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Chemin
Sommaire
- Définitions de « chemin »
- Étymologie de « chemin »
- Phonétique de « chemin »
- Fréquence d'apparition du mot « chemin » dans le journal Le Monde
- Évolution historique de l’usage du mot « chemin »
- Citations contenant le mot « chemin »
- Images d'illustration du mot « chemin »
- Traductions du mot « chemin »
- Synonymes de « chemin »
- Antonymes de « chemin »
- Combien de points fait le mot chemin au Scrabble ?
Variantes | Singulier | Pluriel |
---|---|---|
Masculin | chemin | chemins |
Définitions de « chemin »
Trésor de la Langue Française informatisé
CHEMIN, subst. masc.
Voie reliant un point de l'espace à un autre :Wiktionnaire
Nom commun - ancien français
chemin \Prononciation ?\ masculin
- Chemin.
Nom commun - français
chemin \ʃə.mɛ̃\, \ʃmɛ̃\ masculin
-
Voie, route pratiquée pour communiquer, pour aller d’un lieu à un autre.
- L’intrépide Tartarin habitait alors, à l’entrée de la ville, la troisième maison à main gauche sur le chemin d’Avignon. — (Alphonse Daudet, Aventures prodigieuses de Tartarin de Tarascon, 1872, chap. 1 : Le Jardin du baobab,)
- Au nombre d’une demi-douzaine, munis de lanternes, ils s’engagèrent sur le chemin de Salins, qu’avaient dû suivre les deux hommes. — (Louis Pergaud, La Disparition mystérieuse, dans Les Rustiques, nouvelles villageoises, 1921)
- Au terme d’un ancien chemin usé jusqu’à l’enrochement […], le hameau des vieux marais dérobe sa dizaine de masures à ras du sol, à l’orée de la Fagne. — (Jean Rogissart, Passantes d’Octobre, Librairie Arthème Fayard, Paris, 1958)
- (En particulier) Zone sur laquelle on circule, et que l’on suit pour garder sa direction, le plus souvent une zone en terre, plus ou moins aplatie, mais aussi n’importe quelle voie ou route avec une chaussée.
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(Par extension) Toute ligne ou voie qu’on parcourt, ou qu’on peut parcourir, pour aller d’un lieu à un autre.
- Sur le chemin du retour, vers notre maison, je musardai pour me donner loisir de la réflexion. — (Jean Rogissart, Hurtebise aux griottes, L’Amitié par le livre, Blainville-sur-Mer, 1954, p. 46)
- Les silhouettes des buissons frangeaient son chemin et il allait, tête levée, respirant large. — (Jean Rogissart, Passantes d’Octobre, Librairie Arthème Fayard, Paris, 1958, page 10)
- Il fit peser les camions aux points de départ, d'arrivée, et en chemin. Cela n'éveilla pas les soupçons : on pèse les camions à des fins fiscales. — (Vladimir Volkoff, Le Berkeley à cinq heures, L’Âge d’Homme, 1993, page 23)
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(Par extension) Tout parcours, tout déplacement suivi par un objet mobile.
- Et vous, mon hôte, faites-moi l’amitié de me montrer le chemin de ma chambre. — (Alexandre Dumas, La Reine Margot, 1845, volume I, chapitre VII)
- La première partie du chemin se fit à la raquette, et les bagages, les vivres et les munitions furent portés à force de bras sur des traîneaux sauvages appelés tabaganes. — (Joseph Marmette, Les Machabées de la Nouvelle-France: histoire d'une famille canadienne, 1641-1768, Québec : Imprimerie de Léger Brousseau, 1878, page 83)
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(Par extension) (Figuré) Parcours suivi par une personne dans un but donné.
- Le chemin de la gloire et de l'honneur est celui que j'ai toujours adopté. — (Frédéric Dard, San Antonio : Tout le plaisir est pour moi, Fleuve Noir, 1959)
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(Par extension) (Figuré) Suite d'événements (externes ou intérieurs) vécus par une personne.
- Pour Pavlov le chemin de la vie fut jonché d’épines, plein d’amertume, de déceptions et de luttes acharnées… — (E. Asratian, I. Pavlov : sa vie et son œuvre, page 4, Éditions en langues étrangères, Moscou, 1953)
- Il arrive que nous prenions sur nous le chemin d'un autre par compassion mal située, pour le sauver de son mal, pour alléger son fardeau, pour qu'il souffre moins. C'est une entreprise vouée à l'échec, [...]. Le chemin de chacun est tout à fait personnel, spécifique. S'il ne vit pas son propre chemin, personne ne pourra le faire à sa place. — (Simone Pacot, L'évangélisation des profondeurs (1997), Points, 2015, p. 130-131)
- (Théorie des graphes) Suite d’arcs contigus orientés dans le même sens.
- (Informatique) Synonyme de chemin d’accès.
Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)
Voie, route pratiquée pour communiquer, pour aller d'un lieu à un autre. Chemin battu, frayé. Chemin uni. Chemin pierreux, raboteux, fangeux. Chemin creux. Chemin de traverse. Chemin vicinal, Celui qui va d'une commune à l'autre et qui est sous la dépendance directe de l'autorité municipale. Chemin rural, Chemin appartenant à la commune et affecté à l'usage du public, mais qui n'a pas été classé comme Chemin vicinal. Chemin de fer, Chemin dont la voie est formée par deux lignes parallèles de barres de métal ou rails, sur lesquelles roulent les trains. La voie, les rails, les stations, la gare d'un chemin de fer. Prendre le chemin de fer. Il se dit aussi de l'Entreprise même d'un chemin de fer. Le directeur, les administrateurs, les employés, les actionnaires d'un chemin de fer. Les employés de chemins de fer. Chemin de halage, Chemin situé sur le bord d'une rivière ou d'un canal et servant au passage des chevaux ou des hommes qui tirent les bateaux. Chemin de douane. Voyez DOUANE. En termes de Fortification, Chemin de ronde, Autrefois Sorte de corridor maçonné construit le long et au-dehors du parapet, au-dessus du fossé. Aujourd'hui, il désigne la Partie du terre-plein située immédiatement le long de la banquette. Chemin couvert, Partie de la contrescarpe entre le parapet et le fossé et où les défenseurs étaient à couvert du feu des assiégeants. Chemin de la croix, Le chemin que JÉSUS-CHRIST parcourut en portant sa croix, de Jérusalem au Calvaire. Il se dit, figurément, d'une Suite de quatorze bas-reliefs ou tableaux placés dans une église ou dans un lieu de pèlerinage et représentant les diverses scènes de la Passion. Faire le chemin de la croix, S'arrêter et prier devant chacun des tableaux ou bas-reliefs indiquant les diverses stations du chemin de la croix. On dit plus souvent dans ce sens Un chemin de croix. Faire son chemin de croix. Il se dit, par extension, de Toute ligne ou voie qu'on parcourt, ou qu'on peut parcourir, pour aller d'un lieu à un autre. La ligne droite est le plus court chemin d'un point à un autre. Il a fait plusieurs fois le chemin d'ici à Lyon. Demander, perdre, retrouver son chemin. Il a repris le chemin de son village. Nous fîmes le chemin à pied, à cheval, en voiture. Vous ne prenez pas le bon chemin. Il se détourna de son chemin. Prendre le chemin le plus long. Je l'ai rencontré en chemin. Passer son chemin. À mi-chemin. À moitié chemin. Poursuivez votre chemin. Faire beaucoup de chemin. Il y a bien du chemin d'ici là. Deux heures de chemin. Rebrousser chemin. Rester en chemin. Nous l'avons rencontré chemin faisant, en chemin. Le chemin est plus long par eau que par terre. Par extension, Chemin d'escalier, Bande de tapis posée sur les marches d'un escalier. Chemin de table, Bande d'étoffe ou de broderie disposée sur la table pour y recevoir le service de dessert. Figurément, il signifie Moyen, conduite qui mène à quelque fin. Il veut faire fortune, mais il n'en prend pas le chemin. Il aspire aux dignités, mais on n'y arrive pas par ce chemin. La guérison de ce malade est en très bon chemin. Mettre une affaire en bon chemin. Ce jeune homme n'est pas dans le bon chemin. Le chemin de la vertu, de la perfection. Il a su trouver le chemin de son cur, Il a su toucher cette personne, il a su s'en faire aimer. Fig., Chemin de velours, Chemin sur une pelouse. Il se dit familièrement, dans une acception plus figurée, d'une Voie facile, agréable pour parvenir à quelque chose. Il est arrivé à la fortune par un chemin de velours. Fam., Vieux comme les chemins, Fort vieux. Prov. et fig., À chemin battu il ne croît point d'herbe, Il n'y a point de profit à faire dans un négoce dont trop de gens se mêlent. Fig., Suivre le chemin battu, S'attacher aux usages établis. Il n'y a rien de si sûr que de suivre le chemin battu. Prov., Tous chemins vont à Rome, ou Tout chemin mène à Rome, Divers chemins mènent au même endroit; et, figurément, Divers moyens conduisent à la même fin. Fig. et fam., Il ne faut pas y aller par quatre chemins, Il faut s'expliquer franchement, il ne faut pas chercher tant de détours. Il n'y va pas par quatre chemins, Il tranche hardiment la question. Fig. et fam., Je le mènerai par un chemin où il n'y aura pas de pierres, Je le poursuivrai vivement, je ne lui ferai point de quartier. On dit aussi, dans le même sens, Je lui ferai voir bien du chemin. Prov. et fig., Trouver une pierre en son chemin, des pierres dans son chemin. Voyez PIERRE. Fig., Prendre le chemin de l'école, le chemin des écoliers, Prendre le chemin le plus long. Fig., Montrer le chemin aux autres, Faire quelque chose que les autres font ensuite; ou Faire quelque chose à dessein que d'autres le fassent. Fig., S'arrêter en beau chemin, à mi-chemin, Abandonner une entreprise dont la réussite paraissait assurée. Ne vous arrêtez pas, il est dommage de s'arrêter en si beau chemin. Fig. et fam., Faire son chemin, Parvenir, obtenir de l'avancement, s'enrichir, etc. Il a su faire son chemin. Il a bien fait son chemin. On dit de même Il a bien fait du chemin en peu de temps. Fig. et fam., Aller le droit chemin, Procéder avec sincérité, avec loyauté, sans nul artifice. Dans un sens opposé, Prendre des chemins de traverse, Agir d'une façon dissimulée, prendre des moyens détournés. Fig. et fam., Aller son grand chemin, N'entendre point de finesse à ce qu'on fait, à ce qu'on dit. Aller son chemin, aller toujours son chemin. Aller son petit bonhomme de chemin, Ne pas se détourner de la conduite qu'on a commencé à tenir. Quelque chose qu'on lui dise, il va toujours son chemin. Fig. et par menace, Il me trouvera en son chemin, ou Qu'il ne se trouve pas dans mon chemin, sur mon chemin, Je le traverserai dans ses desseins.
Littré (1872-1877)
-
1Toute voie qu'on peut parcourir pour aller d'un lieu à un autre. Se détourner de son chemin. Un chemin facile. Enseigner, montrer à quelqu'un son chemin.
Hamilton se trouvant sur son chemin… il le prit dans son carrosse
, Hamilton, Gramm. 9.Quelque chemin qu'il tienne, il trouve des combats
, Malherbe, V, 2.Le reste m'a suivi par un autre chemin
, Racine, Baj. V, 8.Prends ton chemin vers Suse
, Racine, Esth. I, 1.Les rois d'Assyrie apprirent le chemin de la terre sainte
, Bossuet, Hist. I, 7.Et si l'envoyé moscovite à Vienne n'avait adroitement fait évader ces malheureux par divers chemins, ils étaient tous livrés à leurs ennemis
, Voltaire, Charles XII, 3.Le bon chemin, le chemin qui conduit où l'on veut aller ; le mauvais chemin, celui qui n'y conduit pas ; et figurément, bonne conduite, mauvaise conduite.
Qu'il est aimable ! qu'il prend un bon chemin !
Sévigné, 555.Elle crut en avoir assez fait pour le mettre dans le bon chemin
, Hamilton, Gramm. 4.Elle se peut vanter d'être dans le bon chemin de la convalescence
, Sévigné, 318.Par voie et par chemin, par tous les chemins qui s'offrent. Courir par voie et par chemin, aller de tous les côtés, beaucoup courir.
L'ambitieux, ou, si l'on veut, l'avare, S'en va par voie et par chemin
, La Fontaine, Fab. VII, 12.Le chemin du paradis, un chemin étroit, un défilé où l'on ne va qu'un à un.
Sur les chemins, en route, en voyage.
Sur les chemins que t'est-il arrivé ?
Molière, Amph. II, 1.Être en chemin, aller vers ; se mettre en chemin, partir, se rendre à sa destination.
Sans oser répliquer, en chemin se remirent
, La Fontaine, Fab. IV, 12.Le roi est en chemin avec toute son armée
, Sévigné, 140.Elle ne peut pas se mettre en chemin
, Sévigné, 13.Cette nuit en longueur me semble sans pareille ; Il faut, depuis le temps que je suis en chemin…
, Molière, Amph. I, 2.Louise, une fleur à la main, Avec Lisbeth sa douce amie, Un jour s'était mise en chemin
, Millevoye, La fleur du souvenir.Passer son chemin, continuer son chemin.
Passez votre chemin, la fille, et m'en croyez
, La Fontaine, Fab. III, 1.Cet homme est toujours par chemin, se dit d'un homme qui est toujours hors de chez lui.
Tenir le chemin de, aller vers.
Gentilshommes, cavaliers, fantassins qui tous tenaient le chemin de la cour
, Anquetil, Ligue, I, 246.Figurément, il tient le chemin de la ruine.
Absolument. Il ne tient point de chemin, il va à travers champs.
Prendre le chemin de, se diriger vers. L'armée prit le chemin de l'Italie.
Voilà le beau monde qui prend le chemin de nous venir voir
, Molière, Préc. ridic. 12.Figurément. Prendre le chemin de, tendre à, être sur la voie de.
Ne vous souvient-il pas d'un certain mois de septembre que vous trouviez qui ne prenait point le chemin de faire jamais place au mois d'octobre ?
Sévigné, 63.Si ma tante prenait le chemin de languir, je partirais
, Sévigné, 137.Votre santé prend le chemin de se rétablir
, Sévigné, 333.Il prend le chemin d'aller bien loin
, Sévigné, 548.M. de Luxembourg prend le chemin de garder sa Flandre
, Sévigné, 219.Nous ne prenons guère le chemin de nous rendre sages
, Molière, Impr. 3.Ouvrir le chemin d'un pays, en procurer l'accès.
Ouvrez-moi seulement les chemins d'Arménie
, Corneille, Nic. V, 6.Fig.
Le chemin est encore ouvert au repentir
, Racine, Baj. II, 1.Ce qui ouvre le chemin à toute illusion
, Bossuet, Or. 10.Ce qui ouvrait le chemin à l'impénitence
, Bossuet, Var. 1.Couper le chemin, intercepter le passage.
Il fait signe aux siens de couper le chemin à Adraste
, Fénelon, Tél. XX.Fig.
À tous nos démêlés coupons chemin de grâce
, Molière, Mis. II, 1.Pour couper tout chemin à nous rapatrier
, Molière, le Dép. IV, 4.Croiser le chemin, venir dans un chemin par une traverse ; et figurément, faire obstacle, déranger.
N'admirez-vous pas la bizarre disposition des choses et de quelle manière elles viennent croiser notre chemin ?
Sévigné, dans le Dict. de DOCHEZ.Familièrement. N'y pas aller par quatre chemins, s'expliquer sans détours et sans ménagements.
Trouver une pierre ou des pierres en son chemin, rencontrer des obstacles à ses desseins.
Dans un sens analogue : Il est bien barbare de trouver ce devoir sur mon chemin, lorsque je suis prête à vous aller voir
, Sévigné, 133.Fig. et ironiquement. Mener quelqu'un par un chemin où il n'y a pas de pierres, le mener rondement, le traiter durement.
Fig. Il me trouvera en son chemin, ou je le trouverai en mon chemin, je trouverai occasion de le contre-carrer.
Il ne faisait pas bon se trouver sur son chemin
, Hamilton, Gramm. 8.Fig. Je lui ferai voir bien du chemin, c'est-à-dire il n'en est pas avec moi où il en croit être, je lui opposerai des difficultés auxquelles il ne s'attend pas.
Fig. Prendre le chemin de l'école ou des écoliers, le chemin ou le moyen le plus long.
Montrer le chemin aux autres, leur donner l'exemple.
Il est ravi de montrer le chemin aux autres
, Sévigné, 524.S'arrêter en beau chemin, à mi-chemin, s'arrêter en voie de succès.
De là, ils vont plus avant, et ne le laissent pas en si beau chemin
, Guez de Balzac, 7me disc. s. la cour.Ils ne demeurèrent pas en si beau chemin
, Bossuet, Var. 3.Ne vous arrêtez pas en si beau chemin
, Bossuet, Bén. 2.Il faut ne pas porter en soi-même une conscience et des scrupules qui vous arrêtent à moitié chemin
, Staël, Allemagne, I, ch. 2. Mœurs.L'affaire est en bon chemin.
Aller le droit chemin, procéder avec droiture et franchise.
Aller toujours son chemin, continuer, poursuivre son affaire, sans se laisser arrêter ni influencer.
J'irai toujours mon chemin
, Sévigné, 549.Il n'en faut pas moins aller son chemin en foi
, Bossuet, Lett. abb. 196.Familièrement. Aller son petit bonhomme de chemin, mener ses affaires adroitement et sans éclat.
Chemin de carrière, le puits par lequel on descend dans une carrière, ou l'ouverture que l'on fait dans une montagne pour en tirer de la pierre ou du marbre.
Terme de manége. Entamer le chemin, commencer à galoper. Manger le chemin, avancer trop rapidement.
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2En particulier, route construite pour aller d'un lieu à un autre. Chemin battu, frayé. Les chemins sont affreux dans ce pays.
Il suivait tout pensif le chemin de Mycènes
, Racine, Phèd. V, 6.Je vous écrirai des chemins [en route]
, Sévigné, 288.Je vous écrirai par les chemins
, Sévigné, 215.Je fuyais avec lui le fer des assassins Qui de Rome sanglante inondaient les chemins
, Voltaire, Triumv. II, 4.Grand chemin, grande voie de communication.
Pour assassiner le monde et pour voler sur les grands chemins
, Pascal, Récit.Fig. Suivre le grand chemin, le chemin battu, s'en tenir aux moyens connus, aux usages établis.
En quelque lieu qu'il aille, il ne peut jamais aller par le grand chemin
, Guez de Balzac, le Barbon.Je vais le grand chemin que mon oncle m'apprit
, Régnier, Sat. IX.Je me trouve fort bien d'aller mon grand chemin
, Sévigné, 223.Nos pères qui vivaient dans un siècle peu fin, Ne voulaient qu'amour et simplesse, Et sur le fait de la tendresse Allaient toujours leur grand chemin
, Lafare, Ballade.Aller son grand chemin, en parlant d'une chose qui s'accomplit sans peine.
… tels traités allaient leur grand chemin
, La Fontaine, Troq.Aller son grand chemin, n'entendre point de finesse à ce qu'on fait, à ce qu'on dit.
Familièrement. Le grand chemin des vaches, le chemin des vaches, les chemins où l'on va par terre ; et figurément, l'usage commun et ordinaire.
Familièrement. Vieux comme les chemins, fort vieux, très connu.
Tout décrépit que vous êtes, on ne dira pas que vous êtes vieux comme un chemin
, La Fontaine, Lett. Choiseul, 16 mars 1768.Puis il faut vous dire que je suis découragé, affligé, malade, vieux comme un chemin
, Voltaire, Lett. d'Argental, 26 sept. 1773.Chemin de traverse, chemin qui coupe à travers la campagne et s'écarte du grand chemin.
Chemin vicinal, chemin qui sert aux communications de voisinage.
Chemin de déblai ou d'exploitation rurale, chemin qui fait communiquer la ferme aux pièces d'un domaine.
Chemin ferré, chemin formé d'un mélange de cailloux ou d'éclats de pierre et de sable graveleux, et bordé de grosses pierres.
Chemin de fer, voie formée de deux rails ou bandes de fer parallèles, sur lesquelles roulent des wagons.
Chemin de halage, chemin sur le bord d'un cours d'eau, pour le passage des chevaux qui halent les bateaux.
Chemin de ronde ou des rondes, chemin entre le rempart et la muraille d'une place forte.
Chemin couvert, chemin qui règne sur le bord extérieur des fossés d'une place et où l'on est à couvert du feu des assiégeants.
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3L'espace à parcourir, la distance parcourue. Vous allongez votre chemin. Cette flèche a parcouru beaucoup de chemin.
Je ne crois pas qu'elle soit encore à moitié chemin de son petit château
, Hamilton, Gramm. 9.Moi qui suis éloigné de tant de chemin du lieu où je me souhaite
, Voiture, Lett. 33.Faire du chemin, marcher. Nous fîmes beaucoup de chemin dans la forêt, avant de nous retrouver.
Faire du chemin, gagner du terrain, avancer, au propre et au figuré. Pendant notre conversation la voiture, le bateau avait fait du chemin.
Ses charmes faisaient leur chemin dans le cœur du roi
, Hamilton, Gramm. 6.On fait souvent plus de chemin qu'on ne veut, quand on se permet des agaceries
, Hamilton, Gramm. 8.L'esprit fait assez de chemin
, Sévigné, 449.Elle vous aime par avance, vous trouverez bien du chemin de fait
, Sévigné, 307.Mme de Beauvais avait assuré que je faisais chemin dans son esprit [de la reine]
, Retz, III, 379.Je croyais avoir fait un peu de chemin dans son cœur [d'Atala]
, Chateaubriand, Atala, 245.En chemin faisant, ou, simplement, chemin faisant, pendant le trajet. Nous devisions chemin faisant. Et fig. Par la même occasion.
Je vais y laisser cette lettre en chemin faisant,
Sévigné, 218.En chemin, pendant qu'on chemine ; et fig. Pendant ce temps-là.
Jouis. - Je le ferai. - Mais quand donc ? - Dès demain. - Hé ! mon ami, la mort te peut prendre en chemin
, La Fontaine, Fabl. VIII, 27.En chemin de, en voie de. Il est fort riche et en chemin de le devenir bien davantage.
Faire la moitié du chemin, faire des avances.
Assurez-vous que votre frère fera la moitié du chemin
, Massillon, Car. Pardon.Tromper le chemin, se désennuyer par quelque chose, tout en cheminant.
Eux discourant, pour tromper le chemin, De chose et d'autre, ils tombèrent enfin Sur ce qu'on dit de la vertu secrète De certains mots…
, La Fontaine, Orais.Faire son chemin, parvenir aux emplois, à la fortune ; locution des gens de cour, d'après de Caillières, 1690. Cet homme-là fera son chemin.
Le cœur me dit que votre bonne fortune a encore beaucoup de chemin et beaucoup de choses à faire
, Voiture, Lett. 119.Il a cru mieux faire son chemin par la voie de la magistrature
, Massillon, Car. Vocation.Je ne désespère pas de lui voir faire un chemin digne de son mérite
, Rousseau, Hél. II, 9.Familièrement. Ce chemin va à la ville, on va à la ville par ce chemin. Un chemin qui irait au pont serait très commode.
Terme de marine. Espace parcouru par le navire, et, quelquefois, vitesse de navire. Ce bâtiment fait beaucoup de chemin. Nous avons fait six lieues chemin nord, c'est-à-dire du côté du nord.
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4 Fig. Voie, moyen.
Et prennent à l'empire un chemin éclatant
, Corneille, Héracl. IV, 1.Vous vous mettez fort mal au chemin de régner
, Corneille, Nic. III, 1.Mais puisque pour ôter l'Espagne à nos tyrans, Nous prenons, vous et moi, des chemins différents
, Corneille, Sertor. II, 2.Et trouver à l'empire un chemin glorieux
, Corneille, Hér. II, 7.Et vous m'avez au crime enseigné le chemin
, Corneille, Cinna, V, 2.Et vois quel est ce digne effort Qui peut mettre ta conscience Au chemin d'une bonne mort
, Corneille, Imit. I, 23.Et le plus sûr chemin pour aller vers les cieux, C'est d'affermir nos pas sur le mépris du monde
, Corneille, ib. I, 1.Éloigna de son fils tous ceux de qui le zèle Pouvait du trône encor lui rouvrir le chemin
, Racine, Britan. IV, 2.Par un chemin plus doux Vous lui pourrez plus tôt ramener un époux
, Racine, ib. III, 3.Aricie a trouvé le chemin de son cœur
, Racine, Phèd. IV, 6.[Qui] Sait si bien découvrir les chemins de mon cœur
, Racine, Bér. IV, 4.Childéric, le plus méprisable de tous les princes, lui en ouvrit le chemin [du trône]
, Bossuet, Hist. I, 11.Croyez-vous que son esprit ait retrouvé le chemin de me plaire ?
Sévigné, 44.Il voulait s'ouvrir le chemin à la royauté
, Fénelon, Tél. XII.Cette heureuse hardiesse leur avait ouvert le chemin aux grandes choses
, Pascal, Préf. Vide.Il ne s'écartera pas du chemin que tant d'illustres personnages lui ont frayé
, Patru, Plaidoyer 4, dans RICHELET.La foi est le chemin à l'intelligence
, Bossuet, Serm. quinq. 1. -
5Chemin de velours, chemin sur une pelouse ; et figurément, voie facile, agréable, pour parvenir à quelque chose.
Au paradis allant au petit pas, On y parvient, quoi qu'Arnaud nous en die ; La volupté, sans cause il l'a bannie ; Veut-on monter sur les célestes tours ? Chemin pierreux est grande rêverie ; Escobar sait un chemin de velours
, La Fontaine, Ballade sur Escobar.Tapis long et étroit que l'on étend sur les parquets d'un appartement ou dans les vestibules d'une porte à l'autre.
- 6 Terme de dévotion. Chemin de la croix, suite de tableaux représentant les divers actes de la passion. Sorte de petite procession avec prières. Livre contenant ces prières. Pratique de dévotion individuelle.
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7Le chemin de Saint-Jacques, la voie lactée.
Terme d'hippiatrique. Un cheval montre le chemin de Saint-Jacques quand, étant au repos, l'un des membres antérieurs est très en avant de la ligne d'aplomb, de façon que l'appui se fait sur la pince, et que le talon ne repose pas sur le sol ; attitude qui indique de la souffrance dans les parties postérieures des membres.
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8Voûte sous laquelle le verrier met le bois pour chauffer le four.
Voie ou jeu d'une scie.
Trace d'un diamant sur la meule.
Terme de tonnelier. Solives de sapin dont on se sert pour conduire d'un bateau les tonneaux de vin à terre.
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9 Terme de construction. Disposition de règles sur un plafond ou sur un mur, pour traîner les moulures
Espèce de filet de plâtre dressé à la règle pour conduire le calibre.
PROVERBES
Bonne terre, méchant chemin, c'est-à-dire les bonnes terres qui sont grasses retiennent l'eau.
En tout pays il y a une lieue de méchant chemin, c'est-à-dire il n'y a point d'affaires où l'on ne trouve des difficultés.
À chemin battu il ne croît point d'herbe, c'est-à-dire il n'y a pas grand profit à faire dans un trafic connu de tout le monde.
Tous chemins vont, tout chemin mène à Rome, on peut de diverses manières arriver au même but. Ils s'y prirent tous trois par des routes diverses : Tous chemins vont à Rome ; ainsi nos concurrents Crurent pouvoir choisir des sentiers différents
, La Fontaine, Fabl. XII, 27.
Bien dépenser et peu gagner, c'est le chemin de l'hôpital.
HISTORIQUE
XIe s. Tant chevaucherent es veies e chemins
, Ch. de Rol. XX. Veer [voir] povez les granz chemins puldrus
, ib. CLXXIV.
XIIe s. Droit vers Espaigne [il] a son chemin tenu
, Ronc. p. 88. Et nous repairerons notre chemin antif
, Sax. XXIV. Mais ne voleient pas le dreit chemin errer
, Th. le mart. 49. Si s'en leverent tuit ki Adonias i out mandez ; e chascuns tinct sun chemin
, Rois, 226.
XIIIe s. Celui qui cele part la mist ens au chemin
, Berte, LV. Droit à la mie nuit, au chemin nous metons [mettons-nous]
, ib. LXXVII. À tant fet et à tant erre, Qu'il entre en un chemin ferré
, Ren. 764. Quant on tailla les quemins
, Beaumanoir, XXV, 2. Que on gart se che doit estre sentiers ou quariere ou voie ou quemins plus grans apelés quemins royal
, Beaumanoir, XXV, 3. Tant a alé dans Pieres par les chemins ferrés, Que il vint à Paris, qui est riches cités
, Ch. d'Ant. I, 701. Et le roy si fist moult volentiers, et puis si se mist au chemin
, Joinville, 228. Vint le roy à [avec] toute sa bataille sur un chemin levé
, Joinville, 226.
XIVe s. Nulz n'est en bon chemin, que l'on bien ne desvoie
, Girart de Ross. V. 788.
XVe s. Partez-vous-en et allez vostre chemin chacun en son pays
, Froissart, II, III, 8. Tant subtila, visa et imagina [Mahieu] qu'il trouva le chemin
, Froissart, II, II, 52. Et disent les Londriens que vous allez le droit chemin pour perdre votre lignage et le royaume d'Angleterre
, Froissart, III, IV, 63. Disant : oyseaulx, je vous voy en chemin De tout plaisir et joye desirée
, Orléans, Bal. 67. Il fallut que il s'en retirast le droit chemin vers Bretaigne
, Commines, I, 15. Tant y a de mauvais chemins
, Commines, II, 11.
XVIe s. Durant le chemin, faictes…
, Montaigne, I, 71. Les chemins y cheminent comme animaulx, et [je] vis que les voyaigiers demandoyent, où va ce chemin ?
Rabelais, Pant. V, 26. Je y recogneu pareillement le vieulx quemin de Peronne à Saint-Quentin
, Rabelais, ib. Pour la manutention de l'exercice de la religion catholique, nous sommes resolus d'espendre notre sang, à l'exemple du chef d'icelle, nostre seigneur Jesus-Christ, qui nous en a fait le chemin le premier
, D'Aubigné, Hist. II, 227. Le roy commençoit à se mettre à leur queue, non de si près qu'il peut rompre les chemins aux soldats ou empescher la facilité des estappes…
, Du Bellay, M. 508. … Que si Pyrrhus se faschoit de vivre, il avoit assez de chemins ouverts pour aller à la mort
, Amyot, Pyrrh. 71. Il faict bon aller son grand chemin et non tergiverser
, Brantôme, Pescayre. Combien avons-nous veu depuis force huguenots s'estre convertis et faits bons catholiques ! Les chemins en rompent
, Brantôme, Capit. fr. t. III, p. 172, dans LACURNE. Les chemins allans de bonnes villes à autres doivent avoir soixante pieds, et les chemins des viscomties estant es villages et allans de l'un à l'autre doivent avoir trente pieds
, Coustum. génér. t. II, p. 876. Avec le florin, la langue et le latin, Par tout l'univers l'on trouve le chemin
, Leroux de Lincy, Prov. t. II, p. 244.
Encyclopédie, 1re édition (1751)
* CHEMIN, ROUTE, VOIE, (Gram. Synon.) termes relatifs à l’action de voyager. Voie se dit de la maniere dont on voyage : aller par la voie d’eau ou par la voie de terre. Route, de tous les lieux par lesquels il faut passer pour arriver d’un endroit dans un autre dont on est fort éloigné. On va de Paris à Lyon ou par la route de Bourgogne, ou par la route de Nivernois. Chemin, de l’espace même de terre sur lequel on marche pour faire sa route : les chemins sont gâtés par les pluies. Si vous allez en Champagne par la voie de terre, votre route ne sera pas longue, & vous aurez un beau chemin. Chemin & voie s’employent encore au figuré : on dit faire son chemin dans le monde, & suivre des voies obliques, & verser sur la route : on dit le chemin & la voie du Ciel, & non la route, peut-être parce que l’idée de battu & de fréquenté sont du nombre de celles que route offre à l’esprit. Route & chemin se prennent encore d’une maniere abstraite, & sans aucun rapport qu’à l’idée de voyage : Il est en route, il est en chemin ; deux façons de parler qui désignent la même action, rapportée dans l’une à la distance des lieux par lesquels il faut passer, & dans l’autre au terrein même sur lequel il faut marcher.
Il est à présumer qu’il y eut des grands chemins, aussi-tôt que les hommes furent rassemblés en assez grand nombre sur la surface de la terre, pour se distribuer en différentes sociétés séparées par des distances. Il y eut aussi vraissemblablement quelques regles de police sur leur entretien, dès ces premiers tems ; mais il ne nous en reste aucun vestige. Cet objet ne commence à nous paroître traité comme étant de quelque conséquence, que pendant les beaux jours de la Grece ; le Senat d’Athenes y veilloit ; Lacédémone, Thebes & d’autres états en avoient confié le soin aux hommes les plus importans ; ils étoient aidés dans cette inspection par des officiers subalternes. Il ne paroît cependant pas que cette ostentation de police eût produit de grands effets en Grece. S’il est vrai que les routes ne fussent pas même alors pavées, de bonnes pierres bien dures & bien assises auroient mieux valu que tous les dieux tutélaires qu’on y plaçoit ; ou plûtôt ce sont-là vraiment les dieux tutélaires des grands chemins. Il étoit réservé à un peuple commerçant de sentir l’avantage de la facilité des voyages & des transports ; aussi attribue-t-on le paver des premieres voies aux Carthaginois. Les Romains ne négligerent pas cet exemple ; & cette partie de leurs travaux n’est pas une des moins glorieuses pour ce peuple, & ne sera pas une des moins durables. Le premier chemin qu’ils ayent construit, passe pour le plus beau qu’ils ayent eu. C’est la voie appienne, ainsi appellée d’Appius Claudius. Deux chariots pouvoient aisément y passer de front ; la pierre apportée de carrieres fort éloignées, fut débitée en pavés de trois, quatre & cinq piés de surface. Ces pavés furent assemblés aussi exactement que les pierres qui forment les murs de nos maisons : le chemin alloit de Rome à Capoue ; le pays au-delà n’appartenoit pas encore aux Romains. La voie aurélienne est la plus ancienne après celle d’Appius ; Caius Aurelius Cotta la fit construire l’an 512 de Rome : elle commençoit à la porte Aurélienne, & s’étendoit le long de la mer Tyrrhene jusqu’au forum aurelii. La voie flaminienne est la 3e dont il soit fait mention : on croit qu’elle fut commencée par C. Flaminius tué dans la seconde guerre Punique, & continuée par son fils : elle conduisoit jusqu’à Rimini. Le peuple & le senat prit tant de goût pour ces travaux, que sous Jules César les principales villes de l’Italie communiquoient toutes avec la capitale par des chemins pavés. Ces routes commencerent même dès-lors à s’étendre dans les provinces conquises. Pendant la derniere guerre d’Afrique, on construisit un chemin de cailloux taillés en quarré, de l’Espagne, dans la Gaule, jusqu’aux Alpes. Domitius Œnobarbus pava la voie Domitia qui conduisoit dans la Savoie, le Dauphine & la Provence. Les Romains firent en A’lemagne une autre voie Domitienne, moins ancienne que la précédente. Auguste maître de l’empire, regarda les ouvrages des grands chemins d’un œil plus attentif qu’il ne l’avoit fait pendant son consulat. Il fit percer des grands chemins dans les Alpes ; son dessein étoit de les continuer jusqu’aux extrémités orientales & occidentales de l’Europe. Il en ordonna une infinité d’autres dans l’Espagne ; il fit élargir & continuer celui de Medina jusqu’à Gades. Dans le même tems & par les mêmes montagnes, on ouvrit deux chemins vers Lyon, l’un traversa la Tarentaise, & l’autre fut pratiqué dans l’Appennin. Agrippa séconda bien Auguste dans cette partie de l’administration. Ce fut à Lyon qu’il commença la distribution des grands chemins dans toute la Gaule. Il y en eut quatre particulierement remarquables par leur longueur & la difficulté des lieux ; l’un traversoit les montagnes de l’Auvergne & pénétroit jusqu’au fond de l’Aquitaine ; un autre fut poussé jusqu’au Rhin & à l’embouchure de la Meuse, suivit pour ainsi dire le fleuve, & finit à la mer d’Allemagne ; un troisieme conduit à travers la Bourgogne, la Champagne & la Picardie, s’arrêtoit à Boulogne-sur-mer ; un quatrieme s’étendoit le long du Rhône, entroit dans le bas Languedoc, & finissoit à Marseille sur la Méditerranée. De ces chemins principaux, il en partoit une infinité d’autres qui se rendoient aux différentes villes dispersées sur leur voisinage ; & de ces villes à d’autres villes, entre lesquelles on distingue Treves, d’où les chemins se distribuerent fort au loin dans plusieurs provinces. L’un de ces chemins, entr’autres, alloit à Strasbourg, & de Strasbourg à Belgrade ; un second conduisoit par la Baviere jusqu’à Sirmisch, distante de 425 de nos lieues.
Il y avoit aussi des chemins de communication de l’Italie aux provinces orientales de l’Europe par les Alpes & la mer de Venise. Aquilée étoit la derniere ville de ce côté : c’étoit le centre de plusieurs grands chemins, dont le principal conduisoit à Constantinople ; d’autres moins importans se répandoient en Dalmatie, dans la Croatie, la Hongrie, la Macédoine, les Mésies. L’un de ces chemins s’étendoit jusqu’aux bouches du Danube, arrivoit à Tomes, & ne finissoit qu’où la terre ne paroissoit plus habitable.
Les mers ont pû couper les chemins entrepris par les Romains, mais non les arrêter ; témoins la Sicile, la Sardaigne, l’Isle de Corse, l’Angleterre, l’Asie, l’Afrique, dont les chemins communiquoient, pour ainsi dire, avec ceux de l’Europe par les ports les plus commodes. De l’un & de l’autre côté d’une mer, toutes les terres étoient percées de grandes voies militaires. On comptoit plus de 600 de nos lieues de chemins pavés par les Romains dans la Sicile ; près de 100 lieues dans la Sardaigne ; environ 73 lieues dans la Corse ; 1100 lieues dans les Isles Britanniques ; 4250 lieues en Asie ; 4674 lieues en Afrique. La grande communication de l’Italie avec cette partie du monde, étoit du port d’Ostie à Carthage ; aussi les chemins étoient-ils plus fréquens aux environs de ce dernier endroit que dans aucun autre. Telle étoit la correspondance des routes en de-çà & en de-là du détroit de Constantinople, qu’on pouvoit aller de Rome à Milan, à Aquilée, sortir de l’Italie, arriver à Sirmisch en Esclavonie, à Constantinople ; traverser la Natolie, la Galatie, la Sourie ; passer à Antioche, dans la Phénicie, la Palestine, l’Egypte, à Alexandrie ; aller chercher Carthage, s’avancer jusqu’aux confins de l’Ethiopie, à Clysmos ; s’arrêter à la mer Rouge, après avoir fait 2380 de nos lieues de France.
Quels travaux, à ne les considérer que par leur étendue ! mais que ne deviennent-ils pas quand on embrasse sous un seul point de vûe, & cette étendue, & les difficultés qu’ils ont présentées, les forêts ouvertes, les montagnes coupées, les collines applanies, les valons comblés, les marais desséchés, les ponts élevés, &c.
Les grands chemins étoient construits selon la diversité des lieux ; ici ils s’avançoient de niveau avec les terres ; là ils s’enfonçoient dans les vallons ; ailleurs ils s’élevoient à une grande hauteur ; par-tout on les commençoit par deux sillons tracés au cordeau ; ces paralelles fixoient la largeur du chemin ; on creusoit l’intervalle de ces paralleles ; c’étoit dans cette profondeur qu’on étendoit les couches des matériaux du chemin. C’étoit d’abord un ciment de chaux & de sable de l’épaisseur d’un pouce ; sur ce ciment, pour premiere couche des pierres larges & plates de dix pouces de hauteur, assises les unes sur les autres, & liées par un mortier des plus durs : pour seconde couche, une épaisseur de huit pouces de petites pierres rondes plus tendres que le caillou, avec des tuiles, des moilons, des platras & autres décombres d’édifice, le tout battu dans un ciment d’alliage : pour la troisieme couche, un pié d’épaisseur d’un ciment fait d’une terre grasse mêlée avec de la chaux. Ces matieres intérieures formoient depuis trois piés jusqu’à trois piés & demi d’épaisseur. La surface étoit de gravois liés par un ciment mêlé de chaux ; & cette croûte a pû résister jusqu’à présent en plusieurs endroits de l’Europe. Cette façon de paver avec le gravois étoit si solide, qu’on l’avoit pratiquée par-tout excepté à quelques grandes voies où l’on avoit employé de grandes pierres, mais seulement jusqu’à cinquante lieues de distance des portes de Rome. On employoit les troupes de l’état à ces ouvrages qui endurcissoient ainsi à la fatigue les peuples conquis, dont ces occupations prévenoient les revoltes ; on y employoit aussi les malfaiteurs que la dureté de ces ouvrages effrayoit plus que la mort, & à qui on faisoit expier utilement leurs crimes.
Les fonds pour la perfection des chemins étoient si assûrés & si considérables, qu’on ne se contentoit pas de les rendre commodes & durables ; on les embellissoit encore. Il y avoit des colomnes d’un mille à un autre qui marquoient la distance des lieux ; des pierres pour asseoir les gens de pié & aider les cavaliers à monter sur leurs chevaux ; des ponts, des temples, des arcs de triomphe, des mausolées, les sepulchres des nobles, les jardins des grands, sur-tout dans le voisinage de Rome, au loin des hermès qui indiquoient les routes ; des stations, &c. Voyez Colomne milliaire, Hermès, Voie, Stations ou Mansions. Voyez l’antiq. expliq. Voyez le traité de M. Bergier. Voyez le traité de la police de la Mare.
Telle est l’idée qu’on peut prendre en général de ce que les Romains ont fait peut-être de plus surprenant. Les siecles suivans & les autres peuples de l’univers offrent à peine quelque chose qu’on puisse opposer à ces travaux, si l’on en excepte le chemin commencé à Cusco, capitale du Pérou, & conduit par une distance de 500 lieues sur une largeur de 25 à 40 piés, jusqu’à Quito. Les pierres les plus petites dont il étoit pavé, avoient dix piés en quarré ; il étoit soutenu à droite & à gauche par des murs élevés au-dessus du chemin à hauteur d’appui ; deux ruisseaux couloient au pié de ces murs ; & des arbres plantés sur leurs bords formoient une avenue immense.
La police des grands chemins subsista chez les Romains avec plus ou moins de vigueur, selon que l’état fut plus ou moins florissant. Elle suivit toutes les révolutions du gouvernement & de l’empire, & s’éteignit avec celui-ci. Des peuples ennemis les uns des autres, indisciplinés, mal affermis dans leurs conquêtes, ne songerent guere aux routes publiques, & l’indifférence sur cet objet dura en France jusqu’au regne de Charlemagne. Cette commodité étoit trop essentielle à la conservation des conquêtes, pour que ce monarque ne s’en apperçût pas ; aussi est-il le premier de nos rois qui ait fait travailler aux chemins publics. Il releva d’abord les voies militaires des Romains ; il employa à ce travail & ses troupes & ses sujets. Mais l’esprit qui animoit Charlemagne s’affoiblit beaucoup dans ses successeurs ; les villes resterent dépavées ; les ponts & les grands chemins furent abandonnés, jusque sous Philippe-Auguste, qui fit paver la capitale pour la premiere fois en 1184, & qui nomma des officiers à l’inspection des ponts & chaussées. Ces officiers, à charge au public, disparurent peu-à-peu, & leurs fonctions passerent aux juges particuliers des lieux, qui les conserverent jusqu’en 1508. Ce fut alors que les tribunaux relatifs aux grands chemins, & même à la voirie en général, se multiplierent. Voyez grande Voirie. Il y en avoit quatre différens, lorsque Henri le Grand créa l’office de grand-voyer ou d’inspecteur des routes du royaume. M. de Sulli en fut revêtu ; mais cette partie ne se ressentit pas comme les autres des vues supérieures de ce grand homme. Depuis ce tems, le gouvernement s’est réservé la direction immédiate de cet objet important ; & les choses sont maintenant sur un pié à rendre les routes du royaume les plus commodes & les plus belles qu’il y ait en Europe, par les moyens les plus sûrs & les plus simples. Cet ouvrage étonnant est déjà même fort avancé. Quel que soit le côté par où l’on sorte de la capitale, on se trouve sur les chaussées les plus larges & les plus solides ; elles se distribuent dans les provinces du royaume les plus éloignées, & il en part de chacune des collatérales qui établissent entre les villes mêmes les moins considérables la communication la plus avantageuse pour le commerce. Voyez à l’art. Pont et Chaussée quelle est l’administration à laquelle nous devons ces travaux utiles, & les précautions qu’on pourroit prendre pour qu’ils le fussent davantage encore, & que les hommes qu’on y applique, tous intelligens, se servissent de leurs lumieres pour la perfection de la Géographie, de l’Hydrographie, & de presque toutes les parties de l’Histoire naturelle & de la Cosmologie.
Chemin. (Jurisprud.) On distingue en général deux sortes de chemins ; savoir les chemins publics, & les chemins privés.
Chez les Romains, on appelloit via tout chemin public ou privé ; par le terme d’iter seul, on entendoit un droit de passage particulier sur l’héritage d’autrui ; & par celui d’actus, on entendoit le droit de faire passer des bêtes de charge ou une charrette ou chariot sur l’héritage d’autrui ; ce qu’ils appelloient ainsi iter & actus n’étoient pas des chemins proprement dits, ce n’étoient que des droits de passage ou servitudes rurales.
Ainsi le mot via étoit le terme propre pour exprimer un chemin public ou privé ; ils se servoient cependant aussi du mot iter pour exprimer un chemin public, en y ajoûtant l’épithete publicum.
On distinguoit chez les Romains trois sortes de chemins ; savoir les chemins publics, via publica, que les Grecs appelloient voies royales ; & les Romains, voies prétoriennes, consulaires, ou militaires. Ces chemins aboutissoient ou à la mer, ou à quelque fleuve, ou à quelque ville, ou à quelque autre voie militaire.
Les chemins privés, via privatæ, qu’on appelloit aussi agraria, étoient ceux qui servoient de communication pour aller à certains héritages.
Enfin les chemins qu’ils appelloient via vicinales, étoient aussi des chemins publics, mais qui alloient seulement d’un bourg ou village à un autre. La voie, via, avoit huit piés de large ; l’iter, pris seulement pour un droit de passage, n’avoit que deux piés, & le passage appellé actus en avoit quatre.
Il y a peu de chose à recueillir pour notre usage de ce qui s’observoit chez les Romains, par rapport à ces chemins publics ou privés, parce que la largeur des chemins est reglée différemment parmi nous ; on peut voir néanmoins ce qui est dit dans la loi des 12 tables, tit. ij. de viarum latitudine ; au code Théodosien, de itinere muniendo, & au titre, de littorum & itinerum custodia ; au digeste de verborum signific. liv. CLVII. au liv. XLIII. tit. vij. de locis & itiner. public. & au même liv. tit. viij. ne quid in loco publico vel itinere fiat ; au tit. x. de via publica, & si quid in ea factum esse dicatur, & au tit xj. de via publica & itinere publico reficiendo ; enfin au code, liv. XII. tit. lxv. de litterum & itinerum custodia.
Pour ce qui est des droits de passage appellés chez les Romains iter & actus, il en traite au digeste, liv. LXIII. tit. xix. & nous en parlerons aux mots Passage & Servitudes rurales.
On distingue parmi nous en général deux sortes de chemins publics ; savoir les grands chemins ou chemins royaux, qui tendent d’une ville à une autre, & les chemins de traverse qui communiquent d’un grand chemin à un autre, ou d’un bourg ou village à un autre.
Il y a aussi des chemins privés qui ne servent que pour communiquer aux héritages.
Nos coûtumes ont donné divers noms aux grands chemins ; les unes les appellent chemins péageaux, comme Anjou & Maine ; d’autres en grand nombre les appellent grands chemins ; d’autres chemins royaux.
Les chemins de traverse & les chemins privés reçoivent aussi différens noms dans nos coûtumes, nous les expliquerons chacun ci-après, suivant l’ordre alphabétique.
Les premiers réglemens faits en France au sujet des chemins se trouvent dans les capitulaires du roi Dagobert, où il distingue via publica, via convicinalis, & semita ; il prononce des amendes contre ceux qui barroient les chemins.
Charlemagne est cependant regardé comme le premier de nos rois qui ait donné une forme à la police des grands chemins & des ponts. Il fit contribuer le public à cette dépense.
Louis le Débonnaire & quelques-uns de ses successeurs firent aussi quelques ordonnances à ce sujet ; mais les troubles des x. xj. & xij. siecles firent perdre de vûe la police des chemins ; on n’entretenoit alors que le plus nécessaire, comme les chaussées qui facilitoient l’entrée des ponts ou des grandes villes, & le passage des endroits marécageux.
Nous ne parlerons pas ici de ce qui se fit sous Philippe-Auguste, par rapport au pavé des rues de Paris, cet objet devant être renvoyé aux mots Pavés & Rues.
Mais il paroît constant que le rétablissement de la police des grands chemins eut à-peu-près la même époque que la premiere confection du pavé de Paris, qui fut en 1184, comme on l’a dit plus haut.
L’inspection des grands chemins fut confiée, comme du tems de Charlemagne & de Louis le Débonnaire, à des envoyés ou commissaires généraux appellés missi, qui étoient nommés par le roi & départis dans les provinces ; ils avoient seuls la police des chemins, & n’étoient comptables de leurs fonctions qu’au roi.
Ces commissaires s’étant rendus à charge au public, ils furent rappellés au commencement du xiv. siecle, & la police des chemins fut laissée aux juges ordinaires des lieux.
Les choses resterent en cet état jusqu’en 1508 que l’on donna aux thrésoriers de France quelque part en la grande voirie. Henri II. par édit de Février 1552, autorisa les élûs à faire faire les réparations qui n’excederoient pas 20 liv. Henri III. en 1583 leur associa les officiers des eaux & forêts, ensorte qu’il y avoit alors quatre sortes de jurisdictions qui étoient en droit de connoître de ces matieres.
Henri IV. ayant reconnu la confusion que causoit cette concurrence, créa en 1599 un office de grand voyer, auquel il attribua la surintendance des grands chemins & le pouvoir de commettre des lieutenans dans les provinces.
Cet arrangement n’ayant pas eu tout le succès que l’on en attendoit, Louis XIII. par édit de Février 1626, supprima le titre de grand-voyer, & attribua la jurisdiction sur les grands chemins aux thrésoriers de France, lesquels étant répandus dans les différentes provinces du royaume, sont plus à portée de vaquer à cet exercice : mais le Roi ayant bientôt reconnu l’importance de se réserver la surintendance de la grande voirie, a établi un directeur général des ponts & chaussées, qui a sous lui plusieurs inspecteurs & ingénieurs ; & sur le rapport du directeur général, le Roi ordonne chaque année par arrêt de son conseil les travaux & réparations qu’il veut être faits aux chemins ; l’adjudication au rabais de ces ouvrages se fait à Paris par les thrésoriers de France, & dans les provinces par les intendans qui veillent aussi sur les grands chemins, suivant les ordres qui leur sont envoyés.
Les pays d’états veillent eux-mêmes dans leur territoire à l’entretien des ponts & chaussées.
Henri II. avoit ordonné dès 1552 de planter des arbres le long des grands chemins ; mais cela avoit été mal exécuté.
L’arrêt du conseil du 3 Mai 1720, qui a fixé la largeur des grands chemins, a ordonné de les border de fossés ; & aux propriétaires des héritages qui y aboutissent, de les planter des deux côtés d’ormes, hêtres, chataigners, arbres fruitiers, ou autres arbres, suivant la nature du terrein, à la distance de 30 piés l’un de l’autre, & à une toise au moins du bord extérieur des fossés, & de les armer d’épines.
Faute par les propriétaires d’en planter, il est dit que les seigneurs auxquels appartient le droit de voirie, pourront en planter à leurs frais, & qu’en ce cas les arbres plantés par ces seigneurs leur appartiendront, de même que le fruit de ces arbres ; la même chose avoit déjà été ordonnée.
Lorsqu’il s’agit de construire ou de réparer quelque chemin public, les juges préposés pour y tenir la main peuvent contraindre les paveurs & autres ouvriers nécessaires de s’y employer, sous peine d’amende & même d’emprisonnement.
Il est défendu à toutes personnes d’anticiper sur les chemins, ni d’y mettre des fumiers ou aucune autre chose qui puisse embarrasser.
Lorsqu’il s’agit d’élargir ou d’aligner les chemins publics, les propriétaires des terres voisines sont tenus de fournir le terrein nécessaire.
Les entrepreneurs sont autorisés à prendre des matériaux par-tout où ils en peuvent trouver, en dédommageant le propriétaire.
Les terres nécessaires pour rehausser les chemins peuvent être prises sur les terreins les plus proches.
Il est défendu à toutes personnes de détourner les voitures qui travaillent aux chemins, ni de leur apporter aucun trouble.
En quelques endroits on a établi des péages, dont le produit est destiné à l’entretien des chemins. Voy. Péage.
Pour éviter l’embarras que causeroient sur les chemins les voitures qui seroient trop larges, on a fixé en 1624, la longueur des essieux de chariots & charrettes à 5 piés 10 pouces, avec défenses aux ouvriers d’en faire de plus longs.
Les rouliers ne doivent point atteler plus de quatre chevaux à une charrette à deux roues. Arrêt du conseil du 18 Juillet 1670, & déc. du 14 Nov. 1724.
La charge d’une voiture à deux roues est de 5 poinçoins de vin ou de trois milliers pesant d’autres marchandises. Il est néanmoins permis aux rouliers de porter 6 poinçons de vin, en portant au retour du pavé & du sable aux atteliers des grands chemins. On oblige même présentement ceux qui retournent à vuide de porter une certaine quantité de pavé. Voyez la Bibliotheque de Bouchet, au mot chemin. Les lois civiles, part. II. liv. I. tit. viij. sect. 2. n. 14. L’exposition des coûtumes sur la largeur des chemins, &c. & le tr. de la construction des chemins. Les ordonnances de la troisieme race. L’ordonnance des eaux & forêts, titr xxviij. Le traité de la police, tome IV. liv. IV. tit. xiij. Le diction. des arrêts, au mot chemin.
Chemin, appelle carriere dans quelques coûtumes, est un chemin du troisieme ou quatrieme ordre. Bouthillier, en sa somme rurale, p. 497. dit que la carriere a dix piés, pour la commodité commune ; tant des gens de pié que de cheval, & des charrettes & voitures. La coûtume de Valois, art. 194. & celle d’Artois, ne donnent que huit piés à la carriere. Celle de Clermont en Beauvoisis, art. 226. ajoûte qu’il est loisible d’y mener charrette & bestial en cordelle, & non autrement.
Chemins charruaux ou de traverse, en Poitou, & qu’on appelle ailleurs voisinaux, sont ceux qui communiquent d’un grand chemin à un autre, ou d’un bourg, ville ou village à l’autre : ils sont ainsi appellés, non pas du mot charrue, mais du mot charroi, parce qu’ils doivent être assez larges pour le passage des charrois, à la différence des sentiers qui ne servent que pour le passage des gens de pié ou de cheval, & pour les bêtes de somme. Voyez Boucheul sur l’art. 12. de la coût. de Poitou, & ci-apr. Chemins de traverse & Chemins voisinaux.
Chemin chatelain, dont il est parlé dans la
coûtume de Boulenois, art. 156. est inférieur au chemin
royal & au chemin de traverse ; il ne doit avoir
que vingt piés : on appelle ainsi ceux qui conduisent
à une des quatre châtellenies du Boulenois.
Chemin croisier, dont il est parlé dans l’art. 159. de la coûtume de Boulenois, est un chemin de rencontre qui conduit en plusieurs endroits.
Chemin finerot, usité dans le duché de Bourgogne, a six pas de largeur, qui reviennent à dix-huit piés ; c’est proprement celui qui sépare les finages ou confins de chaque contrée ou canton.
Chemin forain, dont il est parlé dans la coûtume de Boulenois, art. 161. est celui qui conduit de chaque village à la forêt. Voyez le commentaire de Leroi sur cet article.
Chemins, (grands) on appelle grands chemins, par excellence, les chemins royaux, pour les distinguer des autres chemins d’un ordre inférieur. Voyez ci-ap. Chemin royal.
Chemin du Halage, est un espace de vingt-quatre piés de large, que les riverains des rivieres navigables sont obligés de laisser sur les bords, pour le passage des chevaux qui halent ou tirent les bateaux. Voyez l’ordonn. des eaux & forêts, tit xxviij. art. 7.
Chemin pour issue de ville volontaire, dans la coûtume de Boulenois, art. 162. est celui qui sort d’un village ; ce chemin doit avoir onze piés. Voy. le commentat. ibid.
Chemin péageau, est un chemin public sur lequel est établi le péage. Suivant la coûtume d’Anjou, art. 60. & celle du Maine, art. 69. il doit contenir quatorze piés de large pour le moins.
Chemin, appellé pié-sente en Artois, est le moindre des chemins publics, qui n’a que quatre piés de large. Voyez ci-apr. Chemin de terroir.
Chemin privé, est celui qui n’est établi que pour certaines personnes, & non pour le public. voyez ci-dev. au mot Chemin.
Chemin public, est celui qui est établi pour l’usage de tous, à la différence des chemins privés & passages, qui ne sont que pour certaines personnes. Voyez ci-dev. Chemin.
Chemin réal, dans la coûtume de Boulenois, signifie chemin royal. Voyez ci-apr. Chemin royal.
Chemin royal, que l’on appelle aussi grand chemin, est celui qui communique d’une grande ville à une autre grande ville. La largeur de ces chemins a varié selon les tems & les coûtumes. Suivant une transaction de l’an 1222, appellée charta pacis, le chemin royal n’avoit alors que dix-huit piés. Bouthillier, en sa somme rurale, p. 497. dit que de son tems le chemin royal avoit quarante piés. La coûtume du duché de Bourgogne, ch. des mesures, in fine, ne donne que trente piés de largeur au grand chemin, qui est le chemin royal : celle de Normandie, art. 623. dit qu’il ne doit pas avoir moins de quatre toises : celle de Senlis & celle de Valois veulent que les grands chemins ayent au moins quarante piés de large dans les bois & forêts, & trente pour le moins dans les terres hors des forêts : celles d’Amiens, de Boulenois, & de Saint-Omer, veulent que tous chemins royaux ayent soixante piés de large : celle de Clermont en Beauvaisis donne au chemin proprement dit trente-deux piés, & au grand chemin royal soixante-quatre piés de largeur.
L’ordonnance des eaux & forêts, tit. des routes & chemins royaux, porte que dans les forêts les grands chemins royaux auront au moins soixante-douze piés de largeur ; & que dans six mois, tout bois, épines & broussailles qui se trouveroient dans l’espace de soixante piés ès grands chemins servant au passage des coches & carrosses publics, tant des forêts du roi que de celles des ecclésiastiques, communautés, seigneurs, & particuliers, seroient essartés & coupés, en sorte que le chemin soit plus libre & plus sur.
Cette même ordonnance veut que les propriétaires des héritages aboutissans aux rivieres navigables, laissent le long des bords vingt-quatre piés au moins de place en largeur, pour chemin royal & trait des chevaux, sans qu’ils puissent planter arbres ni tenir clôture ou haie plus presque trente piés du côté que les bateaux se tirent, & dix piés de l’autre bord, à peine de 500 liv. d’amende, confiscation des arbres, & d’être les contrevenans contraints à réparer & remettre les chemins en état à leurs frais.
La largeur des autres chemins royaux hors les forêts & bords des rivieres a été reglée différemment, par diverses lettres patentes & arrêts, jusqu’à l’arrêt du conseil du 3 Mai 1720, qui a fixe la largeur des grands chemins à soixante piés, & celle des autres chemins publics à trente-six piés ; ce qui s’observe depuis ce tems autant qu’il est possible : on a même donné plus de largeur à quelques-uns des chemins royaux aux environs de Paris, & cela pour la décoration de l’abord de la capitale du royaume. Voyez ci-dev. Chemin.
Chemin de terroir ou Voie, (Jurisp.) est une des cinq especes de chemins publics que l’on distingue en Artois : la premiere s’appelle, comme partout ailleurs, grand chemin royal, qui doit avoir soixante-quatre piés de largeur mesure du pays, suivant les reglemens. La seconde espece de chemins à laquelle les coûtumes du royaume donnent divers noms, est connue en Artois sous le nom de chemin vicomtier, lequel doit avoir trente-deux piés de largeur. La troisieme espece est celle qu’on appelle voie ou chemin de terroir, c’est-à-dire qui sert à communiquer d’un terroir à l’autre ; ce chemin n’a que seize piés de largeur. La quatrieme espece est le chemin appellé carriere, qui n’a que huit piés. Et la cinquieme enfin, appellée sentier ou pié-sente, qui n’a que quatre piés de large.
Chemin de traverse, est celui qui communique d’un grand chemin à un autre ; c’est ce que les Romains appelloient trames. Bouthillier, en sa somme rurale, p. 497. l’appelle travers, & dit qu’il doit avoir jusqu’à vingt ou vingt-deux piés.
Chemin vicomtier, en Artois, est celui qui a trente-deux piés de largeur. Voyez ci-dev. Chemin de terroir. La coûtume de Boulenois, art. 159. ne donne à ce chemin que trente piés. La coûtume de Saint-Omer, art. 15. l’appelle chemin de traverse, ou vicomtier, & dit qu’il doit avoir dix piés.
Chemins voisinaux, que les Romains appelloient via vicinales, sont ceux qui servent pour la communication des héritages entre voisins. La coûtume de Tours, art. 59. & celle de Lodurois, ch. v. art. 1. veulent que ces chemins ayent huit piés de largeur.
Chemin, appellé voie, est la même chose en Artois que chemin de terroir. Voyez ci-dev. Chemin de terroir. (A)
Chemin-couvert, (Art milit.) appellé autrefois corridor, est dans la Fortification un espace de cinq à six toises de largeur, terminé par une ligne parallele à la contrescarpe : il est couvert ou caché à l’ennemi par une élévation de terre d’environ six piés de hauteur, qui lui sert de parapet, laquelle va se perdre en pente dans la campagne, à vingt ou vingt-cinq toises de la ligne qui le termine ; cette pente se nomme le glacis. Voyez Glacis.
Le chemin-couvert n’est jamais plus élevé que le niveau de la campagne ; il est au contraire quelquefois plus bas d’un pié ou d’un pié & demi, lorsque les terres du fossé ne sont pas suffisantes pour la construction des remparts & du glacis.
Au pié intérieur du parapet du chemin-couvert, regne une banquette comme au pié du parapet du rempart : elle a le même usage, c’est-à dire qu’elle sert à élever le soldat pour qu’il puisse tirer par-dessus le glacis, & découvrir la campagne. Lorsque le chemin-couvert est plus bas que le niveau de la campagne, on lui donne deux banquettes : on plante des palissades sur la banquette supérieure, lorsqu’il y en a deux, ou simplement sur la banquette, lorsqu’il n’y en a qu’une. Ces palissades sont des pieux quarrés & pointus par le haut, qu’on fait surpasser d’environ six pouces la partie supérieure du glacis ou du parapet du chemin-couvert : elles se mettent fort proches les unes des autres, ensorte qu’il ne reste guere d’intervalle entre elles que pour passer le bout du fusil : on les joint ensemble par des traverses ou pieces de bois, auxquelles elles sont attachées avec de grands clous rivés en-dehors : ces pieces de bois ainsi horisontales, forment ce qu’on appelle le linteau. L’usage des palissades est de faire obstacle à l’ennemi, & l’empêcher de sauter dans le chemin-couvert.
Le chemin-couvert est plus spacieux à ses angles rentrans qu’aux autres endroits : on y pratique des espaces cih (Pl. I. de Fortific. fig. 1.) appellés places-d’arme. Voyez Place-d’arme.
Il y a aussi des places-d’arme aux angles saillans, mais elles sont formées par l’arrondissement de la contrescarpe, au lieu que celles des angles rentrans sont prises dans le glacis.
On trouve de distance en distance dans le chemin-couvert des solides de terre qui en occupent toute la largeur, à l’exception d’un petit passage pour le soldat ; c’est ce qu’on appelle les traverses du chemin-couvert. Voyez Traverses.
Le chemin-couvert n’est pas fort ancien dans la Fortification ; l’usage s’en est établi vers le commencement des guerres de la Hollande contre Philippe II. roi d’Espagne.
Le chemin-couvert sert 1° à mettre des troupes à couvert des coups de l’ennemi qui est dans la campagne, & à défendre l’approche de la place par un feu rasant ou parallele au niveau du terrein, & qui est également redoutable dans toute la portée du fusil : 2° à assembler les troupes nécessaires pour les sorties, pour en faciliter la retraite, & recevoir les secours qu’on veut faire entrer dans la place.
Le chemin-couvert & le glacis sont quelquefois appellés ensemble du nom de contrescarpe ; & c’est dans ce sens qu’on dit, lorsqu’on est parvenu à se loger sur le glacis, qu’on est sur la contrescarpe : mais exactement la contrescarpe est la ligne qui termine le fossé vers la campagne. Voyez Contrescarpe.
On trace le chemin-couvert en menant des paralleles à la contrescarpe à la distance de cinq ou six toises. A l’égard de la construction de ses places d’arme, voyez Place-d’arme. (Q)
Chemins militaires, via militares, ce sont les grands chemins de l’empire Romain, qu’Agrippa fit faire sous l’empire d’Auguste, pour la marche des troupes & pour les voitures. M. Bergier, avocat au présidial de Reims, a écrit l’histoire de ces grands chemins, contenant l’origine, le progrès, & l’etendue presqu’incroyable des chemins militaires pavés depuis la ville de Rome jusqu’aux extrémités de l’empire. Voyez plus haut Chemin. (Q)
Chemin des rondes, en termes de Fortification, est un espace qu’on laisse pour le passage des rondes entre le rempart & la muraille dans une ville fortifiée. Voyez Ronde.
Ce chemin n’est pas d’un grand usage, parce que n’étant défendu que d’une muraille d’un pié d’épaisseur, il est bien-tôt renversé par le canon de l’ennemi.
Le chemin des rondes est pratiqué au haut du rempart, au-devant du parapet ; il est placé immédiatement sur le cordon, c’est-à-dire au niveau du terre-plein du rempart ; il a trois ou quatre piés de large ; il a un parapet ou garde-fou de maçonnerie d’un pié & demi d’épaisseur, & de trois piés & demi de haut : il doit avoir des ouvertures ou des entrées à tous les angles de l’enceinte de la place. Cette sorte de chemin ne se trouve plus guere que dans les anciennes fortifications ; son parapet qui se trouve ruiné des les premiers jours du siége, l’a fait abandonner comme un ouvrage de peu d’importance. (Q)
Chemin, en Batiment, est sur un plafond ou sur un ravallement, une disposition de regles que les ouvriers posent pour traîner les moulures : c’est aussi un enduit de plâtre dressé à la regle, & suivant lequel ils conduisent leur calibre : ces deux dispositions, dont la regle sert à conduire d’un côté le sabot du calibre, & l’enduit dirige l’autre extrémité, se nomment proprement chemins. (P)
Chemin de carriere, en Architecture, c’est le puits par où l’on descend dans une carriere pour la fouiller, ou l’ouverture qu’on fait à la côte d’une montagne, pour en tirer la pierre ou le marbre. (P)
* Chemin, (Chorégraphie.) ce sont des lignes qui tracées sur un papier, représentent la figure qu’un ou plusieurs danseurs décrivent sur le plancher pendant tout le cours d’une danse. Toute la Chorégraphie consiste à tracer ces lignes, à en diviser la somme en autant de parties égales que l’air de la danse a de mesures ; à couper sur chacune de ces parties d’autres parties égales qui désignent les tems ; sur celles-ci, d’autres qui désignent les notes, & ainsi de suite, jusqu’à la partie de tems la plus petite, pendant laquelle le danseur peut exécuter un mouvement ; & à indiquer sur chacune de ces parties, par des caracteres particuliers, tous les mouvemens que le danseur doit exécuter en même tems, & successivement. Voyez Chorégraphie.
Chemin, en terme de Diamantaire, est la trace que fait un diamant sur la meule de fer où on le taille. Voyez Diamant & Diamantaire.
Chemin, (Tonnel.) pieces de bois qui portent d’un bout sur les bateaux chargés de vin, de l’autre à terre, où elles servent à conduire les tonneaux sans accident. Plus ces pieces sont longues, plus le plan incliné qu’elles forment est doux, moins celui qui conduit la piece fatigue : si les pieces étoient ou trop longues, ou trop foibles, ou trop chargées, elles poûrroient rompre. L’expédient des chemins n’est pas à l’usage seul des Tonneliers ou déchargeurs de vin ; il sert aussi à tous ceux qui ont des marchandises en tonneaux à descendre de dessus la riviere à terre.
Étymologie de « chemin »
Nivernais, semin ; bourguig. chemi ; champenois, chemî ; picard, camin ; provenç. cami ; espagn. camino ; portug. caminho ; ital. cammino ; du celtique : kymri, cam, pas ; camen, chemin ; bas-breton, kamm, pas ; gaél. cam, pas ; irland. ceim, pas.
- Du latin populaire cammīnus ; du gaulois *cammino- / *cammano-.
Phonétique du mot « chemin »
Mot | Phonétique (Alphabet Phonétique International) | Prononciation |
---|---|---|
chemin | ʃœmɛ̃ |
Fréquence d'apparition du mot « chemin » dans le journal Le Monde
Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.
Évolution historique de l’usage du mot « chemin »
Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.
Citations contenant le mot « chemin »
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Qui trop se hâte reste en chemin.
Proverbe français -
La bonne volonté raccourcit le chemin.
Proverbe brésilien -
Ceux qui ne marchent que fort lentement peuvent avancer beaucoup davantage, s'ils suivent toujours le droit chemin, que ne font ceux qui courent, et qui s'en éloignent.
René Descartes — Discours de la méthode -
Le chemin est assez mauvais Sans nous jeter encor des pierres.
Jean-Pierre Claris de Florian — Fables, le Bonhomme et le Trésor -
Aucun chemin de fleurs ne conduit à la gloire.
Jean de La Fontaine — Fables, les Deux Aventuriers et le Talisman -
Car les chemins du jour côtoient ceux de la nuit.
Homère — L'Odyssée, X, 86 (traduction V. Bérard) -
Qu’importe l’issue du chemin quand seul compte le chemin parcouru.
David Le Breton -
Nul chemin n'est mauvais qui touche à sa fin, sauf celui qui mène au gibet.
Miguel de Cervantès en espagnol Miguel de Cervantes Saavedra — Novelas ejemplares, El licenciado Vidriera -
L’eau n’oublie pas son chemin.
Proverbe russe -
Chaque filet d’eau a son chemin.
Proverbe bambara
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Traductions du mot « chemin »
Langue | Traduction |
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Anglais | way |
Espagnol | camino |
Italien | strada |
Allemand | weg |
Portugais | caminho |
Synonymes de « chemin »
Source : synonymes de chemin sur lebonsynonyme.frAntonymes de « chemin »
Combien de points fait le mot chemin au Scrabble ?
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