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Substance

Variantes Singulier Pluriel
Féminin substance substances

Définitions de « substance »

Trésor de la Langue Française informatisé

SUBSTANCE, subst. fém.

I.
A. − PHILOSOPHIE
1. [P. oppos. à accident] Ce qui existe en soi, de manière permanente par opposition à ce qui change. Attribut, mode, qualité d'une substance. Qu'il y ait, par derrière l'indéfinie série des événements, une cause première, une substance éternelle sous des phénomènes passagers, je l'admets (Bourget, Actes suivent, 1926, p. 35).La substance, c'est-à-dire la réalité « plus réelle » que les formes (Ruyer, Esq. philos. struct., 1930, p. 307).V. accessoire ex. 1, accident1ex. 1 à 5, mode2II E 2 ex. de Senancour et de Jankélévitch.
En partic.
[Chez Aristote] Ce qui n'est attribut d'aucun sujet, n'est inhérent à aucun sujet. Toute affirmation (...) suppose un absolu, dont l'être soit dit en premier et sans restriction, (...) tout le reste,quantité, qualité, relation,est affirmé relativement à cet absolu (...). Seule la substance « est » simplement (J.-M. Le Blond, Log. et méth. chez Aristote, 1939, p. 316).Substance première. Chose individuelle en tant qu'elle ne peut être attribut. V. infra ex. de Hamelin.Substance seconde. Type abstrait donnant une qualification de la substance première comme le genre, la différence, l'espèce. L'être de la métaphysique est une substance première; l'être qu'atteignent les autres sciences en tant qu'elles raisonnent, (...) n'est jamais en somme que quelque substance seconde (Hamelin, Le Syst. d'Aristote, 1920, p. 94).
[Chez Kant] Ce qui persiste au milieu du changement (des phénomènes) et le rend compréhensible. Les rapports de temps des phénomènes, simultanéité ou succession, ne sont déterminables que grâce à l'existence d'un permanent; le changement ne peut être perçu que dans les substances (E. Boutroux, La Philos. de Kant, 1926, p. 124).
2. Ce qui est par soi; être qui possède une existence propre et ne la détient que de soi (le plus souvent identifié à Dieu). Bien que l'homme seul mérite pleinement le nom de substance, c'est à la substantialité de son âme qu'il doit toute sa substantialité (Gilson, Espr. philos. médiév., 1931, p. 193).La substance sur laquelle argumente Spinoza est Dieu lui-même ou un en soi qui a Dieu pour cause,un par soi ou un en soi qui a pour cause un par soi (P. Lachiéze-Rey, Les Orig. cartésiennes du Dieu de Spinoza, 1950, p. 83).V. immatérialité ex.
[Chez Descartes] Substance pensante. Synon. de esprit.V. infra ex. de Cournot.Substance étendue. Synon. de corps, matière.[Descartes] trace avec une inflexible rigueur, inconnue avant lui, la distinction des substances pensante et étendue, spirituelle et corporelle (Cournot, Fond. connaiss., 1851, p. 577).
RELIG. CHRÉT. Ce qui, dans l'Eucharistie, existe en soi et par soi, par opposition aux espèces ou apparences. La doctrine d'après quoi la substance du pain et du vin étant changée en celle du corps et du sang du Christ, il n'en reste que la figure, la forme et le goût (Boegnerds Foi et vie, 1936, p. 123).V. concomitant ex. 2.
B. − P. anal., au sing. [Avec l'art. déf.]
1. Littér. Ce qu'il y a d'essentiel dans un texte ou dans des paroles. Synon. l'essentiel, le fond, le principal.Contenir, renfermer la substance d'un livre; rapporter la substance d'une entrevue, d'une communication; résumer la substance d'une lettre. Marais écrivait chaque fois en le quittant [Boileau], la substance des entretiens qu'il venait d'avoir avec lui (Sainte-Beuve, Nouv. lundis, t. 9, 1864, p. 5).La note n'a pas encore paru dans le bulletin, mais les journaux en ont donné la substance (Duhamel, Maîtres, 1937, p. 188).
Loc. adv. En substance. Pour ce qui concerne l'essentiel, le fond (d'un texte ou de paroles). Synon. en gros, en résumé.Il faut, me disait-il en substance, devenir un joyeux drille et prendre l'existence par le bon bout (Mauriac, Robe prétexte, 1914, p. 105).Recopié pour l'édition de Mont-Cinère dans les Œuvres complètes un assez long fragment de la première version. Il date de 1923. Tout était donné, tout s'y trouvait en substance, ma faim, mes inquiétudes, l'effroi de vivre (Green, Journal, 1954, p. 240).
2. Ce qu'il y a de meilleur, de plus substantiel dans quelque chose.
a) Domaine concr.Les arbres, les plantes attirent la substance de la terre (Ac.).
En partic. [À propos d'un aliment] Ce qu'il y a de plus succulent; les qualités nutritives. Cette marmite spéciale conserve aux légumes toute leur substance (Davau-Cohen1972).
b) Vieilli. Partie la plus pure d'un corps; p. anal., partie la plus précieuse d'un texte. Synon. essence, quintessence, suc.Penser en lisant un vrai livre, le prendre, le poser sur sa table, s'enivrer de son parfum, en aspirer la substance (Lacord., Éloge fun. Drouot, 1847, p. 40).
II.
A. − Lang. des sc. et lang. cour.
1. Au sing. Ce dont un corps est fait. Synon. matière.[Le soleil] abandonnait de temps à autre (...) des anneaux de sa substance qui (...) formèrent les planètes de son système (A. France, Vie fleur, 1922, p. 496).Prise dans sa totalité, la substance vivante répandue sur la terre dessine, dès les premiers stades de son évolution, les linéaments d'un seul et gigantesque organisme (Teilhard de Ch., Phénom. hum., 1955, p. 119).
En partic. Chair, tissus qui forme(nt) un être vivant. Amenuiser, reconstituer sa substance; imprégner la substance d'un fruit. Il vivait sur lui-même, se nourrissait de sa propre substance, pareil à ces bêtes engourdies, tapies dans un trou, pendant l'hiver (Huysmans, À rebours, 1884, p. 99).V. mythique B ex. de Maurois:
1. ... [la reine] en est la mère [de la ruche] et l'unique organe de l'amour. Elle l'a fondée dans l'incertitude et la pauvreté. Sans cesse elle l'a repeuplée de sa substance, et tous ceux qui l'animent, ouvrières, mâles, larves, nymphes, et les jeunes princesses (...) sont sortis de ses flancs. Maeterl., Vie abeilles, 1901, p. 26.
Loc. Vider de sa, de toute substance. En le regardant vivre sous ses yeux le commissaire croyait voir un homme qu'on aurait vidé de toute substance, écorché intérieurement (Simenon, Vac. Maigret, 1948, p. 182).
MÉD. Perte de substance. Perte plus ou moins importante de tissus dans une plaie. Cicatrisation d'une perte de substance. L'extirpation d'un morceau de peau met en branle une réaction complexe qui, par des mécanismes convergents, répare la perte de substance (Carrel, L'Homme, 1935, p. 268).
2. Au sing. et au plur. Matière organique ou inorganique, produit chimique caractérisé(e) par sa spécificité, sa nature, son état ou ses propriétés. Un masque de verre (...) qui servait sans doute à préserver le visage de l'archidiacre lorsqu'il élaborait quelque substance redoutable (Hugo, N.-D. Paris, 1832, p. 307).Un des principaux rôles du foie est celui d'emmagasiner les substances provenant de la nutrition (Bariéty, Coury, Hist. méd., 1963, p. 689).V. gomme-gutte rem. 1 s.v. gomme ex. de Theuriet.
SYNT. a) Rechercher, déceler la présence d'une substance; identifier, reconnaître, découvrir l'existence d'une substance; modifier chimiquement une substance. b) Manipuler, utiliser, préparer une substance; extraire, cristalliser, dissoudre, éliminer une substance; combiner, mêler, séparer des substances. c) Renfermer, produire, fabriquer, sécréter, engendrer, libérer, dégager, développer, véhiculer une substance; donner naissance à une substance. d) Absorber, ingérer une substance; être imprégné d'une substance. e) Composition, dosage, quantité, concentration, pureté d'une substance; rôle, propriétés d'une substance; teneur d'un corps en une substance; classe de substances. f) Une substance agit, attaque, se modifie, se désagrège.
Rare. Produit médicamenteux dont l'ingestion est suivie rapidement d'effet. Synon. drogue (vieilli), médicament.Ils ont fini par conclure, que sûrement c'étaient les vers qui m'avaient rendu si méchant... On m'a donné une substance... J'ai vu tout jaune et puis marron. Je me suis senti plutôt calmé (Céline, Mort à crédit, 1936, p. 125).
Loc. adv., vieilli. En substance. Donner un médicament en substance. Le donner dans son état naturel, sans préparation. Médicament contre les vers, qu'on donne soit en infusion, soit en substance (...), soit sous la forme de sirop pour les petits enfans (Geoffroy, Méd. prat., 1800, p. 341).
[Suivi d'un adj. déterminatif ou, plus rarement, d'un compl. prép. de indiquant]
[la spécificité de la substance] Substance animale, végétale; substance physiologique. À partir de ces conceptions atomiques [nées des études de radiochimie et de spectroscopie], furent édifiées des théories sur la liaison chimique qui ont pu être appliquées (...) aux principales classes de substances chimiques, minérales et organiques (Hist. gén. sc., t. 3, vol. 2, 1964, p. 398).
[la nature, l'état de la substance ou ce qu'elle contient; notamment en sc. phys. et chim., en sc. nat. et, spéc., en biol.] Substance albuminoïde, aminée, cartilagineuse, cérébrale, cornée, hormonale, musculaire, nerveuse, œstrogénique, osseuse; substance colloïdale, granuleuse; substance gazeuse, liquide, solide; substance amylacée, azotée, bitumineuse, iodée, métallique, phosphatée, saline, siliceuse, sulfureuse; substance de déchet. Une substance radioactive, présente en quantité trop faible pour être séparée et pesée, peut néanmoins posséder un rayonnement suffisamment intense pour être mesuré avec précision par une méthode électrométrique (MmeP. Curie, Isotopie, 1924, p. 19).V. amplitude ex. 5, huileux ex. 1, intoxiquer A ex. de J. Rostand.ANAT. Substance blanche. Partie d'aspect blanchâtre du système nerveux central, correspondant aux voies nerveuses, occupant la périphérie de la moelle et du tronc cérébral, le centre du cervelet et du cerveau et dont la couleur est due à la présence de myéline (d'apr. Man.-Man. Méd. 1977). V. infra ex. de Camefort et Gama.Substance grise. Partie du système nerveux central, correspondant aux centres nerveux, occupant la partie centrale de la moelle et du tronc cérébral, les parties centrale et périphérique de l'encéphale et dont l'aspect grisâtre est dû aux cellules nerveuses qui la constituent (d'apr. Man.-Man. Méd. 1977). La substance blanche est divisée par les sillons médullaires longitudinaux et par les branches de la substance grise en cordons antérieurs latéraux et postérieurs (Camefort, Gama, Sc. nat., 1960, p. 203).P. méton., fam. Cerveau en tant que siège de l'intelligence. Synon. matière grise (v. matière I B 1 a α).Non seulement ce malheureux pays n'avait plus de substance grise, mais la tumeur s'était si parfaitement substituée à l'organe qu'elle avait détruit, que la France ne semblait pas s'apercevoir du changement, et pensait avec son cancer! (Bernanos, Gde peur, 1931, p. 137).
[le caractère, la qualité de la substance; notamment en sc. phys., chim. et sc. nat.] Substance simple, complexe; substance dangereuse, inoffensive, nocive, nuisible; substance compacte, dense, douce, dure, élastique, onctueuse; substance opaque, pâteuse, poreuse, spongieuse, vitreuse, volatile; substance fluorescente, luminescente, phosphorescente; substance combustible, explosive ou pyrotechnique, imputrescible, soluble. [En France] les radioéléments sont soumis à la législation des substances toxiques (Goldschmidt, Avent. atom., 1962, p. 238).
[le rôle, les propriétés ou les effets de la substance; notamment en biol. et en chim.] Substance absorbante, colorante; substance inhibitrice, stimulante; substance antibactérienne, antibiotique, anticoagulante, antiseptique, cancérigène, médicamenteuse, narcotique, stupéfiante, vénéneuse; substance de réserve. Des éléments cultivés dans un milieu pauvre en jus embryonnaire et ne recevant leurs substances nutritives que du plasma, se multiplient très lentement (J. Verne, Vie cellul., 1937, p. 106).[La vaccination] consiste à y introduire [dans l'organisme] une préparation l'obligeant à élaborer des substances de défense qui le protégeront contre d'éventuelles agressions microbiennes ultérieures (R. Schwartz, Nouv. remèdes et mal. act., 1965, p. 125).
AGRON. Substance de croissance. ,,Produit influant à très faible dose sur les mécanismes physiologiques, appliqué en vue d'agir notamment sur la différenciation et l'élongation cellulaire après pénétration et diffusion à l'intérieur de la plante`` (Agric. 1977). Action des substances de croissance capables d'améliorer l'enracinement des plantes se bouturant mal (Boulay, Arboric. et prod. fruit., 1961, p. 77).RADIOL. Substance de contraste*.
B. − P. anal., au sing.
1.
a) Domaine concr.Synon. de matière, réserves (v. réserve), tissu.En vue d'assurer son existence, l'entreprise doit reconstituer sa substance d'une manière continue (Villemer, Organ. industr., 1947, p. 189).En 1950, on estime aux États-Unis la surface inutilisable à 20 millions d'hectares, les espaces dégradés à 60 millions, les terres menacées à 275. La substance de l'agriculture américaine fondait ainsi littéralement (Meynier, Paysages agraires, 1958, p. 45).
b) [À propos d'une pers. et par recoupement de supra II A 1] L'être considéré dans sa densité physique, morale, intellectuelle. Synon. fibre, fond.J'ai tiré de ma propre substance des êtres que je ne trouvais pas ailleurs, et que je portais en moi (Chateaubr., Mém., t. 1, 1848, p. 305).Le Romain, dans ses mœurs, son tempérament, sa religion, toute sa substance morale différait totalement du Grec (Faure, Hist. art, 1909, p. 134).V. atténuer ex. 4.
2.
a) Domaine intellectuel.[P. oppos. à forme] Ce qui constitue le contenu, la matière de quelque chose. Je m'en tiens aux revues générales qui publient éventuellement des articles de science, de politique ou de philosophie, mais dont la substance ordinaire est de nature littéraire (Civilis. écr., 1939, p. 32-3):
2. Logiciens sans métaphysique, légistes, moins le droit et l'histoire, ils [les bourgeois] ne croyaient qu'aux signes, aux formes, aux figures, à la phrase. En toute chose, il leur manquait la substance, la vie et le sentiment de la vie. Michelet, Peuple, 1846, p. 340.
b) P. méton., notamment dans le domaine de la création littér. et artist.Richesse de ce contenu. Synon. consistance, corps, épaisseur, étoffe.Sa peinture [du guide] n'a pas de substance; elle est trop blanche; on y sent une nuance de platitude et de convention (Taine, Voy. Ital., t. 1, 1866, p. 197).Résumez Le Cid, vous en enlevez toute la substance intellectuelle (Barrès, Cahiers, t. 13, 1921, p. 94).V. assonance ex. 2.
Rare. Substance de qqc.Le beau, fier et discret officier [Vigny] avait repris la révolution poétique où l'avait laissée André Chénier (...) atteignant presque du premier coup, comme Keats, à une poésie intellectuelle par son dessein, sensuelle par la substance de son vers (Thibaudet, Hist. litt. fr., 1936, p. 137).
SYNT. Donner de la substance à qqc.; vider qqc. de sa substance; être chargé, privé, manquer de substance; acquérir, contenir de la substance; (mots, idées) sans substance; pauvre, plein, rempli de substance.
c) LING. (structuralisme)
[Chez F. de Saussure] Aspect matériel du signe (d'apr. Lang. 1973). La langue est une forme et non une substance (...), toutes nos façons incorrectes de désigner les choses de la langue proviennent de cette supposition involontaire qu'il y aurait une substance dans le phénomène linguistique (Sauss.1916, p. 169).
[Chez L. Hjelmslev] ,,La « matière » ou le « sens » dans la mesure où ils sont pris en charge par la forme sémiotique en vue de la signification`` (Greimas-Courtés 1979, s.v. substance). Le concept, l'idée définissent la substance du signifié; dans le mot chat l'idée abstraite de « félinité » constitue la substance du signifié alors que sa forme est dans le système conceptuel qui l'oppose à « chatte », « chien », « homme », etc. (Guiraud,La Sémiologie, Paris, P.U.F.,1971,p. 37).
Substance de l'expression. Les sons. V. infra ex. de L. Hjelmslev.Substance du contenu. Les concepts, la pensée. C'est en vertu de la forme du contenu et de la forme de l'expression, et seulement en vertu d'elles, qu'existent la substance du contenu et la substance de l'expression qui apparaissent quand on projette la forme sur le sens (L. Hjelmslev, Prolégomènes à une théorie du lang., trad. par U. Canger, A. Wewer, 1971, p. 75).
3.
a) Nature profonde, fond, fondement de quelque chose. Ce qui forme la substance de qqc.; détruire la substance de qqc. Les garanties de liberté, de sécurité, d'honneur et de vie, qui sont la substance même de l'organisation civilisée (Clemenceau, Vers réparation, 1899, p. 326).Le théâtre doit se dépouiller de tout costume réel comme de tout ornement superflu pour recouvrer sa vraie substance dans la vertu dramatique d'un mot ou d'une chose (Cassou, Arts plast. contemp., 1960, p. 379).
b) Personnalité profonde, irréductible, considérée comme le siège de la force, de la solidité. J'admire les intelligences limpides. Mais qu'est-ce qu'un homme, s'il manque de substance? S'il n'est qu'un regard et non un être? (Saint-Exup., Pilote guerre, 1942, p. 354).V. martyr B ex. de Alain:
3. La contemplation assidue réduisant notre moi à zéro, nous fait croire que nous n'avons plus rien en nous. Mais le conflit avec le prochain nous réintègre dans la possession de nous-mêmes, et nous révèle notre substance et nos forces propres. Amiel, Journal, 1866, p. 356.
III. − Au sing. Synon. de nourriture.
A. −
1. Ce qui est nécessaire à la vie. On la force [la souche de vigne] à chercher en dessous, dans la masse remuée par la charrue défonceuse et plus outre, les couches vierges [du sol] où tout est substance (Pesquidoux, Chez nous, 1921, p. 110).
2. En partic., vieilli. [Le plus souvent dans des cont. pol., soc.] Ce qui est nécessaire à la subsistance. Se nourrir, s'engraisser de la substance des citoyens, des misérables, de l'État, de la nation. L'oisif dévorant la substance du travailleur (Proudhon, Syst. contrad. écon., t. 1, 1846, p. 332).Après avoir dilapidé les finances publiques et épuisé en débauches une notable partie de la substance du peuple (A. France, Dieux ont soif, 1912, p. 266).
B. − Au fig., littér. Ce qui nourrit l'esprit ou le sentiment. La joie du riche a pour substance la douleur du pauvre (Bloy, Journal, 1900, p. 383).Mon Dieu, éclaire-moi. Je ne mentirai pas à mon amour. L'amour est la substance de ma vie (Jouve, Paulina, 1925, p. 67).
REM. 1.
Substanter, verbe trans.,vx. Assurer la subsistance de quelqu'un. Différentes personnes en ont été substantées [d'une somme d'argent] (Destutt de Tr., Comment. sur Espr. des lois, 1807, p. 85).Quand, avec le temps, on aura réussi à débarrasser le pays de ces révolutionnaires onéreux, et qu'il ne restera plus que des réfugiés chefs substantés autrement que sur le budget officiel (Gobineau, Corresp.[avec Tocqueville], 1850, p. 118).
2.
Substantialisation, subst. fém.,philos. Transformation en substance (supra I A 1). La base de la connaissance du réel est le cadre spatial et la localisation est la seule vraie racine de la substantialisation (Bachelard, L'Exp. de l'espace dans la phys. contemp., 1937, p. 13).
3.
Substantialiser, verbe trans.,philos. Transformer en substance (supra I A 1). Ne point formaliser l'intuition, la substantialiser dans un en-soi immuable, sans couleur et abstrait (J. Vuillemin, Être et trav., 1949, p. 47).Empl. adj. Érigé en substance (supra I A 2). La pensée substantialisée dont il [le panthéisme idéaliste] se contente est pour nous une chose et participe comme telle de l'inintelligibilité de la matière (Hamelin, Élém. princ. représ., 1907, p. 488).
4.
Substantiation, subst. fém.,relig. chrét., rare. Synon. de transsubstantiation.Par la substantiation, Jésus communiant avec ses apôtres, avait son corps dans sa main (Flaub., Bouvard, t. 2 1880, p. 141).
Prononc. et Orth.: [sypstɑ ̃:s]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) 1150 de sa substance « de son être » (Wace, St Nicolas, éd. E. Ronsjö, 20; au glossaire: « forces, efforts »); b) mil. xiies. « être, existence » (Psautier Oxford, éd. Fr. Michel, XXXVIII, 7); c) déb. xiiies.(Sapientia, 292, 9 ds T.-L.: de dous substances crëat Deus l'omme, de corporeil et de spiritüeil); d) 1370 (Oresme, Ethiques, éd. A. D. Menut, p. 158: substance et nature de l'ame; p. 331: se ilz [les parties de l'âme] different selon substance ou accident); e) 1377 (Id., Yconomique, éd. A. D. Menut, p. 809: Quant il dit [Aristote] est la substance, ce est a dire qu'elle est necessaire a ce que tele chose soit et doit estre exprimee en la diffinition de elle); f) 1670 théol. substance du pain (Pascal, Pensées, éd. L. Lafuma, p. 595); 2. a) mil. xiies. sustance « biens, richesses » (Psautier Cambridge, éd. Fr. Michel , CXI, 3), forme en usage jusque déb. xviies., v. Hug.; b) ca 1170 « vivres, ce qui permet de subsister » (Guillaume de Saint-Pair, Mont St Michel, éd. P. Redlich, 84); 3. a) ca 1265 « partie essentielle (d'un texte, de paroles) » (Brunet Latin, Trésor, éd. F.-J. Carmody, p. 389); b) 1400 remonstrer en substanche (qqc. à qqn) (Arch. Nord, B 10354, fo29 vo); 4. a) 1547 (J. Martin, Archit. Vitruve, p. 114 vo: Si les vignes ... et autres semences, ne prenaient substance en la vertu des territoires, ... les saveurs de tout seraient en chacune contrée d'une pareille qualité); b) 1563 substance de sel metallique (B. Palissy, Recepte, p. 68); 5. 1767 anat. substance blanche, substance corticale (Levacher de La Feutrie, Dict. de Chir., I, 281, 282 ds Quem. DDL à paraître). Empr. au lat.substantia « être, essence, existence, réalité d'une chose » et tardivement « aliments, nourriture; moyens de subsistance, biens, fortune » (de substare « être dessous, se tenir dessous »). Fréq. abs. littér.: 3 409. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 7 031, b) 2 992; xxes.: a) 2 721, b) 5 258. Bbg. Eringa (P.). Interlingual equivalence of lexical semantic correlations. Folia ling. 1977, t. 11, no1/2, p. 85. −Quem. DDL t. 8 (s.v. substance grise).

Wiktionnaire

Nom commun - français

substance \syp.stɑ̃s\ féminin

  1. (Philosophie) Ce qui subsiste par soi-même, indépendamment de tout accident.
    • Je lui apprendrai, dit le docteur, les huit parties d’oraison, la dialectique, l’astrologie, la démonomanie, ce que c’est que la substance et l’accident, l’abstrait et le concret, les monades et l’harmonie préétablie. — (Voltaire, Zadig ou la Destinée, VI. Le ministre, 1748)
    • Descartes a donné trois démonstrations de l’existence de Dieu. 1° J’ai en moi l’idée de Dieu. Par le nom de Dieu, j’entends une substance infinie, éternelle, immuable, indépendante, toute-connaissante et toute-puissante. — (Jules Simon, Introduction de: « Œuvres de Descartes », édition Charpentier à Paris, 1845)
    • D’après Spinoza, il n’existe qu’une substance unique, dont tous les êtres sont des modes.
  2. (Sciences) Toute sorte de matière.
    • Au niveau du siège du dépôt tuberculeux, le périoste se détache de l’os , s’injecte , s’enflamme et fournit de l’exsudation plastique , qui peut s’organiser en substance osseuse. — (Pierre-J. Haan, Abrégé de pathologie chirurgicale, 1863, page 77)
    • Les poils de chèvre diffèrent de la laine du mouton par des cellules de surface externe qui sont un peu moins ou peu saillantes et par des stries de leur substance propre qui, au contraire, sont très apparentes. — (D. de Prat, Nouveau manuel complet de filature; 1re partie: Fibres animales & minérales, Encyclopédie Roret, 1914)
    • Celui qui veut vendre un cheval atteint d’épilepsie n’en peut pas dissimuler les accès à son gré à moins qu’il ne puisse les retarder ou les modérer par la vertu de substances médicamenteuses : le bromure de potassium par exemple. — (Gabriel Maury, Des ruses employées dans le commerce des solipèdes, Jules Pailhès, 1877)
  3. Ce qu’il y a de meilleur, de plus succulent, de plus nourrissant en quelque chose.
    • Les arbres, les plantes attirent la substance de la terre.
    • Il n’y a guère de substance dans ces sortes d’aliments.
    • Le bouillon a pris toute la substance de cette viande.
  4. (Figuré) Ce qu’il y a d’essentiel dans un discours, dans un écrit, dans une affaire, etc.
    • (Acte notarié). La preuve testimoniale n'est pas admissible contre les énonciations d'un acte notarié relatives à sa substance , aux dispositions qu'il contient, aux formes et solennités qu'il constate avoir été observées. — (« Les codes annotés de Sirey », édition entièrement refondue par P. Gilbert, tome 1 : Code Civil, Paris : chez De Cosse & N. Delamotte, 1847, p. 613)
    • Certains « on dit » circulent, s’amplifient, se font écho à eux-mêmes indéfiniment, sans avoir cependant de substance réelle. — (Ludovic Naudeau, La France se regarde : le Problème de la natalité, Librairie Hachette, Paris, 1931)
    • Il y a beaucoup de paroles et peu de substance dans ce discours, dans ce livre : Il y a beaucoup de verbiage et peu d’idées.
      — Je n’ai pu retenir tout ce qu’il a dit, mais je vous en rapporterai, je vous en dirai la substance.
    • Par conséquent, même dans les rares cas où l’approbation de la cour FISA est nécessaire pour cibler les communications d’un individu, la procédure ressemble plus à une pantomime dénuée de substance qu’à un contrôle véritablement significatif qui s’exercerait sur la NSA. — (Glenn Greenwald traduit par Johan-Frédérik Hel Guedj, Nulle part où se cacher, JC Lattès, 2014, ISBN 978-2-7096-4615-4)
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

SUBSTANCE. n. f.
T. de Philosophie. Ce qui subsiste par soi-même, indépendamment de tout accident. Chez les catholiques, c'est un article de foi que, dans le mystère de l'Eucharistie, la substance du pain et du vin se change au corps et au sang de JÉSUS-CHRIST, et que les espèces demeurent. La substance des choses est distincte de leurs qualités. D'après Spinoza, il n'existe qu'une substance unique, dont tous les êtres sont des modes. Il se dit, en termes de Sciences et dans le langage ordinaire, de Toute sorte de matière. Ce fruit est d'une substance molle et aqueuse. Substance solide, liquide. Cette substance est employée en médecine, en pharmacie. Il se dit absolument de Ce qu'il y a de meilleur, de plus succulent, de plus nourrissant en quelque chose. Les arbres, les plantes attirent la substance de la terre. Il n'y a guère de substance dans ces sortes d'aliments. Le bouillon a pris toute la substance de cette viande. Fig., Il y a beaucoup de paroles et peu de substance dans ce discours, dans ce livre, Il y a beaucoup de verbiage et peu d'idées.

SUBSTANCE signifie, au figuré, Ce qu'il y a d'essentiel dans un discours, dans un écrit, dans une affaire, etc. Je n'ai pu retenir tout ce qu'il a dit, mais je vous en rapporterai, je vous en dirai la substance. La substance d'un livre, d'une lettre.

EN SUBSTANCE, loc. adv. Sommairement, en abrégé, en gros. Voici en substance de quoi il s'agit. Je vous dirai en substance ce que son livre contient.

Littré (1872-1877)

SUBSTANCE (sub-stan-s' ; au XVIe siècle, prononcé sustance, d'après Palsgrave, p. 23) s. f.
  • 1 Terme de philosophie. Ce qui subsiste par soi-même, à la différence de l'accident qui ne subsiste que dans un sujet. Toute chose dans laquelle réside immédiatement comme dans un sujet, ou par laquelle existe quelque chose que nous apercevons, c'est-à-dire quelque propriété, qualité ou attribut dont nous avons en nous une réelle idée, s'appelle substance, Descartes, Rép. aux secondes object. 61. Je soutiens que le temps n'est rien, parce qu'il n'a ni forme, ni substance ; que tout son être n'est que de couler, c'est-à-dire que tout son être n'est que de périr, Bossuet, Yolande de Monterby. Nous ne connaissons la matière que par quelques phénomènes ; nous la connaissons si peu, que nous l'appelons substance ; or le mot substance veut dire ce qui est dessous ; mais ce dessous nous sera éternellement caché, Voltaire, Dict. phil. âme. Leibnitz disait que les véritables substances étaient nécessairement actives, Bonnet, Œuvr. mêlées, t. XVIII, p. 78, dans POUGENS. Si l'on ne veut parler des choses qu'autant qu'on se représente dans chacune un sujet qui en soutient les propriétés et les modes, on n'a besoin que du mot de substance, Condillac, Conn. hum. v. L'objet de ce philosophe [Spinosa] est de prouver qu'il n'y a qu'une seule substance, dont tous les êtres, que nous prenons pour autant de substances, ne sont que les modifications ; que tout ce qui arrive est une suite également nécessaire de la nature de la substance unique, Condillac, Traité des syst. 10. Dès que les qualités distinguent les corps, et qu'elles en sont des manières d'être, il y a dans les corps quelque chose que ces qualités modifient, qui en est le soutien ou le sujet, que nous nous représentons dessous, et que, par cette raison, nous appelons substance, Condillac, Gramm. Préc. des leçons prél art. 1. Quand on a voulu pénétrer plus avant dans la nature de ce qu'on appelle substance, on n'a saisi que des fantômes, Condillac, Gramm. II, 1.
  • 2 Par une déduction du sens philosophique, il se dit, avec une épithète ou un complément, des êtres spirituels, par opposition aux êtres matériels. La substance qui pense y peut être reçue ; Mais nous en bannissons la substance étendue, Molière, Femm. sav. v, 3. Je me trouve fort bien d'être une substance qui pense et qui lit, Sévigné, 216. Vous nous direz comme vous vous y trouvez [à Grignan], et comme cette pauvre substance qui pense, et qui pense si vivement, aura pu conserver sa machine si belle et si délicate, Sévigné, 25 oct. 1688. Il [Théodose] ordonnait que par tout son empire, selon la foi du saint concile de Nicée, on reconnût une seule substance indivisible dans la Trinité, Fléchier, Hist. de Théodose, II, 32. On doit conclure de tout ceci, que les esprits créés seraient peut-être plus exactement définis, substances qui aperçoivent ce qui les touche ou les modifie, que de dire simplement que ce sont des substances qui pensent, Malebranche, Recherc. vér. rép. à Régis, ch. 2. Pour de l'esprit, continua-t-il, je ne crois pas qu'une substance céleste puisse en avoir plus que votre cousine : en un mot, c'est une personne d'un mérite accompli, Lesage, Gil Bl. IV, 6. Y a-t-il des substances dont l'essence soit de penser, qui pensent toujours, et qui pensent par elles-mêmes ? Voltaire, Phil. ignor. 29. Qu'il y ait des substances immatérielles et intelligentes, c'est de quoi je ne doute pas, Voltaire, Micromégas, ch. 7. Leur substance [des anges], fluide et pure comme l'air, Comme lui peut braver les atteintes du fer, Delille, Parad. perdu, VI.
  • 3Matière dont un corps est formé, et en vertu de laquelle il a des propriétés particulières. Substance liquide, pierreuse, métallique. Substance compacte. Les substances employées en médecine. Aux plus jeunes guerriers [ils] s'offrent pour aliment, Comme s'ils espéraient, changés en leur substance, être encore de Rome et l'âme et la défense, Du Ryer, Scévole, II, 3. Si, dans le système de cet univers, il est nécessaire à la conservation du genre humain qu'il y ait une circulation de substance entre les hommes, les animaux et les végétaux, alors le mal particulier d'un individu contribue au bien général, Rousseau, Lett. à M. de Voltaire, Corresp. t. III, p. 234. Bergman observe qu'il faut considérer comme une substance particulière celle qui a des propriétés qui lui sont spéciales et que l'on peut toujours obtenir d'une manière semblable à elle-même, Sennebier, Ess. art d'observ. t. III, p. 101, dans POUGENS.

    On dit qu'un médicament est administré en substance, quand on le donne dans son état naturel et sans aucune préparation chimique ni pharmaceutique.

    Terme d'anatomie générale. Substances organiques ou principes immédiats, corps liquides ou solides, qui ne sont ni cristallisables, ni volatils sans décomposition ; brûlant avec peu de flamme en se boursouflant ; dégageant des produits empyreumatiques ammoniacaux, azotés et d'odeur âcre, puis laissant un charbon brillant, volumineux, difficile à incinérer.

    Substance fondamentale, voy. FONDAMENTAL.

  • 4 Absolument. Ce qu'il y a de nourrissant, de succulent en quelque chose. Les plantes attirent la substance de la terre. Aliments qui ont peu de substance. La substance de la viande bouillie passe dans le bouillon.

    Fig. Qui de nous n'a pas été prodigue ? qui n'a pas dissipé sa substance par une vie déréglée et licencieuse ? Bossuet, 1er panég. St Fr. de Paule, Préamb.

  • 5 Fig. Ce qui nourrit l'esprit comme la substance nourrit le corps. Il y a beaucoup de paroles et peu de substance dans ce discours. Il y a plus de substance dans une de ses pages que dans tous les volumes des détracteurs de Sénèque, Diderot, Claude et Nér. II, 34. Son langage était rapide, entrecoupé, plein de substance et de chaleur, Marmontel, Contes mor. les Quatre flacons.
  • 6Ce qu'il y a d'essentiel, d'important dans un écrit, un acte, une affaire, etc. Laisse-moi de ce mot [billet] méditer la substance, Rotrou, Bélis. III, 1. Il ne me souvient peut-être pas des propres paroles ; mais je suis assuré que c'en était la substance, Retz, Mém. t. II, liv. 3, p. 358, dans POUGENS. S'ils [les dominicains] sont conformes aux jésuites par un terme qui n'a pas de sens [grâce suffisante], ils leur sont contraires et conformes aux jansénistes dans la substance de la chose, Pascal, Prov. II. La substance de presque tous les ordres émanés du trône était contenue dans ces mots : car tel est notre plaisir ; Louis XVI aurait pu dire : car telle est notre sagesse et notre bonté, Voltaire, Pol. et lég. Édits de Louis XVI. Des révolutions qu'elle [la religion chrétienne] a souffertes, non dans la substance des dogmes, mais dans la manière de les enseigner, D'Alembert, Élog. Fleury.
  • 7Ce qui est absolument nécessaire pour la subsistance. Ils consument en douleur leur substance et leurs jours, Patru, Plaidoyers, I. On dévore la substance du pauvre, on ruine la veuve et l'orphelin, Bourdaloue, Carême, II, Richesses, 17. Si ceux qui passent leurs jours dans les travaux rustiques, avaient le loisir de murmurer, ils s'élèveraient contre les exactions qui leur enlèvent une partie de leur substance, Voltaire, Louis XIV, 30. Tous ces vils sénateurs dont l'avarice inique Dévore sans pitié la substance publique, Chénier M. J. Gracques, I, 2.
  • 8En substance, loc. adv. En gros, sommairement. Voici en substance de quoi il s'agit. Elle [une lettre] contenait en substance quelques particularités de la conduite de Dieu sur la vie et sur la maladie que je voudrais vous répéter ici, Pascal, Lett. à Mme Perier, 17 oct. 1651. Les mémoires [des corporations] disaient tous en substance : Conserveznous et détruisez toutes les autres, Voltaire, Babouc.

HISTORIQUE

XIIe s. E la meie substance ensement cume nient devant tei, Liber psalm. p. 51.

XIIIe s. Feme sens et sustance trait d'home debonaire, Chastie-musart, dans RUTEB. II, p. 482. Por ce devons nos croire que ces trois personnes [de la Trinité] soient une sustance qui est touz puissanz et tout sachanz et touz bienveillanz, Latini, Trésor, p. 80. Nuls ne doit affoiblir sa corporel sustance Par boivre jusqu'à yvre…, J. de Meung, Test. 1747. Solempnité n'est pas de la sustance de mariage, Liv. de just. 178. Et encraissié d'autrui sustance, Baudouin de Condé, t. I, p. 215.

XIVe s. Ne te chault s'il perdent chevance, Mais que tu aies leur substance ; Soies tousjours tout prest de prendre, J. Bruyant, dans Ménagier, t. II, p. 25.

XVe s. Quant le roy eut ouye la substance de la charge de cest ambassadeur…, Commines, V, 2.

XVIe s. Le mot grec [hypostase] emporte subsistence : et aucuns ont confondu le mot de substance comme si c'estoit tout un, Calvin, Instit. 71. Demetrius prononça le decret, lequel avoit esté ordonné par le peuple, dont la substance estoit telle…, Amyot, Timol. 53. Nostre intention est d'escrire et traitter de la vertu que l'on appelle morale : quelle substance elle a, et comment elle subsiste, Amyot, De la vertu morale, 1. Pour l'honneur de Dieu, sustance [maintien] de la reigle et reformation, Du Cange, Sustinentia. Pourquoy sous le nom de Dieu ne peut-on changer les substances de toutes choses, veu que sous le nom du roy on en a fait et fait-on tous les jours de si estranges metamorphoses et transsubstantiations ? D'Aubigné, Conf. de Sancy, x.

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Étymologie de « substance »

Bourg. sustance ; provenç. sustancia ; espagn. substancia ; ital. sostanzia ; du lat. substantia, de substare, de sub, sous, et stare, être debout (voy. STABLE) : ne connaissant les êtres que par leurs qualités, nous plaçons sous ces qualités un sujet, que nous disons sub-stans, se tenant dessous.

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Du latin substantia (« être réel, réalité, existence, matière d’une chose »).
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Phonétique du mot « substance »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
substance sypstɑ̃s

Fréquence d'apparition du mot « substance » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « substance »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « substance »

  • Le mort est encore en morceaux. Le jour où l’on enterre, nous nous dispersons en piétinements, en mains d’amis vrais ou faux à serrer, en préoccupations matérielles. Le mort mourra demain seulement, dans le silence. Il se montrera à nous dans sa plénitude, pour s’arracher, dans sa plénitude, à notre substance. Alors nous crierons à cause de celui-là qui s’en va, et que nous ne pouvons retenir. Je n’aime pas les images d’Épinal de la guerre.
    Antoine de Saint-Exupéry — Pilote de guerre
  • Quel vain spectacle que celui de la vie ! Dépourvu de substance, vacillant et fugitif.
    Elizabeth Gaskell — Nord et Sud
  • Règlement d’exécution (UE) 2020/1018 de la Commission du 13 juillet 2020 relatif à l’approbation de la substance «pyrophosphate ferrique» en tant que substance active à faible risque, conformément au règlement (CE) no 1107/2009 du Parlement européen et du Conseil concernant la mise sur le marché des produits phytopharmaceutiques, et modifiant le règlement d’exécution (UE) no 540/2011 de la Commission (Texte présentant de l’intérêt pour l’EEE)
    Phytopharmaceutiques : approbation de la substance «pyrophosphate ferrique» / Réglementation - Process Alimentaire
  • "Cancérogène, mutagène et toxique pour la reproduction": une substance dangereuse trop souvent présente dans les algues alimentaires
    Nice-Matin — "Cancérogène, mutagène et toxique pour la reproduction": une substance dangereuse trop souvent présente dans les algues alimentaires - Nice-Matin
  • En 2019, le rover Yutu-2 découvrait une curieuse substance au cours de son exploration de la face cachée de la Lune. L'origine de cette matière verdâtre et scintillante semble désormais mieux comprise.
    Numerama — L'origine de l'étrange substance verdâtre sur la Lune est enfin expliquée
  • Tout le monde sait que la nicotine contenue dans les cigarettes rend dépendant, mais connaissez-vous réellement toutes les substances nocives contenues dans les cigarettes ? Explications et liste des composants toxiques d'une cigarette roulée, électronique ou "light" avec le Dr Anita Diu, addictologue.
    Cigarette : quelles substances toxiques contient-elle ?
  • Il suffit pour beaucoup d’entre eux de sauver les apparences et d’amadouer l’opinion publique. En d’autres termes, on troque allègrement la substance de fragments de ville pour une apparence de patrimoine.
    La Presse — Patrimoine urbain : troquer la substance pour l’apparence
  • L’alcool est une substance psychoactive qui fait partie de la catégorie des dépresseurs du système nerveux central. Il ralentit l’activité générale du cerveau, ralentit le fonctionnement du corps et diminue le niveau d’éveil (1).
    INSPQ — Alcool : substance psychoactive | INSPQ
  • C’est un coup dur pour l’industrie du plastique. La justice européenne a classé le Bisphénol A comme substance "extrêmement préoccupante".
    usinenouvelle.com/ — Le Bisphénol A classé comme substance "extrêmement préoccupante" par Bruxelles - L'Usine Santé
  • Faites attention de ne pas perdre la substance en empoignant des ombres.
    Esope
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Traductions du mot « substance »

Langue Traduction
Anglais substance
Espagnol sustancia
Italien sostanza
Allemand substanz
Chinois 物质
Arabe مستوى
Portugais substância
Russe вещество
Japonais 物質
Basque substantzia
Corse sustanza
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Synonymes de « substance »

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Antonymes de « substance »

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Substance

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