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Tomber

Définitions de « tomber »

Trésor de la Langue Française informatisé

TOMBER1, verbe

1reSection. Empl. intrans.
I. − Être entraîné vers le bas sous l'effet de la pesanteur. Synon. choir, chuter.
A. − [En parlant de la chute phys. des êtres et des choses; le verbe est la plupart du temps suivi d'une prép. indiquant la provenance, la destination ou l'aboutissement] Être entraîné par son propre poids d'un point plus élevé vers un point moins élevé, sous l'effet d'influences de toutes natures.
1. [En parlant d'inanimés]
a) [En parlant d'objets] J'ai vu sur un bahut un petit tableau de Rubens qui est posé debout contre une pile de bouquins, et qui a déjà dû tomber bien des fois, car le cadre est tout brisé (Hugo, Rhin, 1842, p. 378).Un pot de fleurs tomba et se brisa. La fenêtre de Christophe, mal fermée, s'ouvrit avec fracas. Et le vent chaud entra (Rolland, J.-Chr., Buisson ard., 1911, p. 1419).
α) [Suivi de la prép. de indiquant la provenance] V. foyère rem. s.v. foyer ex. de Pourrat.
Locutions
Tomber des mains. Cesser d'être retenu, échapper aux mains de quelqu'un, en dehors de sa volonté, plus particulièrement en parlant d'un ouvrage sur lequel on ne parvient plus à se concentrer au point de le lâcher. Henriette ne voyait plus que du noir. (...) les imaginations mauvaises la tourmentèrent. Elle essaya de travailler, de lire: la tapisserie et le livre tombèrent de ses mains (Duranty, Malh. H. Gérard, 1860, p. 152).
Les écailles lui tombent des yeux. V. écaille A 2 b.
β) [Suivi de la prép. dans indiquant la direction, la destination] Tout à coup mes deux fenêtres s'ouvrirent à la fois, et toutes leurs vitres cassées tombèrent dans ma chambre avec un petit bruit argentin fort joli à entendre (Vigny, Serv. et grand. milit., 1835, p. 114).La botte que Gaspard lui avait renvoyée par-dessus le mur voltigea dans le jardin et tomba dans les framboisiers (Pourrat, Gaspard, 1930, p. 161).
γ) [Suivi d'un compl. indiquant la cause] Il nous semblait que de longues tables de schiste en équilibre depuis des siècles devaient tomber au moindre choc (Dusaulx, Voy. Barège, t. 1, 1796, p. 243).
δ) [Suivi d'un compl. indiquant la manière] [Le gland] tombe avec ce bruit mat, lourd, étouffé qui caractérise sa chute (Pesquidoux, Livre raison, 1928, p. 131).
b) [En parlant de qqc. qui fait partie d'un tout]
α) [En parlant d'éléments concr. qui, d'un mouvement, ne font plus partie d'une chose qu'ils constituent] Se détacher de. Je reconnais que, lorsque j'ai vu plusieurs tiroirs tomber d'un meuble, je n'ai plus le droit de dire que le meuble était tout d'une pièce (Bergson, Évol. créatr., 1907, p. 14).
[En parlant d'une chose mûre, malade ou morte (fleur, fruit, cheveu, dent, peau)] Effectuer une chute naturelle ou être entraîné dans une chute, après avoir été fragilisé par une circonstance extérieure. L'automne fait les bruits froissés De nos tumultueux baisers. Dans l'eau tombent les feuilles sèches Et, sur ses yeux, les folles mèches (Cros, Coffret santal, 1873, p. 31).Le vent soufflait et les feuilles jaunes voletaient autour de nous pendant que les marrons tombaient à nos pieds (Green, Journal, 1934, p. 234).
[Dans une tournure impers.] Le seul poisson, et même le seul animal que je sache, dans lequel, outre la dent, il tombe une partie de l'os (Cuvier, Anat. comp., t. 3, 1805, p. 130).
P. métaph. Il y a, depuis des mois, une veine de malheur sur nous. Toutes nos espérances presque mûres tombent pourries. Tout avorte, tout manque (Goncourt, Journal, 1859, p. 595).
[En parlant des larmes, de la sueur] Couler (de). De grosses larmes tombèrent des yeux flétris du pauvre soldat et roulèrent sur ses joues ridées (Balzac, Chabert, 1832, p. 76).
Rhume, fluxion qui tombe sur la poitrine. Rhume, fluxion qui, quittant la gorge, gagne les bronches, les poumons. (Dict. xixeet xxes.).
β) [En parlant d'une parole, d'un son] Être prononcé avec un aspect net, sec; parvenir à l'oreille comme détaché de toute origine. Quand (...) [Geneviève] commença l'histoire de la pécheresse (...) [Madeleine Férat] écouta, prise d'une émotion poignante. Les versets tombaient un à un, et Madeleine croyait que la grande Bible parlait d'elle (Zola, M. Férat, 1868, p. 130).P. métaph. Sensation que les mots tombent chargés, voluptueux, avec le lent goutte à goutte des larmes (Du Bos, Journal, 1924, p. 11).Les quarts, les demies, les heures tombent du clocher (Blanche, Modèles, 1928, p. 181).
Loc. fig. Ne pas tomber dans l'oreille d'un sourd*. Tomber dans l'oreille de qqn. Être saisi, perçu par hasard. Si, par un bavardage commun entre les gens, un mot en tombait dans l'oreille d'E. (Balzac, Corresp., 1822, p. 183).Un mot, un propos n'est pas tombé par terre. Quelqu'un l'a retenu, remarqué, relevé. (Ds Littré).
c) [En parlant de phénomènes atmosphériques concernant le temps, la température, la lumière]
α) [En parlant de manifestations atmosphériques liées au temps et faisant intervenir l'eau le plus souvent]
[En parlant des précipitations (crachin, grêle, neige, pluie, etc.)] Venir du ciel pour arriver au sol. La pluie tombait paisiblement avec une monotonie qui ne manquait pas de charme (M. de Guérin, Journal, 1834, p. 203).La galerie asphaltée qui borde le salon n'est plus qu'une nappe d'eau frémissante qu'étoilent sans relâche les gouttes pressées qui tombent du ciel (Amiel, Journal, 1866, p. 212).
Loc. fam. Tomber des cordes. Pleuvoir très fort. (Dict. xxes.). Synon. pleuvoir* à verse.Tomber des hallebardes. V. hallebarde.
[P. réf. à la bataille qui eut lieu à Gravelotte et qui fut une véritable hécatombe] Tomber comme à Gravelotte. [Se dit de la pluie quand elle est violente] P. anal. [En parlant de concepts, de notions] Se présenter en très grand nombre. Ce Raspail (...) on lui donne douze pages en couleurs pour (...) exposer ses statistiques bidons, lancer des projections paniquardes maquillées scientifiques. Vous pensez s'il s'en donne (...) les « chiffres secrets » tombent comme à Gravelotte (Hara Kiri, déc. 1985, p. 96, col. 1).
[Suivi d'un compl. de manière] La pluie tombait par torrents, le vent mugissait (...) et les pâles éclairs s'éteignaient sous les nuées qui crevaient de toutes parts (Sand, Lélia, 1833, p. 197).La neige se mit à tomber par rafales drues, rapides, épaisses (Peyré, Matterhorn, 1939, p. 278).Tomber en + subst. indiquant la manière.Vers minuit, la pluie (...) se mit à tomber en larges gouttes (Maurois, Sil. Bramble, 1918, p. 153).Région. (Centre). [En parlant de la foudre, suivant qu'elle détermine une averse, un incendie ou un bris de toiture] Tomber en eau, en feu, en pierre (France 1907).
Loc. Tomber dru, tomber à verse. La pluie se mit à tomber si dru, qu'il fallut rester à la maison (About, Roi mont., 1857, p. 37).Depuis le matin la pluie tombe à verse (Flaub., Corresp., 1871, p. 284).
[Dans une tournure impers.] Après les gelées, il tomba tellement de neige, que les courriers en furent arrêtés sur la côte des Quatre-Vents (Erckm.-Chatr., Conscrit 1813, 1864, p. 13).
P. compar. Des pensées trempées de mélancolie tombèrent sur mon cœur comme une pluie fine et grise embrume un joli pays après quelque beau lever de soleil (Balzac, Lys, 1836, p. 51).
[En parlant de manifestations liées à la condensation (brouillard, brume, rosée)] Descendre vers le sol en enveloppant les choses. Une brume tombe, mouillée comme une grève après la marée, une brume qui sent le sable et le sel. Hypocrite, elle enveloppe tout. Les formes des maisons s'affaiblissent, s'exténuent (Queffélec, Recteur, 1944, p. 8):
1. Nous nous sommes baignés dans des piscines (...). Au plafond translucide une buée odorante montait; elle se figeait en rosée; la lumière en était bleuie, et du plafond, dans l'eau, cette rosée tombait goutte à goutte Gide, Voy. Urien, 1893, p. 29.
P. compar. Je sentais le vent du matin glisser sur mes tempes, je ne sais quoi de frais comme la rosée qui tombait du ciel dans mon âme (Musset, Confess. enf. s., 1836, p. 358).
β) [En parlant de manifestations atmosphériques concernant la température] Descendre sur quelque chose ou quelqu'un, l'envelopper. Il semble que le soleil ait fait un bond vers la terre: son brasier rapproché craque au bord du ciel. La chaleur tombe épaisse comme une pluie d'orage (Giono, Colline, 1929, p. 87).Sous ces voûtes, un froid tombait aux épaules (Pourrat, Gaspard, 1930, p. 288).
γ) [En parlant de manifestations atmosphériques liées à la lumière (soleil, rayons, foudre, etc.)] Descendre vers le sol selon une direction définie. La foudre tombe. De grands rayons noirs qui tombaient du nuage se croisaient avec les rayons d'or qui venaient du soleil (Hugo, Rhin, 1842, p. 29).Au dehors le grand soleil de midi tombait sur les champs. Les arbres fruitiers rayaient l'air bleu de leurs branches noueuses, et les seigles déjà grands, ondulant sous la lumière, se creusaient de frissons d'argent (Moselly, Terres lorr., 1907, p. 189).
Tomber d'aplomb*.
P. anal. [En parlant des yeux, du regard] Tomber sur.Il pâlit et chancela, son regard magnétique tomba comme un rayon de soleil sur mademoiselle Michonneau (Balzac, Goriot, 1835, p. 221).Son œil clair, jaune et dur tombait sur vous comme un rayon du soleil en hiver, lumineux sans chaleur (Balzac, Lys, 1836, p. 49).
δ) [En parlant de l'approche de la nuit, de la lumière du jour qui décline] Baisser. Il était à peine quatre heures, et Dejoie venait déjà d'allumer les lampes, tellement la nuit tombait vite, sous le ruissellement blafard et entêté de la pluie (Zola, Argent, 1891, p. 300).Elle s'en fut seulement à la fenêtre jeter un long regard au dehors (...). Le soir tombait bleuissant la nappe de neige (Guèvremont, Survenant, 1945, p. 103).Au fig. [Pour exprimer la tristesse] Au dedans de moi le soir tombe (Hugo, Contempl., t. 3, 1856, p. 85).
d) Spécialement
α) ASTRONAUT. Tomber en chute libre. Descendre rapidement en se rapprochant du centre de la terre selon un mouvement vertical uniformément accéléré sous l'effet de la loi de la pesanteur. La capsule s'est séparée du dernier étage de la fusée (...). Elle flotte maintenant, elle « tombe » en chute libre sur son orbite (L'Aurore, 13 avr. 1961, p. 2, col. 6 ds Guilb. Astronaut. 1967).
β) IMPR. Empl. abs. Tomber (s.-ent. des presses). Paraître. On remarquera (...) une pendule où un angelot joufflu armé d'une faux avertit chacun qu'un journal doit tomber à l'heure (Le Monde aujourd'hui, 1er-2 déc. 1985, p. iii, col. 4).Quelques jours plus tard tombe l'article des Lettres françaises. Ce sont encore mes patrons qui me l'apprennent. François d'Eaubonne me dit de me mettre à l'argus pour ne pas rater les articles (V. Thérame, Journal d'une dragueuse, 1990, p. 238).
Tomber sur système. ,,Justifier les lignes ou les colonnes d'un tableau sur des fractions de douze (3, 6 et 9 points)`` (Comte-Pern. 1963). Tomber en page. ,,Rester dans le cadre d'une page`` (Comte-Pern. 1963).
γ) MAR. Tomber à cul sur une manœuvre. ,,Abattre sur elle, haler à la renverse en portant tout son poids`` (Merrien 1958). [En parlant d'un bateau] Tomber sur le flanc, tomber à l'échouage. Se renverser quand une béquille vient à manquer (d'apr. Merrien 1958).
δ) VERSIF. LAT. [En parlant d'un vers] ,,Ne pas avoir de césure au 2eou au 3epied`` (Besch. 1845).
Rem. Littré le signale simplement d'un vers dont la césure est défectueuse et en parle aussi dans le domaine musical en parlant d'une phrase musicale ,,qui finit brusquement, qui n'est pas carrée``.
2. [En parlant d'animés]
a) Faire une chute à la suite d'une perte d'équilibre, passer d'un stade supérieur à un stade inférieur. Debout, éblouie par la tranchée lumineuse que la porte de l'hôtel projetait jusque sur la chaussée, elle demeura immobile, si étourdie qu'elle faillit tomber (Martin du G., Thib., Été 14, 1936, p. 171):
2. Une balle (...) finit par atteindre l'enfant feu follet. On vit Gavroche chanceler, puis il s'affaissa (...). Gavroche n'était tombé que pour se redresser; il resta assis sur son séant (...) et se mit à chanter: Je suis tombé par terre, C'est la faute à Voltaire, Le nez dans le ruisseau, C'est la faute à... Il n'acheva point. Hugo, Misér., t. 2, 1862, p. 461.
Expr. Tomber comme une masse. V. masse1I A 2.Tomber tout d'une pièce. V. pièce II C 2.
α) [Suivi de la prép. de indiquant l'endroit d'où l'on tombe] Le calife poussa violemment Pécopin, qui perdit l'équilibre et tomba du haut de la tour (Hugo, Rhin, 1842, p. 193).Alban vient de tomber d'un mauvais canasson (Montherl., Bestiaires, 1926, p. 424).
Au fig. Il tomba du haut de son orgueil, il pria, non pas encore Dieu, mais les hommes (Dumas père, Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 163).
Loc. fig. Tomber de (son) haut. V. haut1II G 1.
β) [Suivi d'un compl. indiquant la direction, la destination, l'endroit où l'on tombe] Je tombai à terre, suffoqué, étourdi, demi-mourant (Murger, Nuits hiver, 1861, p. 204).Mes jambes fléchirent. Je tombai sur le banc (Fromentin, Dominique, 1863, p. 110).
b) Faire une chute de différentes manières; en partic., entrer en contact physique avec l'endroit où l'on tombe, sur une partie du corps. Tomber en arrière, en avant, de côté.
Tomber sur le derrière. Aristide trouva plaisant (...) de lui retirer sa chaise. Perrin tomba sur le derrière (Duranty, Malh. H. Gérard, 1860, p. 88).Au fig. V. derrière3.
Tomber sur le flanc. [Le chat] était tombé sur le flanc, en voulant sauter d'un arbre à l'autre et suivre le chemin des écureuils (About, Nez notaire, 1862, p. 67).
Tomber sur les genoux. Elle tomba sur les genoux, comme tombe un animal blessé (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Jour de fête, 1886, p. 1057).
Tomber sur son séant. Voici Malitourne l'empressé (...) qui donne l'assaut le premier. Il fait bélier de ses reins. (...) la porte cède un peu trop tôt: Malitourne tombe sur son séant (Boylesve, Leçon d'amour, 1902, p. 237).
Locutions
Tomber à la renverse. Je faillis tomber à la renverse, comme un homme qui subit une émotion trop forte (Lautréam., Chants Maldoror, 1869, p. 183).
Tomber sur le cul*. Au fig., pop., vulg. (En) tomber sur le cul. Être stupéfait, décontenancé. Nous avons changé d'idée, nous restons en France... Les employés de l'ambassade en étaient tombés sur le cul! C'était la première fois que des personnes qui avaient obtenu le visa définitif refusaient l'Amérique! (V. Thérame, Journal d'une dragueuse, 1990, p. 251).
Tomber la tête la première. Il (...) décacheta la lettre. Le ton de son exclamation était (...) effrayant (...) je le vis rougir et pleurer. Puis tout à coup il tombe la tête la première en avant (Balzac, Méd. camp., 1833, p. 268).
Tomber les quatre fers en l'air. Synon. de tomber à la renverse (supra).Par moments, ils descendaient du trottoir, pour laisser la place à un ivrogne, tombé là, les quatre fers en l'air (Zola, Assommoir, 1877, p. 461).
Tomber cul* par dessus tête.
Tomber face contre terre. Il recule imperceptiblement, puis s'arrête, les mains tombant le long des cuisses (...), reste une seconde immobile, avant de tomber face contre terre (Bernanos, M. Ouine, 1943, p. 1479).
Tomber de (tout) son haut. V. haut2A.Au fig., vieilli. Tomber de son haut. V. haut2A.
Tomber de sa hauteur. Mmede Villefort était debout, pâle, les traits contractés, et le regardant avec des yeux d'une fixité effrayante (...) Et elle tomba de sa hauteur sur le tapis (Dumas père, Monte-Cristo, t. 2, 1846, p. 684).
Tomber de tout son long, tout de son long. Il avait buté contre une pierre parce qu'il continuait de garder la tête levée, et il avait failli tomber tout de son long, tant le choc avait été fort (Ramuz, Gde peur mont., 1926, p. 251).
Vieilli. Tomber pile. ,,Tomber sur le dos`` (France 1907; ds Delvau 1883). V. pile3ex. de Zola.
c) Mourir en s'abattant brusquement sur le sol, le plus souvent dans un combat. Tomber frappé à mort; tomber au champ d'honneur. Après les maisons, on défendit les jardins et le cimetière où j'avais couché la veille; il y avait alors plus de morts dessus que dessous terre. Ceux qui tombaient ne se plaignaient pas; ceux qui restaient se réunissaient derrière un mur, un tas de décombres, une tombe. Chaque pouce de terrain coûtait la vie à quelqu'un (Erckm.-Chatr., Conscrit 1813, 1864, p. 200).
Fam. Tomber comme des mouches. V. mouche I C 1.
[Suivi d'un compl. de cause introd. par sous] À peine replongé dans quelque rêverie, Il tomba sous le plomb d'une mousqueterie (Borel, Rhaps., 1832, p. 70).Trois de ceux qui portaient le madrier tombèrent sous le tir des fascistes (Malraux, Espoir, 1937, p. 465).
Tomber + attribut (impliquant une chute et une mort imminente).Plusieurs goûtent et tombent empoisonnés (Jarry, Ubu, 1895, i, 3, p. 39).En partic., loc. Tomber (raide/roide) mort. L'un d'eux seulement faillit me percer de sa lance; mais, l'ayant évitée, je lui déchargeai sur la tête un coup d'épée si violent, qu'il tomba raide mort (Musset, Quenouille Barb., 1840, i, 2, p. 282).
d) P. anal.
α) Tomber + attribut.Faire une chute ou donner l'apparence d'une chute imminente, d'une tendance à s'affaisser à la suite d'une faiblesse, d'une émotion, etc. Tomber inanimé, ivre mort, (raide, roide) mort, pâmé. Tomber évanoui*. Fam. Tomber faible*.
β) [Suivi d'un compl. de cause introd. par de] Être dans un état de faiblesse physique ou sous le coup d'une émotion si violente qu'on a l'impression qu'on va tomber. Tomber de fatigue, d'épuisement, d'inanition. César tremblait comme la feuille. Un jour, donnant le bras à Lamiel (...), il vit sa mère venir de loin (...). Lamiel crut qu'il tomberait de peur, elle exigea qu'il passerait bravement à côté de sa mère (Stendhal, Lamiel, 1842, p. 162).Je tombais de sommeil et dormis dans le wagon (Duhamel, Terre promise, 1934, p. 66).
Tomber d'épilepsie; tomber de/du haut mal. Être atteint d'épilepsie. Vous vous souvenez, ce pauvre vieux qui tombait du haut mal et qui est mort sur une route (Zola, Dr Pascal, 1893, p. 35).Faut donc croire que je l'ai eue, ma crise... C'est assez éprouvant pour les nerfs, mais pas grave. Mon père, lui aussi, tombait d'épilepsie (Bernanos, Mouchette, 1937, p. 1293).P. anal. Je ne veux pas être une sotte grue et tomber du haut mal d'admiration (Chateaubr., Mém., t. 2, 1848, p. 649).
e) [P. réf. à un mouvement rapide, à un élan manifestant des sentiments]
Tomber à genoux. Se mettre à genoux en signe de prière ou d'adoration. C'est fini, je meurs, je suis perdu! Il tombe à genoux. Oh! grand Dieu! au secours! au secours! raffermis ma foi (Flaub., Tentation, 1849, p. 316).Ah! voilà que ça m'écrase! cria le vieillard. Madeleine (...) tomba à genoux, et avant même que la foule eût eu le temps de jeter un cri, il était sous la voiture (Hugo, Misér., t. 1, 1862, p. 218).
Tomber aux genoux, aux pieds de qqn. Se jeter aux pieds de quelqu'un pour le supplier, lui témoigner son respect ou son amour. Il y a des moments où mon cœur se contenterait volontiers du témoignage de mes yeux et où je ne pourrais m'empêcher de tomber à vos pieds et de vous dire que je vous aime depuis un an (Dumas fils, Ami femmes, 1864, ii, 3, p. 120).
Tomber dans les bras de qqn. Se précipiter dans les bras de quelqu'un pour lui manifester son affection ou son amour. Ils n'attendirent pas pour s'embrasser (...), ils tombèrent dans les bras l'un de l'autre au-dessus du ruisseau, appuyés contre un mur (Triolet, Prem. accroc, 1945, p. 185):
3. Sur le quai, je trouvai M. Duveyrier, un bon jeune homme de vingt-trois ans, avec des yeux bleus et une petite barbiche blonde. Les Touareg tombèrent dans ses bras en descendant du wagon. Il avait vécu deux ans avec eux, sous la tente, au diable vauvert. Benoit, Atlant., 1919, p. 215.
Au fig. Céder aux sollicitations amoureuses de quelqu'un. Veux-tu que je te dise tout? Madeleine un jour tombera dans tes bras en te demandant grâce; tu auras la joie sans pareille de voir une sainte créature s'évanouir de lassitude à tes pieds (Fromentin, Dominique, 1863, p. 231).À peine vous parti, à peine votre voile disparue, vous pensez sans doute qu'elle tombera dans mes bras? (Claudel, Soulier, 1944, 1repart., 2ejournée, 9, p. 1035).
Tomber la face contre terre (en signe de honte). Le coupable tombe la face contre terre, et avoue son forfait (Cottin, Mathilde, t. 2, 1805, p. 329).
3. CHASSE. [En parlant d'un canard] ,,Descendre du ciel pour se poser sur l'eau`` (Burn. 1970).
4. Loc. fig.
a) [En parlant d'animés]
Fam. N'être pas tombé de la dernière pluie*. Var. anton. être tombé de la dernière pluie.Regarde! dit-elle impatiemment.Il m'a dit de ne pas regarder, plaide l'autre.Raison de plus pour regarder tout de suite... T'es tombé de la dernière pluie... tu vois bien que c'est une embrouille, non... Jean, c'est un type très dangereux... Moins tu le vois, mieux tu te portes (C. Breillat, Police, 1985, p. 161).
Fam. Tomber dans le panneau*; tomber dans la nasse*.
Tomber sur le dos et se casser le nez. V. dos I B 3 d.
Arg. Tomber sur le dos et se faire une bosse au ventre. Se laisser séduire et se retrouver enceinte. (Ds Delvau 1883, France 1907).
[Souvent en mauvaise part] Tomber (toujours) du côté où l'on penche; pencher du côté où l'on va tomber. Se laisser aller vers ses penchants naturels. (Dict. xixeet xxes.). V. pencher I B 2 a ex. de Colette.
Fam. Tomber sur ses pieds. Se tirer heureusement d'une situation critique; se trouver dans la même situation qu'auparavant. (Dict. xixes.). Synon. retomber sur ses pattes (v. patte1), sur ses pieds (v. pied 1reSection I B 1 a).
Être tombé sur la tête. V. tête I A 1 a α.
b) [En parlant d'inanimés]
Proverbes. Quand la poire est mûre, il faut qu'elle tombe. Quand les choses en sont arrivées à un certain point, il faut qu'elles éclatent. (Dict. xixeet xxes.). [En parlant de ceux qui font des suppositions impossibles] Si le ciel tombait, il y aurait bien des alouettes (de) prises (Dict. xixeet xxes.).
Fam. [En parlant d'un projet] Tomber à l'eau. Ne plus avoir lieu, ne plus avoir d'aboutissement. Anatole Foucher, le dernier artiste, qui (...) ait le talent nécessaire pour continuer cet art exquis [l'enluminure] (...) a alors quitté Solesmes et ce projet est naturellement tombé à l'eau (Huysmans, Oblat, t. 2, 1903, p. 21).Var., vx. Tomber dans l'eau. Je laisserais l'affaire Ruy Blas tomber dans l'eau (Hugo, Corresp., 1867, p. 89).
[En parlant d'une idée] Tomber sous le sens. V. sens1I A 1.
Rem. Dans le parler pop., vieilli, tomber est parfois empl. avec le verbe avoir : V'là qu'il me r'vient une douleur (...) J'en ai tombé sur les genoux (Maupass., Contes et nouv., t. 2, R. Prudent, 1886, p. 646). Vous tournez le dos: il a tout le torse sorti. Vous vous éloignez: le voilà dehors. Vous revenez: il dit: « C'est pas moi... j'ai tombé... » (Benjamin, Gaspard, 1915, p. 79).
B. − Tendre vers le bas en restant en équilibre ou suspendu à quelque chose.
1. Pendre.
a) [En parlant de parties du corps comme les cheveux, les bras]
α) [Bras] L'autre [balle] le frappa à la poitrine, déchira son habit, mais rencontrant heureusement la lame de son stylet, s'aplatit dessus et ne lui fit qu'une contusion légère. Le bras gauche d'Orso tomba immobile le long de sa cuisse (Mérimée, Colomba, 1840, p. 136).Il resta (...) quelques secondes droit, raide et silencieux, les pieds légèrement écartés et les bras tombant sans expression le long du corps (Vercors, Sil. mer, 1942, p. 67).
Loc. fam. [Pour exprimer un grand étonnement] Les bras m'en tombent; les bras de qqn tombent. La tante Grédel dit:Les gueux l'ont pris.Ce n'est pas possible! fit M. Goulden, dont les bras tombèrent (Erckm.-Chatr., Conscrit 1813, 1864, p. 54).Les mains m'en tombent. V. main 1reSection I B 1 b β.
β) [Cheveux] Il (...) sortit la main de sa poche, et, plusieurs fois, d'un geste fébrile, redressa la mèche qui lui tombait sur le front (Martin du G., Thib., Été 14, 1936, p. 134).
Tomber en. Pendre d'une certaine manière. Ses beaux cheveux épars tomberont en grosses boucles sur un cou d'albâtre (Sénac de Meilhan, Émigré, 1797, p. 1714).P. anal. Vous ne trouverez là ni légers treillages, où la vigne tombe en guirlande, ni cultures mariées (Michelet, Journal, 1831, p. 102).Les hommes avaient leurs habits du dimanche, les filles leurs plus belles robes avec des fichus de soie de toutes couleurs tombant en pointe dans le dos (Ramuz, Gde peur mont., 1926, p. 48).
b) [En parlant de qqc. qui est rattaché ou suspendu à un support précis] Nous entrâmes dans la ville; aucune chaîne ne cria, aucun pont-levis ne tomba, aucune herse ne se leva; nous entrâmes dans la vieille cité féodale (Hugo, Rhin, 1842, p. 291).Ces ruines ne dataient pas de la veille, depuis longtemps le laboratoire devait être ravagé: de grandes toiles d'araignées tombaient du plafond (Zola, M. Férat, 1868, p. 87).
En partic. [En parlant d'un tissu, d'un vêt., etc.] C'était un grand drapeau de soie rouge, tombant à plis rigides de toute sa longueur contre le mur (Gracq, Syrtes, 1951, p. 33).
Tomber bien.Se présenter, s'adapter au corps de façon harmonieuse, s'adapter à un support. Madame de Meximieu s'assit (...). Elle sourit, et l'on eût dit que c'était à sa robe de crêpe de Chine, toute neuve, qui tombait bien (R. Bazin, Blé, 1907, p. 164).
2. Pencher.
a) [En parlant de parties du corps]
α) [En parlant de la tête] Pencher de façon incontrôlée. Fatigué (...), je pense vaguement à des choses... Puis ma tête tombe tout d'un coup et je me redresse... C'est bête, je m'endormais (Dorgelès, Croix de bois, 1919, p. 93).Comme elle se penchait vers sa voisine pour lui dire quelque chose, sa tête lourde de fatigue tomba sur l'épaule de la jeune femme, et elle s'endormit (Green, Journal, 1934, p. 267).
β) [En parlant du nez, du menton] Dessiner une ligne qui s'incline plus ou moins fortement. Ses lèvres étaient très lippues, et son grand menton tombait droit (Balzac, C. Birotteau, 1837, p. 65).
b) [En parlant d'une chose ou d'une partie d'une chose en surplomb qui tend vers le bas (chapeau, toit, ramure, etc.)] Madame Gérard (...) contempla sa fille dans cet état affreux: pâle, son chapeau tombé derrière sa tête (Duranty, Malh. H. Gérard, 1860, p. 330).Tout près de là, un grand sapin sous lequel je me suis tenu quelques minutes. Ses branches noires tombent jusqu'à terre et me cachent complètement (Green, Journal, 1932, p. 104).
c) MAR. [En parlant d'un navire] Pencher, être poussé dans telle ou telle direction, sous telle ou telle influence. Un mât est (...) dit Tomber de l'avant ou sur le nez, de l'arrière ou sur le cul, sur tribord, sur babord (Bonn.-Paris1859).Tomber au travers. ,,Être placé par le vent et la mer dans une position d'équilibre, parfois très dangereuse, dont on ne peut plus sortir, travers à la lame`` (Merrien 1958). Tomber en arrière. ,,Culer`` (Merrien 1958). Tomber sur l'avant, sur l'arrière. Caler plus d'eau qu'on ne devrait, par l'avant ou l'arrière (d'apr. Bonn.-Paris 1859). Tomber sous le vent. S'éloigner ,,plus qu'il [le navire] ne devrait ou qu'on suppose qu'il ne pourrait de l'origine du vent (...) en particulier, il tombe sous le vent d'un autre bâtiment, d'une île, d'un cap, d'un point quelconque, lorsque, de plus en plus, il est moins rapproché de l'origine du vent par rapport à ces points ou objets`` (Bonn.-Paris 1859).
3. Tomber dans/sur.Se diriger (vers); aboutir (à).
a) Tomber dans.[En parlant d'un fleuve, d'un cours d'eau d'amont en aval] Se diriger vers, en suivant une pente. Les bords de la rivière Prideaux qui tombe dans l'Ontario (Crèvecœur, Voyage, t. 2, 1801, p. 201).Notre vue s'étendait sur la Partha, bordée de peupliers. Cette rivière tombe dans l'Elster, à gauche, en formant de grandes lignes bleues (Erckm.-Chatr., Conscrit 1813, 1864, p. 142).
[Dans un cont. métaph.] Dans l'éternité, gouffre où se vide la tombe, L'homme coule sans fin, sombre fleuve qui tombe Dans une sombre mer (Hugo, Contempl., t. 3, 1856, p. 239).
b) Familier
α) [En parlant d'une voie] Tomber dans.Déboucher dans. La ruelle de ce côté était ouverte, et, au bout de deux cents pas environ, tombait dans une rue dont elle était l'affluent (Hugo, Misér., t. 1, 1862, p. 542).Il alluma une cigarette et prit une petite rue qui tombait tout de suite dans la campagne (Drieu La Roch., Rêv. bourg., 1937, p. 41).
β) [En parlant d'une pers.] Tomber sur.Déboucher à tel ou tel endroit en prenant un itinéraire donné. Le cocher prit mélancoliquement la rue Saint-Antoine et tomba sur les quais (Goncourt, Ch. Demailly, 1860, p. 381).Je le connaissais moi le chemin!... Si (...) je piquais à droite, j'allais tomber sur le Châtelet, les marchands d'oiseaux (Céline, Mort à crédit, 1936, p. 679).
C. − P. anal. (avec la rapidité, la brutalité de la chute). Tomber sur qqn; (lui) tomber dessus.
1. [En parlant d'animés] S'abattre, se précipiter sur quelqu'un par surprise. Synon. fondre sur.Soit hasard ou dessein, survint le garde champêtre. Milon, sans dire gare, tombe sur lui, le chasse à coups de pied, de poings et le poursuit dehors (Courier, Pamphlets pol., Gazette du village, 1823, p. 179).L'autre (...) vit un démon lui tomber dessus à coups de nerf de bœuf (Pourrat, Gaspard, 1930, p. 209).
Loc. pop., fam. Tomber sur qqn à bras raccourcis; tomber sur les reins de qqn. Sauter sur quelqu'un pour l'attaquer, le malmener, l'agresser. Sans parler de la défiance qu'il fallait avoir de nos alliés, qui, d'un moment à l'autre, ne pouvaient manquer de nous tomber sur les reins (Erckm.-Chatr., Conscrit 1813, 1864, p. 176).Si Antoine lui cherchait querelle, elle tombait sur lui à bras raccourcis (...). Les voisins étaient habitués aux tapages périodiques qui éclataient dans la chambre des époux. Ils s'assommaient consciencieusement (Zola, Fortune Rougon, 1871, p. 123).P. anal. Dans tous tes livres, tu es constamment tombé à bras raccourcis sur cette queue de siècle (Huysmans, Là-bas, t. 1, 1891, p. 29).Tomber sur la bosse de qqn. V. bosse1I A 1.Tomber sur le casaquin*. Tomber sur le corps de/à qqn (fig., vieilli). V. corps II B 2 d.Tomber sur le dos* de qqn. Tomber sur le paletot* de qqn. Tomber sur le poil* de qqn. Tomber sur le râble de qqn. V. râble2.
Au fig. Agresser verbalement. Comme sa femme venait d'une voix timide lui demander un renseignement, il tomba sur elle, l'injuria, cria qu'il ferait se repentir un jour le sale monde qui manque de reconnaissance (Zola, Germinal, 1885, p. 1244).Ils me sont tous tombés dessus, les copains, au tabac, ce matin. J'étais nulle (...), incapable de me mobiliser (...), une vraie chiffe molle. Pourquoi? Rapport au cartel des banques bien décidé à nous faire casquer (Le Monde, 3 déc. 1986, p. 36, col. 5-6).
2. [En parlant d'événements désagréables, pénibles] Accabler de son poids, devenir une charge matérielle ou morale pour quelqu'un. Des trombes de réquisitoires tombent sur la presse (Chênedollé, Journal, 1833, p. 162).Ce serait bien malheureux si quelque peine nous tombait dessus (Pourrat, Gaspard, 1931, p. 178).
[En parlant du ciel] Tomber sur la tête (de qqn). Il ne s'agit pas de cette cruauté que nous pouvons exercer les uns contre les autres (...), mais de celle beaucoup plus terrible et nécessaire que les choses peuvent exercer contre nous. Nous ne sommes pas libres. Et le ciel peut encore nous tomber sur la tête (Artaud, Théâtre et son double, 1938, p. 95).
Loc. Tomber sur le coin de l'œil. V. coin2I B.
D. − [Constr. partic. de tomber avec les semi-auxil. faire et laisser]
1. Faire tomber
a) Qqn fait tomber qqn.Provoquer la chute de quelqu'un en le bousculant, involontairement ou non. Je pressai maman contre moi.Qu'est-ce qui te prend, ma petite Geneviève? Mais tu vas me faire tomber! (Gide, Geneviève, 1936, p. 1372).
En partic.
Faire tomber des têtes. Infliger la guillotine à quelqu'un; p. ext., faire tuer des gens. Faire tomber la tête du coupable; faire tomber trois têtes d'otages. Le Sultan, qui peut à son gré faire tomber des têtes, est obligé de savoir ce qui plaît ou déplaît à ses janissaires et à ses bourreaux (Bonstetten, Homme Midi, 1824, p. 221).Jean Prouvaire (...) blâmait la Révolution d'avoir fait tomber une tête royale, celle d'André Chénier (Hugo, Misér., t. 1, 1862, p. 777).
Faire tomber son enfant. ,,Se faire avorter`` (Lar. 19e, Nouv. Lar. ill.).
Au fig. Provoquer chez quelqu'un une perte de pouvoir ou une dégradation d'ordre moral ou psychologique ou l'entraîner dans quelque chose de néfaste. (Dict. xixeet xxes.).
Arg. ,,Faire arrêter, condamner`` (Le Breton 1960).
b) Qqn fait tomber qqc.
α) Provoquer la chute d'un objet. Une querelle affreuse (...) éclata entre Rose et une poissonnière, à propos d'une bourriche de harengs que celle-ci avait fait tomber d'un coup de coude (Zola, Ventre Paris, 1873, p. 750).
En partic. Ôter un vêtement. Elle fit hâtivement tomber tout ce qu'elle avait sur elle, et courut dans le cabinet de toilette faire couler un bain (Martin du G., Thib., Été 14, 1936, p. 114).
β) Au fig. Faire en sorte que quelque chose arrive (à la suite d'une décision). Il résolut de faire tomber la conversation sur un point qui pouvait en attendant amener toujours l'éclaircissement de certains doutes (Dumas père, Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 492).
Loc. Faire tomber les armes des mains. Fléchir quelqu'un, l'apaiser. (Dict. xixes.). Faire tomber la plume des mains. Décourager quelqu'un, le dégoûter d'écrire ou l'arrêter d'étonnement (Dict. xixes.).
γ) Spécialement
ART CULIN. Faire tomber au beurre. Réduire le volume de légumes aqueux en les faisant cuire à feux doux avec ou sans matière grasse, et sans coloration (d'apr. Courtine Gastr. 1984). Faire tomber à glace. Réduire un liquide de cuisson, fonds, jus, déglaçage, jusqu'à consistance sirupeuse (d'apr. Courtine Gastr. 1984). Quand votre poitrine sera aux trois-quarts cuite, vous retirerez vos légumes et vous ferez tomber à glace votre mouillement (Viard, Cuisin. impérial, 1814, p. 117).
JEUX. Faire tomber une carte. Jouer de manière à obliger le joueur qui possède cette carte à la mettre sur le tapis. (Dict. xixeet xxes.).
c) Qqc. fait tomber qqn (dans qqc./en).Entraîner quelqu'un dans un état différent. Le genre de sa blessure l'aura fait tomber en enfance (Balzac, Chabert, 1832, p. 143).Ce mot les Vosges fit tomber la baronne dans une rêverie profonde. Elle revit son village (Balzac, Cous. Bette, 1846, p. 411).
d) Locutions
Faire tomber la pluie*.
Faire tomber le masque. Montrer la vérité de quelque chose. L'action du théâtre comme celle de la peste, est bienfaisante, car poussant les hommes à se voir tels qu'ils sont, elle fait tomber le masque, elle découvre le mensonge, la veulerie, la bassesse, la tartuferie (Artaud, Théâtre et son double, 1938, p. 39).
2. Laisser tomber
a) Qqn laisse tomber qqc.
α) Laisser échapper quelque chose, volontairement ou par inadvertance. Il laissa tomber une assiette qui se brisa (Duranty, Malh. H. Gérard, 1860, p. 287).Le son de sa propre voix l'ayant tirée de sa torpeur, Laure Malaussène laissa tomber le livre qu'elle avait feint de lire, et parcourut des yeux la classe (Daniel-Rops, Mort, 1934, p. 71).
Loc. fig. Laisser tomber la neige. Laisser aller les choses. C'est un truc [le bonheur] qu'on peut à la rigueur souhaiter à quelqu'un d'autre mais le désirer pour soi-même. Capturer l'instant. Juste quand il passe. Et puis laisser tomber la neige (E. Hanska, J'arrête pas de t'aimer, 1981, p. 140).
MAR. Laisser tomber les voiles. ,,Les larguer pour qu'elles se développent et qu'on puisse les établir`` (Bonn.-Paris 1859). Laisser tomber une ancre. ,,La larguer du bord pour la mouiller`` (Bonn.-Paris 1859).
En partic. Laisser tomber une larme. Tenez, père, voici mille francs qu'elle a voulu me donner sur notre gain. Gardez-les-lui, dans le gilet. Goriot regarda Eugène, lui tendit la main pour prendre la sienne, sur laquelle il laissa tomber une larme (Balzac, Goriot, 1835, p. 170).
P. ext. [Sans qu'il y ait notion de chute] Abandonner, laisser de côté quelque chose que l'on tient à la main et qui vous occupe. J'avais mille fois laissé tomber ma plume ou mon livre pour demander des consolations à son image [un portrait de femme], comme un dévot à son saint patron (Baudel., Paradis artif., 1860, p. 394).
β) [En parlant de notions abstr., d'idées qu'on abandonne] La veine! La voilà! C'est la veine!... Voici! Tu m'entends, dix ans, dix années!... que je trinque presque sans arrêt!... Ça suffit!... J'ai la main!... Je la laisse plus tomber! (Céline, Mort à crédit, 1936, p. 465):
4. ... Vigny, bien plus encore que Lamartine, laisse tomber de sa poésie toute cette continuité, cette urbanité du langage correct, usuel, sans génie, qu'elle tient du siècle précédent. Il les laisse tomber sans pouvoir les remplacer par autre chose que des idées poétiques plus hautes, des fulgurations poétiques plus intenses, mais plus irrégulières. Thibaudet, Réflex. litt., 1936, p. 31.
γ) Prononcer des paroles avec diverses nuances. Et la voix qui m'est chère Laissa tomber ces mots: « Ô temps! suspends ton vol; et vous heures propices! Suspendez votre cours (...) » (Lamart., Médit., 1820, p. 136).[Avec une nuance restrictive de retenue] Elle continua ainsi, élevant le ton, laissant tomber un à un les versets, lentement, comme des pleurs étouffés (Zola, M. Férat, 1868, p. 130).[Avec une nuance de sécheresse] Mon grand-père, du haut de sa gloire, laissa tomber un verdict qui me frappa au cœur (Sartre, Mots, 1964, p. 73).
δ) Laisser pendre ou s'incliner une partie du corps. Elle laisse tomber sa tête sur ce sein qui ne palpite plus et semble partager sa mort (Cottin, Mathilde, t. 2, 1805, p. 335).Elle laissa tomber ses bras dans un geste de lassitude infinie (Tharaud, Dingley, 1906, p. 17).
ε) En partic. Laisser tomber ses regards sur qqn ou sur qqc. Regarder quelqu'un ou quelque chose d'une certaine manière, avec tel ou tel sentiment particulier. Laissez tomber vos regards sur le plus indigne de vos serviteurs (Musset, Caprices Mar., 1834, i, 1, p. 133).À l'heure de midi, elle voyagera par les routes poudreuses, laissant tomber ses regards sur la verdure des arbres, des prés!... Que ne suis-je dans ces prés (Toepffer, Nouv. genev., 1839, p. 111).
ζ) Laisser quelque chose baisser, s'arrêter ou disparaître complètement. Laisser tomber le feu. Ne serait-il pas préférable de laisser d'abord tomber le tumulte? (Billy, Introïbo, 1939, p. 125).
En partic. Laisser tomber sa voix. En baisser volontairement l'intensité, par nonchalance, affectation. Laissant tomber sa voix sur les dernières syllabes (Bernanos, Crime, 1935, p. 817).Laisser tomber la conversation. Ne pas la relancer. Ils (...) causaient de mille riens, ayant grand soin de ne pas laisser tomber la conversation (Zola, Th. Raquin, 1867, p. 148).
b) Fam. Qqn laisse tomber qqn.Abandonner quelqu'un dans telle ou telle situation. Je ne peux pas laisser tomber un camarade traqué par les flics (Vailland, Drôle de jeu, 1945, p. 101).Dans le domaine affectif et amoureux. On ne laisse pas tomber une belle fille comme vous (Triolet, Prem. accroc, 1945, p. 85).
[Avec compar.] Laisser tomber qqn comme une vieille chaussette*. Elle (...) se dirigea vers la porte.Dis à papa qu'il nous laisse tomber comme une vieille chaussette. − Alix, protesta Laure, comme si cet argot l'offusquait (Daniel-Rops, Mort, 1934, p. 450).
c) Absol. [P. ell. pour laisser tomber un problème, une préoccupation, une affaire, qqc. en cours] Laisser tomber.Ne plus prêter attention ni intérêt à une situation donnée, ne plus s'en occuper. Cette vieille noix de Norbert n'a probablement pas su te dire ce qu'il fallait te dire (...) Alors, faut laisser tomber! (Vercel, Cap. Conan, 1934, p. 187).Le contrat d'assurance-vie comportait cinq feuillets et je laissai tomber à la deuxième page. Côté lectures, mes goûts me portent plutôt vers le XIXesiècle (M. Villard, Ballon mort, Paris, Gallimard, 1984, p. 24).
d) Se laisser tomber sur/vers.Cesser de se retenir, se laisser aller, pour faire quelque chose de précis ou à la suite d'un événement. Sa physionomie devint si terrible que Timopht épouvanté se laissa tomber le nez sur les dalles, comme tombe un homme mort (Gautier, Rom. momie, 1858, p. 282).Il grimpa dans le lit, noua un bout de sa corde autour de la corniche, l'autre à son cou et (...) il se laissa tomber vers le plancher (Queffélec, Recteur, 1944, p. 201).
En partic. Se laisser tomber dans/sur qqc.Ne plus avoir la force de se tenir debout; s'asseoir ou s'allonger en abandonnant tout effort physique, par excès de fatigue ou d'abattement moral. Colomba se laissa tomber sur une chaise (...), et on l'entendit sangloter (Mérimée, Colomba, 1840, p. 98).Il (...) s'était laissé tomber tout habillé sur le lit, où il s'était tout de suite profondément endormi (Hugo, Misér., t. 1, 1862, p. 105).
II. − [Le plus souvent avec une idée de déclin ou de décadence, et qqf. de rapidité] Changer d'aspect, d'état ou de situation; déchoir de quelque chose (force, intensité, réputation, crédit, succès, etc.).
A. − Empl. abs. Diminuer considérablement, voire disparaître complètement.
1. [En parlant de manifestations phys.] Baisser en intensité, s'apaiser, se calmer, cesser.
a) [En parlant de manifestations atmosphériques liées à l'air, au vent] La brise tombait tout à coup comme l'haleine épuisée d'une poitrine qui souffre (Sand, Lélia, 1833, p. 44).Le matin vint mouillé et le vent tomba un peu. De grosses vapeurs fuyaient, sur la place, teintes de rose, traînant une odeur de suie (Pourrat, Gaspard, 1931, p. 10).
b) [En parlant de manifestations hum. liées à la maladie ou à l'émotion] Ses soins me sauvèrent. À la suite d'une dernière crise, la fièvre tomba: j'étais hors de danger (Reybaud, J. Paturot, 1842, p. 42):
5. ... Marthe ne quittait guère son amie, se sentant gagnée par l'émotion et la fièvre des derniers préparatifs [de la noce] (...) Elles travaillaient (...), envahies soudain de joies enfantines (...). Leur énervement, loin de tomber, ne faisait que croître de jour en jour, par une sorte de contagion qui les gagnait. Moselly, Terres lorr., 1907, p. 186.
2. [En rapport avec l'idée de force, d'autorité]
a)
α) [En parlant d'hommes, d'organismes, de groupes] Perdre un pouvoir politique, financier, etc. Le Parlement peut être dissous, les ministères tomber (Morand, Londres, 1933, p. 223).
β) Perdre sa liberté; être arrêté. Tomber pour braquage, pour meurtre. Il y a un type immense dans la cellule 391, il se présente: « On m'appelle le grand Duduche, (...) pourquoi qu't'es là? » J'explique pour la moto, il trouve pas grandiose de tomber pour une meule (D. Belloc, Néons, Paris, Lieu Commun, 1987, p. 42).
b) [En parlant de concepts supposant une idée d'effort ou d'opposition] S'effacer, disparaître. Quand l'image en se reportant dans le passé, vient à se rallier aux souvenirs ou se précipiter vers l'avenir, toutes les résolutions tombent (Chênedollé, Journal, 1815, p. 79).Un courage nouveau, invincible, l'emplit, les obstacles tombent et il réussit (Thibaudet, Réflex. litt., 1936, p. 151).
3. [En parlant de manifestations culturelles ou artist. et plus partic. littér. ou théâtrales] Ne plus avoir de succès; échouer. Les mauvais ouvrages tombent presque toujours d'eux-mêmes et les ouvrages médiocres sont bientôt réduits à leur juste valeur (Marat, Pamphlets, Charlatans mod., 1791, p. 271).La pièce de l'académicien Ponsard est tombée honteusement, tombée comme on tombait autrefois, à plat, classiquement. C'est une élégance de plus (Flaub., Corresp., 1860, pp. 386-387).
4. [En parlant de notions quantifiables (pourcentage, etc.)] Diminuer, baisser (jusqu'à tel ou tel chiffre). Tomber à rien, à zéro. Des souris (...) étaient atteintes de pneumonie dans la proportion de 52 pour 100. Un groupe considérable de ces animaux reçut une alimentation plus variée. La mortalité par pneumonie tomba à 32 pour 100 (Carrel, L'Homme, 1935, p. 248).
B. − Se retrouver dans tel ou tel état physique ou moral, sous tel ou tel aspect.
1. Tomber + attribut.[En parlant de pers.]
a) Tomber d'accord. ,,Convenir que`` (Ac. 1878).
b) Tomber enceinte (pop.). Nous savions toutes les deux [ma mère et moi] à quoi nous en tenir: elle sur mon désir de plaire aux garçons, moi, sur sa hantise qu'il « m'arrive un malheur », c'est-à-dire coucher avec n'importe qui et tomber enceinte (A. Ernaux, Une Femme, 1987, p. 61).
c) Tomber amoureux*. Région. (Québec). Tomber en amour. J'avais eu le malheur de te rencontrer (...) puis de tomber en amour avec toi (M. Tremblay, Trois petits tours, 1971, p. 37 ds Richesses Québec 1982, p. 2310).
d) Passer brusquement d'un état physique normal à un état déficient (sans qu'intervienne une notion de chute ou d'affaissement). Tomber paralysé. Région. Tomber fou. Il y avait de quoi tomber fou. Il l'avait prise par les poignets comme il lui arrivait naguère, l'avait secouée rudement, malgré lui (Genevoix, Raboliot, 1925, p. 295).Pop. Tomber pâle. S'évanouir. Les autres dix enflures avant moi, je commençais à les comprendre. Ils avaient dû tomber pâles... Des articles comme ça d'épouvante y en avait plus dans le commerce (Céline, Mort à crédit, 1936, p. 194).
Tomber malade*. Au fig., arg. des voleurs. ,,Être arrêté`` (Michel 1856, Larch. 1880, Delvau 1883).
2. Tomber en + subst.
a) [En parlant d'animés]
α) [Le subst. définit l'état, la position dans laquelle on se retrouve, avec une idée de fixité] Tomber en extase*. Tomber en garde. V. garde1I )A 1 b.
VÉN. Tomber en arrêt. [En parlant d'un chien] Se figer brusquement dans une certaine position. Quand on est forcé de porter son chien à la chasse, disait le vieux garde Froelig, cela va mal; les vrais chiens de chasse y vont tout seuls, (...) ils ne tombent jamais en arrêt devant une motte de terre comme devant un lièvre (Erckm.-Chatr., Ami Fritz, 1864, p. 57).
P. anal. [En parlant de pers.] V. arrêt I A 1 a au fig.Tomber en défaut. [En parlant d'un chien] Perdre la piste du gibier. (Dict. xixeet xxes.).
β) [Le subst. définit l'état physique ou psychique dans lequel se retrouve la pers.] Tomber en épilepsie, en faiblesse, en langueur, en neurasthénie, en pâmoison. Au coup de pistolet le vieillard tombe en défaillance (La Marteliere, Robert, 1793, v, 4, p. 63).Madame, quand parut son noble misanthrope Eut tout juste le temps de tomber en syncope, Comme une Sémélé devant son Jupiter. Le raide commandeur demanda de l'éther (Banville, Cariat., 1842, p. 58).
b) [En parlant d'inanimés concr.; le subst. définit l'aspect sous lequel se retrouve la chose, avec une idée d'affaissement, d'écroulement ou de désagrégation] Tomber en poussière*. Tomber en déliquescence*. Tomber en loques. V. loque1.Tomber en ruine*.
c) Au fig. [Dans des expr.] Tomber en quenouille*.
Spécialement
DR. Tomber en faillite. Se retrouver dans la situation de ne plus pouvoir payer ses créanciers. L'acheteur est tombé en faillite ou en état de déconfiture, en sorte que le vendeur se trouve en danger imminent de perdre le prix (Code civil, 1804, art. 1613, p. 297).Le sculpteur Mahoudeau avait loué, à quelques pas du boulevard, la boutique d'une fruitière tombée en faillite (Zola, L'Œuvre, 1886, p. 67).Tomber en déconfiture*. Tomber en désuétude*.
INFORMAT. Tomber en halte. Dans un ordinateur, explique-t-elle [une « spécialiste système »], il y a une mémoire centrale. C'est le programme qui dicte à la machine les opérations à accomplir. Si le programme « tombe en halte » (s'arrête), l'utilisateur du terminal ne peut plus rien saisir au clavier. Celui-ci se bloque automatiquement (Cosmopolitan, mars 1985, p. 178, col. 2).
3. Tomber dans + subst. (définissant l'état physique, matériel ou moral dans lequel se retrouve une pers.).Elle tombait dans une de ces songeries qui vous emmènent loin de tout (Pourrat, Gaspard, 1931, p. 104).Nous ne tomberons pas dans des rêves d'avenir (Nizan, Chiens garde, 1932, p. 237).
[Avec une connotation nég.] Tomber dans l'indigence, le désespoir, la débine (pop.), la disgrâce, le discrédit, un écueil. Elle, si rieuse et si vive, tombait parfois dans des accès de taciturnité profonde, et rien ne pouvait la tirer de cet abattement (Reybaud, J. Paturot, 1842, p. 443).Le malade imaginaire se découvre toujours quelque petit mal (...). Mais nous avons des malheureux imaginaires, qui réussissent encore bien mieux à tomber dans la mélancolie (Alain, Propos, 1913, p. 149).Arg., vx. Tomber dans le malheur. ,,Venir au bagne`` (Delvau Suppl. 1883).
Locutions
Pop., fam. Tomber dans les pommes. V. pomme A 2.
Tomber dans le troisième dessous (fam.). ,,Tomber dans une misère extrême`` (France 1907).
Rem. Rob. note le sens « échouer entièrement dans un rôle » ainsi que Lar. encyclop. qui en fait le sens premier et « tomber dans la misère » le sens p. ext., en donnant aussi la var. usuelle tomber dans le trente-sixième dessous.
Tomber dans le sens, dans le sentiment de qqn. Être du même avis que quelqu'un, se rendre à son avis. (Dict. xixes.).
4. Tomber de... en, de... dans.Passer d'un état à un autre et, plus partic., d'une situation négative à une autre souvent pire. Tomber d'horreur en horreur, d'un excès dans l'autre, d'un préjugé dans un autre, de la réalité dans le néant. Un enchaînement de forces mystérieuses s'empare de vous. Vous vous débattez en vain. Plus de secours humain possible. Vous allez tomber d'engrenage en engrenage, d'angoisse en angoisse, de torture en torture (Hugo, Misér., t. 1, 1862, p. 846).Les conservateurs ne se trompent point lorsqu'ils voient (...) dans le particularisme corporatif des moyens propres à éviter la révolution marxiste; mais d'un danger ils tombent dans un autre et ils s'exposent à être dévorés par le socialisme parlementaire (Sorel, Réflex. violence, 1908, p. 116).
Expr. Tomber de Charybde en Scylla. [P. allus. aux deux dangers marins voisins: les navires n'échappaient au gouffre Charybde que pour retomber sur l'écueil Scylla] En voulant éviter un mal, se retrouver dans un autre; quitter une situation défavorable pour se retrouver dans une situation aussi, sinon plus catastrophique. On sommait le gouvernement de prévenir l'Allemagne au lieu de se laisser prévenir par elle, et, sans se soucier le moins du monde de savoir (...) si l'essai ne ferait pas tomber (...) de Charybde en Scylla (...), on pressait M. Jules Cambon et M. Joseph Caillaux d'arrêter des plans à l'avance (Maurras, Kiel et Tanger, 1914, p. liv).Tomber de mal en pis. (Dict. xixeet xxes.). Tomber de fièvre en chaud mal. Tomber d'un état fâcheux dans un état pire encore (Dict. xixeet xxes.). Tomber de la poêle en la braise (arg., pop.). ,,N'éviter un petit ennui que pour tomber dans un plus grand; n'avoir pas de chance`` (Delvau 1883).
5. Se retrouver sous l'influence, la domination ou le pouvoir de quelqu'un ou de quelque chose.
a) [En parlant de pers.]
Tomber aux/entre les mains de qqn (en la possession de quelqu'un), tomber aux mains de qqn (au pouvoir de quelqu'un), tomber en bonnes mains, en mains sûres (sous la responsabilité de quelqu'un). V. main 1reSection I D 2, 3 et 4.
Tomber entre les pattes de qqn. V. patte1B.
Tomber sous le coup (de la loi). S'exposer à la sanction (de la loi). Pellieux, (...) Boisdeffre, (...) Billot, ayant porté le plus grave préjudice à la France par des révélations de pièces secrètes, d'ailleurs fausses, tombent directement sous le coup de la loi (Clemenceau, Vers réparation, 1899, p. 194).Je nie tomber sous le coup de l'article 330 qui prévoit et punit le délit d'outrage public à la pudeur (Courteline, Article 330, 1900, p. 265).P. ext. Tomber sous le coup de qqn/de qqc. S'exposer à la menace de quelqu'un, de quelque chose qui détient un pouvoir:
6. ... si le capitalisme s'organisait, s'il parvenait par de vastes trusts à régler la production, il ne pourrait la régler qu'à son profit; il abuserait de cette puissance d'unité pour imposer à la communauté des acheteurs des prix d'usure; et les travailleurs n'échapperaient aux conséquences du désordre économique que pour tomber sous le coup du monopole. Jaurès, Ét. soc., 1901, p. 129.
b) [En parlant d'inanimés concr.]
[En parlant de biens] Tomber dans les mains de. Arriver dans les mains de quelqu'un (qui a le pouvoir, l'argent). Dîner chez la princesse. On parlait de la désolation, au temps jadis, du bonhomme Sauvageot, se lamentant et se désolant sur l'avenir de tous ses trésors, ramassés avec tant de goût et destinés à tomber dans les stupides mains d'un Rothschild ou d'un Seillière (Goncourt, Journal, 1865, p. 123).
[En parlant d'une ville] Se retrouver sous la domination de quelqu'un qui la conquiert. Constantinople tombe sous le joug des Turcs (Chateaubr., Génie, t. 2, 1803, p. 532).Caen, Argentan, Falaise, Alençon, Bayeux, tombèrent au pouvoir des Anglais (Barante, Hist. ducs Bourg., t. 4, 1821-24, p. 140).
c) [En parlant de pers. ou de concepts] Tomber sous la coupe de qqn/qqc. Se retrouver sous la dépendance, la domination ou l'influence de quelqu'un/quelque chose. La reconstruction, c'est très joli: mais pas par n'importe quel moyen. Ils acceptent l'aide américaine; un de ces jours, ils s'en mordront les doigts: de fil en aiguille la France va tomber sous la coupe de l'Amérique (Beauvoir, Mandarins, 1954, p. 111).
III. − [Souvent avec une idée de hasard] Arriver, survenir, se présenter, se retrouver quelque part.
A. − [En parlant de pers.]
1. Tomber dans
a) Arriver, se retrouver inopinément quelque part. Nous tombons dans cette forêt, où chaque arbre semble un modèle entouré d'un cercle de boîtes à couleurs (Goncourt, Journal, 1852, p. 78).
b) MAR. Tomber dans une armée, une flotte, un convoi. ,,S'en trouver inopinément auprès, pendant la nuit ou par temps de brume`` (Bonn.-Paris 1859).
2. Tomber sur.Se trouver subitement en contact avec quelqu'un ou quelque chose. Synon. rencontrer.
a) [Avec qqn] Elle risque de tomber sur un brave homme sincère et naïf et de lui faire énormément de peine (Guitry, Veilleur, 1911, ii, p. 10).« Je vais descendre à la station du Zoo », se dit-il. « C'est dans l'ouest que je risque le moins de tomber sur d'anciennes relations » (Martin du G., Thib., Été 14, 1936, p. 416).
b) [Avec qqc.] [Concernant un lieu] On circule indéfiniment à travers un réseau d'étroites ruelles pour tomber, de loin en loin, sur des petites places solitaires où l'herbe croît en toute saison (Barrès, Greco, 1911, p. 79).[Concernant un document écrit] Il prit ce prétendu livre arabe, espèce de roman fait par un médecin du siècle précédent, et tomba sur une page où il s'agissait de parfums (Balzac, C. Birotteau, 1837, p. 44).Je lisais, l'autre jour, un journal visigoth, (...) Quand mes yeux tout à coup tombèrent, par hasard, Sur trois ou quatre lignes (Ponchon, Muse cabaret, 1920, p. 222).
c) Loc. pop., fam. Tomber sur un bec* de gaz et, p. ell., usuel, tomber sur un bec. Rencontrer une difficulté imprévue. Moi je te dis qu'on est foutus! (...) si on veut reprendre l'offensive, on tombera sur un bec! (Martin du G., Thib., Été 14, 1936, p. 737).Tomber sur un manche. V. manche1A 2.Tomber sur un os. V. os1D 3.
3. Arg., vieilli
a) Tomber en figure. ,,Se trouver face à face avec un individu qu'on cherche à éviter, ennemi ou créancier`` (Delvau 1883). Tomber en frime. ,,Se rencontrer face à face`` (France 1907).
b) Arg. de théâtre. ,,Entrer en scène`` (France 1907).
B. − [En parlant d'inanimés]
1. Se présenter subitement en grand nombre. Je me décide à rendre une nouvelle visite au « vieux professeur». (...) C'est l'époque des examens, des copies, des mémoires qui tombent de tous les côtés (R. Jean, La Lectrice, 1989 [1986], p. 34).
2. [En parlant d'un événement, d'une fête] Coïncider avec telle date ou tel moment. Je voulais faire un cadeau magnifique à Catherine pour le jour de sa fête, qui tombait le 18 décembre (Erckm.-Chatr., Conscrit 1813, 1864, p. 10).Des hommes en maillot rayé installaient un manège et des balançoires pour la fête de Sérianne qui tombait le jour des élections (Aragon, Beaux quart., 1936, p. 133).
3. Tomber sur
a) [Le compl. désigne une pers.] Atteindre quelqu'un par hasard (en bonne comme en mauvaise part). Et sur qui, je vous prie, doit tomber le choix? Il est, dit-on, arrêté d'avance; Mirabeau l'aîné doit remplacer Necker (Marat, Pamphlets, Infernal projet des ennemis de la Révol., 1790, p. 198).Imagine (...) tout cet argent qui est là devant toi, et que t'as vraiment pas envie de perdre, tout ce que tu ferais pour que la bonne carte t'arrive... Et tu attends, et tu sais que tu risques de tout paumer, alors tu pries pour que la chance tombe sur toi (C. Breillat, Police, 1985, p. 142).
b) [En parlant d'une conversation; le compl. désigne une pers. ou une chose] Arriver sur tel ou tel sujet. Le gros homme s'était trouvé à une des réceptions de sa belle-sœur, où la conversation tomba sur le cœur et l'esprit, la jeunesse et la vieillesse (Duranty, Malh. H. Gérard, 1860, p. 36).Laissez trois hommes ensemble après le dîner, vous pouvez être sûr que la conversation tombera sur les femmes, et que ce sera le plus vieux qui commencera (Dumas fils, Ami femmes, 1864, ii, 1, p. 93).
c) Arg. Tomber sur un coup de poing. ,,Recevoir un coup de poing sur le visage et mettre les avaries qui en résultent sur le compte d'une chute`` (Delvau 1883).
4. [Dans des expr.] Être mis par hasard à la disposition de quelqu'un.
Tomber sous les yeux de qqn. Le nom de la Fée aux Miettes, qui se retrouvait, je ne sais pourquoi, dans tous mes certificats, ne tombait jamais sous les yeux de personne sans m'attirer des marques particulières de bienveillance (Nodier, Fée Miettes, 1831, p. 98).
Tomber sous/entre les mains de qqn. Les enfants ont un goût tout particulier pour découper les gravures qui tombent entre leurs mains (M. de Guérin, Journal, 1833, p. 146).Parmi les penseurs qui me tombèrent alors sous la main, il en est un, monsieur, dont l'impression sur moi fut bien vive. On le nomme M. Pierre Biret (Reybaud, J. Paturot, 1842, p. 137).
Expr. fig. Qqc. tombe dans l'esprit. Arriver tout à coup à l'esprit. (Dict. xixes.).
5. [Qqf. avec une nuance laud.] Arriver par hasard, comme venant du ciel. Être amoureux, être fou (...), j'ai toutes ces joies! Cet être mystérieux Qu'on appelle une grisette M'est tombé du haut des cieux (Hugo, Chans. rues et bois, 1865, p. 42).Tant d'extravagances (...) formèrent à cette époque, le tissu de toutes ses journées; et il parut lui tomber de la lune, les idées les plus bigarrées (Bourges, Crépusc. dieux, 1884, p. 264).
Tomber aux pieds de. Arriver en bonne part. Un jour, c'est la chance qui tombe aux pieds de Béatrice: des photos pour un journal, le rôle principal de 37,2 (P. Besson, Salade russe, 1987, p. 54).
Loc. fig. Tomber du ciel*. Tomber des nues. V. nue B 2 b.
Loc. Les alouettes ne leur tomberont pas toutes rôties dans le bec*. Var. Si vous devez toujours circuler dans Paris le nez en l'air, avec l'espoir que les perdreaux tomberont tout rôtis, n, i, ni, c'est fini (Reybaud, J. Paturot, 1842, p. 23).La grande salle s'emplit (...) de ces fils à papa besogneux qui attendent du ciel parisien que les situations leur tombent toutes rôties dans la bouche (Fargue, Piéton Paris, 1939, p. 59).
C. − [En parlant de pers. ou d'inanimés] Arriver de telle ou telle façon, de manière favorable ou non.
Tomber pile. Arriver bien, à bon escient. V. pile3ex. de Giono.Tomber à pic. V. pic3II A 2.
Tomber à merveille, à point, à point nommé. Arriver quand il faut. Je voudrais savoir le nombre des condamnés, leurs noms et le genre de leur supplice.Cela tombe à merveille (...)! On vient justement de m'apporter (...) les noms des condamnés, la cause de leur condamnation et le mode de leur supplice (Dumas père, Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 487).J'étais tombé à point pour distraire notre patron pendant les repas (Céline, Voyage, 1932, p. 512).Quand parut l'Étranger d'Albert Camus, on put croire à bon droit qu'il comblerait tous les espoirs: comme toute œuvre de réelle valeur, il tombait à point nommé; il répondait à notre attente; il cristallisait les velléités en suspens (Sarraute, Ère soupçon, 1956, p. 15).
Tomber à plat. V. plat1II B 1 c β au fig. et supra ex. 7.
Tomber bien, bien tomber; tomber mal, mal tomber. Il avait alors trente-cinq ans, il n'avait pas pris femme encore, par prudence et circonspection et crainte aussi de mal tomber (Ramuz, A. Pache, 1911, p. 19).Ça tombait pas mal cette période d'inactivité, puisque j'avais plus de fringues du tout... et qu'il fallait bien qu'on me resape avant que je reprenne mes démarches (Céline, Mort à crédit, 1936, p. 339).
Tomber juste. Ce qui n'est pas généreux, c'est de rejeter mon amour, après m'avoir laissé croire que vous m'aimiez. Si peu délicat que fût ce reproche, il tombait juste et ne laissait pas d'embarrasser la jeune femme (Theuriet, Mais. deux barbeaux, 1879, p. 117). − (...) Faut dire que c'est une drôle de coïncidence.Alors je suis tombée juste? demanda Léonie.Vous avez mis dans le mille, répondit Mouilleminche. Moi, je m'appelle Robert, et mon frangin c'était bien le chanteur (Queneau, Pierrot, 1942, p. 40).
Tomber à faux. Arriver d'une manière maladroite, anormale. Quand bien même mon avis tomberait à faux (Becque, Corbeaux, 1882, ii, 1, p. 103).
Tomber à échéance. Arriver à terme. Le facteur ne monte plus. Sauf, parfois, à la fin du mois, quand les billets qu'on a souscrits chez le notaire tombent à échéance (Giono, Colline, 1929, p. 16).
Tomber en plein dans qqc. Se retrouver au beau milieu de quelque chose. Tomber en plein dans une conversation. Ils tombaient en pleine manifestation: une colonne de jeunes patriotes, brandissant des drapeaux et gueulant la Marseillaise, dévalait du boulevard Poissonnière (Martin du G., Thib., Été 14, 1936, p. 554).
IMPR. Tomber mal. Avoir un registre et un repérage défectueux à l'impression, la mise en page présentant divers défauts tels que: titre en base de page, ligne creuse en début de page, etc. (Dict. xxes.). Tomber en registre; tomber ligne sur ligne. Faire se superposer exactement, ligne à ligne, les pages recto et verso. (Ds Frey Typogr. 1857; dict. xxes.). Tomber sur corps. ,,C'est dans un tableau, prendre sa justification de manière que les colonnes tombent toutes sur 12 ou des fractions de 12, divisibles par 8, 6, 4 ou 2. Quant au tableau lui-même, il doit toujours tomber sur 6 ou sur 12 et jamais sur des fractions, sauf dans des cas tout à fait exceptionnels, où l'on est obligé de tricher`` (Des.-Muller Impr. 1912).
2eSection. Empl. trans.
I. − Tomber qqn
A. − SPORTS (lutte). Vaincre un adversaire en lui faisant toucher le sol avec les deux épaules pendant un temps déterminé. Le roi des arènes avait devant lui le premier du genre, un farceur pétri de ruses, aussi robuste qu'agile, et que sa gibbosité prodigieuse rendait presque insaisissable. Il fallait cependant le prendre et le tomber réglementairement, ou s'exposer aux moqueries lancinantes de la foule, qui grommelait encore sur les gradins (Cladel, Ompdrailles, 1879, p. 226).[Autres sports] Battre l'adversaire. L. (confirme) sa grande valeur en « tombant » B [au tennis] (Encyclop. des Sports, 1924ds Petiot 1982).
Arg. Tomber un mec. Le battre, le mettre à terre. (Ds Sandry-Carr. Lutte 1963).
B. − Pop. Séduire. Voilà-t-il pas que je tombe une rombière de la haute (Queneau, Zazie, 1959, p. 212).Lorsqu'il s'agissait de tomber les filles, l'écrivain arrivait en bonne position (...) après (...) les acteurs de cinéma (Ph. Djian, Maudit manège, 1988 [1986], p. 146).
Tomber les cœurs. Je pourrais t'en dire, des choses, mais cela ne changerait rien à ta nostalgie de ne pas être d'emblée le personnage-vedette, un riche, un qui tombe tous les cœurs, un qui fait rêver (O. Alberti, La Dévorade, 1985, p. 183).
Empl. abs. Je tombais déjà comme un malade. C'était une période de polygamie frénétique (L'Est Républicain, Magazine dimanche, 9 avr. 1989, p. 13, col. 2).
II. − Vx. Tomber qqc.
A. − Provoquer la chute de quelque chose. Il lui revenait peu à peu cette finesse de sens qui percevait les plus légers émois de sa ferme; ce qui lui faisait dire en entrant du labour: «Vous avez tombé les seaux dans le puits», parce qu'il ne voyait pas pendu au clou habituel le crochet qui servait à les retirer (Giono, Naissance de l'Odyssée, 1938, p. 162).
B. − En partic. Tomber un vêtement. Oter un vêtement. [Pour montrer qu'on va se mettre à faire un travail ou lorsqu'il fait chaud] Tomber la veste. Salarnier tomba la veste et aida son adjoint à ramasser les feuillets épars (T. Jonquet, Le Manoir des immortelles, 1986, p. 59).
C. − Au fig. Tomber le masque. Ôter ce qui cache le vrai visage, les vraies pensées; se montrer sous son vrai jour. (Dict. xxes.).
Prononc. et Orth.: [tɔ ̃be], (il) tombe [tɔ ̃:b]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1reSection. Intrans. I. ca 1165 « danser, sauter, faire la culbute » (Troie, éd. L. Constans, 14713: e bale e tresche e tombe e saut). II. A. En parlant d'êtres animés 1. être entraîné vers le bas par perte d'équilibre a) 1170-83 tumber « faire une chute » (Wace, Rou, éd. A. J. Holden, III, 8087); b) faire une chute d'une certaine manière fin xiiie-déb. xvies. (De l'ermite qui se desespera ds Méon, Nouv. rec. de fabliaux, t. 2, p. 213: il tomba la teste avant); 1498-1515 tomber à la renverse (Gringore, La Vie Monseigneur Sainct Loys ds Œuvres compl., éd. Ch. d'Héricault et A. de Montaiglon, t. 2, p. 113: Mort est tumbé à la renverse); 1477 tomber de son haut (Passion d'Auvergne, éd. G. A. Runnalls, 2353: ne tumbe de son hault); 1630 (Chapelain, Trad. de Guzman d'Alfarache, III, p. 334 ds Livet Molière t. 3, p. 700: que je ne me laissasse tomber de mon haut); 1564 tomber de haut (Thierry: tomber de hault); 1643 fig. (Corneille, Menteur, vers 352: je tombe de bien haut); 1625 tomber des nues « être pris au dépourvu par une situation nouvelle » (J. P. Camus, Palombe, p. 299: il semble [...] estre tombé des nuës); 1640 (Oudin Curiositez: comme s'il estoit tombé des nuës .i. fort estonné Item, sans aucune connois-sance de personne); 1866 expr. (Amiel, Journal, p. 133: aussi penche-t-il du côté où son père est tombé); 1872 expr. tomber du côté où l'on penche (Littré); c) α) 1541 se laisser tomber (Amadis, 2el., chap. XI ds Gdf. Compl., s.v. alt); 1726 (Lesage, Diable boiteux ds Romanciers du XVIIIes., éd. Étiemble, t. 1, p. 283: se laisse tomber dans un fauteuil); β) 1559 « ne plus avoir la force de se tenir debout » (Ronsard, Œuvres compl., éd. P. Laumonier, t. 9, p. 37, 138: la mere qui pleure et de tristesse tombe); 1610 (Urfé, Astrée, éd. H. Vaganay, t. 2, p. 258: il estoit tombé de foiblesse); 1718 (Ac.: tomber d'inanition); 1767 (Diderot, Lettres à Sophie Volland, éd. A. Babelon, t. 2, p. 140: elle tombait de sommeil); 1753 (J. L. Fougeret de Monbron, Le Cosmopolite, p. 20: tombent accablés de fatigue); 1785 (Marat, Éloge de Montesquieu, éd. A. de Brezetz, 1883, p. 14: ils tombent de fatigue); γ) 1656 les bras tombent (à qqn) (J. Chapelain, La Pucelle, p. 488: le bras tombe à la Sainte); 1669 (La Fontaine, Psyché ds Œuvres, éd. H. Régnier, t. 8, p. 218: les bras lui tombèrent [par abattement]); 1740 (Marivaux, L'Épreuve, éd. F. Deloffre, p. 518: les bras m'en tombont [sic] [d'étonnement]); d) 1556 « entrer en contact avec le sol par une partie du corps » (Ronsard, op. cit., t. 8, p. 288, 636: les uns dessus le front [...] tumberont); 1794 tomber sur le dos et se casser le nez (Chamfort, Caract. et anecd., p. 178); 1880 tomber sur le derrière (d'étonnement) (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Dimanches bourg. Paris, p. 305); 1965 tomber sur le cul (Quillet, s.v. cul); 1957 être tombé sur la tête « avoir l'esprit dérangé » (Aymé, Mouche, p. 28); e) 1564 « être blessé ou tué dans un combat » (Indice de tous les mots principaux des livres de la Bible ds FEW t. 13, 2, p. 405b); 1572 (Ronsard, op. cit., t. 16, p. 119, 520: Hector tomba); f) 1569 « prendre volontairement une certaine attitude pour manifester ses sentiments » (Id., Œuvres compl., éd. P. Laumonier, t. 15, p. 214, 20: l'home tombe [...] à ses genoux); 1610 (Urfé, op. cit., p. 373: tomber à ses pieds); 1657 (Desmarets de Saint-Sorlin, Clovis, p. 189: elle tombe à genoux [respect]); 1673 tomber dans les bras de qqn (Racine, Mithridate, V, 4: ce héros dans mes bras est tombé tout san-glant); 1751 (Prévost, Lettres anglaises, éd. 1784, t. 4, p. 514: me faire tomber presque nue dans ses bras); g) 1604 tomber sur « attaquer, assaillir » (Montchrestien, Hector, éd. L. Petit de Julleville, p. 53); 1694 fig. « attaquer quelqu'un en paroles » (Ac.: tomber sur quelqu'un, luy tomber sur le corps); 1872 tomber sur le poil fam. « battre » (Larch., p. 200); 1908 tomber sur le dos (France, J. d'Arc, t. 2, p. 221); h) 1664 « être dépossédé du pouvoir » (Racine, Thébaïde, V, 3: les rois en tombant entraînent leurs flatteurs); i) 1694 « perdre son crédit, sa célébrité » (Ac.: cet homme-là n'a pas esté long-temps en credit, il est bien-tost tombé); j) 1821 arg. « être arrêté (en parlant d'un malfaiteur) » (Ansiaume, Bagne Brest, fo15 vo, § 454); k) 1848 cynégét. tomber en arrêt (Chateaubr., Mém., t. 1, p. 118); 1863 escr. tomber en garde (Gautier, Fracasse, p. 418); 2. changer d'état a) 1456 « avoir une défaillance morale » (Antoine de La Sale, Jehan de Saintré, éd. J. Misrahi et Ch. A. Knudson, p. 40: ne tumber [...] en nul des sept pechiés); 1554 « déchoir moralement » (Ronsard, op. cit., t. 6, p. 121, 18: homme qui [...] soit tombé quand il est haut); b) α) 1456 « se trouver entraîné dans une situation fâcheuse » (Antoine de La Sale, op. cit., p. 277: tumbez a leurs desirs et en leurs las [pièges]); 1539 (Est.: tomber es embusches); 1621 (J. P. Camus, Agathonphile, éd. P. Sage, p. 27: que je ne tombasse dans tant de pieges); β) ca 1485 tomber entre les mains de « devenir le prisonnier de » (Mistère du Viel Testament, éd. J. de Rothschild, 29385: estre tumbé entre noz mains); c) α) 1456 « passer d'un état physique normal à un état déficient » (Antoine de La Sale, op. cit., p. 241: vous tumberez en une grant langueur); ca 1500 (Philippe de Commynes, Mém., éd. J. Calmette, t. 2, p. 128: il en tumba en grand malladie); 1567 (Ronsard, op. cit., t. 14, p. 186, 131: tombe en lethargie); 1580 (Montaigne, Essais, II, 6, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p. 372: ceux qui sont tombez [...] en defaillance de cœur); 1585 (A. Paré, Œuvres complètes, Paris, G. Buon, l. IX, chap. 14, p. 342 ds E. Papin, Le Vocab. méd. au XVIes., thèse, Nancy, 1987: tomber en syncope); 1606 (Nicot, p. 567b, s.v. revenir: tombe en [...] pasmoison); [1889 tomber dans les pommes (s. réf. ds Chautard 1931, p. 234)] 1916 (P. Mac-Orlan, Les Gosses aux Armées ds Le Journal, 28 nov., p. 1f: il ne tombait jamais « dans les pommes »); β) 1586 tomber en enfance (Le Loyer, IIII Livres des Spectres, 1erl., p. 229); d) α) ca 1485 « se trouver brusquement dans une situation périlleuse » (Mistère du Viel Testament, 457-458: En lieu remply d'inffection Sommes tumbez); ca 1500 (Philippe de Commynes, op. cit., p. 87: tumbent en grandes adversitéz); β) 1564 (Rabelais, Cinquième livre, chap. 17 ds Œuvres, éd. Ch. Marty-Laveaux, t. 3, p. 65: si evi-tans Charybde, feussions tombez en Scylle); 1633 (Adrien de Mon-tluc, Comte de Cramail, La Comédie des proverbes ds Anc. Théâtre françois, t. 9, p. 43: tomber de Caribde en Scila); e) 1498-1515 « devenir soudainement » (Gringore, op. cit., p. 116: tumbé est mort soudai-nement); 1534 (Rabelais, Gargantua, chap. 42, éd. R. Calder, p. 248: tomba roidde mort); ca 1500 (Philippe de Commynes, op. cit., p. 304: il tomba malade); 1697 (Regnard, Le Joueur, éd. M. Garnier, p. 210: la belle est tombée amoureuse de moi); 1738 (Marivaux, Fausses confidences, éd. F. Deloffre, p. 373: il est tombé fou); 1899 (Zola, Fécondité, p. 184: elle tomba enceinte); f) 1555 « sombrer dans un état moral plus ou moins pénible » (Ronsard, op. cit., t. 6, p. 264, 62: tomber en desespoir); g) 1579 tomber d'accord (H. Estienne, La Précellence du Langage fr., éd. E. Huguet, p. 37); h) 1937 tomber en panne (Malraux, Espoir, p. 550). B. En parlant de choses 1. être entraîné vers le bas a) 1456 faire tomber (Antoine de La Sale, op. cit., p. 186: faire tumber la haiche); ca 1500 (Philippe de Commynes, op. cit., t. 1, p. 41: fusées [...] qui courent parmy les gens quant elles sont tombées); b) ca 1495 « atteindre le sol (pluie, grêle, neige, etc.) » (André de La Vigne, Le Voyage de Naples, éd. A. Slerca, p. 301: en tumba en si grant habondance [grêle]); 1539 (Est., s.v. pluye: lieu [...] ou tombent les eaux de la pluye); 1881 fam. (Rigaud, Dict. arg. mod., p. 367: ça tombe dur. Il pleut à verse); c) α) ca 1500 « se détacher d'un lieu » (Philippe de Commynes, op. cit., t. 1, p. 168: ung paige auquel il tumba deux doiz de la main [à cause du froid]); β) 1559 tomber de la (des) main(s) de qqn (par ennui, lassitude, dégoût, etc.) (Ronsard, op. cit., t. 10, p. 29, 266: un livre me tomba hors de la main); 1567 (Id., Œuvres compl., éd. P. Laumonier, t. 12, p. 279, 32, var.: feroit [...] Hors des mains des soldats tomber l'espée); 1569 (Id., ibid., t. 15, p. 20, 100: la plume [...] me tombe de la main); d) 1539 « (en parlant des paroles ou du son) parvenir à l'oreille » (Est.: où veulent tomber toutes ces belles parolles); 1808 (Hautel: cela n'est pas tombé dans l'oreille d'un sourd); e) 1564 « se déta-cher de quelque chose (en parlant de ce qui pousse) » (Ronsard, op. cit., t. 12, p. 91, 77: les fueilles des bois qui tombent); 1574 (Garnier, Cornélie, éd. W. Foerster, 1905-1906: nos cheveux [...] tombent de nostre chef); f) 1569 « se répandre comme venant d'en haut » (Ronsard, op. cit., t. 15, p. 249, 361: Jason qui vit la nuit estre tombée); g) 1885 « arriver brusquement » (Zola, Germinal, p. 1303: des dépêches tombaient sur son bureau [du directeur]); 1964 (Rob.: un télégramme vient de tomber); 1974 (Le Point, 8 avr. ds Gilb. 1980: le « flash » tombe [...] sur les téléscripteurs); h) 1964 « paraître » (Rob.: le journal tombe à cinq heures); 2. tendre vers le bas a) ca 1516-17 « être pendant » (Le Grand voyage de Sainte-Caquette, 272 ds Rec. de farces, éd. A. Tissier, t. 2, p. 57: mes cheveulx me tumbent au front); 1542 (Rabelais, Pantagruel, chap. 1, éd. V. L. Saulnier, p. 12, 56, var.: les couilles de Lorraine [...] tombent au fond des chausses); b) α) 1538 « se diriger vers, en suivant une pente » ([Est.] ds FEW t. 13, 2, p. 404b); 1539 (Est.: ce fleuve la tombe au Rhein); β) 1655 « aboutir à, déboucher dans » (Cyrano de Bergerac, Les Estats et empires de la lune, éd. F. Lachèvre, p. 84: la rue qui tombe vis à vis de nostre maison); c) α) 1584 « pendre (en parlant de vêtements) » (Ronsard, op. cit., t. 11, p. 151, 666, var.: manteaux [...] qui tombent aux talons); β) 1845 « s'adapter harmonieusement aux lignes du corps » (Baudel., Salon, p. 81: les draperies tombent bien); 1867 (Goncourt, Man. Salomon, p. 199: leur châle [...] tombe bien); d) 1606 « pencher, s'incliner » (Nicot, s.v. estay: le mast [...] ne tombe en derriere sur la poupe); e) 1732 « dessiner une ligne qui s'incline plus ou moins fortement » (Lesage, Gil Blas ds Romanciers du XVIIIes., éd. Étiemble, t. 1, p. 593: un nez fort épaté lui tombait sur une moustache rousse); 3. entrer dans une phase de déclin, de décadence a) ca 1500 « s'affaisser, s'écrouler » (Philippe de Commynes, op. cit., t. 1, p. 167: les maisons qui tomboient); 1511 tumber en ruyne (J. Lemaire de Belges, Les Illustrations de Gaule, I, 32, 135 (Droz) ds Quem. DDL t. 40); 1531 tomber en ruine (R. Estienne, Dictionarium, 72 vo, ibid. t. 38: heritage qui tombe en ruyne, qui na point d'heritiers); 1538 tomber en ruine « être en décadence (d'un État) » (Est. ds FEW t. 13, 2, p. 404b); 1580 (Garnier, Antigone, éd. W. Foerster, 474: Thebes tombe en ruïne); 1623 (Garasse, Doctrine curieuse, p. 908: [les Epicuriens] tomberont à pieces et lambeaux); 1631 (Guez de Balzac, Le Prince, p. 377: les Trophées [...] tomberont [...] en pieces); 1764 (Voltaire, Dict. philos., éd. R. Naves, p. 56: cette fable [...] tombe en poussière); b) 1552 « cesser d'être, disparaître » (Ronsard, op. cit., t. 4, p. 46: j'ay veu tomber mon esperance à terre); c) 1559 « faiblir en intensité » (Id., Œuvres compl., éd. P. Laumonier, t. 10, p. 58, 133: la couleur blanche tombe); d) 1579 « cesser toute résistance, se rendre » (Garnier, Troade, éd. W. Foerster, 35: en tombant [Troye]); e) 1575-1606 tomber en quenouille (P. de L'Estoile, Registre-journal du règne de Henri III, éd. M. Lazard et G. Schrenck, t. 1, p. 219: faire tumber le Roiaume en quenouille); 1606 (Nicot, s.v. lance: hoirie [...] estre tombée en quenouille); f) 1623 « perdre de sa force, diminuer (en parlant d'un phénomène naturel) » (Coeffeteau, Hist. romaine, éd. 1646, p. 143: le vent venant à tomber); g) 1669 fig. « diminuer en puissance, en force » (Racine, Britannicus, I, 1: je vois [...] tomber mon crédit); 1829 (Vigny, Journal poète, p. 895: il [le pouvoir] tombe); h) α) 1669 « ne pas réussir, perdre sa vogue » (Racine d'apr. FEW t. 13, 2, p. 405a); 1694 (Ac.: cette piece de theatre est absolument tombée); β) 1738 tomber à plat (Piron, Métromanie, éd. J. Troubat, 1883, p. 241); i) 1674 littér. « se terminer par une chute » (Boileau, Art poét., éd. Ch. H. Boudhors, chant 1, 137, p. 85: les Stances avec grace apprirent à tomber); j) α) 1679 « baisser, descendre (de façon mesurable) » (Retz, Mémoires, éd. A. Feillet, t. 4, p. 119: que le Parlement [...] ne tombe à rien); 1879 tomber à zéro (Verne, 500 millions, p. 203); β) 1720 fin. (Law, Considérations sur le commerce et sur l'argent, La Haye, p. 113: l'argent qui est tombé de sa premiére valeur); 1755 (Montesquieu, Esprit des loix, éd. J. Brethe de La Gressaye, t. 3, p. 147: les rentes [...] tombèrent au denier vingt); k) 1689 fig. « se dégrader jusqu'à présenter tel état, tel aspect » (Bossuet, Explic. de la messe, 25 ds Littré: cela tomberait dans le froid); l) 1762 tomber en désuétude (Ac., s.v. désuétude); m) 1852 fig. tomber dans l'eau « échouer » (Flaub., Corresp., p. 164); 1892 fig. tomber à l'eau (Goncourt, Journal, p. 193); 4. s'abattre sur a) ca 1485 fig. « venir frapper lourdement quelqu'un » (Mistère du Viel Testament, 30825: sur vous en tumbent les resors [= les suites]); b) 1549 « accabler, être une charge pour » (Est. : tout tombera sur toy); 5. laisser tomber a) 1534 « ne plus retenir (une chose) » (Rabelais, Gargantua, chap. 40, p. 241: le laissa tomber en terre); b) 1679 laisser tomber qqn « l'abandonner, le délaisser » (Retz, op. cit., t. 3, p. 142); 1822 laisser tomber qqc. (Delacroix, Journal, p. 5); 1823 (Boiste); c) 1689 « ne pas relever (un propos) » (Mmede Sévigné, Corresp., éd. R. Duchêne, t. 3, p. 572: laissez-les tomber [mes causeries]); 1918 laisser tomber absol. « laisser dire, ne pas s'occuper de » (Dauzat, Arg. guerre, p. 285); d) 1726 laisser tomber un/des regard(s) sur (Lesage, Diable boiteux ds Romanciers du XVIIIes., t. 1, p. 321: laissez tomber vos regards sur l'hôtel); e) 1835 laisser tomber sa voix « en baisser l'intensité » (Ac.). C. Survenir par hasard 1. en parlant de choses a) ca 1485 tomber sur qqn « l'atteindre par hasard » (Mistère du Viel Testament, 29074: sur Saül le sort est tumbé); b) ca 1500 « être mis par hasard à la disposition de quelqu'un » (Philippe de Commynes, op. cit., t. 1, p. 230: [ce récit] tumboyt entre les mains de quelque jeune prince); c) 1539 tomber du ciel (Est.); d) 1549 tomber sous « venir à être perçu par » (Du Bellay, Deffence et illustration de la langue fr., éd. H. Chamard, 1948, p. 150: ce qui tumbe soubz quelque mesure et jugement de l'oreille); 1604 (Montchrestien, Reine d'Escosse, éd. J. D. Crivelli, 1136: ce qui ne peut [...] Tomber aucunement sous l'intellect de l'homme); 1610 tomber sous les sens (Urfé, op. cit., p. 78); 1651 tomber sous le sens (Pascal, Préface sur le traité du vide, éd. L. Lafuma, p. 230b); 1654 tomber sous les yeux (Scudéry, Alaric, p. 169); 1748 tomber sous la dent fig. (Diderot, Les Bijoux indiscrets, éd. H. Bénac, p. 81); 1872 tomber sous la dent (A. Daudet, Tartarin de T., p. 98); e) 1608 « coïncider avec une date, un moment » (Journal Cuenin ds Pierreh.: quand l'exaltation de la Sainte Croix tombe sur le dimanche); 1671 (Pomey: cette feste tombe le Lundy); f) 1647 tomber sur « concerner » (Corneille, Rodogune, préf.: Cléopâtre, sur qui tombe toute l'action tragique); g) 1685 « arriver de façon opportune ou inopportune » (Mmede Sévigné, op. cit., p. 213: je vous conjure de lui faire tomber mes compliments à propos); 1722(Piron, Arlequin-Deucalion, éd. 1883, p. 351: ce procès ne pouvait mieux tomber); 1834 (Dumas père, Angèle, III, 3, p. 164: cela tombe horriblement mal); 2. en parlant de pers. a) α) ca 1500 tomber sur « rencontrer à l'improviste » (Philippe de Commynes, op. cit., t. 2, p. 66: vint le roy tumber sur le duc de Bretaigne); β) 1729 « aboutir exactement à tel ou tel endroit » (L. de Boissy, Babillard, scène 3 ds Littré: je vins tomber au faubourg Saint-Germain); b) α) 1667 « arriver quelque part de façon opportune » (Moliere, Le Sicilien, scène 16: vous ne pouviez jamais mieux tomber que chez moy); 1719 (Legrand, Roi de Cocagne, I, 2 ds Littré: vous êtes bien tombée); 1859 tomber à pic (Reynard ds Le Figaro, 23 avr., p. 3 c); 1953 tomber pile (Giono, Voy. Ital., p. 92); β) 1876 tomber mal « arriver quelque part de façon inopportune » (Lar 19e, citant Scribe , s. réf.: vous ne pouvez pas plus mal tomber); c) α) 1668 tomber du ciel (La Fontaine, Fables, III, 4: Il leur tomba du ciel un Roi tout pacifique); β) 1690 « arriver inopinément » (Fur.: des nepveux [...] qui viennent tomber sur luy); d) 1734 tomber bien « avoir de la chance » (Lenglet du Fresnoy, De l'usage des romans, p. 4: je suis bien tombé); 1812 tomber mal « ne pas avoir de chance » (Jouy, Hermite, t. 3, p. 342); e) 1914 fam. tomber sur un os (arg. des voyous, s. réf. ds Esn., s.v. os); 1918 tomber sur un bec (de gaz) (Dauzat, op. cit., p. 92: tomber sur un bec de gaz; p. 146: tomber sur un bec). 2eSection. Trans. A. ca 1213 « renverser, faire tomber » (Faits des Romains, éd. L. F. Flutre et K. Sneyders de Vogel, p. 598, 24: lors tumba le hiaume). B. 1. 1853 « renverser un adversaire sur le dos » (E. Texier, Le Tableau de Paris, II, 295 ds Klein Vie paris. 1976, p. 229: lutteurs vulgaires feignant de se tomber réciproquement); 2. 1860 « conquérir, séduire (une femme) » (Mémoires de Rigolboche, p. 176: on tombe une brune sans grande peine); 3. a) 1860 « l'emporter sur » (ibid., p. 31: sa danse tombe la mienne); b) 1862 fig. « triompher de » (Augier, Fils Giboyer, p. 48: tomber le philosophe). C. 1929 tomber la veste (Giono, Baumugnes, p. 136). 3eSection. Inf. subst. A. 1205-50 tumber « culbute, cabriole » (Renart, éd. E. Martin, branche XXIII, 1786, t. 2, p. 327: li tumbers si fort li grieve). B. 1. 1509 (?) tomber « chute » (J. Lemaire de Belges, Illustrations de Gaule, éd. J. Stecher, l. 1, chap. 42, t. 1, p. 320: au tomber); 2. 1821 tomber du jour (Lamart., Méditations poét., Philosophie, Paris, Hachette, t. 2, 1915, p. 332); 1840 tomber de la nuit (Brizeux, Marie, p. 75); 3. 1964 lutte « action de tomber un adversaire » (Rob.). Prob. mot de formation expr. fr. (qui semble avoir été à l'orig. un terme de jongleur, cf. le premier sens att. « sauter, danser, faire la culbute »), issu d'un rad. onomat. tumb- évoquant le bruit d'une chute ou d'un saut brusque (FEW t. 13, 2, pp. 403-409). Tomber a concurrencé dès le xves., puis finalement remplacé choir, moins expr. et gêné par les difficultés de sa conjugaison. Fréq. abs. littér.: 22 224. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 31 998, b) 39 494; xxes.: a) 35 340, b) 24 794. Bbg. Quem. DDL t. 5, 10, 16, 20, 38, 40. − Sankoff (G.), Thibault (P.). L'Alternance entre les auxil. avoir et être en fr. parlé à Montréal. Lang. fr. 1977, no34, pp. 99-100. − Vlǎdut-Cunitǎ (A.). Rem. sur qq. verbes de mouvement causatifs roum. et fr. B. de la Soc. roum. de ling. rom. 1974, t. 10, pp. 15-22. − Wüest (J.). Wie weit ist die Wahl der Verbalkonstruktionen semantisch bedingt? Rom. Forsch. 1980, t. 92, pp. 54-57.

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Wiktionnaire

Verbe - français

tomber \tɔ̃.be\ intransitif ou transitif (selon le sens) 1er groupe (voir la conjugaison) Note d’usage : Le verbe tomber se conjugue avec l’auxiliaire être pour former les temps composés de la voix active.

  1. Être entraîné en bas par son poids.
    • Le ciel était nuageux, l’humidité pénétrante. Entre des éclaircies de soleil, des averses tombaient. — (Paul Margueritte et Victor Margueritte, Le Désastre, 86e édition, Plon-Nourrit & Cie, page 255)
    • Les tuiles, soulevées, roulent sur le toit, tombent sur le sol détrempé ; dans la nuit, les pauvres arbres, sous l’effort du vent plus colère, gémissent et craquent. — (Octave Mirbeau, Lettres de ma chaumière : La Tête coupée, A. Laurent, 1886)
    • Par cette matinée glaciale d’octobre, où tombait un mélange de pluie et de neige fondue, les deux enfants, faute de places dans l’intérieur et la rotonde, durent se blottir sous la bâche, derrière le conducteur. — (René Vallery-Radot, La vie de Pasteur, Hachette, 1900, Flammarion, 1941, page 16)
    • La grande forêt des Ardennes est une des plus chargée de mystères. […] L’hiver, lorsque la neige a cessé de tomber depuis quelques jours, lorsque l’armée des sapins noirs immobiles se détache sur le sol blanc, le voyageur solitaire doit se défendre contre un sentiment de crainte, presque d’angoisse. — (Georges Blond, L’Agonie de l’Allemagne 1944-1945, Fayard, 1952, page 130)
    • Compte tenu de la pluie qui était tombée, Misty avait sûrement laissé des dizaines de traces qui nous permettraient de remonter jusqu’à elle si on se grouillait un peu. — (Andrée A. Michaud, Lazy Bird, Québec Amérique, 2009, page 121)
    • (Impersonnel)La pluie se remet à tomber, drue et froide, et la nuit s’approche à grands pas. — (Frédéric Weisgerber, Trois mois de campagne au Maroc : étude géographique de la région parcourue, Paris : Ernest Leroux, 1904, page 28)
  2. (Figuré) Descendre rapidement.
    • Nous atteignons bientôt la région des nuages, et la température tombe si bas, que le froid nous mord horriblement les mains et les pieds. — (Jules Leclercq, La Terre de glace, Féroë, Islande, les geysers, le mont Hékla, Paris : E. Plon & Cie, 1883, page 82)
    • Les rafales d’une violence inouïe, accès de colère de Wottan ou de Thor, tombent des hauteurs en sifflant et soulèvent des tourbillons d’embruns qui sillonnent la mer. — (Jean-Baptiste Charcot, Dans la mer du Groenland, 1928)
    • À de grandes altitudes planaient les frégates et les phaétons, qui tombaient souvent avec une rapidité vertigineuse pour arracher en l’air leur proie aux oiseaux de mer plongeurs. — (Alain Gerbault, À la poursuite du soleil, tome 1 : De New-York à Tahiti, 1929)
    • Mon père était dans le bureau de Rempart Street quand le baromètre est tombé. Il dit que c’était incroyable, terrifiant. — (J. M. G. Le Clézio, Le Chercheur d’or, Gallimard, 1985)
  3. Perdre son équilibre ; être renversé ou abattu.
    • Tomber à terre, par terre ; tomber dans l’eau ; tomber dans un fossé.
    • Tomber de son haut, de toute sa hauteur ; tomber tout à plat, tout de son long.
    • Tomber sur les genoux ; tomber à la renverse.
    • Tomber d’une fenêtre, par la fenêtre.
    • Tomber de cheval.
    • Il tomba percé de coups.
    • Il a failli tomber ; il a voulu courir et il est tombé.
    • Elle releva son enfant qui était tombé.
    • Cet homme est tombé les quatre fers en l’air : Il est tombé à la renverse.
    • La chaise tomba par terre.
    • Tomber aux pieds, aux genoux de quelqu’un : S’y jeter. (Figuré) S’abaisser devant lui aux plus humbles supplications.
  4. Tendre vers le bas, de l’autre côté.
    • La salle des fêtes était habillée pour une grande cérémonie, de somptueux rideaux blancs et pourpres qui tombaient du haut plafond jusqu’au bas des portes et des fenêtres. — (Maboa Bebe, Ewande Amours, peurs, espoir, L’Harmattan Cameroun, 2014, page 7)
    • Sa robe tombe bien.
    • (Figuré) Laisser tomber sur quelqu’un un regard de pitié, de dédain, etc. : Le regarder avec pitié, avec dédain, etc.
  5. (Figuré) Surprendre, être extrêmement surpris de quelque chose, dans les expressions :
    • Tomber de haut.
    • Quand je vois cela, je tombe de mon haut.
    • Les bras m’en tombent, m’en sont tombés : Ma surprise fut si grande que je demeurai comme paralysé.
    • Tomber du ciel : Survenir à l’improviste.
    • Cet homme est tombé du ciel pour nous venir en aide.
    • Ce secours nous est tombé du ciel.
    • Tomber des nues.
  6. Se détacher.
    • Toutes ses dents sont tombées ; ses cheveux tombent.
    • Ce fruit est tombé ; les feuilles commencent à tomber.
    • (Figuré) Mes illusions sont tombées une à une.
    • Faire tomber la tête de quelqu’un : Le décapiter ; sa tête tomba sur l’échafaud.
    • (Figuré) Faire tomber les armes des mains : Fléchir quelqu’un, l’apaiser.
    • Les soumissions de ses ennemis lui firent tomber les armes des mains.
    • (Figuré) Faire tomber la plume des mains : Décourager quelqu’un, le dégoûter d’écrire, faire qu’il s’interrompe tandis qu’il écrit.
    • Cette funeste nouvelle m’a fait tomber la plume des mains.
  7. (Figuré) Se jeter, se précipiter, fondre sur quelqu’un, sur quelque chose, le charger, l’attaquer vigoureusement.
    • Il tomba sur lui avec fureur et le frappa.
    • Ils sont tombés l’un sur l’autre avec impétuosité, à bras raccourcis.
    • Les ennemis, qui étaient en embuscade, tombèrent sur la patrouille.
    • Six vaisseaux de guerre tombèrent tout à coup sur une flotte de navires marchands.
    • (Figuré) Tomber sur quelqu’un : Dire de quelqu’un des choses dures et désobligeantes.
    • Et voilà qu’Eugène passait les soirées entières dans le salon jaune, écoutant religieusement ces grotesques que lui, Aristide, avait si impitoyablement raillés. Quand il sut, par les bavardages de la ville, que son frère donnait des poignées de main à Granoux et en recevait du marquis, il se demanda avec anxiété ce qu’il devait croire. Se serait-il trompé à ce point ? Les légitimistes ou les orléanistes auraient-ils quelque chance de succès ? Cette pensée le terrifia. Il perdit son équilibre, et, comme il arrive souvent, il tomba sur les conservateurs avec plus de rage, pour se venger de son aveuglement. — (Émile Zola, La Fortune des Rougon, G. Charpentier, Paris, 1871, chapitre III ; réédition 1879, page 99)
  8. (Figuré) Découvrir par hasard, fortuitement (toujours suivi de sur).
    • Près de Maidstone, ils tombèrent sur une rangée de onze canons automobiles de construction spéciale, autour desquels des artilleurs affairés surveillaient avec des jumelles une sorte de retranchement qu’on établissait sur la crête de la colline. — (H. G. Wells, La Guerre dans les airs, 1908, traduction d’Henry-D. Davray et B. Kozakiewicz, Mercure de France, Paris, 1910, page 54 de l’édition de 1921)
    • […] à ce moment mes yeux tombèrent sur le baromètre enregistreur qui marquait une chute subite de 1 mm. 8. — (Jean-Baptiste Charcot, Dans la mer du Groenland, 1928)
    • Il y a une grande ironie : on cherche la perle rare et on tombe sur quelqu’un de banal. — (Iegor Gran, Entretien avec Daniel Delattre, papyrologue : « Avec la technologie, on a l’impression de comprimer le temps », dans Charlie hebdo no 1240 du 27 avril 2016, page 15)
  9. Arriver inopinément.
    • Cela m’est tombé sous les yeux : Je l’ai vu par hasard.
    • Tomber bien : Arriver au bon moment, rencontrer heureusement.
    • Vous tombez bien : j’ai justement quelque chose à vous dire.
    • Tomber sur les bras de quelqu’un : Se trouver inopinément à sa charge.
    • Si, en rangeant votre bibliothèque, ce volume vous tombe sous la main, je vous prie de le mettre à part.
  10. Se trouver fortuitement, subitement dans une situation désavantageuse, dans une position fâcheuse.
    • Ce coin de campagne agricole était tombé au pouvoir d’une bande de malandrins que commandait un certain Bill Gore, […] — (H. G. Wells, La Guerre dans les airs, 1908, traduction d’Henry-D. Davray et B. Kozakiewicz, Mercure de France, Paris, 1910, page 428 de l’édition de 1921)
    • Tomber entre les mains des ennemis, au pouvoir de l’ennemi.
    • Tomber dans une embuscade, dans un piège. — Ces navires marchands tombèrent dans une flotte de vaisseaux ennemis.
    • Il tomba au milieu de gens qui lui étaient inconnus.
    • (Figuré) Tomber sous la main de quelqu’un : Se trouver sous sa dépendance, à portée de sa colère, de son ressentiment.
    • S’il tombe jamais sous ma main, il se repentira de m’avoir offensé.
  11. Devenir, en parlant d’un état physique ou moral, le plus souvent fâcheux, où l’on se trouve plus ou moins brusquement.
    • Tomber en défaillance, en démence, en syncope.
    • Tomber en pâmoison, en langueur, en enfance, en léthargie.
    • Tomber dans l’erreur, dans la contradiction, dans le ridicule.
    • Tomber amoureux, enceinte, malade.
    • Tomber du haut mal, avoir une crise d’épilepsie.
    • Tomber de faiblesse, d’inanition : Être dans une extrême faiblesse, être près de se trouver mal, faute de nourriture.
    • Tomber dans la misère, dans le malheur : Devenir pauvre, malheureux.
    • Tomber dans le mépris : Devenir un objet de mépris.
    • Tomber en disgrâce : N’être plus dans les bonnes grâces de quelqu’un, n’avoir plus de part à sa bienveillance, à sa faveur.
    • Faire tomber quelqu’un en confusion : Lui faire éprouver, lui causer une grande confusion.
    • Tomber dans la dévotion : Devenir dévot.
    • Tomber dans l’aveuglement, dans l’endurcissement : Devenir insensible aux vérités de la religion.
  12. (Religion) Pécher.
    • Tomber dans le péché : Commettre une faute, céder au péché.
    • Le juste tombe sept fois le jour.
  13. Dégénérer, descendre, se laisser aller à quelque chose de blâmable.
    • Ce Comté est tombé en décadence sous le règne précédent mais la Reine aujourd’hui régnante accorda la permission en 1747 au Comte Ladislas Vagay Baron de Vis cap de gouverner ce Comté […] — (Jean Hubner, La géographie universelle, où l’on donne une idée abrégée des quatres parties du monde, 1756)
    • Le christianisme est tombé dans l’idolâtrie avec la théorie de la Trinité, l’invocation des saints, la mariolâtrie, et surtout la démonophobie. — (Charles Hacks et Imbert, Le Diable au XIXe siècle, ou les Mystères du Spiritisme, Delhomme et Briguet, 1892, page 216)
    • Cet auteur prétend au sublime et tombe souvent dans le galimatias.
  14. Passer d’un état positif à un état défavorable.
    • Tomber en désuétude.
    • Cela est tombé dans l’oubli.
    • Tomber à rien : se réduire à très peu de chose.
    • Toute sa fortune est tombée à rien.
    • Cette maison est tombée en quenouille : Il n’en reste que des filles.
    • Cette couronne, cette souveraineté tombe en quenouille : Les filles en peuvent hériter au défaut des mâles.
    • Tomber en putréfaction, en pourriture : Pourrir.
    • Tomber en poussière : Se réduire en poussière.
    • Les choses y marchaient de mal en pis, car les salines ne rapportaient presque plus rien, et le pays tombait à une grande misère. — (Émile Zola, La Mort d’Olivier Bécaille, G. Charpentier, 1879)
  15. Déchoir de réputation, de crédit, perdre de sa vogue.
    • Ce livre a eu d’abord quelque succès, mais il est tombé.
    • Cet homme n’a pas été longtemps en crédit, il est bientôt tombé.
    • Ces fabriques, ces manufactures sont tombées.
    • Cette mode commence à tomber.
    • Ces études sont tombées : On les néglige beaucoup aujourd’hui.
    • Son goût pour les tableaux, pour la musique est bien tombé : Il s’est bien affaibli.
  16. Succomber ; périr ; s’anéantir.
    • Toutes les parties idéologiques des traités locarniens sont tombées l’une après l’autre. Et le résidu constitue l’alliance. — (André Géraud, L’assistance mutuelle franco-britannique, dans la revue Politique étrangère, 1937, volume 2, n° 2, page 111)
    • Tomber raide mort, tomber mort : Mourir tout d’un coup en tombant.
    • Il est tombé sur le champ de bataille.
    • On vit ces empires tomber les uns après les autres.
    • Le ministère est tombé : Il a été mis en minorité, il est obligé de quitter le pouvoir.
  17. Ne pas réussir.
    • Cette pièce est tombée à la première représentation.
    • C’est tombé à plat.
  18. (Argot) Être arrêté ou se faire prendre, en parlant d’un acte de délinquance.
    • Cette fois, les douanes ont été mystérieusement informées… A-t-on voulu faire tomber Sofiane Hambli ? — (L’ex-chef des stups lié à un vaste trafic ?, Vosges Matin, 23 mai 2016)
    • Quelques mois plus tard, on lui avait conseillé de prendre sa retraite puisqu'il était persona non grata et comme il avait réussi à faire tomber les ripous, il ne s'était pas fait prier. — (Patrick Florès, Dernier tango à Kaboul, Mon Petit Éditeur, 2014, page 197)
    • Les multirécidivistes sont paranos, ils connaissent le travail de la police et font des contre-observations. À chaque fois qu'ils tombent, ils analysent en détail le dossier judiciaire pour connaître ce qui leur a été fatal, apprenant de leurs maladresses. — (Fabio Benoit, Mauvaise personne, Lausanne & Paris : Éditions Favre, 2019)
  19. Cesser ; discontinuer.
    • Comme le vent tombe, les deux galères voguent à quartier, puis avant tout jusqu’à Sète, où elles entrent à l’aube… et n’en sortent pas de sitôt, […]. — (André Zysberg, Les Galériens : vies et destins de 60 000 forçats sur les galères de France 1680-1748, Éditions du Seuil, 1991, page 361)
    • Les illusions tombent l’une après l’autre, comme les écorces d’un fruit, et le fruit, c’est l’expérience. — (Gérard de Nerval, Les Filles du feu, Sylvie, 1854)
    • Elle soutint presque à elle seule le poids d’une conversation qui menaçait à chaque instant de tomber et de nous laisser béants. — (Eugène Fromentin, Dominique, L. Hachette et Cie, 1863, réédition Gründ, page 181)
    • […] la discussion ne paraissant point épuisée, ils continuèrent, dans le crépuscule qui tombait, à marcher en devisant […] — (Louis Pergaud, La Disparition mystérieuse, dans Les Rustiques, nouvelles villageoises, 1921)
    • Le vent est tombé graduellement pendant la journée du 22. — (Jean-Baptiste Charcot, Dans la mer du Groenland, 1928)'
    • La fièvre est tombée.
    • Le jour tombe : La nuit approche.
    • Il faut laisser tomber cela : Il faut, pour empêcher qu’on n’y fasse attention, paraître n’y pas faire attention soi-même.
    • Laisser tomber la conversation : Ne pas l’entretenir, ne pas l’alimenter.
    • Sa voix tombe : Sa voix faiblit.
    • Il ne faut pas laisser tomber sa voix à la fin des phrases.
    • Cette approche conduit, lorsqu’un amendement est adopté, à faire « tomber » (c’est-à-dire à rendre sans objet) tous les amendements qui portaient sur un élément plus précis au sein de la disposition en discussion. — (Secrétariat général du gouvernement et Conseil d’État, Guide de légistique, 3e version, La Documentation française, 2017, ISBN 978-2-11-145578-8 → lire en ligne)
  20. Se porter sur ; atteindre ; frapper.
    • Le bruit du bombardement au-dessus de l’abri devient formidable. Les obus tombent sur la Chancellerie avec une précision inquiétante. — (Georges Blond, L’Agonie de l’Allemagne 1944-1945, Fayard, 1952, page 319)
    • Pourquoi faut-il que ce genre de situation chiante et délicate tombe sur moi ? — (Katell Curcio, Lorsque le bandeau tombe…, éditions Librinova, 2017)
    • Les coups tombaient sur lui.
    • Le soupçon tomba sur lui.
    • Il cherchait à faire tomber les soupçons sur cette personne.
    • Un grand malheur est tombé sur elle.
    • Sa colère tomba sur ceux qui l’entouraient.
    • Faire tomber la conversation sur quelque sujet : L’y amener.
    • L’entretien tomba sur un tel.
  21. Échoir.
    • Cette terre est tombée en partage au cadet.
    • Cela est tombé dans son lot.
    • Cela est tombé en de bonnes mains, en bonnes mains.
    • Cet ouvrage est tombé dans le domaine public : Il a cessé d’être une propriété privée.
    • Ce document, cet écrit est tombé entre mes mains, le hasard l’a fait tomber entre mes mains : C’est à une circonstance fortuite que je dois la possession, la connaissance de ce document, de cet écrit.
    • Il m’est tombé entre les mains une pièce fort curieuse.
    • Les biens de cette maison sont tombés dans telle autre par un mariage : Ils y sont passés.
    • Le sort tomba sur lui : Ce fut lui que le sort désigna.
  22. Joindre, coïncider, aboutir, tant au sens physique qu’au sens moral.
    • Ce chemin tombe dans tel autre, cette rivière tombe dans telle autre.
    • La rue Saint-Benoît tombe dans la rue Jacob.
  23. (Familier) Avoir lieu, se dérouler.
    • Cette fête tombe un jeudi.
    • Faire tomber les pages les unes sur les autres en imprimant : Faire que les pages imprimées sur l’un des côtés d’une feuille répondent exactement à celles qui sont imprimées sur l’autre côté.
  24. (Impersonnel) (Moins courant) (Courant) Utilisé pour donner une menace de correction, de châtiment.
    • Séli : Et vous, c’est pas parce que vous êtes reine que ça peut pas tomber aussi ! — (Alexandre Astier, Kaamelott, Livre I, épisode Dîner dansant)
    • Zehirmann : Trichelieu, ça va tomber ! — (JBX, Reflets d’Acide, épisode Le Mont Mucus)
  25. (Populaire) (Transitif) Ôter ; enlever.
    • Alors qu’il fait encore lui-même l’objet de contrôles d’identité réguliers lorsqu’il tombe l’uniforme, Ali, policier en banlieue et natif d’un quartier, est bien placé pour comprendre le ressenti des jeunes. — (Camille Bordenet, Le difficile dialogue sur les contrôles policiers : « J’ai vite capté qu’il fallait que j’aie le moins de contact possible avec le bleu-blanc-rouge », Le Monde. Mis en ligne le 26 juin 2020)
    • Les habitants de la capitale qui le souhaitent peuvent ainsi signaler des cas de femmes tombant leur voile en voiture, ou de personnes organisant des « soirées dansantes mixtes », ou encore ceux qui « publient du contenu immoral sur Instagram », a ajouté M. Hajmohammadi. — (Le Monde avec AFP, A Téhéran, la police ferme des centaines de restaurants « portant atteinte à la morale islamique », Le Monde. Mis en ligne le 9 juin 2019)
    • Je n’ai pas le temps de continuer mon laïus : H. tombe le froc et je me retrouve à bouffer de la tarte aux poils, tandis qu’elle m’agace le gland du bout de la langue. — (Jérôme Fansten, L’amour viendra, petite !, Flamant Noir Éditions, 2014, page 114)
  26. (Sport) Vaincre, l’emporter sur quelqu’un.
    • Il fallait cependant le prendre et le tomber réglementairement, ou s’exposer aux moqueries lancinantes de la foule, qui grommelait encore sur les gradins.
  27. (Familier) (Transitif) Séduire.
    • Tomber une fille.
    • Il n’était pas comme Miles le dandy, qui tombait toutes les poules, ou Bird le génie qui laissait derrière lui une traînée de bouches béantes et de regards humides. — (Laurent de Wilde, Monk, 1996, collection Folio, page 131)
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

TOMBER. v. intr.
Perdre son équilibre, être renversé, abattu. Tomber lourdement. Tomber à la renverse. Tomber de son haut, de toute sa hauteur. Tomber sur les genoux. Tomber à terre, par terre. Tomber dans l'eau. Tomber tout à plat, tout de son long. Tomber d'une fenêtre, par la fenêtre. Tomber de cheval. Tomber dans un fossé. Il tomba percé de coups. Il a failli tomber. Il a voulu courir et il est tombé. Elle releva son enfant qui était tombé. Tomber raide mort, tomber mort, Mourir tout d'un coup en tombant. Tomber aux pieds, aux genoux de quelqu'un, S'y jeter. Il signifie, au figuré, S'abaisser devant lui aux plus humbles supplications. Fig., Tomber de son haut, Être extrêmement surpris de quelque chose. Quand je vois cela, je tombe de mon haut. On dit de même : Les bras m'en tombent, m'en sont tombés, Ma surprise fut si grande que je demeurai comme paralysé. Fig. et fam., Cet homme est tombé les quatre fers en l'air, Il est tombé à la renverse. Fig., Tomber du ciel, Survenir à l'improviste. Cet homme est tombé du ciel pour nous venir en aide. Ce secours nous est tombé du ciel. Fig. et fam., Tomber des nues. Voyez NUE.

TOMBER se dit aussi des Choses et signifie Être entraîné de haut en bas par son poids. Il a laissé tomber sa montre. La chaise tomba par terre. Ce vase est tombé et s'est cassé. Le fil qui les tenait s'étant cassé, les perles tombèrent à terre. Le brouillard tombe. Le tonnerre est tombé. La pluie, la neige, la grêle tombe. Impersonnellement, Il tombe de la pluie, de la neige, de la grêle. Cet édifice tombe en ruines, Il est dans un tel état de vétusté, de délabrement qu'il en tombe de temps en temps quelque partie.

TOMBER se dit aussi d'une Chose qui étant suspendue, retenue d'un côté tend vers le bas de l'autre côté. Sa robe tombe bien. Ses cheveux tombaient sur ses épaules. Fig., Laisser tomber sur quelqu'un un regard de pitié, de dédain, etc., Le regarder avec pitié, avec dédain, etc.

TOMBER signifie aussi Se détacher. Toutes ses dents sont tombées. Ses cheveux tombent. Ce fruit est tombé. Les feuilles commencent à tomber. Fig., Mes illusions sont tombées une à une. Faire tomber la tête de quelqu'un, Le décapiter. Sa tête tomba sur l'échafaud. Fig., Faire tomber les armes des mains, Fléchir quelqu'un, l'apaiser. Les soumissions de ses ennemis lui firent tomber les armes des mains. Fig., Faire tomber la plume des mains, Décourager quelqu'un, le dégoûter d'écrire, faire qu'il s'interrompe tandis qu'il écrit. Cette funeste nouvelle m'a fait tomber la plume des mains.

TOMBER s'emploie aussi figurément et signifie Se jeter, se précipiter, fondre sur quelqu'un, sur quelque chose, le charger, l'attaquer vigoureusement. Il tomba sur lui avec fureur et le frappa. Ils sont tombés l'un sur l'autre avec impétuosité, à bras raccourcis. Les ennemis, qui étaient en embuscade, tombèrent sur la patrouille. Six vaisseaux de guerre tombèrent tout à coup sur une flotte de navires marchands. Fig. et fam., Tomber sur quelqu'un, Dire de quelqu'un des choses dures et désobligeantes, soit en sa présence, soit en son absence. Fig., Tomber sur un passage, sur un vers, sur un mot, etc., Le rencontrer par hasard dans un livre. En ouvrant le livre, je suis tombé sur le passage que je cherchais. Fig., Tomber bien, Arriver au bon moment, rencontrer heureusement. Vous tombez bien : j'ai justement quelque chose à vous dire. Fig. et fam., Tomber sur les bras de quelqu'un, Se trouver inopinément à sa charge.

TOMBER signifie encore Se trouver fortuitement, subitement dans une situation désavantageuse, dans une position fâcheuse. Tomber entre les mains des ennemis, au pouvoir de l'ennemi. Tomber dans une embuscade, dans un piège. Ces navires marchands tombèrent dans une flotte de vaisseaux ennemis. Il tomba au milieu de gens qui lui étaient inconnus. Fig., Tomber sous la main de quelqu'un, Se trouver sous sa dépendance, à portée de sa colère, de son ressentiment. S'il tombe jamais sous ma main, il se repentira de m'avoir offensé. Fig., Tomber de Charybde en Scylla, En voulant éviter un mal, tomber dans un autre. Cela n'est pas tombé dans l'oreille d'un sourd, Ce propos a été compris par celui qui l'a entendu et qui en fera son profit. Cela m'est tombé sous les yeux, Je l'ai vu par hasard.

TOMBER se dit aussi des Choses qui se trouvent fortuitement, sans qu'on les cherche. Si, en rangeant votre bibliothèque, ce volume vous tombe sous la main, je vous prie de le mettre à part. Il se dit encore en parlant d'un État physique ou moral, le plus souvent fâcheux, où l'on se trouve plus ou moins brusquement. Tomber en défaillance. Tomber en démence. Tomber en syncope. Tomber en pâmoison. Tomber en langueur. Tomber en enfance. Tomber en léthargie. Tomber dans l'erreur. Tomber dans la contradiction. Tomber dans le ridicule. Tomber amoureux, Devenir amoureux. Tomber malade, Devenir malade. Tomber du haut mal, Avoir une crise d'épilepsie. Tomber de faiblesse, tomber d'inanition, Être dans une extrême faiblesse, être près de se trouver mal, faute de nourriture. Tomber de sommeil, Avoir un besoin extrême de dormir. Tomber dans la misère, dans le malheur, Devenir pauvre, malheureux. Tomber dans le mépris, Devenir un objet de mépris. Tomber en disgrâce, N'être plus dans les bonnes grâces de quelqu'un, n'avoir plus de part à sa bienveillance, à sa faveur. Faire tomber quelqu'un en confusion, Lui faire éprouver, lui causer une grande confusion. Fam., Tomber dans la dévotion, Devenir dévot. Dans le langage religieux, Tomber dans l'aveuglement, dans l'endurcissement, Devenir insensible aux vérités de la religion. Tomber dans le péché, Commettre une faute, céder au péché. On dit aussi absolument, en termes de l'Écriture : Tomber, Pécher. Le juste tombe sept fois le jour.

TOMBER signifie aussi Dégénérer, descendre, se laisser aller à quelque chose de blâmable. Cet auteur prétend au sublime et tombe souvent dans le galimatias. Tomber dans l'affectation, dans le précieux. Ce peintre tombe quelquefois dans le maniérisme. Il se dit aussi des Choses qui passent de l'état où elles étaient dans un état défavorable. Tomber en désuétude. Cela est tombé dans l'oubli. Tomber à rien, Se réduire à très peu de chose. Toute sa fortune est tombée à rien. Cette maison est tombée en quenouille, Il n'en reste que des filles. Cette couronne, cette souveraineté tombe en quenouille, Les filles en peuvent hériter au défaut des mâles. Tomber en putréfaction, en pourriture, Se pourrir. Tomber en poussière, Se réduire en poussière.

TOMBER signifie également Déchoir de réputation, de crédit, perdre de sa vogue. Ce livre a eu d'abord quelque succès, mais il est tombé. Cet homme n'a pas été longtemps en crédit, il est bientôt tombé. Ces fabriques, ces manufactures sont tombées. Cette mode commence à tomber. Ces études sont tombées, On les néglige beaucoup aujourd'hui. Son goût pour les tableaux, pour la musique est bien tombé, Il s'est bien affaibli.

TOMBER signifie également Succomber, périr, s'anéantir. Il est tombé sur le champ de bataille. Ilion tomba sous les efforts des Grecs. On vit ces empires tomber les uns après les autres. Avec lui tomba la puissance de son favori. Le ministère est tombé, Il a été mis en minorité, il est obligé de quitter le pouvoir.

TOMBER signifie encore, surtout en parlant d'Ouvrages dramatiques, Ne pas réussir. Cette pièce est tombée à la première représentation; elle est tombée à plat. Il signifie pareillement Cesser, discontinuer. Le vent est tombé. Ce grand courage a tombé tout à coup. Laissez tomber tous ces bruits, tous ces mauvais propos. Cette calomnie tombera d'elle-même. La fièvre est tombée. Le jour tombe, La nuit approche. Il faut laisser tomber cela, Il faut, pour empêcher qu'on n'y fasse attention, paraître n'y pas faire attention soi-même. Laisser tomber la conversation, Ne pas l'entretenir, ne pas l'alimenter. Sa voix tombe, Sa voix faiblit. Il ne faut pas laisser tomber sa voix à la fin des phrases.

TOMBER signifie également Se porter sur, atteindre, frapper. Les coups tombaient sur lui. Le soupçon tomba sur lui. Il cherchait à faire tomber les soupçons sur cette personne. Un grand malheur est tombé sur elle. Sa colère tomba sur ceux qui l'entouraient. Faire tomber la conversation sur quelque sujet, L'y amener. On dit de même : L'entretien tomba sur un tel.

TOMBER signifie encore Échoir. Cette terre est tombée en partage au cadet. Cela est tombé dans son lot. Cela est tombé en de bonnes mains, en bonnes mains. Cet ouvrage est tombé dans le domaine public, Il a cessé d'être une propriété privée. Ce document, cet écrit est tombé entre mes mains, le hasard l'a fait tomber entre mes mains, C'est à une circonstance fortuite que je dois la possession, la connaissance de ce document, de cet écrit. Il m'est tombé entre les mains une pièce fort curieuse. Les biens de cette maison sont tombés dans telle autre par un mariage, Ils y sont passés. Le sort tomba sur lui, Ce fut lui que le sort désigna.

TOMBER sert encore, dans certaines locutions, à marquer Jonction, coïncidence, rapport, tant au sens physique qu'au sens moral. Ce chemin tombe dans tel autre, cette rivière tombe dans telle autre, Ce chemin aboutit à tel autre, cette rivière se décharge dans telle autre. La rue Saint-Benoît tombe dans la rue Jacob. Cette fête tombe un jeudi, Elle a lieu un jeudi. Faire tomber les pages les unes sur les autres en imprimant, Faire que les pages imprimées sur l'un des côtés d'une feuille répondent exactement à celles qui sont imprimées sur l'autre côté. Tomber d'accord avec quelqu'un, Convenir avec lui. On dit aussi simplement : Tomber d'accord, Avouer, convenir que. Je tombe d'accord que cela est ainsi. Je ne conteste point ce que vous dites, j'en tombe d'accord. Cela tombe sous le sens se dit d'une Chose claire, évidente. Le participe passé

TOMBÉ s'emploie adjectivement. Un auteur tombé, Un auteur dramatique dont la pièce a été sifflée.

Littré (1872-1877)

TOMBER (ton-bé) v. n.

Résumé

  • 1° Aller de haut en bas, en vertu de son propre poids.
  • 2° Avec pluie, neige, grêle, brouillard, etc. tomber s'emploie le plus souvent à l'impersonnel.
  • 3° Mourir.
  • 4° Succomber.
  • 5° Ne pas pouvoir se soutenir.
  • 6° Tomber aux pieds, aux genoux de quelqu'un.
  • 7° Tomber sur, se jeter sur, à l'improviste, attaquer avec violence.
  • 8° Faire rencontre inopinée.
  • 9° Être jeté dans, fortuitement ou malgré soi.
  • 10° Arriver à l'improviste chez quelqu'un.
  • 11° Passer d'une rue, d'un quartier dans un autre.
  • 12° Tomber sur un vers, sur un passage, le trouver sans le chercher.
  • 13° Recevoir du hasard telle situation. Tomber au sort à la conscription.
  • 14° Tomber en ou dans, être affecté de telle maladie.
  • 15° Terme de chasse. Tomber en défaut. Tomber en arrêt.
  • 16° Tomber en, dans, être réduit à, être jeté dans.
  • 17° Tomber de… en, éprouver successivement, passer par.
  • 18° Tomber en, dans, faire quelque chose qui mérite blâme.
  • 19° Tomber dans, se laisser aller à.
  • 20° Perdre une haute position, possession.
  • 21° Absolument, pécher.
  • 22° Décroître, perdre de ses forces, de son mérite.
  • 23° Éprouver une chute au théâtre, en parlant d'un auteur.
  • 24° Tomber d'accord.
  • 25° Tomber à quelque chose, s'y conformer.
  • 26° Tomber dans, être sujet à quelque prescription.
  • 27° Tomber, avec un nom de chose pour sujet, ne plus se soutenir.
  • 28° Se détacher, en parlant de parties du corps vivant.
  • 29° Tomber sur, se dit d'objets qui sont entraînés sur d'autres.
  • 30° Être vaincu, se rendre.
  • 31° Déchoir, en parlant d'institutions, d'empires, de familles, etc.
  • 32° Perdre en autorité, en crédit, en vogue.
  • 33° Ne pas réussir, en parlant d'ouvrages dramatiques.
  • 34° Cesser, être discontinué, abandonné.
  • 35° Laisser tomber, ne pas donner d'attention à, ne pas s'occuper de.
  • 36° Arriver, s'approcher, en parlant de la nuit, du jour.
  • 37° S'apaiser, se calmer.
  • 38° En termes de marine, on dit qu'un mât, qu'un navire tombe sur l'avant, sur l'arrière.
  • 39° Être pendant.
  • 40° Des regards tombent sur quelqu'un, quand on le regarde comme d'en haut.
  • 41° Tomber sous le vent, en parlant de navires.
  • 42° Il se dit d'un coup qui vient d'en haut.
  • 43° Céder, disparaître.
  • 44° Faiblir, manquer
  • 45° Tomber en, arriver à, avec une idée de déchéance, de détérioration
  • 46° Dégénérer en.
  • 47° Devenir l'objet, la possession.
  • 48° Échoir.
  • 49° Tomber sous la main, se présenter fortuitement.
  • 50° Tomber dans l'esprit, dans la tête, se présenter à l'esprit.
  • 51° Se tourner fortuitement sur un sujet.
  • 52° Tomber sur, avoir son point principal en.
  • 53° Tomber sur, être porté sur, comme par une attaque.
  • 54° Tomber sur, s'appliquer à.
  • 55° Tomber bien ou mal, arriver à propos ou à contre-temps.
  • 56° Faire jonction, aboutir.
  • 57° Coïncider par le temps.
  • 58° Terme d'imprimerie. Faire tomber les pages les unes sur les autres.
  • 59° Tomber sous, appartenir à la classe de.
  • 60° Ne pas garder la même élévation, en parlant de la voix.
  • 61° Tomber construit avec l'auxiliaire avoir.
  • 1Aller de haut en bas, en vertu de son propre poids. Voilà la pluie qui tombe. Il frappe, et le tyran tombe aussitôt sans vie, Corneille, Héracl. v, 7. Tombe sur moi le ciel, pourvu que je me venge ! Corneille, Rodog. IV, 1. Comment es-tu tombé du ciel, Lucifer, toi qui paraissais si brillant au point du jour ? Sacy, Bible, Isaïe, XIV, 13. La maison tomba sur tous les princes et tout le reste du peuple qui était avec lui, Sacy, ib. Juges, XVI, 30. Sous un chêne aussitôt il va prendre son somme ; Un gland tombe : le nez du dormeur en pâtit, La Fontaine, Fabl. IX, 4. À qui la bourse ? - Oh ! dieux ! elle m'était tombée, Molière, l'Ét. I, 7. Il [M. de Grignan] était tombé à Sorgues sur un degré, et s'était tellement cassé le nez et un peu la tête, et avait de si grands emplâtres, que jamais la Rapinière ni le Destin [personnages du Roman comique de Scarron] n'en portèrent de plus remarquables, Sévigné, Lett. à Coulanges, 14 oct. 1694. J'ai vu sa main défaillante chercher encore en tombant de nouvelles forces pour appliquer sur ses lèvres le signe de notre rédemption, Bossuet, Duch. d'Orl. Il ne leur reste plus [au roi et à la reine de Pologne] qu'à considérer de quel côté allait tomber ce grand arbre [la Pologne], ébranlé par tant de mains et frappé de tant de coups à sa racine, Bossuet, Anne de Gonz. Une plume dans le vide d'air doit tomber aussi vite que du plomb, Malebranche, Rech. vér. Éclair. sur la lum. t. IV, p. 412, dans POUGENS. Il est beau qu'un mortel jusques aux cieux s'élève ; Il est beau même d'en tomber, Quinault, Phaéthon, IV, 2. Il tombe sur son lit sans chaleur et sans vie, Racine, Brit. v, 5. À ce discours que l'on n'attendait pas, Robert glacé laisse tomber ses bras, Voltaire, Ce qui plaît. An nom du baron et de Pangloss les deux forçats poussèrent un grand cri, s'arrêtèrent sur leur banc, et laissèrent tomber leurs rames, Voltaire, Cand. 27. De ma mort la feuille qui tombe Est le présage trop certain, Millevoye, Chute des feuilles. Tombez, tombez, feuilles légères, Et pour la plus tendre des mères Cachez quelque temps ce chemin, Millevoye, ib. Quel est sur moi le froid qui tombe ? C'est le froid du soir de mes jours, Béranger, Sciences. Quand la feuille des bois tombe dans la prairie, Lamartine, Méd. I, 1. Quand la neige à minuit, lente, silencieuse, Tombe aux toits endormis, Sainte-Beuve, J. Delorme, p. 186.

    Impersonnellement. Oh ! oh ! dit-il, je saigne ! et que serait-ce donc, S'il fût tombé de l'arbre une masse plus lourde ? La Fontaine, Fabl. IX, 4.

    Tomber à bas, tomber par terre. Ils vous ont vu courir, tomber le mort à bas, Corneille, Suite du Ment. III, 4.

    Par extension. Tomber à bas de, être renversé de. Tomber à bas d'un trône est un sort rigoureux, Corneille, la Tois. IV, 1.

    Sa tête tomba sur l'échafaud, il eut la tête tranchée. Il [le roi] a trop d'intérêt lui-même en ma personne, Et ma tête en tombant ferait choir sa couronne, Corneille, Cid, II, 1.

    Faire tomber une tête, faire périr quelqu'un, surtout par la main du bourreau. Quel bras fera tomber cette superbe tête ? La Fosse, Marius à Mint. I, 4.

    Tomber d'épilepsie, du haut mal, être épileptique, chaque accès causant la chute du malade.

    Fig. Tomber de la poêle en la braise, tomber d'un mal dans un pire. Je tombai par malheur de la poêle en la braise, Régnier, Sat. x.

    Familièrement. Cet homme est tombé les quatre fers en l'air, il est tombé sur le dos, et, figurément, il est frappé d'étonnement.

    Tomber mort, tomber raide mort, mourir tout d'un coup en tombant. Judas lui-même tomba mort, et tous les autres s'enfuirent, Sacy, Bible, Machab. I, IX, 18. J'aime bien le bon naturel de ce fils qui tombe mort en voyant son pauvre père pendu ; cela fait honneur aux enfants : il v avait longtemps que les pères avaient fait leurs preuves, Sévigné, 411.

    Tomber de son haut, de toute sa hauteur, tomber, étant debout, par terre.

    Fig. Tomber de son haut, être dans le plus grand étonnement. C'est un méchant ; il me tint l'autre fois Propos d'amour, dont je fus si surprise Que je pensai tomber tout de mon haut, La Fontaine, Coc. Killigrew pensa tomber de son haut, en apprenant son dessein, Hamilton, Gram. 9.

    Tomber de bien haut, être saisi d'un profond étonnement. À vous dire le vrai, je tombe de bien haut, Corneille, le Ment. I, 6.

    On dit de même : tomber d'étonnement. Ce monsieur qui m'a apporté cette robe de chambre a pensé tomber d'étonnement de la beauté et de la ressemblance de votre portrait, Sévigné, 270.

    Dans le même sens : Les bras m'en tombent, ou me tombent. À cette nouvelle [les bâtards déclarés princes du sang], les bras me tombèrent, Saint-Simon, 359, 241.

    Fig. Tomber des nues, être très étonné. Ce qui s'appelle tomber du haut des nues, c'est ce qui arriva hier au soir aux Tuileries [rupture du mariage de Mademoiselle et de Lauzun], Sévigné, 19 déc. 1670.

    En un autre sens. Cet homme semble tomber des nues, il est embarrassé de sa contenance, il ne sait à qui s'adresser dans la compagnie où il se trouve.

    Tomber des nues, signifie aussi n'être connu ni avoué de personne. Qu'on juge de celui qui tombe là des nues ! il lui est presque impossible de parler une minute impunément, Rousseau, Confess. III.

    Cet homme est tombé des nues, il est arrivé sans être attendu.

    Par extension. Tomber des nues, être mal amené, mal préparé, en parlant d'un incident, d'un personnage dans un ouvrage d'imagination, d'un sujet dans une conversation. Ce dénoûment tombe des nues. Cette matière avec elle ne peut tomber que des nues, Marivaux, le Legs, sc. 3.

    Fig. Tomber du ciel, se dit d'une chose qui arrive inopinément. Elle [la duchesse de Chaulnes] avait une si sincère envie de me faire tomber du ciel ces mille écus…, Sévigné, 6 nov. 1689.

    Tomber sur ses pieds, tomber debout, tomber de manière qu'on reste debout.

    Fig. Tomber sur ses pieds, se tirer heureusement d'une circonstance critique, se trouver dans la même situation qu'auparavant. Il tombe toujours sur ses pieds. Il ne peut tomber que sur ses pieds.

    On dit de même : Il ne peut tomber que debout.

    Tomber par terre, se dit de ce qui, touchant à terre, tombe de sa hauteur ; ainsi un homme tombe par terre, un arbre tombe par terre. êtes-vous ici près, monsieur, tombé par terre ? Voltaire, le Dépositaire, III, 2.

    Fig. Tomber par terre, n'avoir aucun effet, se perdre. Mais leur gloire tombe par terre, Et, comme elle a l'éclat du verre, Elle en a la fragilité, Godeau, Ode au roi. Toute votre félicité, Sujette à l'instabilité, En moins de rien tombe par terre, Corneille, Poly. IV, 2. Une vertu sort de la croix, et toutes les idoles sont ébranlées ; nous les voyons tomber par terre, quoique soutenues par toute la puissance romaine, Bossuet, Hist. II, 11. Tomber à terre, se dit de ce qui, étant élevé au-dessus de terre, tombe d'en haut ; ainsi un couvreur tombe à terre, le fruit d'un arbre tombe à terre. Les javelots s'entre-choquaient en l'air, de sorte que la plupart tombaient à terre sans effet, Vaugelas, Q. C. III, 11. De bonne fortune, il ne faisait point du tout de vent ; car, s'il y en eût eu, la nuée en cheminant m'eût porté de côté ou d'autre, et ainsi je fusse tombé à terre, Voiture, Lett. 9. Là, près d'un Guarini, Térence tombe à terre, Boileau, Lutr. V.

    Fig. Tomber à terre, ne pas être relevé, ne pas avoir d'effet. Sans qu'aucune de ses paroles soit tombée à terre, Sacy, Bible, Josué, XXX, 14. Vous voyez que notre aventure ne tomba pas à terre, Bussy-Rabutin, Lett. t. III, p. 320, dans POUGENS. Je ne sais si vous avez celle [intention] de m'écrire des endroits admirables, vous y réussiriez ; mais aussi ils ne tombent pas à terre, Sévigné, 360. Le saint-père… dit… qu'il fallait qu'elle [Mme de Coulanges] vînt à Rome… cela ne tombera pas à terre, Sévigné, 27 nov. 1689.

    Fig. Les armes tombent des mains, le désir des combats s'apaise. Il fit la paix, et les armes Lui tombèrent de la main, Malherbe, II, 2. Les Manduriens, si irrités, sentaient que leurs armes leur tombaient des mains, Fénelon, Tél. X.

    Faire tomber les armes des mains de quelqu'un, le vaincre, le fléchir, l'apaiser. Ses pleurs [de Roxane] ne m'ont-ils pas découvert sa tendresse ? Peut-être elle n'attend qu'un espoir incertain Qui lui fasse tomber les armes de la main, Racine, Bajaz. II, 5.

    Fig. La plume me tombe des mains, je n'ai pas le courage d'écrire. J'étais, comme tout le monde, dans une perpétuelle crise, et la plume me tombait des mains dès que je voulais former une pensée et une lettre, Sévigné, à Bussy, 29 juin 1686. La plume tombe des mains quand on voit un homme sensé proposer sérieusement de semblables expédients, Rousseau, Polysyn. Jugement.

    Faire tomber la plume des mains, dégoûter, décourager d'écrire.

    Fig. Le livre me tombe des mains, je n'en puis soutenir la lecture. Tous les gens sincères m'ont avoué que le livre leur tombait des mains, Voltaire, Cand. 25.

    Fig. Tomber du côté où l'on penche, se laisser aller à son penchant. On finit toujours par tomber du côté où l'on penche. L'un et l'autre [des princes] fait voir un mérite si rare, Que le souhait confus entre les deux s'égare, Et ce qu'en quelques-uns on voit d'attachement, N'est qu'un faible ascendant d'un premier mouvement : Ils penchent d'un côté, prêts à tomber de l'autre, Corneille, Rodog. II, 2.

    On dit qu'un rhume tombe sur la poitrine, quand, quittant la gorge, il gagne les bronches, le poumon.

    Terme de marine. Laisser tomber une voile, la laisser aller à son propre poids, lorsqu'on détourne les rabans qui la retenaient pliée contre la vergue.

  • 2Avec pluie, neige, grêle, brouillard, etc., tomber s'emploie plus ordinairement à l'impersonnel. Il tombe une pluie froide. Il est tombé ce matin beaucoup de grêle. Il tombe de l'eau.
  • 3Tomber, mourir. (à partir de là on peut distinguer le sens de tomber, suivant qu'il a pour sujet une personne ou une chose.) Sauve-moi de l'affront de tomber à leurs pieds, Corneille, Rodog. v, 4. Merci tombe aux pieds du prince, digne victime de sa valeur, Bossuet, Louis de Bourb. Le redouté capitaine tombe au plus beau temps de sa vie, Bossuet, Anne de Gonz. Hector tomba sous lui [Achille], Troie expira sous vous, Racine, Andr. I, 2. Je tomberai comme une fleur Qui n'a vu qu'une aurore, Racine, Esth. I, 5. Hélas ! sous le couteau d'une mère cruelle Te verrons-nous tomber une seconde fois ? Racine, Ath. IV, 6. Nestor, qui voyait tomber ses plus vaillants capitaines sous la main du cruel Adraste, comme les épis dorés tombent pendant la moisson, sous la faux tranchante d'un infatigable moissonneur, Fénelon, Tél. XX. Une victime amenée à l'autel Y tombe sans défense, et son sang plaît au ciel, Voltaire, Fanat. III, 7.
  • 4Succomber. Tu céderas, ou tu tomberas sous ce vainqueur, Alger…, Bossuet, Mar.-Thér. Quoi ! vous allez combattre un roi… Sous qui toute l'Asie a vu tomber ses rois, Racine, Alex. I, 1. Là il attendait chaque jour que les dieux justes, quoique patients, fissent tomber Adraste, Fénelon, Tél. XX. Lorsque du fier Anglais la valeur menaçante… Satisfit en tombant aux lis qu'ils ont bravés, Voltaire, Zaïre, II, 3. Qui tombait avec art ne tombait point sans gloire, Et souvent le vaincu remportait la victoire, Delille, Imag. v.
  • 5Ne pas pouvoir se soutenir. Trente femmes… qu'il fallut baiser au milieu de la poussière et du soleil, et trente ou quarante messieurs me fatiguèrent beaucoup plus que le voyage n'avait fait ; Mme de Carman en tombait, car elle est délicate, Sévigné, 550.

    Fig. Il [l'homme] tourne au moindre vent, il tombe au moindre choc, Aujourd'hui dans un casque, et demain dans un froc, Boileau, Sat. VIII.

    Tomber de faiblesse, d'inanition, être dans une extrême faiblesse, être près de se trouver mal, faute de nourriture.

    Tomber de sommeil, avoir un besoin extrême de dormir. Il est minuit ; je tombe de sommeil, Diderot, Lett. à Mlle Voland, 28 sept. 1767.

  • 6Tomber aux pieds, aux genoux de quelqu'un, s'y jeter poussé par un sentiment de respect ou de crainte. Et je ne réponds pas avant la fin du jour, Que… Rome, avec lui [le sénat] tombant à vos genoux, Ne vous demande un choix digne d'elle et de vous, Racine, Bérén. II, 2. Une mère à vos pieds peut tomber sans rougir, Racine, Iphig. III, 5.
  • 7Tomber sur, se jeter sur, à l'improviste, attaquer avec violence. Il tomba sur lui avec fureur et le frappa. Cette place [Ypres] est farcie de gens de guerre, quoiqu'il en soit sorti deux mille hommes pour aller à Bruges, parce qu'on ne sait jamais où le roi tombera, Sévigné, 18 mars 1678. Il précipite sa marche pour tomber sur nos soldats épuisés [à Rocroy], Bossuet, Louis de Bourb. Le comte Arbétion, qui commandait ces escadrons ennemis, était prêt à tomber sur Théodose…, Fléchier, Hist. de Théodose, IV, 58. Comme les barbares tombaient tout à coup sur un pays, n'y ayant point chez eux de préparatifs après la résolution de partir, il était difficile de faire des levées à temps dans les provinces, Montesquieu, Rom. 18. C'est ainsi que tout se balançait, et que tous les États tombaient les uns sur les autres, la Perse sur la Turquie, la Turquie sur l'Allemagne et sur l'Italie, l'Allemagne et l'Espagne sur la France, Voltaire, Mœurs, 124. Beaumont, maréchal de Bourgogne, à la tête de la noblesse et des milices du pays, tomba sur ces brigands et les défit, Duclos, Œuv. t. II, p. 42.

    On dit de même : Jean Bart avec ses vaisseaux tomba sur une flotte marchande. L'armée, après le gain de la bataille, tomba sur telle place.

    Fig. Tomber sur, attaquer en paroles, blâmer. Je suis bien loin de vouloir tomber sur Mme de Beauvilliers ; mais, entre nous, il me semble qu'elle ne doit point se mêler de la conduite de M. de Beauvais, Maintenon, Lett. à Mme de Dangeau, t. VII, p. 120, dans POUGENS. Je suis un peu fâché qu'on soit tombé depuis peu si rudement sur Rapin Thoiras… je regarde cet historien comme le meilleur que nous ayons, Voltaire, Lett. Hénault, 12 mai 1754. Après avoir traité de la mort et de la brièveté de la vie, il [Sénèque] tombe sans ménagement sur les puérilités de la dialectique de son école, Diderot, Cl. et Nér. II, 58.

    On dit dans le même sens, familièrement : tomber sur le corps à quelqu'un, tomber sur sa friperie. Les Frérons et toute la canaille de la littérature vont me tomber sur le corps, Voltaire, Lett. Richelieu, 1er févr. 1773.

    Fig. et familièrement. Tomber sur un plat, sur un mets, en manger avidement.

  • 8Faire rencontre inopinée. Ces navires marchands tombèrent dans une flotte de vaisseaux ennemis. Il tomba au milieu de gens qui lui étaient inconnus. Les fuyards tombaient dans les troupes du roi ; et ceux qui gardaient les chemins en tuaient un bien plus grand nombre que ceux qui étaient envoyés à la poursuite des ennemis, Rollin, Hist. anc. Œuv. t. VIII, p. 227, dans POUGENS.

    Ne tomber que sur, faire rencontre à chaque pas. La Pologne se voit ravagée par le rebelle Cosaque, par le Moscovite infidèle, et plus encore par le Tartare qu'elle appelle à son secours dans son désespoir ; tout nage dans le sang, et on ne tombe que sur des corps morts, Bossuet, Anne de Gonz.

    Tomber entre les mains, dans les mains, aux mains de quelqu'un, devenir son captif, devenir sujet à sa volonté, à son autorité, à son empire. En Afrique, c'était la coutume des rois de porter toujours sur eux du poison très violent, pour s'épargner la honte de tomber vivants entre les mains de leurs ennemis, Corneille, Sophonisbe, Exam. Ce vainqueur enflé de tant de titres tombera à son tour entre les mains de la mort, Bossuet, Duch. d'Orl. C'est une chose horrible de tomber entre les mains du Dieu vivant, entre ces mains où tout est action, où tout est vie, Bossuet, Anne de Gonz. Dieu fait naître Moïse… et le fait tomber entre les mains de la fille de Pharaon, Bossuet, Hist. I, 3. Le sort, dont les arrêts furent alors sui vis, Fit tomber en mes mains Andromaque et son fils, Racine, Andr. I, 2. Le cruel dieu des Juifs l'emporte aussi sur toi ; Je te plains de tomber dans ses mains redoutables, Racine, Ath. II, 5. J'ignore… Si la reine est tombée aux mains de l'oppresseur ? Voltaire, Orphel. I, 1. Nous sommes tombés, s'écria-t-il, entre les mains de l'ennemi. - Et pourquoi ne serait-il pas tombé entre les nôtres ? répondit le général, Barthélemy, Anach. ch. 1.

    Tomber sous la main de quelqu'un, ou familièrement, sous sa patte, se trouver sous sa dépendance, ou à portée de sa colère, de son ressentiment. Allez, vous êtes une ingrate : Ne tombez jamais sous ma patte, La Fontaine, Fabl. III, 9.

    Familièrement. Tomber sous la coupe de quelqu'un, tomber en son pouvoir.

    Tomber sous les lois, sous la dépendance, sous le joug, perdre sa liberté devenir assujetti. tre jeté dans, fortuitement, ou malgré soi. Tomber dans une embuscade, dans un piége. Tomber dans les fers. Le trop d'attention qu'on a pour le danger Fait le plus souvent qu'on y tombe, La Fontaine, Fabl. XII, 18. On sait avec quelle rage les peuples anciens faisaient la guerre ; que souvent, dans le siége d'une ville, hommes, femmes, enfants, tout se jetait dans les flammes, plutôt que de tomber au pouvoir du vainqueur, Raynal, Hist. phil. XIX, 9.

  • 10Arriver à l'improviste chez quelqu'un. Marquez-moi à peu près le jour de votre arrivée, et venez tomber chez moi : vous y trouverez votre chambre prête, Rousseau, Lett. à Moultou, Corresp. t. VI, p. 31, dans POUGENS.

    Tomber sur les bras, attaquer, causer du dommage. Il [Datame] s'était posté de telle sorte qu'ils ne pouvaient pas l'envelopper ; qu'au moindre mouvement qu'ils faisaient, il leur tombait sur les bras, et les incommodait considérablement, Rollin, Hist. anc. Œuv. t. IV, p. 342. Il le considérait comme un fléau qui allait leur tomber sur les bras, Ancillon, Mél. de litt. t. II, p. 10, dans POUGENS.

    Tomber sur les bras de quelqu'un, arriver inopinément chez lui et l'incommoder. Tu m'as abandonné dans un grand embarras ; Un malheureux neveu m'est tombé sur les bras, Regnard, le Légat. III, 4.

    Fig. et familièrement. Tomber sur les bras de quelqu'un, se trouver inopinément à sa charge.

  • 11Passer d'une rue, d'un quartier dans un autre. De là je vins tomber au faubourg Saint-Germain, Boissy, Babillard, sc. 3.
  • 12 Fig. Tomber sur un vers, sur un passage, le trouver sans le chercher. Le feuilletant [un livre de casuistique] avec négligence et sans penser à rien, il tomba sur son cas et y apprit qu'il n'était point obligé à restituer, Pascal, Prov. VIII. Nous tombons sur le chapitre quinzième [de Bélisaire] ; c'est le chapitre de la tolérance, le catéchisme des rois, Voltaire, Lett. Marmontel, 16 févr. 1767.

    Tomber sur un sujet de conversation, y arriver sans le chercher. Lorsqu'on les lisait [les annales] devant lui [Assuérus], on tomba sur l'endroit où il était écrit de quelle sorte Mardochée avait donné avis de la conspiration de Bagathan, Sacy, Bible, Esther, VI, 1. Et puisque nous voici tombés sur ce sujet, La Fontaine, Fabl. IV, 10. Ayant donc mis à part les entretiens frivoles, Et beaucoup raisonné sur l'homme et sur l'esprit, Ils tombèrent sur la morale, La Fontaine, ib. VIII, 26. Je tombai sur l'expérience d'un Parisien ingénieux qui, pour se réjouir, avait fait labourer son parterre quinze fois, Voltaire, L'hom. aux 40 écus, lettre.

    Tomber dans l'exemple, citer un exemple. Et, pour tomber dans l'exemple, il y avait l'autre jour des femmes à cette comédie… qui…, Molière, Critique, 3.

  • 13Recevoir du hasard telle situation. N'ai-je pas dit à Votre Majesté, en entrant ici, que l'on est tombé dans un temps où un homme de bien a quelquefois honte de parler comme il y est obligé ? Retz, Mém. t. II, liv. III, p. 367, dans POUGENS.

    Tomber bien ou mal, faire une bonne ou mauvaise rencontre. Vous ne pouviez jamais mieux tomber que chez moi, Molière, Sicil. 17. Vous êtes bien tombée, nous vous ferons grand'chère, Legrand, Roi de Cocagne, I, 2. Et vous êtes, pour rire, on ne peut mieux tombée, Piron, Métrom. II, 1.

    Tomber au sort, tomber à la conscription, être désigné par le sort pour faire partie de la conscription.

  • 14Tomber en ou tomber dans, être affecté de telle maladie. Monsieur, j'ai une fille qui est tombée dans une étrange maladie, Molière, Méd. m. lui, II, 3. Cette nuit Mme la princesse de Conti est tombée en apoplexie, Sévigné, 116. La reine, qui se trouva grosse, tomba en langueur ; et tout l'État languit avec elle, Bossuet, Reine d'Anglet. Enfin il tomba dans une apoplexie, dont il mourut le lendemain 2 février, âgé de 43 ans, Fontenelle, l'Hôpital. Charles IX, dévoré de remords et d'inquiétudes, tomba dans une maladie mortelle, Voltaire, Hist. parl. XXVIII. On a dit que j'étais tombé en jeunesse ; mais on n'a pas encore dit que je fusse tombé en enfance, Voltaire, Lett. au roi de Pr. 5 avr. 1771.

    Tomber malade, devenir malade. Si je tombais malade ici, ce que je ne crois point du tout assurément, je vous prierais d'y venir en diligence, Sévigné, 278. Je trouve que, dès qu'on tombe malade à Paris, on tombe mort ; je n'ai jamais vu une telle mortalité, Sévigné, 73.

    Par extension, tomber amoureux, devenir amoureux. Mais la belle est tombée amoureuse de moi, Regnard, le Joueur, III, 11. Croirai-je que vous êtes tombé subitement amoureux de moi ? Marivaux, l'Épreuve, 4.

  • 15 Terme de chasse. Tomber en défaut, se dit des chiens qui perdent la piste de la bête.

    Tomber en arrêt, se dit du chien qui arrête un gibier. Le chien tomba en arrêt sur une perdrix.

  • 16 Fig. Tomber en, dans, être réduit à, être jeté dans. Tomber dans la pauvreté, dans la misère. Un homme tel que moi voit sa gloire ternie, Quand il tombe en péril de quelque ignominie, Corneille, Hor. v, 2. Qu'un homme prenne querelle avec un autre, et que, l'ayant tué, il vienne à le reconnaître pour son père ou pour son frère, et en tombe au désespoir, Corneille, 2e disc. Il faut demeurer d'accord, à l'honneur de la vertu, que les plus grands malheurs des hommes sont ceux où ils tombent par leurs crimes, La Rochefoucauld, Réfl. mor. n° 183. C'est par là que nous tombons dans la plus basse servitude, Bourdaloue, Resp. hum. 2e avent, p. 384.

    Tomber au point de, être réduit à l'extrémité de. Puissent tant de malheurs accompagner ta vie, Que tu tombes au point de me porter envie ! Corneille, Hor. IV, 5.

    Tomber en disgrâce. dans la disgrâce, n'être plus dans les bonnes grâces de quelqu'un, n'avoir plus de part à sa bienveillance, à sa faveur. Depuis que je suis tombé dans la disgrâce, je n'ai jamais osé écrire à Sa Majesté pour me plaindre de mon malheur et lui faire voir mon innocence, Scarron, Lett. Œuv. t. I, p. 268, dans POUGENS.

    Tomber dans le mépris, devenir un objet de mépris. Et je tombais dans le mépris des honnêtes gens, Lesage, Turcaret, I, 9.

    Faire tomber quelqu'un en confusion, lui causer une grande confusion.

  • 17 Fig. Tomber de… en, éprouver successivement, passer par. Les esprits, une fois émus, tombant de ruines en ruines, se sont divisés en plusieurs sectes, Bossuet, Reine d'Anglet. À chaque expérience, je tombais de surprise en surprise, Buffon, Hist. nat. hom. Œuv. t. IV, p. 516. La Harpe… Qui, sifflé pour ses vers, pour sa prose sifflé, Tout meurtri des faux pas de sa muse tragique, Tomba de chute en chute au trône académique, Gilbert, Mon apolog.

    Tomber de Charybde en Scylla, en voulant éviter un mal tomber dans un autre.

    Tomber de fièvre en chaud mal, tomber d'un état fâcheux dans un pire.

  • 18 Fig. Tomber en, dans, faire quelque chose qui mérite blâme. Tomber dans le galimatias. Cet auteur tombe dans l'affectation, dans le précieux. Ce peintre tombe quelquefois dans la manière. C'est pour éviter ces miracles et ces prédictions que les impies sont tombés dans toutes les absurdités qui vous ont surpris, Bossuet, Hist. II, 13. L'incrédulité où elle était enfin tombée, Bossuet, Anne de Gonz. Le respect humain fait tomber l'homme dans des apostasies, peut-être plus condamnables que celles de ces apostats des premiers siècles, Bourdaloue, Respect hum. 2e avent, p. 391. Isocrate, dans son Panégyrique, par une sotte ambition de ne vouloir rien dire qu'avec emphase, est tombé, je ne sais comment, dans une faute de petit écolier, Boileau, Longin, Subl. ch. 31. On s'aperçoit que c'est le poëte qui parle, et non la princesse ; c'est un défaut dans lequel Corneille tombe toujours, Voltaire, Comm. Corn. Rem. Pulchér. Préf. Menacer, m'emporter, quelle imprudence extrême ! J'en avertis Ambroise, et j'y tombe moi-même, Collin D'Harleville, Vieux célib. IV, 6.

    Tomber en faute, tomber dans le crime, tomber dans le péché, commettre une faute, un crime, un péché.

    Tomber dans l'erreur, dans la contradiction, en contradiction, se tromper, se contredire. Il [Woodward] tombe, aussi bien que Burnet, dans des contradictions évidentes, Buffon, Hist. nat. Pr. th. ter. Œuv. t. I, p. 277.

    Tomber dans le ridicule, dans quelque inconvénient, faire quelque action ridicule, faire quelque démarche qui a des suites fâcheuses.

    Dans le style de l'Écriture. Tomber dans l'aveuglement, dans l'endurcissement, devenir aveugle, insensible aux vérités de la religion.

  • 19 Fig. Tomber dans, se laisser aller à. Cette conversation nous est si naturelle que nous y tombons insensiblement ; c'est un penchant si doux qu'on y revient sans peine, Sévigné, 43. Avouez que le jour ne vous eût jamais jeté dans une rêverie aussi douce que celle où je vous ai vu prêt de tomber tout à l'heure à la vue de cette belle nuit, Fontenelle, Mond. 1er soir. Je pleurai d'aise, je criai de joie, je tombai dans des transports de tendresse, de reconnaissance, Marivaux, Marianne, 6e part. Bélise ne répondit point ; elle était tombée dans une rêverie profonde et dans un sérieux glacé, Marmontel, Contes mor. Scrup.

    Tomber dans la dévotion, devenir dévot.

  • 20 Fig. Perdre une haute position, possession. Ce désir [du bonheur] nous est laissé, tant pour nous punir que pour nous faire sentir d'où nous sommes tombés, Pascal, Pens. VIII, 10, édit. HAVET. Afin qu'ils ne tombent pas d'un si grand bonheur et d'un si grand honneur que Dieu leur a faits, Pascal, Lett. à Mlle de Roannez, 6. Quand je viens à penser que ces mêmes personnes peuvent… Être au nombre malheureux des jugés, et qu'il y en aura tant qui tomberont de la gloire…, Pascal, ib. 3. Hélas ! qu'elle [l'âme] s'est trompée, et que sa chute a été funeste ! elle est tombée de Dieu sur soi-même, Bossuet, la Vallière.
  • 21 Absolument. Pécher. Le juste tombe sept fois le jour. Voici ce que dit le Seigneur : Quand on est tombé, ne se relève-t-on pas ? Sacy, Bible, Jérémie, VIII, 4. David tombe, devient adultère, il y ajoute l'homicide, Bourdaloue, 9e dim. après la Pentecôte, Dominic. t. III, p. 149. On ne peut rien voir de plus éloquent que son épître [de saint Basile] à une vierge qui était tombée, Fénelon, t. XXI, p. 114.
  • 22 Fig. Décroître, perdre de ses forces, de son mérite. Je n'admire point l'excès d'une vertu, comme de la valeur, si je ne vois en même temps l'excès de la vertu opposée, comme en Épaminondas, qui avait l'extrême valeur et l'extrême bénignité ; car autrement ce n'est pas monter, c'est tomber, Pascal, Pens. VI, 21, édit. HAVET. Elle [l'âme] ne peut pas demeurer en cet état, tout triste qu'il est : il faut qu'elle tombe encore plus bas, Bossuet, la Vallière. Sans avoir besoin de ces divinités qui tombent de vieillesse, Fontenelle, Sur la poés. en gén. Œuv. t. VIII, p. 297, dans POUGENS. Que verra-t-on par ce commentaire ? que nul auteur n'est jamais tombé si bas, Voltaire, Comm. Corn. Rem. Théod. I, 1.

    C'est un homme qui tombe, qui est bien tombé, il est affaibli de corps et d'esprit.

    Perdre son crédit. Cet homme-là n'a pas été longtemps en crédit, il est bientôt tombé.

  • 23 Absolument. Éprouver une chute au théâtre. Tenez ; si vous tombez, je parle sans pitié, Piron, Métrom. IV, 6. Qui sait, grand Dieu ! quel sort m'attend ce soir ? Sous l'effort des sifflets si ma pièce succombe, C'en est fait, je vous perds ; je suis mort si je tombe, Delavigne, Comédiens, II, 2. Un pauvre auteur qui tombe est-il une merveille ? Delavigne, ib. v, 6.
  • 24Tomber d'accord avec quelqu'un, convenir avec lui.

    Absolument. Tomber d'accord, avouer, confesser. Je tombe d'accord de cela. Je tombe d'accord que cela est ainsi. Non, messieurs, disait-il, je ne m'en dédis point, Et tomberai d'accord de tout, hors de ce point, Molière, Mis. IV, 1.

    Tomber dans le sens, tomber dans le sentiment. de quelqu'un, être de même avis que lui, se ranger à son avis. Vous êtes tombé dans ma pensée ; mais il n'était pas, ce me semble, de la dignité de ma politique de m'ouvrir le premier, Saint-Évremond, Sir Politick, I, 3.

    Ils l'ont fait à la fin tomber dans leur sens, ils lui ont enfin persuadé de se ranger de leur avis.

  • 25Tomber à quelque chose, s'y conformer, y atteindre. Quant au principal but qu'Ésope se propose, J'y tombe au moins mal que je puis, La Fontaine, Fabl. V, I.
  • 26 Fig. Tomber dans, être sujet à quelque prescription. François II fut le premier qui tomba dans le cas de l'ordonnance de Charles V [pour la majorité des rois], Bossuet, Déf. Var. 1a disc. 37.
  • 27Tomber, avec un nom de chose pour sujet, ne plus se soutenir. Ces bâtiments tombent de vétusté. Un ouvrage humain pourrait tomber après cent ans, comme après mille ans, Bossuet, 1re instr past. 30. Quand tout cédait à Louis, quand les murailles tombaient au bruit des trompettes, Bossuet, Mar.-Thér. Vous voyez tomber de toutes parts les temples de l'hérésie, Bossuet, le Tellier. L'arche qui fit tomber tant de superbes tours, Racine, Athal. v, 1. Après avoir traversé une très petite pièce qui tombait en ruine, Genlis, Mme de la Fayette, p. 238, dans POUGENS.
  • 28Se détacher, en parlant de parties du corps vivant. Depuis sa fièvre les cheveux de cet enfant tombent beaucoup. La gangrène fit tomber les orteils. L'eschare ne tomba que le vingtième jour. Après avoir dit : je ferai tomber leurs cheveux, je détruirai, poursuit le Seigneur, les colliers et les bracelets, Bossuet, la Vallière. Malgré tous mes soins, je n'ai pu empêcher que le troisième doigt du pied ne soit tombé sur la fin de juin, Bonnet, 2e mém. reprod. salam.
  • 29Tomber sur, se dit d'objets qui sont entraînés sur d'autres. Assez souvent, dans le gros temps, ces navires tombent sur les navires voisins, et les entraînent dans des bas-fonds où ils périssent misérablement ensemble, Raynal, Hist. phil. XI, 3.
  • 30Être vaincu, se rendre. Mais aujourd'hui qu'il faut que l'une ou l'autre tombe, Qu'Albe devienne esclave ou que Rome succombe…, Corneille, Hor. I, 1. Quatre batailles perdues font croire que Rome allait tomber, Bossuet, Hist. I, 8. Toutes les villes [après Fontenoy] tombent devant lui [Louis XV], devant les princes de son sang, devant tous les généraux qui les assiègent, Voltaire, Panég. Louis X.
  • 31En parlant des institutions, des empires, des cités, des familles, etc. déchoir, diminuer, périr. Telle fut la mort de Saül et de ses trois fils ; et toute sa maison tomba avec lui, Sacy, Bibl. Paralip. I, X, 6. Babylone est tombée ; elle est tombée cette grande ville qui a fait boire à toutes les nations le vin de sa prostitution, Sacy, ib. St Jean, Apocal. XIV, 8. J'ai vu tomber ton temple, et périr ta mémoire, Voltaire, Zaïre, II, 3. Je vis tomber l'empire où régnaient mes ancêtres, Voltaire, Alz. III, 5. Le culte de Tyr et de Carthage est tombé avec ces puissantes villes, Voltaire, Philos. Profes. foi théistes. Un seul homme [Pierre 1er], parce qu'il avait un génie actif et ferme, éleva sa patrie ; et un seul homme [le schah de Perse], parce qu'il était faible et indolent, fit tomber la sienne, Voltaire, Russie, II, 16. Vous avez vu tomber la gloire D'un Ilion trop insulté, Béranger, Mon âme.
  • 32Perdre en autorité, en crédit, en vogue. Cette mode commence à tomber. Cette théorie, ce système tombe devant les faits. Je vois mes honneurs croître, et tomber mon crédit, Racine, Brit. I, 1. Encore serait-il à souhaiter qu'on laissât tomber le commerce à l'égard de toutes les choses qui ne servent qu'à entretenir le luxe, la vanité et la mollesse, Fénelon, Tél. XIX. Vous avez laissé choir le tripot de la comédie de Paris ; je m'y intéresse fort médiocrement ; mais je suis fâché que tout tombe, excepté l'Opéra-Comique, Voltaire, Lett. Richelieu, 28 nov. 1767. On dit que le grand théâtre tragique Ost tout à fait tombé depuis la retraite de Mlle Clairon, Voltaire, Lett. à Marmontel, 21 oct. 1771. Les livres qui tombent à Paris sont la fortune des libraires de province, Rousseau, Hél. 2e préf. Sous l'empire des peuples grossiers les lettres tombèrent, les théâtres furent détruits, Condillac, Conn. hum. II, I, 5. La culture tomba ; il y eut moins de terres ensemencées, et il survint des années de disette ; le prix du blé fut excessif, Condillac, Comm. gouv. II, 12.

    Tomber de haut, éprouver une grande décadence. J'ai été indigné que le siècle fût tombé de si haut, Voltaire, Lett. Mme du Deffant, 23 oct. 1772.

    Cela est bien tombé aujourd'hui, se dit d'une chose qui n'est plus en faveur. Le service, autrefois de tant d'honneur suivi, Est bien tombé, Imbert, Jaloux sans amour, I, 3.

    Ces études sont tombées, on les néglige beaucoup aujourd'hui.

  • 33En parlant des ouvrages dramatiques, ne pas réussir. On venait de jouer sainte Agnès d'un Puget de la Serre ; elle était tombée ; sa chute donna mauvaise opinion de saint Polyeucte à l'hôtel de Rambouillet, Voltaire, Comm. Corn. Rem. Poly. I, 1. Zaïre, Oreste, Sémiramis, Mahomet, Tancrède, l'Orphelin de la Chine, tombèrent à la première représentation ; elles furent accablées de critiques, elles ne se relevèrent qu'avec le temps, Voltaire, Lett. Richelieu, 27 mai 1767. Il [Voltaire] donne la tragédie de Marianne en 1722 ; Marianne était empoisonnée par Hérode ; lorsqu'elle but la coupe, la cabale cria : la reine boit, et la pièce tomba, Voltaire, Comm. Œuv. aut. Henr. Le même préjugé qui avait fait tomber le Festin de Pierre, parce qu'il était en prose, avait fait tomber l'Avare, Voltaire, Vie de Molière. La musique de Rameau ne saurait jamais tomber, Voltaire, Lett. en vers et en prose, 43.

    Cette pièce de théâtre est absolument tombée, on ne la joue plus du tout, on n'en fait plus aucun cas.

  • 34Cesser, être discontinué, abandonné. Mais un dessein formé ne tombe pas ainsi, Corneille, Nicom. v, 4. La requête civile tombe quasi toute seule ; après ce jugement, il n'est plus question du Conseil, toute chicane est finie, Sévigné, 531. La conversation tombait d'abord qu'on ne buvait plus, Hamilton, Gramm. 4. Ils étaient également embarrassés et contraints l'un et l'autre, et la conversation tomba plusieurs fois, Genlis, Vœux témér. t. III, p. 82, dans POUGENS.

    Tomber de soi-même, cesser sans intervention étrangère. Il ne s'agit pas de réfuter ces rêveries des platoniciens, qui aussi bien tombent d'elles-mêmes, Bossuet, Hist. II, 12. Les uns eurent le plaisir de voir tomber de soi-même ce qu'on avait fait sans eux, Fléchier, Hist. de Théodose, II, 55. Il vaut mieux approfondir une bonne fois ce qui a rapport à la doctrine ; après quon tout le reste tombera de lui-même, Maintenon, Lett. au duc de Beauvilliers, t. II, p. 207, dans POUGENS. Heureusement la plupart des opinions des philosophes tombent d'elles-mêmes, et ne méritent pas qu'on en parle, Condillac, Art de pens. I, 12.

  • 35Laisser tomber, ne pas donner d'attention à, ne pas s'occuper de. Je vous quitte, en vous priant… de faire jaser Pauline, si vous avez envie de répondre à mes causeries ; sans cela, laissez-les tomber, Sévigné, 8 avr. 1689. Le banquier ne laissa pas tomber cette parole, et lui demanda en riant si lui et son frère seraient d'humeur à gagner une grosse somme d'argent et à faire fortune, Rollin, Hist. anc. Œuv. t. VII, p. 501, dans POUGENS. [Il] Ne laisse rien tomber, pas la moindre parole, Registre tout sur son journal, Du Cerceau, Poésies, Remerc. au roi. Le Cramer que vous voyez à Paris avait offert de donner quarante mille francs du produit des souscriptions et de la vente de l'édition, et ensuite il avait laissé tomber cette offre, Voltaire, Lett. d'Argental, 15 févr. 1763.

    Il faut laisser tomber cela, il faut, pour empêcher qu'on n'y fasse attention, paraître n'y pas faire attention soi-même. Ma foi, laissez tomber tout cela de soi-même, Gresset, le Méch. IV, 7.

    Ces bruits commencent à tomber, on commence à n'y plus donner autant d'attention qu'on faisait d'abord.

  • 36Arriver, s'approcher, en parlant de la nuit, du soir. La nuit tombe. Le soir tombait, la lutte était ardente et noire, Hugo, Châtiments, l'Expiation.

    La nuit est tombée, il est nuit close. Il faut que je vous quitte, mon ami ; la nuit est tout à fait tombée, Genlis, Vœux témér. t. III, p. 179, dans POUGENS.

    Baisser, approcher de sa fin. Le jour commençait à tomber ; nous ne laissions pas que d'avoir du chemin à faire jusqu'au château, Diderot, Salon de 1767, Œuv. t. XIV, p. 188, dans POUGENS. Quand le jour tombe, il y a de grandes ombres dans la campagne qui semblent les replis de sa robe traînante, Staël, Corinne, XX, 5. Substantivement. Ou plutôt que ne puis-je, au doux tomber du jour…, Lamartine, Méd. I, 20.

  • 37S'apaiser, se calmer. La fièvre tombe. J'ai vu de son courroux tomber la violence, Racine, Athal. v, 2. Croyez-vous que des passions que vous nourrissez depuis l'enfance, qui sont devenues comme votre fonds et votre tempérament, tomberont, s'évanouiront en un instant ? Massillon, Carême, Impén. fin. Il a bien fait de laisser à la haine de ses camarades le temps de tomber, Diderot, Salon de 1767, Œuv. t. XV, p. 163, dans POUGENS.

    Son goût pour les tableaux, pour la musique, etc. est bien tombé, il est devenu bien moins vif.

    Terme de marine. La mer tombe, quand l'agitation en diminue, et que les lames s'abaissent. La mer, comme disent les marins, était tombée, et le ciel s'était éclairci, Chateaubriand, Itin. part. 2.

    On dit que le vent tombe, quand il perd de sa force, quand il tend à se calmer. Dès que les vents furent tombés, Bomilcar prit le large pour mieux doubler le cap, Rollin, Hist. anc. Œuv. t. x, p. 90, dans POUGENS.

  • 38 Terme de marine. Un mât, un navire tombe sur l'avent ou sur l'arrière, lorsque, au lieu de conserver la position verticale, il a une inclinaison du côté de la proue ou du côté de la poupe.
  • 39Être pendant. De beaux cheveux lui tombent sur les épaules. Son manteau lui tombe sur les talons.
  • 40On dit que des regards tombent sur quelqu'un, quand on le regarde comme d'en haut. Tous vos regards sur moi ne tombent qu'avec peine, Racine, Iphig. II, 2. Ses yeux… Verront autour de vous les rois sans diadème, Inconnus dans la foule… s'honorer d'un regard Que vous aurez sur eux fait tomber au hasard, Racine, Brit. II, 2. Ses regards inquiets n'osent tomber sur moi, Voltaire, Marianne, III, 4.

    Laisser tomber un regard de pitié sur quelqu'un, prendre intérêt à sa misère, le secourir dans sa détresse.

    Son regard tomba sur cet objet, sur cette personne, il regarda fortuitement cet objet, cette personne.

  • 41 Terme de marine. Un navire tombe sous le vent d'un point quelconque, lorsque, loin de se rapprocher de ce point, placé plus près que lui de l'origine du vent, il s'en éloigne.
  • 42Il se dit d'un coup qui vient d'en haut. Le coup lui tomba d'aplomb sur la tête. Le coup qu'on m'a prédit va tomber sur ma tête, Racine, Brit. v, 7.

    Fig. M. de Pompone n'était pas de ces ministres sur qui une disgrâce tombe à propos pour leur apprendre l'humanité, qu'ils ont presque tous oubliée, Sévigné, 22 nov. 1679.

  • 43Céder, disparaître. Grand prince, lui dit-il, tout va manquer, et il n'y a que votre présence qui puisse faire tomber les difficultés, Massillon, Or. fun. Conti.

    Fig. Les portes tombent, ce qui empêchait l'accès, l'entrée, disparaît. Mais d'être dans la foule, après avoir vu tomber les portes devant lui, c'est une chose qui le pénètre toujours [Pompone disgracié], Sévigné, 403.

  • 44Faiblir, manquer. Ces délicats à qui la moindre peine fait tomber le courage, Bossuet, 1er sermon sur les démons, 2. Ce prince, si intrépide devant ses ennemis, sent toute sa fierté tomber devant le prophète, Massillon, Carême, Mélange.
  • 45Tomber en, dans, arriver à, avec une idée de déchéance, de détérioration. Les lois sans le secours des armes tombent dans le mépris ; les armes qui ne sont point modérées par les lois tombent bientôt dans l'anarchie, Retz, Mém. t. I, liv. II, p. 128, dans POUGENS. Quelques États, sans avoir reçu d'échec qu'on puisse remarquer, tombent dans une faiblesse dont les voisins sont surpris, et qui étonne les citoyens mêmes, Montesquieu, Esp. v, 8.

    Tomber en putréfaction, en pourriture, se pourrir.

    Tomber en poussière, être réduit en poussière.

    Tomber en loques, se dit d'un habit qui se déchire partout.

    Dans le même sens, tomber par pièces. Il avait un habit noir plutôt usé que vieux, et qui tombait par pièces, Rousseau, Conf. III.

    Tomber en désuétude, cesser d'être en usage.

    Cela est tombé en oubli, on ne s'en souvient plus.

    Terme de chimie. Tomber en déliquescence, en deliquium, se dit d'un corps solide qui, au contact de l'air, se remplit d'humidité et se fond.

  • 46Dégénérer en. Cela tombe dans le maniéré. L'Époux sacré ne dit pas toujours qu'il aime l'épouse ; à la fin, cela tomberait dans le froid, Bossuet, Explic. de la messe, 25.

    Cette maison est tombée en quenouille, il n'en reste que des filles.

    Cette couronne, cette souveraineté tombe en quenouille, les femmes peuvent en hériter.

    Tomber à rien, se réduire à très peu de chose. Toutes ces grandes promesses sont tombées à rien.

    Cette dépense tombe en pure perte, elle ne produit rien.

  • 47Devenir l'objet, la possession. J'ose m'imaginer qu'à ses moindres exploits Les royaumes entiers tomberont sous ses lois, Corneille, le Cid, II, 5. En vous de tout l'État j'ai défendu la cause, Quand je l'ai fait tomber dessous votre pouvoir, Corneille, Agés. v, 7. Je verrai sans regret tomber entre ses mains Tout ce que lui promet l'amitié des Romains, Racine, Mithr. I, 1.

    Les biens de cette maison sont tombés dans telle autre par un mariage, ils y sont passés. Antoine de Bourbon… chef de la branche des Bourbons, ainsi appelée d'un fief de ce nom qui tomba dans leur maison par un mariage avec l'héritière de Bourbon, Voltaire, Ess. guerr. civ. France.

    Tomber dans le domaine public, se dit d'une propriété privée qui cesse de l'être. Cet ouvrage est tombé dans le domaine public.

    Fig. Tomber dans la conversation, devenir un sujet commun de conversation. Une science vaine, aride, dénuée d'agrément et d'utilité, qui ne tombe point dans la conversation, qui est hors du commerce, La Bruyère, 1.

  • 48Échoir. C'est à cette extraordinaire et admirable piété, madame, que la France est redevable des bénédictions qu'elle voit tomber sur les premières armes de son roi, Corneille, Poly. à la reine régente. Je viens remercier et mon père et mon roi… D'avoir choisi mon bras pour une telle gloire, Et fait tomber sur moi l'honneur de sa victoire, Corneille, Nicom. II, 2. Et faire, par des choix judicieux et sains, Tomber le ministère en de fidèles mains, Rotrou, Vencesl. I, 1. Seigneur Harpagon, vous jugez bien que le choix d'une jeune personne tombera sur le fils, plutôt que sur le père, Molière, l'Av. v. 6. Nous espérons d'apprendre que le régiment de M. le chevalier [de Grignan] tombera à son neveu, Sévigné, 16 nov. 1689. Mais, si quelque vertu m'est tombée en partage, Seigneur, je crois surtout avoir fait éclater La haine des forfaits qu'on ose m'imputer, Racine, Phèdre, IV, 2. La paix de Ryswick ne fut point faite dans la vue de faire tomber la monarchie d'Espagne à un fils de France, comme on l'avait toujours cru, Voltaire, Fragm sur l'hist. XXIX. Il y a même un duché dans sa maison qui pourrait lui tomber un jour, Saurin, Mœurs du temps, 12.

    Le sort tomba sur lui, ce fut lui que le sort désigna.

  • 49Tomber sous la main, se présenter fortuitement. Les papiers me tomberont sous la main quand j'y songerai le moins, Bossuet, Lett. abb 217.

    Tomber entre les mains, venir fortuitement en la possession. Le hasard a fait tomber entre mes mains une pièce fort curieuse. Le Poussin, né aux Andelys en 1595, n'eut de maître que son génie et quelques estampes de Raphaël qui lui tombèrent entre les mains, Voltaire, Temple du goût.

    Impersonnellement. Il m'est tombé entre les mains une petite pièce de vers d'un jeune Courlandais ou Courlandois qui est venu dans mon ermitage [une Ode de Voltaire lui-même], Voltaire, Lett à Catherine II, 12 févr. 1772. Il nous est tombé entre les mains un exemplaire anglais de Clarisse, accompagné de réflexions manuscrites, Diderot, Éloge de Richardson.

  • 50Tomber dans l'esprit, dans la tête, se présenter à l'esprit. Je pensais être le premier à qui il fût tombé en l'esprit de sanctifier la poésie par un ouvrage si précieux, Corneille, Imit. préf. éd. 1651. Cette sentence ne pourrait tomber que dans l'âme d'un homme…, Pascal, Prov. X. Il ne me tombe jamais dans l'esprit que ce soit votre faute ; je connais votre soin, Sévigné, 228. Il n'est pas tombé dans la tête d'aucun dévot qu'elle [l'âme de Turenne] ne fût pas en bon état [au moment où il fut tué], Sévigné, 16 août 1675. Le maître de l'éloquence, accusant un gouverneur de province d'avoir fait crucifier un Romain, représente cette action comme la plus noire et la plus furieuse qui puisse tomber dans l'esprit d'un homme, Bossuet, 1er sermon, Exalt. de la croix, préambule.

    Cela ne me serait jamais tombé dans l'esprit, je ne me serais jamais avisé de cela, je n'aurais jamais conçu un tel soupçon, formé une telle conjecture.

    Cela ne peut tomber que dans l'esprit, que dans la tête d'un fou, il n'y a qu'un fou qui puisse imaginer telle chose.

    Tomber au cœur, être imaginé, deviné par le cœur. Vous connaissant comme je fais, il me tomba au cœur que vous ne voudriez point quitter M. de Grignan, Sévigné, 13 nov. 1676.

  • 51Être tourné fortuitement sur un sujet. L'entretien tomba sur un tel. La conversation tomba sur la tranquillité de sa profession, Montesquieu, Lett. pers. 61. La conversation tombe sur votre ennemi, Genlis, Veillées du château t. II, p. 221, dans POUGENS.

    Faire tomber la conversation sur, l'amener sur. En un lieu, l'autre jour, où je faisais visite, Je trouvai quelques gens d'un très rare mérite, Qui, parlant des vrais soins d'une âme qui vit bien, Firent tomber sur vous, madame, l'entretien, Molière, Mis. III, 5.

    Faire tomber quelque chose, l'amener dans le discours. Il y a un mois qu'elle [Mlle du Plessis] joue la fièvre quarte, pour faire justement tomber qu'elle la quitte le jour que ma mère va dîner au Plessis, Ch. Sévigné, dans SÉV. 5 janv. 1676.

  • 52Tomber sur, avoir son point principal en. On s'étonnera peut-être de ce que j'ai donné à cette tragédie le nom de Rodogune plutôt que celui de Cléopâtre, sur qui tombe toute l'action tragique, Corneille, Rodog. préface.

    Être à la charge de. Je souhaite qu'il donne quelque chose à la petite de Lévi, afin que tout ne tombe pas sur le roi, Maintenon, Lett. à Mme de la Viefville, 28 nov. 1705. Avoir pour objet. L'interdiction du feu et de l'eau chez les Romains tombait sur des choses nécessaires à la vie ; celle-ci tombe sur tout ce qui peut la rendre supportable, Rousseau, 1er dial.

  • 53Tomber sur, être porté sur, attaquer. La haine sur Titus tombera tout entière, Racine, Bérén. III, 2. C'est sur ceux qui partagent le gouvernement que tombe la rigueur du despotisme, Voltaire, Mœurs, 93. Les critiques, les sarcasmes, les injures même tombèrent sur lui de toutes parts, D'Alembert, Éloges, Moncrif.

    Le soupçon tomba sur lui, on le soupçonna de la chose dont il s'agissait.

  • 54Tomber sur, s'appliquer à. Cela [un dire de la princesse de Tarente, qu'elle avait le cœur comme de dire] tombe sur le général ; mais le monde en a fait des applications particulières, Sévigné, 11 déc. 1675. J'ai un grand dégoût pour les conversations inutiles qui ne tombent sur rien du tout : des oui, des voire, des lanternes où l'on ne prend aucune sorte d'intérêt, Sévigné, 19 juin 1680.

    Faire tomber sur, rejeter sur, imputer à. Renfermez-vous à faire tomber la tromperie sur l'intérêt, Sévigné, 18 déc. 1689.

  • 55Tomber bien ou mal, arriver heureusement ou malheureusement, à propos ou à contre-temps. Cela tombe bien. Madame de Moreuil… je vous conjure de lui faire tomber mes compliments à propos, Sévigné, 8 juill. 1685.
  • 56Faire jonction, aboutir. Ce chemin tombe dans tel autre. Le roi descendait le degré qui tombait dans la salle du souper, Saint-Simon, 11, 129. Le Nil ne reçoit aucune rivière qu'à plus de cinq cents lieues de son embouchure ; la dernière qui y tombe est le Moraba, et, de cet endroit jusqu'à sa source, il reçoit environ douze ou treize rivières, Buffon, Hist. nat. preuv. théor. terr. Œuv. t. II, p. 75.
  • 57Coïncider par le temps. Son retour en Espagne doit tomber à l'an 1580, vers la fin de l'été, Comte de Caylus, Mém. Acad. de Troyes, Œuv. t. XII, p. 103. Je ne me suis pas aperçu que votre silence tombât précisément au temps de l'arrivée de notre chère sœur, Diderot, Lett. à Mlle Voland, 6 sept. 1762. Cette cérémonie se fait avec solennité dans la fête des Apaturies, qui tombe au mois pyanepsion, et qui dure trois jours, Barthélemy, Anach. ch. 26.

    Cette fête tombe au jeudi, elle arrive, on la chôme le jeudi.

  • 58 Terme d'imprimerie. Faire tomber les pages les unes sur les autres, faire que la page du recto et celle du verso se correspondent exactement.
  • 59Tomber sous, appartenir à la classe de. Je ne parle pas ici des vérités divines, que je n'aurais garde de faire tomber sous l'art de persuader, Pascal, Art de persuader, édit. FAUGÈRE.

    Tomber sous les sens, être perceptible par les sens. Tous les corps qui tombent sous nos sens, Brisson, Traité de phys. t. I, ch. 2, n° 6. Dieu, il est vrai, ne tombe pas sous les sens ; mais il a imprimé son caractère dans les choses sensibles, Condillac, Log. I, 5.

    Tomber sous le sens, être évident, incontestable. Les sujets qui tombent sous le sens ou sous le raisonnement, Pascal, Vide, Préf.

    Cela ne tombe pas sous le sens, se dit d'une chose qui paraît absurde, qui blesse le sens commun.

  • 60Ne pas garder la même élévation, en parlant de la voix. Il fallait pour l'image, qu'après avoir peint la promptitude avec laquelle on fut frappé de cette nouvelle, la voix de l'orateur tombât avec ces mots : Madame se meurt, Madame est morte, Condillac, Art d'écr. II, 14.

    Laisser tomber la voix, ne pas la soutenir là où il le faudrait.

    Laisser tomber ses paroles, parler négligemment, avec indolence.

    Dans un sens un peu différent : se décider à parler. Le flot fut attentif, et la voix qui m'est chère Laissa tomber ces mots, Lamartine, Médit. le Lac.

    Terme de musique. Se dit d'une phrase musicale qui finit brusquement, qui n'est pas carrée.

    Se dit absolument d'un vers dont la césure est défectueuse.

    La voix tombe, se dit aussi d'une voix qui devient plus faible. Heureux si, averti par ces cheveux blancs du compte que je dois rendre de mon administration, je réserve au troupeau que je dois nourrir de la parole de vie les restes d'une voix qui tombe et d'une ardeur qui s'éteint ! Bossuet, Louis de Bourbon.

  • 61Tomber, qui se construit d'ordinaire avec l'auxiliaire être dans les temps composés, peut aussi recevoir l'auxiliaire avoir. Les poëtes disent que Vulcain a tombé du ciel pendant un jour entier ; ce grand courage a tombé tout à coup, Dict. de l'Acad. Indépendamment du christianisme, les oracles ne laissaient pas de déchoir beaucoup par d'autres causes, et à la fin ils eussent entièrement tombé, Fontenelle, Oracl. II, 5. Où serais-je, grand Dieu ! si ma crédulité Eût tombé dans le piége à mes pas présenté ? Voltaire, Orph. II, 3. Jamais Voltaire n'avait été plus brillant que dans Alzire, et l'on a peine à concevoir qu'il ait tombé de si haut jusqu'à Zulime, La Harpe, Cours de litt. 3e part. III, 8. Le Malheureux imaginaire, comédie en cinq actes de M. Dorat, a tombé depuis le premier acte jusqu'au dernier, La Harpe, Corresp. littéraire, Lett. 56. Les pièces du Théâtre italien ont tombé encore plus indécemment, La Harpe, ib.

    Terme de fauconnerie. L'oiseau a tombé sur la perdrix, il a fondu tout d'un coup sur elle.

    Bien que l'auxiliaire être soit le plus fréquent, cependant de ces exemples on conclut qu'il est des cas où avoir est absolument nécessaire pour rendre la nuance de la pensée. Cette phrase : mon enfant est tombé, ne peut signifier tout à la fois : mon enfant est par terre, et il a fait une chute tout à l'heure. Il faut dire dans ce dernier cas : mon enfant a tombé.

PROVERBES

Quand la poire est mûre, il faut qu'elle tombe, quand les affaires sont venues à un certain point, il faut qu'elles éclatent.

Si le ciel tombait, il y aurait bien des alouettes prises, se dit à ceux qui font des suppositions impossibles.

REMARQUE

1. Vaugelas condamne la locution tomber aux mains, et veut qu'on dise tomber entre les mains. Il a été réfuté par l'usage des meilleurs écrivains.

2. On ne donne jamais aujourd'hui le sens actif à tomber ; ce qui se faisait dans le XVIe siècle et dans l'ancien français, ce qui est resté dans le langage du peuple, et ce qui revient présentement dans un certain usage : Que M. de Persigny - pour nous servir d'une expression triviale mais très énergique - tombe M. Rouher, rien de mieux ! et la galerie ne peut qu'applaudir, L. Jourdan, le Siècle, 15 juin 1869. C'est un emploi tiré de l'argot des lutteurs, où l'on dit : tomber son adversaire, le renverser.

3. Tumber était encore en usage au XVIIe siècle : Tomber ou tumber, l'un et l'autre peuvent être reçus, étant en usage, Marguerite de Navarre, BUFFET, Observ. p. 137.

HISTORIQUE

XIIIe s. Et fu li vaissiaus bien cousus et poiés, et fu assis en l'aigue, en tele maniere qu'il ne pouvoit thumer ne afondrer, Chr. de Rains, 95. Mais tel cuide saillir qui tume, Bl. et Jeh. v. 430. Mes la contraire [fortune] et la perverse, Quant de lor grant estat les verse Et les tumbe autor de sa roe Du sommet envers dans la boe…, la Rose, 4911. Dansent, tument [sautent] espringhent et balent, Ren. t. IV, p. 223. Je servirai de mon mestier La mere Dieu en son moustier ; Li autre servent de causer ; Et je servirai de tumer [danser], Du Cange, tombare.

XIVe s. Icellui Giraut donna audit Manson un si grant coup sur l'espaule que il le tumba par trois fois en la charriere, Du Cange, tombare.

XVe s. Les autres commencerent à eulx esbatre, à saillir et thumer ou thumber sur une autre table, Du Cange, tombare. Les François et Gascons estoient montez sur bons et forts chevaux, vistes et bons à la main, et pour ce abbatoient et tumboient tout se qu'ils trouvoient à eulx contraire, Chartier, Hist. de Ch. VI et VII, p. 46.

XVIe s. Marquet tombit de dessus sa jument, Rabelais, Garg. I, 25. Peu de temps après, le bon Pantagruel tumba malade, Rabelais, Pant. II, 23. L'un des enfans sur lesquelz tumba le sort, estoit son nepveu, Amyot, Thés. 20. Il est meilleur de se tenir quoy, quand on sent comme un accès du hault mal qui nous veut prendre, de peur que nous n'en tombions, Amyot, Comment refréner la colère, 9. Le langaige qu'il avoit tenu de Villebon ne tomba pas à terre ; car… [il fut rapporté à Villebon], Carloix, IX, 5. Une tempeste qui fist trembler presque toute la ville, qui tomba par terre toutes les maisons prochaines, Paré, IX, 2e disc. Il n'a pas l'Italie en poste traversé Sur un cheval poussif, suant et harassé, Qui a cent fois tombé son maistre par la course, Ronsard, 667. La couleur blanche tombe, et la couleur brunette Est toujours en saison et ne se flestrit pas, Ronsard, 743. Tumber de l'eau [uriner], Montaigne, I, 16. Ceulx à qui je tumberai en charge, Montaigne, I, 18. Tumber roide mort, Montaigne, I, 62. Tumber en defaillance, Montaigne, I, 94. Tout ce caprice m'est tumbé presentement en main sur le conte que…, Montaigne, I, 100. Il m'advint, l'aultre jour, de tumber sur un tel passage, Montaigne, I, 156. Celui qui tumbe [meurt] obstiné en son courage, Montaigne, I, 243. Celuy qui met la nappe tumbe toujours des despens, Montaigne, I, 356. … [Larmes] qui peuvent tomber des yeux sans que la vertu tombe du cœur, Charron, Sagesse, I, 32. Il n'y a pas longtemps qu'un homme et une femme tomberent en dispute s'il falloit dire tomba ou tombit ; celuy qui contestoit contre elle, tenoit resolument que tomba estoit bien meilleur ; elle lui repliquoit à tous les coups : c'est votre opinion, mais quant à moi j'aimerois mieux tombit, Bouchet, Serées, liv. I, p. 114, dans LACURNE. Ce qui ne tomba pas en paille, mais fut bien relevé, Des Accords, Bigarrures, p. 32, dans LACURNE. Qui chope et ne tombe adjouste à ses pas, Cotgrave

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Étymologie de « tomber »

(XIIe siècle) Du latin populaire *tumbare, formé sur un radical expressif tumb-, exprimant l’idée d’une chute ou d’un saut brusque. Il existait en ancien français le verbe tumer « faire des culbutes », d’origine francique *tûmon (cf. ancien haut allemand tûmôn). Les deux mots ont fini par se rapprocher et se confondre et tumer disparaît de l’usage au XVIe siècle. Tomber a concurrencé choir dès le XVe siècle et a fini par le supplanter au cours du XVIIe siècle[1].
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Berry, tomber, tumber, timber ; tomber sur une pierre cornue, être mal avec sa femme ; wallon, toumé : lorrain, teumei ; champ. tumer ; provenç. et espagn. tumbar ; ital. tomare, tomber la tête la première, culbuter. Diez fait deux verbes différents de tumer et tumber ; il rattache tumber au scandinave tumba, tomber la tête en avant, ou bien au latin tumba, tombe qui a signifié aussi monceau. Il rattache tumer à l'ancien haut-allem. tumon ; anglo-saxon, tumbjan ; suédois, tumla ; allem. mod. taumeln ; angl. to tumble, verbes qui signifient tournoyer, trébucher, sauter. Il ne paraît pas qu'on puisse séparer ainsi tumer et tumber ; dans l'ancienne langue c'est tumer seul qu'on trouve, avec le double sens de tomber et de sauter. Plus tard, les deux se disent, et enfin tumber exclut absolument tumer, qui est resté dans quelques patois. Or tumer, par l'intercalation d'un b à coté de l'm, a pu facilement devenir tumber ; mais tumber n'a pu également devenir tumer ; c'est en effet l'ordre que l'historique présente : il faut donc admettre que la source de notre verbe est dans la seconde étymologie indiquée par Diez, qui l'a été aussi par Pott.

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Phonétique du mot « tomber »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
tomber tɔ̃be

Fréquence d'apparition du mot « tomber » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « tomber »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « tomber »

  • Comment obtenir la béatitude ? En disant Dada. Comment devenir célèbre ? En disant Dada. D’un geste noble et avec des manières raffinées. Jusqu’à la folie. Jusqu’à l’évanouissement. Comment en finir avec tout ce qui est journalisticaille, anguille, tout ce qui est gentil et propret, borné, vermoulu de morale, européanisé, énervé ? En disant Dada. Dada c’est l’âme du monde, Dada c’est le grand truc. Dada c’est le meilleur savon au lait de lys du monde. Dada Monsieur Rubiner, Dada Monsieur Korrodi, Dada Monsieur Anastasius Lilienstein. Cela veut dire en allemand : l’hospitalité de la Suisse est infiniment appréciable. Et en esthétique, ce qui compte, c’est la qualité. Je lis des vers qui n’ont d’autre but que de renoncer au langage conventionnel, de s’en défaire. Dada Johann Fuchsgang Goethe. Dada Stendhal, Dada Dalaï-lama, Bouddha, Bible et Nietzsche. Dada m’Dada. Dada mhm Dada da. Ce qui importe, c’est la liaison et que, tout d’abord, elle soit quelque peu interrompue.Je ne veux pas de mots inventés par quelqu’un d’autre. Tous les mots ont été inventés par les autres. Je revendique mes propres bêtises, mon propre rythme et des voyelles et des consonnes qui vont avec, qui y correspondent, qui soient les miens. Si une vibration mesure sept aunes, je veux, bien entendu, des mots qui mesurent sept aunes. Les mots de Monsieur Dupont ne mesurent que deux centimètres et demi. On voit alors parfaitement bien comment se produit le langage articulé. Je laisse galipetter les voyelles, je laisse tout simplement tomber les sons, à peu près comme miaule un chat… Des mots surgissent, des épaules de mots, des jambes, des bras, des mains de mots. AU. OI. U. Il ne faut pas laisser venir trop de mots. Un vers c’est l’occasion de se défaire de toute la saleté. Je voulais laisser tomber le langage lui-même, ce sacré langage, tout souillé, comme les pièces de monnaie usées par des marchands. Je veux le mot là où il s’arrête et là où il commence. Dada, c’est le coeur des mots. Toute chose a son mot, mais le mot est devenu une chose en soi. Pourquoi ne le trouverais-je pas, moi ? Pourquoi l’arbre ne pourrait-il pas s’appeler Plouplouche et Plouploubache quand il a plu ? Le mot, le mot, le mot à l’extérieur de votre sphère, de votre air méphitique, de cette ridicule impuissance, de votre sidérante satisfaction de vous-mêmes. Loin de tout ce radotage répétitif, de votre évidente stupidité.Le mot, messieurs, le mot est une affaire publique de tout premier ordre.
    Hugo Ball —  Manifeste littéraire
  • Mieux vaut tomber amoureux que dans un précipice.
    Anonyme
  • En voulant sauter jusqu’à la lune, vous pourriez tomber dans la boue.
    Proverbe américain
  • On ne peut pas tomber plus bas que par terre.
    Dezso Kostolànyi — Rhapsodie
  • Contrairement à Suez, Veolia a achevé sa transformation stratégique et ne supporte plus de charges à ce titre, mais le Coronavirus a suffi à le faire tomber lui aussi dans le rouge au premier semestre. Le leader mondial de l'eau et des déchets a dévoilé une perte nette de 138 millions d'euros au premier semestre, contre un bénéfice de 331 millions sur la même période en 2019. La moitié correspond à 74 millions d'euros de dépréciations exceptionnelles en Amérique Latine et au Maroc, le reste est dû la baisse d'activité liée au Covid.
    Les Echos — Après Suez, Veolia tombe à son tour dans le rouge | Les Echos
  • Devenir homme, c'est tomber de haut.
    Félix Leclerc — Les Soupirs
  • Trébucher sans tomber, c'est faire un grand pas.
    Anonyme
  • L'arbre se sauve en faisant tomber ses feuilles.
    Pierre Jean Jouve
  • Balaie là où tu veux tomber.
    Proverbe algérien
  • La volonté ne consent au mal que par crainte de tomber dans un mal plus grand.
    Dante
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Traductions du mot « tomber »

Langue Traduction
Anglais fall
Espagnol otoño
Italien autunno
Allemand fallen
Chinois 秋季
Arabe خريف
Portugais cair
Russe падение
Japonais
Basque erori
Corse cascà
Source : Google Translate API

Synonymes de « tomber »

Source : synonymes de tomber sur lebonsynonyme.fr

Combien de points fait le mot tomber au Scrabble ?

Nombre de points du mot tomber au scrabble : 10 points

Tomber

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