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Triomphe

Variantes Singulier Pluriel
Masculin triomphe triomphes

Définitions de « triomphe »

Trésor de la Langue Française informatisé

TRIOMPHE1, subst. masc.

A. −
1. Grand succès militaire. Les triomphes de ce général. Les triomphes d'Alexandre (Ac.1935).Paris depuis des siècles n'avait point vu la fumée des camps de l'ennemi, et c'est Bonaparte qui, de triomphe en triomphe, a amené les Thébains à la vue des femmes de Sparte (Chateaubr., Mém., t. 2, 1848, p. 490).
2. P. ext.
a) Victoire éclatante remportée dans une lutte, une compétition, une confrontation. Pascal, encore nouveau à Port-Royal, excité par l'affaire d'Arnauld, par le danger de ses amis et le triomphe insolent des persécuteurs, s'engagea (...) dans les Provinciales (Sainte-Beuve, Port-Royal, t. 3, 1848, p. 20).Je ne sais ce que deviendra la révolution russe; (...) je ne puis affirmer que celle-ci conduira forcément à un triomphe du prolétariat (Sartre, Existent., 1946, p. 53).
Triomphe sur.Nicole, s'agenouillant devant le Roi et élevant son verre: Je bois à la santé du Roi! à ses longs jours! (...) À son triomphe sur tous ses ennemis! (Banville, Gringoire, 1866, 1, p. 10).
b) Succès décisif, établissement éclatant (de quelque chose). Le triomphe définitif du principe de la liberté de conscience nous est cher (Bert,1883ds Fondateurs 3eRépubl., p. 184).Le classicisme est le triomphe de la raison (Marin, Ét. ethn., 1954, p. 62).
Triomphe sur.Ces ombres glorieuses, seules visibles, seules sauvées, semblaient, au regard du jeune homme, célébrer le triomphe d'une pensée persévérante sur la multitude confuse des mouvements et des élans fugitifs (Duhamel, Nuit St-Jean, 1935, p. 114).Cette belle église de Saint-Nicolas construite pour célébrer (...) le triomphe du catholicisme sur l'hérésie (Claudel, Soulier, 1944, 2epart., 1, 1042).
SYNT. Triomphe de la foi, de la religion; triomphe du bien, du mal, de la vertu, du vice; triomphe du droit, de la force, de la justice, de la vérité; triomphe d'un régime, d'une doctrine; lutter pour le triomphe d'une cause; son élection a été un véritable triomphe.
Littér. Manifestation glorieuse, éclatante. La nuit qui précède le jour du triomphe du Soleil au printems (Dupuis, Orig. cultes, 1796, p. 162).Elle dansait avec ivresse, avec emportement, grisée par le plaisir, ne pensant plus à rien, dans le triomphe de sa beauté, dans la gloire de son succès (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Parure, 1884, p. 457).
c)
α) Réussite, succès éclatant (de quelqu'un). Le triomphe de Lucien chez madame de Bargeton (Balzac, Illus. perdues, 1837, p. 135).Il aurait besoin de protections d'abord; puis, grâce à ses moyens, il deviendrait conseiller d'État, ambassadeur, ministre. Ses triomphes au collège de Sens légitimaient cet orgueil; il avait remporté le prix d'honneur (Flaub., Éduc. sent., t. 1, 1869, p. 15).
En plein triomphe. En plein triomphe, méconnu et seul, Delacroix, lion malade, vomit son sang au fond de l'antre (Faure, Hist. art, 1921, p. 164).
[À propos d'une chose] Triomphe du télégraphe. Aujourd'hui à 2 h 1/4 du soir, nous lisions imprimées des dépêches de Milan datées d'aujourd'hui à midi (Amiel, Journal, 1866, p. 338).Le sport cycliste devint routier par l'invention du pneu. Alors commence l'ère des classiques, qui vont consacrer le triomphe de la petite reine (Comment parlent les sportifsds Vie Lang.1952, p. 137).
β) Action, production, performance qui déchaîne l'enthousiasme du public. Ce spectacle est un triomphe. Un des agents du comte demanda plusieurs fois Arlequin squelette et pâté, l'un des triomphes de Giletti (Stendhal, Chartreuse, 1839, p. 143).
B. −
1. ANTIQ. ROMAINE. Honneur suprême décerné à un général ayant remporté une grande victoire, consistant en une entrée solennelle dans la ville, monté sur un char, à la tête de son armée et suivi des prisonniers et du butin. Décerner le triomphe; les honneurs du triomphe; char de triomphe; mener des captifs en triomphe. L'on vit à son triomphe [de César] une statue de Cléopâtre, le bras entouré d'un aspic (Michelet, Hist. romaine, t. 2, 1831, p. 327).
Arc* de triomphe.
P. anal. Manifestation grandiose et solennelle organisée en l'honneur de certaines personnes. Le triomphe de Pétrarque au Capitole. Ces charmes souverains lui firent comprendre les amours insensées qu'excite parfois chez des marauds du peuple la grâce nonpareille de quelque jeune reine apparue en triomphe ou cérémonie publique (Gautier, Fracasse, 1863, p. 267).
2. Approbation enthousiaste exprimée à celui qui a remporté une victoire, un succès. Quel triomphe! Il a eu, il a remporté un vrai triomphe (Rob. 1985).
Faire un triomphe à qqn. Prodiguer à quelqu'un de grandes démonstrations d'admiration, d'enthousiasme, l'acclamer publiquement. La jeunesse des écoles normales de Paris a voulu hier me faire un triomphe et m'offrir une lyre d'argent (Lamart., Corresp., 1836, p. 200).
Porter qqn en triomphe. Porter quelqu'un à plusieurs, en le hissant au-dessus de la foule pour le faire acclamer. Champion porté en triomphe. Les voilà tous qui s'organisent, les chefs des métiers en tête, pour venir ici complimenter notre maître et le porter en triomphe à la maison commune. Marthe, à part : Un triomphe! il en perdra la tête! (Scribe, Bertrand, 1833, ii, 9, p. 165).Je rencontre (...) devant Capsa, la taverne chic, un artilleur porté en triomphe par des étudiants ironiques (Vercel, Cap. Conan, 1934, p. 45).
3. Joie extrême, exaltation que donne une victoire, un succès. Air, cri, regard, sourire de triomphe. Ah! le triomphe insolent de Clemenceau sortant de ces accusations fausses, mais vraies au fond, indemne, pur, insoupçonnable (Goncourt, Journal, 1893, p. 419):
... Louis-Philippe aura détrôné le fils de Henri IV, François II empêché la réunion de la mère et du fils ; M. le Prince de Metternich relèvera M. le général Bugeaud dans son poste ; c'est à merveilles. Mais quel triomphe pour vos révolutionnaires d'Italie, quand ils verront ainsi se déshonorer les Monarques! Chateaubr., Mém., t. 4, 1848, p. 446.
Avoir le triomphe modeste. Alban, comme tous ceux de qui l'orgueil est dans les profondeurs, avait le triomphe modeste (Montherl., Bestiaires, 1926, p. 422).
PSYCHOL. Conduite du triomphe. ,,Expression employée comme terme technique de psychologie concrète par Pierre Janet pour désigner l'ensemble de sentiments et de réactions qui accompagnent et suivent spontanément le succès chez celui qui vient de l'obtenir`` (Lal. Suppl. 1968). Le « triomphe » constitue (...) le dernier stade d'activation d'une tendance (Lal. Suppl.1968).
4. Arg. de Saint-Cyr. ,,Fête semi-militaire de fin d'année, où la promotion des « recrues » reçoit son nom de baptême de la promotion précédente`` (Esn. 1966).
Prononc. et Orth.: [tʀiɔ ̃:f]. Att. ds Ac. dep. 1694. Éty-mol. et Hist. 1. a) Ca 1165 « succès, réussite ; supériorité » (Benoît de Ste-Maure, Troie, éd. L. Constans, 27037); b) 1798 « chose où on excelle » (Ac.: un tel rôle est le triomphe d'un tel Acteur); 2. a) 1174-76 « victoire militaire éclatante » (Guernes de Pont-Ste-Maxence, St Thomas, éd. E. Walberg, 3367: Qu'il ait al tierz asalt le trïumphe plenier); b) 1527 « prouesse, haut fait (militaire) » ([J. de Mailles], Loyal Serviteur, Hystoire (...) des faitz, gestes, triumphes et prouesses du bon chevalier (...) Bayart, Paris ds Cioranescu 16e, 13960); 3. a) ca 1240 « (en référence à l'Antiquité) honneur suprême accordé aux généraux victorieux » (Jean de Thuin, Jules César, 10, 6 ds T.-L.: ceste fieste, on l'apïeloit a Roume [...] trïumphe, ce est a dire victore); b) ca 1265 p. anal. « manifestation grandiose en l'honneur de quelqu'un » (Brunet Latin, Trésor, éd. Fr. J. Carmody, I, 89, 5, p. 70: quant Charles [Charlemagne] ot Lombardie tote conquise [...], il ala en Rome a grant triumphes); 4. 1456-67 « manifestation de joie, joie que donne une victoire » (Cent Nouvelles nouvelles, II, éd. F. P. Sweetser, p. 32: Toute la grand triumphe qui [...] souloit cumblement abunder, est par ce cas abatue et ternie); 1673 « satisfaction triomphante » (Racine, Mithridate, IV, 5 : quel triomphe pour vous, Si vous saviez ma honte); 5. 1555 « (en parlant d'une chose) victoire, avènement » (Philieul, tr. Pétrarque, l. IV, Triomphe d'Amour [allégorie] ds Hug.); xvies. (Les Triomphes des vertuz, ms. Bibl. nat. fr. 144); 1670 triomphe de la mort (Bossuet, Oraison funèbre d'Henriette d'Angleterre ds Œuvres, éd. B. Velat et Y. Champailler, Paris, 1961, p. 89); 6. 1671, 29 avr. « éclat, manifestation glorieuse » tout le triomphe du mois de mai (Sévigné, Lettres, éd. R. Duchêne, t. 1, p. 238); 7. 1821 milit. « fête au cours de laquelle l'élève de St-Cyr, qui, au tir au mortier, avait abattu le tonneau servant de cible, est porté en triomphe » (d'apr. Esn.); 1887 « fête de la promotion des St-Cyriens ayant achevé la 1reannée d'études » (ibid.). Empr. au lat.triumphus « entrée solennelle du général victorieux ; victoire ». Bbg. Roques (M.). Sur l'incertitude sém. des mots d'empr. Mél. Gessler (J.). Louvain, 1948, pp. 1066-1072.

TRIOMPHE2, subst. fém.

JEUX
A. − Ancien jeu de cartes, variante de l'écarté. C'était à la triomphe, il avait le roi, la dame, le neuf d'atout, et deux autres rois (Vidocq, Mém., t. 4, 1828-29, p. 333).On joue à la triomphe ordinairement à deux et avec un jeu de piquet (Nouv. Lar. ill.).
B. − Carte qui sert à couper à ce jeu ; atout. (Dict. xixeet xxes.).
Prononc. et Orth.: [tʀiɔ ̃:f]. Att. ds Ac. 1694-1878. Étymol. et Hist. 1. 1482 jouer au jeu du triomphe (A. N. JJ 206, fo181 rods Gdf. Compl.); 2. 1611 fém. « atout à ce jeu » (Cotgr.). Même mot que triomphe1*; cf. lat. ludus ad triumphos; ludus triumphorum (1484, Italie) et ital. trionfo (1561 ds DEI); cf. aussi dauph. trompho « atout », trounflo « jeu de cartes »; langued. triounfo « id. », termes de formation pop., v. FEW t.13, 2, p. 311a et Mistral, s.v. triounflo.
STAT. Triomphe1 et 2. Fréq. abs. littér.: 3 422. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 6 029, b) 4 786; xxes.: a) 5 103, b) 3 769.

Wiktionnaire

Nom commun - français

triomphe \tʁi.jɔ̃f\ ou \tʁi.ɔ̃f\ masculin

  1. (Antiquité) Honneur accordé chez les Romains à des généraux d’armée après de grandes victoires, et qui consistait à faire une entrée pompeuse et solennelle dans Rome.
    • La joie des Anglais fut proportionnée au danger qu’ils avaient couru. Ils célébrèrent leur victoire par une fête que l’on a comparée aux triomphes romains. — (Frédéric Zurcher et Élie-Philippe Margollé, Les Naufrages célèbres, Hachette, Paris, 1873, 3e édition, 1877, p. 14)
    • Tout général, ayant droit à un triomphe (défilé de ses légions victorieuses dans Rome), est accompagné d'un esclave lui répétant à l'oreille : « La roche Tarpéienne est proche du Capitole. » — (Philippe Moreau Defarges, L'Histoire du monde : Pour les nuls, First Éditions, 2010)
  2. (Figuré) Accueil avec de grandes démonstrations de joie, d’enthousiasme, etc.
    • Son entrée fut un triomphe, un véritable triomphe.
  3. (Courant) Victoire, grand succès militaire.
    • Jamais je n’admirai rien de si héroïque, et David, quand il eut tué Goliath, ne dut pas avoir l’air plus enivré de triomphe. — (Octave Mirbeau, Contes cruels : Mon oncle)
    • Les triomphes de ce général. — Les triomphes d’Alexandre.
  4. (Courant) Succès éclatant qu’on obtient dans les lettres, dans les arts ; et plus généralement tout avantage signalé qu’on obtient sur quelqu’un.
    • Le triomphe du rationalisme ne fut pas aussi grand, mais il le fut autant qu’il pouvait l’être. Descartes eut le bonheur de rencontrer deux adversaires puissants, Gassendi et Hobbes, l’un le plus érudit et le plus habile, l’autre le plus radical et le plus conséquent des sensualistes. — (Jules Simon, Introduction de « Œuvres de Descartes », édition Charpentier, Paris, 1845)
    • Pour sonder son frère, Aristide, qui n’osait paraître inquiet ouvertement, se contenta de lui demander :
      — As-tu lu mon article d’hier ? Qu’en penses-tu ?
      Eugène eut un léger mouvement d’épaules.
      — Vous êtes un niais, mon frère, répondit-il simplement.
      — Alors, s’écria le journaliste en pâlissant, tu donnes raison à Vuillet, tu crois au triomphe de Vuillet.
      — Moi !… Vuillet…
      — (Émile Zola, La Fortune des Rougon, G. Charpentier, Paris, 1871, ch. III ; réédition 1879, p. 99)
  5. (Par extension) Chose où quelqu’un excelle, où il réussit particulièrement.
    • En parlant à tour de rôle devant le microphone, nous aurions dû dire que notre victoire était celle de la technique aéronautique française et de la météorologie, beaucoup plus que le triomphe de deux hommes. — (Dieudonné Costes et Maurice Bellonte, Paris-New-York, 1930)
  6. (Figuré) Victoire qu’une chose remporte sur une autre.
    • À la vérité, on ne voit pas les hommes se réunir entre eux, à l’écart des femmes, pour la plus grande, gloire et le triomphe du bon sens. — (Franc-Nohain [Maurice Étienne Legrand], Guide du bon sens, Éditions des Portiques, 1932)
  7. (Poétique) Grands effets.
    • Le triomphe de l’amour, le triomphe de la beauté. — Le triomphe de l’éloquence.
  8. (Cartes à jouer) Ancien jeu de cartes français du XVe siècle à deux joueurs.
  9. (Cartes à jouer) Nom de l’atout dans le jeu de carte qui porte le même nom.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

TRIOMPHE. n. m.
T. d'Antiquité romaine. Honneur accordé chez les Romains à des généraux d'armée après de grandes victoires et qui consistait à faire une entrée pompeuse et solennelle dans Rome. Le Sénat lui décerna le triomphe, les honneurs du triomphe. Char de triomphe. La pompe d'un triomphe. Arc de triomphe. Mener des captifs en triomphe, Les mener chargés de chaînes, après le char du triomphateur. Cléopâtre se donna la mort pour éviter d'être menée en triomphe. Par extension, Porter quelqu'un en triomphe, Le soulever de terre, le porter sur les bras pour lui faire honneur, pour lui témoigner la joie qu'on a de le voir. Le prince, à son retour de l'armée, fut porté en triomphe jusque dans son palais. Fig., Son entrée fut un triomphe, un véritable triomphe, On l'accueillit, à son entrée, avec de grandes démonstrations de joie, d'enthousiasme, etc.

TRIOMPHE se dit, dans le langage courant, des Victoires, des grands succès militaires. Les triomphes de ce général. Les triomphes d'Alexandre. Il se dit encore des Succès éclatants qu'on obtient dans les lettres, dans les arts et, en général, de tout avantage signalé qu'on obtient sur quelqu'un. J'ai assisté à votre triomphe. J'ai bien joui de votre triomphe. C'est son triomphe se dit d'une Chose où quelqu'un excelle, où il réussit particulièrement. Ce rôle est le triomphe de tel acteur. Jour de triomphe, Jour marqué par quelque événement glorieux, par quelque grand avantage qu'on a remporté sur ses ennemis ou sur ses rivaux. Ce fut pour lui un jour de triomphe. Fig., Le triomphe de la vertu, le triomphe de la vérité, etc., Les victoires que la vertu, que la vérité remportent sur le vice, sur l'erreur, etc. Poétiquement, Le triomphe de l'amour, le triomphe de la beauté, Les grands effets de l'amour, de la beauté. On dit dans un sens analogue : Le triomphe de l'éloquence.

Littré (1872-1877)

TRIOMPHE (tri-on-f') s. m.
  • 1 Terme d'antiquité romaine. Honneur accordé chez les Romains à un général qui avait remporté une grande victoire ; il consistait en une entrée solennelle et pompeuse, où marchaient le vainqueur, l'armée victorieuse, les captifs et les dépouilles. On sait bon gré à Plutarque, qui fait sans cesse mention de triomphes chez les Romains, d'avoir fait une peinture exacte et détaillée de celui de Paul-Emile, qui fut un des plus magnifiques, Rollin, Hist. anc. Œuv. t. VII, p. 308, dans POUGENS. Celui-là seul avait droit de demander le triomphe, sous les auspices duquel la guerre s'était faite, Montesquieu, Rom. 13. Les consuls, ne pouvant obtenir l'honneur du triomphe que par une conquête ou par une victoire, faisaient la guerre avec une impétuosité extrême, Montesquieu, ib. 1. Le triomphe de Pompée est surtout mémorable par les nouveaux objets de luxe dont il introduisit l'usage, Pastoret, Instit. Mém. hist. et litt. anc. t. III, p. 427.

    Petit triomphe, voy. OVATION.

    Char de triomphe, char sur lequel le triomphateur était porté.

    Mener en triomphe, faire aller à la suite du char de triomphe. Ne souffrez pas qu'un jour votre femme enchaînée Soit dans le Capitole en triomphe menée, Mairet, Sophon. IV, 3. Les rois, qu'ils [les Romains] faisaient mourir inhumainement, après les avoir menés en triomphe, chargés de fer, Bossuet, Hist. III, 6.

    Fig. Ma raison est captive en triomphe menée, Régnier, Élég. I. Vous avez triomphé, ô Jésus, et vous menez en triomphe les puissances des ténèbres captives et tremblantes après votre croix, Bossuet, Sermons, Croix, 1. La Stewart [maîtresse de Charles II] menait en triomphe la tendresse du roi, Hamilton, Gram. 10.

  • 2Arc de triomphe, sorte d'arcade sous laquelle passe une marche solennelle de victoire. Vainqueur des Turcs et des Tartares, il [Pierre le Grand] voulut accoutumer son peuple à la gloire comme aux travaux ; il fit entrer à Moscou son armée sous des arcs de triomphe, au milieu des feux d'artifice…, Voltaire, Russie, I, 8.

    Fig. On se couronne de ses propres mains, on se dresse un triomphe secret à soi-même, Fléchier, Turenne.

  • 3 Fig. Action de triompher. Voilà donc le triomphe où j'étais amenée ! Racine, Iph. II, 5. Que vos heureux enfants dans leurs solennités Conservent de ce jour le triomphe et la gloire ! Racine, Esth. III, 7.

    Porter quelqu'un en triomphe, le porter sur les bras pour lui faire honneur.

    Son entrée fut un triomphe, un véritable triomphe, on l'accueillit, à son entrée dans la ville, avec de grandes démonstrations de joie, de respect, etc.

    En triomphe, d'une manière triomphale. David la mena [l'arche d'alliance] en triomphe dans Sion, Bossuet, Hist. II, 4.

    En triomphe, signifie aussi avec une satisfaction qui triomphe. On va conter en triomphe la chose, La Fontaine, Psaut.

  • 4Grande victoire, succès militaire éclatant. Ce vaillant homme [Machabée] reçut le coup mortel, et demeura comme enseveli dans son triomphe, Fléchier, Turenne. Et ce triomphe heureux qui s'en va devenir L'éternel entretien des siècles à venir, Racine, Iph. I, 5.

    Gagner un triomphe, obtenir un succès. Pour gagner un triomphe il faut une victoire, Corneille, Rod. III, 5.

  • 5Succès éclatants, en général. Mais c'en est une [douceur] ici bien autre et sans égale, D'enlever, et sitôt, ce prince à ma rivale, De lui faire tomber le triomphe des mains…, Corneille, Sophon. II, 5. Mme de Vaubecourt a gagné son procès avec triomphe, comme vous, Sévigné, 17 déc. 1688. Et si je m'en croyais, ce triomphe indiscret Serait bientôt suivi d'un éternel regret, Racine, Brit. IV, 4. Ton triomphe [de Vénus sur Phèdre] est parfait ; tous tes traits ont porté, Racine, Phèdre, III, 2. Laissez-le s'applaudir d'un triomphe frivole, Racine, Esth. III, 2.

    Jour de triomphe, jour marqué par quelque événement glorieux, par quelque grand avantage. Je ne m'étonne plus si je vous vois [vous Jésus] dans le palais d'Hérode avec une contenance si ferme… c'est que vous sentiez bien que le jour de votre crucifiement était pour vous un jour de triomphe, Bossuet, Sermons, Croix, 1.

  • 6 Fig. Grands effets obtenus, victoires remportées, en parlant de choses. C'est le triomphe du courage que de se vaincre soi-même. Le triomphe de l'habileté est de paraître n'en pas avoir. Le triomphe de l'éloquence. Le triomphe de l'amour, de la beauté. La grandeur et la gloire ! pouvons-nous encore entendre ces noms dans ce triomphe de la mort ? Bossuet, Duch. d'Orl. M. le Tellier dit, en scellant la révocation de l'édit de Nantes, qu'après ce triomphe de la foi il ne se souciait plus de finir ses jours, Bossuet, le Tellier. Ce traité [de la France et de la Suède] est regardé comme le triomphe de la politique du cardinal de Richelieu et du grand Gustave, Voltaire, Ann. Emp. Ferdinand II, 1631. Ce temple [le Parthénon], celui de Thésée et quelques autres encore sont le triomphe de l'architecture et de la sculpture, Barthélemy, Anach. ch. 12.

    C'est son triomphe, c'est une chose où il excelle, où il réussit particulièrement.

  • 7 Par moquerie, grand succès d'une chose qu'on n'estime pas ou qu'on veut tourner en ridicule. Il [le public à l'Opéra] ne soupçonne pas les stratagèmes, les illusions du maillot… c'est là le triomphe des coussins et de la garniture, Reybaud, Jér. Paturot, II, 1.
  • 8Satisfaction triomphante. Et vous, heureux Romains, quel triomphe pour vous, Si vous saviez ma honte, et qu'un avis fidèle De mes lâches combats vous portât la nouvelle ! Racine, Mithr. IV, 5.
  • 9 Fig. Éclat comparé à une pompe triomphale. Enfin… je le quittai [Arnauld d'Andilly], et vins ici, où je trouvai tout le triomphe du mois de mai : le rossignol, le coucou, la fauvette…, Sévigné, 27 avr. 1671.
  • 10 Au plur. Bruit éclatant d'une solennité. Nous aurions entendu de notre abbaye les triomphes, les fanfares et la musique de Chelles, au sacre de l'abbesse, Sévigné, 1er sept. 1680.
  • 11Triomphe de Lille, variété d'œillet.

    Triomphe de Jodoigne, variété de poire.

HISTORIQUE

XIIIe s. Et quant Charles ot toute Lombardie conquise et toute la terre de Ytaille [Italie] sozmise à soi et à sainte Eglise, il ala à Rome o [avec] grant triumphe, Latini, Trésor, p. 85.

XIVe s. Triumphe estoit celui grant honneur que l'en fesoit à aucun prince roumain, quant il revenoit à Rome d'aucune bataille où il avoit eu très noble victoire, Bercheure, f° 3. Comment cil qui avoit victoire Eüe sus les anemis, Si ert [était] o trimphe en Romme mis, Jean de Condé, t. III, p. 292.

XVe s. Toute la grand triomphe [joie] qu'en cet hostel souloit comblement abonder, est par cas flappie et ternie, Louis XI, Nouv. II.

XVIe s. Il dressa un triumphe superbe en toute autre magnificence d'appareil, et mesmement en ce qu'il se feit porter par Rome sur un chariot triumphal, trainé…, Amyot, Cam. 14. Histoire des faits, gestes, triomphes et prouesses du bon chevalier sans paour et sans reprouche, le gentil seigneur de Bayard, titre de l'ouvrage du Loyal serviteur. Et autres qui avoyent retenu place dix jours devant sur les boutiques et ouvroirs de la rue Sainct-Anthoine, pour veoir amener le Biarnois prisonnier en triomphe, Sat. Mén. les Tapisseries.

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Étymologie de « triomphe »

(1530) Du latin triumphus. (XIIe siècle) triumphe.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Provenç. triomfe ; espagn. triunfo ; ital. trionfo ; du lat. triumphus, forme archaïque triumpus, le même que θρίαμϐος, la procession de la fête de Bacchus.

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Phonétique du mot « triomphe »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
triomphe trijɔ̃f

Fréquence d'apparition du mot « triomphe » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « triomphe »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « triomphe »

  • A vaincre sans barils, on triomphe sans boire.
    Carlos
  • Le triomphe des démagogies est passager, mais les ruines sont éternelles.
    Charles Péguy
  • Se vaincre, en plein triomphe, est triompher deux fois.
    Publius Syrus — Sentences
  • Les arcs de triomphe sont des éléments pétrifiés.
    Ramon Gomez de la Serna — Greguerias
  • La vertu triomphe de la générosité sur l'intérêt.
    Duc de Lévis — Maximes, préceptes et réflexions
  • Ne triomphe pas avant d’avoir franchi le fossé.
    Proverbe allemand
  • Le pilote Hitech, seulement cinquième des qualifications triomphe au terme des 29 tours, en 51’17″953, précédant le Chinois, membre de l’Academy Renault, Guanyu Zhou de l’équipe UNI Virtuosi, second à 5″323 et le Japonais Yuki Tsunoda de Carlin, troisième à 7″406
    Autonewsinfo — LE RUSSE NIKITA MAZEPIN TRIOMPHE À L’ARRIVÉE DE LA 1ère DES DEUX COURSES F2 DE SILVERSTONE. | Autonewsinfo
  • Penser, voilà le triomphe vrai de l'âme.
    Victor Hugo — Les Misérables
  • L’immoralité de l’homme triomphe de l’amoralité de la femme.
    Karl Kraus
  • Le plus beau triomphe de l'écrivain est de faire penser ceux qui peuvent penser.
    Eugène Delacroix — Ecrits
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Traductions du mot « triomphe »

Langue Traduction
Anglais triumph
Espagnol triunfo
Italien trionfo
Allemand triumph
Chinois 胜利
Arabe انتصار
Portugais triunfo
Russe триумф
Japonais 勝利
Basque garaipen
Corse triunfà
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Synonymes de « triomphe »

Source : synonymes de triomphe sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « triomphe »

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Triomphe

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