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Oblique

Variantes Singulier Pluriel
Masculin et féminin oblique obliques

Définitions de « oblique »

Trésor de la Langue Française informatisé

OBLIQUE, adj. et subst. masc.

A. − Qui n'est ni perpendiculaire ni parallèle à l'horizon. Prendre une rue oblique. La porte est basse, et ne laisse entrer le soleil que lorsqu'il devient tout à fait oblique, le matin ou le soir (Fromentin,Été Sahara, 1857, p.166).Un café peint en vert s'abritait sous un store oblique de grosse toile jaune (Camus,Peste, 1947, p.1333).Quand le poids du corps se porte sur une seule jambe, le poids de l'autre fait basculer le bassin qui prend une position oblique (Bourgat,Techn. danse, 1959, p.61).
Emploi subst. sing. à valeur de neutre:
1. La distance est ce qui distingue cette prise ébauchée de la prise complète ou proximité. Nous la définissons donc comme nous avons plus haut défini le «droit» et l'«oblique»: par la situation de l'objet à l'égard de la puissance de prise. Merleau-Ponty,Phénoménol. perception, 1945, p.303.
Loc. adv. En oblique. Selon une direction qui n'est ni perpendiculaire ni parallèle à l'horizon; en biais. Aborder une colline en oblique; traverser en oblique. [La balle] retombe, en se hâtant, en accélérant sa chute. Elle touche terre près du rebot, et rebondit. Non point perpendiculairement, mais en oblique ou en crochet (Pesquidoux,Chez nous, 1921, p.173).Annie lisait, assise en oblique sur le banc, les jambes croisées et les mains posées sur le genou (Vailland,Drôle de jeu, 1945, p.145):
2. Je lève la tête vers le ciel pour mesurer la distance des nuages. Évidemment, plus j'observe en oblique, plus les flocons noirs semblent entassés les uns sur les autres. À la verticale ils paraissent moins denses. Saint-Exup., Pilote guerre, 1942, p.348.
1. En partic.
a) [En parlant d'un oeil] Qui n'a pas une position tout à fait horizontale. Ses yeux étaient obliques, mais admirablement fendus (Mérimée,Carmen, 1847, p.22).Des yeux pers que le sourire rendait obliques (Colette,Mais. Cl., 1922, p.97).Les mongoloïdes se distinguent par leurs cheveux raides et grossiers, la pauvreté de leur système pileux sur le visage et sur le corps et leurs yeux obliques (Lowie,Anthropol. cult., trad. par E. Métraux, 1936, p.13).
b) [En parlant d'un mouvement, ou d'un corps en mouvement] Qui s'effectue, se déplace selon une direction qui n'est ni perpendiculaire, ni parallèle à l'horizon. Notre petit Fantec est réjouissant à voir (...). Toutefois, les crabes à la marche oblique et les homards aux tâtonnements d'aveugles l'épouvantent (Renard,Journal, 1890, p.64).
c) [Gén. à propos d'une pers. qui n'ose pas regarder franchement] Qui n'est pas dirigé droit devant lui. Coup d'oeil oblique. Elle jeta un regard oblique sur la longue table basse. De biais, elle voyait plusieurs visages ramassés sur des assiettes, les bouches ouvertes, des mâchoires mastiquant, des lèvres grasses (Roy,Bonheur occas., 1945, p.21).Les amoureux qui s'bécot'nt sur les bancs publics (...) En s'foutant pas mal du r'gard oblique Des passants honnêtes (G. Brassens,Poèmes et chansons, Les Amoureux des bancs publics, Paris, Éd. musicales 57, 1973 [1952], p.43):
3. Est-ce que cela ne vous fera pas de la peine, à vous aussi, Joseph... de ne plus nous voir?... Sans s'arrêter de marcher, sans me regarder même de ce regard oblique et de coin qu'il a souvent: −Bien sûr... dit-il... Qu'est-ce que vous voulez?... On ne peut pas obliger les gens à faire ce qu'ils refusent de faire... Mirbeau,Journal femme ch., 1900, p.277.
2. Spécialement
a) ANAT. [En parlant d'un muscle] Dont les fibres ont une direction qui s'éloigne du plan supposé qui divise le corps en deux parties égales et symétriques. Muscle oblique inférieur. Les muscles obliques de dedans en dehors, ou les plus internes, ont beaucoup de fibres. Ils sont ordinairement composés de trois ou quatre faisceaux distincts. Ceux qui remontent de dehors en dedans, ou les plus externes, ont moins de fibres, et jamais plus de deux faisceaux (Cuvier,Anat. comp., t.1, 1805, p.434).
Emploi subst. masc. Oblique externe, interne; le grand oblique. Les muscles droits et pyramidaux fléchissent le tronc en avant: les obliques peuvent le fléchir latéralement: enfin les transverses agissent sur les parois de l'abdomen, comme une sangle, et le compriment de toutes parts (Cuvier,Anat. comp., t.1, 1805, p.218).Je crains fort que la balle n'ait d'abord traversé le petit oblique du bas-ventre (Mérimée,Chron. règne Charles IX, 1829, p.242).
b) GRAMM. Cas oblique. Cas autre que le nominatif. Anton. direct:
4. Il ne veut pas que les cas obliques des noms soient des noms. Qu'aurait-il dit dans une langue où ces cas ne sont marqués que par des mots étrangers aux noms, par des prépositions? Sa raison est que ces cas obliques joints à un verbe n'expriment avec lui ni une vérité, ni une fausseté; c'est-à-dire, en français, qu'ils ne peuvent pas en être le sujet. Destutt de Tr.,Idéol., 3, 1805, p.15.
c) ART MILIT. [En parlant d'une manoeuvre, d'une marche] Qui est exécuté à droite ou à gauche d'une ligne de bataille (d'apr. Bouillet 1859):
5. Le maréchal von Schlieffen et le général de Falkenhausen ont d'avance préparé contre la France une bataille de Cannes, (...) avec fixation de l'adversaire sur tout le front et avance par les deux ailes, surtout par la droite en Belgique, tandis que Bernhardi préfère l'ordre oblique de Frédéric le Grand... Proust,Guermantes 1, 1920, p.112.
d) MATH. Prisme oblique. Prisme dont les bases ne sont pas perpendiculaires aux autres faces. Anton. prisme droit*.Le feld-spath [sic] en prisme oblique, à quatre pans (Voy. La Pérouse, t.1, 1797, p.169):
6. ... tous les tartrates, quelle que soit leur composition chimique, dérivent d'un prisme droit ou très-peu oblique à base rectangle, dont deux dimensions sont sensiblement les mêmes, la troisième variant seule avec la composition élémentaire. Pasteurds Ann. chim. et phys., t.24, 1848, p.455.
B. − Au fig. Qui ne va pas droit au but; détourné. Anton. direct.Cet homme droit suivait une route oblique, une route ambiguë, et rien ne l'en avertissait (Psichari,Voy. centur., 1914, p.5).Je suis direct, et quant à mes sentiments et quant à l'expression de ma pensée. Je n'aime pas ce qui est oblique et dissimulé (L. Daudet,Médée, 1935, p.98):
7. ... il apparut avec évidence qu'un certain nombre des commissaires, n'osant se déclarer tout haut contre l'opinion générale, utiliseraient tous les moyens obliques pour faire échouer le projet. Barrès,Cahiers, t.10, 1913, p.103.
Emploi subst. masc. sing. à valeur de neutre. Vous voici désormais dans toute cette bourbe. Vous voici désormais dans toute cette fange. Vous voici désormais dans l'oblique et le courbe (Péguy,Ève, 1913, p.767).
DR. Action oblique. ,,Action par laquelle le créancier exerce les droits et actions de son débiteur négligent, à l'exclusion de ceux qui sont exclusivement attachés à sa personne`` (Spr. 1967, p.117).
Prononc. et Orth.: [ɔblik]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) 2emoitié xiiies. oblike «qui s'écarte de la perpendiculaire (à une ligne donnée)» (Horoscope de Baud. de Courtenai, B.N. 1353, fo3c ds Gdf. Compl.); ca 1355 une voie oblique (Bersuire, Tite-Live, fo23 vods Littré); b) xiiies. «déviation d'une ligne» (Chron., Rich. 146, fo148 ds Gdf.); 1845-46 géom. subst. fém. (Besch.); c) 1611 astron. sphere oblique (Cotgr.); d) 1560 anat. [muscles] obliques (Paré, éd. J. F. Malgaigne, t.1, p.128); 1721 subst. masc. (Trév.); e) 1732 art milit. ordre oblique (Rich.); 2. a) ca 1316 «qui manque de franchise, hypocrite» (Geffroy de Paris, Chron. métrique, 3584 ds T.-L.); b) xives. «qui se fait de façon détournée, indirecte» (Jean de Meung, La resp. de l'alchymiste a nat., 174 ds Gdf. Compl.); c) 1324 gramm. subst. masc. l'oblique (Geffroy de Paris, Le Dit des Mais ds Nouv. rec., éd. A. Jubinal, I, 189); 1680 cas oblique (Rich.). Empr. au lat. obliquus «allant de côté, de biais», «détournés, indirects (propos)», «cas obliques (gramm.)». Fréq. abs. littér.: 865 (subst.: 12). Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1420, b) 936; xxes.: a) 1463, b) 1084. Bbg. Quem. DDL t.10.

Wiktionnaire

Nom commun - français

oblique \ɔ.blik\ masculin

  1. (Anatomie) Nom de divers muscles de l’abdomen, de l’œil, de la tête, qui ont une direction oblique, par rapport au plan supposé qui divise le corps en deux moitiés égales et symétriques.
    • Le grand oblique de l’abdomen.
    • L’oblique inférieur de l’œil.
    • Le petit oblique de la tête.

Adjectif - français

oblique \ɔ.blik\ masculin et féminin identiques

  1. (Géométrie) Qui s’écarte plus ou moins de la verticale.
    • Il était huit heures du matin. Les obliques rayons du soleil animaient la côte, en la piquant de lueurs fauves. — (Jules Verne, Le Pays des fourrures, J. Hetzel et Cie, Paris, 1873)
    • Quelquefois les feuilles pendent verticalement pour que le soleil ne les atteigne que sous une incidence très oblique (fig. 3).— (Ferdinand de Fenis de Lacombe, Les ruses de la forêt, Hanoi, 1925, page 7)
    • Qu’importait le temps qu’il faisait, longues pluies obliques ou grand soleil, gel ou chaleur de four : il se royaumait en guettant les signes d’un monde à venir, pendant que la plaine et la forêt s’en retournaient lentement aux ténèbres. — (Daniel Rondeau, Dans la marche du temps, éditions Grasset)
  2. Qui est indirect, détourné.
    • Une accusation, un argument oblique.
  3. Qui manque de droiture, de franchise.
    • Sa conduite est oblique. Il suit une marche oblique. Il emploie des moyens obliques.
  4. Qui ne fait pas face, qui est de travers, qui louche.
    • Les amoureux qui se bécotent sur les bancs publics,
      Bancs publics, bancs publics,
      En se foutant pas mal du regard oblique
      Des passants honnêtes
      — (Georges Brassens, « Bancs publics », in Le Vent, 1953)
    • Ordre oblique, (Militaire) Disposition d’après laquelle une armée ou un corps d’armée engage le combat par une de ses ailes, en refusant l’autre aile à l’ennemi.
    • Marche oblique : (Militaire) Celle d’une troupe qui s’avance d’une manière oblique par rapport à son front, qui incline soit vers la droite, soit vers la gauche.
  5. (Linguistique) En grammaire traditionnelle et dans les langues où les cas se déclinent, désigne tous les cas, sauf le nominatif et le vocatif.
    • La forme oblique possède une terminaison différente en hindi.
    • Modes obliques : Ceux qui ne peuvent servir qu’à énoncer une proposition subordonnée, tels que le subjonctif et le conditionnel.
    • Propositions obliques : Les propositions subordonnées qui sont énoncées par ces modes.
  6. (Linguistique) Un actant qui n’appartient pas à la valence du verbe.
  7. (Anthropologie) Qualifie la relation qui concerne une personne et son neveu ou sa nièce.
    • Un mariage oblique.
    • Une succession oblique.
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

OBLIQUE. adj. des deux genres
. T. de Géométrie. Qui s'écarte plus ou moins de la verticale. Ligne oblique. Plan oblique. Couper un cône par une section oblique. Les rayons du soleil sont plus obliques en hiver qu'en été. Par analogie, Il a le regard oblique, Il ne regarde pas droit, pas en face. En termes de Tactique, Ordre oblique, Disposition d'après laquelle une armée ou un corps d'armée engage le combat par une de ses ailes, en refusant l'autre aile à l'ennemi. Marche oblique, Celle d'une troupe qui s'avance d'une manière oblique par rapport à son front, qui incline soit vers la droite, soit vers la gauche. On dit aussi dans ce sens Faire oblique à droite, à gauche. En commandement, Oblique à droite! Oblique à gauche!

OBLIQUE se dit substantivement, en termes d'Anatomie, de Divers muscles de l'abdomen, de l'œil, de la tête, qui ont une direction oblique, par rapport au plan supposé qui divise le corps en deux moitiés égales et symétriques. Le grand oblique de l'abdomen. L'oblique inférieur de l'œil. Le petit oblique de la tête.

OBLIQUE signifie, au figuré, Qui est indirect, détourné. Une accusation, un argument oblique. Il signifie aussi Qui manque de droiture, de franchise. Sa conduite est oblique. Il suit une marche oblique. Il emploie des moyens obliques. En termes de Grammaire et dans les langues où les cas se déclinent, Cas obliques, Tous les cas, sauf le nominatif. Modes obliques, Ceux qui ne peuvent servir qu'à énoncer une proposition subordonnée, tels que le subjonctif et le conditionnel. Propositions obliques, Les propositions subordonnées qui sont énoncées par ces modes.

Littré (1872-1877)

OBLIQUE (o-bli-k') adj.
  • 1Qui n'est pas droit ou perpendiculaire. Il [Salomon] fit au temple des fenêtres obliques, Sacy, Bible, Rois, III, VI, 4. Par les détours étroits d'une barrière oblique, Ils gagnent les degrés et le perron antique, Boileau, Lutr. V. Sa démarche [du maki] est oblique, comme celle de tous les animaux qui ont quatre mains au lieu de quatre pieds, Buffon, Quadrup. t. VI, p. 156. Il est nécessaire qu'une impulsion, dès qu'elle est oblique à la surface d'un corps, donne à ce corps un mouvement de rotation, Buffon, Hist. nat. Preuv. théor. terre, Œuvr. t. I, p. 219. Et, déployant les voiles, D'un souffle plus oblique il fait enfler leurs toiles, Delille, Én. V. Le roc frais et sombre, D'où parmi le cresson et l'humide gravier La naïade se fraie un oblique sentier, Chénier, Fragments.

    S. f. Terme de géométrie. Une oblique, une ligne oblique, par opposition à perpendiculaire.

  • 2 Terme d'astronomie. Sphère oblique, celle dans laquelle l'un des pôles est élevé au-dessus de l'horizon, et l'autre abaissé au-dessous, de façon que l'équateur et tous les parallèles sont obliques à l'horizon.

    Ascension oblique, le degré de l'équateur qui monte sur l'horizon de la sphère oblique en même qu'un degré du zodiaque.

    En gnomonique, un plan qui incline sur l'horizon se nomme un plan oblique.

    Cercle oblique (en parlant du soleil), l'écliptique. De son oblique cercle arracher le soleil, Rotrou, Herc. mour. II, 2.

  • 3 Terme militaire. Ordre oblique, ordre de bataille dans lequel on présente à l'ennemi une aile en refusant l'autre.

    Pas oblique, celui d'une troupe qui marche sur une ligne diagonale, supposée tirée du point d'où elle part à celui où elle tend, de manière que le front reste toujours parallèle à lui-même.

    Feux obliques, feux dirigés à droite ou à gauche, au lieu d'être directs.

    Terme de commandement militaire. Oblique à gauche ! Oblique à droite !

  • 4 Terme de marine. Se dit de la marche d'un vaisseau qui, courant sous quelque rumb intermédiaire entre les points cardinaux, fait un angle avec le méridien, et change à chaque instant de latitude et de longitude.

    Un vaisseau fait des routes obliques, a le vent oblique, lorsqu'il a le vent contraire pour suivre sa droite, et qu'il est obligé de courir des bordées.

    Port oblique, celui qui dépend d'un chef-lieu d'arrondissement, et où les ordres généraux sont transmis ou donnés par le préfet maritime.

  • 5 Terme d'anatomie. Nom donné à différents muscles.

    Oblique externe ou grand oblique de l'abdomen, muscle placé sur les parties latérale et antérieure du ventre.

    Oblique interne ou petit oblique de l'abdomen, muscle situé sous le précédent.

    Oblique inférieur ou petit oblique de l'œil, muscle qui se porte au côté externe de l'œil.

    Oblique supérieur ou grand oblique de l'œil, muscle qui va s'attacher vers la face supérieure du globe de l'œil.

    Oblique inférieur ou grand oblique de la tête, muscle étendu de l'apophyse épineuse de l'axis au sommet de l'apophyse transverse de l'atlas.

  • 6 Terme de botanique. Se dit d'une partie qui s'écarte, ou du plan de l'horizon ou de l'axe de la plante

    Racine oblique, racine qui s'écarte de la verticale.

    Terme de jardinage. Arbre oblique, arbre formant sur le mur de l'espalier une seule tige palissée sur un angle de 45 degrés.

  • 7 Fig. Qui manque de droiture, de franchise, en parlant des personnes. Un homme oblique.

    Il se dit aussi des choses. Conduite oblique. Quel homme est jamais moins entré dans les voies obliques des passions et des intérêts que celui que nous regrettons ? Fléchier, Duc. de Mont.

  • 8Indirect, détourné. Une louange oblique. Une accusation oblique. Tâchons pourtant d'user de quelque terme oblique Pour nous accommoder à cet homme des champs, Scarron, D. Japhet d'Arm. I, 2.
  • 9 Terme de grammaire. Cas obliques, l'un quelconque des cas de la déclinaison latine ou grecque, excepté le nominatif, le vocatif et l'accusatif, qui sont dits cas directs, les premiers exprimant des rapports directs, les seconds exprimant des rapports indirects.

    Modes obliques, ceux qui ne peuvent servir qu'à énoncer une proposition subordonnée, tels que le subjonctif et le conditionnel.

    Propositions obliques, les propositions subordonnées qui sont énoncées par ces modes.

    Harangue oblique, celle où l'on rapporte les pensées d'un orateur, au lieu de le faire parler lui-même. Je rends obliques des harangues directes, Perrot D'Ablancourt, César, préface.

HISTORIQUE

XIVe s. Elle fist tourner son char à dextre par une voie oblique, Bercheure, f° 23, verso. Leurs mots sont divers et obliques, Et sentences paraboliques, l'Alch. à nat. 177.

XVe s. Par aucune voie directe ni oblique, Froissart, II, II, 241.

XVIe s. Tous les poursuivans taschoient à y parvenir par menées et voyes obliques, Amyot, Caton, 33. Que sera-ce, si le cœur a esté pervers et oblique, et qu'il n'ait rien moins cherché que droiture ? Calvin, Instit. 210. Les muscles obliques ascendans et descendans, Paré, I, 11.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

OBLIQUE. Ajoutez :
10En oblique, dans une direction oblique. La route [de La Chapelle à Saint-Denis] sera couverte en oblique par ce pont de trois travées, dont la principale aura 35 mètres de portée, Journ. offic. 10 fév. 1876, p. 1146, 1re col.
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Encyclopédie, 1re édition (1751)

OBLIQUE, adj. (Gramm.) ce mot en Grammaire est opposé à direct ; on s’en sert pour caractériser certains cas dans les langues transpositives, & dans toutes pour distinguer certains modes & certaines propositions.

1. Il y a six cas en latin : le premier est le nominatif, qui sert à désigner le sujet de la proposition dont le nom ou le pronom fait partie ; & comme la principale cause de l’institution des noms a été de présenter à l’esprit les différens sujets dont nous appercevons les attributs par nos pensées, ce cas est celui de tous qui concourt le plus directement à remplir les vûes de la premiere institution : de-là le nom qu’on lui a donné de cas direct, rectus. Les autres cas servent à présenter les êtres déterminés par les noms ou les pronoms sous des aspects différens ; ils vont moins directement au but de l’institution, & c’est pour cela qu’on les a nommés obliques, obliqui. Voyez Cas.

Priscien & les autres Grammairiens ont imaginé d’autres causes de cette dénomination, mais elles sont si vagues, si peu raisonnables, & si peu fondées, qu’on ne peut s’empêcher d’être surpris du ton serieux avec lequel on les expose, ni gueres moins de celui avec lequel Scaliger (de caus. l. l. lib. IV. cap. lxxx.) en fait la réfutation.

2. On distingue dans les verbes deux especes générales de modes, les uns personnels, & les autres impersonnels. Les premiers sont ceux qui servent à énoncer des propositions, & le verbe y reçoit des terminaisons par lesquelles il s’accorde en personne avec le sujet ; les autres ne servent qu’à exprimer des idées partielles de la proposition, & non la proposition même ; c’est pourquoi ils n’ont aucune terminaison relative aux personnes.

C’est entre les modes personnels que les uns sont directs, & les autres obliques. Les modes directs sont ceux dans lesquels le verbe sert à énoncer une proposition principale, c’est à dire l’expression immédiate de la pensée que l’on vent manifester : tels sont l’indicatif, l’impératif & le suppositif, voyez ces mots. Les modes obliques sont ceux qui ne peuvent servir qu’à énoncer une proposition incidente subordonnée à un antécédent, qui n’est qu’une partie de la proposition principale. Voyez Mode & Incidente. Tels sont le subjonctif qui est presque dans toutes les langues, & l’optatif qui n’appartient guere qu’aux Grecs. Voyez Optatif, Subjonctif.

Le verbe a été introduit dans le système de la parole pour énoncer l’existence intellectuelle des sujets sous leurs attributs, ce qui se fait par des propositions. Quand le verbe est donc à un mode où il sert primitivement à cette destination, il va directement au but de son institution, le mode est direct ; mais si le mode est exclusivement destiné à exprimer une énonciation subordonnée & partielle de la proposition primitive & principale, le verbe y va d’une maniere moins directe à la fin pour laquelle il est institué, le mode est oblique.

3. On distingue pareillement des propositions directes & des propositions obliques.

Une proposition directe est celle par laquelle on énonce directement l’existence intellectuelle d’un sujet sous un attribut : Dieu est éternel ; soyez sage ; il faut que la volonté de Dieu soit faite ; nous serions ineptes à tout sans le concours de Dieu, &c. Le verbe d’une proposition directe est à l’un des trois modes directs, l’indicatif, l’impératif ou le suppositif.

Une proposition oblique est celle par laquelle on énonce l’existence d’un sujet sous un attribut, de maniere à présenter cette énonciation comme subordonnée à une autre dont elle dépend, & à l’intégrité de laquelle elle est nécessaire, il faut que la volonté de Dieu soit faite ; quoi que vous fassiez, faites-le au nom du Seigneur, &c. Le verbe d’une proposition oblique est au subjonctif ou en grec à l’optatif : il n’est pas vrai, même en latin, que le verbe à l’infinitif constitue une proposition oblique, puisque n’étant & ne pouvant être appliqué à aucun sujet, il ne peut jamais énoncer par soi-même une proposition qui ne peut exister sans sujet. Voyez Infinitif.

Toute proposition oblique est nécessairement incidente, puisqu’elle est nécessaire à l’intégrité d’une autre proposition dont elle dépend : il faut que la volonté de Dieu soit faite, la proposition oblique, que la volonté de Dieu soit faite, est une incidente qui tombe sur le sujet il dont elle restraint l’étendue ; il (cette chose) que la volonté de Dieu soit faite, est nécessaire ; quoi que vous fassiez, faites-le au nom du Seigneur, la proposition oblique, que vous fassiez, est une incidente qui tombe sur le complément objectif le du verbe faites, & elle en restraint l’étendue, c’est pour dire, faites au nom du Seigneur le quoi que vous fassiez.

Mais toute proposition incidente n’est pas oblique, parce que le mode de toute incidente n’est pas lui-même oblique, ce qui est nécessaire à l’obliquité, si on peut le dire, de la proposition. Ainsi quand on dit : Les savans qui sont plus instruits que le commun des hommes, devroient aussi les surpasser en sagesse ; la proposition incidente, qui sont plus instruits que le commun des hommes, n’est point oblique, mais directe, parce que le verbe sont est à l’indicatif, qui est un mode direct.

La proposition opposée à l’incidente, c’est la principale ; la proposition opposée à l’oblique, c’est la directe : l’incidente peut être ou n’être pas nécessaire à l’intégrité de la principale, selon qu’elle est explicative ou déterminative, voy. Incidente ; mais l’oblique l’est à l’intégrité de la principale d’une nécessité indiquée par le mode du verbe ; la principale peut être ou directe ou oblique, & la directe peut être ou incidente ou principale, selon l’occurrence. Voyez Principale. (B. E. R. M.)

Oblique se dit en Géométrie de ce qui s’écarte de la situation droite ou perpendiculaire. Voyez Droit & Perpendiculaire.

Angle oblique est un angle qui est ou aigu ou obtus, c’est à dire toute sorte d’angle, excepté l’angle droit. Voyez Angle.

Ligne oblique est une ligne qui tombant sur une autre, fait avec elle un angle oblique. Voyez Ligne.

Une ligne qui tombe sur une autre obliquement, fait d’un côté un angle aigu, de l’autre un angle obtus ; & la somme de ces angles est égale à deux droits.

Plans obliques se dit dans la Gnomonique des plans qui s’écartent du zénith, & qui s’inclinent vers l’horison. Voyez Cadran & Plan.

L’obliquité d’un tel plan ou la quantité de son écartement du zénith se mesure aisément par un quart de cercle, puisqu’elle n’est autre chose que l’arc de quelque azimuth ou cercle vertical, intercepté entre le zénith & le plan proposé. Cet azimuth ou cercle vertical est toujours perpendiculaire au plan dont on veut mesurer l’obliquité.

Percussion oblique est celle dans laquelle la direction du corps choquant n’est point perpendiculaire au corps choqué, ou n’est point dans la ligne du centre de gravité de ce dernier corps. Voyez Percussion.

Projection oblique en Méchanique est celle par laquelle un corps est jetté suivant une ligne qui fait avec l’horison un angle oblique. Voyez Projectile, Balistique, Jet des bombes, &c.

Sphere oblique en Géographie est cette situation de la sphere, dans laquelle l’horison coupe l’équateur obliquement, & dans laquelle l’un des poles est élevé au-dessus de l’horison d’un angle moindre que 90 degrés, mais qui n’est pas zéro ou nul. Voyez Sphere & Droit.

C’est cette obliquité qui occasionne l’inégalité des jours & des nuits. Voyez Nuit & Jour.

Ceux qui ont la sphere oblique, comme nous & tous les habitans des zones tempérées, n’ont jamais les jours égaux aux nuits que dans les équinoxes. Voyez Equinoxe.

Ascension oblique en Astronomie est l’arc de l’équateur, compris entre le premier point d’aries & le point de l’équateur qui se leve avec une-étoile, &c. dans la sphere oblique. Voyez Ascension.

Descension oblique est l’arc de l’équateur, compris entre le premier point d’aries & le point de l’équateur qui se couche avec une étoile &c. dans la sphere oblique ; cet arc se compte de l’occident vers l’orient. Voyez Descension.

Pour trouver, par le moyen du globe, l’ascension & la descension oblique, voyez Globe.

Navigation oblique se dit de la route que fait un vaisseau lorsque courant sous quelque rhumb intermédiaire entre les quatre points cardinaux, il fait un angle oblique avec le méridien, & change à chaque instant de latitude & de longitude. Voyez Rhumb, Navigation & Loxodromie.

La navigation oblique est de trois sortes ; savoir la navigation plane, la navigation de mercator, & la navigation par un grand cercle. Voyez Navigation.

Oblique, en Anatomie, nom de différentes parties dont la situation est oblique, par rapport aux différens plans du corps. Voyez Corps. C’est dans ce sens, qu’on dit les apophyses obliques des vertebres, voyez Obliques. Les muscles obliques ou simplement les obliques supérieurs & inférieurs de la tête, le grand & petit oblique de l’œil, les grands & petits obliques du bas-ventre, &c. Voyez Vertebre, Muscle, Ventre, &c.

L’oblique inférieur de la tête part de l’apophyse épineuse de la seconde vertebre du cou, & va en se grossissant s’insérer obliquement à l’apophyse transverse de la premiere. Quelques auteurs le rangent au nombre des muscles du cou. Voyez Cou.

L’oblique supérieur ou le petit oblique de la tête part de l’apophyse transverse de la premiere vertebre du cou, & va en montant obliquement s’insérer latéralement à la partie inférieure de l’occipital, au-dessous de la tubérosité.

L’oblique supérieur ou le grand oblique de l’œil. Voyez Œil.

Il a son origine dans le fond de l’orbite ; & venant gagner le grand angle de l’œil, il passe à travers une membrane en partie cartilagineuse située à la partie latérale externe de l’apophyse angulaire interne, & qu’on appelle trochlée ou poulie, ce qui le fait appeller lui-même trochléateur ; & de là il se réfléchit dans son extrémité vers la sclorétique, sur la partie postérieure du globe de l’œil où il se termine.

L’oblique inférieur ou le petit oblique de l’œil, sort du bord extérieur de la partie inférieure de l’orbite, près de l’angle interne ; & de-là s’élevant vers l’angle externe, il se termine auprès de l’autre.

Oblique descendant, paire de muscles de l’abdomen, fort larges, & dont chacun couvre une moitié de l’abdomen & une partie du thorax. On le nomme de la sorte par rapport à l’obliquité de leurs fibres. Ils viennent des deux ou trois dernieres vraies côtes & des cinq fausses ; & il est entrelacé par sa partie supérieure avec le grand pectoral, le grand dentelé, au moyen de cinq à six digitations, dont chacune reçoit un nerf des interstices de la côte. Il s’attache inférieurement au bord de la levre externe ou de l’os des isles ; de-là plusieurs de ses fibres tendineuses étant parvenues à l’épine antérieure supérieure, le réfléchissent en formant un replis intérieurement, auquel on a donné le nom de ligament de Fallope ou de Poupart. Elles s’inserent à l’os pubis, & forment le pilier postérieur, tandis que les fibres tendineuses qui se remarquent au-dessus de celle-ci, vont s’attacher à l’os pubis du côté opposé, & former le pilier postérieur. C’est l’écartement qui se remarque entre ces fibres, qu’on appelle l’anneau. Les plans tendineux des digitations supérieures vont se croiser avec celles du côté opposé. Voyez nos Planches anatomiques & leur explication.

L’oblique ascendant est au-dessous de la partie inférieure de l’autre ; il va précisément en sens contraire, c’est-à-dire, de la partie inférieure & postérieure à la partie supérieure & antérieure. Il prend son origine à la crête de l’os des isles, aux apophyses transverses des vertebres des lombes, & se termine au bord cartilagineux formé par la derniere des vraies côtes & par toutes les fausses, & antérieurement à la ligne blanche en formant une espece de gaîne dans laquelle une grande partie du muscle droit est placée. Voyez nos Pl.

L’oblique de l’oreille est attaché dans la partie extérieure du canal de l’aqueduc ; d’où montant par derriere, il entre dans le tambour par une sinuosité oblique qui se trouve immédiatement au-dessous du cercle osseux, auquel le timpan est attaché, & il s’insere ensuite dans la petite apophyse du marteau.

L’oblique du nez ou latéral est étroitement uni avec le pyramidal ; il vient de l’apophyse nasale de l’os maxillaire, & se termine en cartilage mobile près l’os maxillaire.

Oblique ascendant du nez. Voyez Myrti-forme.

Oblique, (Ecrivains.) se dit aussi, dans l’Ecriture, des lignes de pente gauche & droite, sur lesquelles se trouve placée la plus grande partie des traits de l’écriture.

Oblique, Obliquité. (Morale.) Il se dit de toutes les actions qui s’écartent de la vérité, de la justice, de la décence, en un mot de tout ce qui est considéré comme regle de droiture parmi les hommes. Mais outre l’idée d’injustice & d’écart, il s’en trouve encore une autre à l’obliquité, c’est la feinte, la tromperie, la trahison secrete.

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Étymologie de « oblique »

(XIIIe siècle) Du latin obliquus.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Provenç. oblic ; esp. et ital. obliquo ; du lat. obliquus, de ob, et liquis, vieux mot signifiant oblique. Comparez licinus bos, bœuf qui a les cornes courbées en avant, luxus, déjeté, luscus, louche, λόξος, oblique.

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Phonétique du mot « oblique »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
oblique ɔblik

Fréquence d'apparition du mot « oblique » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « oblique »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « oblique »

  • Tout s'annonçait pourtant bien à la mi-journée avec le test des 3.270Pts mais l'Euro-Stoxx50 confirme la cassure du support oblique (sous 3.255) avec une clôture à 3.204Pts pour un bilan hebdo de -2% (contre un score marginalement positif vers midi).
    Boursorama — Euro-Stoxx50 : cassure du support oblique confirmée sous 3255 - Boursorama
  • Tu peux avec lui user de ruse, car l'ignorant toujours prend l'oblique pour droit.
    Abu Shakour — Les Premiers Poètes persans
  • Le bonheur ne fleurit pas pour ceux qui suivent des chemins obliques.
    Pindare — Odes Isthmiques
  • (CercleFinance.com) - Safran se rapproche d'une résistance oblique baissière qui gravite vers 93E (issue du récent zénith des 103E du 9 juin).
    Boursorama — Safran : résistance oblique baissière vers 93E - Boursorama
  • Techniquement, le Nasdaq 100 a surtout rebondi sur une oblique haussière majeure qui a fait office de support à de nombreuses reprises depuis le mois d’avril. En effet, depuis près de 3 mois, le Nasdaq 100 évolue dans un canal haussier. Après avoir été rejeté par la borne haute de ce canal il y a deux semaines, le Nasdaq est revenu rebondir sur la borne basse hier.
    IG — Le Nasdaq 100 rebondit en bas de son canal haussier | IG France
  • Le cours du Bitcoin (BTC/USD) continue à consolider sous une oblique baissière majeure. Les bandes de Bollinger aideront à signaler le début de la prochaine tendance.
    IG — BTC/USD : Le Bitcoin dans l’attente d’un catalyseur | IG Bank Suisse

Images d'illustration du mot « oblique »

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Traductions du mot « oblique »

Langue Traduction
Anglais oblique
Espagnol oblicuo
Italien obliquo
Allemand schräg
Chinois
Arabe منحرف - مائل
Portugais oblíquo
Russe косой
Japonais 斜め
Basque airetiko
Corse oblicu
Source : Google Translate API

Synonymes de « oblique »

Source : synonymes de oblique sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « oblique »

Combien de points fait le mot oblique au Scrabble ?

Nombre de points du mot oblique au scrabble : 18 points

Oblique

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