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Titre

Variantes Singulier Pluriel
Masculin titre titres

Définitions de « titre »

Trésor de la Langue Française informatisé

TITRE, subst. masc.

I. − [Indication d'une distinction, d'une qualité]
A. −
1. Désignation honorifique et nominale indiquant une distinction de rang, une dignité. Titre ancien, récent; titre contesté, douteux, usurpé; titre prestigieux; titre militaire; titre de roi, de prince, de duc, de marquis; titre de maréchal, de grand-amiral; acheter un titre; avoir droit à un titre; conférer, donner un titre; porter, prendre le titre de. Le titre de comte de M. de Coantré pourrait éblouir quelques nigauds (Montherl., Célibataires, 1934, p. 824):
1. ... on annonçait toujours: Monsieur et Madame de Paturot! Je voulus faire quelques observations au sujet de cette particule d'emprunt; Malvina s'y opposa, et traita mes scrupules de puérils. En effet, d'autres invités se montraient moins rigoristes, et cette usurpation de titres semblait être la monnaie courante du lieu. Reybaud, J. Paturot, 1842, p. 196.
Titre de noblesse, titre nobiliaire. Désignation honorifique d'un noble, d'une noble. Le nom de Guermantes s'était maintenant incorporé à elle comme un émail mordoré et (...), qui qu'elle fréquentât, elle resterait pour tout le monde duchesse de Guermantes (ce qui était une erreur, car la valeur d'un titre de noblesse, aussi bien que de bourse, monte quand on le demande et baisse quand on l'offre) (Proust, Fugit., 1922, p. 669).Il faisait profession de républicanisme, et il était ulcéré qu'on discutât ses titres nobiliaires (Rolland, Beethoven, t. 1, 1937, p. 35).
P. métaph. L'homme du peuple (...) s'attribue comme un patrimoine la gloire nationale et s'identifie avec la masse qui a fait ces grandes choses. C'est son bien, son titre de noblesse, à lui (Renan, Avenir sc., 1890, p. 510).
P. méton. Acte, écrit authentifiant la noblesse d'une famille (infra II A 1).
2. [Lorsqu'on s'adresse, à la 3epers., à une pers. qui a un titre, ou qu'on parle d'elle] Appellation correspondant au titre d'une personne. Donner le titre d'une personne. Silvia: (...) je ne sais encore de quel titre vous saluer (...). Piquillo: Je suis don Alphonse Olforno y Fuentes (Dumas père, Piquillo, 1837, ii, 7, p. 242).C'était un provincial très mondain qui avait l'habitude de donner leur titre aux gens quand il leur parlait, et d'appeler madame de Gueldre « marquise » (A. France, Vie littér., 1892, p. 270).
B. −
1. Nom d'une charge, d'un office, d'une fonction ou d'un grade. Titre universitaire; titre d'agrégé, de professeur, de docteur; titre de recteur, de conservateur; titre de directeur, de président; titre de député, de ministre, de secrétaire d'état, de sénateur, de maire; titre de général, de colonel. Il y eut un temps où mes ancêtres étaient fiers du titre de valet de chambre, de maîtres d'hôtel du Roi (Proust, Sodome, 1922, p. 1062).Dites-donc, maintenant, vous êtes bien réellement docteur?... Parce qu'ici le titre est exigé (Romains, Knock, 1923, i, p. 5).
Loc. adj.
DR. ADMIN. Sur titres. Fondé seulement sur les titres, en ne se fondant que sur les titres. Concours sur titres; recrutement sur titres. Les élèves titulaires sont admis sur titres ou par concours (Encyclop. éduc., 1960, p. 238).
En titre. [Apposé à un nom désignant une fonction, une charge et p. oppos. à auxiliaire, suppléant] Qui est effectivement titulaire de la fonction qu'il exerce. Synon. titulaire.Professeur en titre. Le bourreau: (...) Je me voyais déjà exécuteur en titre de la capitale (Hugo, Han d'Isl., 1823, p. 160).Il mettait sur la table de nuit les cinquante francs qu'il abandonnait à l'inspecteur en titre (Zola, Ventre Paris, 1873, p. 734).P. ext. [P. oppos. à occasionnel] Reconnu comme tel de façon stable et officielle. Synon. attitré.Fournisseur en titre. Léonard était le coiffeur en titre de la Cour (Jouy, Hermite, t. 4, 1813, p. 278).Elle était montée haut cependant, maîtresse en titre du duc Charles (Bourges, Crépusc. dieux, 1884, p. 205).Nul n'a plus fait pour elle [la rime] que M. de Banville. Il a été son amant de cœur et son protecteur en titre (Lemaitre, Contemp., 1885, p. 10).
2. [Lorsqu'on s'adresse à une pers. qui a un titre à la 3epers., ou qu'on parle d'elle] Appellation correspondant au titre d'une personne. Monsieur le commissaire, dis-je alors (parce qu'il faut toujours donner leurs titres aux personnes) (Nerval, Filles feu, Angélique, 1854, p. 534).
C. − SPORTS. Qualité de vainqueur dans un championnat. Titre de champion toutes catégories; disputer un titre dans une compétition; concourir pour le titre; mettre son titre en jeu; détenir, tenir le titre; détenteur, tenant du titre. Le championnat du Monde ... pendant quelques années encore Jacques L'Aumône défendit son titre puis il y renonce volontairement (Queneau, Loin Rueil, 1944, p. 62).La France (...) remporta le titre des poids moyens avec Gance et celui des mi-lourds avec Ernest Cadine (Jeux et sports, 1967, p. 1283).
D. − [Constr. avec un compl. prép. de]
1. Nom ou expression qui qualifie une personne. Le titre d'ami, de bienfaiteur, de citoyen, d'époux, d'héritier, de père, de tuteur; s'attribuer, donner, mériter le titre de; prétendre au titre de. L'ancien charpentier de Castelnau-de-Berbéjac-en-Gascogne et l'ex-muletier des sierras castillanes (...) ne se gênaient pas pour lui décocher en plein visage coram populo le titre d'assassin (Cladel, Ompdrailles, 1879, p. 254).L'ambition brûlante de Nietzsche converge toute dans l'aspiration de mériter dans sa plénitude le titre de philosophe (Du Bos, Journal, 1924, p. 27).
2. Nom ou expression qui qualifie une chose. La commission qu'il avait créée fort anciennement sous le titre de commission des pétitions (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 400).La troisième [observation] (...) mérite vraiment le titre de pneumonie à forme éclamptique (Cadet de Gassicourt, Mal. enf., 1880, p. 95).
Rem. Cet empl. est considéré comme abusif par certains dict. et gramm.
E. − Locutions
1. À titre de
a) [Le compl. prép. désigne une pers.] En tant que; en qualité de; en s'autorisant du titre de, de la fonction de, du rôle de. À titre de député. M. Bernard est ici à titre d'hôte (Sandeau, Mllede La Seiglière, 1848, p. 292).Lui-même, n'est-ce pas, encore que juge et en mission officielle aux Sables, n'est chez vous qu'à titre d'ami (Simenon, Vac. Maigret, 1948, p. 124).
b) [Le compl. prép. désigne une chose] En tant que, en guise de. À titre d'exemple, de consolation; à titre d'information. Si j'invoque le souvenir de ces petites libéralités, c'est à titre de simples circonstances atténuantes (Courteline, Gend. sans pitié, 1899, 2, p. 158).À quoi reconnaît-on qu'une femme qui vit seule n'est pas une « grue »? On ne peut pourtant pas, à titre d'épreuve, lui proposer de l'argent (Romains, Hommes bonne vol., 1932, p. 271).
2. À titre. [Constr. avec adj.]
a) [Précédé ou suivi d'un adj. à valeur quantitative] De façon(s), pour une raison, des raisons. À bien des titres, à divers titres, à double titre, à de nombreux titres, à plus d'un titre, à tant de titres. Elle était grandement émue, à plusieurs titres, car elle craignait, entre autres choses, de perdre sa place (Boylesve, Leçon d'amour, 1902, p. 105).Plusieurs de ces officiers venaient d'être en contact, à titres divers, avec les événements de Verdun; ou avec des témoins oculaires; ou encore avec des gens particulièrement bien informés (Romains, Hommes bonne vol., 1938, p. 94).
b) [Suivi d'un adj. à valeur de compl. de manière] De façon, de manière. À titre exceptionnel, temporaire; à titre personnel, posthume; à titre officiel, officieux. Quelques membres des Sciences morales, venus à titre amical honorer la dépouille de leur confrère (Martin du G., Thib., Mort père, 1929, p. 1356):
2. Vous savez combien il en est arrivé à la tranchée des chasseurs? Oui, sur les deux compagnies qui menaient la contre-attaque: dix! vous entendez, dix! Il paraît que de Pelleriès a été sublime. Il leur a fait chanter la Marseillaise. Il a été tué au milieu de la pente. Je vais lui faire donner la croix à titre posthume. Romains, Hommes bonne vol., 1938, p. 279.
DR. À titre étranger. Les élèves étrangers reçoivent le diplôme de docteur vétérinaire à titre étranger (Encyclop. éduc., 1960, p. 234).
3. À ce titre. Pour cette qualité; pour cette raison. Les mariages inégaux d'âge ont quelque douceur, quand le plus âgé ressemble au père ou à la mère du plus jeune et peut être aimé à ce titre (Michelet, Journal, 1857, p. 323).Quel que soit le rôle que tu aies joué dans cette affaire, Ferdinand est l'aîné, et, à ce titre, je le tiens pour responsable (H. Bazin, Vipère, 1948, p. 167).
4. Au même titre (que). De la même manière, de la même façon (que). Je ne suis pas un pharisien qui se bat la poitrine parce qu'il se met dans un livre. Je m'y mets avec les autres et au même titre que les autres (Cendrars, Bourlinguer, 1948, p. 204).
5. [Pour renforcer une négation] À aucun titre. En aucune façon. Le grand-père Pluvignec n'est à aucun titre, le chef de la famille (H. Bazin, Vipère, 1948, p. 208).
II. − [Désigne ce qui établit un droit, le justifie ou détermine ses modalités]
A. −
1. Acte, document établissant le droit à un titre, à une dignité, à une fonction. Titres nobiliaires, titres de noblesse; titre conférant un grade; authentifier, rédiger un titre. J'ai reçu (...) mon diplôme d'académicien d'Amsterdam (...); seulement il m'est impossible de comprendre un seul mot de ce titre authentique (Delacroix, Journal, 1854, p. 165).
2. DR. ,,Écrit rédigé en vue de constater un acte juridique ou un acte matériel pouvant produire des effets juridiques`` (Cap. 1936). Titre authentique, nul, primordial; titre exécutoire; titre de propriété; authenticité d'un titre; droit de titre. En fait de meubles, la possession vaut titre (Code civil, 1804, art. 2279, p. 415).En droit, si vous possédez les titres de toutes les créances dues par la maison Grandet, votre frère ou ses hoirs ne doivent rien à personne (Balzac, E. Grandet, 1834, p. 139).
Titre de transport. Synon. de billet, ticket.Savez-vous que le transporteur n'est pas automatiquement responsable du préjudice causé aux voyageurs démunis de titre de transport valable? (La Vie du Rail, 9 nov. 1989, p. 41, col. 2).
3. BOURSE, FIN. Certificat représentatif d'une valeur de bourse. Titre de bourse; titre de rente; titre nominatif, à ordre, au porteur; coupon d'un titre; avance sur titre; acheter, liquider, vendre des titres. Il me demanda si la fortune était composée de titres ou d'argent liquide (Mauriac, Nœud vip., 1932, p. 207):
3. Mon père, qui devait gérer cette fortune jusqu'à ma majorité, consulta M. de Norpois sur un certain nombre de placements. Il conseilla des titres à faible rendement qu'il jugeait particulièrement solides, notamment les Consolidés Anglais et le 4 % Russe. Proust, J. filles en fleurs, 1918, p. 454.
Titre Universel de Paiement (TUP). ,,Document par lequel le débiteur autorise un prélèvement ponctuel sur son compte pour réaliser le paiement déterminé`` (Sousi-Roubi Banque 1983).
B. − P. ext. Qualité conférant un motif légitime, une raison valable à faire quelque chose ou à être quelque part, qualité, mérite ou service donnant droit à quelque chose. Avoir des titres à la reconnaissance de qqn. Monsieur le marquis (...), j'ose vous prier de me faire l'honneur de passer chez moi. Je n'ai d'autre titre pour attendre cette grâce de vous, que l'infortune (Sénac de Meilhan, Émigré, 1797, p. 1660).Je suis ici en vacances et n'ai aucun titre à exiger de vous quoi que ce soit (Simenon, Vac. Maigret, 1948, p. 124).
C. − Locutions
1. À titre. [Constr. avec un adj. ou un compl. prép. de indiquant les modalités d'un droit, la manière dont un droit s'exerce]À titre universel; à titre gracieux, onéreux; à titre lucratif; à titre révocable; à titre précaire; à titre de louage; légataire à titre particulier. Toute donation à titre gratuit est révoquée de plein droit pour cause de survenance d'enfant légitime, même posthume, du donateur (Sandeau, Mllede La Seiglière, 1848, p. 111).
2. Au fig.
a) À juste titre. À bon droit, avec raison. Locke jouissoit à juste titre de l'estime universelle (J. de Maistre, Soirée St-Pétersb., t. 1, 1821, p. 516).Les alcooliques passent, à juste titre, pour des « faibles » (Mounier, Traité caract., 1946, p. 138).
b) À quel titre. De quel droit. Il oubliait à quel titre le fils Stamply s'asseyait à sa table et à son foyer (Sandeau, Mllede La Seiglière, 1848, p. 197).De quel droit, à quel titre, pourquoi avez-vous fait ça? (Hermant, M. de Courpière, 1907, iv, 8, p. 31).
III. − [Désignation d'un suj. ou d'un thème]
A. −
1. Inscription au début d'un ouvrage pour indiquer son sujet; nom donné par son auteur à une œuvre littéraire ou artistique et qui évoque plus ou moins son contenu, sa signification. Titre obscur, symbolique; titre révélateur, évocateur; titre d'un livre; choisir un titre; ouvrages classés par titres. La reliure, toute neuve, porte en lettres d'or ce titre attrayant: Histoire du Sieur Abbé comte de Bucquoy, etc. (Nerval, Filles feu, Angélique, 1854, p. 587).Un petit volume cartonné à dos de toile bleue, qui portait sur le plat ce titre en papier gris: Racine, Esther et Athalie, tragédies tirées de l'Écriture sainte, édition à l'usage des classes (A. France, Pt Pierre, 1918, p. 275).
IMPR., RELIURE
Faux titre. Titre simple figurant sur la page impaire précédant le grand titre. [Angélique] prenait l'in-quarto, relié en veau jaune, elle le feuilletait lentement: d'abord, le faux titre, rouge et noir, avec l'adresse du libraire (...) puis, le titre (Zola, Rêve, 1888, p. 24).
Grand titre. Synon. de frontispice.En terme général, le titre désigne les trois titres particuliers par lesquels débute un livre: le faux-titre, abrégé du grand titre, le grand titre et le titre de départ, répétition du faux titre (E. Leclerc, Nouv. manuel typogr., 1897, p. 259).
Titre courant. Titre imprimé en haut ou en bas de chaque page et rappelant le titre de l'ouvrage ou d'une partie de celui-ci. Il faut m'envoyer les épreuves avec les titres courants au haut des pages (Hugo, Corresp., 1862, p. 381).L'auteur doit donner les indications nécessaires pour les titres courants (titres placés au haut de chaque page), lorsqu'il a une intention particulière ou lorsque les titres, trop longs, doivent être abrégés (Gouriou, Mémento typogr., 1961, p. 8).
Page de titre, ou p. ell. du déterm., le titre. Page portant le titre du livre, le sous-titre, le nom de l'auteur, etc. Les États-Unis n'accordent la protection du droit d'auteur qu'aux ouvrages comportant, au verso de la page du titre, la mention Copyright By (nom de l'auteur ou de l'éditeur) et le millésime de la publication, et déposés à la bibliothèque du Congrès de Washington (Civilis. écr., 1939, p. 16-8).
2. Nom d'un poème, placé en tête de celui-ci. Dans un poème qui a pour titre: Maison de vent, Louis-Guillaume rêve ainsi (Bachelard, Poét. espace, 1957, p. 64).
3. P. anal. Nom d'une chanson, d'un film, d'une pièce de théâtre, d'un tableau, etc. Le bistre original de Fragonard, dont la plaisante composition a été vulgarisée par l'aquatinte de Charpentier sous le titre: La Culbute (Goncourt, Journal, 1894, p. 688).Pour l'édition projetée de ce « chef-d'œuvre des Variations », Beethoven propose un titre beaucoup plus cérémonieux (Rolland, Beethoven, t. 1, 1937, p. 50).
En compos. Rôle-titre. [Au théâtre lyrique] Rôle du personnage dont l'œuvre porte le nom. [Dans « Alessandro » de Haendel] René Jacobs, incroyable d'aisance dans le rôle-titre (Le Monde loisirs, 30 nov. 1985, p. ix).Banc-titre. V. banc II c 5.Sous-titre*.
B. − [Dans un journal] Texte bref présentant et annonçant le contenu d'un article. Titre sur cinq colonnes; faire les gros titres dans la presse. Le titre, imprimé en lettres grasses, d'un simple fait divers dont les lecteurs du Courrier de Bayonne prenaient sans doute à la même heure connaissance (Bernanos, Crime, 1935, p. 871).Ouvrez votre journal: depuis le titre des articles (et leur esprit) jusqu'à l'annonce des dernières pages, tout vise à « faire sensation » (Huyghe, Dialog. avec visible, 1955, p. 52).
C. −
1. [Désignation d'une partie d'un ouvrage, d'un chapitre] Le titre de ce chapitre est une contradiction, ou plutôt un accord de contraires (Baudel., Salon, 1846, p. 147).En feuilletant le volume, un titre de chapitre l'avait allumé: « Les courses de taureaux et l'Église » (Montherl., Bestiaires, 1926, p. 511).
2. Subdivision (dans un recueil juridique, un texte de loi). Les règles de la prescription sur d'autres objets que ceux mentionnés dans le présent titre, sont expliquées dans les titres qui leur sont propres (Code civil, 1804, art. 2264, p. 413).Dans mon opinion sur le projet de loi relatif aux finances (21 mars 1817), je m'élevai contre le titre XI de ce projet (Chateaubr., Mém., t. 3, 1848, p. 24).
IV. − [Indication d'un rapport, d'une proportion] Proportion de métal précieux contenu dans un alliage et exprimé en parties pour mille. Titre d'une monnaie; or au titre; titre d'une pièce d'orfèvrerie. Des objets en or à bas titre, pesant 96 dirhems (Berthelot, Orig. alchim., 1885, p. 237).En Angleterre, l'argent est à un titre plus élevé qu'en France, 958 et 925 millièmes au lieu de 950 et 800 millièmes (Grandjean, Orfèvr. XIXes., 1962, p. 34).
CHIM. Rapport de la masse du corps dissous à la masse de la solution. Par son faible titre alcoolique, ses principes amers et son acide carbonique, la bière exerce sur l'organisme une action stimulante (Boullanger, Malt., brass., 1934, p. 3).
TEXT. [,,Désignation indiquant la grosseur d'un fil textile`` (Lar. encyclop.)] V. titrage B ex. de Thiébaut.
Prononc. et Orth.: [titʀ ̭]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1170 title « inscription (sur un tombeau) » (Rois, éd. E. R. Curtius, 4elivre, XXIII, 17) − 1771 Trév.; d'où a) 1200 title « désignation du sujet d'un ouvrage » (Comment. du Psautier, B.N. 22892 ds Berger, Bible fr. au moy. âge, p. 67); ca 1225 titre « chapitre, subdivision d'un ouvrage » (Pean Gatineau, St Martin, 9634 ds T.-L.); 1585 tiltre « subdivision employée dans les codes, dans les recueils de jurisprudence » (De Cholières, Œuvres, éd. E. Tricotel et D. Jouaust, t. 1, p. 64); b) mil. xiiies. title « signe abréviatif d'écriture » (Huon de Cambrai, ABC, 419 ds T.-L.); 2. ca 1283 title « ce qui établit le droit » (Philippe de Beaumanoir, Coutumes Beauvaisis, éd. A. Salmon,222); p. ext. 1563 « qualités, capacités, services, travaux qui donnent droit à quelque chose » (Bonivard, Advis et devis des Lengues, p. 63); mil. xives. à bon titre (Dit de la Rébellion d'Angleterre ds Nouv. Rec. de Contes, éd. A. Jubinal, t. 1, p. 74); 1340 a juste title (Charte ds Coutumes Lille, éd. Brun-Lavainne, p. 360); 1468 titre « pièce authentique servant à établir un droit, une qualité » (Acte ds Lettres de Louis XI, éd. J. Vaesen et E. Charavay, t. 2, 244); 1853 (dépôt légal) bourse (Proudhon, Man. du spéculateur à la bourse, p. 92 − 1854 − ds Quem. DDL t. 16); 3. a) xiiies. title nom exprimant une charge, une fonction, un grade dont on est revêtu (Chron. de Fr., ms. Berne 590, fo40c ds Gdf. Compl.); 1690 en titre (Fur.); b) 1479 title désignation honorifique d'un nom indiquant un rang, une dignité (Jean Molinet, Faicts et dictz, éd. N. Dupire, t. 2, p. 134, 185); c) fin xives. à quel title « selon quelle qualification » (Froissart, Chron., éd. S. Luce, t. 1, p. 197, 23); d) 1539 titre « qualification qu'on donne aux personnes pour exprimer certaines relations » (Est.); 4. a) 1543 tiltre « proportion d'or ou d'argent dans les monnaies, dans les ouvrages d'or et d'argent » (Lespinasse, Les métiers et corporations de la ville de Paris, t. 2, p. 22); b) 1841 titre (de soie) « longueur d'un fil de soie contenu dans un poids déterminé » (A. Baudrimont, Dict. de l'industr. manufacturière, comm. et agric., t. 10, p. 211); c) 1872 (Littré: Titre. Poids fixe d'un réactif qui contient une liqueur titrée). Empr. au lat.titulus, -i « inscription », « titre d'un livre », « titre d'honneur », « honneur », également att. en lat. médiév. au sens de « droit » ca 1170 ds Latham. Fréq. abs. littér.: 7 123. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 12 602, b) 9 319; xxes.: a) 8 686, b) 9 316.
DÉR.
Titrier, subst. masc.a) Vx. Religieux préposé à la garde des titres dans un monastère. (Dict. xixeet xxes.). b) Impr. Typographe composant les titres. Synon. titreur.Certains de ces ouvriers typographes sont spécialisés: le titrier compose des titres (Coston, A.B.C. journ., 1952, p. 158). [titʀije]. Att. ds Ac. 1778-1878. 1reattest. 1731 (Corneille, Dict. des arts et des sciences ds Mél. Wartburg (W. von) t. 2 1768, p. 269: Titrier. Nom qu'on donne aux Procureurs des Moines qu'on accuse de tous tems de fabriquer des Titres); de titre, suff. -ier*.
BBG. Gamillscheg (E.). Etymologische Miszellen. Rom. Jahrb. 1950, t. 3, pp. 296-297. − Hoek (L. H.). La Marque du titre. La Haye-Paris-New York, 1981, 368 p. − Moncelet (Ch.). Essai sur le titre en litt. et ds les arts. Le Coudre, 1972. − Quem. DDL t. 16. − Thomas (A.). Étymol. fr. Romania. 1900, t. 29, pp. 202-203. − Tilander Essais 1953, pp. 81-110. − Vigner (G.). Une Unité discursive restreinte: le titre. Fr. Monde. 1980, no156, pp. 30-40, 57-60.

Wiktionnaire

Interjection - français

titre \titʁ\

  1. (Familier) Pour souligner dans ce qui précède un sous-entendu salace, généralement involontaire.

Nom commun - français

titre \titʁ\ masculin

  1. Élément qui est mis en valeur par rapport au contenu qui le suit et qui le résume parfois.
    • Les journaux et les magazines qui alimentaient les cerveaux américains (…) devinrent instantanément un feu d’artifice où les illustrations et les titres de colonnes s’enlevaient comme des fusées et éclataient comme des bombes. — (H. G. Wells, La Guerre dans les airs, 1908, traduction d’Henry-D. Davray et B. Kozakiewicz, Mercure de France, Paris, 1910, page 212 de l’édition de 1921)
    • Des escouades de camelots ont parcouru les boulevards en hurlant le titre d'une nouvelle feuille : « Demandez Le Glaive ! » — (Victor Méric, Les Compagnons de l’Escopette, Éditions de l’Épi, Paris, 1930, page 207)
    • Le Point est même en mesure d'en donner le titre (…) : Ma vérité. Pour quelqu'un qui, comme l'autre jour à la télévision, n’arrête pas de raconter des craques, c'est un beau titre, je trouve. — (Alain Rémond, Le livre, lui, ne ment pas, dans Marianne (magazine), n° 772 du 4 février 2012, page 98)
    • « Kevin contre la GroKo », cela pourrait être le titre d'une épopée enfantine et chevaleresque où un jeune héros finit par terrasser le monstre et réveiller la belle princesse endormie. Mais c'est bien autre chose. — (Thomas Schnee, Kevin contre la GroKo, dans Marianne, n° 1092 du 16 au 22 février 2018, page 44)
    • Les cinquante titres récupèrent et déroutent, avec un zeste d’ironie et, parfois, avec un léger effet captieux, le lexique sur la pandémie de COVID-19, le vocabulaire et les syntagmes titrés dans les journaux.— (Cornéliu Tocan, Aux confins de l'invisible. Haïkus d'intérieur illustrés, Créatique, Québec, 2020, page 8)
  2. (Par métonymie) Le contenu lui-même.
    • Le monde de la bande dessinée est bien plus cruel qu'il n'y paraît : un nombre hallucinant d'albums afflue dans les bouclards chaque mois, et bien rares sont les titres qui parviennent à s'imposer. — (Run, « Édito », dans DoggyBags, tome 2, Roubaix : Ankama Éditions, avril 2012)
    • Le nouveau titre du chanteur à la mode. — Tout compte fait, ce titre pèche par sa faible durée de vie malgré des graphismes agréables.
  3. Désignation honorifique d’un nom indiquant un rang ou une dignité.
    • Bonaparte, qui s'y entendait, changeait le titre des gens: il cachait le nom de M. de Talleyrand sous celui de prince de Bénévent; il baronnifiait les marquis et ducalisait les comtes. La recette est assez bonne , et nous la recommandons fortement à qui de droit. — (Les Nouvelles Recrues du Château, dans La Mode : Revue des modes, jeudi 25 décembre 1845, Paris : imprimerie d'Edouard Proux & Cie, page 540)
    • La société enrichie la veille par des spéculations, honnêtes ou non, joignait à ses richesses des titres nobiliaires ; chacun s'improvisait comte, marquis ou baron. — (Général Ambert, Récits militaires : L'Invasion (1870), Bloud & Barral, 1883, page 240)
    • La T∴ Ill∴ S∴ Marguerite Martin le remplace dans ces hautes fonctions, mais le Sup∴ Cons∴, à l’unanimité, décerne au T∴ Ill∴ F∴ Petit le titre de G∴ M∴ d'Honneur ad vitam. — (Ordre maç∴ mixte international "Le Droit humain", Hommage à nos aînés, Comité d'édition de l'ordre, 1954)
    • Le nom se compose tout d'abord du nom de famille, ensuite du prénom et, enfin, de ce que l'on appelle les accessoires du nom, pseudonyme, surnom et titres nobiliaires. — (Aude Bertrand-Mirkovic, Droit civil : Personnes, Famille, Studyrama, 2004, page 116)
  4. Nom qui indique un grade, une fonction, une charge.
    • Il se donne le titre de docteur.
    • Monsieur le commissaire, dis-je alors (parce qu'il faut toujours donner leurs titres aux personnes), j'ai fait trois voyages en Angleterre [...]. — (Gérard de Nerval, Les Filles du feu, Angélique, 1854)
  5. Genre civil d’une personne.
    • « Monsieur », « Madame » et anciennement « Mademoiselle » sont des titres de civilité.
  6. (Finance) Composition d'une monnaie dans un métal donné.
  7. Ancien terme de chasse qui exprimait le lieu où les chiens étaient attitrés, mis sur la voie.
  8. (Chimie) Rapport de la quantité du corps dissous à la quantité de la solution, permettant de calculer soit la concentration massique, soit la concentration ionique.
    • Par son faible titre alcoolique, ses principes amers et son acide carbonique, la bière exerce sur l'organisme une action stimulante. — (Boullanger, 1934)
    • L'importance ancienne donnée à la maîtrise de la dureté des eaux et aux différentes épurations chimiques d’adoucissement consécutives a entraîné l'expression de titres particuliers relatifs à la dureté de l'eau et à son alcalinité et qui sont le titre hydrotimétrique (TH) et les titres alcalimétriques (TAC et TA). — (François Berné & Jean Cordonnier, Traitement des eaux, Éditions TECNIP, 1991, page 5)
  9. (Droit) Qualité attachée à la source d'un droit ou un ensemble de droits. Cette source peut se présenter sous la forme d'une disposition légale, ou administrative, ou sous la forme d'une convention ou d'un jugement.
  10. (Par métonymie) Document qui constitue la preuve de son contenu.
  11. Ce qui établit le droit qu’on a de posséder, de demander, de faire quelque chose.
    • À quel titre avez-vous obtenu cet emploi ?
  12. (Finance) Écrit qui consacre traditionnellement le droit des titulaires de valeurs mobilières, qu'il s'agisse de parts, d'actions, de certificats d'investissement, de titres participatifs, ou d'obligations émises par les sociétés (maintenant habituellement dématérialisé et résultant donc seulement de l’inscription dans les comptes).
    • Dans toutes les Bourses de la terre, ce fut une avalanche de titres que les porteurs voulaient vendre ; les banques suspendirent leurs paiements, les affaires furent paralysées et cessèrent ; […]. — (H. G. Wells, La Guerre dans les airs, 1908, traduction d’Henry-D. Davray et B. Kozakiewicz, Mercure de France, Paris, 1910, page 288 de l’édition de 1921)
    • Certains même préparent à l'avance les titres d'alimentation que viennent chercher ensuite les hommes du maquis, comme à Vimory, au Charme et à Gy-les-Nonains. — (Anne-Marie Pasquet, Châlette sur Loing: au coeur de l'histoire, Éditions Messidor, 1987, page 222)
  13. (Typographie) Nom donné au point placé sur la lettre i.
  14. (Cartographie) Ensemble des indications portées sur une carte et permettant d’identifier celle-ci, comprenant éventuellement le sujet, le type et la désignation de la coupure[1].
  15. (Cartographie) Dans le cas de cartes marines et de certaines cartes anciennes : ensemble comprenant le titre et des indications diverses[1].
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

TITRE. n. m.
Désignation de la matière d'un livre, d'un article, d'un chapitre, etc., qui se trouve inscrite en tête, sur la couverture, sur le dos, etc. Le titre d'un livre. Il a donné un beau titre à son livre. il a paru un ouvrage sous tel titre. Il n'y a rien dans ce chapitre de ce que le titre annonce. Quel est le titre de ce paragraphe, de cette section? Juger un livre sur le titre. Sous-titre. Voyez ce mot à son rang alphabétique. En termes d'Imprimerie, Faux titre d'un livre, Premier titre abrégé, imprimé sur le feuillet qui précède celui où se trouve le titre entier. Titre courant, Ligne, ordinairement en capitales, qui est mise au haut des pages d'un livre, pour indiquer le sujet dont il traite.

TITRE se dit, par extension, de Certaines subdivisions employées dans les codes de lois, dans les recueils de jurisprudence, etc. Livre douze, titre trois du Digeste. Le titre des Successions, dans le code civil. Il se dit aussi d'une Désignation honorifique, d'un nom indiquant un rang, une dignité. Il avait le titre de duc, de marquis, de comte. Cette terre portait titre de comté. Ce n'est qu'un vain titre. Un titre de noblesse. Les titres nobiliaires. Il prend le titre de prince. Votre Sainteté est le titre qu'on donne aux papes. On donne aux rois le titre de Majesté, aux cardinaux celui d'Éminence, aux évêques celui d'Excellence, etc. Il se dit encore d'un Nom qui indique un grade, une fonction, une charge. Il se donne le titre de docteur. Il porte le titre d'avocat à la Cour d'appel. Il a le titre de notaire, mais il n'exerce pas encore. Titre nu, Titre acheté sans clientèle. Professeur en titre, Professeur qui en a le titre avec tous les droits qui en découlent, par opposition à Professeur suppléant et à Chargé de cours.

TITRE se dit également des Qualifications qu'on donne aux personnes, pour exprimer certaines relations. Le titre de père, d'époux, de frère, de parent. Le titre de bienfaiteur. Le titre dont je suis le plus fier est celui d'ami d'un homme tel que vous. Il se dit aussi de la Dénomination donnée à certains cardinaux et, empruntée à certaines églises de Rome ou des environs. Cardinal du titre de Sainte-Sabine. Cardinal-prêtre de la Sainte Église romaine, sous le titre de Saint-Pierre aux liens. Il se dit encore de l'Acte, de l'écrit, de la pièce authentique qui sert à établir un droit, une qualité. Ce titre a été tiré des archives de telle abbaye. Les anciens titres d'une maison. Titre de propriété. Titre inattaquable. Il produisit des titres authentiques, des titres faux. Titre de rente, Reconnaissance d'une rente que l'État paie au porteur du titre. Titre nominatif, Titre qui porte le nom du propriétaire. Titre au porteur, Titre qui ne porte aucun nom.

TITRE se dit spécialement, en termes de Finance, de Valeurs mobilières transmissibles. Des titres négociables. Le service des titres dans une banque. Avance sur titres. Il désigne aussi Ce qui établit le droit qu'on a de posséder, de demander, de faire quelque chose. Il possède cette maison à titre d'achat. À quel titre demande-t-il cette place? À quel titre avez-vous obtenu cet emploi? À titre onéreux. À titre gratuit. À juste titre, Justement, avec raison. C'est à juste titre qu'il fut surnommé le Père du peuple.

TITRE se dit, par extension, de la Capacité, des qualités, des services qui donnent droit à une chose. Il a des titres à cette place. Il a bien des titres à mon amitié, à mon estime, à ma reconnaissance. Je ferai valoir vos titres. Exposer les titres d'un candidat. En termes de Monnayage, il désigne la Proportion d'or fin, d'argent dans les monnaies, dans les ouvrages d'or ou d'argent. Cette monnaie n'est pas au titre légal. Les monnaies françaises sont au titre de neuf dixièmes de fin et d'un dixième d'alliage. Cette vaisselle est à tel titre, au titre de tel pays. En termes de Chimie, il se dit du Degré, de la proportion dans laquelle un produit a été dissous dans un liquide.

À TITRE DE, loc. prép. En qualité de. À titre d'héritier. Il s'est introduit dans cette maison à titre de parent. Il se dit aussi des Choses et signifie Comme. À titre de grâce. À titre de dette. À titre de don, de prêt.

Littré (1872-1877)

TITRE (ti-tr' ; au XVIe s. écrit tiltre, mais prononcé titre, PALSGRAVE, p. 23) s. m.
  • 1Inscription en tête d'un livre, indiquant la matière qui y est traitée, et ordinairement le nom de l'auteur qui l'a composé. Nous voulons faire un livre qui aura pour titre : Les peines légères et salutaires de l'amitié, Sévigné, 531. … tous ces vains amas de frivoles sornettes, Montre, Miroir d'amour, Amitiés, Amourettes, Dont le titre souvent est l'unique soutien, Et qui, parlant beaucoup, ne disent jamais rien, Boileau, Épît. IX. Les titres des livres sont comme ceux des hommes aux yeux du philosophe ; il ne juge de rien par les titres, Voltaire, Mél. hist. Ex. test. pol. Alberoni.

    Fig. Toute secte, comme on sait, est un titre d'erreur ; il n'y a point de secte de géomètres, d'algébristes, d'arithméticiens, parce que toutes les propositions de géométrie, d'algèbre, d'arithmétique sont vraies, Voltaire, Dict. phil. Tolérance, 2.

    Il se dit également des inscriptions placées au commencement des divisions d'un livre.

    Terme d'imprimerie. Faux titre, premier titre abrégé, imprimé sur le feuillet qui précède celui où est le titre entier de l'ouvrage.

    Titre courant, titre qui est écrit au haut des pages, pour indiquer le sujet d'un livre et quelquefois des chapitres.

    Titre-planche, nom qu'on donne au titre d'un livre, lorsqu'il est gravé en taille-douce ou lithographié, avec des ornements historiés et relatifs au sujet de l'ouvrage.

  • 2Nom de certaines subdivisions usitées dans les codes des lois, dans les ouvrages de jurisprudence. Le titre des Successions, dans le Code civil. Un long titre. Un titre difficile. Nous avons dans les Décrétales le titre fameux De frigidis et maleficiatis qui est fort curieux, Voltaire, Dict. phil. Impuissance.

    Par extension. Traiter comme Senaut toutes les passions, Et, les distribuant par classes et par titres, Dogmatiser en vers et rimer par chapitres, Boileau, Sat. VIII.

  • 3Marque que l'ouvrier met au chef de chaque pièce de sa fabrique
  • 4Nom exprimant une qualité honorable, une dignité. Il a le titre de duc, de marquis. Cette terre portait le titre de comté. Du nom de dictateur, du nom de général, Qu'importe, si des deux le pouvoir est égal ? Les titres différents ne font rien à la chose, Corneille, Sertor. III, 2. Reine, puisque ce titre a pour vous tant de charmes, Corneille, Nicom. III, 1. Je trouve que toute imposture est indigne d'un honnête homme, et qu'il y a de la lâcheté à déguiser ce que le ciel nous a fait naître, à se parer aux yeux du monde d'un titre dérobé, à se vouloir donner pour ce qu'on n'est pas, Molière, Bourg. gent. III, 12. Celui [le nom] d'Estrées est comblé de tous les titres qui peuvent entrer dans une maison, Sévigné, 3 avr. 1681. Charlemagne se fit couronner roi d'Italie, et prit le titre de roi des Français et des Lombards, Bossuet, Hist. I, 11. Sans s'en laisser éblouir [de la dignité de chancelier], le modeste ministre disait seulement que le roi, pour couronner plutôt la longueur que l'utilité de ses services, voulait donner un titre à son tombeau et un ornement à sa famille, Bossuet, le Tellier. Ses rois [de la Grèce], à vous ouïr, m'ont paré d'un vain titre, Racine, Iphig. IV, 6. Il ne reste au sénat qu'à juger sous quel titre De Rome et des humains je dois être l'arbitre, Voltaire, M. de César, I, 3. Être Bonaparte et se faire sire ! Il aspire à descendre : mais non, il croit monter en s'égalant aux rois ; il aime mieux un titre qu'un nom, Courier, Lettre de.... mai 1804.

    Fig. Je suis homme et soldat ; ce sont là tous mes titres, Ducis, Othello, I, 7. Exempte d'un culte hypocrite, La raison ne connaît de rangs Que ceux que donne le mérite Et de titres que les talents, Gresset, Épît. Égal.

  • 5Il se dit de certaines qualifications données par honneur. Le titre de Sire, de Majesté se donne aux rois ; celui de Sainteté se donne aux papes. Le titre d'Altesse. On donne aux cardinaux le titre de Votre Éminence.

    Il se dit aussi de certaines églises de Rome et des environs dont les cardinaux prennent le nom. Cardinal du titre de Sainte-Sabine. Cardinal du titre de Saint-Pierre-aux-Liens.

  • 6Il se dit, en général, de qualifications bonnes ou mauvaises, par comparaison aux titres de dignité. Le titre de bienfaiteur. Et, si je n'en obtiens la grâce tout entière, Malgré le nom de père et le titre de fils, Je deviens le plus grand de tous ses ennemis, Corneille, Héracl. I, 4. Quelques titres honteux que partout on lui donne, Son misérable honneur ne voit pour lui personne, Molière, Mis. I, 1. Notre malheureuse reine, donnons-lui hautement ce titre, dont elle a fait un sujet d'actions de grâces, Bossuet, Reine d'Anglet.
  • 7Propriété, exercice de certaines charges, de certaines professions. Il eut cette charge en titre, après l'avoir exercée longtemps par commission. Sa commission fut érigée en titre d'office.

    Fig. et familièrement. C'est un fripon en titre d'office, c'est un grand fripon (phrase vieillie).

    Professeur en titre, par opposition à professeur suppléant.

    Commis en titre, se dit par opposition à surnuméraire.

    Fig. En titre, se dit d'une position qu'on occupe comme par un titre. Je fus aussitôt reconnu dans la société pour l'amant en titre, c'est-à-dire pour le maître de la maison, Duclos, Œuv. t. VIII, p. 168. Ou, sans honte, on voyait une maîtresse en titre Des intérêts des rois devenir seule arbitre, Al. Duval, Man. des grand. III, 8.

  • 8Il se dit de certaines professions qui ne peuvent être exercées qu'en vertu d'un brevet, d'un diplôme, etc. Il attend son titre. Il a le titre de notaire, mais il n'exerce pas encore. Il n'a pas encore reçu son titre de médecin, d'avocat.

    Titre nu, charge, par exemple, de commissaire-priseur, achetée sans clientèle qui y soit jointe.

  • 9En droit, la cause qui rend une possession légalement efficace. Il n'y a point de servitude sans titre. Qui, les places d'autrui par armes usurpant, Le titre disputaient au premier occupant, Régnier, Sat. X. Tout le titre par lequel vous possédez votre bien n'est pas un titre de nature, mais d'un établissement humain, Pascal, Disc. cond. des grands, I. Toutes les occupations des hommes sont à avoir du bien ; et ils ne sauraient avoir de titre pour montrer qu'ils le possèdent par justice ; car ils n'ont que la fantaisie des hommes ; ni force pour le posséder sûrement, Pascal, ib. III, 12. En fait de meubles, possession vaut titre, Code civ. art. 2279.

    On acquiert à titre universel, par succession ; à titre particulier, quand l'acquisition, par exemple un achat, porte sur un objet particulier.

    On acquiert à titre entre-vifs par donation entre-vifs ; à titre à cause de mort, par testament ; le premier est irrévocable, le second révocable.

    On acquiert à titre lucratif, quand l'acquéreur ne fournit pas d'équivalent, comme dans la donation, le legs, la succession ; à titre onéreux, quand l'acquéreur fournit un équivalent, comme dans la vente.

  • 10Titre de rente, reconnaissance d'une rente annuelle que l'État paye au porteur du titre. Les titres de rente sont nominatifs ou au porteur, suivant qu'ils portent ou ne portent pas le nom du propriétaire.
  • 11Acte écrit, pièce authentique qui établit un droit, une qualité. Il a reçu le titre de baron signé du roi. Les titres et papiers. Les titres de noblesse. Ce titre a été tiré des archives de telle abbaye. Titre de propriété. Il a produit des titres authentiques, des titres faux C'est un héritier qui trouve les titres de sa maison ; dira-t-il peut-être qu'ils sont faux, et négligera-t-il de les examiner ? Pascal, Notes écrites pour la préf. génér. édit. FAUGÈRE. La noblesse n'existe pas sans titre, et les simples gentilshommes d'autrefois, ceux qui font partie de ce que nos chartes ont appelé l'ancienne noblesse, ont le droit de prendre celui d'écuyer, Biston, De la fausse noblesse, p. 7. Colbert l'employa [Mabillon] à rechercher les anciens titres, Voltaire, Louis XIV, Écrivains, Mabillon. Le monde et les courtisans ne croient pas aisément aux vieux titres qu'on ne retrouve que lorsqu'on fait fortune, Genlis, Veillées du château t. I, p. 457, dans POUGENS.

    Fig. Apprenez qu'un gentilhomme qui vit mal est un monstre dans la nature ; que la vertu est le premier titre de noblesse, Molière, Festin, IV, 6. Il [Montesquieu] présente à la nature humaine ses titres, qu'elle a perdus dans la plus grande partie de la terre ; il combat la superstition, il inspire la morale, Voltaire, Pol. et lég. Idées républ. 51.

    Titre nouvel, titre par lequel un nouveau possesseur, un héritier s'engage à payer la rente ou la redevance servie par l'ancien. Passer titre nouvel.

    Titre nouvel se dit aussi du nouvel engagement que l'on est en droit d'exiger du débiteur originaire, lorsque le temps de la prescription approche.

    En ces emplois, on ne dit pas nouveau.

    Titre se dit au sens de document. Il faut peser l'autorité de cette multitude de différents titres [documents géographiques], Fontenelle, De Lisle.

  • 12 Au plur. Il se disait des provisions d'un office ou d'un bénéfice, et se joignait quelquefois au mot capacités. Il a produit ses titres et capacités.

    Titre clérical, contrat par lequel on assignait une recette annuelle, ordinairement de cinquante écus, pour la subsistance de celui qui voulait embrasser l'état ecclésiastique ; il ne pouvait être saisi, ni aliéné.

  • 13Droit sur lequel on s'appuie pour demander, pour faire, etc. À quel titre faites-vous cette réclamation ? De son sort qui t'a rendu l'arbitre ? Pourquoi l'assassiner ? qu'a-t-il fait ? à quel titre ? Racine, Andr. v, 3.

    Fig. Faux titre, mensonge, fausseté. L'honneur qui sous faux titre habite avecque nous, Régnier, Sat. VI. Quoique je ne fisse pas profession de mépriser la gloire en cynique, je faisais néanmoins fort peu d'état de celle que je n'espérais point pouvoir acquérir qu'à faux titres, Descartes, Méth. I, 13. Oh ! cœur rempli de feinte, Tu masques tes désirs d'un faux titre de crainte ; Un sceptre est l'objet seul qui fait ton nouveau choix, Corneille, Méd. III, 3. Et l'orgueil, d'un faux titre appuyant sa faiblesse, Maîtrisa les humains sous le nom de noblesse, Boileau, Sat. v.

    À bon titre, à juste titre, avec fondement, avec droit et raison. Oui, l'honneur que reçoit la vôtre [famille] par ce choix, En pouvait à bon titre immortaliser trois, Corneille, Hor. II, 1. Je pourrais vous citer cent autres traits… qui lui ont acquis à bon titre la réputation d'être un homme d'esprit, Scarron, Rom. com. I, 13.

    En un autre sens, à bon titre, foncièrement, avec un caractère réel. Comme vous agissez en monarque prudent, Elle agit de sa part en cœur indépendant, En amante à bon titre, en princesse avisée, Corneille, Œd. I, 4.

    À tant de titres, pour tant de justes motifs. S'il osait profaner ce qu'il doit honorer à tant de titres, Rousseau, Hél. VI, 6.

    À titre de, loc. préposit. En qualité de, sous prétexte de. Il possède à titre d'héritier. Il s'est introduit dans cette maison à titre de parent. Et qu'à titre d'esclave il commande en ces lieux, Corneille, Poly. IV, 2. Prétendez-vous longtemps me cacher l'empereur ? Ne le verrai-je plus qu'à titre d'importune ? Racine, Brit. I, 2.

    À titre de grâce, à titre de dette, comme une grâce, comme une dette.

    On dit de même : à titre de don, à titre de prêt.

    À titre d'office, en vertu de sa qualité, de sa charge. Présider à titre d'office.

  • 14 Par extension, qualités, capacités, services, travaux qui donnent droit à quelque chose. De tous les candidats, c'est vous qui avez le plus de titres. Je n'ai point vu Mme de Longueville, on ne la voit point ; elle est malade : il y a eu des personnes distinguées ; mais je n'en ai pas été, et n'ai point de titres pour cela, Sévigné, 149. Il [un miroir] est à vous par bien des titres, Sévigné, à Mme de Grignan, 13 juin 1685. Ce sera, dans nos jours, s'être fait un nom parmi les hommes et s'être acquis un mérite dans les troupes, d'avoir servi sous le prince le Condé, et comme un titre pour commander, de l'avoir vu faire, Bossuet, Louis de Bourbon. D'autre part un galant… Condamne la science, et, blâmant tout écrit, Croit qu'en lui l'ignorance est un titre d'esprit, Boileau, Sat. IV. Qui peut prétendre aujourd'hui au salut par un titre d'innocence ? Massillon, Carême, Élus. Vous faites donc de votre faiblesse le titre de votre sécurité, Massillon, Carême, Tiéd. 2. Voltaire est bien ingrat d'avoir calomnié un culte qui lui a fourni ses plus beaux titres à l'immortalité, Chateaubriand, Génie, II, II, 7.
  • 15 Terme de monnaie. Degré de fin de l'or et de l'argent monnayés. Les monnaies françaises sont au titre de neuf dixièmes de fin, et d'un dixième d'alliage (ce qui se dit aussi titre droit). Le prince établit le poids et le titre de chaque pièce de monnaie, Montesquieu, Esp. XXII, 10. Un métal est très propre à être une mesure commune, parce qu'on peut aisément le réduire au même titre, Montesquieu, ib. Chaque État y met son empreinte [sur la monnaie], afin que la forme réponde du titre et du poids, et que l'on connaisse l'un et l'autre par la seule inspection, Montesquieu, ib. Nous ne pouvons employer l'or qu'à dix-huit karats sur cette frontière, attendu que la ville de Genève n'en a jamais employé d'autre, et que l'or de l'Allemagne et de tout le Nord est encore à un plus bas titre, Voltaire, Pol. et lég. au roi en son conseil. On dit de ces alliages qu'ils sont à un titre d'autant plus élevé qu'ils contiennent plus d'argent ; ainsi un lingot qui, sur 1000 parties, contient 950 d'argent, est au titre de 950, Thenard, Traité de chimie, t. I, p. 480, dans POUGENS.

    Titre se dit aussi de la vaisselle et des matières d'or et d'argent non fabriquées. Pour ouvrages d'or et d'argent, la loi du 19 brumaire an VI (9 nov. 1797), encore en vigueur, reconnaît trois titres pour l'or : 920, 840 et 750 millièmes de fin ; et deux titres pour l'argent, savoir : 950 et 800 millièmes de fin.

  • 16 Terme de chimie. Poids fixe d'un réactif qui contient une liqueur titrée.(voy. TITRÉ). Titre alcoolique. Titre saccharimétrique.
  • 17 Terme de chasse. Lieu, relais où l'on poste les chiens, pour courir la bête à propos, quand elle passe.

    Mettre les chiens à bon titre, les bien poster pour courre.

HISTORIQUE

XIIIe s. Ce ne pot estre que Jehans tiengne un ceval par title d'acat et par title d'emprunt, Beaumanoir, VI, 26.

XVe s. Et vouloient… que on envoyast suffisans hommes devers le roi de France, à savoir si il avoit accordé ni consenti à ardoir en Hainaut… ni à quels titres cils [les soudoyers] l'avoient fait, pourtant qu'on n'avoit point defié le comte ni le pays, Froissart, I, I, 101. Roi, tu sais comment ton frere, sans nul titre de raison, a mort mon fils et mon heritier, Froissart, II, II, 235. Usurperent ou eurent à bon tiltre, je ne sçai lequel, Commines, I, 3.

XVIe s. Lorsqu'il eut ordonné ses gens d'armes de cheval et mise son artillerye en tiltre [qu'il l'eût braquée], Jean D'Auton, ms. f° 74, dans LACURNE. Cettuy-ci, soubs titre de la science, se donna loi de choisir aultrement, Montaigne, I, 60. Je l'appelle [mon valet] un badin, un veau, je n'entreprends pas de luy coudre à jamais ces tiltres, Montaigne, I, 270. L'achat donne tiltre au diamant, et la difficulté à la vertu, Montaigne, I, 312. Nos qualitez n'ont tiltre qu'en la comparaison, Montaigne, IV, 134. Rome, confederée de si longtemps et par tant de tiltres à notre couronne, Montaigne, IV, 140. Les uns entendoient à tendre toilles, autres à mettre gros levriers à tiltre, et la plus part à buissonner et à regarder s'ils verroient point des premiers quelque beste au repos, D. Flores de Grece, f° VII, dans LACURNE. Le titre ne fait pas le maistre, Loysel, Instit. n° 775.

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Étymologie de « titre »

Prov. tiltre, titol ; esp. titulo ; ital. titulo ; du lat. titulus, titre ; altéré en ticlus par le peuple (Appendix Probi, dans KEIL, V, 162) ; ticlus aurait dû donner teil ; mais, l'Église ayant conservé titulus, d'où title, le peuple en fit titre, BRACHET.

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Du latin titulus. (c. 1170) title, titre est attesté depuis ca. 1225[1].
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Phonétique du mot « titre »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
titre titr

Fréquence d'apparition du mot « titre » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « titre »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « titre »

  • Voilà. Ces personnages vont vous jouer l’histoire d’Antigone. Antigone, c’est la petite maigre qui est assise là-bas, et qui ne dit rien. Elle regarde droit devant elle. Elle pense. Elle pense qu’elle va être Antigone tout à l’heure, qu’elle va surgir soudain de la maigre jeune fille noiraude et renfermée que personne ne prenait au sérieux dans la famille et se dresser seule en face du monde, seule en face de Créon, son oncle, qui est le roi. Elle pense qu’elle va mourir, qu’elle est jeune et qu’elle aussi, elle aurait bien aimé vivre. Mais il n’y a rien à faire. Elle s’appelle Antigone et il va falloir qu’elle joue son rôle jusqu’au bout… Et, depuis que ce rideau s’est levé, elle sent qu’elle s’éloigne à une vitesse vertigineuse de sa sœur Ismène, qui bavarde et rit avec un jeune homme, de nous tous, qui sommes là bien tranquilles à la regarder, de nous qui n’avons pas à mourir ce soir.Le jeune homme avec qui parle la blonde, la belle, l’heureuse Ismène, c’est Hémon, le fils de Créon. Il est le fiancé d’Antigone. Tout le portait vers Ismène : son goût de la danse et des jeux, son goût du bonheur et de la réussite, sa sensualité aussi, car Ismène est bien plus belle qu’Antigone ; et puis un soir, un soir de bal où il n’avait dansé qu’avec Ismène, un soir où Ismène avait été éblouissante dans sa nouvelle robe, il a été trouver Antigone qui rêvait dans un coin, comme en ce moment, ses bras entourant ses genoux, et il lui a demandé d’être sa femme. Personne n’a jamais compris pourquoi. Antigone a levé sans étonnement ses yeux graves sur lui et elle lui a dit « oui » avec un petit sourire triste… L’orchestre attaquait une nouvelle danse, Ismène riait aux éclats, là-bas, au milieu des autres garçons, et voilà, maintenant, lui, il allait être le mari d’Antigone. Il ne savait pas qu’il ne devait jamais exister de mari d’Antigone sur cette terre et que ce titre princier lui donnait seulement le droit de mourir.Cet homme robuste, aux cheveux blancs, qui médite là, près de son page, c’est Créon. C’est le roi. Il a des rides, il est fatigué. Il joue au jeu difficile de conduire les hommes. Avant, du temps d’Œdipe, quand il n’était que le premier personnage de la cour, il aimait la musique, les belles reliures, les longues flâneries chez les petits antiquaires de Thèbes. Mais Œdipe et ses fils sont morts. Il a laissé ses livres, ses objets, il a retroussé ses manches, et il a pris leur place.Quelquefois, le soir, il est fatigué, et il se demande s’il n’est pas vain de conduire les hommes. Si cela n’est pas un office sordide qu’on doit laisser à d’autres, plus frustes… Et puis, au matin, des problèmes précis se posent, qu’il faut résoudre, et il se lève, tranquille, comme un ouvrier au seuil de sa journée.La vieille dame qui tricote, à côté de la nourrice qui a élevé les deux petites, c’est Eurydice, la femme de Créon. Elle tricotera pendant toute la tragédie jusqu’à ce que son tour vienne de se lever et de mourir. Elle est bonne, digne, aimante. Elle ne lui est d’aucun secours. Créon est seul. Seul avec son petit page qui est trop petit et qui ne peut rien non plus pour lui.Ce garçon pâle, là-bas, au fond, qui rêve adossé au mur, solitaire, c’est le Messager. C’est lui qui viendra annoncer la mort d’Hémon tout à l’heure. C’est pour cela qu’il n’a pas envie de bavarder ni de se mêler aux autres. Il sait déjà…Enfin les trois hommes rougeauds qui jouent aux cartes, leurs chapeaux sur la nuque, ce sont les gardes. Ce ne sont pas de mauvais bougres, ils ont des femmes, des enfants, et des petits ennuis comme tout le monde, mais ils vous empoigneront les accusés le plus tranquillement du monde tout à l’heure. Ils sentent l’ail, le cuir et le vin rouge et ils sont dépourvus de toute imagination. Ce sont les auxiliaires toujours innocents et toujours satisfaits d’eux-mêmes, de la justice. Pour le moment, jusqu’à ce qu’un nouveau chef de Thèbes dûment mandaté leur ordonne de l’arrêter à son tour, ce sont les auxiliaires de la justice de Créon.Et maintenant que vous les connaissez tous, ils vont pouvoir vous jouer leur histoire. Elle commence au moment où les deux fils d’Œdipe, Étéocle et Polynice, qui devaient régner sur Thèbes un an chacun à tour de rôle, se sont battus et entre-tués sous les murs de la ville, Étéocle l’aîné, au terme de la première année de pouvoir, ayant refusé de céder la place à son frère. Sept grands princes étrangers que Polynice avait gagnés à sa cause ont été défaits devant les sept portes de Thèbes. Maintenant la ville est sauvée, les deux frères ennemis sont morts et Créon, le roi, a ordonné qu’à Étéocle, le bon frère, il serait fait d’imposantes funérailles, mais que Polynice, le vaurien, le révolté, le voyou, serait laissé sans pleurs et sans sépulture, la proie des corbeaux et des chacals… Quiconque osera lui rendre les devoirs funèbres sera impitoyablement puni de mort.Pendant que le Prologue parlait, les personnages sont sortis un à un. Le Prologue disparaît aussi. L’éclairage s’est modifié sur la scène. C’est maintenant une aube grise et livide dans une maison qui dort. Antigone entr’ouvre la porte et rentre de l’extérieur sur la pointe de ses pieds nus, ses souliers à la main. Elle reste un instant immobile à écouter. La nourrice surgit.
    Jean Anouilh —  Antigone
  • Etudiant, voilà bien un titre qu’on ne dépose qu’au tombeau.
    Jean Guitton — Art de penser
  • Un vrai martyr, c'est quelqu'un à qui on refuse aussi ce titre.
    Stanislaw Jerzy Lec — Nouvelles pensées échevelées
  • Les honneurs déshonorent ; Le titre dégrade ; La fonction abrutit.
    Gustave Flaubert — Guy de Maupassant - 15 Janvier 1879
  • Malades, la plupart des gens le sont. Mais seuls les psychanalystes y voient un titre de gloire.
    Karl Kraus
  • Les titres ne sont que des surnoms et tout surnom est un titre.
    Thomas Paine — The rights of man
  • Dynamite sera un titre en anglais - un exercice auquel le groupe s'habitue; outre les mots de la langue de Shakespeare que l'on retrouve dans tous leurs morceaux, les membres de BTS avaient déjà chanté exclusivement en anglais sur le titre Waste It On Me avec Steve Aoki.
    BFMTV — Le groupe BTS dévoile le titre explosif de son nouveau single
  • Il constitue une mise à jour du premier rapport établi en 2014 par la France au titre de la directive 2009/71/Euratom du 25 juin 2009.
    Rapport de la France au titre de la directive sûreté 2014/87/EURATOM - ASN
  • Ce n'est pas le titre qui honore l'homme, mais l'homme qui honore le titre.
    Nicolas Machiavel — Discours sur la première décade de Tite Live
  • La plupart des pardons peuvent être acceptés à titre de haines rentrées.
    Comte de Belvèze — Pensées, maximes, réflexions
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Traductions du mot « titre »

Langue Traduction
Anglais title
Espagnol título
Italien titolo
Allemand titel
Chinois 标题
Arabe عنوان
Portugais título
Russe заглавие
Japonais 題名
Basque izenburua
Corse titulu
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Synonymes de « titre »

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