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Vendre

Définitions de « vendre »

Trésor de la Langue Française informatisé

VENDRE, verbe trans.

A. − Céder un bien contre de l'argent, contre paiement. Anton. acheter, acquérir.La municipalité de la ville de Paris ne prélevant rien sur la vente des tableaux exposés, les artistes, même en ne vendant qu'un seul tableau, arrivent tout de même à avoir de quoi vivre un certain temps (Arts et litt., 1936, p. 76-5).
SYNT. Vendre des actions, une charge, un esclave, un livre, une maison, ses meubles, un office, sa récolte; vendre qqc. (très/trop) cher, à bas prix, à/au prix coûtant/fort, sans bénéfice, à perte; vendre qqc. au comptant, à crédit, avec/sans garantie; vendre à l'encan, par autorité de justice; faire vendre qqc.; vendre qqc. pour le compte de qqn; (ne pas) être à vendre; vendre au plus offrant.
Empl. pronom. passif. Les chevaux des officiers, volés sur le champ de bataille, se vendaient couramment vingt francs pièce (Zola, Débâcle, 1892, p. 435).
Vendre chat en poche. V. chat1II C 1.Vendre (jusqu'à) sa dernière chemise. V. ce mot I A 2 b.Vendre la peau de l'ours (avant de l'avoir tué). V. ours A 5.Vendre qqc. au poids de l'or, à prix d'or. V. or1I C 1.
Empl. abs., FIN. Vendre à la baisse, à la hausse; vendre à découvert, à terme. Papa a fait une affaire, aujourd'hui (...)! Il a acheté un petit bois à moitié prix. Des gens étaient obligés de vendre vite; une bonne occasion (Villiers de L'I.-A., Contes cruels, 1883, p. 116).
Tel qui vend ne livre pas. V. livrer A 4 a.
Vieilli. Vendre qqn.Vendre les biens de quelqu'un après saisie. − « C'est toi qui fais vendre MmeArnoux? » Elle relut l'annonce. − « Où est son nom? »« Eh! C'est son mobilier! Tu le sais mieux que moi! » (Flaub., Éduc. sent., t. 2, 1869, p. 266).
B. − Faire commerce de quelque chose (pour son compte ou pour le compte de quelqu'un d'autre). Vendre du pain, du poisson, un produit, de la viande, du vin; vendre qqc. au mètre, au poids, au détail, en gros; vendre qqc. au rabais, en réclame, en solde; qqc. se vend bien, mal. Gottlieb Duttweiler (...) lança dans le canton de Zurich en août 1925 son entreprise Migros avec 5 camionnettes vendant dans les villages des produits d'épicerie un tiers moins cher que les détaillants (Lesourd, Gérard, Hist. écon., 1966, p. 597).
Savoir vendre sa marchandise. V. ce mot A 3 c.Vendre à bon marché. V. ce mot III A 3.Vendre sous le manteau. V. ce mot I A 1 b.
Empl. abs. Vous produisez peu, mais vous savez acheter et vendre. Ce sont les qualités du commerçant (Romains, Knock, 1923, III, 6, p. 19).
Empl. pronom. passif
[Le suj. désigne un artiste considéré par rapport à son œuvre] Drumont (...) se vend à cent mille, et son livre fait le bruit d'une révolution (Goncourt, Journal, 1887, p. 658).
Être d'une bonne vente. Alexis avait trente ans passés, ses parents étaient morts, sa peinture se vendait, il avait son marchand, un contrat avantageux (Triolet, Prem. accroc, 1945, p. 102).
C. − Céder une activité, un service, un avantage, contre rémunération. Vendre ses idées, ses services, son travail (à qqn). L'humiliation de vendre son temps contre un salaire, de faire un travail qu'on n'aime pas dans l'unique but de « passer à la caisse » (Vailland, Drôle de jeu, 1945, p. 14).
Empl. pronom. réfl. Je me suis vendu corps et âme à Votre Excellence pour les matinées; mais il est onze heures du soir et, parbleu, mes soirées sont à moi (Stendhal, L. Leuwen, t. 3, 1835, p. 35).
En partic., péj. [Le compl. d'obj. désigne une chose qui normalement n'est pas vénale] Se faire accorder un avantage contre quelque chose. Vendre sa conscience, des honneurs, des indulgences, son vote, son suffrage. Étéocle (...) ne valait pas plus cher que Polynice (...) le prince loyal avait décidé, lui aussi, de vendre Thèbes au plus offrant (Anouilh, Antig., 1946, p. 189).
Vendre son âme au diable, au démon. V. âme I A 2.
Empl. pronom. réfl. Se vendre à un parti. Quelque député du centre qui, en se vendant au ministère pour un ruban ou une recette de tabac, n'avait pas encore appris à placer un masque sur sa laideur (Stendhal, op. cit., p. 348). Fille à Boches! Espionne! Tu t'es vendue! Oui, tu nous as trahis (Van der Meersch, Invas. 14, 1935, p. 259).Vieilli. Se faire enrôler (souvent pour remplacer quelqu'un d'autre). Se vendre comme remplaçant. Tout homme étant propriétaire et cultivateur, nul n'avait besoin de se vendre, et le despote n'eût point trouvé de mercenaires (Volney, Ruines, 1791, p. 57).
[Le compl. d'obj. désigne une pers. ou un attribut d'une pers.] Prostituer. Une appareilleuse infâme, qui vendait sa fille (Restif de La Bret., M. Nicolas, 1796, p. 135).
Vendre ses charmes, son corps, ses faveurs. Se prostituer. Ce qui se vend cent mille francs chez la putain qui vous vend son corps, la beauté, on ne l'estime pas vingt mille chez la femme qu'on épouse et qui vous la donne (Goncourt, Journal, 1864, p. 15).Empl. pronom. Le salarié se trouve dans la situation d'une putain, comme elle, il se vend (Vailland, Drôle de jeu, 1945, p. 174).
D. − Trahir, dénoncer par intérêt. Vendre ses complices, un secret; vendre père et mère. Esterhazy (...) l'espion qui nous vendait à l'Allemagne (Clemenceau, Vers réparation, 1899, p. 157).
Vendre la mèche. V. mèche1A 2 b.
E. − Vendre cher/chèrement qqc. Ne pas accorder facilement, exiger quelque chose en échange de quelque chose. Vendre chèrement sa vie. Ne poursuivons plus la gloire; elle vend cher ses faveurs (Brillat-Sav., Physiol. goût, 1825, p. 386).Elle avait empoigné le révolver d'un geste instinctif pour achever son attitude d'espionne acculée dans un coin et décidée à vendre chèrement sa peau (Cocteau, Enfants, 1929, p. 185).
Prononc. et Orth.: [vɑ ̃:dʀ ̥], (il) vend [vɑ ̃]. Homon. vent, van1 et 2. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. Fin xes. « céder contre de l'argent (ou un avantage quelconque) » (Passion, éd. d'Arco Silvio Avalle, 87); 1160-74 sei vendre chier « vendre cher sa vie » (Wace, Rou, éd. A. H. Holden, III, 8902). Du lat. vendere « céder contre argent » et « faire valoir », contraction de venum dare « donner en vue de la vente ». Fréq. abs. littér.: 5 286. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 8 596, b) 9 383; xxes.: a) 8 276, b) 5 138.
DÉR.
Vendable, adj.Qui peut être cédé contre de l'argent, contre paiement. Anton. invendable.Produit vendable. Les dettes, à l'acquittement desquelles la vente des propriétés vendables ne pouvait suffire, ne pesaient que sur lui (Balzac, Secrets Cadignan, 1839, p. 301).Les œuvres françaises que leur qualification scientifique rend difficilement vendables, dans le grand public (Civilis. écr., 1939, p. 28-6). [vɑ ̃dabl̥]. Att. ds Ac. dep. 1798. 1reattest. 1249 vendaule (Févr., Chart. des comt. de Hain., A. de l'Etat à Mons ds Gdf. Compl.); de vendre, suff. -able*; cf. le lat. vendibilis « qui se vend facilement », dér. de vendere, « vendre », d'où fr. vendible « qui se vend facilement » 1530 (Palsgr., p. 303) − 1636, Monet.
BBG.Grammont (M.). Et vous le vendez? In: [Mél. Thomas (A.).]. Paris, 1927, pp. 183-186. − Koch (P.). Verb, Valenz, Verfrügung. Heidelberg, 1981, pp. 92-94, 175-180, 194-197, 296-299. − Picoche Sém. lex. fr. 1986, pp. 102-104. − Quem. DDL t. 18, 20.

Wiktionnaire

Verbe - français

vendre \vɑ̃dʁ(ə)\ transitif ou pronominal 3e groupe (voir la conjugaison) (pronominal : se vendre)

  1. Aliéner une chose, transporter, céder à quelqu’un la propriété d’une chose pour un certain prix, contre une somme d'argent.
    • […], et si monsieur Guignol ne me paye pas. aujourd’hui même les cinq termes qu’il me doit je fais vendre ses meubles sur la place publique, […]. — (Laurent Mourguet, Le Déménagement de Guignol, Elardin, 1876)
    • Dans toutes les Bourses de la terre, ce fut une avalanche de titres que les porteurs voulaient vendre ; les banques suspendirent leurs paiements, les affaires furent paralysées et cessèrent ; […]. — (H. G. Wells, La Guerre dans les airs, 1908, traduction d’Henry-D. Davray et B. Kozakiewicz, Mercure de France, Paris, 1910, page 288 de l’édition de 1921)
    • Autrefois, nos écorces se vendaient à vil prix, et nos cuirs n’avaient pas une grande valeur ; mais nos écorces et nos cuirs, une fois bonifiés, la rivière nous permit de construire des moulins à tan, il nous vint des tanneurs dont le commerce s’accrut rapidement. — (Honoré de Balzac, Le Médecin de campagne, 1833, édition de 1845, chapitre premier)
  2. (Figuré) Se défendre dans les expressions :
    • Vendre bien cher sa vie, vendre chèrement sa vie, Défendre bien sa vie et faire périr beaucoup d’ennemis avant de succomber.
    • Vendre bien cher sa peau.
  3. (Par extension) Faire du commerce, échanger, troquer.
    • Il vend toutes sortes d’étoffes, de livres.
  4. Trahir, révéler un secret par intérêt ; dénoncer.
    • Ce nonobstant, les gendarmes sont visibles de loin et les rats, qui sont des bourgeois, ne voyagent qu’en voiture ; ils sont donc tous, quand on n’est pas vendu, facilement évitables. — (Louis Pergaud, L’Évasion de Kinkin, dans Les Rustiques, nouvelles villageoises, 1921)
    • Vendre sa patrie. — Il vendrait son meilleur ami à beaux deniers comptants. — C’est lui qui nous a vendus.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Littré (1872-1877)

VENDRE (van-dr'), je vends, tu vends, il vend, nous vendons, vous vendez, ils vendent ; je vendais ; je vendis ; je vendrai ; je vendrais ; vends ; qu'il vende, vendons, vendez ; que je vende, que nous vendions ; que je vendisse ; vendant ; vendu v. a.
  • 1Aliéner une chose, céder à quelqu'un la propriété d'une chose pour un certain prix. Vendre une maison, un cheval. Platon fut vendu comme esclave. Deux compagnons presses d'argent à leur voisin fourreur vendirent La peau d'un ours encor vivant, Mais qu'ils tueraient bientôt, du moins à ce qu'ils dirent, La Fontaine, Fabl. v, 20. Il eût mieux valu mille fois, dit un sage jurisconsulte, vendre les trésors de tous les couvents et l'argenterie de toutes les églises que de vendre la justice, Voltaire, Pol. et lég. Comm. Esprit des lois, 27. Des gredins du Parnasse ont dit que je vends mes ouvrages, Voltaire, Lett. Panckoucke, 13 févr. 1769. L'Espagne vend tous les ans à l'étranger en laine, en soie, en huile, en vin, en fer, en soude, en fruits, pour plus de 80 000 000 de livres, Raynal, Hist. phil. VIII, 34.

    Vendre un cheval crins et queue, le vendre très cher.

    Vendre un cheval tout nu, le vendre sans selle et sans bride.

    Ce n'est pas vendre, c'est donner, se dit en parlant des choses qu'on vend à vil prix.

    Vendre une femme, la prostituer pour de l'argent. [Soit que] Aux portefaix de Rome il [Juvénal] vende Messaline, Boileau, Art p. II.

    Il les vendrait à beaux deniers comptant, il les vendrait tous, il est plus fin qu'eux, ou bien il les sacrifierait au moindre intérêt.

    Fig. Vendre son cheval pour avoir du foin, faire une chose contradictoire.

    Je suis à vous à vendre et à dépendre, je vous suis tout acquis, voy. DÉPENDRE 3.

    Fig. À qui vendez-vous vos coquilles ? voy. COQUILLE, n° 2.

    Fig. Cet homme vend bien ses coquilles, il fait bien valoir sa marchandise, son travail.

  • 2 Terme de bourse. Vendre à découvert, vendre à terme et à une même époque une certaine somme de rentes sans avoir les titres en main, dans l'espérance de voir les cours baisser avant l'expiration du marché.
  • 3Particulièrement, il se dit de ceux qui vendent habituellement au public certaines marchandises, certaines denrées, etc. Vendre en gros et en détail. Il vend des comestibles, du vin, des liqueurs. Vendre à juste prix. Vendre cher. Vendre bon marché.

    Vendre en biais, c'est, après avoir enlevé un fichu de toute la largeur de l'étoffe, mesurer sur les deux lisières le métrage demandé, et puis couper ; cette coupe donne du biais aux deux bouts.

    Vendre l'argent, se dit des usuriers. Qu'on vend cher maintenant l'argent à la jeunesse ! Regnard, le Joueur, I, 6.

  • 4 Fig. Ne pas accorder gratuitement, faire payer cher. La fortune est une grande trompeuse ; bien souvent, en donnant aux hommes des charges et des honneurs, elle leur fait de mauvais présents, et pour l'ordinaire elle nous vend bien chèrement les choses qu'il semble qu'elle nous donne, Voiture, Lett. 123. Il [le sage] lit au front de ceux qu'un vain luxe environne, Que la fortune vend ce qu'on croit qu'elle donne, La Fontaine, Phil. et Bauc. Et tu peux concevoir Que je lui vendrai cher le plaisir de la voir, Racine, Brit. II, 2. Non, non, je ne sais point vendre mon amitié, Racine, Alex. III, 2. Il commença par gagner la confiance du prosélyte en ne lui vendant pas ses bienfaits, Rousseau, Ém. IV.

    Vendre cher, vendre bien cher, vendre chèrement sa vie, ou, simplement, vendre sa vie, se défendre avec courage, immoler beaucoup d'ennemis avant de succomber. Et quelque peu des leurs, tous percés de nos coups, Disputent vaillamment et vendent bien leur vie, Corneille, Cid, IV, 3. Le peuple aussitôt sort en armes ; Tout autre aventurier, au bruit de ces alarmes, Aurait fui ; celui-ci, loin de tourner le dos, Veut vendre au moins sa vie et mourir en héros, La Fontaine, Fabl. X, 14. Vendre cher notre vie est tout ce qui nous reste, Voltaire, Catilina, III, 4.

    Populairement, dans le même sens. Vendre bien cher sa peau.

  • 5 Fig. Se faire payer en argent ou autrement pour certains services, certains offices, certaines choses morales. Debout dans un parquet, à tort et à travers je vendrais mon caquet, Régnier, Sat. IV. Les honneurs sont vendus aux plus ambitieux ; L'autorité, livrée aux plus séditieux, Corneille, Cinna, II, 1. Et vendre au plus offrant mon encens et mes vers, Boileau, Sat. I. Un vil amour du gain… enfantant mille ouvrages frivoles, Trafiqua du discours et vendit des paroles, Boileau, Art p. IV. S'ils se taisent, madame, et me vendent leurs lois…, Racine, Bérén. IV, 5. Ce sénat, le modèle et le tuteur des rois… Vend ce qu'à la vertu réservaient nos aïeux, Crébillon, Catilina, I, 2. Envieux par nature et brigands par métier, Ils vendent l'infamie à qui la veut payer, Chénier M. J. la Calomnie.

    Vendre son suffrage, sa protection, etc. se les faire payer.

    Vendre son honneur, recevoir de l'argent pour faire une action honteuse.

    Vendre son honneur, en parlant d'une femme, s'abandonner par intérêt.

    Vendre son âme, se dit de celui qui, d'après une croyance superstitieuse, livrait son âme au diable pour certaines jouissances. Le peuple racontait que le frère d'Amélie… avait vendu son âme au démon, Chateaubriand, les Natch. 2e part. 1er quart.

  • 6 Fig. Trahir, dénoncer, révéler un secret par intérêt. Quoi qu'il en soit, Narcisse, on me vend tous les jours, Racine, Brit. I, 4. Il te tarde déjà qu'échappé de mes mains, Tu ne coures me perdre et me vendre aux Romains, Racine, Mith. III, 1. À ce perfide Arons il vendait sa patrie, Voltaire, Brut. v, 1. Après avoir dit qu'il voyait bien que j'étais un bon jeune honnête homme qui n'était pas là pour le vendre, il ouvrit une petite trappe à côté de sa cuisine, Rousseau, Confess. IV. C'est sous le plus grand secret qu'il me l'a confié : ne me vendez pas, au moins, Goldoni, Bourru bienfais. I, 1.

    Il a vendu ses complices, il les a dénoncés.

    Fig. Ils vendent la ville, se dit de gens qui, dans une compagnie, parlent bas entre eux.

  • 7Se vendre, v. réfl. Être vendu. Cette maison se vend aujourd'hui. Le coton se vend en balles.

    Cette marchandise se vend bien, elle est d'un débit facile, ou elle est d'un prix élevé.

    En un sens contraire. Cette marchandise ne se vend pas, elle n'a pas de débit.

    Se vendre au poids de l'or, être vendu fort cher.

  • 8Aliéner sa liberté, se faire esclave, pour an certain prix. Les Moscovites se vendent très aisément ; j'en sais bien la raison, c'est que leur liberté ne vaut rien, Montesquieu, Esp. XV, 6. Je m'adressai à un marchand arménien ; je lui vendis ma fille et me vendis aussi pour trente-cinq tomans, Montesquieu, Lett. pers. 67.

    Fig. Qu'il te faut la toison pour revoir tes parents, Qu'à ce prix je te plais, qu'à ce prix tu te vends, Corneille, Tois. d'or, IV, 4.

  • 9Entrer au service militaire pour de l'argent. Il s'est vendu comme remplaçant. Autrefois les Suisses se vendaient. Cet Athénien [Xénophon], au lieu d'aller secourir sa patrie accablée alors par les Spartiates, se vend encore une fois à un petit despote étranger, Voltaire, Dict. phil. Xénophon.
  • 10 Fig. Aliéner sa liberté morale pour de l'argent ou autres avantages. Je me privais de lui sans me vendre à personne, Corneille, Othon, IV, 3. À l'injuste Athalie ils se sont tous vendus, Racine, Athal. I, 2. Madame, lui dis-je [à la duchesse du Maine], je me suis donnée à vous, et je ne m'y vendrai pas ; Votre Altesse peut disposer de moi comme il lui plaira, Staal, Mém. t. III, p. 99. Dans tout gouvernement despotique on a une grande facilité à se vendre, Montesquieu, Esp. XV, 6. Prêt à me vendre au ministère, Pour toi je ne puis plus chanter, Béranger, Poëte de cour. Où la corruption est-elle parvenue !… Deux hommes ce matin viennent me visiter : L'un pour se vendre à moi, l'autre pour m'acheter, Delavigne, la Popularité, IV, 3.

    Se vendre à un parti, se livrer à un parti par des vues intéressées.

  • 11Se trahir l'un l'autre. Ils se sont vendus les uns les autres.
  • 12Il se dit d'une femme qui se livre pour de l'argent. Il y a telle fille qui trouve à se vendre, et ne trouverait pas à se donner, Chamfort, Max. et pensées, VI.

PROVERBES

Femme qui prend se vend.

Ce n'est pas tout que de vendre, il faut livrer, il ne suffit pas de promettre, il faut tenir, il ne suffit pas de former un projet, il faut avoir les moyens de l'exécuter.

Il ne faut pas vendre la peau de l'ours avant de l'avoir mis par terre, voy. OURS.

Marchandise qui plaît est à demi vendue.

HISTORIQUE

XIe s. E nous defendun que l'om christien fors de la terre ne vende, Lois de Guill. 41. En Saraguce sa maisnée [de Charlemagne] [il] alat vendre [trahir], Ch. de Rol. CVIII. Ainz que il moergent [meurent], il se vendrunt mult cher, ib. CXXV.

XIIe s. Vendus [il] nous a par male traïson. Ronc. p. 48. Sempres morrai, mais cher me sui venduz, ib. p. 93. Et je sui si siens quites ligement, Que tout [elle] me puet ou engager ou vendre, Couci, v.

XIIIe s. Uns homs ne se devroit jà prendre à fame qui sa char vuet vendre, la Rose, 4580. Se Tybert l'eüst atendu, Il li eüst moult chier vendu L'estrif que li chien li ont fait, Ren. 2990. Services et consaus poent bien estre vendu, mais ce ne poent ne ne doivent estre li jugement, Beaumanoir, v, 21. Jehans eust dit au vendre : je voz vent dix muis…, Beaumanoir, XXVI, 3.

XIVe s. Tel y ot qui disoit : Dieux, veilliez nous aidier ! Je croi qu'on nous voudra ce vin vendre bien chier, Guesclin. 926.

XVe s. Bataille et assaut sur mer sont plus durs et plus fors que sur terre ; car là ne peut on reculer ne fuir ; mais se faut vendre et combattre, et attendre l'aventure, Froissart, I, I, 122. Plus n'en dy, mieux vault que me taise ; Car j'en ay à vendre et revendre ; Ung chascun doit son fait entendre, Orléans, Rondeau.

XVIe s. Bien resolus de mourir vaillamment, et de vendre leur mort bien cherement, Amyot, Pélop. 19. La premiere fois qu'il fut amené pour vendre [être vendu] comme esclave à Rome, Amyot, Crass. 14. Les traistres qui vendent leur païs se vendent eulx mesmes les premiers, Amyot, Démosth. 46. Où pain faut, tout est à vendre, Cotgrave Un quartier fait l'autre vendre, Cotgrave Qui vend le pot dit le mot, Loisel, Instit. cout. III, IV, 1.

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Étymologie de « vendre »

Du latin vendere (« vendre », « trafiquer », « faire valoir », « vanter », « louer », « recommander »).
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Bourg. vanre ; wall. veind ; prov. vendre ; esp. vendere ; ital. vender ; du lat. vendere, qui est une contraction de venum-dare (voy. VÉNAL).

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Phonétique du mot « vendre »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
vendre vɑ̃dr

Fréquence d'apparition du mot « vendre » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « vendre »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « vendre »

  • La sage sait se vendre où la sotte se donne.
    Mathurin Régnier
  • Il ne faut pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué.
    Proverbe français
  • Je sentis la main d’Estebaii sur mon bras. D’accord, Esteban, dis-je ; je ne vais pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué. Une petite tape me dit qu’il était heureux que je comprenne la nécessité d’agir avec prudence.
    Martin L. Weiss — La mort qui roule
  • Je ne me suis même jamais senti tellement vivant et tellement batailleur qu’en ce moment. Il se peut que ma situation soit redressée et même devienne brillante avant l’automne ; mais la vie m’a appris à ne pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué.
    Roger Vailland — Lettres à sa famille
  • Mes démarches impliquaient une certitude d’avenir que je n’avais pas mais, le temps pressant, je fis violence aux craintes superstitieuses qui, toute ma vie, m’avaient retenu de vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué.
    Roger Martin — Patron de droit divin…
  • Skeffington manifesta un certain étonnement. « Ma parole, dit-il, vous êtes en train de vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué. Je ne m’attendais pas à un tel concert d’optimisme de votre part. Si je ne vous savais pas si prudents et expérimentés, je vous accuserais presque de prendre vos désirs pour des réalités. »
    Edwin O’Connor — La dernière fanfare
  • Qui veut vendre un cheval aveugle en vante les pattes.
    Proverbe allemand
  • Vendre un pays ! Pourquoi ne pas vendre l’air, la mer immense et la terre sur laquelle nous posons les pieds ?
    Tecumseh
  • Partout où l'homme veut se vendre, il trouve des acheteurs.
    Henri Lacordaire — Pensées
  • Il faut être prudent de ne pas vendre son soleil pour s'acheter une chandelle.
    P. Ladino
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Traductions du mot « vendre »

Langue Traduction
Anglais sell
Espagnol vender
Italien vendere
Allemand verkaufen
Chinois
Arabe يبيع
Portugais vender
Russe продам
Japonais 売る
Basque saldu
Corse vende
Source : Google Translate API

Synonymes de « vendre »

Source : synonymes de vendre sur lebonsynonyme.fr

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Vendre

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