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Chien

Variantes Singulier Pluriel
Masculin chien chiens

Définitions de « chien »

Trésor de la Langue Française informatisé

CHIEN1, CHIENNE, subst.

I.− [Le chien dans son animalité]
A.− Lang. sc., vx. Genre de mammifères de l'ordre des carnivores digitigrades dont le type est le chien, et qui comprend aussi le loup, le chacal et le renard. Synon. canidés*(cf. Cuvier, Leçons d'anat. comp., t. 1, 1805, p. 303).
B.− Cour. Mammifère carnivore très anciennement domestiqué, dressé à la garde des maisons et des troupeaux, à la chasse ou bien élevé pour l'agrément. Un gros chien de garde, un petit chien d'appartement; la fidélité du chien. Une petite chienne follement caressante, à laquelle tout le monde fait fête (E. et J. de Goncourt, Journal,1884, p. 381).La domestication du chien précède de plusieurs milliers d'années celle des autres animaux domestiques (R.-H. Lowie, Manuel d'anthropol. culturelle,1936, p. 53).Il [Raymond] lui a cité des exemples de chiens qui avaient fait des dizaines de kilomètres pour retrouver leur maître (Camus, L'Étranger,1942, p. 1151):
1. ... j'aperçus dans un coin de la cour un grand homme maigre qui faisait obstinément le simulacre d'appeler un chien imaginaire. Il criait, d'une voix douce, d'une voix tendre : « Cocotte, ma petite Cocotte, viens ici, Cocotte, viens ici, ma belle », en tapant sur sa cuisse comme on fait pour attirer les bêtes. MaupassantContes et nouvelles,t. 2, Mademoiselle Cocotte, 1883, p. 809.
2. Le matin j'ouvre au chien et je lui fais manger sa soupe. Le soir je lui siffle de venir se coucher. Renard, Poil de Carotte,1894, p. 102.
P. métaph. :
3. ... chaque fois qu'une voix libre s'essayera à dire, sans prétention, ce qu'elle (...) pense [des problèmes actuels], une armée de chiens de garde de tout poil et de toute couleur, aboiera furieusement pour couvrir son écho. CamusActuelles I,1944-48, p. 123.
JOURN. Faire la chronique des chiens écrasés, et p. ell., fam. faire les chiens écrasés. Être chargé de la rubrique des faits divers d'un journal. Je ne suis pas, moi, un rédacteur de chiens écrasés, déclara le jeune Boitabille (G. Leroux, Le Mystère de la chambre jaune,1907, p. 13).
SYNT. a) Chien de race, chien bâtard; jeune chien, vieux chien infirme; chien méchant, hargneux; chien enragé, chien fou (rare); chien errant, perdu; chien perdu sans collier (cf. G. Cesbron, Chiens perdus sans collier, Paris, Laffont, 1954). b) Un chien qui aboie, grogne, jappe, hurle (à la lune, à la mort); un chien qui ronge un os; un chien qui fait le beau « qui se dresse sur ses pattes de derrière »; un chien qui lève la patte (fam.) « qui urine »; une odeur de chien mouillé. c) Dressage du chien; chien sauvage; attacher, museler un chien; tenir un chien en laisse (Ac. 1878-1932); lâcher un chien (ou les chiens); siffler un chien (pour le faire venir à soi); faire coucher un chien « lui dire : couche(-toi) »; tondre, caresser un chien. d) Chien d'aveugle, de berger, de trait « attelé au traîneau »; chien policier, sanitaire; chien savant (ou chien dressé, chien de cirque). e) Chien de chasse; chien d'arrêt ou couchant (cf. arrêt I A 1 a); chien courant « qui poursuit le gibier en donnant de la voix »; chien fou « qui s'emporte après le gibier »; valet de chiens « celui qui s'occupe des chiens d'une meute ». Rompre les chiens « les empêcher de suivre la trace d'un animal ». Au fig. Interrompre une conversation dont le sujet est délicat, embarrassant ou dangereux :
4. − « Après tout, il est peut-être indispensable d'être un imbécile pour bien jouer au tennis. » − « C'est possible. » Elle leva la tête avec impertinence; « vous devez le savoir mieux que personne; vous étiez une excellente raquette, autrefois. » Puis, rompant les chiens, et se tournant vers sa cousine : « Tu ne pars pas encore, petit Nico? » R. Martin du Gard, Les Thibault,La Belle saison, 1923, p. 921.
Fam., iron. Chien-chien. Petit chien à qui l'on prodigue des soins exagérément délicats :
5. « Je n'aurai plus d'amis, parce qu'on souffre trop quand on les perd »; c'était le mot des vieilles dames, quand trépasse le chien-chien-à-sa-mémère... Montherlant, Pitié pour les femmes,1936, p. 1213.
II.− [Le chien comme figure de l'être humain] Expr. usuelles et gén. fam.
A.− [Chien désigne des types humains]
1. [Types sociaux; p. réf. au rôle du chien gardien de maison] Personne exerçant des fonctions de surveillance sous le contrôle d'une autorité supérieure. Chien de caserne, de quartier. Adjudant. Je t'embête? Tu ne disais pas ça, il y a vingt ans, quand j'étais simple chien de quartier à Lunéville (Courteline, Les Gaîtés de l'escadron,1886, p. 54).Chien du commissaire. Secrétaire du commissaire de police (cf. E. et J. de Goncourt, Journal, 1894, p. 517). Chien de cour. Surveillant dans un lycée. Les chiens de cour qui les harcelaient naguère au collège (Balzac, Œuvres diverses,t. 2, 1850, p. 154).
Vieilli. (C'est un) chien au grand collier. (Celui qui) ,,a le principal crédit dans une compagnie, dans une maison`` (Littré).
Rem. Attesté ds les dict. gén. du xixesiècle.
2. [Types moraux ou caractériels; p. réf. au fait que le chien passait pour un animal vil] Personne âpre au gain, dure en affaires. Son oncle était un vieux chien qui lui avait filouté ses bijoux (Balzac, Eugénie Grandet,1834, p. 233).
Fam., au fém. Femme sensuelle et sans moralité :
6. − Les fleuristes, murmura Lorilleux, toutes des Marie-couche-toi-là. − Eh bien! Et moi? reprit la grande veuve, les lèvres pincées. Vous êtes galant. Vous savez, je ne suis pas une chienne, je ne me mets pas les pattes en l'air, quand on siffle! Zola, L'Assommoir,1877, p. 681.
[En apostrophe] Chien, fils de chien! Injure très méprisante (cf. Du Camp, Mémoires d'un suicidé, 1853, p. 49).Fils de chienne! (Bloy, La Femme pauvre,1897, p. 203).
Loc. proverbiales. C'est un beau chien s'il voulait mordre. C'est quelqu'un qui paraît courageux mais ne l'est pas (cf. Ac. 1798-1878). C'est un chien qui aboye à la lune. C'est un présomptueux qui s'attaque inutilement à ce qui est hors d'atteinte (cf. Ac. 1798, 1835).
3. Un homme quelconque. Un chien coiffé ou le premier chien coiffé. Le premier venu, n'importe qui :
7. Mais quand une fille entend se marier, rien ne saurait la tenir : elle prendrait plutôt un chien coiffé que de rester demoiselle. Pourrat, Gaspard des Montagnes,Le Château des sept portes, 1922, p. 164.
B.− [Chien figure dans des expr. spécifiant un aspect physique, moral ou des comportements humains]
1. Phraséologie (classement sém. : aspects et qualités)
a) [Aspect physique] Un air, des yeux de chien battu; une figure de chien :
8. Voici une photographie (...) M'y trouvez-vous assez noire, assez petite, assez chien perdu, avec ces mains croisées et cet air battu?. Colette, La Vagabonde,1910, p. 271.
[P. anal. de forme, d'apparence] Cheveux à la chien. Coiffure féminine où les cheveux sont rabattus sur le front en frange lisse. Femmes aux cheveux à la chien peignés sur les sourcils (Loti, Mon frère Yves,1883, p. 21).Cheveux en chien fou. Frisés sur le front (cf. Montherlant, Fils de personne, 1943, II, 4, p. 305). Cheveux coupés en oreilles de chien (vieilli). Il portait encore les cheveux coupés en oreilles de chien, à la mode de l'an II (Adam, L'Enfant d'Austerlitz,1902, p. 257).Spéc., au plur. Des chiens. Frange lisse de cheveux (cf. G. Duhamel, Chronique des Pasquier, Le Jardin des bêtes sauvages, 1934, p. 82).
b) [Aspect moral : défauts] (Être) bête, fou comme un jeune chien.
[En parlant d'une chose pénible, excessive ou d'un être détestable] Chienne de vie! un caractère de chien, un métier de chien. Quel chien de voleur! (Chamfort, Caractères et anecdotes,1794, p. 96).Cette chienne de politique (Bernanos, Lettres inédites,1906, p. 1736).Je me donne un mal de chien pour te faire plaisir (Pagnol, Fanny,1932, I, 1ertabl., 1, p. 11).
P. ext. Temps de chien. Très mauvais temps. Quel temps de chien! − il pleut, il neige Les cochers transis sur leur siège, Ont le nez bleu (T. Gautier, Émaux et camées,1852, p. 128).Froid de chien :
9. Hier, pendant que la pluie tombait le plus fort, les bourgeois qui habitent en face de moi dînaient sur leur terrasse, à l'abri d'une tente, et il faisait un froid de chien! J'avais du feu! Flaubert, Correspondance,1869, p. 19.
Rem. On rencontre aussi l'expr. proverbiale un temps à ne pas mettre un chien dehors (cf. E. et J. de Goncourt, Journal, 1890, p. 1263).
Loc. Ne pas attacher son chien avec des saucisses. Être d'une avarice rare. Un de ces bons bourgeois romains qui ne devaient pas, comme de juste, attacher leur chien avec des saucisses (Bernanos, Journal d'un curé de campagne,1936, p. 1068).Ne pas jeter sa part aux chiens. Être ardent à défendre ce qui nous revient (cf. Ac. 1798-1932). Avoir été mordu d'un chien (enragé). Être très susceptible (cf. Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 3, 1848, p. 238).
2. Phraséologie (attitudes et comportements, gén. péj.)
a) [P. réf. à l'état de domesticité dans lequel se trouve le chien] (Être) comme un chien à l'attache (cf. attache ex. 7).Se cacher comme un chien malade (Amiel, Journal intime,1866, p. 305).
(Se) faire le chien couchant (de qqn). Avoir une attitude obséquieuse :
10. Aussi haut, méprisant et dur avec les hommes qu'il était humble avec le docteur, aussi chien couchant avec l'un que chien hargneux avec les autres, l'infirmier, à juste titre, jouissait de l'exécration générale... Courteline, Le Train de 8 h 47,À l'infirmerie, 1893, I, p. 216.
Être, se faire le chien de qqn. Être réduit à un état de dépendance vis-à-vis de quelqu'un ou se mettre dans cette situation. Que m'importe De n'être que le chien couché devant ta porte (Hugo, La Légende des siècles, La Paternité, t. 4, 1877, p. 690):
11. Lange (...) la soigna, la guérit, et vous ne sauriez croire quelle ardente gratitude elle lui en a gardée, jusqu'à être son chien, sa chose... Zola, Travail,t. 1, 1901, p. 187.
Rem. On rencontre l'expr. faire le chien dans un sens partic. : faire le chien, c'est faire le marché avec sa bonne (E. et J. de Goncourt, Journal, 1896, p. 1010).
[P. réf. au caractère pénible de la vie des chiens] Parler à qqn comme à un chien, traiter qqn comme un chien. Avec le plus profond mépris. C'est là [au collège] que je l'ai vu [mon père] essuyer en cachette des larmes (...) quand le proviseur lui parlait comme à un chien (J. Vallès, Jacques Vingtras,Le Bachelier, 1881, p. 346).
Mener une existence de chien errant (Reider, MlleVallantin,1862, p. 36).
Mourir, crever comme un chien. Être malade comme un chien (Céline, Voyage au bout de la nuit,1932, p. 228).Si l'ennemi a l'esprit de tourner le village nous sommes tous prisonniers comme des chiens (Stendhal, La Chartreuse de Parme,1839, p. 53).Il tira et abattit le jardinier comme un chien! (Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 225).
b) [P. réf. aux aboiements du chien, pour souligner la mésentente entre pers.] Loc. fam.
Arriver, recevoir qqn comme un chien dans un jeu de quilles. Arriver mal à propos, faire à quelqu'un mauvais accueil :
12. De là, chez M. Lefèvre, où je fus reçu comme un chien dans un jeu de quilles. D'abord le faquin convint que M. Leclerc lui avait parlé de moi, puis il ne sut pas ce que je voulais dire. Michelet, Journal,1820, p. 126.
Avoir d'autres chiens à fouetter (ou à peigner). Considérer qu'une personne ou une chose ne mérite aucun intérêt. Synon. usuel avoir d'autres chats à fouetter :
13. ... malgré la campagne de presse, cette malheureuse décoration ne me sera pas retirée. Ces messieurs du Conseil de l'Ordre ont d'autres chiens à fouetter. G. Duhamel, Chronique des Pasquier,Le Combat contre les ombres, 1939, p. 277.
Garder (ou réserver) à qqn un chien de sa chienne. Lui ménager une vengeance :
14. Il [Clemenceau] mit cela dans un coin de sa tête, se promettant bien, le cas échéant, de réserver au matois de Mons-sous-Vaudrey un chien de sa chienne. L. Daudet, La Vie orageuse de Clemenceau,1942, p. 61.
Leurs chiens ne chassent pas ensemble. [En parlant de personnes qui ne s'entendent pas très bien] (Ac. 1798, 1878; Littré).
S'entendre, vivre comme chien et chat (cf. chat1II A 4).L'oncle et la tante vivaient en chien et chat animés l'un contre l'autre d'une antipathie instinctive (Courteline, La Vie de ménage,L'Escalier, 1890, p. 63).
Se regarder en chiens de faïence. Avec hostilité, en se défiant du regard (cf. Aragon, Les Beaux quartiers, 1936, p. 96) :
15. Guitry dîne chez Henry, en face de Forain et de Paul Robert, Ils dînent comme des chiens de faïence. Forain et Guitry ont été des camarades de dèche. Aujourd'hui, ces deux hommes gagnent beaucoup d'argent, dînent à 25 francs, se disent à peine bonjour et se méprisent, ... Renard, Journal,1901, p. 635.
c) [P. réf. au caractère supposé des chiens] Agir comme un chien fouetté. De mauvaise grâce. (N'est attesté que ds Ac. 1932).Être fait à qqc. comme un chien à aller à pied (ou nu-tête). S'être accoutumé à quelque chose (cf. Ac. 1798-1878). Faire comme le chien du jardinier qui ne mange point de choux et n'en laisse point manger aux autres. Interdire à autrui l'usage d'un bien dont on ne peut pas jouir soi-même (cf. A. France, La Vie littéraire, t. 3, 1891, p. 223).
d) [Divers] Nager à la chien, en chien. En ne se servant que des bras. [Poil de Carotte et son frère] oublient leur faim et se mettent à nager en marin, en chien, en grenouille (Renard, Poil de Carotte,1894, p. 51).
S'étirer comme un jeune chien (Verne, Les Enfants du capitaine Grant,t. 1, 1868, p. 141).
3. Loc. (utilisées dans certaines situations)
a) Loc. usuelles
Cela n'est (même) pas bon à jeter aux chiens, cela ne vaut pas les quatre fers d'un chien. Cela n'a aucune valeur, ne jouit d'aucune considération. Aujourd'hui, Wagner, chez ces gens-là, n'est plus bon à jeter aux chiens (Romains, Les Hommes de bonne volonté,La Douceur de la vie, 1939, p. 89):
16. Jules, qui ne valait pas, comme on dit, les quatre fers d'un chien, devint tout à coup un honnête homme, un garçon de cœur, un vrai Davranche, intègre comme tous les Davranche. Maupassant, Contes et nouvelles,t. 1, Mon oncle Jules, 1883, p. 415.
Cela n'est pas fait pour les chiens. C'est une chose qu'il ne faut pas jeter, qu'il faut utiliser pour soi. Les tribunaux ne sont pas faits pour les chiens (Bernanos, Sous le soleil de Satan,1926, p. 66).
Donner, jeter sa langue aux chiens (ou, plus usuel, aux chats). Renoncer à deviner quelque chose. Tu donnes ta langue au chien... c'est-à-dire que tu renonces, que tu ne devines pas (Sue, Atar Gull,1831, p. 13).
b) Plus rare. Battre un chien devant le loup (ou le lion). ,,Réprimander une personne inférieure devant une personne supérieure à qui cela doit servir de leçon`` (Littré); (attesté ds Ac. 1835, 1878).Ce sont deux chiens après un os. Il n'y a pas d'accord possible entre deux personnes qui se disputent le même objet ou aspirent au même poste. (Attesté ds Ac. 1798-1932).C'est une charrue à chiens. Ce sont des associés qui ne s'entendent pas et nuisent ainsi à leur entreprise. (Attesté ds Ac. 1878).Il mourrait plutôt un bon chien de berger. Se dit lorsqu'une personne peu appréciée réchappe d'une maladie (cf. Barrès, Mes cahiers, t. 10, 1913-14, p. 13).Il y a trop de chiens après l'os. C'est une entreprise où les participants sont nombreux mais le profit faible (cf. Ac. 1835-1932).Un chien regarde bien un évêque. Nul ne doit s'irriter d'être regardé (cf. Musset, Le Chandelier, 1840, I, 2, p. 33).
c) [P. allus. à l'histoire] C'est le chien de Jean de Nivelle, il s'enfuit quand on l'appelle. C'est quelqu'un qui se dérobe quand on a besoin de lui (cf. Ac. 1798-1932).[P. allus. au fait qu'on représente toujours St Roch avec un chien] C'est St Roch et son chien. Ce sont deux personnes inséparables. (Attesté ds la plupart des dict. gén. du xixeet du xxes.).[P. allus. à la Bible] C'est un chien qui retourne à son vomissement (cf. Proverbes XXVI, 11). C'est quelqu'un qui retombe dans son péché (cf. Montherlant, Les Lépreuses, 1939, p. 1394).
d) Jurons. Cf. supra II A 2.(Sacré) nom d'un chien. Juron familier (pour éviter de jurer par le nom de Dieu). Vous paierez, nom d'un chien! (G. Duhamel, Chronique des Pasquier,Vue de la Terre promise, 1934, p. 164).
4. Proverbes
a) [P. allus. à la Bible] Chien en vie vaut mieux que lion mort (cf. Ecclésiaste IX, 4). La vie est le premier des biens (cf. Leconte de Lisle, Poèmes barbares, L'Ecclésiaste, 1878, p. 37).
b) Autres proverbes. Bon chien chasse de race. Les enfants héritent des qualités ou des défauts de leurs parents. Il finira mal, ce garçon-là. Il est bien vrai que bon chien chasse de race (Maupassant, Contes et nouvelles, t. 2, Histoire vraie, 1882, p. 337).Chien hargneux a toujours l'oreille déchirée. Un querelleur s'attire toujours des ennuis. (Attesté ds Ac. 1798-1932).Chien qui aboie ne mord pas. Celui qui crie beaucoup n'est pas le plus à craindre (cf. Bernanos, Dialogues des Carmélites, 1948, 3etabl., 2, p. 1615).Il n'est de chasse que de vieux chiens. L'expérience acquise au cours des années ne se remplace pas. (Attesté ds Ac. 1835-1932).Il ne faut point se moquer des chiens qu'on ne soit sorti du village. ,,Il faut se mettre à l'abri du danger avant de s'en moquer`` (Ac. 1798-1932). Il vaut autant être mordu d'un chien que d'une chienne. Il n'y a pas à choisir entre deux solutions également mauvaises (cf. Ac. 1835, 1878).Jamais à bon chien il ne vient bon os. Le succès ne récompense pas toujours celui qui le mérite (Ac. 1835, 1878). Pendant que le chien pisse, le loup s'en va. La moindre hésitation fait perdre une bonne occasion (cf. Ac. 1798-1878). Qui m'aime aime mon chien. ,,Quand on aime quelqu'un, on aime tout ce qui lui appartient`` (Littré); (cf. également Ac. 1798-1932).Qui veut noyer son chien l'accuse de la rage. On trouve toujours un prétexte quand on est décidé à se débarrasser de quelqu'un ou de quelque chose (cf. Bremond, Hist. littér. du sentiment relig. en France, t. 3, 1921, p. 561).
III.− [P. anal. de forme, d'apparence; chien désignant des êtres autres qu'humains ou des inanimés]
A.− HIST. NAT., pop. Chien de mer*, chiendent*.
B.− HABILL. Collier de chien. Ruban, généralement en velours, ou collier exactement adapté à la taille du cou :
17. Un collier de chien, carcan de quatorze rangs, palissé de barrettes en brillants, parlait de fanons ridés, de tendons d'aïeules, peut-être d'écrouelles... Colette, Gigi,1944, p. 138.
C.− ALIM., pop. Chien chaud. Sandwich comportant une saucisse chaude.
D.− BÂT. Chien-assis*.
E.− TECHNOL. Chien (de fusil). ,,Pièce qui tient la pierre à feu dans les armes anciennes, ou qui frappe la cheminée garnie d'une capsule dans les armes à percussion`` (Leloir 1961). Un vieux fusil à chien (Ramuz, La Grande peur dans la montagne,1926, p. 83).Armer le chien (About, Le Roi des montagnes,1857, p. 209).
P. métaph. :
18. Tous nos héroïsmes viennent de nos femmes. Un homme sans femme, c'est un pistolet sans chien; c'est la femme qui fait partir l'homme. Hugo, Les Misérables,t. 2, 1862, p. 457.
Au fig. [Le suj. désigne une pers.] (Dormir, être couché) en chien de fusil. Replié sur soi-même, les genoux ramenés vers le ventre :
19. Tu me parais un peu dégoûté du pays; mais il y aura une manière de ne pas trop s'apercevoir de ses désagréments. Ce sera de rester à fumer sur le perron, de bavarder à tort et à travers entre nous, et de dormir en chien sur le grand canapé du salon. G. Sand, Correspondance,t. 1, 1812-76, p. 272.
F.− Fam. Division populaire de la journée. Entre chien et loup. À l'heure crépusculaire où l'on ne fait pas de distinction entre un chien et un loup, où les objets se confondent. Ils sortaient seulement avant l'aube, juste à peine une heure ou deux entre chien et loup... au tout petit matin (Céline, Mort à crédit,1936, p. 615).
Rem. On rencontre l'emploi subst. : Rares sont les poètes qui dédaignent ce chien et loup, cette pénombre à surprises (Cocteau, La Fin du Potomak, 1940, p. 97).
G.− Arg. Chien ou sacré-chien. Eau-de-vie. Donnez-lui une goutte de sacré-chien, (...) s'il n'est pas encore bien loin dans l'autre monde, il reviendra pour y goûter (Brillat-Savarin, Physiol. du goût,1825, p. 135).
Coup de chien. Tempête soudaine et, p. ext., émeute, soulèvement. Le spectre du coup de chien ou seulement des « manifestations inopportunes » (...) hantait [les gardiens] (H. Bazin, Le Bureau des mariages,1951, p. 113).
Rem. 1. Attesté ds Rob., Lar. encyclop., Lar. Lang. fr. 2. On rencontre chez Zola (L'Assommoir, 1877, p. 388) du chien au sens de « coup fort et violent » : C'est du chien, ça! s'écria Madame Boche, émerveillée de la rudesse des coups de battoir.
Piquer un chien. Faire un somme :
20. « ... ce que c'est bon (...) d'allumer une pipe, en buvant son café arrosé d'un caramel à l'eau-de-vie, et de piquer un chien en face l'un de l'autre (...) oh! un tout petit chien, le temps de laisser passer le gros de la digestion... » A. Daudet, Sapho,1884, p. 188.
Avoir du chien
1. [En parlant d'une femme] Avoir un charme quelque peu provocant, être attirante. À Paris dès qu'une femme dit qu'elle est belle, qu'elle a du chic, du zinc ou du chien, tout le monde la croit sur parole et prend feu (Mérimée, Lettres à Madame de Beaulaincourt,1870, p. 35).
2. P. ext. [En parlant d'une chose] C'est aussi la chapelle nocturne que je connais le mieux (...) Elle a plus de chien, plus d'âme et plus de résonance (Fargue, Le Piéton de Paris,1939, p. 25).
3. Vx. [En parlant d'un artiste et, en partic. d'un comédien] Faire preuve d'un talent brillant (cf. Zola, Nana, 1880, p. 1330).
Rem. V. en outre supra II B 1 a des chiens « cheveux ».
Prononc. et Orth. : [ʃjε ̃], fém. [ʃjεn]. -ien final se prononce [jε ̃] et non [jɑ ̃] sous l'influence combinée de la palatale i et du segment consonantique nasal (n) qui empêchent l'ouverture de (ε ̃) en (ɑ ̃); à ce sujet cf. G. Straka, Remarques sur les voyelles nasales, leur orig. et leur évolution en français, R. Ling. rom., t. 19, 1955, p. 258. Cf. aussi Buben 1935, § 94. Tous 2 rappellent la tendance pop. à prononcer chian à partir du xves. Mais cette tendance est freinée par les grammairiens et l'ouverture ε ̃ > ɑ ̃ ne l'emporte que dans le mot très pop. fiente [fjɑ ̃:t]. Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. A. 1. Ca 1100 chen zool. (Roland, éd. Bédier, 30); loc. a) 1remoitié xiiies. entre chien et leu (Hugues Piaucele, D'Estourmi, 90 ds Fabliaux, éd. Barbazan et Méon, t. 4, p. 455); b) 1675, 4 déc. bon à jeter aux chiens (Ch. de Sévigné ds Lettres de Mmede Sévigné, éd. Monmerqué, t. 4, p. 261); c) 1690 s'accorder comme chien et chat (Fur.); d) 1694 venir comme un chien dans un jeu de quilles (Ac.); e) 1828-29 arg. je lui garde un chien de ma chienne (F. Vidocq, Mémoires de Vidocq, t. 3, p. 150); f) 1874 arg. des journalistes faire les chiens perdus, noyés (E. Boutmy, Les Typographes parisiens, p. 37); 1881 les chiens écrasés (L. Rigaud, Dict. de l'arg. mod., p. 94); 2. 1195-1200 péj. emploi adj. (Renart, 28563 ds T.-L. : Ja ne seré ore si chiens); 1223 id. subst. en parlant d'un homme (G. de Coincy, Mir. de Notre Dame, éd. F. Koenig, II, Mir. 12, 62); 1552 de chien expr. méprisante (Rabelais, IV, 64 ds Hug.); 1690 une vie de chien (Fur.); 1834 « personne âpre, dure en affaires » (Balzac, Eugénie Grandet, p. 233 : son oncle était un vieux chien qui lui avait filouté ses bijoux); 3. p. allus. au rôle de gardien et de surveillant, exercé par le chien 1768 arg. des lycées chien de cour « surveillant » (collège du Plessis, Paris ds Esn.); ca 1840 chien du commissaire « agent de commissariat qui invite les commerçants à balayer devant leur boutique » (Esn.); 1858 chien de régiment (Larch., p. 450); 1881 chien du quartier « adjudant sous-officier » (L. Rigaud, loc. cit.); 4. 1866 avoir du chien « avoir de l'élégance, du brillant, de l'aplomb (d'une femme) » (É. Villars, Les Précieuses du jour, p. 12); 1866 « id. (d'une langue) » (Delvau); 5. 1838 piquer son chien « faire un somme » (La Journée du conscrit ds E. Titeux, Saint-Cyr et l'École spéc. milit. en France, p. 654). B. P. anal. 1. 1remoitié xiiies. chien de mer « petit requin » (Hugues Piaucele, De sire Hain et de Dame Anieuse, 57 ds Fabliaux, éd. Barbazan et Méon, t. 3, p. 582); 2. av. 1577 astron. avant-chien (R. Belleau, Petites Inventions, Election de sa demeure [I, 81] ds Hug., s.v. avant-chien); 1690 grand chien (Fur.); 3. av. 1630 « pièce coudée d'une arme à feu qui vient frapper l'amorce pour l'enflammer » (D'Aub., Vie, XLI ds Littré); d'où 1866 dormir en chien de fusil (Delvau, p. 118); 4. 1704 diverses acceptions techn. (Trév.). Du lat. class. canis aux sens propre et fig. et comme terme péj. appliqué à une pers.; (TLL s.v., 258, 21 sqq.); B 1 canis marinus; B 2, Canis désignant la Canicule.
BBG. − Bernelle (A.). Le Chien. Vie Lang. 1961, pp. 155-156. − Dauzat (A.). Chien coiffé. Fr. mod. 1941, t. 9, p. 94; 1942, t. 10, pp. 20-21. − Duch. Beauté 1960, p. 76. − Gottsch. Redens. 1930, passim.Hasselrot 1957, p. 218. − Lebel (P.). Balai et balayures ds les pat. de la Côte d'Or. Mém. de la Commission des antiq. du département de la Côte d'Or. 1938/39, t. 21, p. 515. − Millepierres (F.). Philol. du chien. Vie Lang. 1968, pp. 2-8. − Rigaud (A.). Le Temps et son chien. Déf. Lang. fr. 1965, no28, pp. 9-11. − Rog. 1965, passim.Sain. Lang. par. 1920, passim.Sain. Sources t. 1 1972 [1925], p. 64, 211. − Sainéan (L.). Les N. rom. du chien et leurs applications métaph. Mém. de la Soc. de Ling. 1906/1908, t. 14, pp. 210-275. − Tournemille (J.). Au jardin des loc. fr. Vie Lang. 1953, pp. 247-248; 1954, p. 161; 1956, p. 291; 1965, p. 83.

CHIEN2, CHIENNE, adj.

Familier
A.− Qui est dur, malveillant. Prendre sa tête la plus chienne (E. et J. de Goncourt, Journal,1851-96, p. 36).Je suis disposé à être rébarbatif, chien et insociable (Flaubert, Correspondance,1869, p. 65).
Rem. Cf. également du chien (s.v. chien1III G rem.).
B.− Qui est âpre au gain, avare. À propos de galette, M. Rezeau est horriblement chien (H. Bazin, La Mort du petit cheval,1949, p. 49):
Elle était à moi, cette bague; madame me l'avait donnée, madame n'est pas chienne comme vous... vous n'avez pas honte, de laisser votre pauvre femme sans un sou! Zola, La Conquête de Plassans,1874, p. 1071.
Prononc. et Orth. : [ʃjε ̃], fém. [ʃjεn]. Étymol. et Hist. Cf. chien1.
STAT. − Chien1 et 2. Fréq. abs. littér. Chien : 8 180. Chienne : 498. Fréq. rel. littér. Chien : xixes. : a) 8 043, b) 13 773; xxes. : a) 14 022, b) 12 112. Chienne : xixes. : a) 179, b) 603; xxes. : a) 1 201, b) 918.
DÉR.
Chiennement, adv.a) [Correspond aux sens A et B et à chiennerie B] D'une manière avare, parcimonieuse. Je m'efforce de bien faire, quoique je sois chiennement payé (Bloy, Journal,1893, p. 95).b) [Correspond aux sens A et B et à chiennerie B] D'une façon luxurieuse. Même en plein jour, il avait fallu subir leurs grognements, leurs bruyantes pâmoisons, leurs soupirs et les gémissements réitérés de leurs vomitives luxures. Car ils ne fermaient pas leur fenêtre et s'ébattaient chiennement derrière une jalousie (Bloy, La Femme pauvre,1897, p. 269).
Rem. On rencontre ds la docum. l'adj. chiennant (en parlant d'une dépense d'argent) « dur, pénible », qui plutôt que dér. de chienner*, est formé à partir de chien2B. Voici une conversation de rouliers (...) J'ai envie d'aller à Saint-Quentin. − Saint-Quentin! tu mangeras plus de soixante-dix francs sur cette route-là (...) C'est chiennant, vraiment chiennant, là, quoi! (Hugo, France et Belgique, 1885, p. 129).
1reattest. de chiennement 1893, supra; de chien2, suff. -ment2*. Fréq. abs. littér. : 5.

Article lié : Entre chien et loup : définition et origine de l’expression

Wiktionnaire

Nom commun - ancien français

chien \tʃjẽn\ masculin

  1. Chien.
    • Vous lui durrez urs et leuns et chiens — (La Chanson de Roland, vers no 30, circa 1100.)
      Vous lui donnerez des ours, des lions, et des chiens

Nom commun - français

chien \ʃjɛ̃\ masculin (pour la femelle, on dit : chienne)

  1. (Zoologie) Mammifère carnivore de la famille des Canidés, apparenté au loup (dont il est considéré comme une sous-espèce) et domestiqué par l’être humain, existant sous de nombreuses races aux morphologies variables, de nom scientifique : Canis lupus familiaris.
    • Il faut que les piqueurs aient l’œil à terre dans tous les lieux où ils croiront de pouvoir en revoir, afin d’aider à leurs chiens & s’assurer que c’est le cerf de la meute qu’ils chassent. — (Encyclopédie ou Dictionnaire universel raisonné des connoissances, tome 42, 1775, page 19)
    • Le chien s’était mis à rôder dans les environs, fouillant avidement les tas d’ordures, sans doute pour y déterrer un os ou quelque régal de ce genre. — (Octave Mirbeau, « La Mort du chien » dans Lettres de ma chaumière, 1886)
    • – C’est un Prince, ça ? – cria-t-il, inexprimablement indigné. – Il n’est même pas aussi poli qu’un chien ! — (H. G. Wells, La Guerre dans les airs, 1908, traduction d’Henry-D. Davray et B. Kozakiewicz, Mercure de France, Paris, 1910, page 240 de l’édition de 1921)
    • Le chien, qui se faisait vieux et n’aimait point à découcher, était, comme d’habitude, rentré dès le premier soir et gardait le coin du feu, car on était en hiver. — (Louis Pergaud, Le Retour, dans Les Rustiques, nouvelles villageoises, 1921)
    • Les chiens distinguent-ils les hommes de leurs sœurs les jeunes filles, de leurs femmes les femmes ; les chiens peuvent-ils être attentifs à d’autres qu’à la vieille demoiselle en visite qui leur dit, grattant le dessous de sa chaise : « Le chat ! » — (Jean Giraudoux, Provinciales, Grasset, 1922, réédition Le Livre de Poche, page 123)
    • L’ouverture donnait sur la loge de Gaby Million où la vedette avait laissé ses chiens. Les bêtes se mirent à aboyer.
      — Naturellement c’est plein de cabots, crut devoir déclarer spirituellement Mr. Morgan.
      — (Francis Carco, L’Homme de minuit, Éditions Albin Michel, Paris, 1938)
  2. (Figuré) (Familier) Personne rude ou sévère, avare, déloyale, ou faisant autrement preuve de bassesse.
    • Oui, pourquoi, roumi, chien, fils de chien, viens-tu encore à cette heure, avec ta femme trois fois maudite, me narguer jusque dans ce bouge… — (Isabelle Eberhardt, Yasmina, 1902)
    • – Maintenant on a la certitude que c’est cette ordure de Jacques qui l’a donné, c’est exactement le même coup que pour Lafont… Son compte est bon !... Ce chien ! Ce chien ! Ce chien ! Ce chien ! » Il sortit de la pièce. — (Elsa Triolet, Le premier accroc coûte deux cents francs, 1944, réédition Cercle du Bibliophile, page 75)
  3. (Figuré) (Bible) Prostitué homosexuel.
    • Tu n’apporteras point dans la maison de l’Éternel, ton Dieu, le salaire d’une prostituée ni le prix d’un chien, pour l’accomplissement d’un vœu quelconque ; car l’un et l’autre sont en abomination à l’Éternel, ton Dieu. — (Deutéronome, XXIII, 19, traduction de Louis Segond)
  4. (Cartes à jouer) Talon de cartes constitué par celui qui distribue au jeu de tarot, le preneur devra écarter autant de cartes avant que la partie commence.
    • Faire son chien.
  5. (Marine) Mâchoire métallique empêchant les deux hunes d’un chalut de s’écarter pendant le trait.
    1. (Technique) (Vieilli) Chariot servant au transport du minerai.
    2. (Technique) (Vieilli) Outil de tonnelier.
    3. (Technique) (Vieilli) Barre de fer avec deux crochets, dont l’un est mobile pour assembler la menuiserie.
    4. (Technique) Outil utilisé par les cordonniers pour assembler les chaussures.
    5. Le chien (5.e) d’un révolver
      (Par analogie) (Armement) Pièce d’une arme à feu portative, qui assure la percussion de l’amorce de la cartouche.
      • L’inconnu arma le pistolet, et l’on entendit au milieu du profond silence qui accompagnait les intervalles du dialogue le craquement du chien. — (Alexandre Dumas, Joseph Balsamo, 1846)
      • C’était le petit Gavroche qui s’en allait en guerre. Sur le boulevard il s’aperçut que le pistolet n’avait pas de chien. — (Victor Hugo, Les Misérables, IV, 11, 1 ; 1862)
      • Le jeune homme caressait son arme avec amour ; il rabattit le chien à plus de vingt reprises, introduisit son petit doigt dans le canon, examina attentivement la crosse. — (Émile Zola, La Fortune des Rougon, G. Charpentier, Paris, 1871, chapitre I ; réédition 1879, page 13)
      • […] un très joli fusil, qui paraissait tout neuf. Les canons étaient d'un beau noir mat, la gâchette était nickelée et, sur la crosse sculptée, s'allongeait un chien, noyé dans le bois verni. — (Marcel Pagnol, La gloire de mon père, 1957, collection Le Livre de Poche, page 231)
      • La crosse n'en était pas sculptée, et elle avait perdu son vernis ; la gâchette n'était pas nickelée, et les chiens étaient si grands qu'ils avaient l'air d'un ouvrage de ferronnerie. — (Marcel Pagnol, La gloire de mon père, 1957, collection Le Livre de Poche, page 233)
  6. (Figuré) (Familier) En parlant des choses : très mauvais, exécrable.
    • Il alla à la fenêtre. La neige tombait toujours et rayait le gris du ciel. – Quel chien de temps ! dit-il. — (Victor Hugo, Les Misérables, III, 8, 8 ; 1862)
    • Cela n’est pas tant chien. : Cela n’est pas trop mauvais.
    • – Savez-vous, reprit le père, qu’il fait un froid de chien dans ce galetas du diable ? — (Victor Hugo, Les Misérables, III, 8, 8 ; 1862)
  7. (Ichtyologie) Synonyme d’émissole lisse car elle se rassemble souvent en meutes comme les chiens (poisson).
  8. Le chien (8) d’une vielle
    (Musique) Pièce de bois placée entre un bourdon et la table d’harmonie d’une vielle qui permet au joueur de rythmer la mélodie avec un son grésillant.
  9. Armoiries avec un chien (9)
    (Héraldique) Meuble représentant l’animal du même nom dans les armoiries. Il s’agit généralement d'un braque mais la race importe peu sauf quand il s’agit d'un lévrier. Il est généralement passant. À rapprocher de goupil, levrette, lévrier, loup et renard.
    • Coupé, au premier d’azur, au deuxième ondé d’argent et d’azur de six pièces, au chien braque d’or colleté et bouclé de sable lampassé de gueules brochant sur le tout, qui est d’Hundsbach d’Alsace → voir illustration « armoiries avec un chien »
  10. (Technique) Pinceau court, en poils de sanglier, utilisé par les doreurs, et destinés à lustrer l’assiette avant la pose d’une feuille d’or.
  11. (Technique) Héridelle.
  12. (Maçonnerie) Outil utilisé pour griffer un enduit frais de manière à pouvoir ensuite faire tenir par dessus un parement ou un crépi.
  13. (Familier) Charme provocant.
    • - Oh, elle était belle, continua-t-elle sans tenir compte de l’interruption. Terriblement sexy. Un chien à fleur de peau, et elle savait en jouer, croyez-moi ! — (Tito Topin, Brelan de nippons, Série noire, Gallimard, 1982, page 116)
  14. Objet d'une ancienne taxe perçue par les communes.
    • Le contrôleur lui-même sait que pour ma famille les chiens de chasse n’ont pas plus d’importance que des chiens de berger, et il se garde de les taxer plus d’un franc. — (Jean Giraudoux, Provinciales, Grasset, 1922, réédition Le Livre de Poche, page 48)
  15. (Lorraine) (Champagne) (Foresterie, Agriculture, Viticulture) Repas commun célébrant la fin de la période de travail (saison de martelage, vendanges, moissons…).
    • Après les vendanges, on tue le chien.
    • Suivant l'expression consacrée, les agriculteurs de Pâlis auront donc fait le chien de moisson ce lundi, symbole de la fin des quelques jours de travail intensif qui caractérisent désormais cette épisode toujours délicat dans la saison du paysan. — (Matthieu, Chien de moisson, 31 juillet 2008 → lire en ligne)
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

CHIEN, CHIENNE. n.
Quadrupède domestique digitigrade, de l'ordre des Carnassiers. Chien de berger. Chien de Terre-Neuve. Le museau, la gueule, les pattes d'un chien. Les aboiements d'un chien. Chien de basse-cour. Chien de garde. Tenir un chien à l'attache, en laisse. Jeter un os à un chien. Chien de chasse. Chien couchant. Chien d'arrêt. Chien courant. Dresser un chien. Chien de luxe. Coupler, découpler les chiens. Chien hargneux. Chien enragé. Chien savant, Chien dressé à certains exercices qui semblent exiger plus que de l'instinct. Rompre les chiens. Voyez ROMPRE. Fig., Il est fou comme un jeune chien, se dit d'un Jeune garçon étourdi et folâtre. Fig., Il est là comme un chien à l'attache, comme un chien d'attache. Voyez ATTACHE. Fig., Il fait cela comme un chien qu'on fouette, Il fait cela de fort mauvaise grâce. Fig. et fam., Battre quelqu'un, traiter quelqu'un comme un chien, Le traiter fort mal. Prov. et fig., C'est le chien de Jean de Nivelle, il s'enfuit quand on l'appelle, se dit de Quelqu'un qui s'éloigne, qui s'en va quand on veut le retenir. Fig., Il fait un temps à ne pas mettre un chien dehors, Il pleut à verse, il fait un temps affreux. Fig. et fam., Mourir comme un chien, Mourir dans un coin, sans l'assistance de qui que ce soit. Il signifie aussi Mourir sans vouloir témoigner le moindre repentir de ses fautes. Être enterré comme un chien, Être inhumé sans aucun appareil, sans aucune cérémonie religieuse. Mener une vie de chien, Mener une vie misérable. Se donner un mal de chien, Se donner beaucoup de peine au travail. C'est un métier de chien, Profession laborieuse qui donne beaucoup de peine. On dit aussi, en faisant du Chien une sorte d'adjectif uni à un nom par la préposition de, Une chienne de vie. Un chien de métier. Un chien de temps. Une chienne de mine. Fig. et fam., Cela ne vaut pas les quatre fers d'un chien. Voyez FER. Fig. et fam., C'est saint Roch et son chien, se dit de Deux personnes qu'on voit toujours ensemble. Prov. et fig., Qui m'aime, aime mon chien. Voyez AIMER. Fig. et fam., Ils s'accordent, ils vivent comme chien et chat. Voyez CHAT. Prov. et fig., Il n'est chasse que de vieux chiens, Il n'y a point d'hommes plus propres au conseil et aux affaires que les vieillards, à cause de leur expérience. Prov. et fig., Les bons chiens chassent de race, ou Bon chien chasse de race. Voyez CHASSER. Prov. et fig., Chien qui aboie ne mord pas, Les gens qui font le plus de bruit ne sont pas toujours les plus à craindre. Prov. et fig., Chien hargneux a toujours l'oreille déchirée, Il arrive toujours quelque accident aux querelleurs. Prov. et fig., Quand on veut noyer son chien, on dit qu'il a la rage, ou Qui veut noyer son chien, l'accuse de la rage, On trouve aisément un prétexte quand on veut quereller ou perdre quelqu'un. Fig. et fam., Ce sont deux chiens après un os, se dit de Deux personnes qui sont en débat pour emporter une même chose, qui poursuivent la même chose. Il y a trop de chiens après l'os, se dit en parlant d'une Spéculation pour laquelle les associés sont tellement nombreux que la part de profit qui doit revenir à chacun d'eux ne peut être que fort petite. Fig., Faire le chien couchant, Flatter quelqu'un, tâcher de le gagner par des soumissions basses et rampantes. On dit de même C'est un bon chien couchant. Fig. et fam., Il n'en donnerait pas, il n'en jetterait pas sa part aux chiens, se dit de Quelqu'un qui se croit bien fondé dans les prétentions qu'il a sur quelque chose, ou Qui ne veut pas se défaire de ce qui lui revient. Fig. et fam., Jeter, donner sa langue aux chiens, Renoncer à deviner quelque chose. Il m'est impossible de trouver le mot de cette énigme, je jette, je donne ma langue aux chiens. Fig. et fam., S'il disait, s'il faisait telle chose, il ne serait pas bon à jeter aux chiens. Voyez BON. Fig. et fam., Il vient là comme un chien dans un jeu de quilles, se dit de Quelqu'un qui vient à contretemps dans une compagnie où il embarrasse. Recevoir quelqu'un comme un chien dans un jeu de quilles, Lui faire un très mauvais accueil. Prov. et fig., Il ne faut point se moquer des chiens qu'on ne soit hors du village, Il faut se mettre à l'abri du danger avant de s'en moquer. Fam., Il n'attache pas son chien avec des saucisses, se dit de Quelqu'un qui ne passe pas pour prodiguer son argent. Fam., Garder à quelqu'un un chien de sa chienne, Se préparer à faire payer à quelqu'un le mal qu'il nous a fait. Prov., Il est comme le chien du jardinier qui ne mange point de choux et n'en laisse point manger aux autres, ou simplement, Il est comme le chien du jardinier, se dit de Quelqu'un qui ne peut pas se servir d'une chose et qui ne veut pas que les autres s'en servent. Fig., Entre chien et loup, désigne le Moment du crépuscule où l'on ne distinguerait pas un chien d'un loup, où l'on ne fait qu'entrevoir les objets sans pouvoir les distinguer. Il était entre chien et loup quand nous aperçûmes je ne sais quoi. Fam.,

CHIEN se dit d'une Personne sévère et dure. C'est un mauvais chien. Quel mauvais chien! Fig. et fam., Querelle de chien, bruit de chien, train de chien, colère de chien, Grande querelle, grand bruit, etc. Fig. et fam., Quel chien! Quel avare! En termes d'Histoire naturelle, il se dit du Genre des mammifères auquel appartient le chien. Le loup, le renard, le chacal sont du genre des chiens, du genre chien. Chien-loup, chien-renard, Espèces de chiens qui tiennent du loup, du renard. Des chiens-loups. Des chiens-renards. Chien marin, ou Chien de mer, Poisson de mer du genre Squale, dont la peau est si rude que lorsqu'elle est séchée les menuisiers s'en servent pour polir un ouvrage. Chien de faïence, se dit de Représentations de chiens qui servent d'ornements en étant mises en regard. Fig. et fam., Ils se regardent comme des chiens de faïence, se dit de Personnes qui se regardent avec hostilité. Il désigne encore la Pièce qui en se rabattant fait partir une arme à feu. Le chien d'un fusil, d'un revolver.

Littré (1872-1877)

CHIEN (chiin, chièn') s. m. (le mâle), s. f. (la femelle)
  • 1Quadrupède domestique, le plus attaché à l'homme, gardant sa maison et ses troupeaux, et l'aidant à la chasse. Chien de garde. Chien de berger. Chien de Malte. Chien de Terre-Neuve, grand chien à long poil, aimant à aller à l'eau. Chien danois, grande espèce de dogue. Chien de St-Bernard, grande espèce de chien des Alpes. Chien de trait, chien habitué à traîner de petites voitures. Ce chien, voyant sa proie en l'eau représentée, La quitta pour l'image et pensa se noyer, La Fontaine, Fables, VI, 17. Ce chien, parce qu'il est mignon, Vivra de pair à compagnon Avec monsieur, avec madame, La Fontaine, ib. IV, 5. Et votre petit chien Brusquet gronde-t-il toujours aussi fort, et mord-il toujours bien aux jambes les gens qui vont chez vous ? Molière, Don Juan, IV, 3. Des lambeaux pleins de sang et des membres affreux Que des chiens dévorants se disputaient entre eux, Racine, Ath. II, 5. Dans son sang inhumain les chiens désaltérés, Racine, ib. I, 1.

    Chien de manchon, chien de petite espèce que les dames portent dans leur manchon.

    Chien d'Artois, sorte de chien camus ; d'où la locution camus en chien d'Artois, pour signifier confus, désappointé. Madame votre fille est pleurante en un coin, Monsieur votre neveu grommelle sur du foin, Camus en chiens d'Artois d'avoir compté sans hôte, La Fontaine, Je vous prends sans vert, sc. 14. Les chiens courants, les dogues, les turcs, les chiens d'Artois, les mâtins, Segrais, l'Ile imaginaire, t. II, p. 200.

    Chien-lion, sorte de chien qui paraît provenir du croisement entre l'épagneul et le petit danois.

    Chien traître, chien qui mord sans aboyer.

    Chien fou, nom que l'on donne quelquefois au chien atteint de la rage ; et fig. Maigre comme un chien fou.

    Chien savant, chien dressé à certains exercices.

    En termes de l'Écriture, il retourne comme le chien à son vomissement, se dit de celui qui retombe dans ses vices.

  • 2Chien de chasse, chien dont l'homme se sert pour prendre le gibier. Chien courant, chien qui chasse les bêtes à la course. Chien couchant ou chien d'arrêt, chien qui arrête le gibier. Chien d'aiguail, chien qui n'est bon que le matin. Chien allongé, chien qui a les doigts étendus par quelque blessure. Chien à belle gorge, chien qui crie bien. Chien buté, chien qui a la jointure de la jambe fort grosse.

    Chien sage, chien qui ne s'emporte pas après le gibier.

    Fig. Faire le chien couchant, flatter bassement quelqu'un pour gagner ses bonnes grâces. On dit de même : c'est un bon chien couchant.

    Rompre les chiens, les arrêter, les détourner de la voie ; et, figurément, rompre brusquement une conversation embarrassante. Mais le mari rompait les chiens, La Fontaine, Fér. Le duc de Tresmes voulut rompre les chiens plus d'une fois ; à toutes Caumartin l'arrêtait, haussait le ton et continuait, Saint-Simon, 277, 243.

  • 3Locutions diverses. Être comme un chien d'attache ou à l'attache, être assujetti à un travail continuel.

    N'être pas bon à jeter aux chiens, en parlant des personnes, ne valoir rien du tout. On ne me trouve pas bonne à jeter aux chiens, Sévigné, 235.

    Jeter sa langue aux chiens, renoncer à deviner quelque chose. Ne sauriez-vous le deviner ? jetez-vous votre langue aux chiens ? Sévigné, 248.

    Jeter ou donner sa part aux chiens, faire fi de quelque chose ; et avec un sens contraire, ne pas jeter sa part aux chiens. Il était désolé, il eût jeté sa part aux chiens, Sévigné, 431. Mlle de la C*** n'en jette pas sa part aux chiens, Sévigné, 350.

    Jeter ses louanges aux chiens, les prodiguer mal à propos. Ces gens-là ne jettent point leurs louanges aux chiens, Sévigné, 491.

    Droit comme la jambe d'un chien, se dit d'une chose tortue.

    Battre quelqu'un comme un chien, étriller quelqu'un en chien courtaud, le battre très fort. Si vous voulez des nouvelles de nos armées, le régiment de Champagne s'est battu comme un lion et a été battu comme un chien, Voltaire, Lettr. d'Argent. 24 fév. 1761.

    Il fait un temps à ne pas mettre un chien dehors, il fait un temps affreux.

    Cela ne vaut pas les quatre fers d'un chien, c'est-à-dire cela ne vaut absolument rien, puisqu'un chien n'est pas ferré.

    C'est saint Roch et son chien, c'est-à-dire ces deux personnes vont toujours ensemble.

    Venir là comme un chien dans un jeu de quilles, arriver très mal à propos dans une société, y être très mal reçu. On dit dans le même sens : recevoir quelqu'un comme un chien dans un jeu de quilles.

    Fig. Fréquenter le chien et le chat, fréquenter toute sorte de personnes. Il n'est pas étrange que M. le duc se soit avantagé de l'exemple de 1688, pour la promotion qu'il fit signer toute faite au roi en 1724, et où il fourra le chien, le chat et le rat, Saint-Simon, 328, 43.

    Fig. Battre le chien devant le lion, ou devant le loup, réprimander une personne inférieure devant une personne supérieure, à qui cela doit servir de leçon.

    Entre chien et loup, à petit jour, le soir ou le matin, c'est-à-dire quand le jour est si sombre qu'on ne saurait distinguer un chien d'avec un loup. Que pensez-vous que tout cela fasse entre chien et loup ? Sévigné, 221. Substantivement. Je crains l'entre chien et loup quand on ne cause pas, Sévigné, 232.

    Fig. Leurs chiens ne chassent pas ensemble, c'est-à-dire ces personnes ne sont pas en bonne intelligence.

    Vivre comme un chien, vivre dans la débauche et le libertinage. Mourir comme un chien, mourir dans le mépris et l'abandon, et aussi sans avoir reçu les sacrements.

    Mener une vie de chien, mener une vie pénible et misérable.

    Il est fou comme un jeune chien, se dit d'un jeune garçon étourdi et folâtre.

    Il est fait à cela comme un chien à aller à pied, à aller nu-tête, c'est-à-dire il est tout à fait accoutumé, endurci à une chose.

    Entrez, nos chiens sont liés, se dit à quelqu'un pour le prévenir qu'il peut aller de l'avant, n'y ayant aucun risque.

    C'est une charrue à chiens, ce sont des associés qui n'avancent pas, ne font rien de bon ni d'utile.

    Ils s'accordent, ils vivent comme chiens et chats, c'est-à-dire ils sont toujours en querelle.

  • 4 Fig. et familièrement, un individu qu'on maltraite, qu'on méprise. C'est un chien. Pour cet homme orgueilleux les domestiques sont des chiens. Que je suis un grand chien ! Parbleu je te saurai, Maudit jeu de trictrac, ou bien je ne pourrai, Regnard, le Joueur, I, 4. M. le duc de Villars ne s'y connaît-il point ? ma nièce est-elle sans goût ? suis-je un chien ? que coûte-t-il d'essayer ce qui fait chez nous le plus grand effet ? Voltaire, Lett. d'Argental, 27 sept. 1760.

    Populairement, une personne rude et sévère. Quel chien ! Il n'est pas trop chien avec (ou pour) ses ouvriers. C'est un mauvais chien.

    Populairement et bassement. Cela n'est pas tant chien, cela n'est pas trop mauvais.

  • 5Chien de, avec les noms masculins, chienne de, avec les noms féminins, locution qui se dit, par une sorte de dépréciation, des personnes et des choses. Un chien d'homme. Une chienne de femme. Chien de chrétien, dénomination injurieuse que les musulmans donnent aux chrétiens. Quelle chienne de mine vous a-t-il faite ? Hamilton, Gramm. 11. Moi j'aurais de l'amour pour ta chienne de face, Molière, le Dép. IV, 4. Quel chien de commerce avez-vous là ? Sévigné, 69. Que ne vous défaites-vous de cette chienne de maison aussi ? Dancourt, la Maison de campagne, sc. 7. Maugrebleu de la chienne de parente, Dancourt, ib. sc. 16. Quiconque veut vivre sans boire Fera très bien de voyager Dans votre chien de territoire, Voltaire, Ép. 65. Je vous serai attaché tout le temps de ma courte et chienne de vie, Voltaire, Lett. vers et prose, 33. Quel chien de train ! quelle chienne de vie ! Rousseau J.-B. Épigr. IV, 5. Je cours toujours pour ma chienne de vente ; j'ai eu ce matin de bons renseignements, Courier, Lett. II, 123. Voilà une bonne chienne de condition, direz-vous, Voltaire, Lett. Mme du Deffant, 24 mai 1764. Ces occupations sont satisfaisantes ; combien elles consolent de ces chiens de bureaux, de ces chiens de commis ! Voltaire, Lett. d'Argental, 15 févr. 1760.

    De chien, même sens. Un temps de chien. Une pluie de chien. Querelle de chien, bruit de chien, train de chien, grande querelle, grand bruit. Ne soyez point en peine de mon écriture, c'est que j'ai une plume de chien, Sévigné, 314. Allez, philosophe de chien, Molière, Bourg. II, 4.

  • 6 Terme de zoologie. Genre de mammifères auquel le chien appartient. Le loup, le chacal sont des chiens.
  • 7Nom de différents animaux qui n'appartiennent pas au genre chien. Chien crabier, un des noms donnés au chien cancrivore (digitigrades), appelé chien des bois par Buffon, dit aussi raton.

    Chien-rat, mangouste du Cap.

    Chien d'eau, cabiai.

    Chien de mer, chien marin, nom vulgaire de la grande roussette (scyllium canicula).

  • 8 Terme d'astronomie. Le Grand et le Petit Chien, constellations de l'hémisphère austral.

    Chiens de Chasse, petite constellation boréale entre la Grande Ourse et le Bouvier.

  • 9Chien de faïence, petite figure de chien qui se mettait souvent sur les cheminées, une d'un côté, l'autre de l'autre. De là la locution, se regarder en chiens de faïence, c'est-à-dire se regarder fixement et d'un air surpris ou hébété.
  • 10Chien de fusil, pièce qui tient la pierre d'une arme à feu, et dans les armes à percussion, pièce qui vient frapper la capsule et en produit l'inflammation.

    Sorte de sergent de tonnelier.

    Fer plat du métier à tisser.

    Sorte de chariot ou de brouette dans les mines.

    Brosse des blanchisseuses, faite ordinairement de chiendent.

    En termes de marine, sorte de grappin.

PROVERBES

C'est un beau chien s'il voulait mordre, c'est-à-dire il a belle apparence, mais il est sans courage.

C'est un chien qui aboie à la lune, c'est-à-dire il crie inutilement contre plus puissant que lui.

Il ne faut point se moquer des chiens qu'on ne soit hors du village, c'est-à-dire il faut se mettre à l'abri du danger avant de s'en moquer.

Il est comme le chien du jardinier, qui ne mange point de choux et n'en laisse pas manger aux autres, se dit de ceux qui, ne pouvant pas se servir d'une chose, ne veulent pas que les autres s'en servent.

Ils veulent faire comme les grands chiens, ils veulent pisser contre la muraille, se dit des petits garçons qui veulent faire comme les grandes personnes.

Pendant que le chien pisse, le loup s'en va, c'est-à-dire le moindre retardement fait manquer l'occasion.

Il y a trop de chiens après l'os, c'est-à-dire c'est une affaire où il y a trop de partageants.

Ce sont deux chiens après un os, c'est-à-dire le même objet est poursuivi de deux personnes.

Il mourrait plutôt un chien de berger, se dit en parlant d'une personne peu recommandable et qui est revenue d'une maladie grave.

C'est un chien au grand collier, c'est-à-dire il a le principal crédit dans une compagnie, dans une maison.

Chien hargneux a toujours l'oreille déchirée, c'est-à-dire il arrive toujours quelque accident aux gens querelleurs.

Chien en cuisine souper ne demande, c'est-à-dire il le prend.

Il a du crédit comme un chien à la boucherie, se dit d'un homme sans crédit, sans importance.

Petit chien, belle queue, proverbe qui équivaut à celui-ci pour le sens : dans les petites boîtes, les bons onguents.

Si vous n'avez pas d'autre sifflet, votre chien est perdu, se dit à ceux qui ont une mauvaise cause.

Jamais à un bon chien il ne vient un bon os, se dit d'une bonne fortune qui ne vient point à ceux qui en seraient dignes.

Bon chien chasse de race, c'est-à-dire les enfants ont les qualités de leurs parents, ou, ironiquement, leurs défauts, leurs vices.

Il n'est chasse que de vieux chiens, c'est-à-dire les gens qui ont de l'expérience, qui ont vieilli dans une chose, sont ceux qui rendent les meilleurs services.

Je lui garde un chien de ma chienne, c'est-à-dire je me vengerai d'un mauvais office.

Il vaut autant être mordu d'un chien que d'une chienne, c'est-à-dire entre des risques égaux il n'y a pas de raison d'être plus effrayé de l'un que de l'autre.

On ne lui demande pas es-tu chien ? es-tu loup ? se dit d'un misérable qu'on abandonne.

Il a été mordu d'un chien, il veut l'être d'une chienne, c'est-à-dire il n'a pas assez du mal qu'il a reçu déjà.

Qui m'aime, aime mon chien, c'est-à-dire quand on aime quelqu'un, on aime tout ce qui lui appartient.

C'est le chien de Jean de Nivelle, il s'enfuit quand on l'appelle, se dit d'un homme qui s'en va quand on veut le retenir ; proverbe venu de ce que Jean de Nivelle, fils du duc de Montmorency, ayant été sommé pour quelque méfait, à son de trompe, dans les carrefours de Paris, de comparaître, se hâta de gagner la Flandre, où étaient les biens de sa femme, LE ROUX, Dict. comique. Suivant cette explication, il s'agirait non pas du chien de Jean de Nivelle, mais de ce chien de Jean de Nivelle. Une traîtresse voix bien souvent vous appelle ; Ne vous pressez donc nullement ; Ce n'était pas un sot, non, non, et croyez-m'en, Que le chien de Jean de Nivelle, La Fontaine, Fabl. VIII, 21.

Chien en vie vaut mieux que lion mort, c'est-à-dire il vaut mieux être pauvre et misérable qu'être riche et mourir.

Quand on veut noyer son chien, on dit qu'il a la rage, c'est-à-dire on ne manque jamais de prétexte pour se débarrasser d'une personne qui déplaît. Me voilà bien chanceuse ! Hélas ! l'on dit bien vrai : Qui veut noyer son chien l'accuse de la rage, Molière, Fem. sav. II, 5.

Chien qui aboie ne mord pas, c'est-à-dire ceux qui crient beaucoup ne sont pas les plus à craindre.

Un chien regarde bien un évêque, c'est-à-dire que, quelque élevé que soit un homme, il ne doit pas trouver mauvais qu'un autre s'adresse à lui.

À chien qui mord il faut jeter des pierres, on ne doit pas avoir pitié des gens malfaisants.

Chien sur son fumier est hardi.

Jamais chien ne mordit l'Église qu'il n'enrageât, s'est dit de ceux qui se sont élevés contre l'Église et qui ont fait une fin malheureuse.

À mauvais chien on ne peut montrer le loup, on ne peut décider un homme couard à s'exposer en rien.

Les coups de bâton sont pour les chiens, se dit quand quelqu'un, traité en parole ou en action d'une façon qui ne lui convient pas, remet à sa place celui qui le traite ainsi.

Il ne faut pas tuer son chien pour une mauvaise année, on ne doit pas se désespérer pour une seule ou une petite disgrâce.

Écorcher son chien pour en avoir la peau, sacrifier une chose importante pour un petit bénéfice.

L'hôpital n'est pas fait pour les chiens, se dit quand on réclame l'usage d'une chose qui est destinée au public.

HISTORIQUE

XIe s. Vous lui durrez [donnerez] ours et lions et chens, Ch. de Rol. III.

XIIe s. Mult par fu fel, orrible et chien ; Suz [sous] ciel n'out si mal crestien, Benoit de Sainte-Maure, Chron. t. I, p. 348. Muetes de chiens lui donez pour chasser, Ronc. p. 3. Dunc veïssiez entr'els les beaubelez [bijoux] duner, E les chiens enveier, e les oisaus porter, Th. le mart. 99.

XIIIe s. Il fait trop bon le chien chuer, Tant qu'on ait la voie passée, la Rose, 7430. Cum chien honteus en un coignet, ib. 456. Si l'en envoie sanz targier As chiens de mer et as balaines Conter les noveles certaines, Fabl. BARBAZ. t. IV, 85. En un carrefour [il] fist un feu Lez un cerne entre chien et leu [loup], Bataille des sept arts. Ki volentiers fiert vostre chien, Ja mar crerés qu'il vus aint [aime] bien, Marie de France, Graelent. Elle avoit tort d'esveiller le chien qui dort, Hist. littér. t. XXIII, p. 571. Si dist on souvent… Que d'aire [race] est le ciens qui devient Veneres [chasseur] sans aprendeour, Ph. Mouskes, ms. p. 449 et 450, dans LACURNE. Chien en cuisine son per [compagnon] n'i desire, Leroux de Lincy, Prov. t. I, p. 165. On ne peut pas deffendre bien le chien à abaier ne le menteor à jaingler [faire des contes], Leroux de Lincy, ib. t. II, p. 362.

XIVe s. Plaindre se fait autant qu'un chien qu'on voit crier, Guesclin. 15190. Cellui qui s'entremet des noises d'autruy est semblable à cellui qui prent le chien par les oreilles, Ménagier, I, 9. Et est la brette aussi comme chien de mer, ib. II, 5. Nul ne soit si hardi qu'il mesle les rayes ne chiens de mer avec autre poisson en un mesme panier, Ordonn. des rois de Fr. t. II, p. 359.

XVe s. Et ne demeura onques chien en la ville, que tous ne fussent morts ou jetés dedans les fossés, Froissart, II, II, 161. Qui à nul bien de present ne s'applique, Fors à avoir condition de chien, Deschamps, Poésies mss. f° 244, dans LACURNE. Chiens de mer, marsouins, saumons, Congres, turboz et leurs semblables, Deschamps, ib. f° 485. Ils nous sont venus assaillir sur nostre fumier, monstrons defense comme fait le chien, Perceforest, t. III, f° 47. Il estoit jà moult anuyté ; car il estoit ainsi que entre chien et leu, ib. t. I, f° 67. Chien en cuisine ne demande pas son compaignon, ib. t. III, f° 129. Par avant ilz se entre-hayoient comme chiens et chas, Chron. du siége d'Orl. Bibl. des Chartes, t. III, 1re série, p. 509. Et mon gosier est sy torchié Qu'il est sec comme dent de chien, Mir. de St. Genev. Foy que doy vous, Sire Robers, Ce sont gens plus cruels que chiens, ib. La estoit grand pitié à veoir ces nobles seigneurs… amener liés de cordes estroitement par ces chiens Sarrasins laids et horribles qui les tenoient durement, Bouciq. I, ch. 25. Tel le chien nourrit, qui puis mange la courroie de son soulier, Leroux de Lincy, Prov. t. I, p. 171. Tel huchia le chien es brebis, qui ne le peut retraire, Leroux de Lincy, ib. t. II, p. 422.

XVIe s. Courez toujours après le chien, jamais ne vous mordra ; et buvez toujours avant la soif, jamais ne vous adviendra, Rabelais, Garg. I, 5. Où est vostre chenil ? je ne vois ni chiens courans, ni auseaux. - Une meutte de chiens, de limiers, des aboieurs, des chiens pour le fauve, chiens pour le noir, levriers de compagnon et d'attache, D'Aubigné, Faen. I, 5. Lequel l'attendoit au coin d'une rue avec deux pistolets, dont le chien estoit levé, D'Aubigné, Vie, XLI. Et comme à chien maigre vont les mousches, D'Aubigné, Faen. I, 3. Il lui mit tant de chiens aux fesses, qu'il fut contraint de se sauver de vistesse, D'Aubigné, Hist. I, 190. Il avoit accez en la place par le moien d'un chien couchant, dont il faisoit manger force perdrix au gouverneur, D'Aubigné, ib. II, 114. Les chefs coururent pour rompre les chiens, mais la nuit les separa plus que leurs commandemens, D'Aubigné, ib. II, 357. Quelques poissons se perdirent en la suitte des dauphins, comme font les chiens, les barbuës, les maquereaux, etc. D'Aubigné, Conf. I, 9. … Et les poulces dedans le chien de la harquebuze…, Carloix, VI, 23. L'herbe dite langue de chien, Paré, XVI, 35. Si le coq chante incontinent après le soleil couchant (comme l'on dit entre chien et loup), c'est signe de pluye, Paré, Animaux, 2. Et sans morsure De chiens enragez et fous, Ronsard, 921. À petit chien, petit lien, H. Estienne, Précell. 198. Je sçais qu'il s'est trouvé des simples païsans s'estre laissez griller la plante des piedz, ecrazer le bout des doigts à tout le chien d'une pistole, avant que de s'estre seulement voulu mettre à rençon, Montaigne, III, 152. Car, dict un ancien, l'on est mieux en la compagnie d'un chien cognu, qu'en celle d'un homme duquel le langage est incognu, Charron, Sagesse, I, 12. Le chien se frotte à la charongne, Génin, Récréat. t. II, p. 243. Par petits chiens le lieuvre est trouvé, et par les grands est happé, Génin, ib. p. 246. Le chien au matin à l'herbe va pour son venin, Génin, ib. p. 242. Plus fol que chien qui aboye à ses soupes, les cuidant par ce refroidir, Génin, ib. p. 247. Chien affamé, de bastonnade n'est intimidé, Leroux de Lincy, Proverbes, t. I, p. 165. Chien couart voir le loup ne veut, Leroux de Lincy, ib. Chien enragé ne peut longuement vivre, Leroux de Lincy, ib. Chien rioteur a volontiers les oreilles tirées, Leroux de Lincy, ib. À meschant chien, court lien, Leroux de Lincy, ib. p. 166. Disner de chien, pain et eau, Leroux de Lincy, ib. En lict de chien n'a point d'oingture [parfum], Leroux de Lincy, ib. Fien de chien et marc d'argent seront tout un au jour du jugement, Leroux de Lincy, ib. Qui chien s'en va à Rome, mastin s'en revient, Leroux de Lincy, ib. p. 170. Qui hante chiens puce remporte, Leroux de Lincy, ib. Qui perd un chien et retrouve un chat, c'est toujours une beste à quatre pieds, Leroux de Lincy, ib. p. 171. On ne congnoist pas les gens aux robbes ne les chiens aux poilz, Leroux de Lincy, ib. Qui veut avoir bon serf ou chien, il faut qu'il lui couste du sien, Leroux de Lincy, ib. t. II, p. 409. Il y va douanant comme un badin, et trotte de côté comme un chien qui vient de vespres [ainsi dit à cause des coups de fouet que les bedeaux distribuaient aux chiens voulant suivre leurs maîtres dans l'église], Moyen de parvenir, n° LXVII, élégie. Je m'apperçus assez tost que son mal procedoit d'ailleurs que de moi, et qu'il ne s'attachoit à moi que pour battre et gourmander le chien devant le lyon, Mém. de VILLEROY, t. I, p. 42, dans LACURNE.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

CHIEN. Ajoutez :
11 Chiens verts, chiens ainsi nommés, parce que les piqueurs étaient habillés de vert ; ils formaient un équipage pour la chasse du daim, qui était payé sur la cassette du roi et que commandaient M. de Dampierre et le valet de chambre Lebel, Luynes, VI, 153.
12 Populairement, chien de commissaire, secrétaire. Une table couverte d'un tapis vert où écrivait le chien du commissaire, un grand diable à tête de pion, à redingote râpée, Daudet, Fromont jeune et Risler aîné, III, 5.
13À la chien, se dit d'une coiffure de femme dans laquelle les cheveux semblent ébouriffés et en désordre sur le front. À force de voyager en wagon avec des filles bizarrement accoutrées, les cheveux sur les yeux à la chien, ou flottants dans le dos à la Geneviève de Brabant, elle finit par leur ressembler, Daudet, Fromont jeune et Risler aîné, III, 2.
14 Fig. et populairement. Avoir du chien, avoir de la verve (dégénérescence de la locution avoir une colère de chien, une peur de chien).
15 Fig. À tuer chiens, locution qui n'est plus usitée et qui désigne des prétextes comme quand on veut tuer son chien. Quand j'ai dû aller en Portugal, j'ai trouvé des objections à tuer chiens, mais que j'ai enfin vaincues pour ce même arrangement si convenable, D'Argenson, Mémoires, 1860, t. II, p. 299.
16Chien de mine, nom donné à un petit chariot à quatre roues qui sert dans les mines.
17Chien de Blenheim, voy. BLENHEIM au Supplément.

Ajoutez : - REM. 1. Mme de Sévigné a dit par une singulière ellipse : On soupe pendant le chien et le loup, Sévigné, Lett. 29 juin 1689. ; c'est-à-dire pendant le temps dit entre chien et loup.

Mme de Sévigné connaissait le proverbe du chien du jardinier : Jamais il n'y eut un véritable chien de jardinier comme lui, Sévigné, Lett. 13 sept. 1677.

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Encyclopédie, 1re édition (1751)

CHIEN, canis, s. m. (Hist. nat. Zoolog.) animal quadrupede, le plus familier de tous les animaux domestiques ; aussi a-t-on donné son nom à un genre d’animaux, genus caninum. On a compris dans ce genre, le loup, le renard, la civette, le blaireau, la loutre, &c. afin de donner une idée des principaux caracteres distinctifs de ces animaux par un objet de comparaison bien connu. Les animaux du genre des chiens different de ceux du genre des chats, en ce qu’ils ont le museau plus allongé ; leurs dents sont en plus grand nombre, & situées différemment ; il y en a quarante, seize molaires, six incisives, entre lesquelles deux canines qui sont allongées ; ces dents ont aussi été appellées canines dans les autres animaux où elles se trouvent comme dans le chien, parce qu’elles sont ordinairement pointues & plus longues que les autres. Les chiens n’ont point de clavicules, ils ont un os dans la verge, &c. M. Linneus donne pour caracteres génériques les mammelles, qui sont au nombre de dix ; quatre sur la poitrine, & six sur le ventre ; & les doigts des piés, il y en a cinq à ceux de devant, & quatre à ceux de derriere. Cet auteur ne met que le loup, le renard & l’hyene avec le chien.

Les chiens sont peut-être de tous les animaux ceux qui ont le plus d’instinct, qui s’attachent le plus à l’homme, & qui se prêtent avec la plus grande docilité à tout ce qu’on exige d’eux. Leur naturel les porte à chasser les animaux sauvages ; & il y a lieu de croire que si on les avoit laissés dans les forêts sans les apprivoiser, leurs mœurs ne seroient guere différentes de celles des loups & des renards, auxquels ils ressemblent beaucoup à l’extérieur, & encore plus à l’intérieur : mais en les élevant dans les maisons & en en faisant des animaux domestiques, on les a mis à portée de montrer toutes leurs bonnes qualités. Celles que nous admirons le plus, parce que notre amour propre en est le plus flatté, c’est la fidélité avec laquelle un chien reste attaché à son maître ; il le suit par-tout ; il le défend de toutes ses forces ; il le cherche opiniatrément s’il l’a perdu de vûe, & il n’abandonne pas ses traces, qu’il ne l’ait retrouvé. On en voit souvent qui restent sur le tombeau de leur maître, & qui ne peuvent pas vivre sans lui. Il y a quantité de faits très-surprenans & très-avérés sur la fidélité des chiens. La personne qui en est l’objet, ne pourroit se défaire de la compagnie de son chien, qu’en le faisant mourir ; il sait la retrouver malgré toutes les précautions qu’elle peut employer ; l’organe de l’odorat que les chiens paroissent avoir plus fin & plus parfait qu’aucun autre animal, les sert merveilleusement dans cette sorte de recherche, & leur fait reconnoître les traces de leur maître dans un chemin, plusieurs jours après qu’il y a passé, de même qu’ils distinguent celles d’un cerf, malgré la légereté & la rapidité de sa course, quelque part qu’il aille, à moins qu’il ne passe dans l’eau, ou qu’il ne saute d’un rocher à l’autre, comme on prétend qu’il arrive à quelques-uns de le faire, pour rompre les chiens. Voyez Cerf.

L’odorat du chien est un don de la nature : mais il a d’autres qualités qui semblent venir de l’éducation, & qui prouvent combien il a d’instinct, même pour des choses qui paroissent être hors de sa portée ; c’est par exemple, de connoître à la façon dont on le regarde, si on est irrité contre lui, & d’obéir au signal d’un simple coup d’œil, &c. Enfin l’instinct des chiens est si sûr qu’on leur confie la conduite & la garde de plusieurs autres animaux. Ils les maîtrisent, comme si cet empire leur étoit dû, & ils les défendent avec une ardeur & un courage qui leur fait affronter les loups les plus terribles. L’homme s’associe les chiens dans la poursuite des bêtes les plus féroces ; & même il les commet à la garde de sa propre personne.

Ces mêmes animaux qui montrent tant de courage, & qui employent tant de ruses lorsqu’ils chassent, sont de la plus grande docilité pour leurs maîtres, & savent faire mille gentillesses, lorsque nous daignons les faire servir à nos amusemens. Tant & de si bonnes qualités ont, pour ainsi dire, rendu les chiens dignes de la compagnie des hommes ; ils vivent des restes de nos tables ; ils partagent avec nous nos logemens ; ils nous accompagnent lorsque nous en sortons ; enfin ils savent plaire au point qu’il y a bien des gens qui en portent avec eux, & qui les font coucher dans le même lit.

Les mâles s’accouplent en tout tems ; les femelles sont en chaleur pendant environ quatorze jours ; elles portent pendant soixante ou soixante & trois jours, & elles rentrent en chaleur deux fois par an. Le mâle & la femelle sont liés & retenus dans l’accouplement par un effet de leur conformation ; ils se séparent d’eux-mêmes après un certain tems ; mais on ne peut pas les séparer de force sans les blesser, sur-tout la femelle ; ils sont féconds jusqu’à l’âge de douze ans ; mais il y en a beaucoup qui deviennent stériles à neuf ans. On ne doit pas leur permettre de s’accoupler avant l’âge d’un an, si on veut en avoir des chiens qui ne dégénerent point ; & ce n’est qu’à quatre ans qu’ils produisent les meilleurs. Les chiennes portent cinq ou six petits à la fois. Il y en a qui en ont jusqu’à douze, & même jusqu’à dix-huit & dix-neuf, &c. Il y a certains petits chiens qui n’en font qu’un à la fois, ou deux & cinq au plus. Les chiens naissent les yeux fermés, & ils ne les ouvrent qu’après neuf jours. La durée de leur vie est pour l’ordinaire d’environ quatorze ans ; cependant on en a vû qui ont vécu jusqu’à vingt-deux ans. On reconnoît l’âge à la couleur des dents & au son de la voix. Les dents jaunissent à mesure que les chiens vieillissent, & leur voix devient rauque. On prétend qu’il y en a eu qui se sont accouplés avec des loups, des renards, des lions, & des castors : ce qu’il y a de certain, c’est que toutes les différentes races de chiens appartiennent à une seule & même espece, & se perpétuent dans leurs différens mélanges. Elles se mêlent ensemble de façon, qu’il en résulte des variétés presque à l’infini. Ces variétés dépendent du hasard pour l’origine, & de la mode pour leur durée. Il y a des chiens qui sont très-recherchés pendant un certain tems ; on les multiplie le plus qu’on peut ; ils deviennent un objet de commerce. Il en vient d’autres qui font négliger les premiers, & ainsi de suite, sur-tout pour les chiens d’amusement ; car pour ceux qui ont des qualités réelles, qui servent à la chasse, ils sont constamment perpétués ; & on a grand soin d’empêcher qu’ils ne se mêlent avec d’autres, & qu’ils ne dégénerent. Voici les principales différences que les gens qui se mêlent d’élever des chiens pour en faire commerce, reconnoissent entre leurs diverses races. Ils en font trois classes ; ils mettent dans la premiere, les chiens à poil ras ; dans la seconde, les chiens à poil long ; & dans la troisieme, ceux qui n’ont point de poil.

Chiens à poil ras. Le dogue d’Angleterre ou le bouledogue, est un chien de la plus grande espece, car il faut se permettre ce mot, quoiqu’impropre, pour se conformer à l’usage ordinaire. Le dogue d’Angleterre a la tête extrèmement grosse, le masque noir, joufflu, & ridé sur les lévres ; il porte bien sa queue sur le dos ; ses os sont gros ; ses muscles bien apparens ; il est le plus hardi & le plus vigoureux de tous les chiens.

Le doguin d’Allemagne est une sorte de bouledogue de la moyenne espece ; il n’est pas de moitié si haut que le dogue : il n’est ni si fort ni si dangereux ; il a le masque plus noir que le dogue, & le nez encore plus camus, le poil blanc ou ventre de biche ; on coupe les oreilles à toutes les especes de dogues ou doguins pour leur rendre la tête plus ronde ; ils ne sont que d’une seule couleur qui varie dans les différens individus ; il s’en trouve de couleur de ventre de biche, de noisette, de soupe de lait, &c. Il y en a quelques-uns qui ont une raie noire ou noirâtre le long du dos.

Le doguin de la petite espece a la même figure que le moyen ; mais il n’est pas plus gros que le poing ; il porte la queue tout-à-fait recoquillée sur le dos ; plus ces sortes de chiens sont petits, camus, joufflus, masqués d’un beau noir velouté, plus ils sont recherchés pour l’amusement.

Le Danois de carrosse, ou le Danois de la plus grande espece, est de la hauteur du dogue d’Angleterre, & lui ressemble en quelque chose, mais il a le museau plus long, & un peu effilé : son poil est ordinairement de couleur de noisette ou ventre de biche ; mais il s’en trouve aussi d’arlequins ou pommelés, & même de tout noirs marqués de feu. Il a le front large & élevé, & porte sa queue à demi recoquillée. Cette espece de chiens est très-belle & très-recherchée. Les plus gros sont les plus estimés. On leur coupe les oreilles ainsi qu’aux doguins, pour leur rendre la tête plus belle. En général on ôte les oreilles à tous les chiens à poil ras, excepté les chiens de chasse.

Le Danois de la petite espece a le nez un peu pointu & effilé, la tête ronde, les yeux gros, les pattes fines & seches, le corps court & bien pris ; il porte bien sa queue. Les petits Danois sont fort amusans, faciles à instruire & à dresser.

L’arlequin est une variété du petit Danois ; mais au lieu que les Danois sont presque d’une seule couleur, les arlequins sont mouchetés, les uns blancs & noirs, les autres blancs & cannelés, les autres d’autre couleur.

Le roquet est une espece de Danois ou d’arlequin, qui a le nez court & retroussé.

L’Artois ou le quatre-vingt a le nez camard & refrogné, de gros yeux, des oreilles longues & pendantes comme le braque : son poil est de toute sorte de couleurs, mais plus souvent brun & blanc. On pourroit dresser cette espece de chiens.

Le grand levrier à poil ras est presque aussi grand que le Danois de carrosse ; il a les os menus, le dos voûté, le ventre creusé, les pattes seches, le museau très-allongé, les oreilles longues & étroites, couchées sur le cou lorsqu’il court, & relevées au moindre bruit. On le dresse pour la chasse : il a très-bon œil, mais il n’a point de sentiment.

Le grand levrier à poil long est un metis provenu d’un grand levrier à poil ras & d’une épagneule de la grande espece. Il a à-peu-près les mêmes qualités que le levrier à poil ras, mais il a un peu plus de sentiment.

Le levrier de la moyenne espece a la même figure & les mêmes qualités que le grand.

Le levrier de la petite espece ne sert que d’amusement. Il est extrèmement rare, & le plus cher de tous les chiens. On ne le recherche que pour sa figure ; car il n’a pas seulement l’instinct de s’attacher à son maître.

Le braque ou chien couchant est ordinairement à fond blanc taché de brun ou de noir ; la tête est presque toujours marquée symmétriquement ; il a l’œil de perdrix, les oreilles plates, larges, longues, & pendantes, & le museau un peu gros & un peu long.

Le limier est plus grand que le braque ; il a la tête plus grosse, les oreilles plus épaisses, & la queue courte.

Le basset est un chien courant ; il est long & bas sur ses pattes ; ses oreilles sont longues, plates, & pendantes.

Chiens à poil long. L’épagneul de la grande espece a le poil lisse & de moyenne longueur, les oreilles longues & garnies de belle soie, de même que la culote & le derriere des pattes ; la tête est marquée symmétriquement, c’est-à-dire que le museau & le milieu du front sont blancs, & le reste de la tête d’une autre couleur.

L’épagneul de la petite espece a le nez plus court que le grand à proportion de la grosseur du corps : les yeux sont gros & à fleur de tête, & la cravate est garnie de soie blanche. C’est de tous les chiens celui qui a la plus belle tête : plus il a les soies des oreilles & de la queue longues & douces, plus il est estimé : il est fidele & caressant. Les épagneuls noirs & blancs sont ordinairement marqués de feu sur les yeux.

L’épagneul noir ou gredin est tout noir, & à-peu-près de même service que l’autre épagneul, mais il est beaucoup moins docile.

On appelle pyrames les gredins qui ont les sourcils marqués de feu. On a observé que les chiens qui ont ces sortes de marques ne valent pas les autres.

Le bichon boussé, ou chien-lion, tient du barbet & de l’épagneul ; il a le nez court, de gros yeux, de grandes foies lisses ; sa queue forme un beau panache, le poitrail est garni de soie comme le derriere des pattes, & les oreilles sont petites.

Le chien-loup, ou chien de Sibérie, est de tous les chiens celui dont la figure est la plus singuliere : il y en a de trois sortes de couleurs, mais uniformes ; ils sont ou tout blancs, ou tout noirs, ou tout gris : leur grosseur est médiocre ; ils ont les yeux assez petits, la tête longue, le museau pointu, les oreilles courtes, pointues, & dressées en cornet ; le poil court sur les oreilles, sur toute la tête, & aux quatre pattes ; le reste du corps est garni d’un poil lisse, doux, soyeux, long d’environ un demi-pié. Ils sont extrèmement doux & caressans.

Le barbet de la grande espece a le poil long, cotonneux, & frisé ; les oreilles charnues, & couvertes d’un poil moins frisé & plus long que celui du reste du corps. Il a la tête ronde, les yeux beaux, le museau court, & le corps trapu. Les barbets sont ordinairement très-aisés à dresser : ils vont à l’eau : on leur coupe le bout de la queue, & on les tond symmétriquement pour les rendre plus beaux & plus propres : ce sont de tous les chiens ceux qui demandent le plus de soin.

Le barbet de la petite espece ressemble au grand, mais on ne le dresse pas ; il ne va pas à l’eau : il est très-attaché à son maître. Les barbets en général sont les plus attachés de tous les chiens : on a des exemples surprenans de leur fidélité & de leur instinct.

Chiens sans poil. Le chien Turc est le seul que nous connoissions qui n’ait point de poil : il ressemble beaucoup au petit Danois ; sa peau est huileuse.

Il y a des chiens qui n’ont le poil ni ras ni long ; ce sont ceux qu’on appelle chiens de forte race : ils sont de moyenne grosseur ; ils ont la tête grosse, les levres larges, le corps un peu allongé, les oreilles courtes & pendantes. Ces chiens, qui sont les plus communs à la campagne, n’ont rien de beau, mais ils sont excellens pour l’usage, pour garder les cours, les maisons, les écuries, & pour défendre du loup les chevaux, les bœufs, &c. on leur met des colliers de fer garnis de pointes pour les défendre du loup.

Enfin on appelle mâtins ou chiens des rues, tous les chiens qui proviennent de deux especes différentes, sans qu’on ait pris soin de les métiser exprès : on ne les recherche pas pour leur beauté ; mais ils sont excellens pour garder, & quelquefois même pour la chasse ; d’autres pour les troupeaux de moutons, selon le mêlange dont ils proviennent. Voyez Quadrupede. (I)

* Chiens, (Œconom. rustiq.) On peut encore distribuer les chiens relativement à leur usage, & l’on aura les chiens de basse-cour, les chiens de chasse, & les chiens de berger.

Chiens de basse-cour. Ce sont ceux qu’on employe à la garde des maisons, sur-tout à la campagne : on leur pratique une loge dans un coin d’une cour d’entrée ; on les y tient enchaînés le jour, la nuit on les lâche. Il faut que ces chiens soient grands, vigoureux, & hardis ; qu’ils ayent le poil noir, & l’abboi effrayant ; & qu’ils soient médiocrement cruels.

Chiens de chasse. On employe à la chasse des bassets, des braques, des chiens couchans, des épagneuls, des chiens courans, des limiers, des barbets, des levriers, &c.

Les bassets viennent de Flandre & d’Artois ; ils chassent le lievre & le lapin, mais sur-tout les animaux qui s’enterrent, comme les blaireaux, les renards, les putois, les foüines, &c. ils sont ordinairement noirs ou roux, & à demi-poil ; ils ont la queue en trompe, les pattes de devant concaves en-dedans : on les appelle aussi chiens de terre. Ils donnent de la voix, & quêtent bien. Ils sont longs de corsage, très-bas, & assez bien coeffés.

Les braques sont de toute taille, bien coupés, vigoureux, legers, hardis, infatigables, & ras de poil : ils ont le nez excellent : ils chassent le lievre sans donner de la voix, & arrêtent fort bien la perdrix, la caille, &c.

Les chiens couchans chassent de haut nez, & arrêtent tout, à moins qu’ils n’ayent été autrement élevés. Ils sont grands, forts, legers : les meilleurs viennent d’Espagne. Ils sont tous sujets à courir après l’oiseau, ce qu’on appelle piquer la sonnette.

Les épagneuls sont plus fournis de poil que les braques, & conviennent mieux dans les pays couverts. Ils donnent de la voix ; ils chassent le lievre & le lapin, & arrêtent aussi quelquefois la plume. Ils sont assez ordinairement foibles. Ils ont le nez excellent, & beaucoup d’ardeur & de courage. On range dans cette classe une espece de chiens qui vient d’Italie & de Piémont, à poil hérissé droit, assez haut, & chassant tout, & qu’on appelle chien grison.

Les barbets sont fort vigoureux, intelligens, hardis, ont le poil frisé, & vont à l’eau.

Les limiers sont hauts, vigoureux, & muets ; ils servent à quêter & à détourner le cerf.

Les dogues servent quelquefois à assaillir les bêtes dangereuses. On met les mâtins dans le vautrait pour le sanglier.

Les levriers sont hauts de jambes, chassent de vîtesse & à l’œil, le lievre, le loup, le sanglier, le renard, &c. mais sur-tout le lievre. On donne le nom de charnaigres à ceux qui vont en bondissant, soit qu’ils soient francs soit qu’ils soient métifs ; de harpés, à ceux qui ont les côtes ovales & peu de ventre ; de gigotés, à ceux qui ont les gigots courts & gros, & les os éloignés ; de nobles, à ceux qui ont la tête petite & longue, l’encolure longue & déliée, le rable large & bien fait ; d’œuvrés, à ceux qui ont le palais noir, &c.

Les chiens courans chassent le cerf, le chevreuil, le lievre, &c. On dit que ceux qui chassent la grande bête sont de race royale ; ceux qui chassent le chevreuil, le loup, le sanglier, sont de race commune ; & que ceux qui chassent le lievre, le renard, le lapin, le sanglier, sont chiens baubis ou bigles.

On a quelque égard au poil pour les chiens : on estime les blancs pour le cerf ; après eux les noirs ; on néglige les gris & les fauves : au reste de quelque poil qu’on les prenne, il faut qu’il soit doux, délié, & touffu.

Quant à la forme, il faut que les chiens courans ayent les naseaux ouverts ; le corps long de la tête à la queue ; la tête legere & nerveuse ; le museau pointu ; l’œil grand, élevé, net, luisant, plein de feu ; l’oreille grande, souple, pendante, & comme digitée ; le cou long, rond, & flexible ; la poitrine large ; les épaules éloignées ; la jambe ronde, droite, & bien formée ; les côtés forts ; le rein large, nerveux, peu charnu ; le ventre avalé ; la cuisse détachée ; le flanc sec & écharné ; la queue forte à son origine, mobile, sans poil à l’extrémité, velue ; le dessous du ventre rude ; la patte seche, & l’ongle gros.

Pour avoir de bons chiens, il faut choisir des lices de bonne race, & les faire couvrir par des chiens beaux, bons, & jeunes. Quand les lices sont pleines, il ne faut plus les mener à la chasse, & leur donner de la soupe au moins une fois le jour. On ne châtrera que celles qui n’ont point encore porté, ou l’on attendra qu’elles ne soient plus en amour, & que les petits commencent à se former. On fera couvrir les lices en Décembre & Janvier, afin que les petits viennent en bonne saison. Quand les lices ne sont pas alors en chaleur, on les y mettra par la compagnie d’une chienne chaude, & on les y laissera trois jours avant que de les faire couvrir. On tient sur la paille dans un endroit chaud ceux qui viennent en hyver ; on nourrit bien la mere : on coupe le bout de la queue aux petits au bout de quinze jours, & le tendon qui est en-dessous de l’oreille, pour qu’elle tombe bien, & au bout d’un mois le filet. On les laisse avec la mere jusqu’à trois mois ; on les sevre alors ; on ne les met au chenil qu’à dix : alors on les rendra dociles ; on les accouplera les uns avec les autres ; on les promenera ; on leur sonnera du cors ; on leur apprendra la langue de la chasse : on ne les menera au cerf qu’à seize ou dix-huit mois, & l’on observera de leur faire distinguer le cerf de la biche, de ne les point instruire dans les toiles, & de ne les point faire courir le matin.

Le jour choisi pour la leçon des jeunes chiens, on place les relais ; on met à la tête de la jeune meute quelques vieux chiens bien instruits, & cette harde se place au dernier relais ; quand le cerf en est là, on découple les vieux pour dresser aux jeunes les voies ; on lâche les jeunes, & les piqueurs armés de foüets les dirigent, foüettant les paresseux, les indociles, les vagabonds : lorsque le cerf est tué, on leur en donne la curée comme aux autres. Les essais se réiterent autant qu’il le faut. Cette éducation a aussi sa difficulté.

Il faut qu’un chenil soit proportionné à la meute, que les chiens y soient bien tenus & bien pansés : il est bon qu’il y ait un ruisseau d’eau vive. Les valets de chiens doivent être logés dans le voisinage. Il y aura une cheminée dans chaque chambrée de chiens ; car ces animaux ont besoin de feu pour les sécher quand ils ont chassé dans des tems froids & humides, & pour les délasser. Il ne faut pas que l’exposition du chenil soit chaude ; la chaleur est dangereuse pour les chiens ; il faut qu’il soit bien airé.

L’éducation du chien couchant consiste à bien quêter, à obéir, à arrêter ferme. On commence à lui faire connoître son gibier : quand il le connoît, on le lui fait chercher ; quand il le sait trouver, on l’empêche de le poursuivre ; quand il a cette docilité, on lui forme tel arrêt qu’on veut ; quand il sait cela, il est élevé, car il a appris la langue de la chasse en faisant ces exercices. La docilité, la sagacité, l’attachement, & les autres qualités de ces animaux, sont surprenantes.

On leur montre encore à rapporter, ce qu’ils exécutent très-facilement ; on les accoûtume à aller en trousse, & on les enhardit à l’eau.

Leurs allures & leurs défauts leur ont fait donner différens noms. On nomme chiens allans, de gros chiens employés à détourner le gibier ; chiens trouvans, ceux d’un odorat singulier, sur-tout pour le renard, dont ils reconnoissent la piste au bout d’un long tems ; chiens batteurs, ceux qui parcourent beaucoup de terrein en peu de tems ; ils sont bons pour le chevreuil ; chiens babillards, ceux qui crient hors la voie ; chiens menteurs, ceux qui celent la voie pour gagner le devant ; chiens vicieux, ceux qui s’écartent en chassant tout ; chiens sages, ceux qui vont juste ; chiens de tête & d’entreprise, ceux qui sont vigoureux & hardis ; chiens corneaux, les métifs d’un chien courant & d’une mâtine, ou d’un mâtin & d’une lice courante ; clabauds, ceux à qui les oreilles passent le nez de beaucoup ; chiens de change, celui qui maintient & garde le change ; d’aigail, qui chassent bien le matin seulement ; étouffé, qui boite d’une cuisse, qui ne se nourrit plus ; épointé, qui a les os des cuisses rompus ; allongé, qui a les doigts du pié distendus par quelque blessure ; armé, qui est couvert pour attaquer le sanglier ; à belle gorge, qui a la voix belle ; butté, qui a des nodus aux jointures des jambes.

Les chiens sont sujets à la galle, au flux de sang, aux vers, à des maux d’oreilles, sur-tout à la rage, &c. Voy. dans les auteurs de chasse la maniere de les traiter.

Chien de berger. Cet animal est quelquefois plus précieux que celui dont il est le gardien. Il faut le choisir hardi, vif, vigoureux, velu ; l’armer d’un collier, & l’attacher à sa personne & aux bestiaux par les carresses & par le pain.

Les Grecs & les Romains dressoient leurs chiens avec soin. Xénophon n’a pas dédaigné d’entrer dans quelque détail sur la connoissance & l’éducation de ces animaux. Les Grecs faisoient cas des chiens Indiens, Locriens, & Spartiates. Les Romains regardoient les Molosses comme les plus hardis ; les Pannoniens, les Bretons, les Gaulois, les Acarnaniens, &c. comme les plus vigoureux ; les Crétois, les Etoliens, les Toscans, &c. comme les plus intelligens ; les Belges, les Sicambres, &c. comme les plus vîtes.

On immoloit le chien à Hécate, à Mars, & à Mercure. Les Egyptiens l’ont révéré jusqu’au tems où il se jetta sur le cadavre d’Apis tué par Cambise. Les Romains en sacrifioient un tous les ans, parce que cet animal n’avoit pas fait son devoir lorsque les Gaulois s’approcherent du capitole. Il est fait mention d’un peuple d’Ethiopie gouverné par un chien, dont on étudioit l’abboiement & les mouvemens dans les affaires importantes. Le chien de Xantipe pere de Périclès, fut un héros de la race : son maître s’étant embarqué sans lui pour Salamine, l’animal se précipita dans les eaux, & suivit le vaisseau à la nage. Le chien est le symbole de la fidélité. L’attachement que quelques-uns ont pour cet animal va jusqu’à la folie. Henri III. aima les chiens mieux que son peuple. Je me souviendrai toûjours, dit M. de Sully, de l’attitude & de l’attirail bisarre où je trouvai ce prince un jour dans son cabinet : il avoit l’épée au côte, une cape sur les épaules, une petite toque sur la tête, un panier plein de petits chiens pendu à son cou par un large ruban ; & il se tenoit si immobile, qu’en nous parlant il ne remua ni tête, ni pié, ni main. Les Mahométans ont dans leurs bonnes villes des hôpitaux pour ces animaux ; & M. de Tournefort assûre qu’on leur laisse des pensions en mourant, & qu’on paye des gens pour exécuter les intentions du testateur. M. Leibnitz (Hist. acad. 1715.) a fait mention d’un chien qui parloit ; & l’histoire de ces animaux fourniroit des anecdotes très honorables pour l’espece.

Chiens. (Jurisprud.) Ceux qui ont des chiens dangereux doivent les tenir à l’attache. L. 51. enim ff. de adilit. edict. l. 1. ff. si quadrup. paup. Le maître est tenu de payer des dommages & intérêts pour la morsure faite par son chien. Arrêt du 18 Juin 1688. Journ. des aud.

Celui qui les anime est tenu du dommage. Leg. item Melaff. ad leg. Aquil.

Celui qui a été mordu d’un chien n’a aucune action contre le maître, si l’on prouve qu’il l’a provoqué. Bouvot, tom. I. verbo bétail, quæst. ij. Voyez l’art. Chasse. (A)

Chien, (Matiere médicale & Pharmacie.) Le petit chien ouvert & appliqué tout chaud sur la tête, est recommandé par d’excellens praticiens dans les douleurs violentes de cette partie, dans celles même qui sont censées dépendre de l’affection des parties intérieures ; savoir du cerveau, & de ses membranes. On l’applique de la même façon sur le côté affecté dans la pleurésie. Ce remede de bonne femme, peut-être trop négligé aujourd’hui, ainsi que la plûpart des applications extérieures, a produit quelquefois de bons effets dans l’un & dans l’autre de ces deux cas.

La graisse de chien passe pour plus atténuante, plus détersive, & plus vulnéraire que la plûpart des autres graisses ; elle est recommandée extérieurement dans les douleurs de la goutte, & dans celles des oreilles ; dans la galle & la gratelle ; dans la dureté d’oreille, &c. Quelques auteurs l’ont recommandée aussi intérieurement dans les ulceres du poûmon.

Les gants de peau de chien passent pour dissiper les contractions des mains, pour adoucir la peau de cette partie, & pour en soulager les demangeaisons. On se sert aussi de bas de peau de chien, dans les mêmes vûes, & dans celles de fortifier les jambes, & d’en prévenir l’enflure, l’engorgement, & les varices, &c. Voyez Varice.

La crotte ou l’excrément de chien, connu plus communément dans les boutiques des Apoticaires, sous le nom de album græcum, album canis, se prépare, selon la Pharmacopée de Paris, de la maniere suivante.

Prenez de la crotte d’un chien nourri d’os, autant que vous voudrez, faites-la secher, & la réduisez en poudre fine sur le porphyre, avec l’eau distillée de bursa pastoralis, & formez-en de petits trochisques.

La prescription de cette eau distillée peut être regardée comme une double inutilité ; car premierement cette eau ne possede aucune vertu particuliere ; elle est exactement dans la classe des eaux distillées parfaitement insipides & inodores. Secondement, l’eau employée à la préparation de l’album canis, doit en être ensuite absolument chassée par la dessication. De bonne eau pure y est par conséquent aussi propre que l’eau distillée la plus riche en parties actives.

Plusieurs auteurs, & entr’autres Etmuller, ont donné beaucoup de propriétés à l’album græcum ; ils l’ont célebré comme étant sudorifique, atténuant, fébrifuge, vulnéraire, émollient, hydragogue, spécifique dans les écroüelles, l’angine, & toutes les maladies du gosier, employé tant extérieurement qu’intérieurement, &c. On ne s’en sert guere parmi nous que dans les angines ; on le mêle dans ce cas à la dose d’un demi-gros ou d’un gros, dans un gargarisme approprié.

L’album græcum n’est proprement qu’une terre animale, & par conséquent absorbante, analogue à l’ivoire préparé, à la corne de cerf philosophiquement préparée, &c. Les humeurs digestives du chien & l’eau employée aux lotions de cet excrément dans sa préparation, ont épuisé les os machés & avalés par le chien, ou en ont dissous la substance lymphatique, à-peu-près de la même façon que l’eau bouillante a épuisé la corne de cerf dans sa préparation philosophique. On ne voit donc pas quel avantage il pourroit avoir au-dessus des autres substances absorbantes de la même classe.

Les petits chiens entrent dans une composition pharmaceutique, très-connue sous le nom d’huile de petits chiens ; en voici la dispensation tirée de la Pharmacopée de Paris.

Prenez trois petits chiens nouvellement nés ; jettez-les tous vivans dans trois livres d’huile d’olive bien chaude, & faites les cuire dans cette huile jusqu’à ce que leurs os paroissent presque dissous. Alors passez cette huile à-travers une toile, en exprimant fortement ; après quoi vous y ajoûterez, pendant qu’elle est encore toute chaude, des sommités d’origan, de serpolet, de poüiilot, de millepertuis, de marjolaine, de chacune deux onces ; mettant le tout dans une cruche bien fermée, que vous exposerez au soleil pendant quinze jours, au bout desquels vous passerez le mêlange, le laisserez reposer pour le clarifier, & garderez l’huile pour l’usage. Cette préparation est recommandée dans toutes les douleurs, les tensions, & les contractions des membres, particulierement dans la sciatique & les rhumatismes. Mais ces vertus lui sont communes avec toutes les huiles grasses, chargées de parties aromatiques.

Les petits chiens ne donnent dans cette composition que leur graisse, qui est de toutes leurs parties la seule qui soit soluble dans l’huile. Ainsi l’huile de petits chiens n’est proprement qu’un mêlange d’huile d’olive & de graisse, chargé par l’insolation de l’huile aromatique des plantes qui entrent dans sa composition.

On doit rapporter aussi aux propriétés médicinales des petits chiens, l’usage qu’on en fait dans les maladies aigues des nourrices, que l’on fait teter dans ces cas par de petits chiens, & principalement dans les fievres malignes qui surviennent à la suite des couches, qui empêchent qu’on ne puisse abandonner à la nature le soin d’évacuer le lait par les couloirs de la matrice. Voyez les maladies des femmes, au mot Femme, Medecine. Dans les pays où les femmes ne sont pas encore instruites de la possibilité de cette évacuation, & de la sûreté de la méthode qui prescrit d’attendre tranquillement que le cours du lait prenne cette direction dans les cas ordinaires, ou après les accouchemens naturels ; ces femmes, dis-je, se font teter par des petits chiens, lorsqu’elles ne se destinent point à être nourrices. (b)

Chien. (Comm.) Les Fourreurs font usage de la peau du chien ; on en met en mégie, & les Gantiers passent pour en apprêter en gras.

Chien de mer, s. m. (Hist. nat. Ichthiolog.) galeus, acanthias, five spinax, Ald. Poisson cartilagineux, dont le corps est allongé & arrondi sur sa longueur ; il n’a point d’écailles ; mais il est couvert d’une peau rude. Le dos du chien de mer est d’une couleur brune cendrée ; le ventre est blanchâtre, & moins rude que le reste du corps. Le bec est plus long que celui de l’émissole, il est arrondi à l’extrémité ; les yeux sont recouverts d’une double membrane ; chacune des narines est partagée par une petite appendice. La bouche est à-peu-près dans le milieu du bec, & en-dessous ; elle est faite en demi-lune, & toûjours ouverte. Les dents sont petites, pointues, rangées en deux files, & recourbées ; il y a une petite ouverture de chaque côté derriere les yeux. Ce poisson a deux nageoires sur le dos ; l’antérieure est un peu plus près de la tête que de la queue, l’autre est à une petite distance de la queue. Ces deux nageoires ont un aiguillon à leur partie antérieure ; celui de la premiere est plus long, plus gros, & plus fort que celui de la seconde. Il y a deux nageoires sur le ventre, auprès des oüies, & deux autres auprès de l’anus. La queue est fourchue, & la branche du dessus est beaucoup plus longue que celle du dessous. Il n’y a point de nageoire entre l’anus & la queue, comme dans les autres poissons de ce genre. On a trouvé des seiches dans l’estomac de celui sur lequel on a fait cette description. Il y avoit aussi, dans la partie inférieure de la matrice, près de l’anus, deux fœtus, un de chaque côté : car la matrice est divisée en deux parties. Ils avoient environ 9 pouces de longueur ; ils étoient bien formés & près du terme ; ils n’avoient point d’enveloppe. Rondelet rapporte qu’il a trouvé dans un de ces poissons, six petits, & plusieurs autres qui n’étoient pas encore sortis des œufs. Ce poisson n’est pas si gros que le renard de mer ; il n’y en a point qui pese jusqu’à vingt livres. On pêche des chiens de mer dans la Méditerranée, & on leur donne le nom d’aiguillat en Provence & en Languedoc. Willughbi, Rondelet Voyez Poisson. (I)

* La peau du chien de mer a le grain fort dur, mais moins rond que celui du chagrin. On en fait usage pour polir les ouvrages au tour, en menuiserie, & autres. On en couvre des boîtes ; les peaux en doivent être grandes, & d’un grain égal & fin. On les employe sans préparation ; on les empêche seulement de se retirer, en les tenant étendues sur des planches, quand elles sont fraîches.

Chien, en terme d’Astronomie, est un nom commun à deux constellations, appellées le grand & le petit chien, canis major & canis minor. Voyez ci-dessous Grand & petit Chien. (O)

Chien, (le grand) est une constellation de l’hémisphere méridional, placée sous les piés d’Orion, un peu vers l’occident. Ptolomée la fait de 18 étoiles ; Tieso de 13 ; le catalogue Britannique de 32. Sirius en est une. Voyez Sirius.

Chien, (le petit) est une constellation de l’hémisphere septentrional, entre l’Hydre & Orion : au milieu de cette constellation est une étoile fort brillante nommée Procyon. Voyez Procyon. (O)

Chiens d’avoine, (Jurisprud.) ou quienne avoine, comme qui diroit avoine des chiens, est une redevance seigneuriale commune en Artois & dans le Boulenois, qui est dûe par les habitans au seigneur du lieu. Elle consiste en une certaine quantité d’avoine dûe annuellement par les habitans, & destinée dans l’origine de son établissement pour la nourriture des chiens du seigneur, auxquels apparemment on faisoit du pain de cette avoine. On trouve dans les registres de la chambre des comptes de Lille, des preuves que depuis 1540, jusqu’en 1629, les comtes d’Artois ont été servis de ces sortes de redevances ; qu’en 1630, le roi d’Espagne, qui étoit encore propriétaire du comté d’Artois, fit pour les besoins de l’état un grand nombre d’aliénations de ces sortes de redevances, & entr’autres, que les religieux de S. Bertin se rendirent adjudicataires, par contrat du 17 Septembre 1630, de quatre parties de ces chiens d’avoine ; une partie de 28 rasieres un picotin d’avoine sur les habitans d’Herbelles ; une autre de 18 rasieres sur les habitans de Coiques ; une troisieme de 4 rasieres un tiers un quart d’avoine sur les habitans de Quindal : enfin une quatrieme partie sur le sieur de Disques en Boisenghen, de neuf rasieres ; & que ce contrat fut fait sous la condition de rachat perpétuel. Il y eut contestation au sujet de la solidité d’une de ces redevances, dûe par les habitans du hameau de Quindal ; les religieux de S. Bertin s’étant adressés au sieur Desquinemus, comme possédant une partie des héritages de ce hameau, pour le payement solidaire de leur redevance, les officiers du bureau des finances de Lille avoient déclaré les religieux de S. Bertin non recevables en leur demande, sauf à eux à se pourvoir contre les détenteurs des fonds qui en étoient chargés. Les religieux de S. Bertin ayant appellé de cette sentence au parlement, par arrêt du premier Mai 1749, cette sentence fut infirmée. Le sieur Desquinemus fut condamné solidairement comme détenteur à payer 29 années d’arrérages de la redevance, échûs au jour de la demande, ceux échûs depuis, & à la continuer à l’avenir ; sauf son recours contre qui il aviseroit, défenses au contraire. On avoit produit contre les religieux de S. Bertin des certificats du Boulenois, par lesquels il paroissoit que les habitans de cette province payent divisément les rentes des chiens d’avoine ; à quoi les religieux répondoient que l’usage d’Artois & celui du Boulenois étoient différens ; qu’apparemment en Boulenois les titres primitifs des chiens d’avoine ne les constituoient pas en solidité. Voyez ci-après Past de chiens, & Quiennes d’avoine.

Chiens, (past de) dans quelques anciennes chartres signifie la charge que les seigneurs imposoient à leurs tenanciers, de nourrir leurs chiens de chasse. Il en est parlé dans des lettres de l’an 1269, qui sont à Saint-Denis, & dans d’autres lettres de Regnaud comte de Sens, de l’an 1164, qui sont à Saint-Germain-des-prés. Quelques monasteres qui étoient chargés de ce devoir, obtinrent des seigneurs leur décharge. Voy. ce qui est dit à ce sujet dans le glossaire de M. de Lauriere, au mot chiens. (A)

Chien, s. m. (Arquebusier.) c’est dans le fusil la partie de la platine qui tient la pierre-à-fusil, laquelle tombant sur la batterie, met le feu à l’amorce du bassinet. Voyez Fusil & Platine.

Dans le mousquet le chien est appellé serpentin. Voyez Serpentin & Mousqueton. (Q)

Chien, partie du métier de l’étoffe de soie. Le chien est un fer plat d’un pouce de large, sur sept pouces d’épaisseur ; il est courbe & aigu ; il mord de ce côté dans la coche de la roue de fer, & il est attaché de l’autre au pié du métier de devant.

Chien, instrument de Tonnelier, c’est le même que les Menuisiers appellent un sergent. Cet outil est composé d’une barre de fer quarrée, qui a un crochet par en-bas, & d’un autre crochet mobile qui monte & descend le long de la barre. On l’appelle chien, parce qu’il serre & mord fortement le bois. Voyez Sergent.

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Étymologie de « chien »

Picard, kien, et, dans le Santerre, tchèn ; rouchi, tien ; wallon, chen ; Berry, chen, chin ; chian, chine, chienne ; Saintonge, chein, et cheune, chienne ; bourguig. chen ; provenç. can ; ital. cane ; du latin canis ; au même radical appartiennent le gaélique cu, le bas-breton kî, le gothique hunts (allemand Hund, anglais hound), le lithuanien szu, le zend çpa, le sanscrit svan.

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Du moyen français chien, de l’ancien français chien, du latin canem (« chien, chienne »), accusatif singulier de canis.
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Phonétique du mot « chien »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
chien ʃjɛ̃

Évolution historique de l’usage du mot « chien »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « chien »

  • C'était un gentilhomme, ses chiens l'aimaient beaucoup. Anonyme, Chanson de geste
  • La lune se soucie-t-elle de l'aboiement d'un chien ? Robert Burton, The Anatomy of Melancholy, II
  • Vous êtes semblable au chien qui crie avant que la pierre ne lui soit tombée dessus. Anonyme, Roman de Renart
  • Qui veut noyer son chien l'accuse de la rage, Et service d'autrui n'est pas un héritage. Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière, Les Femmes savantes, II, 5, Martine
  • Sac à vin ! il de chien et cœur de cerf ! Homère, L'Iliade, I, 225 (traduction P. Mazon)
  • Un chien vivant vaut mieux qu'un lion mort. , Ancien Testament, Ecclésiaste IX, 4
  • Comme le chien revient à son vomissement, le sot retourne à sa folie. , Ancien Testament, Livre des Proverbes XXVI, 11
  • […] J'aurai beau tricher et fermer les yeux de toutes mes forces Il y aura toujours un chien perdu quelque part qui m'empêchera d'être heureuse Jean Anouilh, La Sauvage, III, Thérèse , La Table Ronde
  • Quand il y a une vieille fille dans une maison, les chiens de garde sont inutiles. Honoré de Balzac, Pierrette
  • Ne donnez pas aux chiens ce qui est sacré, ne jetez pas vos perles devant les porcs. , Évangile selon saint Matthieu, VII, 6
  • Sois plutôt la queue d'un lion que la tête d'un chien. , Talmud, I, 10
  • Ainsi en est-il des reliques : tout y est si brouillé et confus, qu'on ne saurait adorer les os d'un martyr qu'on ne soit en danger d'adorer les os de quelque brigand ou larron, ou bien d'un âne, ou d'un chien, ou d'un cheval. Jean Calvin de son vrai nom Cauvin , Traité des reliques
  • Ce qu'il y a de meilleur dans l'homme, c'est le chien. Nicolas Charlet, Légende d'une lithographie
  • La politique du chien crevé. André Tardieu, 
  • Songez-y, un métaphysicien n'a, pour constituer le système du monde, que le cri perfectionné des singes et des chiens. Anatole François Thibault, dit Anatole France, Le Jardin d'Épicure, Calmann-Lévy
  • Jusqu'au chien du logis il s'efforce de plaire. Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière, Les Femmes savantes, I, 3, Henriette
  • Affame ton chien, il te suivra ; engraisse-le, il te mangera. Abu Djafar al-Mansur, Sentence
  • Si l'homme est véritablement le roi de la création, le chien peut, sans être taxé d'exagération, en passer pour le baron, tout au moins. Alphonse Allais, Pas de bile, Flammarion
  • A vieux chasseur, il faut jeune chien, A jeune chasseur, il faut vieux chien. De Proverbe bourguignon , 
  • Si jamais vous traitez un chien comme un humain, il vous traitera comme un chien. De Martha Scott , 
  • Mariée à un coq, on suit le coq, mariée à un chien, on suit le chien. De Proverbe chinois , 
  • Bien qu'entouré d'amis sincères, le lièvre fut mangé par les chiens. Ignacy Krasicki, Fables, les Amis
  • Nous jugeons qu'une vie de chien est approximativement le septième de celle d'un homme. Mais un président ne mérite même pas une vie de chien. Peter Ustinov, Romanoff and Juliet
  • Le chien ne mange pas le chien. De Proverbe latin , 
  • Le chien reste chien, serait-il élevé par les lions. De Proverbe libanais , 
  • Mauvais chien ne crève jamais. De Proverbe grec moderne , 
  • Un chien vaut deux gendarmes. De Anonyme / La Dépêche du Midi - 2 Novembre 1975 , 
  • Chair de loup, sauce de chien. De Proverbe français , 
  • Qui m'aime, aime mon chien. De Henri IV , 
  • Le chien rit avec sa queue. De Paul Neuhuys / On a beau dire , 
  • La solitude, c’est promener son chien. De Aziz Chouaki / Arobase , 
  • Avec ses grands yeux noirs, son pelage soyeux et sa présence réconfortante, il a déjà aidé une trentaine de bénéficiaires. Depuis le 30 mars 2019, Lol, le chien d’assistance judiciaire apporte un soutien émotionnel aux personnes qui se présentent en tant que victimes devant la justice. Hier, c’était l’heure du bilan pour ce dispositif Cave Canem (convention d’accompagnement des victimes et de l’enfance par le chien). ladepeche.fr, Lol, chien d’assistance judiciaire dans le Lot : « C’est un professionnel » - ladepeche.fr
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Images d'illustration du mot « chien »

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Traductions du mot « chien »

Langue Traduction
Anglais dog
Espagnol perro
Italien cane
Allemand hund
Portugais cão
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Synonymes de « chien »

Source : synonymes de chien sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « chien »

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Chien

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