, soit dans quelqu’autre action ou circonstance. On dit compagnon de fortune ; mais il désigne particulierement dans les Arts, ceux qui au sortir de leur apprentissage travaillent chez les maîtres, soit à la journée, soit à leurs pieces. Il y a encore les compagnons de Marine, & les compagnons de Riviere : les premiers sont les matelots de l’équipage ; les seconds sont ceux qui travaillent sur les ports à charger & décharger les marchandises.

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Étymologie de « compagnon »

De l’ancien français compaignon, issu du bas latin *companionem, accusatif de *companio, composé de com- et panis (« pain »), signifiant « celui avec qui l’on partage le pain ».
Il remplace sodalis dont le sens étymologique a été oublié. Il est peut-être, d’après le Dictionnaire étymologique et historique du français de Larousse, le calque du gotique 𐌲𐌰𐌷𐌻𐌰𐌹𐌱𐌰 gahláiba, dérivé de 𐌲𐌰- ga- (« avec ») et 𐌷𐌻𐌰𐌹𐍆𐍃 hláifs (« pain »). Le nominatif *companio a donné, en ancien français, le cas sujet compain, dont le moderne copain est une variante populaire.
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Bourguig. compaignon ; provenç. companh, compain, compenh, companho ; anc. espagn. compaño ; ital. compagno, compagnone. Si l'on examine les plus anciens textes rapportés dans l'historique, on y voit que compain est toujours employé comme nominatif, et compagnon comme régime ; de même, dans le provençal, companh est le nominatif, et compagno, le régime ; une telle formation suppose nécessairement un mot dont l'accent se déplace, compánio, companiónem, qui vient de cum, avec, et panis, pain (voy. PAIN) : celui qui mange le même pain. Cette étymologie serait, si elle en avait besoin, confirmée par le provençal companatge, nourriture ; anc. franç. companage, ce qu'on donne dans un repas au delà du pain et du vin ; comparez aussi apanage. Cela écarte définitivement compaganus, de cum et paganus, qui avait été proposé et qui d'ailleurs aurait donné compayen.

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Phonétique du mot « compagnon »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
compagnon kɔ̃paɲɔ̃

Fréquence d'apparition du mot « compagnon » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « compagnon »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « compagnon »

  • Dieu est si grand seigneur, et moy si petit compagnon que nous n'avons jamais eu de communication ensemble.
    Bois-Yvon
  • Refuser l'absurde et son compagnon hideux, le mépris.
    Jean-Paul Baron — Les égarés
  • En voyage, un gai compagnon est une chaise roulante.
    Johann Wolfgang von Goethe — Sprüche in prosa
  • En voyage, on a besoin d'un compagnon et dans la vie, de compassion.
    Haruki Murakami — Kafka sur le rivage
  • Avant de te préoccuper de la route, inquiète-toi du compagnon.
    Dicton oriental
  • Comment pouvez-vous avoir un animal comme compagnon et un autre pour le lunch ?
    Martina Navratilova
  • Une femme de 49 ans a agressé son ex-compagnon dans le centre-ville de Vannes (Morbihan) ce jeudi 25 juin. Elle s'en est prise à lui avec une pince à épiler après avoir tenté de le renverser.
    France Bleu — Vannes : elle attaque son ex-compagnon à coup de pince à épiler
  • Il est plus facile de trouver un compagnon de voyage que de s’en débarrasser.
    Art Buchwald — Vogue - 1954
  • Pour autant, Johan, l'ancien compagnon de Mélissa a reconnu lors du procès avoir eu sa part de responsabilité dans son suicide. Lorsqu'il lui est demandé s'il pense "avoir contribué à cette échéance fatale", il répond : "Je pense que oui", assumant "savoir que Mélissa était fragile" et avoir voulu "appuyer où ça faisait mal", avait rapporté Le Parisien.
    Marie Claire — Chambéry : jugé pour avoir harcelé Mélissa jusqu'au suicide, son compagnon est relaxé - Marie Claire
  • Le souvenir de nos erreurs est notre plus fidèle compagnon.
    Simone Bussières — L'Héritier
Voir toutes les citations du mot « compagnon » →

Images d'illustration du mot « compagnon »

⚠️ Ces images proviennent de Unsplash et n'illustrent pas toujours parfaitement le mot en question.

Traductions du mot « compagnon »

Langue Traduction
Anglais companion
Espagnol compañero
Italien compagno
Allemand begleiter
Chinois 伴侣
Arabe رفيق
Portugais companheiro
Russe компаньон
Japonais コンパニオン
Basque laguna
Corse cumpagnu
Source : Google Translate API

Synonymes de « compagnon »

Source : synonymes de compagnon sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « compagnon »

Combien de points fait le mot compagnon au Scrabble ?

Nombre de points du mot compagnon au scrabble : 16 points

Compagnon

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