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Travers

Définitions de « travers »

Trésor de la Langue Française informatisé

TRAVERS, subst. masc.

I. − Étendue d'un corps, d'un espace, envisagée perpendiculairement à sa plus grande dimension (longueur ou hauteur), et qui constitue l'épaisseur, la largeur ou la profondeur de ce corps; distance correspondant à cette étendue. Il faudrait encastrer une bande de fer sur le travers de cette porte (Jossier1881).De temps en temps, une voix se faisait entendre d'un travers de rue à l'autre (Sand, Péché de M. Antoine, t. 1, 1845, p. 7).
Locutions
Un travers de doigt, de main. (Étendue correspondant à) la largeur d'un doigt, d'une main. L'aspect de la blessure [du roi] (...) d'environ trois travers de doigt, les rassura [les chirurgiens] pleinement (Balzac, Œuvres div., t. 1, 1830, p. 541).La partie inférieure de l'anse en U [de l'appareil d'extension] passe à un travers de main au-dessous de la plante du pied (Judet, Fractures membres, 1948, p. 16).
D'un travers à l'autre (région. (Canada)). De part en part Regarde-moi donc: j'suis mouillé quasiment d'un travers à l'autre! (Guèvremont, Survenant, 1945, p. 134).
A. − [Pour désigner l'étendue, la direction, la partie transversale d'une chose, p. oppos. à sa longueur, à son étendue longitudinale]
1. Chemin permettant de couper perpendiculairement un lieu; traverse. M. Richard a pris le travers de la forêt (A. Daudet, Pte paroisse, 1895, p. 260).
2. Spécialement
a) BOUCHERIE
α) Partie musculaire située dans la région lombaire du bœuf, du mouton, entre la dernière côte et la partie antérieure du bassin. Synon. aloyau (pour le bœuf).Le travers ou l'aloyau. Cet endroit est indispensable à consulter [chez les bovins]. Son maniement permet d'apprécier l'épaisseur des plans musculaires situés au-dessus et au-dessous des apophyses transverses des vertèbres lombaires. (...) Pour les ovins, le travers est un maniement très important. Il permet d'apprécier l'état d'engraissement mais aussi le développement des muscles du rein (Boucher-charcutier, Paris, Delachaux, Niestlé, Spes, t. 1, 1980, p. 83).
β) Travers de porc. Découpe transversale effectuée dans la partie haute des côtes du porc. Synon. haut(-)de(-)côtelette.Travers de porc laqué. Dans la cuisine américaine, morceaux de travers de porc (hauts de côtes) grillés au barbecue, après avoir macéré dans un mélange de sauce soja, de ketchup, de sucre et de gingembre (CourtineGastr.1984, s.v. spare ribs).
b) MARINE
α) Travers (d'un bâtiment, d'un navire, ...). Côté, axe transversal d'un bâtiment, d'un navire. Travers babord, tribord. Le navire, qui présentait le travers à la lame, roulait beaucoup (Malot, R. Kalbris, 1869, p. 215).
β) Direction perpendiculaire au cap d'un navire, à la route qu'il suit. Le commandant fit donc tenir le travers, afin de mettre garnison à bord du brick pour pouvoir continuer de donner la chasse à la goëlette (Sue, Atar-Gull, 1831, p. 27).
γ) Direction perpendiculaire au sens du courant. Prendre le travers du courant. Ses mâts craquant sous la folie de la toile ivre de brise, elle [la barque] fila dans le travers des lames (Hamp, Marée, 1908, p. 34).
c) RELIURE. Filet doré gravé horizontalement sur le dos d'un livre relié. (Dict. xixeet xxes.).
d) SPORTS
α) AUTOMOB. Fait, pour une voiture, de déraper, de se mettre en travers de la route. Abordant ce virage de plus en plus vite, il finit par un splendide travers (L'Équipe, 26 sept. 1970ds Petiot 1982).
β) ÉQUIT. Faire un travers. Synon. de appuyer* tête au mur. (Ds Petiot 1982).
γ) TENNIS. Chacune des cordes transversales d'une raquette. Des cordes de boyaux de mouton sont tendues sur le cadre [de la raquette], les unes verticales (montants), les autres horizontales (travers) qui passent alternativement sur et sous les montants (Petiot1982, s.v. raquette).
e) TECHNOLOGIE
α) BÂT. ,,Bande de marbre qui supporte la tablette d'un chambranle de cheminée et qui elle-même est supportée par les deux montants`` (Jossier 1881; dict. xixeet xxes.).
β) MÉTALLURGIE
Vieilli. Crevasse transversale constituant un défaut dans l'acier, le fer. (Dict. xixes.).
,,Amélioration de la résistance d'un acier laminé dans le sens de l'allongement, au détriment de la résistance transversale`` (Peyroux Techn. Métiers 1985).
B. −
1. Vieilli. Irrégularité, déviation, tracé défectueux d'un bâtiment, d'une construction, d'un lieu. Il y a bien du travers dans ce bâtiment (Ac. 1798-1878).
2. Au fig. Léger défaut d'une personne, se manifestant dans son comportement. Travers d'esprit; donner, tomber dans un/des travers; plaisanter des petits travers de qqn. Un pastiche de ce journal dans une revue. C'est drôle sans méchanceté et cela m'a fait rire. J'ai reconnu beaucoup de mes travers et de mes tics, mais l'auteur ne me connaît pas bien (Green, Journal, 1955, p. 136):
1. ... la règle que je me suis faite de varier mes petites compositions, et de faire succéder, autant que je puis, une esquisse légère de nos goûts, de nos plaisirs, de nos travers ou de nos ridicules, à la peinture plus sérieuse de nos vertus, de nos malheurs ou de nos vices... Jouy, Hermite, t. 4, 1813, p. 297.
II. − À travers, loc. prép. et adv.
A. − Loc. prép. En parcourant, en franchissant, en pénétrant quelque chose.
1. [Le compl. prép. est d'ordre spatial]
a) [L'idée dominante est celle de la pénétration d'un corps de part en part] Piquer une aiguille à travers une étoffe. J'ai reçu un coup d'épée dans la poitrine et un coup de dague à travers le bras (Dumas père, Reine Margot, 1847, ii, 4, p. 67).
b) [L'idée dominante est celle d'un mouvement, d'un déplacement, d'un parcours transversal d'un bout à l'autre d'un endroit, d'un milieu, d'une surface] Aller, marcher... à travers une chambre, une pièce, des couloirs, un jardin, un parc, des allées, des rues, la forêt, les champs, les bois, les prés, la campagne, la ville; voyager à travers la France, l'Europe, le monde; voler à travers les airs. On pouvait, ainsi que Platon l'indique assez positivement, chercher le beau à travers le monde, par le moyen du monde, dans le monde; l'extraire du monde, et le renvoyer au monde (P. Leroux, Humanité, 1840, p. 78).Bernard dormait longtemps; le soir, il allait rôder à travers Paris (Nizan, Conspir., 1938, p. 162).
α) [Dans un cont. métaph.] L'annonce officieuse de son prochain mariage faisait déjà courir à travers les salons bien pensants un petit rire (Bernanos, Joie, 1929, p. 629).
β) [Dans des expr. souvent figées, avec ell. de l'art. déf.] À travers bois. Esquinté par treize jours de marche à travers monts et combes, presque mort de soif, il était arrivé sac au dos aux pierrières de la Grésigne (Cladel, Ompdrailles, 1879, p. 123).Ces marches de nuit, ces longs détours à travers champs et prés pour éviter le moindre village (Ambrière, Gdes vac., 1946, p. 225).
c) [L'idée dominante est celle d'un obstacle à franchir] Se faufiler à travers la foule. Les défenseurs des barricades, à l'approche du cortège, écartaient pavés, tonneaux, voitures, pour ouvrir, à travers les obstacles, un passage au blessé (A. France, Pt Pierre, 1918, p. 186).Pour atteindre le boulevard Montparnasse, j'ai dû me frayer un chemin à travers les couples dansants (Mauriac, Nœud vip., 1932, p. 202).
[Dans un cont. métaph.] Cette méfiance lui permettrait de tirer toujours son épingle du jeu, de glisser, insaisissable, à travers les plus dangereuses aventures (Proust, Sodome, 1922, p. 1034).
α) [Le compl. désigne un corps, un objet, un ensemble de choses présentant des interstices, des espaces vides] Synon. entre.Regarder à travers ses cils, à travers les fentes du volet. Mon homme achète deux perdrix, qu'il met dans sa carnassière, et dont il a grand soin de faire sortir les pattes à travers les mailles du filet (Jouy, Hermite , t. 4, 1813, p. 186).Les enfants vinrent pépier autour de sa cage (...) lui passant à travers les barreaux de petits morceaux de biscuit et de gâteau (Pergaud, De Goupil, 1910, p. 217).
Loc. fig. Passer à travers les mailles (du filet). V. maille1.
β) [Le compl. désigne un corps, un objet, une matière constituant un écran, un obstacle à la vue, à l'ouïe, au toucher] Écouter à travers la cloison, la porte; regarder à travers la vitre, les rideaux. [Le perroquet] tâchait toujours de le pincer [le garçon boucher] à travers sa chemise (Flaub., Cœur simple, 1877, p. 53).Il se rappelait parfois qu'il avait, bien des années auparavant, essayé un jour de lire à travers l'enveloppe une lettre adressée par Odette à Forcheville (Proust, J. filles en fleurs, 1918, p. 523).
[Dans un cont. métaph.] Je refermai ce livre dont les caractères m'apparaissaient vides de sens à travers le voile de mes doutes (Dumas fils, Dame Cam., 1848, p. 233).
γ) [Le compl. désigne une réalité non tangible perçue comme un obstacle à franchir] Marcher à travers le brouillard, l'obscurité, les ténèbres. Nous étions à cet instant deux chasseurs lancés à travers la nuit (Gracq, Syrtes, 1951, p. 62).
Loc. fig. Lire à travers les lignes. Découvrir un sens caché à un texte, p. ext. à une réalité quelconque. Synon. lire entre les lignes (v. lire1I B 3).À travers les lignes du même texte, que déchiffrait Van Gogh, Cézanne lit la sûreté de construction du travail plutonique. « Pour bien peindre un paysage, je dois découvrir d'abord les assises géologiques » (Huyghe, Dialog. avec visible, 1955, p. 93).
2. P. anal. [Le compl. prép. est d'ordre temporel] D'un bout à l'autre d'une certaine période, d'un certain laps de temps. Remonter, voyager à travers l'histoire, les siècles, le temps. Ces saintes douairières (...) mortellement haineuses, n'avaient jamais voulu parler la langue des conquérants, passées, sans contact, à travers plusieurs générations, ces bonnes vieilles hablaient toujours la divine langue castillane (Borel, Champavert, 1833, p. 105).Les mythes sont la manifestation de la spiritualité à travers les âges (Durry, Nerval, 1956, p. 80).
3. Au fig.
a) En dépit de, malgré (une difficulté, un obstacle). Ce n'est (...) pas assez de la décréter [l'action voulue] ni même de la produire; il en faut étudier la production à travers les obstacles ou les résistances (Blondel, Action, 1893, p. 144).Le travail de modelage intérieur auquel depuis vingt ans, à travers tant d'alternatives, d'échecs et de partielles réussites, je me reprends sans cesse (Du Bos, Journal, 1927, p. 239).
b) Par le biais, l'intermédiaire de quelqu'un, quelque chose; en se référant à quelqu'un, quelque chose. Ce soir visité l'horrible énormité de Saint-Pierre. Je vois Rome à travers Stendhal, malgré moi (Gide, Journal, 1895, p. 65):
2. ... à travers les citations, les énumérations précises, les faits qui ne tiennent qu'une place relative, il lui faut [à l'historien] conserver cette chaleur qui anime le récit et en fait autre chose qu'un extrait de gazette. Delacroix, Journal, 1850, p. 393.
B. − Loc. adv. D'un bout à l'autre; de part en part. Une espèce de cabane dans le genre des constructions que les enfants exécutent avec des feuilles de carton, des murs de crépi et un toit rouge, rien de plus insolemment ouvert et banal, on voit à travers (Claudel, Convers. Loir-et-Cher, 1935, p. 77).
À tort et à travers. V. tort A 3 d.Passer à travers (fam.). V. passer11reSection I B 1 a.
III. − Au travers (de), loc. prép. et adv.
A. − Loc. prép. En franchissant, en pénétrant quelque chose.
1. [Le compl. prép. est d'ordre spatial]
a) [L'idée dominante est celle de la pénétration d'un corps de part en part] Un pêcher n'est pas mieux défendu qui pousse au travers d'un figuier de Barbarie (Claudel, Soulier, 1944, 1repart., 1rejournée, 2, p. 948).
b) [L'idée dominante est celle du franchissement, d'un bout à l'autre, d'un endroit, d'un milieu, dans lesquels existent généralement des obstacles] Aller, marcher au travers des fourrés, des ronces; passer au travers des balles, des lignes ennemies. Ce fleuve coulait lentement au travers d'une majestueuse forêt (Sue, Atar-Gull, 1831, p. 4).Chouteau devait avoir entendu les paroles de Maurice, son plan de fuite au travers d'un taillis (Zola, Débâcle, 1892, p. 472).
α) [Dans un cont. métaph.] Et ma vie solitaire, rêveuse, poétique, marchait au travers de ce monde de réalités, de catastrophes, de tumultes, de bruit (Chateaubr., Mém., t. 1, 1848, p. 3).
β) [Le compl. désigne un corps, un objet constituant un écran, un obstacle à la vue, à l'ouïe, au toucher] Écouter au travers d'un mur. Je le trouvai considérant avec la plus grande attention au travers d'une fiole remplie d'un liquide bleuâtre (Toepffer, Nouv. genev., 1839, p. 145).Elle n'entendait plus que ces coups précipités du tambour au travers d'un épais coussinet (Boylesve, Leçon d'amour, 1902, p. 221).
γ) [Le compl. désigne une réalité non tangible, perçue comme un obstacle à franchir] Je conduirai les Natchez, et les mènerai, au travers des ombres, à l'escalade du fort (Chateaubr., Natchez, 1826, p. 486).
2. P. anal. [Le compl. prép. est d'ordre temporel] D'un bout à l'autre (d'une certaine période). Les chefs d'œuvre immortels s'avancent en silence au travers des siècles à venir (Stendhal, Hist. peint. Ital., t. 2, 1817, p. 235).
3. Au fig.
a) En dépit de, malgré (une difficulté, un obstacle). Il venait pourtant de sauver encore Maurice, puisque c'était lui qui l'avait rapporté là, au travers de tant de dangers (Zola, Débâcle, 1897, p. 619).
b) Par le biais, l'intermédiaire de quelqu'un, quelque chose. La musique concrète va se manifester au travers d'une série de transformations brutales dont le seul parallèle possible se trouve dans la peinture, et ce depuis l'impressionnisme (Schaeffer, Rech. mus. concr., 1952, p. 192).
B. − Au travers, loc. adv. En parcourant, en pénétrant (un corps, un objet, une matière) de part en part. Je trouve une porte (...) je pousse de toutes mes forces, et vlan! je passe au travers (Dumas père, L. Bernard, 1843, iii, 8, p. 251).La Révolution s'en est prise aux lieux célèbres: les souvenirs du passé sont obligés de pousser au travers et de reverdir sur des ossements (Chateaubr., Mém., t. 2, 1848, p. 68).
Loc. fig.
Aller tout au travers. Progresser tant bien que mal. Quant au style [de Benjamin Constant dans ses premières lettres], il est ce qu'il peut, il n'est pas formé encore, mais l'esprit va son train tout au travers (Sainte-Beuve, Portr. littér., t. 3, 1844, p. 191).
Passer au travers (fam.). V. passer11reSection I B 1 a.En partic. Manquer une affaire, une rémunération; ne pas avoir sa part dans une distribution. (Ds Esnault, Notes compl. Poilu, [1919] 1956 et Carabelli, [Lang. fam.], s.d.).
IV. − De travers (à), loc. prép., adj. et adv.
A. − Loc. prép., MAR. (Naviguer) de travers à la lame, au vent. Naviguer perpendiculairement à la direction de la lame, du vent. (Ds Merrien 1958).
B. − Loc. adj. [Le subst. désigne une partie du visage] Dévié, tordu. Avoir la bouche de travers. Ses yeux luisaient de reconnaissance; son nez de travers semblait tout attendri (Benjamin, Gaspard, 1915, p. 86).Le vieux rigolait de son œil de travers, sous un sourcil tellement touffu qu'il semblait postiche (Montherl., Bestiaires, 1926, p. 521).
C. − Loc. adv.
1. (Qui est placé, situé) dans une position déviée, oblique par rapport à la normale, d'une manière non conforme à ce qui est attendu; qui n'est pas d'aplomb, d'équerre. Synon. de biais, de côté, de guingois, de traviole (pop.).Aller, marcher de travers; poser du papier peint de travers. Tous les buveurs du dimanche, portant de travers leur feutre large, étaient attablés devant les portes (Loti, Mon frère Yves, 1883p. 54):
3. ... deux gamins s'accroupissent sur une planche supportée par quatre roues hautes de trois doigts; les camarades poussent, appuyés à la planche et au chargement; avec un formidable vacarme de cris et de roulement, le traîneau, mené de travers, heurte les boutiques ou verse sur la chaussée. Frapié, Maternelle, 1904, p. 66.
a) [Précédé de l'adv. tout renforçant la loc.] Fô, que l'or noir des tisanes Enivre, ou bien ses vers, Chante, et s'en va tout de travers Entre deux courtisanes (Toulet, Contrerimes, 1920, p. 16).
b) Loc. fam.
Avaler de travers. Laisser pénétrer involontairement, sous l'effet de la surprise ou de la contrariété, une petite quantité de boisson ou de nourriture dans sa trachée. Julie devint écarlate. Elle avala de travers son morceau de brioche (Dabit, Hôtel Nord, 1929, p. 164).
(Avoir toujours un) pet* de travers.
Mettre/avoir mis son bonnet* de travers.
2. Au fig.
a) [Accompagnant des verbes ou des loc. verb. indiquant une opération de l'esprit] D'une manière inexacte, contraire au bon sens. Comprendre, interpréter, raisonner, répondre de travers. Très intelligent, d'un esprit éveillé, il devinait plus qu'il ne comprenait; il devinait souvent de travers; il était le premier à rire de ses bévues (Rolland, J.-Chr., Nouv. journée, 1912, p. 1499).
[Précédé de l'adv. tout renforçant la loc.] Dans cet énivrement de joie, il prit son violon, et en joua tout de travers (Sand, Consuelo, t. 2, 1842-43, p. 315).Je m'y prenais tout de travers, laissant voir ma partialité, accumulant les exagérations et les invraisemblances (A. France, Vie fleur, 1922, p. 318).
b) [Accompagnant des verbes indiquant le déroulement d'une action] Aller, marcher... de travers. Ne pas se passer comme il convient, comme on l'espère. Depuis que ce mirliflor a mis le pied dans ma maison, tout y va de travers (Balzac, E. Grandet, 1834, p. 116).Mon père et ses amis parlaient inlassablement de politique et je savais que tout allait de travers (Beauvoir, Mém. j. fille, 1958, p. 227).
c) [Accompagnant des verbes ou des loc. verb. traduisant un comportement, un propos, un regard] En manifestant de l'animosité, de l'hostilité. Jeter, lancer un mot, une parole, un regard de travers. S'il m'avait seulement répondu de travers, je l'aurais fichu dehors, il n'y a pas de curé qui tienne! (Bernanos, Crime, 1935, p. 817):
4. Kléber se mit à rire dans l'épaule de Menou, au point de lui faire verser son verre sur un vieil aga, et Bonaparte les regarda tous deux de travers, en fronçant le sourcil. (...) il avait raison (...) en présence d'un général en chef, un général de division ne doit pas se tenir indécemment, fût-ce un gaillard comme Kléber... Vigny, Serv. et grand. milit., 1835, p. 150.
Prendre (qqc.) de travers. Se fâcher, se vexer pour des actes, des propos généralement mal interprétés. Il employa son esprit à laisser entrevoir son trouble sans être ridicule. Si elle prend la chose de travers, se disait-il, je me perds à jamais (Stendhal, Chartreuse, 1839, p. 96).
V. − En travers (de), loc. prép. et adv.
A. − [L'idée dominante est celle d'une direction, d'une position d'un corps, d'un objet transversale par rapport à la normale ou par rapport à un autre corps ou objet pris comme référence] Le cadavre du comte se trouvait dans la ruelle du lit, presque en travers, le nez tourné vers les matelas (Balzac, Gobseck, 1830, p. 434).Il avait mis sa carabine en travers de ses genoux, il s'est assis (Ramuz, Gde peur mont., 1926, p. 214).
En long, en large et en travers. Dans tous les sens; au fig., fam., sous tous les aspects. Parcourir des souterrains en long, en large et en travers. Il expliqua en long, en large et en travers les circonstances dans lesquelles il avait pris la stoppeuse à son bord (J. Vautrin, Billy-Ze-Kick, Paris, Mazarine, 1980 [1974], p. 137).
MAR. (Être, se mettre, tomber...) en travers ou en travers à/de (la houle, la lame, le vent). À cause de ce danger de tomber en travers à la lame, on n'aurait pas pu s'arrêter (Loti, Mon frère Yves, 1883, p. 134).Pendant la nuit nous constatâmes la présence d'un courant violent qui malgré la forme du vent maintenait notre bâtiment en travers (Carcot, Rapp. prélim. camp. « Pourquoi-Pas? », 1934, p. 9).
Mettre en travers. Synon. de mettre en panne (v. panne3I A). (Dict. xixeet xxes.).
B. − [L'idée dominante est celle d'un corps, d'un objet dont la position constitue une gêne, un obstacle] Laisser une voiture en travers de la chaussée. Je mets ma lance en travers, de façon à barrer la rue, si bien que, de prime abord, les camarades furent arrêtés (Mérimée, Carmen, 1845, p. 36).La souche noire (...) restait là, dans mes yeux, comme un morceau trop gros reste en travers d'un gosier (Sartre, Nausée, 1938, p. 168).
1. [Dans un cont. métaph.] Cela lui reste en travers du gosier. Pour lui, jamais rien ne représenterait plus tragiquement le passé que la dépouille de cet être omnipotent qu'il avait toujours trouvé en travers de sa route (Martin du G., Thib., Mort père, 1929, p. 1306):
5. L'idée de démolition nous préoccupe et nous aveugle. Le christianisme, par exemple, n'est plus aujourd'hui qu'un barrage, une pyramide en travers du chemin, une montagne de pierres qui entrave les constructions nouvelles. A-t-on mal fait pour cela de bâtir la pyramide? Renan, Avenir sc., 1890, p. 383.
2. Au fig. [L'idée dominante est celle d'une action menée pour contrecarrer qqc., pour faire opposition à l'exécution de qqc.] Tout allait comme sur des roulettes [pour le canal de Gibraltar], quand les Anglais sont venus se mettre en travers (Augier, Contagion, 1866, p. 371).Le père se dressait en travers de l'avenir. Une même idée les effleura: « Comme tout s'arrangerait, si subitement... » (Martin du G., Thib., Cah. gris, 1922, p. 716).
VI. − Par le travers (de), loc. prép. et adv.
A. − Loc. prép. Dans une direction perpendiculaire à quelque chose. Synon. en travers (de).Le vaisseau se trouvait par le travers de l'île de Corse (Stendhal, Armance, 1827, p. 301).Tous ceux qui ont descendu la vallée du Rhône ont remarqué, aux approches de Valence, une montagne de forme conique (...) Isolée, presque insolente, elle se campe par le travers de la vallée (Vidal de La Bl., Tabl. géogr. Fr., 1908, p. 268).
Au fig. Par le biais, l'intermédiaire de quelque chose. Synon. à travers, au travers (de).Univers inconnaissable par les moyens actuels de la science, nous l'atteignons par le travers des mots, par cette méthode de connaissance qui s'appelle la poésie, et nous gagnons ainsi des années et des années sur le temps ennemi des hommes (Aragon, Crève-cœur, 1941, p. 75).
B. − Loc. adv., MAR. Perpendiculairement à l'axe longitudinal d'un navire. Voilà le grain qui nous prend par le travers, il s'agit de tenir la barre (Mérimée, Jaquerie, 1828, p. 382).Le navire s'incline malgré l'abri des hautes terres situées devant nous, recevant la brise par le travers (Bellot, Voy. mers polaires, 1863, p. 132).
REM.
Travers-banc, subst. masc.,mines. Galerie horizontale au rocher, creusée pour recouper perpendiculairement les veines de charbon. Pour reconnaître le gisement à un niveau inférieur au point le plus bas de l'affleurement, on sera obligé de percer une galerie (...) dite travers-banc (Haton de La Goupillière, Exploitation mines, 1905, p. 34).
Prononc. et Orth.: [tʀavε ʀ]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. En travers a) ca 1100 en traver « par un chemin de traverse » (Roland, éd. J. Bédier, 3239); b) 1160-74 en travers « de part en part » (Wace, Rou, éd.A. J. Holden, III, 8273); 1885 fig. ça me reste en travers (Zola, Germinal, p. 1231); c) 1691 mar. « se dit de la position d'un bâtiment dont la direction de la quille est perpendiculaire à la direction du vent ou du courant » (Ozanam, p. 278); 1771 mar. mettre en travers (Bougainville, Voy., II, p. 315 ds Littré); 1876 s'échouer en travers (Lar. 19e); d) 1829 en travers de « de manière à contrecarrer quelque chose » (Dumas père, Henri III, I, p. 1); 1834 fig. se mettre en travers de (Balzac, Œuvres div., t. 2, p. 669); 1861 en travers du chemin (de qqn) (Augier, Effrontés, pp. 373-374); e) 1847 « dans une position transversale par rapport à l'axe de l'objet considéré » (Mérimée, A. Guillot, p. 90); 2. à travers a) 1160-74 a travers (Wace, Rou, éd. A. J. Holden, 1531); b) id. travers les chans (Id., ibid., III, 4467); 1606 à travers les champs (Nicot); 1640 à travers champs « sans suivre de chemin particulier » (Oudin, Curiositez); c) 1573 ils gravirent à travers les roches (Garnier, Hippolyte, éd. W. Foerster, sujet 30, II, p. 6); 1734 envisager à travers qqc. « conformément à » (Massillon, Or. fun. Villars ds Littré); 1861 à travers les âges (Baudelaire, L'Art romantique, éd. de Le Dantec, p. 493); 3. de travers a) ca 1155 « en travers de » (Wace, Brut, éd. I. Arnold, 5310); ca 1200 « d'une extrémité à l'autre dans le sens de la largeur » (Godefroy de Bouillon, 245 ds T.-L.); 1588 « dans le mauvais sens, pas en place » (Montaigne, Essais, I, 25, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p. 139); 1850 avaler de travers (Labiche, Fille bien gardée, 2, p. 275); b) ca 1155 prendre de travers « entendre de travers » (Wace, Brut, éd. I. Arnold, 1746); 1585 prendre tout de travers « dans un mauvais sens » (N. Du Fail, Contes d'Eutrapel, éd. J. Assézat, II, p. 254); 1611 paroles de travers « de raillerie » (Cotgr.); 1666 prendre (les choses) de travers « s'en fâcher » (Molière, Misanthrope, IV, 1); c) ca 1280 regarder qqn de travers « de côté, de biais » (Girart d'Amiens, Escanor, 22887 ds T.-L.); cf. 1160 regarder qqn en travers (Eneas, éd. J. J. Salverda de Grave, 1791); d) ca 1440 repondre de travers « d'une manière contraire au bon sens » (Nat. de J. C., Mystère inédit du XVe, éd. A. Jubinal, II, p. 72); 1577 aller de travers « ne pas se dérouler dans un sens favorable » (R. Belleau, Reconnue, II, 4 ds Œuvres, éd. Ch. Marty-Laveaux, II, p. 387); 1679 aller tout de travers « d'une manière qui n'est pas conforme à ce qui est ou devrait être » (Mmede Sévigné, Corresp., 8 nov., éd. R. Duchêne, t. 2, p. 729); e) 1671 avoir l'esprit de travers « être peu intelligent » (La Rochefoucauld, Maximes, 318 ds Littré); 4. au travers de ca 1210 « d'une extrémité à l'autre dans le sens de la largeur » (Folque de Candie, éd. O. Schultz-Gora, 10477); 1561 « au milieu de, parmi » (J. Grevin, L'Olympe, éd. L. Pinvert, p. 281); 1667 « par l'intermédiaire de quelque chose » (Racine, Britannicus, II, 2); 5. au travers ca 1225 « d'une extrémité à l'autre dans le sens de la profondeur » (Renclus de Molliens, Miserere, éd. A. G. Van Hamel, XCVI, 5); ca 1280 « de côté » (Girard d'Amiens, Escanor, 9085); ca 1393 « à travers » (Ménagier, éd. G. E. Brereton et J. M. Ferrier, 223, 5); 6. a tort et a travers a) ca 1200 venir de tort en travers « venir se mettre en travers (du chemin de quelqu'un) » (Escoufle, 6228 ds T.-L.); ca 1316 a tort et a travers (Geffroy de Paris, Chron. métrique, éd. A. Diverrès, 2763); b) 1511 parler à tort, à travers « sans réfléchir », « à mauvais escient » (P. Gringore, Le jeu du prince des sotz et mere sotte, éd. A. de Montaiglon et C. d'Héricault, I, p. 223). B. Subst. masc. 1. a) ca 1210 « chemin de traverse » (Folque de Candie, éd. O. Schultz-Gora, 8534); 1389-92 « étendue transversale d'un corps d'une extrémité à l'autre » (Compt. de Nevers, CCL, fo35 ro, A. Nevers ds Gdf. Compl.); 1585 travers de doigt (Paré, Œuvres, XVI, 27, éd. J.-Fr. Malgaigne, t. 2, p. 575); b) 1563 « distance représentée par la largeur ou l'épaisseur de quelque chose » (B. Palissy, Recepte, p. 83); c) 1680 « filet doré placé sur le dos d'un livre relié », « corde transversale d'une raquette » (Rich.); d) 1704 mar. par le travers « parallèlement au flanc d'un navire » (25 août, Dossier du Comte de Toulouse, Arch. de la mar. ds Jal 1848); 1952 vent de travers (Gruss); e) 1878 bouch. (Lar. 19e Suppl.); f) 1970 automob. « mise en travers d'une voiture » (L'Équipe, 26 sept. ds Petiot 1982); 2. a) 1637 « défaut, imperfection d'une personne » (Corneille, Lettre apolog. ds Littré); 1828-29 donner dans le travers « tomber dans l'inconduite » (Vidocq, Mém., t. 3, p. 411); 1906 donner dans ce travers (Gide, Journal, p. 211); b) 1694 « défaut de ce qui n'a pas une ligne normale, de ce qui est dévié » (Ac.); 1803 « défaut de l'acier dans le canon d'un fusil » (Boiste). Du lat. traversus, var. de transversus « oblique, transversal »; fig. « contrariant »; part. passé adj. de transvertere « tourner vers, à travers », « transformer », « détourner ». Fréq. abs. littér.: 15 264. Fréq. rel. littér.: xxes.: a) 16 300, b) 22 378; xxes.: a) 22 313, b) 25 598. Bbg. Darm. 1877, p. 22. − Quem. DDL t. 8, 10, 21. − Reiner Doublets 1982, p. 105.

Wiktionnaire

Nom commun - français

travers \tʁa.vɛʁ\ masculin

  1. Étendue d’un corps considéré dans sa largeur.
    • Il s’en faut d’un travers de doigt que ces planches ne se joignent.
  2. (Marine)
    1. Côté, flanc.
      • Ce vaisseau présentait son travers à la marée, au vent, au feu de l’ennemi.
    2. Allure où le vent apparent est à angle droit du cap
  3. (Boucherie) Bord des dernières côtes.
    • Ce travers de porc était délicieux.
  4. (Figuré) Bizarrerie, irrégularité d’esprit et d’humeur, disposition fâcheuse, défaut de caractère.
    • Il [...] avait des moyens et de l'éducation dont il ne se servait que fort rarement, car par un travers d'esprit alors assez commun, il se complaisait à prendre des airs de sacripant, toujours jurant, sacrant et ne parlant que de pourfendre les gens avec son grand sabre. — (Marcellin Marbot, Mémoires, tome 1, chapitre 7, Paris, chez Plon & Nourrit, 1891, p. 44)
    • Le plus curieux, c’est qu’ils sont presque tous affligés d’un travers, d’un vice, d’un maboulisme périlleux, d’une tare, ou qu’ils ont des histoires intimes, des saletés familiales, tous, les plus respectés, les plus grands, les plus insoupçonnés. — (Victor Méric, Les Compagnons de l’Escopette, Éditions de l’Épi, Paris, 1930, page 186)
    • Aussitôt après, il reçut un message d'encouragement enjoué d'un utilisateur inconnu, suivi d'une chanson qui alludait au charlatanisme et en dénonçait les travers. — (Anne-Céline Auché, Dis, quand retwitteras-tu ?, Éditions Edilivre, 2017, p. 96)
  5. (Histoire) (Droit d’Ancien Régime) Péage sur les routes, les ponts, etc.
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

TRAVERS. n. m.
Étendue d'un corps considéré dans sa largeur. Il s'en faut d'un travers de doigt que ces planches ne se joignent. En termes de Marine, il signifie Côté, flanc. Ce vaisseau présentait son travers à la marée, au vent, au feu de l'ennemi. En termes de Boucherie, il se dit du Bord des dernières côtes. Il signifie, au figuré, Bizarrerie, irrégularité d'esprit et d'humeur, disposition fâcheuse, défaut de caractère. Il a un singulier travers d'esprit. Un jeune homme plein de travers. Il donne dans ce travers.

EN TRAVERS, loc. adv. D'un côté à l'autre, suivant la largeur. Cette table n'est pas solide, il faut y mettre des barres en travers pour qu'elle puisse servir. Fig., Se mettre en travers de quelque chose, S'y opposer. Ce projet eût été funeste : je me suis mis en travers. En termes de Marine, Se mettre en travers, Se mettre en panne. On dit de même : Être, se tenir en travers.

DE TRAVERS, loc. adv. De biais, obliquement. Si vous mettez cela de travers, vous ne le ferez pas passer. Il est louche, il est bigle, il regarde de travers. Fig. et fam., Regarder quelqu'un de travers, Le regarder d'une manière qui marque du mécontentement, ou de la colère, ou de l'aversion. Je ne sais ce qu'il a contre moi, mais il me regarde de travers.

DE TRAVERS signifie aussi De mauvais sens, à contresens, tout autrement qu'il ne faudrait; il est alors souvent précédé de l'adverbe Tout. Cela est mis tout de travers, est fait tout de travers. Il écrit tout de travers. Il va tout de travers. Il a les jambes de travers. Avaler de travers, S'étrangler en buvant ou en mangeant. Fig. et fam., Avoir mis son bonnet de travers, Être de mauvaise humeur. Ne lui parlez pas aujourd'hui, il a mis son bonnet de travers.

DE TRAVERS s'emploie figurément dans la même acception. Cet homme prend tout de travers, entend tout de travers. Il rapporte de travers tout ce qu'on lui dit. Juger tout de travers. Parler, répondre tout de travers. Cet homme a l'esprit de travers, Il a l'esprit mal fait, mal tourné.

À TRAVERS,

AU TRAVERS DE, loc. prép. En allant d'un bord à l'autre, en traversant. À travers se dit principalement pour désigner un Passage vide, libre; Au travers de se dit plutôt, au contraire, pour désigner un Passage qu'on se fait entre des obstacles, ou en traversant, en pénétrant un obstacle; mais cette distinction n'est pas toujours rigoureusement observée. Aller à travers bois, à travers champs. Ils passèrent à travers les vaisseaux ennemis. Il se fit jour au travers des ennemis. On ne voyait le soleil qu'à travers les nuages, qu'au travers du brouillard. Un coup d'épée au travers du corps. Ils s'emploient figurément avec les verbes Voir, découvrir, remarquer et autres semblables. Je vois clair au travers de toutes ces finesses. Au travers de tout ce qu'il dit, on voit bien qu'il n'est pas content. À travers ces artifices, je découvre que...

À TORT ET À TRAVERS, loc. adv. Sans discernement, inconsidérément. Il frappe à tort et à travers. Il parle à tort et à travers, sans savoir ce qu'il dit.

PAR LE TRAVERS DE, locution prépositive qui s'emploie en termes de Marine. À la hauteur, vis-à-vis. La flotte était par le travers de tel cap.

Littré (1872-1877)

TRAVERS (tra-vêr ; l's ne se lie pas ; cependant quelques-uns la lient : à tra-vêr-z un désert) s. m.
  • 1Étendue d'un corps considéré dans sa largeur, c'est-à-dire comme s'il allait perpendiculairement d'une limite à une autre ; c'est le sens propre du latin transversus. Il s'en faut deux travers de doigt que ces planches ne se joignent. Célidée et Hippolyte sont deux voisines dont les demeures ne sont séparées que par le travers d'une rue, Corneille, Galer. du Pal. Exam.
  • 2 Par extension, obliquité, irrégularité d'un lieu, d'un bâtiment, etc. Il y a du travers dans ce bâtiment. Il [Ménage] est fort chagrin de n'être plus au goût du siècle, et il n'y a pas jusqu'au travers de sa cuisse [cuisse cassée et mal remise] qui ne le chagrine plus par la mauvaise figure qu'elle lui fait faire, que pour l'incommodité qu'il en ressent, Anti-ménagiana, p. 202.
  • 3 Fig. Bizarrerie d'esprit et d'humeur, fausse direction. Quoique vous nommiez folies les travers d'auteur où vous vous êtes laissé emporter, Corneille, Lett. apolog. C'est me renouveler les douleurs de l'éloignement que de me faire apercevoir les travers de mes inquiétudes, Sévigné, à Mme de Grignan, 8 sept. 1680. Pour voir jusqu'où peut aller le travers d'une tête qui ne sait pas modérer son feu, Bossuet, 6e avert. I, 51. Son esprit [du prince Robert] était sujet à quelques travers, dont il eût été bien fâché de se corriger, Hamilton, Gram. 10. Que les femmes du monde ont de travers ! Marivaux, Sec. supr. de l'am. I, 4. Il chercha une nouvelle dissipation dans le bel esprit ; c'était alors le travers à la mode, Duclos, Œuv. t. VIII, p. 391. Julie : Non, marquis, ce serait me donner un travers. - Le marquis : Tant mieux, il vous en faut, Lanoue, Coquette corr. III, 5. Vous prenez un travers, je vous en avertis, Dorat, Feinte par amour, II, 7. Il est peut-être moins difficile de déraciner les vices du cœur que de corriger les travers de l'esprit, Genlis, Théât. d'éduc. Méchant par air, II, 6.

    Donner dans le travers, se mal conduire.

  • 4Cordage qui sert à lier des canons et autres pièces d'artillerie sur leurs chariots.

    Bûche que l'on jette sur la voie de bois, lorsqu'elle est cordée.

    Filet d'or qui est sur le dos d'un livre.

    Nom des cordes transversales dans une raquette.

  • 5 Terme de marbrier. Bande de marbre sous la tablette d'un chambranle et qui est supportée par les deux montants.
  • 6Défaut du fer et de l'acier ; les travers sont des crevasses transversales.
  • 7 Terme de marine. Le flanc d'un bâtiment. Présenter son travers à la marée, au vent, au feu de l'ennemi, présenter le flanc.

    Être par le travers d'un bâtiment, être sur une ligne parallèle à sa longueur, c'est-à-dire de façon que les deux vaisseaux aient leurs flancs parallèles. Je fus bientôt par le travers d'un quatrième [vaisseau], que le chevalier de Saint-Maure, mon matelot de l'avant, avait déjà combattu, Villette, Rapport sur le combat de Malaga, dans JAL.

    Être par le travers, se dit d'un objet qui se trouve à peu près sur une ligne perpendiculaire à la longueur du bâtiment. Une partie passa par notre travers sans s'arrêter, Bougainville, Voy. t. II, p. 225. À deux heures nous étions par le travers de neuf petites îles ou rochers, La Pérouse, Voy. t. II, p. 240, dans POUGENS.

    Mettre en travers, présenter l'un des côtés du navire au vent, qui le frappera perpendiculairement. Lorsque nous les eûmes suffisamment reconnues [des terres], je mis en travers à l'entrée de la nuit pour attendre l'Étoile, Bougainville, Voy. t. II, p. 315.

    On dit de même : être, se tenir en travers.

    Être sur le travers d'un bâtiment, être, par rapport à ce navire, sur le prolongement d'une ligne qui en traverse l'épaisseur à un point quelconque de sa longueur.

  • 8Il s'est dit d'une espèce de péage. Tous les droits d'aides, entrées et sorties des grosses villes, passages et travers, Boisguillebert, Dét. de la France, III, 4.
  • 9En travers, loc. adv. D'un côté à l'autre, dans le sens de la largeur. Je veux faire mettre à ma porte des barres de fer en travers. Elle va donc en travers se placer [dans le lit] Aux pieds du sire, La Fontaine, Court. Qui verrait sans horreur un géant tenant un homme en travers dans sa bouche énorme, et le sang ruisselant sur sa barbe et sur sa poitrine ? Diderot, Lett. sur les sourds et muets.

    Profil en travers, section faite transversalement à la direction générale d'un ouvrage.

  • 10De travers, loc. adv. Obliquement, dans une direction oblique. Il a la bouche de travers. Comprenez-vous bien comme notre carrosse est mis de travers [sur un bateau] ? Sévigné, 425. Vous êtes fâchée que votre nez ne soit point de travers ; et, moi qui suis rangée, j'en suis ravie, Sévigné, 27 févr. 1671.

    Chez le cheval, pied de travers, pied dévié en dedans ou en dehors, par suite d'une usure inégale des quartiers provenant d'un défaut d'aplomb, si le cheval n'est pas ferré, ou d'un retranchement inégal de la corne lors de la ferrure.

    Regarder de travers, être louche.

    Fig. Regarder quelqu'un de travers, le regarder avec colère, mépris ou dédain. Une mine froncée, un regard de travers, C'est le remerciement que j'aurai de mes vers, Corneille, Mél. II, 7. Les trois filles de l'Achéron ne lui répondirent rien, et se contentèrent de la regarder de travers, La Fontaine, Psyché, II, p. 171. M. de Noailles et M. de Barbezieux étalent fort mal ensemble : de tout cela naissait un groupe de chaque côté qui se regardait fort de travers, Saint-Simon, 25, 36.

    Fig. et familièrement. Mettre son bonnet de travers, être de mauvaise humeur.

  • 11De travers, autrement qu'il ne faudrait, mal, à contre-sens. Cela est mis de travers Il va tout de travers. Il a les jambes de travers.

    Fig. et dans le même sens. Tout exprès je disais quelque mot de travers, Régnier, Sat. VIII. On croit la trêve et la guerre quatre fois en un même jour ; on ne parle que de politique, et les raisonnements de travers sont inépuisables, Sévigné, 8 févr. 1678. Il [Ch. de Sévigné] se trompe dans tous ses raisonnements, il est tout de travers ; j'ai tâché de le redresser avec des raisons toutes droites et toutes vraies, Sévigné, 29 mars 1680. Et, quand la rime enfin se trouve au bout des vers, Qu'importe que le reste y soit mis de travers ? Boileau, Sat. II. Quand on est sage, on ne voit rien dans le monde qui ne paraisse de travers et qui ne déplaise, Fénelon, Dial. des morts anc. 13. Que fait-il [Jupiter] là-haut dans son Olympe où il laisse toute chose sur la terre aller de travers ? Fénelon, ib. 19. Matta s'y prit tout de travers, Hamilton, Gram. 4. La duchesse de Chartres entrait fort de travers dans une famille tellement au-dessus d'elle et avec une belle-mère outrée, Saint-Simon, 3, 53.

    Prendre de travers, mal comprendre. Je suis bien aise de vous dire cela, afin que vous n'alliez pas prendre les choses de travers, et vous imaginer que je dise que c'est moi qui ai dix mille écus, Molière, l'Av. I, 5. Des hommes qui prennent la religion de travers, Bossuet, Var. 2.

    Prendre de travers une chose, signifie aussi s'en fâcher. Que lui fait mon avis, qu'il a pris de travers ? Molière, Mis. IV, 1. Abstenez-vous de dire certaines choses, quoique indifférentes et innocentes, que ces esprits mal faits prendraient de travers, Bossuet, Sermons, Instruct. sur le silence, 2.

    Esprit de travers, personne d'un esprit mal fait. On trouve des moyens pour guérir de la folie ; mais on n'en trouve point pour redresser un esprit de travers, La Rochefoucauld, Max. 318. Le nombre des hommes raisonnables étant augmenté, le nombre des esprits de travers, qui se nourrissent d'opinions absurdes, diminuera, Voltaire, Pol. et lég. Voix du sage.

    Mettre de travers, mettre dans une situation gauche. Une timidité qui l'embarrassait [le duc de Bourgogne] partout, faute de savoir que dire et que faire à tous les instants, entre Dieu qu'il craignait d'offenser en tout, et le monde avec lequel cette gêne perpétuelle le mettait de travers, Saint-Simon, t. VIII, p. 206, éd. CHÉRUEL.

  • 12 Fig. De long et de travers, complétement. Sot de long et de travers.
  • 13À travers, au travers, loc. prép. De part en part. Il [Seneville] fut blessé d'un coup de mousquet au travers du corps, Pellisson, Lett. hist. t. II, p. 262. Vatel monte à sa chambre, met son épée contre la porte, et se la passe au travers du cœur, Sévigné, 47.
  • 14À travers, au travers, au milieu, par le milieu. Il lui donna d'un bâton à travers les jambes. Et le grison se rue Au travers de l'herbe menue, La Fontaine, Fabl. VI, 8. Vous dites fort bien, on se parle et on se voit au travers d'un gros crêpe, Sévigné, 60. Heureuse encore une fois l'âme, qui passe au travers des choses créées sans s'y arrêter, et va se perdre heureusement dans le sein de son créateur ! Fléchier, Duch. d'Aiguil. Au travers des ombres de la nuit, Le timide escadron se dissipe et s'enfuit, Boileau, Lutr. III. Mais un auteur novice à répandre l'encens Souvent à son héros, dans un bizarre ouvrage, Donne de l'encensoir au travers du visage, Boileau, Épît. IX. Ses yeux mouillés de larmes Qui brillaient au travers des flambeaux et des armes, Racine, Brit. II, 2. Quand pourrai-je, au travers d'une noble poussière, Suivre de l'œil un char…, Racine, Phèdre, I, 3. À travers les rochers la peur les précipite, Racine, ib. v, 6. Nous passâmes au travers des écueils, et nous vîmes de près toutes les horreurs de la mort, Fénelon, Tél. IV. Elle court au travers des bois avec un dard en main, Fénelon, ib. VII. Il marchait à pied, sans appareil à sa blessure, sans aucun secours, à travers ses ennemis, Voltaire, Louis XV, 25.

    Fig. À travers champs, au hasard [L'homme d'Horace] Disant le bien, le mal à travers champs, La Fontaine, Fabl. XII, 11.

    Fig. et familièrement. Tout au travers des choux, ou, simplement, à travers choux, inconsidérément, sans jugement, sans égard

  • 15 Fig. À travers, au travers, en perçant ce qui est comparé à quelque chose de résistant. Au travers des intérêts du monde, Le Chev. de Méré, dans BOUHOURS, au mot travers. J'ai voulu… Qu'au travers des flatteurs votre sincérité Fit toujours jusqu'à moi passer la vérité, Racine, Bérén. II, 2. Au travers des périls un grand cœur se fait jour, Racine, Andr. III, 1. Andromaque, au travers de mille cris de joie, Porte jusqu'aux autels le souvenir de Troie, Racine, ib. v, 2. À travers les respects leurs trompeuses souplesses [des courtisans] Pénètrent dans nos cœurs, et cherchent nos faiblesses, Voltaire, Œdipe, III, 1.

    En perçant ce qui semble cacher. Quelque soin que l'on prenne de couvrir ses passions par des apparences de piété et d'honneur, elles paraissent toujours au travers de ces voiles, La Rochefoucauld, Max. 1304. Au travers de son masque on voit à plein le traître, Molière, Mis. I, 1. Les chrétiens hérétiques l'ont connu [Dieu] à travers son humanité, et adorent Jésus-Christ, Pascal, Lett. à Mlle de Roannez, 2. Nous voyons au travers de sa bonne humeur qu'elle est malade, et nous en sommes très fâchés, Sévigné, 323. Elle [Mme de la Vallière] a cette même grâce, ce bon air au travers de cet habit étrange [de carmélite], Sévigné, 5 janv. 1680. Elle [Mme d'Aiguillon] aperçoit, au travers de tant d'apparences trompeuses, le fond de la malignité du monde, Fléchier, Mme d'Aig. Vois-je pas, au travers de son saisissement, Un cœur dans ses douleurs content de son amant ? Racine, Bajaz. IV, 4. Mais quand la fille de Léda Au travers de la vieille eut connu la déesse, Lamotte, dans DESFONTAINES. Quoi ! ne voyez-vous pas toutes ses cruautés, Et l'âme d'un Tartare à travers ses bontés ? Voltaire, Zaïre, v, 3. Sa joie éclatait même à travers ses douleurs, Voltaire, Mérope, IV, 1.

    Voir, envisager quelque chose à travers…, voir, envisager quelque chose conformément à. Il envisage cette conduite à travers sa passion. Combien de fois le vîtes-vous dans vos assemblées ignorer l'art nouveau de se taire… n'envisager sa fortune qu'à travers son devoir ! Massillon, Or. fun. Villars.

    Au milieu, sans ménager. Apprenez, mon ami, que c'est une sottise De se venir jeter au travers d'un discours, Molière, Fem. sav. IV, 4. Il [Bourdaloue, dans l'oraison funèbre de Condé] se jeta tout au travers de ses égarements et de la guerre qu'il a faite contre le roi, Sévigné, 25 avr. 1687.

    Fig. Donner au travers de, croire avidement. Sa femme, comme vous dites, a donné tout au travers des louanges et des approbations de ce marquis, Sévigné, 144. Si ma religion était fausse, je l'avoue, voilà le piége le mieux dressé qu'il soit possible d'imaginer ; il était inévitable de ne pas donner tout au travers, et de n'y être pas pris, La Bruyère, XVI.

    Nonobstant, malgré. Votre absence, dont je sens l'amertume au travers de toute l'amour maternelle, Sévigné, à Arnauld d'Andilly, 11 déc. 1672. J'admire toujours qu'au travers de tout ce que je sais de la tristesse de vos pensées, vous puissiez écrire aussi librement… que vous faites, Sévigné, à Mme de Grignan, 5 févr. 1690. À travers ma colère Je veux bien distinguer Xipharès de son frère, Racine, Mithr. II, 3. J'étais sûr qu'à travers mes fautes et mes faiblesses, à travers mon inaptitude à supporter aucun joug, on trouverait toujours un homme juste, bon, sans fiel, sans haine, sans jalousie, Rousseau, Conf. II.

  • 16À tort et à travers, loc. adv. Inconsidérément, sans examen. C'est un homme dont les lumières sont petites, qui parle à tort et à travers de toutes choses, Molière, Bourg. gent. I, 1. Nous entendîmes, après dîner, le sermon de Bourdaloue, qui frappe toujours comme un sourd, disant des vérités à bride abattue, parlant à tort et à travers contre l'adultère, Sévigné, 29 mars 1680. Cette multitude qui juge de tout au hasard, qui élève une statue pour lui casser le nez, qui fait tout à tort et à travers, Voltaire, Lett. Mme de Graffigni, 16 mai 1758.

REMARQUE

1. À travers ne veut jamais de ; au travers veut toujours de. À travers ces bois, et non à travers de ces bois ; au travers de ces bois, et non au travers ces bois. On trouve une faute contre cette règle dans ces exemples-ci, empruntés à de bons auteurs, mais qu'il ne faut pas imiter. À travers de ces affaires et de ces épines, que de péchés, que d'injustices ! Bossuet, Impénit. 2. À travers de ces ombres, ne découvrez-vous pas le Seigneur Jésus qui, par son sang, ouvre le sanctuaire éternel ? Bossuet, Sermons, Ascension, 1. Le lynx ne voit pas au travers la muraille, Buffon. (Il est bien entendu que, si de était pris partitivement, cette remarque ne s'appliquerait plus : Faire passer un gaz à travers du mercure.)

2. Les grammairiens ont essayé d'établir une distinction entre à travers et au travers, disant que à travers s'emploie principalement pour désigner un passage libre, vide, et au travers pour désigner un passage qu'on se procure entre des obstacles, on en traversant, en pénétrant un obstacle. Mais, si on lit attentivement les exemples des auteurs, on verra que l'usage n'a pas consacré cette distinction. Or il n'y aurait que l'usage qui aurait pu établir une distinction dans l'emploi de deux locutions qui sont évidemment synonymes grammaticalement.

HISTORIQUE

XIe s. De Val-Fuït sunt venuz en travers, Ch. de Rol. CCXXXV.

XIIe s. Il se navient le travers de la mer, Ronc. p. 118. Et li ponz qui est en travers Estoit de touz autres divers, la Charrette, 3018. Cume le temple fud si leved, del travers fist un entreclos de table de cedre, Rois, 248.

XIIIe s. Ensi pourprist le feus de defors le port en travers jusques parmi le plus espeis de la vile [Constantinople], Villehardouin, XCI. En travers sur un lit [ils] l'ont ilueque jetée, Berte, XVI. Par deriere l'a assailli, Ferir le cuida, si failli, Le coup li cola en travers, Ren. 1235. Tant [je] les plumasse et tant preïsse Du lor de tort et de travers, la Rose, 13115. En celes terres pot on aler les travers, dusqu'à tant qu'eles sunt mises en point de porter despuelles [moissons], Beaumanoir, LII, 3. Et por les marceans garder et garantir furent estauli li travers [droit de passage], Beaumanoir, XXV, 1. Et convient que la vaine soit sainnie [saignée] en traviers, Alebrand, f° 12.

XIVe s. Vaines, arteres, ners et leur semblables, tranchiés par incision qui fust faite de travers [en travers], H. de Mondeville, f° 110, verso. Li autres resgardoit s'amie De travers, et ne rioit mie, Machaut, p. 44.

XVe s. Ses parens la semonnerent de la marier, et elle respondit tout en travers [tout franchement] que elle ne seroit jà par eux mariée, Lancelot du lac, t. I, f° 8. Et avoit eu ung coup d'espée de travers le nez, dont il eut le visage fort deffait, Fenin, 1421. Vas-tu ou le trot ou le pas ? Ne me respont point de travers, Nat. de J. C. À travers du pays de Lorraine, Commines, V, 3. Que aucun tanneur ne achectera à travers et par un marché tous les cuirs d'une saison ou année, Ordonn. mai 1487.

XVIe s. Il luy bailla de son fouet à travers les jambes, Rabelais, Garg. I, 25. Elle abbatit tout le boys à tordz, à travers, Rabelais, ib. I, 16. Le coup luy penetra le diaphragme, et par à travers la capsule du cœur luy sortit la broche par le hault des espaules, Rabelais, Pant. II, 14. Gens qui supportent plus malayséement une robe qu'une ame de travers, Montaigne, I, 147. Considerons au travers de quels nuages on nous mene à la cognoissance de…, Montaigne, I, 201. S'estants jectez au travers de la mer Atlantique…, et navigé longtemps, Montaigne, I, 233. Il fut blecé à travers le corps si à point que son aposteme en creva, Montaigne, I, 254. Il y eut un coup de javelot qui s'assena, mais ce fut du travers, non pas de la poincte, Amyot, P. Aem. 32. Petit à petit ils approcherent, passans à travers la presse, jusques au plus près de l'autel, Amyot, Timol. 24. Les Corinthiens estans arrivez par le travers du païs des Brutiens en la ville de Rege, Amyot, ib. 28. Le barbare, en s'esloignant de la riviere, le mena par travers de la plaine, Amyot, Crassus, 42. Caton se levant du lict les regarda en travers de mauvais œil, et leur dit…, Amyot, Cat. d'Ut. 87. Derechef convient faire une autre incision au travers de la premiere, si que ces deux fassent une croix, Paré, v, 17. De cest onguent en oindrez la candelette environ deux travers de doigt, Paré, XVI,27. Elle aydoit au curé à monter sur un travers où les poules nichoient, Moyen de parvenir, p. 278, dans LACURNE. Le travers de Seine [le passage de la Seine entre Honfleur et Harfleur], Coutume de Honfleur, dans JAL.

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Étymologie de « travers »

Berry, travais, travars, travé ; bourguig. au travar ; provenç. travers, transvers ; catal. traves ; espagn. travesio ; portug. traveso ; ital. traverso ; du latin traversus, transversus, de tra, trans, à travers, et versus, tourné.

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(Date à préciser) Du latin traversus, lui-même de transversus.
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Phonétique du mot « travers »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
travers travɛr

Fréquence d'apparition du mot « travers » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « travers »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « travers »

  • La foi aveugle regarde de travers.
    Stanislaw Jerzy Lec — Nouvelles pensées échevelées
  • La bêtise ne comprend pas ; la sottise comprend de travers.
    Diane de Beausacq
  • Celui qui pense droit marche de travers.
    Jean Dypréau — Chemin des proverbes
  • Un homme laid ne doit pas reprocher au miroir d’être de travers.
    Proverbe chinois
  • J'aime les paysans, ils ne sont pas assez savants pour raisonner de travers.
    Montesquieu — Variétés
  • Une langue est un prisme à travers lequel ses usagers sont condamnés à voir le monde.
    Georges Mounin
  • Qui suit les avis de chacun construit sa maison de travers.
    Proverbe danois
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    Jeux de pistes à travers rues et sentiers d'Ascain | Euskal Herria | MEDIABASK
  • Les générations sont solidaires à travers le temps et à travers les sottises.
    Jacques Bainville — Politique
  • Dieu s'exprime à travers toutes choses, le diable seulement à travers l'homme.
    Paul Carvel — Jets d'encre
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Traductions du mot « travers »

Langue Traduction
Anglais through
Espagnol mediante
Italien attraverso
Allemand durch
Chinois 通过
Arabe عبر
Portugais através
Russe через
Japonais 使って
Basque bidez
Corse attraversu
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Synonymes de « travers »

Source : synonymes de travers sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « travers »

Combien de points fait le mot travers au Scrabble ?

Nombre de points du mot travers au scrabble : 10 points

Travers

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